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« Invitation au voyage »

Parcours 1 : Le voyage, une expérience poétique et artistique:

Problématique : Comment le voyage peut-il être source d’inspiration poétique et artistique ?


Comment la création artistique permet-elle, à son tour, de voyager ?

Documents :

1. Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne


de France, 1913 (2 premières strophes du poème).
2. Hugo Pratt, Corto Maltese en Sibérie, Casterman, 1977.
3. Thylacine, Transsiberian, 2016.
4. Joachim Du Bellay (1522-1560), Heureux qui, comme Ulysse, in Les Regrets.
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Document 1 : Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, La Prose du Transsibérien et de la petite


Jeanne de France, 1913 (2 premières strophes du poème).

La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France est un poème écrit par Blaise
CENDRARS au début de l'année 1913. Celui-ci demande à son amie peintre Sonia
DELAUNAY de le mettre en forme et en couleurs, ce que l'artiste fera au cours des mois
suivant. Le projet du peintre fait voler en éclats la forme traditionnelle du livre en proposant
un accordéon de papier sur lequel peinture et texte cohabitent et s'entremêlent pour former
une nouvelle forme d'art. Le poème sera édité à la fin de l'année 1913 par Blaise
CENDRARS lui-même, aidé de Sonia DELAUNAY qui reproduit sa peinture à l'aide de
pochoirs. Une soixantaine d'exemplaire est réalisée mais le succès n'est pas au rendez-vous et
la déclaration de la Première Guerre mondiale en 1914 met fin au tirage. Le poème ne
réapparaîtra qu'en 1919 chez Gallimard mais avec une forme traditionnelle et sans son
environnement visuel.

L'histoire :

Le poème raconte le périple du jeune Blaise (16 ans) qui voyage à bord du transsibérien, train
qui traverse toute la Russie. Il fait le voyage de Moscou à Kharbin en compagnie de Jehanne,
jeune prostituée, égrenant au fur et à mesure les noms des gares qu’ils traversent.
Blaise CENDRARS a lui-même effectué ce voyage vers 1905 et il intègre des éléments
personnels à son récit qui mêle réalité et fiction.

Un poème à la forme particulière :

Dans la forme même du poème Blaise CENDRARS et Sonia DELAUNAY créent une
rupture avec la poésie traditionnelle. En plus du texte et de son sens, du travail des mots
effectué par le poète, Sonia DELAUNAY va donner un aspect visuel très fort à cette œuvre.
- Le format : le poème est imprimé sur papier avec un format vertical allongé (2m de
hauteur). A la différence d'un poème imprimé dans un livre, ici poème et peinture sont
visibles en un regard, pas besoin de tourner des pages.
- La composition : le poème est écrit sur la moitié droite du support, à l'exception du titre. En
respectant notre sens de lecture occidental, on rentre donc dans l’œuvre par la peinture.
- La forme : ce poème est écrit en vers libres, c'est-à-dire sans rimes, sans versification
classique et sans ponctuation. Blaise CENDRARS manifeste ainsi sa volonté de s'inscrire
dans une forme moderne de poésie telle que l'avaient pratiquée Charles BAUDELAIRE,
Guillaume APPOLINAIRE, LAUTRÉAMONT, ou Stéphane MALLARMÉ avant lui. Le
texte sera imprimé avec une douzaine de typographies différentes alternant majuscules et
minuscules, caractère gras et avec 4 couleurs de texte (vert, bleu, rouge et orangé).
- Le contenu : Ce texte est conçu comme une succession d'images et de sensations qui
évoquent un voyage d'abord ancré dans la réalité puis de plus en plus onirique et merveilleux.
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Blaise CENDRARS réalise donc une sorte de "poésie-collage" qui correspond bien à une
œuvre simultanée où tout est mis au même plan dans un va et vient entre réalité et rêve,
présent et passé.

Une peinture abstraite et colorée :

Pour accompagner le poème de Blaise CENDRARS, Sonia DELAUNAY ne se contente pas


d'illustrer de manière littérale le texte. L’œuvre que propose l'artiste est un entrelacs de
formes géométriques (arcs de cercle, rectangles, triangles...) aux couleurs vives qui
accompagnent et rythment la lecture du poème. Sortant de son espace sur le support, la
couleur vient aussi s’immiscer dans les espaces vides laissés par le texte.
La matière est fluide, les bords des formes colorées sont floues et les couleurs se fondent
parfois les unes dans les autres. L'aspect de la peinture peut évoquer les rêvent ou les
souvenirs qui parfois se dissolvent ou la vision que l'on peut avoir d'un paysage lorsqu'on
regarde par une fenêtre pendant un voyage.
Les seules formes figuratives de l’œuvre sont situées dans le bas de la peinture : on peut voir
une forme simplifiée de la Tour Eiffel (en rouge) ainsi qu'un disque vert cerclé de orange qui
représente la Grande Roue. Ces deux détails font d'ailleurs partie du dernier vers du poème :
"Paris
Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue"
Le style abstrait de Sonia DELAUNAY est conforme aux avant-gardes de ce début du XXe
siècle notamment le cubisme de Georges BRAQUE et Pablo PICASSO. Mais Sonia et
Robert DELAUNAY donnent une importance particulière aux couleurs et à la manière dont
elles influent les unes sur les autres en étant placées à côté. Ce style sera baptisé ORPHISME
ou SIMULTANÉISME par Guillaume APPOLINAIRE.

"J'eus l'idée à cette époque d'une peinture qui ne tiendra techniquement que de la couleur,
des contrastes mais se développant durant le temps et se percevant simultanément d'un seul
coup." Robert Delaunay.

http://artspaiguille.weebly.com/la-prose-du-transsibeacuterien-et-de-la-petite-jehanne-de-france-blaise-cendrars-
et-sonia-delaunay.html
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Dédiée aux Musiciens

1 En ce temps-là j’étais en mon adolescence


2 J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
3 J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
4 J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
5 Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
6 Car mon adolescence était si ardente et si folle
7 Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple
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8 d’Éphèse1 ou comme la Place Rouge de Moscou


9 Quand le soleil se couche.
10 Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
11 Et j’étais déjà si mauvais poète
12 Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.

13 Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare2


14 Croustillé d’or,
15 Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
16 Et l’or mielleux des cloches…
17 Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode3
18 J’avais soif
19 Et je déchiffrais des caractères cunéiformes4
20 Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit5 s’envolaient sur la place
21 Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
22 Et ceci, c’était les dernières réminiscences6 du dernier jour
23 Du tout dernier voyage
24 Et de la mer.
Blaise Cendrars, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, 1913 (2
premières strophes).

Questions :

1. Regardez d'abord les illustrations de Sonia Delaunay et observez l'usage de la couleur,


la disposition des phrases, les motifs représentés. Quelle remarques pouvez-vous
formuler ?
2. Lisez maintenant le texte :
- Quels sont les sujets abordés ? Appuyez-vous sur l'étude de champs lexicaux pour
justifier votre réponse.
- Où se situe l'action ? Relevez quelques noms de lieux dans le texte.
- Quelle figure de style permet d'évoquer le Kremlin ? Quelle figure de style sert à
qualifier les cathédrales du Kremlin ?
- Quels sentiments, quelles émotions éprouve le poète ? Justifiez votre réponse en vous
appuyant sur le texte et en relevant quelques figures de style (répétitions,
comparaisons...).
3. Faites à présent le lien entre univers du voyage et création artistique.

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26 Elargissement : Russie, de Moscou au lac Baïkal - Des trains pas comme les autres.

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13 Ephèse : ville en Asie Mineure, dont le temple, incendié au IVe siècle, comptait parmi les sept Merveilles du
14 monde.
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15 Tartare : d’Asie centrale.
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16 Novgorod : ville russe, à 500 km au nord-ouest de Moscou.
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17 Cunéiforme : écriture en forme de clous, inventée vers 3500 avant notre ère, adoptée par des peuples d’Orient.
5
18 Saint-Esprit : troisième personne de la Trinité, dans la religion catholique, associée au voyage dans l’au-delà.
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19 Réminiscences : souvenirs.
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https://www.youtube.com/watch?v=K9QHQsbYQd0

Document 2 : Corto Maltese en Sibérie, 1977 :

Corto Maltese est un personnage «culte» dans l’histoire de ce que le roman graphique
européen a de meilleur; il est même considéré comme un véritable mythe littéraire du
XXème siècle. C’est un voyageur, un marin plein d’ironie qui allie à son apparence et à son
caractère méditerranéen une culture anglo-saxonne.
Corto, qui signifie en espagnol «rapide», a été créé en 1967 par le grand dessinateur vénitien
Hugo Pratt.
Corto est un anti-héros qui préfère la liberté et l’imagination à la richesse. Sorte d’Ulysse
moderne, il est capable de nous faire voyager dans les endroits du monde les plus fascinants.

https://cortomaltese.com/fr/

Corto Maltese en Sibérie, est la 24e aventure de Corto Maltese.


L'action s'étend du mois de novembre 1918 au mois d'avril 1920, pendant la révolution russe.
La piraterie règne en maître mais ici, les trains blindés qui courent sur les voies du
Transsibérien et du Transmandchourien se substituent aux bateaux et les terres enneigées de
Mandchourie et de Mongolie remplacent les océans.

(d’après Wikipedia)
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Questions :

1. A quel univers le héros, Corto Maltese, est-il ici confronté ?


2. A quels éléments graphiques le dessinateur accorde-t-il le plus d’importance, sur cette
planche de bande dessinée ?
3. Justifiez cette affirmation, en envisageant le point de vue du personnage, puis celui du
lecteur: le voyage est « une invitation au dépaysement, à l'agrément et à l'exotisme, à
la découverte de l'ailleurs ».
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Document 3 : Thylacine, Transsiberian :

Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=KM4rE5SL3TM

Embarquement à bord du Transsiberien avec Thylacine, par Marie-Madeleine


Remoleur, 5 février 2016.

27 Avec son premier album, Transsiberian, l’angevin William Rezé a.k.a Thylacine nous offre un
28 voyage dépaysant, où les sons de son odyssée sur rails et les sons travaillés de la musique
29 électronique se complètent, toujours harmonieusement. Cet album a été composé au
30 printemps dernier, pendant treize jours, à bord du Transsibérien, lors d’un voyage créatif entre
31 Moscou et Vladivostok. Transsiberian, c’est avant tout le témoignage de cette expédition
32 initiatique, des rencontres toutes plus enrichissantes. Une web-série de dix documentaires
33 courts complète l’album, offrant des images de ce périple et permettant de nous conter le
34 processus de cette création inédite et raffinée.

35 Au coeur de ce périple de 9 000 km, chacune des dix étapes est pour Thylacine l’occasion de
36 s’imprégner de ces paysages lointains, de rencontrer ces personnes. Chaque morceau
37 enregistré in situ reflète avec sincérité les rencontres, les lieux, les échanges, les 9 000 km et
38 mille gares traversés. « Le lieu l’espace dans lequel je suis se retrouve très facilement dans
39 mon morceau, explique-t-il dans le premier volet de son web documentaire. Beaucoup de
40 morceaux portent le nom des lieux où je les ai faits parce que j’estimais que ces morceaux
41 racontaient ça, ce lieu, cette ambiance, cette atmosphère. » Au gré de mille gares, chaque
42 lieu fera naître de nouvelles voix, de nouveaux outils pour écrire ce voyage musical qu’il
43 compose dans sa cabine de train devenue pour un temps son studio, casque sur les oreilles,
44 tout en regardant défiler les paysages de Sibérie.
45 Le coup de départ est donné avec Introduction, où se mêlent les bruits de l’attente en gare des
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46 passagers bavards et le chant quotidien des rails, d’un sifflet sur le quai. On s’embarque dans
47 un véritable voyage musical avec lui, les valises pleines de sons n’attendant qu’à s’épancher.
48 Progressivement, les mélodies électroniques de Thylacine se font plus nettes, jusqu’à se mêler
49 au lieu de la gare, à ce départ. Les portes se ferment, les roues s’enclenchent, c’est parti pour
50 un long voyage.
51 Train se déploie au rythme des rails. Le bruit hypnotique du roulement, lorsque les roues du
52 train touchent les rails, fait naître une mélodie électronique entraînante, dopante. On imagine
53 les paysages défiler à la fenêtre du train. « Ce rythme était hyper entêtant, il fallait forcément
54 que j’en fasse quelque chose », confie-t-il.
55 Ce voyage donne aussi la parole à ses habitants, ses voyageurs. A plusieurs reprises, on y
56 entend les voix, mais aussi les chants des populations d’une escale, des voyageurs d’un trajet.
57 Composé lors de l’étape qui le mène de Kazan à Novossibirsk, Belobezvodnoe enveloppe
58 avec préciosité le chant russe dans les sonorités électroniques, mêlant downtempo et rythmes
59 house. Toujours variés mais authentiques, les chants féminins d’Aïkhaï & Mandukhaï puis
60 de Moskva apportent aussi leur lot de métissage, dépaysant et impétueux, cristallisant avec
61 beauté le paysage et notre pérégrination musicale.
62 Sur Poly, Thylacine réussit à sampler Pilentze Pee du Mystère des Voix Bulgares, sans jamais
63 le dénaturer ou le souiller. Ce chant sacré bercé par la suavité électronique nous transporte et
64 en découle une certaine grandeur contemplative, presque céleste. Après l’élévation, la mélodie
65 entêtante de Piany Pianino nous ramène sur terre, pour quelques pas de danse.
66 Profond et envoûtant, Chaman nous invite sous sa yourte, au coin du feu, au bord du lac de
67 Baïkal. Avec Thylacine, on assiste à une cérémonie sacrée d’un soir, dans une beauté
68 solennelle. Le chant du chaman, parfaitement rythmé par les beats électroniques et
69 hypnotiques de Thylacine, témoignent de l’authenticité de cette rencontre attachante.
70 Irkutsk offre une production vocale polyphonique, enregistrée au bord de l’eau. « C’était une
71 grosse claque musicale, confie Thylacine dans le web-documentaire. C’était un très subtil
72 mélange riche de voix. Ces personnes sont allées chercher des chants traditionnels dans les
73 petits villages et se les sont appropriés. » Dans cette démarche, on retrouve bien celle de
74 Thylacine, parti à la quête de sons d’un voyage pour les contempler, se les approprier, et
75 recréer des ensembles sonores différents, sans jamais dénaturer les sons originaux. Sur
76 Irkutsk, au contact de l’ardeur rythmique du producteur angevin, la chorale polyphonique
77 gagne progressivement en puissance, ne pouvant être retenue. Pour clôturer ce voyage
78 initiatique, la douceur éloquente de Memories nous ramène à la maison, la tête pleine de
79 souvenirs. Un dernier sifflement retentit sur le quai de la gare.

https://maze.fr/2016/02/embarquement-a-bord-du-transsiberian-avec-thylacine
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1. Départ de Moscou : https://www.youtube.com/watch?v=ls-cb5WgnfA&list=RDls-


cb5WgnfA&start_radio=1

2. De Moscou à Kazan : https://www.youtube.com/watch?v=miV-


PsOhwkU&list=RDls-cb5WgnfA&index=10

3. Kazan:https://www.youtube.com/watch?
v=Fyp7QClvnwk&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=4

4. De Kazan à Novossibirsk : https://www.youtube.com/watch?v=NperKpSJVvI

5. Arrivée à Irkoutsk : https://www.youtube.com/watch?


v=iZ7CnSBaeNY&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=6

6. Chants d'Irkoutsk : https://www.youtube.com/watch?


v=eRJuc3LLKWA&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=7

7. Lac Baïkal : https://www.youtube.com/watch?


v=XHsbbVENaY0&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=8

8. Chant du Chaman : https://www.youtube.com/watch?


v=9oPzXWaTW4c&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=9

9. D'Irkoutsk à Vladivostok : https://www.youtube.com/watch?


v=kVOPijs0n4o&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=10

10. Vladivostok : https://www.youtube.com/watch?


v=t4aFZRytQHw&list=PLKCvAZ6tL4A8S7plxftaE7_jUHEjmT4E9&index=11

THYLACINE, Train, Transsiberian album : https://www.youtube.com/watch?


v=Pq9Eqbygj8g&list=RDPq9Eqbygj8g&start_radio=1

Questions :

1. Dans le premier paragraphe, trouvez deux synonymes du mot « voyage ».


2. En quelques lignes, résumez la démarche artistique suivie par Thylacine pour
concevoir l’album Transsiberian.
3. Quels sont les apports du voyage, autant aux niveaux artistique que personnel ?
4. « Voyager, c'est alors prendre le large et, quand on part, on ne revient pas toujours le
même : le voyage est un rite de passage qui permet de faire l'expérience de soi-même
face aux autres, face à l'inconnu ». Justifiez cette affirmation à partir de l’expérience
de Thylacine.
5. Dans quelle mesure peut-on dire que ce périple dans le Transsibérien fait, à son tour,
voyager le lecteur ?
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Document 4 : Joachim Du Bellay (1522-1560), Heureux qui, comme Ulysse.

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le 1er janvier
1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la
Pléiade, groupe de poètes pour lequel du Bellay rédigea un manifeste, la Défense et
illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de
sonnets d'inspiration élégiaque (mélancolique) puis satirique et finalement encomiastique
(élogieux) écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.

En 1553, Du Bellay quitte la France pour accompagner le cardinal Jean du Bellay, cousin
germain de son père, à la cour pontificale de Rome. Il attend avec impatience de découvrir
Rome et la culture antique mais il est déçu. Chargé de l'intendance de son parent, du Bellay
s'ennuie. Loin de jouir d'une liberté qu'il désirait, les intrigues de la cour du pape
l'accaparent. Il est en effet mêlé directement aux événements diplomatiques entre la France et
l'Italie. Il compose alors Les Regrets, œuvre dans laquelle il critique la vie romaine et
exprime son envie de rejoindre son Anjou natal.

(d’après Wikipedia)

80 Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,


81 Ou comme celui-là qui conquit la toison7,
82 Et puis est retourné, plein d'usage8 et raison,
83 Vivre entre ses parents le reste de son âge !

84 Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village


85 Fumer la cheminée, et en quelle saison
86 Reverrai-je le clos9 de ma pauvre maison,
87 Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

88 Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,


89 Que des palais romains le front audacieux,
90 Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,

91 Plus mon Loir10 gaulois, que le Tibre11 latin,


92 Plus mon petit Liré12, que le mont Palatin13,
93 Et plus que l'air marin la douceur angevine14.

Joachim Du Bellay, Les Regrets.

Questions :
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La mythologie grecque raconte que Jason, accompagné des Argonautes, était parti chercher la toison d’or, la
37 peau d’un bélier.
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D’expérience.
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Terrain clos (fermé, clôturé) de haies ou de murs.
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Fleuve français. Ici, au masculin et sans « e », c’est en fait la Loire.
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Fleuve d’Italie passant, notamment, à Rome.
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Village d’Anjou dans lequel est né le poète.
43 13
L’une des sept collines de Rome.
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La douceur d’Angers.
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1. Expliquez les références à Ulysse et à Jason, dans la première strophe du tercet. Quelle
image donnent-elles de l’expérience que représente le voyage ?
2. A partir de la deuxième strophe, quels sentiments animent le poète ? Justifiez votre
réponse par des éléments précis du texte.
3. Quel autre aspect du voyage est donc évoqué ? A l’aide de quelles figures de style ?
4. Quelle différence de perception à l’égard du voyage relevez-vous par rapport aux trois
autres documents ?

94 Elargissement : « Un été avec Homère », l'odyssée signée Sylvain Tesson

https://www.youtube.com/watch?v=ZoG7i8cGXKI

Synthèse :

95 Vous rédigerez une synthèse objective, concise et ordonnée de ces quatre documents.

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97 Dissertation :

98 En évoquant le personnage d’Ulysse, dans L’Odyssée d’Homère, Sylvain Tesson a pu dire «


99 on est là dans le labyrinthe intérieur de quelqu’un qui cherche lui-même qui il est ».

100 Selon vous, le voyage correspond-il seulement à la découverte d’autres horizons ?

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