Vous êtes sur la page 1sur 11

CM du 23/01/2024

En comparaison avec Mme de Staël :

En 1738, Luigi Riccoboni (auteur et écrivain italien) : partait avec sa troupe pour se
produire dans de grandes villes européennes. Dans ce texte il parle du théâtre
anglais avec l’idée de l’expliquer par le caractère nationale des Anglais.

Il est complètement dans cette démarche de juger les productions dramatiques en


fonction de certains préceptes critiques comme la bienséance, la vraisemblance,
l’unité d’action mais aussi avec l’idée de ce que le théâtre devrait être 🡪 cela veut
dire que ce qui peut ou doit faire l’objet de la tragédie est une idée préconçues
auquel les auteurs dramatiques doivent se conformer (ils n’ont pas de liberté de
trouver qlq de chose de nouveau). Donc il y a un regard français sur la scène
anglaise qui juge leur goût et en même temps une certaine idée du théâtre selon
laquelle il juge les productions étrangères.

 C’est une autre démarche que celle de Mme de Staël qui essaie d’expliquer
pourquoi il y a une différence en essayant de voir des forces et faiblesses des
2 côtés 🡪 donc avec un peu plus d’impartialité et une volonté d’expliquer les
choses.

Madame de Staël (1766-1817) : une « pro-comparatiste »

Approche sans jugement de deux littératures nationales, elle est une « proto-
comparatiste »

Elle évoque l’idée que les littératures sont différentes, légitime et que cela s’explique
par l’histoire des sociétés.

De la littérature considérée dans ses rapports avec les Institutions sociales, 1800 :

Dans cet ouvrage, elle tente de donner les grandes lignes d’une idée :

 Elle compare d’abord ce qu’elle appelle les littérature du sud (civilisation


ancienne) des littérature du nord (espace germanique).

 Ensuite, elle essaie d’expliquer comment l’intervention du christianisme dans


les 2 sphères (aussi bien après le paganisme antique mais aussi dans le nord)
ont modifiés la littérature, surtout pendant le moyen-âge.

 Puis, essaie d’expliquer comment l’évolution des ≠ sociétés, à l’issu du M-Â, a


donné lieu à un espace culturel assez uniforme mais où les sociétés plus ou
moins aristocratiques ont donnés lieu à des goût ≠.

Sa conviction est que ses bouleversements de société vont entraîner des


répercussions dans la littérature : en cela elle est résolument moderne quand on
pense à la querelle entre les modernes et les anciennes 🡪 début du 18e s. la grande
≠ est si on essaie d’imiter tjs les anciens ou si on fait une litt qui est ancré dans la
société actuelle et donc qui essaie de prendre en charge plus directement les
préoccupations du public, etc.

 D’une certaine manière Mme de Staël et les penseurs romantiques sont dans
le parti des modernes qui pensent que la littérature doit prendre en charge sa
société mais émane de toute façon tjs d’un peuple et de la société.

De l’esprit des traductions, 1816

Cet écrit de Mme de Staël intéressent les comparatistes (article d’abord publié dans
une revue italienne).

Pour elle les traductions sont importantes car (l’idée de s’ouvrir à d’autres littératures,
langues par la traduction) elles favorisent le libre commerce des idées, le dialogue
avec l’étranger, le franchissement des frontières 🡪 elle oppose directement cet esprit
des traductions à l’esprit de conquêtes qui serait despotique et arbitraire (donc
l’esprit des traduc. est un esprit de curiosité et de libre pensée et pas de soumission.)

Mais pour que la littérature étrangère puissent fournir ces inspirations il faut traduire
pour faire en sorte de transporter les particularités des textes originaux et ça c’est un
vrai changement de paradigme pour les traductions : jusque-là on adaptait au goût
du public cible + qu’on traduisait 🡪 donc les Français faisaient des traductions dans
le style français en polissant la langue mais maintenant nvlle traduction pour se
retrouver plus près du texte originale.

Cette première façon de traduire en français était nommé « les belles infidèles » :
certes ces traductions sont très belles car utilisation d’un beau langage mais elles
sont infidèles au texte initial.

Mme de Staël dit à cet égard, tjs dans l’idée que cette littérature étrangère doit
apporter qlqch de nv à cette littérature cible, que même si la langue française est la +
raffinée, il ne faut pas traduire sous ces codes là tout ce qui vient de l’étranger sinon
c’est encore de la littérature française 🡪 il faut donc vraiment rester le + proche
possible du texte original pour qu’il garde sa différence et apporter qlqch de nouveau
et d’original à la littérature française.

C’est par cette article qu’elle reste en qlq sorte une héroïne de la littérature
comparée et marque bien cette activité de la littérature comparée même si elle n’était
pas encore nommée comme cela.
TD du 23/01/2024

L’imaginaire des jardins


XVII-XVIIIe siècle

Les deux textes étudiés :


- Madeleine de Scudéry, La promenade de Versailles, dédiée au roi Louis XIV. Paris,
Claude Barbin, 1669. Dans cet extrait Mme de Scudéry promène le lecteur à travers
le château et le parc de Versailles  en vérité la nature est ici prise sous l’angle de la
nature domestiquée, donc des jardins ou parc.

- Alexander Pope, An Epistle to the Right Honourable Richard Earl of Burlington, 1731.
C’est un épître (forme épistolaire) et aussi une forme de traité dans laquelle on peut
fondre des pensées  c’est l’extrait le + célèbre.

Madeleine de Scudéry (1607-1601)


Personnage important dans la culture de la 2ème moitié du 17e siècle.
Pseudonyme est Sapho au salon de la marquise de Rambouillet  la mode au 17e est
d’écrire des textes à clé : c’est une littérature de connivence que seul les initiés pouvaient
comprendre.
Elle tient un salon littéraire à partir de 1652 : les « samedis de Mademoiselle de Scudéry »
 un des tout premiers salons mondains (apparaît au 17e) qui avaient des jours fixes.
C’est une représentante de la préciosité : mvm littéraire et intellectuel porté par une partie
de la noblesse du XVIIe siècle, qui pour s’opposer aux manières qualifiées de rustres,
valorisaient un mode de vie pudique et raffiné à l’extrême dans les manières et le langage 
ce mvm a fortement contribué au renouvellement du vocabulaire français et est surtout
connu pour avoir été tourné en dérision par Molière et sa pièce de théâtre « Les précieuses
ridicules » « (elle est donc une de ses femmes dont pourrait se moquer Molière).
 Elle soigne un certain style où on échange librement et où on rend hommage aux
femmes savantes.
Elle ne peut pas forcément publié sous son propre nom, donc publie sous le nom de son
frère George Scudéry 2 œuvres.
« Cadre de tendre » : Représentation topographique de la conduite et de la pratique
amoureuse, dans la Clélie (1654-1660) de Madeleine de Scudéry.
C’est une sorte de carte qui explique toute sorte de comportement qu’on peut avoir
dans une relation amoureuse et qui finalement postule l’idéal d’un amour tendre (donc
d’une tendresse amoureuse plutôt que d’une passion forte)  sa vocation est d’enseigner au
lecteur les chemins qu’il peut emprunter pour aller de la bourgade « Nouvelle-Amitié » (=la
rencontre) aux trois villes de « Tendre ».
L’idée est de spatialiser le pays des découvertes amoureuses et dans lesquels on
peut prendre des chemins + ou – valables :
- On peut longer les rivières Estime, Reconnaissance ou le fleuve Inclination.
- Emprunter les différents chemins jalonnés des villages Grand cœur, Amitié,
Obéissance, Générosité, Billet doux. Mais il faut à tout prix éviter de s’égarer vers les
villages appelés Indiscrétion, Négligence, Oubli, etc. afin de ne pas se briser contre
les rochers de l’Orgueil, ni échouer dans la Mer d’Intimité ou aboutir au Lac
d’indifférence.

Alexander Pope (1688-1744)


Plus grand poète anglais du début du 18e siècle.
Il ne vit pas dans la mondanité mais dans l’isolement social car il était malade et aussi car il
était catholique dans une société qui à l’époque excluent les catholiques de la vie sociale
(pas le droit d’aller à l’école)  tout ça l’aigri un peu et il excelle par différents textes dans la
satire de la société de son époque notamment dans une œuvre The Dunciad (=le royaume
des bêtes, stupides).
La Dunciade, 1728, 1735, 1743 est une satire acerbe de la société anglaise de son époque :
poèmes satiriques qui célèbre la déesse Dulness > ses fidèles : décadence, imbécilité et
manque de goût dans le royaume.
Il a fait de nvlle traduction de textes latins et par-là a pu être dans une relative indépendance
(ces traductions et texte se vendaient assez bien).
 Donc d’un côté il a une place de paria dans la société et d’un autre côté il est assez
connu et peut être proche de certaine personne sur la base d’estime mutuelle (le cas
de Richard Earl of Burlington qui faisait partie de ses amis et soutient).
Le jardin classique / Le jardin à la française
Le jardin de Versailles créé par André Lenôtre qui a conçu tout un ensemble de parterre
avec fontaines, bosquets orné par des statues : jardin assez géométrique, régulier, bien
ordonnée avec l’axe central dominant et un bassin au milieu  répond à une réf
antique biblique que l’on appelle le paradis : dans la genèse en parlant du paradis on
dit qu’il y a la source de la vie et qu’à partir de là partent trois fleuves.
Déjà les monastères médiévaux dans les cloitres reprenaient cette idée de façon
abstraite : dans les cloitres il y avait tjs un petit jardin séparé en 4 quartiers et au
milieu une fontaine qui symbolise cette source de la vie.
 C’est ce modèle-là qui se perpétue dans le jardin à la française avec une structure de
chemins et de bassins.
Lenôtre a créé le jardin de Vaux-le-Vicomte avant de passer aux services de Louis XIV.
Pour voir la splendeur de ces jardins il faut une vue d’ensemble, idéalement depuis le
château (correspond à une certaine façon de regarder les jardins)  on voit mieux de
hauteur pcq on a une vue surplombante qui permet d’appréhender la structure dans
son ensemble notamment les parterres de broderies (=il y avait des maitres de broderies
qui inventaient les parterres).
 C’est une beauté assez lointaine de la nature avec l’idée que l’art discipline la
nature pour en faire qlqch de beau  on ne cherche pas la beauté dans la nature
mais on cherche à la transformer pour la rendre belle.
Autre caractéristique de ces jardins à la française : les bassins que l’on appelle des
miroirs pcq leur fonction principale était de capter la lumière du ciel et éventuellement
de faire miroiter ce qui était derrière.
Il y a souvent des statues qui généralement forment un programme mythologique : elles
obéissent à une idée d’ensemble et expriment par le choix des divinités mythologique
une idée théorique derrière. Ex : à Vaux-le-Vicomte ce programme aboutit à une grande
statut d’Hercule  il est connu pour les grands travaux, sa force et sa volonté.
Le jardin à la française et Louis XIV :
- C’est un objet par lequel il impose sa vision du pouvoir et de lui-même : il est capable
de surmonter tous les obstacles et même ceux de la nature.
- Versailles était avant petit château de chasse qui se situer dans un espace
marécageux  travaux énorme pour transformer en jardin càd assécher le terrain,
ceci avant de commencer l’agrandissement du château.
Versailles en 1668

Pierre Patel, Vue du château et des jardins de Versailles, 1668.


 Mme de Scudéry voyait le château comme cela : elle prend la position de qlq qui fait
visiter Versailles à d’autres personne.
Elle raconte comment ce groupe qui visite le parc se tient en haut de l’escalier : c’est de là
qu’il regarde les différents bassins mais il n’y vont pas  il prenne cette perspective de
hauteur avant de descendre l’escalier.
Grotte de Thétis (Versailles, 1665-66)

Cette grotte de Thétis qu’elle décrit correspond à un bâtiment qui n’existe plus aujourd’hui.
À l’époque, il y a toute une mode de grotte dans la tradition des jardins : déjà autour de
1500 les Français qui été aller en Italie pour des raisons de guerre ont ramené l’idée et l’ont
imité la chose  la grotte pour les Italiens est un lieu rafraichissant où on trouve de
l’eau.
La grotte de Thétis :
- idée qu’il s’agit d’un palais sous-marin où habite Thétis, une Néréide (=déesse
marine).

- Matières précieuses dans lesquels ont sculptent des coquillages ou d’autres figures
 le but est de reproduire artificiellement ce qui existe dans la nature pour le
rendre encore plus beau (ex : peindre le bois comme si c’était du marbre).
- Devise personnelle de Louis XIV (tout un programme autour du Soleil) : « Nec
pluribus impar » = même pas inégale parmi la multitude/les nombreux autres 
Louis XIV en tant que roi absolu se prenait comme incomparable aux autres, il
est tellement au-dessus qu’on ne peut même pas le comparer à la multitude.
Grotte de Thétis
Intérieur

On trouve Apollon le dieu du soleil : l’idée est qu’il tire le char du soleil dans la voute céleste
de l’est en ouest  symbole de celui qui sait dompter la nature.
 Dans la grotte de Thétis Apollon se repose quand le soleil retombe dans la mer.

 L’idée qui est transporter par cette assimilation de Louis XIV à Apollon est : après des
campagnes militaires Louis XIV vient se reposer.

 Le salon d’Apollon dans le château : marque son omniprésence à Versailles.

Deux modèles opposés


Le jardin à la française
- Jardin ordonnée : idée que le roi impose l’ordre à la société.
- Certaine variété dans l’exécution des ≠ parterres mais il y a une idée chère aux
classique : l’unité dans la variété.
- Inspiré par l’architecture
Le jardin à l’anglaise
- Chemins très tortueux lorsqu’on le regarde du haut mais ce type de jardin est fait
pour se promener, découvrir au gré des chemins et des virages des choses nouvelles
(flânerie)  on a l’idée de surprise plutôt que de tout embrasser du regard d’un
même coup.
- Inspiré par la peinture
Les jardins à l’anglaise

Claude Le Lorrain, Paysage pastoral, 1644

Stourhead

Il est l’un des jardins anglais les + connus : il y a des éléments architecturaux mais on a
l’impression que lorsque l’homme se promène ici, il est déplacé dans un paysage
antique à la rencontre des grands hommes, des divinités qui peuvent être rappeler par
des statuts, temple ou fausses ruines.
Le jardin de Stowe

Créé par William Kent.


 Les éléments architecturaux s’intègrent dans le paysage et avec l’idée souvent
de montrer/cacher  càd jouer sur l’implantation des arbres pour donner du
mystère à l’expérience que l’on peut avoir du jardin.

Éléments du jardin anglais :


Plan de verdure qui repose l’œil // Groupements d’arbres // Chemins tortueux // Étangs /
lacs // (fausses) ruines.
L’arrivée du jardin à l’Anglaise en France :
- 2ème moitié du 18e siècle avec l’arrivée de la mode anglaise générale

- À ce moment-là la grotte de Thétis n’existe plus : création d’un faux rocher avec les
statuts d’Apollon au centre et ses chevaux sur les côtés  on recrée complètement
l’esprit du jardin à l’anglaise on est comme dans un vrai paysage, on s‘y promène à la
rencontre des dieux.
Versailles
1778-1781 Bosquet des Bains D’Apollo (décor par Hubert Robert)
Commentaire comparé

Questions :

Quels éléments concret des jardins les textes mentionnent-ils ?


Chez Mlle de Scudéry tout un cadre d’éléments concrets d’ornements du jardin  il faut
énumérer tous ces éléments.

A quel type de jardin correspondent-ils ?


Scudéry : jardin à la française  vision surplombante du monde qui ne correspond pas à la
promenade.
Pope : jardin à l’anglaise  proximité de la peinture et l’idée même qui vient par la peinture
de paysage que le jardin doit calquer ou réinventer. Il y a une réf. explicite au jardin à la
française qu’il condamne.
 Il faut intégrer les éléments de chaque tradition de jardin.

Quelle idée de nature sous-tend ces jardins ?


Pope : la nature est le principe qui doit conduire l’aménagement des jardins  l’idée que la
nature est une divinité, que c’est une beauté simple donc qu’il ne faut pas lui donner des
attraits artificiels, ne pas surfaire qlqch qui est beau par nature, ne pas surchargé mais
garder ce peu de mystère qui entoure la nature.
 Pour lui la nature guide l’homme et l’aménagement du jardin.
Madeleine de Scudéry : la nature n’est pas valorisée mais pensée comme qlqch de brute,
sauvage qu’il faut transformé pour arriver à des beautés et idéalement on imite la nature par
certains artifices mais on la prend pas telle qu’elle est  à la fin de la page 76 elle parle de
la grotte « si bien imité », « trompe les yeux », « si agréablement trompé », donc on fait
comme la nature mais en mieux et en plus beau.
Et quel rapport entre homme et nature ?
Chez Pope, la nature ne doit pas la rendre artificielle, il faut la respecter car elle guide
l’homme
Chez Scudéry la nature doit être maitrisée par l’art

Quel lexique, quels moyens stylistiques prévalent dans les deux textes ?
Chez Mlle de Scudéry bcp d’accumulation qui va traduire l’unité dans cette variété : sert à
montrer la richesse et le statut du roi. Bcp d’adjectifs mélioratifs : ils ne caractérisent pas des
attributs mais valorisent, ce sont souvent les mêmes qui traduisent une même idée de
beauté qui doit être riche, admirable, merveilleuse, etc.
Que traduisent tous ces éléments dans leurs sociétés ?
Mme de Scudéry parle de la royauté : c’est un éloge du prince incroyable.
Plan en 3 parties (=sorte de gradation qui reste claire) :
Plans à ne pas faire :
1. Œuvre A
2. Œuvre B
3. Comparaisons
OU
1. Similitude
2. Différences
3. Synthèse

Plan à faire est celui qui mène vers une idée générale à l’aide de parties où l’on compare les
2 œuvres à chaque fois  on part du + concret (éléments qui correspondent concrètement
au thème donné) vers le + abstrait (considération plus générale et esthétique) :
1. La représentation des jardins dans les deux textes (du plus concret à qlqch de plus
conceptualisé (les types de jardins)
2. L’idée de la conception de la nature sous-jacente (comment est-ce que ces auteurs
pensent la nature ?)
3. Transposition littéraire (quels figures rhétoriques ? quel figures de style ? quelle façon
d’écrire ?)
Conclusion : conceptualisation en lien avec la société

Vous aimerez peut-être aussi