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Art contemporain

Partie 1 – introduction
Les peintures les plus importantes de l’Histoire de l’Art représentent très majoritairement des scènes religieuses ou
historiques anciennes

Léon Cogniet, Scène du massacre des Innocents, 1824

- scène religieuse : massacres d’enfants en Egypte


- peint lors de la naissance du romantisme
- manière nouvelle de représentation de la scène : personnage principal nous regarde apeurée =
spectateurs impliqués
- dramaturgie propre à la toile
- exposé au Salon

Auguste Couder, Tanneguy du Chatel sauvant le Dauphin, 1827

- scène historique française : adolescent sauvé par un militaire qui le porte précieusement
- étrangeté : le Dauphin a l’air léger
- peint lors de la naissance du romantisme
- Dauphin : symbole de l’Ancien régime
- peinture classique : commande officielle pour le musée de Versailles

Lorenzo Bartolini, La Princesse Napoléone-Elisa Baciocchi et son chien, 1812

- portrait idéalisé à l’antique, nudité


- nièce de Napoléon Ier
- la Princesse est une femme entreprenante qui importa la pisciculture et l’agriculture industrielle à la
France, elle s’installe dans le Morbihan et remporte des prix pour ses activités agricoles :
antagonisme avec son statut de Princesse et décide de prendre le nom de Napoléon
- contexte : forte industrialisation, échanges commerciaux internationaux, expositions universelles
de Paris (1867) auxquels assistent l’Empereur, sa femme et le petit prince

Charles Meynier, Alexandre cédant Campaspe à Apelle, 1822

- peinture néoclassique
- scène historique
- Apelle : peintre grec hautement considéré mais dont l’œuvre est pourtant inconnu,
modèle de l’art contemporain
- Campaspe : maitresse d’Alexandre le Grand dont Apelle tombe amoureux
- femme objet de transaction
- Meynier est un des premiers artistes à ouvrir un atelier accessible aux femmes : il utilise un sujet pictural banal et
acceptable (objetisation de la femme) de l’époque et paradoxalement intègre les femmes à l’Art

Comparaison

- mythologie de Pline l’Ancien selon laquelle une femme aurait été à l’origine de l’invention
du dessin : la fille d’un potier aurait dessiné les contours de l’ombre de son amant partant à
la guerre

- Wright of Derby, The Corinthian Maid (le ménage corinthien), 1784

Lumière sur la fin d’un siècle et le début d’un autre


« De mémoire d’historien, jamais peuple n’a éprouvé, dans ses mœurs et dans ses plaisirs, de changement plus rapide
et plus total que celui de 1780 à 1823 » Stendhal, 1823
En effet, durant le passage du 18e au 17e siècles, la chute de la monarchie bouleverse le pays et la situation
géopolitique, de plus, l’expansion impériale devient agressive, faisant de Napoléon une figure haie à l’étranger et
adoré en France

● les lieux ou s’échangent les idées

voyageurs européens : Grand Tour et Prix de Rome

La création de l’Académie royale en 1648 illustre la volonté de l’Etat de former des


artistes compétents et d’offrir aux élèves les plus méritant, la chance d’observer les
vestiges de l’Antiquité, omniprésente dans leur éducation et formation, mais également
dans le modèle politique français de l’époque. C’est dans ce contexte qu’est créé le Prix
de Rome et l’Académie de France à Rome ;

A partir de 1666, l’Académie de France à Rome accueille les artistes ayant remporté le Premier Prix de Rome et des
pensionnaires protégés de quelques grands seigneurs. La création de l’institution coïncide avec la politique des grands
travaux de Louis XIV. Les jeunes artistes acquéraient un complément de formation au contact de Rome. Les
candidats sont essentiellement masculins et les femmes ne sont que très rarement acceptées. Cependant, ne pas
passer par l’Académie ne rend pas une carrière inconstructible. C’est la ville Médicis qui accueille l’’Académie

De plus, l’Italie devient un endroit de pèlerinage artistique grâce au Grand Tour. Ancêtre du tourisme, il est réservé
aux aristocrates afin de contempler et collectionner l’art antique... Cette pratique nait au Royaume-Uni et prend le
nom de Grand Tour lorsque la presse en fait un parcours de loisirs. Ce Grand Tour pouvait durer entre 2 et 8 ans, il
interrompu momentanément par la Révolution française et les conquêtes napoléoniennes. Rome devient une ville
cosmopolite, touristique et international

Johann Winckelmann, fils de cordonnier, se trouve une passion pour l’Antiquité et part à Rome
puis à Pompéi ou il commence les fouilles du site. Aussi, il rédige des traités sur l’esthétique et
l’Histoire de l’Art qu’il met en relation avec les sciences, la biologie, les formes... L’histoire des
formes (architecture, stèle romaine...) est pour lui une évolution organique et l’esthétique
comme recherche du Beau
portrait de Johann Joachim Winckelmann

qu’est ce que les Lumières ?

Les Lumières sont des philosophes, penseurs et plus globalement un mouvement qui développent et imposent des
idées nouvelles illustrant le désir de comprendre, douter et connaitre. Ainsi, les valeurs, savoirs scientifiques,
idéologies changent et s’appliquent aux éléments sociaux et métamorphosent le système
politique

Wright of Derby, An experiment on a Bird in the Air Pump, 1768

- désir de savoir s’étend jusque dans les foyers et provoque des effusions : prouver que l’air
existe par expérience (enfermer un oiseau dans un bocal)

Van Loo, Denis Diderot, 1767

- écrivain de l’Encyclopédie, un des premiers critiques d’art du 18e siècle ou les images étaient
rares

Diderot écrit pour le très réputé journal Mercure de France et participe à 9 salons par lesquels il
observe près de 5 000 œuvres. Lors de son dernier salon, Diderot fait émerger Jacques-Louis
David dont il dit en 1781 : « Tous les jours je le vois et crois toujours le voir pour la première fois. Ce jeune
homme montre de la grande manière dans la conduite de son ouvrage, il a de l’âme, ses têtes ont de l’expression sans
affectation, ses attitudes sont nobles et naturelles, il dessine, il sait jeter une draperie et faire de beaux plis, sa couleur est belle sans être
brillante »
Avant David, les peintures étaient vaporeuses, lumineuses, sensuels, David lui, présente une peinture pure et
spirituelle. C’est à son retour de Rome qu’il connait un grand succès au Salon de 1781 et durant lequel il devient une
référence. Sa carrière d’artiste s’étend sur un demi-siècle et participe politiquement et activement à la Révolution

David, Bélisaire demandant l’aumône, 1781

- classique, références antiques MAIS sans le côté « joli » et rococo


- références à la peinture classique
- gestuelle théâtrale
- Bélisaire, général byzantin est injustement disgracié et recueilli par une famille de paysans :
mise en scène de la grandeur d’âme

chez les salonnières parisiennes

Les salons sont des endroits de rassemblement pour les intellectuels du 18e siècle ou
l’art, la culture et la politique constituaient les principaux sujets de discussion

Lemonnier, Salon de Madame de Geoffrin, 1812

Martini, L’exposition dans l’Académie Royale en 1787, 1787

Le Salon est fondé sous Louis XIV. Les salons sont d’abord organisés réservés à l’exposition des œuvres d’artistes
des Beaux-Arts puis, en 1798 il est ouvert aux femmes et aux artistes étrangers grâce à l’instauration d’un jury
chargé de choisir les œuvres en compétition. Des salons sont également organisés à l’occasion des expositions
universelles. Ces lieux sont considérés comme vitaux à la vie publique et la visibilité des œuvres et artistes ; ils en
font la critique, le jugement et la récompense

néoclassicisme : une étiquette pratique

Les étiquettes en Histoire de l’Art ont principalement été instauré par The Isms of Art, livre de 1925 rédigé en 3
langues (allemand, anglais, français) et mettant en place des étiquettes pour les mouvements et styles. Les étiquettes
sont souvent inventées postérieurement au style / mouvement qu’elles définissent

Le terme de néo-classicisme est créé postérieurement, en 1880, par opposition au romantisme, mouvement
postérieur et antérieur, le classicisme de l’après Renaissance. D’abord, le néo-classicisme est mal considéré, puis, il
est lié à la Révolution française et glorifié. Le néoclassicisme est appelé ainsi car il met en avant les références et
reprises antiques, notamment statutaires, qu’il reprend en modèles pour créer des corps idéaux. Aussi, le
néoclassicisme met en avant la grandeur et l’héroïsme
« Il faut lier le style néo-classique à la vaste aspiration morale issue de l'âge des Lumières qui tend à promouvoir dans l'art comme ailleurs le
règne de la raison. » Honour (1998)

David, Les Sabines, 1799

Canova, Les Trois Grâces, 1817

Kauffmann, Zeus choisissant les modèles pour son Hélène de Troie, 1775

David est devenu une référence du néoclassicisme français. Il est issu d’un milieu privilégié, lorsqu’il perd son père,
Boucher, peintre officiel du roi, devient son maitre et il parvient à entrer à l’Académie des Beaux-Arts. Il gagne le
Prix de Rome en 1774 à 27 ans et part à Rome pour cinq ans, il y rempli des carnets entiers de croquis. Malgré un
certain cadre reçu dans son enseignement, il prend part aux changements de la Révolution et devient député, vote la
mort du roi et costumiers des hauts-fonctionnaires républicains. Finalement, il devient peintre officiel de l’Empereur
et meurt à Bruxelles après s’etre exilé à la suite du retour de la monarchie
« Celle-ci, copiée fidèlement d'après l'antique, porte ce caractère de calme que les anciens imprimaient sur la figure des personnages dont ils
voulaient relever la dignité morale »

« Voyez-vous, mon ami, disait David a Étienne, voilà ce que j'appelais alors l’antique tout cru. Quand j'avais-copié ainsi cette tête avec grand
soin et à grand’peine, rentré chez moi, je faisais celle que vous voyez dessinée auprès. Je l’assaisonnais à la sauce moderne, comme je disais
dans ce temps-là. Je fronçais tant soit peu le sourcil, je relevais les pommettes, j'ouvrais légèrement la bouche, enfin je lui donnais ce que les
modernes appellent -de l'expression, et ce qu'aujourd'hui (c'était en 1807) j’appelle de la grimace.  (…) – Et cependant on est bien embarrassé
avec les juges de notre temps ajoutait le maître, car si nous faisions précisément d’après les principes des anciens, on trouvait nos ouvrages
froids » Delécluze (1855)

A ses débuts, David copiait l’antique mais ne parvenait pas à se détacher des méthodes actualistes enseignées aux
Beaux-Arts, il réussit finalement en mettant en avant la vertu de ses personnages sur leurs visages plutôt que de
suivre les codes qui lui ont été appris

David, Les serments des Horaces, 1784

- classicisme français + antiquité


- grand succès au Salon et devient manifeste à l’Académie pour : patriotisme, héroïsme
- inédit dans la manière d’étaler la couleur : austérité,
- iconographie du -7e siècle : chaque cité choisit son champion pour sa gloire mais les
Trois frères Horaces sont choisis, ils font la promesse de se battre jusqu’à la mort
- illustration d’un moment clef : acte de solidarité
- message politique prérévolutionnaire : vertu, union républicaine, sacrifice à la raison d’Etat

Vien, La marchande d’amours, 1763

- caractère « mignon », « rococo »

période révolutionnaire

David, Serment du Jeu de Paume, 1791

- scène historique du Serment : les bras levés se rejoignent pour former une union

Alors que le tiers-état commence à avoir accès aux idées révolutionnaires, les
caisses de l’Etat sont vides, les états-généraux* se réunissent et choisissent la
rédaction de cahiers de doléance face aux mesures royales et aux injustices. Le 20
juin 1789, les états-généraux se réunissent à Versailles où ils font serment de ne
pas se quitter tant qu’un accord sur une Constitution ne serait pas trouvée

états-généraux* assemblée de l’Ancien régime constituée de représentant de la noblesse, clergé, tiers-état, invoqués
par le roi dans le but de traiter une crise

David, Mort de Marat, 1793

- Marat, éditorialiste d’un journal révolutionnaire est assassiné par la royaliste Charlotte
Corday. Perçu comme un extrémiste, il s’est battu contre la haine du peuple, membre des
Montagnards auxquels s’opposent les Girondins
- dimension religieuse : martyre
- Marat en train de mourir, dans l’action de la mort
- idéalisme du corps et visage : Marat avait une maladie de la peau, ce pourquoi il passait ses
journées dans la baignoire
- sentimental : faire de ce meurtre un moment touchant

Lors de la Révolution, le langage est toujours ancien, adepte de nombreuses allégories et symboles mais ce langage
disparait progressivement. Les nouvelles symboliques et conventions de la Révolution (établissement du système
métrique, nouvelles images) illustrent la volonté de bâtir un nouveau monde. L’Antiquité devient un modèle, une
référence pour les démocraties et Républiques naissantes
Regnault, La Liberté ou la mort, 1795

- allégorie de la Révolution : Liberté ou mort

David, Marie-Antoinette conduite au supplice le 16 octobre 1793, 1793

- femme dépouillé de ses attributs féminins et royaux


- grimace

l’activité révolutionnaire de David

A la mort de Robespierre, David est emprisonné pour avoir suivi sa politique de Terreur, durant sa détention il
réalise un autoportrait. Il est amnistié en 1795

David, Autoportrait, 1794

- simple représentation : décor sobre


- idéalisation : David avait un problème de mâchoire
- se pose en personnage important

Dès lors, il entame Les Sabines, une œuvre à propos de réconciliation. C’est en regardant vers l’Antiquité qu’il trouve
ce sujet fédérateur de réconciliation ; les choix de sujets de David ne sont pas vains

- L’enlèvement des Sabines : au début de l'histoire de Rome, Romulus et ses compagnons cherchent des femmes pour fonder leurs
familles, les Romains négocient avec les Sabins. Craignant la naissance d'une société rivale, les Sabins refusent d'autoriser leurs femmes à
épouser des Romains et planifient alors leur enlèvement. Pendant un festival, au signal de Romulus, les Romains enlèvent les Sabines
- s’inspire de bas-reliefs antiques de la représentation des Sabines
- au centre : s’interpose entre son père Tatius et son mari Romulus le père de ses enfants
- femme pacificatrice

= thème de la réconciliation

Après son emprisonnement, David n’a plus de commande et a des problèmes d’argent, il décide donc d’organiser des
expositions payantes de ses œuvres dans son atelier. Il refuse de siéger au Jury et exposer au Salon. Cette pratique
d’exposition payante est très répandue en Angleterre mais mal perçue en France. L’exposition attire 50 000 visiteurs
entre 1901 et 1905

Dans un jugement positif sur David, le critique d’art Gautier remarque la foi inébranlable de l’artiste, la ressemblance
de ses tableaux avec une scène de théâtre et l’harmonie qu’il trouve dans les couleurs et ses sujets

Michel, David contre David, 1993

Après avoir été oublié et même déconsidéré, David est redécouvert et glorifié dans les années 80 par les chercheurs
américains et français, il devient L’Artiste de la Révolution ayant participé indirectement (peinture) et directement
(politique) à la Révolution

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