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Revue belge de philologie et

d'histoire

Coekelberghs (Denis). Les peintres belges à Rome de 1700 à 1830


Marie Fredericq-Lilar

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Fredericq-Lilar Marie. Coekelberghs (Denis). Les peintres belges à Rome de 1700 à 1830. In: Revue belge de philologie et
d'histoire, tome 60, fasc. 2, 1982. Histoire médiévale, moderne et contemporaine — Middeleeuwse, moderne en hedendaagse
geschiedenis. pp. 512-513;

https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1982_num_60_2_5865_t1_0512_0000_2

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Ce travail considérable patronné par la «Netherlands Organization for the


Advancement of pure Research» n'est certainement pas d'une lecture aisée. Réservé aux
spécialistes, il pourra être utile pour éclaircir certains points de détail. La question se pose de
savoir si l'ampleur de l'effort déployé n'est pas hors de proportion avec les résultats qu'on
peut en attendre. - S. Sulzberger.

Coekelberghs (Denis). Les peintres belges à Rome de 1700 à 1830. Bruxelles, Rome,
1976 ; un vol. in-4°, 509 p., 254 ill. (Études d'Histoire de l'Art publiées par l'Institut
Historique Belge de Rome). - L'impression de la thèse de doctorat de Monsieur Denis
Coekelberghs, qui fut présentée à l'Université de Louvain en 1975, vient à propos au
milieu de l'intérêt, encore bien modeste, que suscite depuis une dizaine d'années la
peinture «belge» du xvine siècle. Après les efforts de pionniers accomplis avant-guerre par
Léo Van Puyvelde, Pierre Bautier et Jacques Lavalleye, on ne trouvait plus, entre 1944 et
1968, de publications sur la peinture dans les Pays-Bas autrichiens.
Monsieur Denis Coekelberghs a entrepris l'étude méthodique et minutieuse de l'œuvre
des peintres belges séjournant à Rome entre 1 700 et 1 830. Se basant sur un grand nombre
d'archives et de documents non étudiés ou mal étudiés, vérifiant les attributions des
œuvres et leurs dates, s'interrogeant sur leurs sources d'inspiration, l'auteur a su rendre
une vision précise de ce que fut le milieu artistique romain du xviue siècle, milieu
cosmopolite s'il en fut. Avant d'aborder la deuxième partie de son étude qui est un lexique
où sont recensés tous les peintres belges qui sont ou sont supposés être allés à Rome dans
la période envisagée, l'auteur traite de trois sujets importants. Il analyse d'abord l'œuvre
de deux grands paysagistes : Jean-François van Bloemen (1662-1749) et Henri-François
van Lint (1684-1763). Le chapitre sur Jean-François van Bloemen précise de façon
convainquante le problème des influences sur cet artiste et notamment l'influence de Poussin
sur les dernières toiles du peintre flamand. L'auteur diverge en cela de A. Busiri-Vici (Jan
Frans van Bloemen Orizzonte e l'origine del paesaggio romano settecentesco, Rome 1974)
qui minimisait la part de Poussin dans l'élaboration de l'œuvre de van Bloemen. Si dans
beaucoup de toiles, Henri-François van Lint s'est contenté d'être un habile imitateur de
van Wittel ou du Lorrain, la Nature l'a cependant sincèrement inspiré et le mérite de
Monsieur Coekelberghs est de nous montrer le frémissement et la sensibilité de certains de
ses paysages.
Le deuxième sujet abordé par l'auteur est nourri, autant que le précédent, de l'étude
patiente et systématique des archives des Pays-Bas autrichiens. Il semble qu'aucun papier,
qu'aucune minute, qu'aucun rapport, qu'aucune lettre qui concerne Charles de Lorraine,
Cobenzl, Starhemberg et leurs correspondants ne lui soient étrangers. Ce travail de
réflexion et de remise en question constante sur des archives parfois mal lues lui permet de
cerner le problème du mécénat autrichien sous un jour nouveau. Confirmant l'idée de
Pirenne, il dévoile le caractère plutôt négatif du pouvoir central viennois. Car si mécénat il
y eut, il fut le fait de Charles de Lorraine et surtout de Cobenzl qui unirent leurs efforts
pour développer la vie intellectuelle et artistique dans les Pays-Bas, contrairement à
l'administration viennoise qui se contenta d'allouer quelques médailles ou d'accorder son
patronage impérial aux nouvelles académies. Ce chapitre permet encore d'éclairer la
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carrière de plusieurs de nos artistes à Rome et l'aide protectrice de certains personnages


romains comme le cardinal Albani et l'abbé Poloni.
Le troisième sujet traité par Monsieur Coekelberghs lui permet de montrer l'adhésion
de plusieurs de nos peintres au grand mouvement néo-classique ainsi que le caractère
international et diversifié de ce mouvement. Il entreprend une réhabilitation justifiée de A.
C. Lens (1739-1822), si sévèrement jugé par tous les manuels d'Histoire de l'Art. Il
parvient à nous convaincre du rôle éminemment rénovateur de ce peintre qui rompt avec
la tradition baroque, s'opposant ainsi au traditionnalisme d'un Pierre-Joseph Verhaghen
(1728-181 1) mais tout aussi éloigné du futur courant Davidien. Peut-être pouvons-nous
déplorer ici le jugement sévère porté par l'auteur sur Verhaghen qui, en dépit de son
archaïsme et de ses limites, nous semble émerger de notre peinture du xvme siècle par son
tempérament, sa puissance et son coloris. Monsieur Coekelberghs insiste avec raison sur
l'importance des écrits de Lens et en particulier sur la résonance de son traité sur Le
costume ou Essai sur les habillements et les usages de plusieurs peuples de l'Antiquité
prouvé par les monuments, paru en 1 776. Ce courant aimable qui animait à côté d'un Lens
l'œuvre d'un Suvée (1743-1807) et d'un Lonsing (1739-1799) sera bientôt suivi de l'art
austère d'un David, adopté chez nous par Odevaere (1776-1830) et Paelinck (1781-1839).
L'Ingrisme d'un Navez (1787-1869) montre la multiplicité des voies qu'empruntent nos
adeptes du Néo-classicisme.
L'ouvrage de Monsieur Denis Coekelberghs comble une lacune dans l'étude de la
peinture «belge» du xvme siècle et du début du xixe. Par son analyse patiente et éclairée des
archives, il éclaire d'un jour nouveau l'étude de grands peintres comme van Bloemen et
van Lint, réhabilite le rôle d'un Lens, sort de l'oubli une série de paysagistes méconnus
comme Vervloet (1795-1 872) ou van den Abeele (1795-1 855), souligne le rôle efficace de
Cobenzl et la mauvaise volonté du gouvernement autrichien dans l'élaboration d'un
mécénat éclairé, éclaire la participation nombreuse de nos peintres au grand mouvement
néo-classique.
Excellent outil de travail, cet ouvrage a encore l'avantage d'ouvrir la voie à de
nombreux et futurs travaux sur cette époque injustement décriée et mal connue de notre
patrimoine artistique. Puis-je cependant regretter le caractère trop souvent sévère et négatif des
jugements émis par l'auteur sur les études qui ont précédé la sienne ? - Marie Fredericq-
Lilar.

Claudon-Adhémar (C). Imagerie populaire russe. Milan, Electa-Weber, 1977 ; un vol.


in-4°, 209 p., ill. - L'histoire de l'art russe constitue un domaine immense, dont quelques
rares aspects seulement ont été étudiés dans nos pays. Les monuments d'architecture de
cet art, les oeuvres représentatives de sa peinture, les gravures anonymes n'ont presque pas
été publiés en Occident, même si les éditeurs anglo-saxons se sont ici montrés un peu plus
curieux que leurs confrères francophones.
Les ouvrages encyclopédiques sur l'histoire de l'art publiés à Paris, Londres ou Rome
ignorent presque entièrement l'art russe, qui, curieusement, n'est révélé brusquement au
lecteur que pour la période 1910-1920, pour disparaître aussitôt. On serait donc tenté à
première vue de saluer avec satisfaction la parution d'un ouvrage français sur l'imagerie

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