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BIBLIOGRAPHIE
PRÉSENTATION
C’est l’un des plus célèbres peintres de son époque (il vend ses toiles à l’empereur
Napoléon III et décore l’hôtel particulier des frères Pereire).
Il est ensuite totalement oublié par l’histoire de l’art, car en France et en Europe on a
privilégié l’histoire des mouvements modernes (Réalisme, Impressionnisme…) au
détriment des mouvements traditionnels (Académisme).
Le grand public le découvre lors de la création du musée d’Orsay où ses œuvres sont
présentées face à celle de Courbet ou de Manet ses contemporains dans une
scénographie nouvelle qui tend à restituer la réalité des salons.
L’évolution de l’Académisme
Cabanel commence sa carrière alors que les instances officielles sont encore très
conservatrices.
Les thématiques traditionnelle dominent toujours (religion, histoire…) mais les
thématiques romantiques sont peu à peu reconnues et acceptées.
Il va alors parvenir à créer des œuvres d’une grande nouveauté à l’intérieur d’un
système esthétique conservateur et contraignant.
Son art est d’abord un art de la subtilité et de la finesse, c’est pas de petits détails
dans l’utilisation de couleurs, des expressions, de poses qu’il parvient à faire évoluer
la pensée académique et à répondre aux attentes du public.
Sa peinture est moins sèche que celle de David et moins claire que celle d’Ingres.
Elle prolonge par contre la délicatesse de la peinture de Chassériau car Cabanel va
travailler ses œuvres avec une grande minutie en utilisant certains détails pour
renverser le sens apparent d’un sujet. Il est aussi capable de livrer des œuvres sans
originalité afin de répondre au conservatisme des grandes commandes officielles.
Périodes :
Les œuvres subtiles du séjour à Rome
Le conservatisme opportuniste des commandes d’état
Le triomphe de la Vénus ambiguë du salon de 1863
Une nouvelle vision des thèmes classiques
La simplicité austère des portraits américains
BIOGRAPHIE
Les plus grandes fortunes déboursent des sommes considérables pour avoir un
portrait par Cabanel.
Il participe alors à l’internationalisation de l’art en conquérant le marché américain.
Par la photographie, ces œuvres touchent aussi le grand public et entrent dans les
foyer les plus modestes au format de cartes postales.
Il rate de peu la première place par ses choix novateurs qui mettent en question la
tradition classique contrairement à Benouville qui s’inscrit parfaitement dans les
poncifs académiques.
Cabanel choisit en effet pur ce thème une composition de Titien avec un goût marqué
pour le clair obscur et une composition complexe.
L’ensemble est plongé dans l’ombre avec éclairage sur le torse nu du christ.
La composition est tournoyante avec des soldats en action autour de la pose
serpentine du corps du Christ.
Partant avec Bénouville à Rome, Cabanel va réaliser plusieurs œuvres d’une grande
originalité.
Il envoie ainsi à l’académie, le représentation d’un modèle d’atelier selon les usages
de l’époque mais qu’il intègre à une thématique romantique.
L’attitude est très complexe, à la fois cachée (honte, défaite) et visible (colère,
révolte).
Ce tableau fait partie d’un ensemble de trois œuvres que lui commande Bruyas à
Rome.
Il s’agit d’explorer trois pans de la culture italienne :
La Chiaruggia : paysanne italienne pleine de force.
Le jeune moine romain : pensif.
Albaydé : la courtisane orientale du quartier juif à Rome.
Les couleurs apparaissent aussi pour le regardeur de l’époque, étranges avec des
dominantes de nuances violettes et mauves qui entrent en opposition avec des rouges
et des bleus francs.
Bénouville fait lui aussi une odalisque qui apparaît plus classique par la composition,
la pose et le visage où se lisent l’influence d’Ingres et de Chassériau.
Contrairement au duc de Morny, son cousin, Napoléon III n’est pas un grand
collectionneurs d’art.
Cependant, son accession au pouvoir entraîne la production de nombreuses
commendes afin de décorer les bâtiments officiels comme ses demeures privées.
Il choisit souvent Cabanel qui devient l’un des peintres officiels du Second Empire, ce
dernier ayant remporté une médaille d’or et la légion d’honneur à l’issue de
l’exposition de 1855.
Ce tableau est une commande de l’État pour la décoration de l’hôtel de ville de Paris.
Il fait partie d’une série consacré aux grands roi de France Napoléon III s’inscrivant
ici dans la continuité du pouvoir absolu et de l’ancien régime.
Son triomphe au salon de 1855, permet à Cabanel d’obtenir une médaille d’or et la
légion d’honneur.
Le roi y est représenté entouré de ses sujets et flanqué par deux figures allégoriques
représentant la force et la foi tenant la relique de la couronne d’épine que Saint Louis
avait ramené des croisades.
Il montre donc un Napoléon III vengeur prêt à repartir à la conquête de l’Europe par
les armes.
Cette vision est totalement contraire à la politique de l’empereur qui souhaite au
contraire un retour une paix relative car son objectif est la domination de la France
par le commerce et la finance.
Cabanel le représente alors avec un costume civil, devant les attributs de la royauté
(couronne, sceptre, cape…) négligemment jetés sur une table qui cache le trône de
son oncle.
Cela met en lumière les fantastiques fêtes que napoléon III organise afin de réunir les
monarques européens dans une politique tournée vers le compromis et la diplomatie.
Le costume qu’il porte peut en effet être celui des grands bals de l’empire, il est aussi
celui de la grande bourgeoisie et de la grande noblesse qui peut se reconnaître en lui
ce qui en fait aussi un acteur de la concorde nationale.
Cabanel reprend ici l’un des thèmes les plus représentés de la peinture académique.
La représentation d’une femme nue sous le couvert de la mythologie antique.
Il parvient cependant à lui donner une grande nouveauté par des détails subtils qui
en transforment radicalement le lecture.
Cabanel la représente au contraire couchée sur l’eau dans une composition irréaliste.
La vue en légère contre plongé dévoile aux yeux du regardeur le ventre, les seins et les
aisselles offertes de la déesse érotisée.
Là encore Cabanel s’éloigne des modèles classiques par une référence explicite à la
Nymphe endormie du Corrège.
L’irréalisme de la pose, la déesse étant couchée sur l’eau sans couler permet à Cabanel
de la traiter comme si elle était couchée sur un lit.
Le sujet est donc à la fois poétique et inconvenant.
Celle-ci réapparaît cependant aux yeux des regardeurs les plus curieux ou les plus
exigeants par un détails très étonnant.
La déesse cache partiellement ses yeux sous sa main qui laisse cependant entrevoir
un regard tourné vers le spectateur.
Elle n’est donc pas seulement une déesse idéale elle est aussi une séductrice réelle
donc une courtisane.
Par ce petit détail, Cabanel parvient à érotiser sa figure à l’extrême tout en masquant
son forfait.
Apparaît alors toute l’ambiguïté de son époque qui montre constamment des femmes
nues sous l’excuse de la mythologie et de manière hypocrite.
« Son corps divin semble pétri avec l'écume neigeuse des vagues. Les pointes des
seins, la bouche et les joues sont teintées d'une imperceptible nuance rose. »
Zola : « La déesse noyée dans un fleuve de lait a l'air d'une délicieuse lorette, non pas
en chair et en os, ce serait indécent, mais en une sorte de pâte d'amande blanche et
rose. »
Cette œuvre montre l’évolution du goût dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Dans une société capitaliste et marchande se développe toute une clientèle de
nouveaux riches issue souvent du monde populaire et des campagnes qui n’ont pas la
culture humaniste de la bourgeoisie et de la noblesse traditionnelle urbaine.
Flammengs va en faire une gravure qui sera diffusée par la Gazette des arts pour
répondre au plus vite à la demande du public.
François en fait une seconde version qui est diffusée par la maison d’édition Goupil.
Le rendu est plus minutieux pour répondre à l’attente d’un public exigeant.
Cette gravure est ensuite photographiée pour répondre à la demande une clientèle
plus large et plus populaire.
UNE NOUVELLE VISION DES THÈMES CLASSIQUES
Jean-Baptiste est l’un des personnages les plus représentés dans l’iconographie
chrétienne.
Il préfigure la venu du Christ et il est l’un des premiers martyrs.
Le parti-prix de Cabanel est de reprendre ici tous les poncifs liés au sujets.
Par exemple l’aspect hirsute du saint qui prêche dans le désert.
Son vêtement en peau de chameau qui sert à identifier sans erreur le personnage.
Le bâton en forme de croix qui annonce la venue du Christ.
Le saint apparaît donc non pas dans un monde idéal et transcendant mais dans un
monde réellement observé selon les plus grandes exigences de vérité.
Le sectateur semble être projeté devant la scène non pas selon une théâtralisation
baroque de la composition mais par la vraisemblance méticuleuse des apparences.
Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés à mort, 1887, h/t,
87x148 cm, Anvers, Koninklijk museum
Cabanel ne montre pas ici ce que l’on attend de cette scène, mais un épisode rarement
évoqué qui est l’essai des poisons sur les prisonniers de façon à choisir ensuite le plus
rapide et le moins douloureux.
L’intérêt de l’œuvre se trouve alors dans la juxtaposition érotico-morbide du corps
magnifique de Cléopâtre jouxtant les corps convulsés des prisonniers.
On retrouve par ailleurs des effets de réels sur l’architecture magnifique du palais
telles que les raies de lumière éclairant la colonnades de la cours intérieure elle-même
décorée de superbes fresques.
Là encore, la vraisemblance archéologique vient accentuer le plaisir scopique à partir
des recherches scientifiques.
Le public américains se passionne pour l’art de Cabanel qu’il connaît grâce aux
gravures et aux photographies vendues par la succursale de Goupil à New York.
Seule la splendeur des étoffes de soie et des fourrures animales révèlent l’élégance et
la richesse de la femme.
Un léger sourire anime le modèle qui montre une parfaite maîtrise de soi.
Cette modernité du portrait issue des exigences américaines devient une des
productions les plus emblématiques du peintre.
CONCLUSION
Cabanel parvient à renouveler par une approche subtile et inventive les thèmes et les
techniques académiques.
Son travail montre toute l’ambiguïté de la période coincée entre le besoin d’émotion
et la nécessité de bienséance.
C’est donc par de subtils subterfuges que le peintre va donner au public ce qu’il
attend.
Cabanel parvient aussi grâce à une technique irréprochable dans la finesse des
touches et la délicatesse des modelés à faire de la peinture une surface aussi
captivante que celle de la photographie.
Il montre ainsi l’importance que la seconde moitié du XIXe siècle accorde au regard.
Les effets de réel et les détails foisonnants satisfont un œil dont le pouvoir est
développé par les innovations techniques.
L’industrie est aussi présente par la reproductibilité techniques des œuvres
reproduites en gravure et en photographie mais aussi par l’internationalisation de
l’art qui se développe avec la puissance et la rapidité des steamers et des clippers.