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1881 Picasso est né le 25 octobre, à 9 h. 30, à Malaga.

Son père, José-Ruiz-Blasco, maître 1909 Peint des nus et des natures mortes dépouillées, de structure stéréométrique. Ses plus
de dessin, est un Espagnol du nord ; sa mère. Marie Picasso-Lopez, est d'origine andalouse. hautes réalisations : les paysages cubistes, d'une grande rigueur formelle, composés à Horta de
1891 La famille va s'établir à La Corogne. Le petit Pabio dessine et peint sous la Ebro, où il passe l'été.
direction de son père. Braque expose au Salon des Indépendants. Le critique Vauxcelles parle à propos de ses toiles
1895 En juillet, court voyage à Madrid. De juillet à septembre à Malaga. La famille de « bizarreries cubistes ». Ce terme de cubisme, doté tout d'abord d'un sens péjoratif, est
s'installe à Barcelone où le père a été appelé comme maître de dessin. Pabio réussit universellement adopté pour désigner la nouvelle tendance du style pictural.
l'examen d'entrée à la célèbre Ecole d'art La Lion/a; il est admis aux ;ours supérieurs de Abandonne en octobre le Bateau-Lavoir pour s'installer boulevard de Cliehy 11. Prend part à
peinture et dessin d'après nature, après avoir achevé en un jour le travail d'examen pour la première exposition de la « Neue Kunstler-Vereinigung », à la Galerie Thannhauser, à
lequel il pouvait disposer d'un mois. Munich. Eaux-fortes : Deux Figures nues, Nature morte au Compotier (G 20 et 21).
Il peint Tête de Vieillard, La Fillette aux Pieds nus, L'Homme à la Casquette. 1910 Passage du cubisme cézannien au cubisme analytique. La dissociation des éléments
constitutifs de l'image se poursuit ; l'objet est décomposé en formes géométriques que l'on «
1896 Premier atelier à Barcelone, calle de la Plata. Peint L'Enfant de Chaw.
organise » selon une sorte de contrepoint rythmique dans une gamme colorée infiniment subtile.
1897 Fréquente le café d'artistes EIs Quatre Gats, un cabaret dans le style du Chat-Noir Il s'agit d'exprimer la simultanéité des aspects spatiaux de l'objet vu sous différents angles, sa
parisien, où les artistes et les habitués de la maison peuvent exposer leurs œuvres. C'est là tridimensionnalité sur une surface à deux dimensions par des moyens purement plastiques, sans
que Picasso fait sa première petite exposition qui comprend surtout des portraits dessinés de recourir à la perspective. D'étape en étape ce but est atteint ; on parvient même à intégrer dans
ses amis. Rodriguez Codola lui consacre un article dans le journal La Vanguardia : la l'image la quatrième dimension : le temps.
première critique sur Picasso. Rencontre Léger à la Galerie Kahnweiler. Durant l'été, peint avec Derain à Cada-quès
Vacances d'été à Malaga. En octobre, deuxième voyage à Madrid. Passe brillamment (Espagne). Exécute les portraits de Braque, Vollard, Kahnweiler et Wilheim Uhde.
l'épreuve d'admission à l'Académie Esciiela de San Fernando. Son tableau Science et Grave les illustrations pour Saint Matorei, de Max Jacob, publié par Kahnweiler en 1911.
Charité reçoit à l'Exposition nationale des beaux-arts de Madrid un accueil flatteur. Prend part à la seconde exposition de la « Neue Kiinstler-Vereinigung », à Munich, Galerie
Il peint La Malade et Intérieur de Taverne. Thannhauser. Première sculpture strictement cubiste : Tête de Femme (K 8). Eaux-fortes :
1898 Au printemps, une scarlatine interrompt sa fréquentation de l'Académie. Il rentre en illustrations pour Saint Matorei (G 23-28).
juin à Barcelone, puis fait un long séjour de convalescence chez son ami Pallacès, à Horta de 1911 Introduit dans ses compositions des lettres comme éléments figuratifs et plastiques, ce
Ebro. que Braque avait fait pour la première fois dans une nature morte de 1910. Passe l'été à Céret
1899 Rentre à Barcelone en avril. Atelier à la calle de Escudilliers Blanchs. Rencontre avec Braque, Gris et Manolo.
Jaime Sabartès ; ils se lient d'amitié. Première exposition en Amérique, à la Photo-Sécession Gallery, d'Alfred Stieglitz, à New
Peint Théâtre del Parelelo, Cabaret artistique à Barcelone. Première sculpture : York. Eau-forte : La Table à la Volute (G 29).
Femme assise (K 1). Première eau-forte: El Ziirdo (G 1). 1912 Gleizes et Metzinger publient Du Cubisme, le premier livre paru à ce sujet. Rencontre
1900 La revue Joventud publie des dessins et des illustrations de Picasso. Cette revue avec les futuristes italiens. Introduit du sable dans le tableau, comme élément de structure, et des
subit fortement l'influence du Jugendstil et publie des traductions d'Ibsen, de Maeterlinck, de imitations au peigne de bois madré comme élément décoratif et plastique. Premiers «papiers
Ruskin et de Tolstoï, des articles sur Nietzsche et Schopenhauer ; collés». S'installe au boulevard Raspail 242. Prend part à la seconde exposition Der blaue-Reiter
un numéro spécial consacré au peintre Jugendstil Heinrich Vogeler (de Worp-swede) (œuvres gravées) à la Galerie Goitz, à Munich, avec quatre dessins et les illustrations pour Saint
reproduit des œuvres de Bœcklin, etc. A .Barcelone, on porte aux nues la musique de Matorei. On lui réserve une salle à l'Exposition internationale Der Sonderbund, à Cologne.
Wagner. Gaudi crée le parc Giiell. Le Jugendstil triomphe. En octobre, premier voyage à (Seize œuvres des années 1903-1911.)
Paris avec son ami Carlos Casagemas. Le peintre Isidro Nonell remet à Picasso son atelier, Durant l'été, peint avec Braque à Sorgues (France). Eaux-fortes: Nature morte au Trousseau
49, rue Gabrielle. Vend trois esquisses à Berthe Weil. Le 24 décembre, il est de nouveau à de Clés, Le Joueur de Guitare, Tête d'Homme, Nature morte à la Bouteille, La Lessive.
Barcelone. 1913 S'installe au 5 bis de la rue Sehoelcher. Première construction en relief, en bois (avec le
Peint une série de toiles : scènes de taverne et de cabaret dansant. mot BASS) (K 9). Le constructiviste russe Tatline rend visite à Picasso. Prend part à la grande
Armory Show, à New York. Exposition à la Galerie Thannhauser de Munich, et à la Sécession
1901 A la mi-janvier, troisième voyage à Madrid. Publie avec l'écrivain Francisco de Asis
de Berlin. Vollard publie la suite d'eaux-sortes Les Saltimbanques, Apollinaire, son livre sur les
Soler la revue Arte Joven. Elle devient le forum des jeunes artistes et des jeunes écrivains.
Peintres cubistes. Passe l'été avec Braque, Gris, Max Jacob et Manolo, à Céret, dans les
Unamuno et Azorin sont parmi les collaborateurs ; Picasso y publie un grand nombre de ses
Pyrénées, le Barbizon du cubisme.
dessins. Après cinq numéros, la revue doit suspendre sa publication pour des raisons
Dans les œuvres des années 1909 à 1911, l'objet par suite de sa dissociation toujours plus
financières. En mai, retour à Barcelone.
poussée en formes géométriques et de sa décomposition en éléments plastiques, tend vers un
Expose au Salon Parés des pastels dont Miguel Utrillo parlera avec enthousiasme dans la
rendu toujours plus abstrait - et par conséquent toujours moins lisible (cubisme analytique) -
revue Pel y Ploma.
tandis qu'il apparaît « reconstitué » dans les compositions datant des années 1912 et suivantes:
A fin mai, deuxième voyage à Paris. Atelier au boulevard de Cliehy 130 ter. Le 24 juin,
«cubisme synthétique».
première exposition parisienne avec le peintre Iturrino, à la Galerie Vollard, 6, rue Laffitte.
1914 Peint des toiles cubistes avec des plages de couleur ,pure (période du «cristal »). Rentre
Félicien Fagus consacre à Picasso une étude enthousiaste dans la Revue blanche. Il relève
à Paris après la déclaration de guerre. Ses amis Éraque, Raynal, Salmon, d'autres encore, sont
des influences de Delacroix, Degas, Manet, Monet, Pissarro, Toulouse-Lautrec. « Son
mobilisés. Apollinaire s'engage comme volontaire. Exécute avec des matériaux divers des
enthousiasme, écrit-il, ne lui a pas laissé le temps de créer son propre style. Sa personnalité
constructions en relief. Une œuvre plastique polychrome :
gît dans cette ferveur, cette spontanéité juvénile et fougueuse (on raconte qu'il n'a pas encore
Le Verre d'Absinthe (K 12), illustrations (1913-1914) pour Le Siège de Jérusalem, un livre de
vingt ans et qu'il peint jusqu'à trois tableaux en un jour)...» Max Jacob visite l'exposition,
Max Jacob qui paraît chez Kahnweiler. D'autres eaux-fortes : Pommes, L'Homme au Chien,
devient l'admirateur et
Clichés Kahnweiler, Femme nue dans un Fauteuil (G 35-41). '
1915 Premiers dessins dans le style d'Ingres : portraits de Vollard et de Max Jacob. Continue
aussi à peindre des toiles cubistes. S'installe rue Victor-Hugo, à Montrouge près de Paris.
Eaux-fortes : L'Homme au Chapeau, Nature morte. Guitare et Clarinette, La Dame au
Chapeau, Nature morte. Guitare, Cithare, Tambourin et Feuilles de Musique, L'Homme attablé,
I-1V, L'Homme à la Guitare (G 42-51). (A suivre.)

Tiré de l'Œuvre gravé de Picasso (vol. M" 229)


PABLO PICASSO DATES BIOGRAPHIQUES
1939 Exposition à là Galerie Rosenberg. Série d'eaux-fortes en couleur: têtes de femmes
expressives. Passe l'été à Antibes. En septembre, la guerre éclate :
s'installe à Royan près de Bordeaux. Grande exposition au Muséum of Modem Art de
New York : Picasso, Forty Years ofhis Art.
1940 En août, rentrfe à Paris occupé par les Allemands. Son refus de collaborer avec les
occupants devient le symbole de la résistance. Illustre Afat, d'Illiazd (six eaux-fortes).
1941 Ecrit en janvier la pièce de théâtre Le Désir attrapé par la Queue. Traduction
allemande dans ; Pabio Picasso, Wort und Bekenntnis (die gesammelte Zeugnisse.
Zurich, Die Arche, 1955).
1942 L'Histoire naturelle, deBuffon, dont Vollard lui a confié l'illustration, paraît chez
Fabiani, à Paris. Illustre Non-Vouloir, de Georges Hugnet (quatre gravures).
1943 Illustre Le Chèvrefeuille, de Georges Hugnet (six gravures).
1944 L'épisode (vécu) de la libération de Paris lui inspire La Bacchanale, peinte d'après
un tableau de Poussin. Prend part au Salon d'automne avec quatre-vingts œuvres,
peinture et sculpture. Pendant l'exposition, manifestations antipicassiennes. 11 devient
membre du Parti communiste. Sculpture :
L'Homme au Mouton (K 193). Illustre Contrée, de Robert Desnos.
1945 Rideau pour la réalisation scénique du ballet Le Rendez-Vous (texte de Prévert,
musique de Kosma). Première au printemps, à Paris, Théâtre des Champs-Elysées.
S'établit sur la Côte d'Azur, d'abord à Antibes, puis à Vallauris. En novembre, revient à
la lithographie. A dessiné jusqu'ici chez Mourlot, ce maître artisan, environ trois cents
lithographies. Premières lithos en couleur.
1946 L'été à Golfe-Juan. Commence chez Ramié, à Vallauris, ses travaux de céramiste.
Découvre dans cet art immémorial de nouvelles possibilités techniques et artistiques et
lui donne une nouvelle impulsion. Crée un grand nombre d'œuvres importantes pour le
Musée Grimaldi à Antibes. Début de l'époque des faunes et des nymphes. Le Muséum of
Modem Art de New York publie le grand ouvrage : Picasso, fifty Years ofhis Art
(contient la bibliographie la plus complète qui ait paru à ce jour sur l'artiste). Commence
les illustrations (lithographies) pour le Chant des Morts, de Pierre Reverdy, paru en
1948. La série des Françoise:
1947 Première exposition de céramiques à la Maison de la Pensée française, à Paris. Se
rend au congrès des intellectuels pour la paix, à Wroclaw (Pologne). Lithographies
d'après le tableau de Cranach David et Bethsabée. Eaux-fortes pour Dos contas et Deux
Contes, de Ramon Reventes (quatre illustrations pour chacun).
1948 Première affiche pour les expositions de céramiques à Vallauris. Les livres Vingt
Poèmes de Gongora, avec quarante et une illustrations, Le Chant des Morts, de Reverdy,
avec cent vingt-quatre lithographies, et Escrito, d'Illiazd, avec six eaux-fortes,
paraissent.
194^ Daniel-Henry Kahnweiler publie le livre Les Sculptures de Picasso. Alain Resnais
et Paul Eluard composent, d'après les œuvres de Picasso, le scénario du film Guernica.
Voyage en Italie. Visite Rome et Florence. Compose,
Vers la fin de l'année, il peint les premiers tableaux de l'« Il peint surtout des nus et des portraits monochromes où
époque bleue». seul le rendu plastique des corps semble l'intéresser. D.-H.
1902 En janvier, retour à Barcelone. Berthe Weil Kahnweiler n'hésite pas à baptiser les œuvres de cette année-
organise en avril la seconde exposition parisienne de là «sculptures peintes» (Kahnweiler, Les Sculptures de
Picasso. La préface du catalogue est de la plume d'Adrien Picasso, p. 6).
Farge. En octobre, Picasso est de nouveau à Paris. Il loge Picasso travaille durant l'été à Gosol (Espagne du Nord).
tout d'abord à l'Hôtel des Ecoles, rue Champollion, puis à Juan Gris vient à Paris et loue un atelier du bateau-lavoir.
l'Hôtel du Maroc, rue de Seine, et, pour finir, au boulevard Vers la fin de l'année, Picasso découvre au Louvre la
Voltaire avec Max Jacob. Les thèmes de ses tableaux sont sculpture ibérique. Fait la connaissance de Matisse. Premiers
des scènes de la vie des miséreux et des crève-la-faim, des dessins pour Les Demoiselles d'Avignon.
filles et des mendiants. Parfois il est lui-même dans un tel 1907 Dès le début de l'année jusqu'au printemps, peint une
dénuement qu'il lui arrive un jour de chauffer son poêle étrange toile de grand format en souvenir d'une maison
avec des dessins et des pastels. publique de la rue d'Avignon, à Barcelone, toile qu'André
1903 Peint à Barcelone. Salmon baptise Les Demoiselles d'Avignon. C'est la plus
1904 Au printemps, retour définitif à Paris. Loue un importante de ses œuvres précubistes ; on y trouve dans les
atelier rue Ravignan, le légendaire « bateau-lavoir », où deux figures de droite et dans la nature morte les premiers
jusqu'en octobre 1909 sa vie et son labeur de peintre vont éléments formels cubistes.
prendre un cours si dramatique. C'est là que les amis se Picasso découvre l'art nègre. Peint une série de toiles qui
réunissent le soir, se lisent leurs œuvres, poursuivent leurs rappellent la statuaire des Noirs. Des plages de couleurs en
recherches dans cette voie insolite. Rencontre de Fernande violent contraste confèrent aux corps une grande vertu
Olivier, « la belle Fernande », qui devient son amie. Il plastique. Couleurs vives, déformation des corps prononcée,
accueille ses visiteurs : Alfred Jarry, Van Dongen, Maurice aux fins d'accroître la puissance expressive de l'oeuvre.
Raynal, Max Jacob, André Salmon, plus tard Derain, Daniel-Henry Kahnweiler rend visite à Picasso au bateau-
Matisse, Braque, le douanier Rousseau, Apollinaire, Marie lavoir. Il ouvre en avril, rue Vignon 28, sa galerie où Picasso
Laurencin, les Stein (frère et sœur) ; les marchands de fait la connaissance de Braque et de Derain.
tableaux Wilheim Llhde, Daniel-Henry Kahnweiler, Au Salon d'automne, exposition commémorative Paul
d'autres encore, viennent le voir. Cézanne : cinquante-six œuvres,
Grave Le Repas frugal (G 2). Exécute trois sculptures (bois) aux formes frustes
obtenues par les moyens les plus élémentaires. (Influence de
1905 Par Jean Molle, l'éditeur du Festin d'Esope, fait la
connaissance de Guillaume Apollinaire, qui lui consacre un la plastique ibérique et nègre.)
article dans la revue La Plume et devient bientôt son ami 1908 Organise dans son atelier le banquet en l'honneur
intime. Il s'intéresse passionnément à la vie et à d'Henri Rousseau. Durant l'été, peint à la « Ville des Bois »,
l'atmosphère du cirque, aux acrobates, aux arlequins et aux près d'Amiens, paysages et natures mortes. Retour à une
funambules dont l'existence hasardeuse lui inspire des gamme de tons monochrome; continue à mettre l'accent sur
œuvres émouvantes. Clovis Sagot et le père Soulier, un le rendu plastique en peinture. A la même époque, Braque
matelassier de la rue des Martyrs, lui achètent des tableaux peint à l'Estaque, près de Marseille, et aboutit, en toute
et des dessins. Wilheim Uhde fait l'acquisition, pour 10 indépendance, aux mêmes résultats que Picasso. Bouteille,
francs, d'une œuvre de Picasso chez le père Soulier, Le Tub, verre, coupe de fruits, table : les plus humbles objets d'usage
et rend bientôt visite à son auteur. quotidien sont choisis pour thème et les natures mortes des
Le Russe Shchoukine et les Stein (frère et sœur) font années suivantes ne cesseront d'en redécouvrir et d'en
leurs premiers achats de toiles chez Picasso. En été, voyage exprimer la beauté. Les instruments de musique deviennent
en Hollande. un des thèmes importants des œuvres cubistes.
Grave la suite des Saltimbanques (G 3-7, 9-18) dont Au Salon d'automne, Braque voit cinq de ses toiles
Vollard mettra dans le commerce, en 1913, un tirage de refusées. C'est à propos de l'une d'elles que Matisse, membre
deux cent septante-neuf exemplaires. du jury, doit avoir parlé de «petits cubes». Braque, en guise
de protestation, retire toutes ses toiles et les expose en
1906 Vers 1905, Picasso est parvenu à la pleine
possession de ses moyens expressifs. Avec les œuvres de novembre chez Kahnweiler, rue Vignon. Le critique Louis
Vauxcelles, dans le Gil Blas du 14 novembre, lui reproche
l'époque bleue et de l'époque rosé, il s'est créé son style
de « mépriser la forme, de réduire tout, sites, figures et
propre. Les marchands et les collectionneurs s'intéressent à
ses réalisations. Tout laisse prévoir qu'on va rendre justice à maisons, à des schémas géométriques, à des cubes ». Durant
l'hiver, début de l'étroite amitié et du travail en commun avec
son talent, que le succès artistique est proche. Mais Picasso
Braque, qui dureront jusqu'au commencement de la guerre
n'est pas satisfait de ce qu'il a réalisé. Le pathétique humain,
la pitié, s'y expriment d'une façon trop superficielle et de 1914. (A suivre.)
glissent dangereusement vers la sentimentalité.
Tiré de l'Œuvre gravé de Picasso (vol. N" 229)
Il s'agit de choisir : suivre le chemin du succès ou tenter
un nouveau départ. Sa curiosité des secrets de l'art, sont des
moyens purement picturaux et plastiques, en proscrivant
tout recours à l'anecdote.
Neuf têtes.
Cette planche fut gravée par Picasso
du 7 au 9 novembre 1934. Depuis plu-
sieurs années, l'activité de l'artiste dans
le domaine graphique, l'illustration en
particulier, n'avait cessé de croître et
ces Neuf Têtes l'évoquent en un
raccourci puissant. Elles constituent
aussi un échantillonnage, si l'on peut
dire, prestigieux des diverses
techniques dont dispose le graveur.
Picasso les emploie ici tantôt
isolément, à l'état pur, tantôt en les
combinant avec hardiesse.
Même si la parole fameuse qu'on lui
prête : « Je ne cherche pas, je trouve »
est apocryphe, elle demeure entière-
ment vraie, tant la « recherche », chez
Picasso, se confond avec la «
réalisation » éclatante de certitude.
Page 220. Au Cirque.
Ainsi s'intitule cette planche tirée de
la célèbre suite des Saltimbanques que
Picasso grava en 1905, l'année où il se
lia d'amitié avec Guillaume
Apollinaire et voua un intérêt
passionné à la vie de cirque, aux
acrobates et aux funambules dont
l'existence hasardeuse le hantait et lui
inspira des œuvres émouvantes.
Picasso utilise ici, et déjà avec
maîtrise, la technique de la pointe
sèche. Apparentée à celle du burin, elle
consiste à graver directement l'image, à
la pointe d'acier, sur le cuivre nu. Le
trait creusé plus ou moins
profondément est bordé de chaque
côté par les «barbes» de métal
soulevées par le travail de la pointe.
Au tirage, l'encre garnissant le sillon
s'accroche aussi aux barbes que le
graveur maintient ou réduit suivant
l'effet désiré.
Page 221. Tête de taureau tournée
à droite.
Datée de novembre 1948, cette
planche est, selon le catalogue, une
«composition à l'encre et au crayon sur
papier litho, décalquée sur pierre». On
sait que la lithographie était devenue peu à peu un des modes d'expression favoris de Picasso. Bien que depuis deux ans
déjà il se fût plongé avec passion dans ses travaux de céramiste, il n'était pas près de renoncer à la lithographie. Cette
Tête nous donne un aperçu de la puissance expressive dont Picasso parvient à douer l'image lithographique. Un jeu très
simple de noirs, de blancs et d'un gris rugueux de valeur presque constante lui suffit. Il est vrai qu'il joue franc jeu,et
qu'une fois de plus triomphe dans l'interprétation pourtant si neuve du thème choisi cette certitude, ici presque massive,
évoquée plus haut. Rd

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