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LE CLASSICISME

Normal = Romane
Jaune = Carmen

DIAPO 1
2
3
4
ŒNONE
Aimez-vous ?
PHÈDRE
De l'amour j'ai toutes les fureurs.
ŒNONE
Pour qui ?
PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J'aime... À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J'aime...
ŒNONE
Qui ?
PHÈDRE
Tu connais ce fils de l'Amazone,
Ce prince si longtemps par moi-même opprimé ?
ŒNONE
Hippolyte ! Grands Dieux !
PHÈDRE
C'est toi qui l'as nommé.
ŒNONE
Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace.
Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux ?
Source : Jean Racine, Phèdre, acte I, scène 3, 1677

Cet extrait est tiré de Phèdre, pièce de Jean Racine qui date de 1677. Nous avons choisi d’introduire la présentation du
classicisme par une des tragédies de Racine car beaucoup jugent que Racine caractérise cette époque.

Mais alors : Qu’est-ce que le classicisme ?


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Le terme de classicisme pour caractériser ce mouvement littéraire est apparu au XIXe siècle sous la Restauration et
Louis-Philippe en opposition au terme de romantisme. C’est plutôt les antiromantiques qui ont créé cette appellation.
En effet, le tout jeune romantisme se pensait moderne parce qu’il refusait les règles et l’imitation des anciens et
prônait la liberté ainsi que l’écrit. Stendhal dans Racine et Shakespeare écrit entre 1823 et 25

« Le romanticisme est l’art de présenter aux peuples des œuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes et
de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible. Le classicisme, au contraire, leur
présente la littérature qui donnait le plus grand plaisir à leurs arrière-grands-pères ».

Le terme classique quant à lui provient du latin classicus, groupe élevé des citoyens, par extension il signifie ensuite :
qui caractérise les meilleurs auteurs », puis, « les meilleurs auteurs que l’on enseigne dans les classes ». En effet, les
textes et œuvres classiques sont jugés dignes, parfaits pour les exemples moraux et donc d’être étudiés dans les
classes.
Le classicisme est un mouvement culturel, littéraire et artistique qui correspond à une pluralité d’écrivains qui
partagent dans la même période, plus ou moins les mêmes convictions morales et esthétiques mais qui n’avaient pas
conscience du classicisme. La notion la plus fréquemment employée à l'époque pour se qualifier eux-mêmes, est celle
d'atticisme. C'est un idéal rhétorique qui provient de l'Antiquité et qui prône la brièveté et la force des moyens
employés.
De plus, ce que l’on appelle classique aujourd’hui est teinté de vieillesse, d’un phénomène passé, pourtant à l’époque,
ces nouvelles doctrines sont au contraire remarquées pour leur modernité. Les règles renforcent la clarté ; opposition
baroque.
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Nous allons donc commencer par exposer l’émergence de ce mouvement, puis nous allons étudier les théories
classiques et ses théoriciens, et, enfin, nous allons étudier les différentes œuvres et artistes classiques.

I. Emergence du mouvement classique


A. Des bornes chronologiques incertaines

Limiter temporellement le classicisme n’est pas simple. Beaucoup d’œuvres correspondent aux caractéristiques de ce
mouvement sur de très grandes périodes.
Selon les historiens littéraires, certains placent la fondation de l’Académie française en 1635 par Richelieu comme
date de début.
D’autres évoque 1660 et jusqu’en 1685, le quart de siècle qui marque particulièrement l’ascension et la grandeur de
Louis XIV. On a pu définir le classicisme de manière encore plus restrictive par la décennie qui voit le plus grand
nombre de chefs-d'œuvre classiques publiés, c’est à dire entre 1660 et 1670. C'est pourtant plus tôt dans le siècle, entre
1630 et 1640, qu'a lieu la formation de ce qu'on a appelé la doctrine classique.
Pour Alain Viala, historien et sociologue de la littérature française, à l'inverse, la dimension toujours rétrospective du
classicisme impose qu'on le place entre 1674 (date de la publication de l'Art poétique de Boileau) et 1750 environ.
C'est l'intégration des modèles élaborés pendant le règne de Louis XIV qui fonde le classicisme plus que la doctrine
qui se met en place à ce moment-là.
Enfin, nous avons choisi pour cet exposé de faire coïncider le classicisme avec l’entièreté du règne de Louis XIV,
c’est à dire entre 1661, date de son couronnement et la date de sa mort en 1715.
Ces bornes chronologiques varient en fonction de l'articulation plus ou moins serrée que l'on veut faire entre
l'esthétique d'un courant et les déterminations politiques.
En tout état de cause, l'âge classique est celui qui coïncide avec la monarchie absolue de Louis XIV, période de
rationalisme, de grand rayonnement de la France sur les plans politique, diplomatique, et culturel. En effet, la France
domine l’Europe à la fois par l’éclat des lettres et des arts mais aussi par ses victoires militaires. Le XVIIe siècle est
ainsi renommé le grand siècle.
À cet égard, le classicisme s’oppose au baroque, qui le précède, comme aux Lumières et au romantisme, qui le
suivent. Et c’est seulement après que le classicisme ait été inventé par le XIXe siècle que « classique » prend
l’acception « de l’époque de Louis XIV », voire « caractéristique du XVIIe siècle ». Cette collision entre l’idée d’une
esthétique qui touche à la perfection et un pouvoir à son sommet explique que Sartre définisse le classicisme par un
critère essentiellement sociologique et politique. Dans Qu’est-ce que la littérature ? il écrit :
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« il y a classicisme […] lorsqu’une société a pris une forme relativement stable et qu’elle s’est pénétrée du mythe de
sa pérennité, c’est-à-dire lorsqu’elle confond le présent avec l’éternel, […] lorsque la puissance de l’idéologie
religieuse et politique est si forte et les interdits si rigoureux, qu’il ne s’agit en aucun cas de découvrir des terres
nouvelles à la pensée, mais seulement de mettre en forme les lieux communs adoptés par l’élite ».
B. Contexte historique
En effet, c’est donc dans un contexte politique fort que l'esthétique classique se forme.
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- Baroque reflet l'instabilité du monde qui prédomine à la fin du 16ème siècle et au début du 17ème siècle,
notamment à cause des guerres de religions. Le classicisme émerge à une époque où l’Occident est sorti de
l’ordre social, politique et philosophique du Moyen Âge, marqué par la religion et le contrôle de l’Église sur
le système féodal, qui a commencé avec ce qu’on appelle la Renaissance. C'’est donc une période qui a besoin
de réinventer ses bases mais qui reste un symbole de stabilité.
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- Monarchie absolue, seigneurs domptés après la fronde, période de troubles graves qui frappent le royaume de
France alors en pleine guerre contre l’Espagne (1635-1659), pendant la minorité du roi Louis XIV. Louis XIV
traumatisé de la fronde va donc chercher à tout prix à dompter la noblesse d’épée -> monarchie absolue de
droit divin.
- La cour de Versailles, est alors un lieu des arts et la vitrine du pouvoir, un microcosme de la vie sociale et
artistique du royaume. Les courtisans réalisent un culte du monarque et celui du courtisan honnête homme, de
toutes vertus, avec l’honneur qui est gagné en se rapprochant le plus possible du roi.
- Louis XIV est un protecteur des lettres et des arts, c’est un grand mécène, il finance un réseau d’Académies, et
les artistes réalisent une propagande royale en échange de son mécénat.
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- Paix de Westphalie, début d’une paix européenne, le rayonnement militaire compte dorénavant moins que
celui des arts et des lettres.
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- Religion, courant de pensée plus sombre, jansénisme, pêcheurs soumis à dieu, → Jansénisme : + définition →
Petites écoles de Port-Royal, foyer intellectuel janséniste : fixer langue, pensée → manuel grammaire et
logique sur la raison + traductions grec et latin : “d’un français pur et exact”. Athéisme et intolérance
religieuse augmentent. Protestants + persécutés car révocation Edit de Nantes 1685. Ce qui amène les
populations érudites protestantes à fuir la France et amener avec elles les idéaux classiques.
C. Qu’est-ce qu’une œuvre classique ?

Classicisme est créé sous Louis XIV → Convergence littéraire antérieure pour créer un ensemble littéraire égal à
l’Antiquité → Critères sociaux : écrivains dépendent et vivent de la cour et doivent lui plaire → Goût français pour le
beau, la morale et l’esthétique
Une œuvre classique doit-elle obligatoirement faire partie du mouvement du classicisme ?
Il n’y a pas que du beau et du moral au XVIIe siècle comme il y a du beau est du moral avant et après le XVIIe siècle.
L'idéal formulé par Boileau dans son Art Poétique (1674) ne livre qu'une image partielle de l'époque. En effet, il est
difficile de tenir pour classiques le Roman bourgeois de Furetière (1666) et, à plus forte raison, les Lettres portugaises
(1669), qui s'écartent singulièrement des canons esthétiques et moraux respectés par la Princesse de Clèves (1678) de
Madame de La Fayette. Par ailleurs, où situer le cardinal de Retz, qui rédige ses Mémoires à partir de 1675, soit à
l'apogée du classicisme ?
Sans doute s'agit-il d'un de ces auteurs « irréguliers » venus troubler par son génie l'horizon classique...
Pour ce qui est des écrivains dits « classiques », il est aisé de voir qu'ils ont aussi parfois des élans qui les arrachent à
leur siècle. En effet, on trouve le « romantisme des classiques » aussi bien dans les envolées lyriques de Bossuet que
dans les impressions fraîches et spontanées de Mme de Sévigné devant la nature, quand ce n'est pas dans certaines
familiarités des vers de La Fontaine.
Ainsi, on peut définir le terme classique en trois grandes classes :
- Un modèle dans son style, on parle d’œuvre classique, de classiques français pour des livres qui ne
correspondent pas du tout à la période. Les fleurs du mal de Baudelaire, en 1857 l’Etranger de Camus en
1942.
- Conforme aux normes, à la tradition, aux habitudes, ce qui correspond aux œuvres classiques du mouvement
du classicisme. Pour Jean Renard, un classique est un écrivain qui veille sur la tradition.
- Lié à l’Antiquité, au classicisme grec ou romain, en effet, on peut parler de classicisme antique, d’antiquité
classique, ces termes sont utilisés pour qualifier le développement important, presque l’âge d’or de Rome et
précédemment de la Grèce. On peut donc réellement comparer le siècle d’Auguste à celui de Louis XIV, en
effet les deux représentent un renforcement du pouvoir central et une frénésie des arts mis au service par le
pouvoir.
II. Théories et théoriciens
A. L’imitation des Anciens
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L’imitation, est la règle d’or du classicisme, qui se montre en ce point comme beaucoup d’autres règles parfaitement
fidèles à Aristote.
L’imitation des anciens :
C'est-à-dire l'imitation des thèmes abordés par les écrivains de l'Antiquité gréco-latine :
« On s'égare en voulant tenir d'autres chemins », comme l'indique La Fontaine.
Ainsi, toutes les pièces de Racine, sauf Bajazet (1672), puisent leur matière dans l'Antiquité.
La Poétique d’Aristote est le support des règles qui régissent le théâtre. L'enseignement des doctes est en effet fondé
sur des règles tirées des modèles grecs et latins. On lit et relit à cette époque La Poétique d'Aristote dont
l'interprétation est à l'origine de la plupart des règles du théâtre classique.
En poésie, c'est L'Art poétique d'Horace qui sert de référence. Enfin, les auteurs classiques puisent dans les modèles
antiques pour créer leurs propres œuvres. Pour autant, elles ne relèvent pas de l'imitation pure. Les grands auteurs ne
réutilisent ces modèles que pour en faire des œuvres modernes.
Le classicisme recherche ce qui est permanent et universel, et peint la nature humaine, thème d’études des moralistes
(La Bruyère, La Rochefoucauld). Cette imitation, toutefois, se distingue de celle qui régissait l’humanisme car elle se
veut critique et rationnelle. Elle est fondée sur une admiration des chefs-d’œuvre et de la tradition qui s’accommode
fort bien de l’idéalisation, de la prédilection des auteurs qui convenaient le mieux au génie et au goût du temps
(Sophocle plutôt qu’Eschyle, Pindare étant rejeté comme l’étaient les auteurs de la décadence latine, par exemple).
Les préfaces de Racine illustrent parfaitement ce jeu que permet le culte des anciens, qui nourrit l’invention et la
création tout entière contenue par les règles et les normes de la doctrine classique. D’une manière générale, plus ceux
que nous appelons les classiques du XVIIe siècle sont modernes, plus ils prennent leur distance d’une part avec les
humanistes du siècle précédent comme avec les disciples de Malherbe, d’autre part avec le culte aveugle des auteurs
antiques.
Le classicisme se rapproche de la Renaissance sur ses thèmes gréco-latins mais s’en distingue car il s’inspire tout en
critiquant et faisant le tri.
B. La perfection et l’ordre
Cette volonté s’incarne notamment par les trois unités, de temps, de lieu et d’action. Pourtant, seul l’unité d’action
nous est héritée d’Aristote, les unités de lieu et de temps étant un rajout de la traduction de Castelvetro en 1570, mais
ce rajout s’explique comme un garde-fou en réponse au excès et par la volonté de clarté plus que dans un réel essai de
respect de ces règles. Mais pourquoi ces volontés, outre la clarté ?
Elles permettent une cohérence, une ”source d’émotion continue” (Houdarde de la Motte, 1er discours sur la tragédie).
Le spectateur est plongé dans la pièce, la pièce est unité complète.
Imaginez. Si on vous déclamait notre exposé avec une voix monotone, sans échange de parole. Votre ennui serait tel
que vous n’écouteriez ni ne retiendrez rien. En revanche, si nous utilisons l’emphase, que nous échangeons une
conversation qui a l’air vraisemblable. Nous allons attraper votre intérêt et par la même occasion vous allez apprendre
de notre échange tout à fait naturel.
En effet, la règle de cohérence permet de créer le reflet d’une vision homogène de l’Homme chez le spectateur ; le
spectateur est plongé au cœur d’une histoire morale. L'idéal de l’Honnête Homme est une unité elle aussi, en tant
qu’idéal, et par cette qualité il ne faut pas qu’elle éclate, pour que le spectateur puisse suivre la trajectoire de la morale
et ne soit pas enlevé à sa vision didactique.
De plus, une action amène des questions, mais le théâtre classique ne propose que des actions achevées lors du
dénouement, ce qui amène une sensation de sécurité chez le spectateur, qui sait qu’il n’en sortira pas avec des
questions mais seulement un message. Le théâtre semble donc structurant de la sécurité.
Boileau, “Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli”. 3 ordres
exemple.
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La vraisemblance correspond à ce qui peut paraître vrai. L'objectif n'est pas de représenter la vérité, mais de respecter
les cadres de ce que le public de l'époque considère comme possible. Boileau a pu dire dans son Art poétique que « le
vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable ».
Est vraisemblable ce qui correspond aux opinions du public en termes de morale, de rapports sociaux, de niveau de
langue utilisé, etc. Le plus grand reproche que l'on ait fait au Cid est de proposer une fin invraisemblable, car la
morale ne peut accepter qu'une fille épouse le meurtrier de son père même si le fait est historique.
L'importance de la vraisemblance est liée à l'importance de la morale dans la littérature classique.
Edit du prince
Les œuvres classiques visent à créer une critique qui apporte le public à comprendre le danger des passions. D'après
Chapelain, le public ne peut être touché que par ce qu'il peut croire et la littérature ne peut aider les hommes à
s'améliorer que si elle les touche. L'idéal du classicisme comprend une morale incarnée d'une figure renommée de
l'honnête homme. Cette expression résume toutes les qualités que l'on peut attendre d'un homme de Cour : politesse,
culture, humilité, raison, tempérance, respect des règles, capacité à s'adapter à son entourage.
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L’abbé d’Aubignac fut l'un des critiques dramatiques les plus écoutés et a été considéré comme l'un des initiateurs du
classicisme. Dans sa Pratique du théâtre (1657), entreprise dès 1640 à la demande de Richelieu afin de codifier le
tragique français, il cherche à fonder des règles non « en autorité, mais en raison ».
Il place à la base de l'esthétique la vraisemblance et les bienséances, clés de voûte de l'écriture classique. Toute vérité
n'étant pas bonne à dire, il faut préférer le vraisemblable au vrai. Voulant faire du théâtre un équivalent du réel,
Aubignac prône l'illusion mimétique. Il insiste sur l'importance de l'unité de lieu et surtout de l'unité de temps et
d'action, fondant ainsi la règle des trois unités.
Il étudie les différentes parties de la tragédie et condamne les monologues, puis s'intéresse aux personnages, aux
discours et au décor, qu'il désire le plus discret possible, aspirant à un gommage total des processus de production. Il
voit dans les tragédies de Corneille la perfection de la dramaturgie classique.
“Il est certain que le Théâtre n'est rien qu'une Image, et partant comme il est impossible de faire une seule image
accomplie de deux originaux différents, il est impossible que deux Actions (j'entends principales) soient représentées
raisonnablement par une seule Pièce de Théâtre.”
C. La clarté et la simplicité
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Un critère essentiel du classicisme est aussi sa clarté.


Celle-ci résulte d’une contrainte, d’un travail critique que Valéry a commenté, et qui explique aussi sa formule
« l’essence du classicisme est de venir après ».
Après un désordre premier, que la raison va réduire et après un travail sur la forme qui doit être décantée. La langue
classique, selon Malherbe, doit se purifier, éliminer les enrichissements trop nombreux imposés par la Pléiade, tous les
effets de la préciosité, faire la chasse aux licences poétiques, éliminer les anachronismes, les provincialismes,
« Dégasconner » la langue française. Ici encore, la visée politique est claire, qui consiste à affirmer une langue
française rayonnante, sûre d’elle, langue du pouvoir et de la conquête, qui va permettre à une littérature nationale de
s’affirmer. La simplicité est une qualité essentielle du classicisme.
Esthétique classique, le goût classique est un idéal de clarté dans l’expression et la juste mesure, ordre et régularité et
sobriété qui permettent une unité morale de l’œuvre. L’art est ainsi créé pour guider la raison et l’imitation des anciens
et non pas dans une optique d’une imagination fougueuse et passionnelle.
Tout le classicisme n'est qu'une longue tentative vers la simplification, un effort pour structurer et régler une confusion
fondamentale.
D. Impersonnalité
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Une telle « pudeur », une telle « modestie » caractérisent également la mentalité classique, qui répugne à l’expression
trop marquée des sentiments. L’écrivain classique est impersonnel. Il tient son moi à distance de l’œuvre. Bien après
que la polémique entre classiques et romantiques s’est éteinte, Maurice Blanchot définit ainsi l’écrivain classique
comme celui qui
« sacrifie la parole qui lui est propre, […] pour donner voix à l’universel ».
De même que l’écrivain classique répugne à trop d’ornements, à des effets trop marqués, il ne veut pas faire place au
caprice, ni à la marque trop individuelle qui barrerait l’accès à la généralité comme à l’universalité.
Importance du je universel. Dans son rapport à Antiquité, l’universalité, les états d'âmes d'un individu n'avait
d'importance que pour lui, un individu n'intéresse les autres que s’il illustre un schéma connu. La littérature antique et
donc par extension classique échappe à l'anecdote, la médiocrité et veut illustrer les sentiments définis par le
patrimoine des sociétés humaines. Le moi apparaît au XVIIIe siècle, chez les bourgeois.
Les héros de Racine, qui lisait Aristote, sont des idéalisations, représentations types / un parangon des passions
humaines. Dans la tragédie, les personnages nobles et dans la comédie les bourgeois. Le bourgeois habite en ville, vit
de son travail, il est majoritairement commerçant, idéal de la famille et du moi et donc plutôt du romantisme.
L'aristocratie, gagne de l'argent par ses terres, ne travaille pas, idéal du clan, et donc réellement du classicisme.
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III. Artistes, auteurs et œuvres classiques
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- RACINE
Racine nait d’une famille modeste, orphelin, il fut instruit à Port-Royal, et reçoit une très forte éducation
ecclésiastique janséniste. Très rapidement après être arrivé à Paris, il va s’orienter vers les lettres et la poésie, La
Thébaïde, sa première pièce en 1664 ne réussit pas. C’est en 1665 qu’il connaît le succès grâce à sa pièce Alexandre et
ayant abandonné Molière, dont la troupe avait lancé sa pièce, pour la troupe rivale de l'hôtel de Bourgogne, il se
brouilla pour toujours avec lui. En 1666, il rompit avec Port-Royal, ayant publié contre ses anciens maîtres et
bienfaiteurs, qui condamnaient chrétiennement le théâtre, une lettre virulente.
LECTURE LETTRE A L’AUTEUR DES HERESIES IMAGINAIRES
Les années suivantes virent son ascension comme auteur et courtisan. De 1667 à 1677 se succèdent ses chefs-
d'œuvre : Andromaque (1667), qui fut la révélation de son originalité, Britannicus (1669), Bérénice (1670),
Bajazet (1672), Mithridate (1673), Iphigénie (1674), Phèdre (1677). Son succès, une charge royale, la faveur de Mme
de Montespan, maîtresse de Louis XIV, lui valurent, dès cette période, une situation matérielle aisée.
L'année 1677 marque un grand tournant dans sa vie ; il fut nommé historiographe du roi ; il fit un mariage bourgeois ;
vers la même époque, il se réconcilia avec Port-Royal ; après Phèdre. Il intervint à plusieurs reprises en faveur des
jansénistes persécutés, et écrivit, outre ses Cantiques spirituels, un Abrégé de l'histoire de Port-Royal. Il mourut à
Paris, et c'est à Port-Royal qu'il fut enterré, selon son vœu.
Son fils Louis, dans ses Mémoires sur la vie et les ouvrages de Jean Racine, le représente comme un bon chrétien,
temporairement troublé par sa sensibilité et par son talent, et qui n'a pu manquer de revenir, bon père de famille et
pieux courtisan, aux vertus de sa jeunesse. Il s'est violemment émancipé à vingt-cinq ans de toute tutelle pour se
réaliser selon son désir et son pouvoir, puis, cette étape franchie, n'a pu s'empêcher de revenir aux influences qui
avaient si profondément marqué le début de sa vie, pour y trouver la loi de ses dernières années.
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- MOLIERE
Petit-fils et fils de maîtres tapissiers du roi, Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris le 15 janvier 1622. Après avoir étudié
chez les jésuites, il suit des études de droit. Mais sa passion pour le théâtre est plus forte que tout et, en 1643, il fonde
l'Illustre-Théâtre avec la comédienne Madeleine Béjart.
Sous le nom de Molière, et en compagnie de sa troupe de comédiens, il joue tout d'abord à Paris. Mais, criblé de
dettes, il se produit ensuite en province.
Après treize années à sillonner la France, Molière et ses comédiens regagnent Paris en 1658. Ils reçoivent alors la
protection de Philippe d'Orléans, le frère du roi, et donnent une représentation devant Louis XIV.
Si L'Etourdi et Le Dépit amoureux plaisent au roi, c'est surtout avec Les Précieuses ridicules, en 1659, que le talent de
comédien et de dramaturge de Molière éclate au grand jour. Il écrit et joue farces et comédies-ballets (notamment avec
le musicien Lully), mais il excelle surtout dans l'écriture et la mise en scène de comédies grinçantes et féroces.
Après avoir joué dans la salle du théâtre du Petit-Bourbon, il s'installe au Palais-Royal. Il y joue L'Ecole des maris
(1661) et L'Ecole des femmes (1662). Et la même année, la critique de l’Ecole des femmes.
LECTURE CRITIQUE ECOLE DES FEMMES
Dans cet extrait, Lysidas introduit le débat très banal à l'époque sur la question des règles. Tenant de la position
docte, l'auteur sans succès défend la nécessité de les suivre aveuglément : son discours s'appuie sur l'argument
d'autorité qui consiste à évoquer les noms tutélaires d'Aristote et d'Horace, établissant ainsi une distinction élitiste
entre « ceux qui possèdent leurs théories et les autres, incapables de goûter juste.
Dans sa réponse, Uranie opère un détournement burlesque de ces autorités en les désignant comme « ces messieurs-
là ». Dorante lui emboîte le pas en opposant à ces règles héritées des Anciens un autre principe, fondé non sur
l'autorité de quelque penseur, mais sur le « bon sens », et qui établit comme critère essentiel de la valeur d'une oeuvre
son succès auprès du public. Explicitant le présupposé élitiste du discours de Lysidas, il développe le champ lexical
du mystère pour le condamner au profit d'une conception plus démocratique du jugement de goût, fondée sur le «
plaisir » et le “bon sens”.
On retrouve ici le même débat que celui qui, vingt-cinq ans auparavant, avait opposé Pierre Corneille à ses rivaux
lors de la fameuse « querelle du Cid ». Alors que le conflit portait sur la tragédie, il est désormais déplacé dans le
champ comique.
La première partie de La Critique de L'École des femmes est d'ailleurs largement consacrée à la réhabilitation de la
comédie comme genre face à la tragédie, considérée comme plus noble et plus difficile à composer. La substitution
opérée par le dramaturge, pour ce qui est de son travail propre, d'un critère pragmatique - le succès - à un critère
théorique-le respect des règles-impose une modification symétrique du mode de réception du public :
Le jugement intellectuel d'un texte doit être remplacé par une réception sensible du spectacle, dont l'étalon ne peut
être que le plaisir. C'est donc à une poétique de l'effet sur les entrailles qu'invite Molière plutôt qu'à une adresse
docte au “raisonnement”
Cependant, malgré son génie et la protection du roi, Le Tartuffe (1664) et Dom Juan (1665) sont interdites de
représentation. S'il résiste aux cabales, sa santé défaillante a finalement raison de lui. Le 17 février 1673, Molière
meurt quelques heures après avoir donné sa dernière représentation du Malade imaginaire. Il avait 51 ans. Il est enterré
de nuit, sans inhumation chrétienne, au cimetière du Père-Lachaise.
La comédie de l'époque classique est très fortement dominée par la figure de Molière même si les auteurs comiques
étaient fort nombreux : en effet, même si la tragi-comédie au début du siècle et la tragédie à la fin du siècle
parviennent à se faire une place sur scène, c'est de loin la comédie qui rencontre le plus de succès et qui est la plus
jouée au XVIIe siècle.
Pour autant, un auteur comme Molière essaie de redonner une forme de noblesse à la comédie et s'inspire pour cela
des règles du théâtre classique. Si l'unité d'action est rarement respectée, l'unité de lieu et de temps l'est assez souvent.
Surtout, à la suite de Corneille, il travaille la comédie d'intrigue inspirée des comédies latines de Térence et Plaute.
La critique distingue parfois chez Molière les « chefs-d'œuvre » classiques en style soutenu, le plus souvent en vers,
tendant vers la comédie de caractère et qu'on peut rattacher au classicisme, L'École des femmes, Le Tartuffe, Dom
Juan, Le Misanthrope et Les Femmes savantes, les comédies-ballets et les farces. Cette différence de registre est
souvent expliquée, depuis Boileau et Voltaire, par le fait que Molière devait jouer des farces pour plaire au public
populaire.
Cependant, Anaïs Bazin fait remarquer que la plupart de ses farces ont été créées devant la cour royale et toutes ses
comédies « sérieuses » devant le public de la ville.
La dimension morale présente dans la tragédie se retrouve également dans la comédie. Les comédies se moquent en
effet des défauts des hommes. Les spectateurs devraient ainsi pouvoir s'éloigner des défauts représentés en riant du
ridicule des personnages. Quand Molière ridiculise l'hypocrisie des faux dévots dans Tartuffe, il espère lutter contre
cette hypocrisie. La formule connue « castigat ridendo mores » est d'origine incertaine, mais elle a été reprise par
Molière. Elle exprime une idée développée par Horace dans son art poétique et résume cette volonté d'utiliser le rire
comme vecteur d'instruction.
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- LA FONTAINE
Jean de La Fontaine né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry dans l'Aisne, et mort le 13 avril 1695 à Paris est un
fabuliste, moraliste et romancier français qui travaille comme maître des eaux et des forêts.
Lors de ses tournées, il observe le comportement des animaux. Cela l'inspire pour écrire des fables. La Fontaine utilise
l'anthropomorphisme (Personnification) il met en scène des animaux avec des traits d'humains pour critiquer les
Hommes. Par exemple derrière le lion se cache le roi Louis XIV.
LECTURE FABLE DE LA FONTAINE
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- NICOLAS POUSSIN
Il est un peintre français du XVII siècle, représentant majeur du classicisme pictural. Formé à Paris, il a exercé
principalement à Rome à partir de 1624.
En peinture : la composition du tableau est claire et ordonnée : la scène se déroule entièrement à l'intérieur du cadre
(contrairement au baroque où les personnages et motifs sont hors cadre)
L'art des proportions et de la perspective : l'espace du tableau est structuré en plans successifs ; les diagonales et les
spirales caractéristiques des œuvres baroques sont évitées. Le tableau est construit selon une harmonie mathématique
la symétrie et le respect des proportions sont primordiaux.
Le respect de la bienséance : l'artiste peut représenter des scènes de violence, de cruauté, mais il doit bannir la
vulgarité de l'horreur. Il s'agit d'éviter toute fascination pour le morbide et d'inviter le spectateur à éprouver de la pitié
pour les victimes.
Les contours des personnages et des motifs sont nets ; la pâleur de la chair assimile les personnages à des statues
antiques.
La lumière : elle est vive car le classicisme aspire à un idéal de clarté. De fait chaque motif a une couleur définie, ce
qui évite la présence de contrastes violents et permet de mettre davantage en valeur les formes.
Les poses : les personnages adoptent des attitudes sobres ; la grandeur des personnages est représentée par des poses
stables, statiques qui inspirent la respectabilité.
Ainsi, le classicisme est une esthétique à la recherche d'un idéal de perfection, à travers le respect des proportions, de
l'équilibre et de l'ordre. La monarchie française s'appuie sur ce mouvement culturel afin de se représenter au sommet
de sa puissance aux yeux de toute l'Europe.
25
- Girardon (1628-1715)
Il a réalisé une grande partie des sculptures du Palais de Versailles et de ses jardins. Le Brun le charge d'exprimer dans
son œuvre les théories classiques ; il réalise alors en 1666 l'œuvre la plus classique de toute la sculpture française du
XVIIe s : le groupe d'Apollon servi par les nymphes, destiné à la grotte de Thétis
La sculpture classique privilégie les attitudes simples et élégantes. Cependant, la sculpture française continue à hésiter
entre la mesure du style classique et le mouvement, l'emphase du baroque.
En architecture :
Les bâtiments classiques se distinguent par la recherche de la symétrie et de la rigueur géométrique. Les lignes sont
droites et les surfaces sont sobres, par opposition aux constructions baroques qui se caractérisent par la présence de
surcharges ornementales, tout en courbes et contre-courbes.
26
- Claude Perrault (1613-1688)
Il dessine les plans de l'observatoire de Paris entre 1667 et 1672. Il travaille également à Versailles.
27
Conclusion :
Le Classicisme est un mouvement culturel et artistique qui est central et centré sur le règne de Louis XIV.
Il se caractérise par des règles dures, et contraignantes que les auteurs classiques veulent dépasser
LECTURE PREFACE BERENICE
La Préface de 1671 énonce sans aucun doute à la fois les clés de la pièce et les grandes idées qui dominent le théâtre
racinien. Si la célèbre formule « ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie »
(Préface) s’applique à la lettre à Bérénice, elle indique surtout un déplacement dans l’expression du tragique, qui
s’incarne ici en une cérémonie dont la dignité narrative, quelle que soit la violence des passions engagées, répond à la
dignité intérieure des personnages, celle-ci devant les pousser à un dépassement d’eux-mêmes — parfois dans
l’horreur — qui les rendra héroïques. Certes, la Préface laisse aussi filtrer des intentions polémiques. L’apologie du
vraisemblable, qui trouve son fondement dans la simplicité, l’idée que « toute l’invention consiste à faire quelque
chose de rien », sont autant de flèches lancées contre Corneille : son Tite et Bérénice offrait une intrigue beaucoup
plus compliquée et le schéma en quadrille empêchait par les nombreux rebondissements le développement de cette «
tristesse majestueuse » montrée par Racine.
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