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Le livre nage dans les bouleversements sociaux et politiques que provoquent

les injustices, le racisme, les inégalités de toutes sortes caractérisant le régime


colonial. Vu sous cet angle, le roman est celui de la contestation du
colonialisme parce qu'écrit à un moment où on déniait au Noir toute
responsabilité du fait de la couleur de sa peau.
Le conflit qui domine l'œuvre fait polémique puisque le conflit de génération
(jeunes et vieux défendent leur conception du monde) côtoie le conflit de
culture (la tradition s'oppose à l'école des Blancs). Mais le plus important est
que l'œuvre reste d'une actualité brûlante sur des thèmes comme le mariage
forcé, l'émancipation de la femme.
"Sous l'orage" est un classique étudié à tous les niveaux d'enseignement
(fondamental, secondaire, université). Écrite en 1953 et publiée en 1957 puis
en 1969 suivi alors de la pièce de théâtre "La mort de Chaka", l'oeuvre a
cinquante ans. C'est l'histoire d'une écolière Kani que son père destinait au
riche commerçant, polygame Famagan. Mais Kani aime un étudiant, Samou. Sa
mère tente, en vain, de la convaincre de s'en tenir à la tradition. Le père décide
alors d'un retour aux sources en envoyant Kani et son frère Birama au village
chez leur oncle Djigui. Celui-ci, paradoxalement, dénoue le dilemme imposé à
tous les protagonistes notamment à Benfa ténu par "la parole donnée" si chère
aux Africains.
Seydou Badian Kouyaté ne milite cependant pas contre la tradition puisque
Benfa constate qu'un séjour prolongé du tronc d'arbre dans la rivière n'en fera
jamais un caïman et insiste sur le flux continu entre les générations : "des
racines aux feuilles, la sève monte et ne s'arrête jamais". Pour l'auteur de
"Noces sacrées", on peut évoluer sans se renier mais non sans souffrir puisque
le père, déçu, avertira un de ses enfants : "Et toi aussi, mon fils, un jour tu auras
soif".

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