Vous êtes sur la page 1sur 3

L’acculturation dans Sous l’orage de Seydou Badian 

Introduction :
Seydou Badian, témoin des indépendances, a effectivement connu le passage du
monde traditionnel au monde moderne. Dans ce roman phare, Il traite entre autres
du déracinement, de la place de la femme dans la société africaine traditionnelle, et
dénonce la colonisation, de l’acculturation.
L’acculturation qui n’est rien d’autre qu’un processus par lequel un groupe
humain acquiert de nouvelles valeurs culturelles au contact direct et continu d’un
autre groupe humain. Phénomène omniprésent dans nos sociétés aux origines
multiples, comporte aussi beaucoup d’inconvénients.
Ainsi dans ce roman Sous l’orage ou il est mis en scène deux jeunes Africains aux
idées modernistes (Kany et Samou) dont l’amour réciproque est contrarié par les
projets d’un père traditionnaliste Benfa. Il sera question dans un premier temps de
décliner les causes et dans un second temps les inconvénients qui sont tantôt
fâcheuses tantôt positives. Et enfin d’entrevoir des solutions tendant à des
pratiques équilibrées de ce phénomène qu’est l’acculturation.
I°) Les causes de l’acculturation :
Le terme serait apparu en 1880 chez POWELL pour désigner les transformations
des modes de vie et de pensée d’un groupe humain au contact d’un autre. Il ne
s’agit donc pas seulement de décrire la perte d’une culture d’origine mais aussi
l’appropriation de la culture d’autrui. Ainsi s’inscrivant dans la dynamique de
l’étude de ce thème qu’est l’acculturation dans Sous L’orage : plusieurs causes
peuvent être mises en évidence à savoir : l’école, l’aventure, la modernité etc.
1°) La modernité : (ensemble de ce qui représente les tendances contemporaines,
nouvelles ou de ce qui bénéficie des progrès récentes).
La modernité pousse à l’acculturation. En effet, l’africain ayant pris contact avec
l’occident par le biais de la colonisation est forcément pénétré d’idées telles que la
liberté ; le libre choix ; les droits de l’homme… De ce fait à tout prix il veut se
démarquer de certains aspects de la tradition qu’il juge néfastes ou qu’il a tendance
à rejeter car vide de bon sens de liberté du fait que la personne n’a pas choisi, on le
fait à sa place. Ce qui explique la révolte de Kany. Une révolte que Maman Téné
qualifie comme un sacrilège. Tandis la soumission se trouve récompenser par la
bénédiction.(Page 71) « Je ne suis rien tu le sais bien c’est ton père qui décide de
tout ; auprès de lui nous sommes rien, ni toi, ni moi »(P.74/75).
Ainsi la modernité est présente dans Sous L’orage car comme le disait la mère de
Samou « qu’elle ne forcerait jamais son fils d’épouser la fille de son oncle
comme son père l’avait dit avant de mourir ». Cette modernité est d’autant plus
présente dans la mesure où Birama surpris un jour par Père Benfa du fait « qu’il
refusa de boire dans la calebasse commune et en disant encore qu’il n’est pas
prudent de manger à plusieurs dans un même plat ». Benfa lui répondit que » son
père et le père de son père a fait ainsi. S’il en trouve mal qu’il aille avec les
blancs ».
Pour les jeunes promouvoir cette vision révolutionnaire qu’est la modernité c’est
permettre à la société de survivre. « Libérons la femme si nous tenons à vivre. Ces
coutumes sont nos faiblesses et si nous voulons vivre ; si nous voulons devenir un
peuple fort ; c’est la femme qui fait progresser la société ».
« Pére Djigui n’avait rien contre les blancs mais ne voulait rien d’eux non plus. Et
il préférait que les blancs restent dans les villes et ne viennent jamais au village car
ce sont les blancs qui modernisent leurs enfants en leur enseignant les valeurs
occidentales à l’école ».
2°) L’école :
La colonisation, en s’invitant chez nous au 19ième siècle ne s’est pas uniquement
contentée de piller nos ressources .Elle a aussi mis en place des structures pour
nous « civiliser » ; nous « éduquer ». L’école moderne introduite en Afrique par le
colon a eu des effets néfastes car du moment ou on s’exprime en français on a
tendance à oublier sa langue maternelle ou même plus grave à vouloir ressembler à
un blanc hors que tel ne devait être le cas dans ce sens que le français n’est qu’une
langue parmi tant d’autres ; autrement dit c’est un outil de communication comme
tant d’autres. En somme en quelque sorte la fréquentation de l’école peut susciter
l’acculturation.
3°) La ville ou le mauvais compagnonnage :
Kany et ses compagnons étant des collégiens évoluaient dans une petite ville ; d’où
ils étaient soumis à des traditions dont ils comprenaient ni le sens ni les origines.
La ville inculque en l’homme des modes de pensées tels que la liberté, le libre
choix ; des modes de vies différents de ceux qu’on a connu au village par exemple
l’individualisme ; l’égoïsme etc.
De même que la mode ou l’imitation peut conduire à l’acculturation : vouloir
ressembler à une star de cinéma ; un mannequin…. Car comme
l’affirmait MOLIERE « Quand sur quelqu’un on prétend se régler c’est dans le
bon sens qu’il faut lui ressembler »
II°) Les conséquences de l’acculturation :
1°) le conflit de génération :
L’acculturation conduit au morcellement des familles ; pourquoi, parce que après
s’être imbu d’idées nouvelles ; les jeunes ont tendance de plus en plus à vouloir
vivre leur temps ce qui est en total déphasage avec la mentalité, les idées défendues
par les anciens. Comme dans Sous l’orage on parle de conflit de génération ; car à
un moment donné une certaine tension prévalait entre jeunes et vieux suscitant
chez les jeunes un sentiment de non respect et de révolte à l’égard des anciens.
N’eut été l’intervention de Tièman et de l’oncle Djigui la situation allait empirer.
L’acculturation crée beaucoup de renégats (personne qui a trahi sa culture, son
identité) comme nous en trouvons de plus en plus dans nos sociétés « peau noire
masque blanc »des gens qui au delà de tout sont prêts à renier leur culture pour
prétendre ressembler à un blanc. Mais selon père Djigui : « Le séjour dans l’eau ne
fait jamais d’un tronc d’arbre un crocodile »p.25
Ainsi Père Benfa d’ajouter : « Parce que les jeunes savent lire et écrire, veulent
nous mener ; j’ai toujours eu des problèmes avec mes enfants qui sont à l’école.
Mais cette fois-ci je leur prouverai que je suis encore en vie »p.159
III°) La solution à l’acculturation :
Les cultures dépendant des relations qu’entretiennent les hommes ; l’acculturation
s’avère donc un phénomène permanent, universel et constitutif des cultures. On ne
peut parler proprement de solutions à l’acculturation par contre un discernement
est cependant nécessaire voir indispensable pour n’importe quelle culture ; car
aucune culture n’est parfaite dans sa globalité.
De ce fait l’homme doit s’armer de clairvoyance et d’intelligence lui permettant de
prendre dans chaque culture ce qui est positif et d’ignorer ce qui ne l’est pas. Car
aussi bien dans la culture noire comme blanche ; toutes deux comportent des
aspects positifs et négatifs.
Conclusion :
Le roman Sous l’orage de Seydou Badian, publié avant les Indépendances reste
toujours d’actualité car dénonçant des problèmes aux quels la société africaine et
sénégalaise demeurent confrontées. En somme ce roman doit être celui de chevet
pour tout jeune africain car lui permettant de faire la synthèse entre l’occident et
l’Afrique.

Vous aimerez peut-être aussi