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Chaka est le livre le plus célèbre de l'écrivain de langue souto, Thomas Mofolo.
C'est une épopée inspirée de la vie réelle de Chaka (1786-1828) qui fonda un
véritable empire en Afrique australe avant d'être assassiné par ses frères. Ecrit
dans une langue peu connue, publié au Lesotho, loin des grandes capitales, le
roman risquait fort de passer inaperçu. Ce fut tout le contraire qui arriva : traduit
en anglais (1931) puis en français (1940), ce récit de l’ascension et de la chute
de Chaka, le fondateur de l’empire zoulou, devint l’une des références de la
littérature africaine, suscitant de multiples controverses – Chaka est-il un héros
de l’indépendance ou le modèle des dictateurs les plus sanguinaires ?La mort de
Chaka est une action dramatique évoquant la fin tragique du plus grand
conquérant noir que l'Afrique ait connu. La guerre perpétuelle et sanguinaire que
mène le tyran en Afrique du Sud au XIXème siècle contre les tribus hostiles, ont
fait du royaume du maître l’un des plus importants et des plus riches. Malgré
toute cette richesse et l’édification d’un état fort de ses centaines de milliers de
soldats, Chaka continue à guerroyer contre toute raison. Nombreux sont ceux
qui pourtant aspirent à la paix ; une paix dont ne veut pas entendre un tyran ne
vivant que par le sang de ses sagaies. Confrontés à la folie sanguinaire de leur
maître, des généraux considèrent qu’il faut en finir avec ces guerres. Il est temps
de déposer les armes et de retourner auprès des siens. Toutefois, une impasse
leur fait front, leur maître Chaka. Un thème historique important qui mériterait
une analyse plus profonde tout au long d’un développement.
i. Présentation de l’auteur :
Né le 22 décembre 1876, Khojane, au Basutoland (Lesotho), issu d’une fratrie
de 8 frères et sœurs, Thomas MOFOLO, a été scolarisé dans deux écoles locales
protestantes de Morija, dirigées par des missionnaires français. Son père, Abner
MOFOLO, un fermier, était loyaliste, sa famille a donc été protégée par l’Eglise
pendant la guerre des Boers (1880 à 1881) qui a secoué le Lesotho. Mais son
père voulait qu’il revienne travailler à la ferme et ne souhaitait que Thomas
entreprenne de longues études. Le jeune Thomas, brillant élève et utile à
l’Eglise, a été encouragé dans ses études notamment par Adolphe MABILLE et
Eugène CASALIS. Thomas étudia l’anglais, le Sesotho, l’Evangile et le
Hollandais, et il eut la chance d’avoir un instituteur qui devint l’un des guides
les plus respectés de l’Eglise indigène. A la suite du décès de MABILLE, il
s’installe à Morija, une ville qui formait, à l’époque, l’élite noire. Il achève ses
études en 1899 et trouve un emploi d’instituteur et de secrétaire à la mission
catholique où il fait office de journaliste et de correcteur d’épreuves. Il se marie
le 15 novembre 1904 avec Francine MAT’ELISO SHOARANE, une fille d’un
policier. « Fils de païen, instruit d’abord dans nos écoles primaires, puis à
l’école biblique et à l’Ecole normale, à Morija, ainsi qu’à l’école industrielle de
Léloaléng, ayant voyagé, beaucoup vu et beaucoup lu, il arriva au dépôt de
livres de Morija où il fut employé comme secrétaire et factotum, sans toutefois
faire beaucoup parler de lui » écrit Hermann DIETERLEN au sujet de
MOFOLO. Un voyage dans le Natal, durant lequel il se rend sur la tombe du roi
Chaka, grand chef zoulou, lui inspirera son chef d'oeuvre «Chaka», lequel lui
vaudra une reconnaissance universelle, mais sera pour lui à l'origine d'un
changement de vie radical, en raison de la gêne que le livre suscitera auprès des
missionnaires.Le livre est écrit vers 1909-1911 mais ne sera publié qu’en qu’en
1925 en raison des réticences de l’Eglise qui considérait que Thomas MOFOLO
avait surévalué par la puissance des forces occultes africaines, il glorifiait la
magie africaine, la rendait fascinante assurant ainsi la cohésion du monde
traditionnel africain et faisait l’apologie de l’aventure politique et les conquêtes
de ce chef zoulou. Ainsi, Thomas MOFOLO abandonne pratiquement l'écriture,
et s'installe en Afrique du Sud où il exerce différents métiers : dans un premier
temps recruteur d'ouvriers pour des mines de diamants, il est ensuite
commerçant et enfin fermier, à partir de 1937, avant de s'éteindre à
Teyateyaneng en 1948. Considéré comme l'un des pères du roman africain, la
Bibliothèque de l'université nationale du Lesotho porte son nom.