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Introduction

A la suite de la colonisation, l’école étrangère a été introduite en Afrique. Les


jeunes africains instruits sont entrés ainsi en contact avec la culture occidentale.
Or les valeurs de cette culture s’opposent sur plusieurs plans à celles des
civilisations africaines. De la rencontre des deux cultures est alors né un conflit,
un choc culturel et civilisationnel qui n’a pas épargné la génération des anciens
pour la plupart conservateurs et celle des jeunes influencés et attirés par
l’Occident. C’est ce phénomène social que Seydou Badian présente à travers son
ouvrage intitulé Sous l’orage, paru aux Editions Présence Africaine, Paris, 1936.
L’édition que nous vous présentons ici, est celle de Présence Africaine, Paris
1972.

I. Porté de l’œuvre
 Sous l’orage demeure encore un livre d’actualité. Il suffit simplement de voir le
thème abordé pour s’en convaincre : La place de la femme dans la société…

Aujourd’hui encore, il y a des parents qui soumettent leurs enfants au mariage


forcé. Aujourd’hui encore, au nom du respect de la tradition, nombre de femmes
se soumettent et subissent de plein fouet les affres de la polygamie. Aujourd’hui
encore, beaucoup d’intellectuels africains diabolisent leur propre culture et ne
veulent rien avoir de comme avec les anciens qu’ils traitent de sorciers. La
rupture et la continuité se combattent encore de nos jours, et les Birama et Kany
des temps nouveaux essaient de secouer le joug oppressif des « père Benfa » qui
n’entendent pas démordre, ni céder d’un seul pouce. En même temps, deux
conceptions du rôle et de la place de la femme au sein de la société africaine en
mutation s’affrontent, un choix entre deux types de société s’impose. Les
traditionalistes n’entendent pas renoncer à leurs privilèges, à un type de
société qui les avantage singulièrement. Pour eux, la femme constitue un
signe de richesse, un bien matériel dont l’acquisition rehausse la stature
sociale de l’homme. Au sein de la société traditionnelle, on ne lui reconnait que
deux finalités : le service et la procréation.

II. La place de la femme dans Sous l’orage


La place de la femme dans la société traverse d’autres romans africains tels
que Doguicimi, Tante Bella, Le Mandat, Xala… Le traitement cruel dont la
femme se trouve souvent être l’objet procède d’une relative déshumanisation de
celle qu’on a appelée « le sexe faible« . L’écrivain s’insurge contre cet état de
chose. Et plaide pour une émancipation éclairée et équilibrée de la femme. Et
telle Ramatoulaye e dans Une si longue lettre de Mariama BA, Seydou
BADIAN, à travers le personnage remarquable de Kany, pense que le moment
est venu pour que le monde reconnaisse enfin en la femme, un être qui ne doit
plus se taire, mais une pièce maîtresse indispensable pour la construction et la
préservation de la société africaine. Et on le voit aujour’hui, se lèvent ça et là
des femmes qui osent et défient la fatalité en se présentant aux élections
présidentielles. On peut citer la Présidente du Libéria, Marie Elise GBEDO eu
Bénin, et plein d’autres femmes qui ont occupé de hautes fonctions sur des
échiquiers jadis considérés comme la chasse gardée des mâles.

En ce XXIè siècle où elles sont encore malheureusement nombreuses, ces


femmes qui subissent encore le poids de la tradition, à qui on impose de mari ou
on refuse la scolarité, il est temps pour que l’Afrique s’ouvre intensifie la lutte
pour que la femme continue d’être plus visible et entreprenante dans les arènes
politiques où sont votées et décidées les lois qui engagent l’avenir des nations.

III. Bref résumé du livre


Le père Benfa décide de donner en mariage sa fille, Kany à un riche commerçant Famagan,
déjà marié. Cette décision crée une vive tension dans la famille, puisque le refus de Kany qui
aime secrètement Samou divise la famille en deux partis: le parti des jeunes et celui des
anciens. Le père Benfa lit de l’insubordination dans l’attitude de sa fille. Or Kany est soutenue
par son jeune frère Birama. Et comme pour punir Kany et Birama de vouloir lui tenir tête, leur
père, les renvoie au village chez l’oncle Djigui. Ici, ils découvrent certaines valeurs jusque-là
inconnues d’eux. De son côté, le fiancé de Kany, celui qu’elle s’est choisi, Samou, ne se sent
pas le courage d’abandonner son amour. Aidé de ses amis, il entend jouer toutes les cartes
dont il dispose pour que triomphe leur amour. Si le père Benfa se montre intransigeant et
hostile à tout dialgue, Maman Téné, la mère de Kany, est, quant à elle, partagée entre son
mari et sa fille; mais ne peut l’exprimer. Sibiri, le grand frère, soutient le père Benfa, car pour
lui, la femme doit respect et obéissance aux grands, surtout à la tradition. La lutte est
farouche. Mais, à la fin, une porte de sortie s’ouvre grâce à la médiation du père Djigui, frère
du père Benfa.

Conclusion

Seydou BADIAN a laissé une œuvre remarquable et mémorable. Il a eu le


mérite de sortir de révéler l’Afrique sous un autre angle différent de celui des
luttes et des revendications où se sont affirmés plusieurs auteurs africains. En
choisissant de parler de l’amour dans un contexte de mariage forcé et de conflit
de générations, il a réussi à faire comprendre que la plus grande liberté à
conquérir est celle culturelle et le pouvoir de pouvoir décider soi-même. Les
conflits de générations, de cultures et de civilisations subsistent toujours et
demeurent une impasse. Mais Olympe Bhêly-Quenum semble trouver la
solution avec le personnage Jean Marc Tingo de son roman L’initié.

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