Vous êtes sur la page 1sur 8

« 

Sous l’Orage » est une œuvre écrite par Seydou Badian et publiée en 1957 aux
éditions « Présence africaine ».

Seydou Badian (de son nom complet Seydou Badian Kouyaté) est
malien. Né en 1928, il fait partie de ces écrivains maliens de
la première génération (à l’instar de Cheikh Hamidou KANE ou
CAMARA Laye) et a effectivement connu le passage du monde
traditionnel au monde moderne. Il traite du déracinement, de
l’acculturation, de la colonisation. Médecin formé en France, il est
ministre dans son pays de 1962 à 1968 puis s’exile au Sénégal.
Pour en savoir plus sur l’auteur, consulter ceci 

« Sous l’orage » est ce que l’on pourrait appeler un roman de mœurs


sociales dont le thème général est le conflit des générations.

Le livre raconte l’histoire d’un amour naissant entre Kany et Samou.


Kany est une jeune adolescente qui va à l’école « des Blancs ». Elle
est la fille de Benfa et de Téné. La famille, fort imprégnée de
traditions, vit dans une petite ville.
Samou, lui aussi, va à l’école. Coumba, sa mère, l’élève seule. Kany et
Samou s’entendent bien et font des projets d’avenir. Le père Benfa
réunit une sorte de conseil de famille et décide du mariage de Kany
avec un homme plus âgé et déjà marié, Famagan. Cette décision
provoque bien entendu des remous : la mère de Kany, clairvoyante
mais soumise à la tradition, invoque les esprits pour que Kany
accepte ; Birama, frère aîné de Kany, soutient sa sœur mais sans trop
oser affronter le père ; Kany, elle, s’oppose fermement à ce projet et
provoque la colère de Benfa. Deux clans se sont formés : celui des
« modernistes » et celui de ceux qui soutiennent ou se soumettent à
la tradition.
Celui-ci décide d’envoyer Kany et Birama chez son frère aîné, Djigui,
chef d’un petit village perdu de l’autre côté du fleuve. Kany ne peut
que se soumettre.

On rentre alors au cœur du roman. Le monde de Djigui et la force des


traditions vont profondément marquer et modifier l’expérience de
Kany et de son frère. En ville, ils étaient confrontés à des traditions
dont ils ne pouvaient comprendre les origines ni le sens.

Là, dans ce village, les adolescents vont, petit à petit et parfois dans
la douleur, faire la synthèse entre ces traditions et la modernité que
l’école, notamment, apporte. Un personnage les aidera : Thiéman,
ancien combattant en Europe et infirmier du village. Synthèse entre
la tradition et le modernisme, expérimenté à la fois par rapport à la
tradition mais aussi par rapport à la culture occidentale.

Il s’agit d’un véritable échange car, d’une part, Kany et son frère vont
mieux comprendre ces traditions auxquelles ils sont confrontés mais,
d’autre part, par l’intermédiaire de Thiéman, ils vont aussi faire
comprendre aux Anciens, dont Djigui, les acquis de cette modernité.

Voilà donc l’orage qui fait se confronter le passé, la tradition, les


anciens avec l’avenir, la nouveauté, la jeunesse. Mais cet orage qui
peut se faire dévastateur dans beaucoup de cultures, dont la nôtre,
occidentale, est maîtrisé, dans le roman de Seydou Badian, par la
sagesse africaine.

Ce roman, qui fait partie des œuvres à lire dans les écoles moyennes
au Sénégal, permet au lecteur curieux une bonne approche de la
tradition africaine.
Fiche de lecture:
Titre : Sous l’orage
Genre : Roman de mœurs sociales
Date de parution : 1957 à Présence Africaine. (2e et 3e éd. 1957 et
1963)
4. Thèmes de l’oeuvre :

a. Le conflit de générations et le conflit de cultures


b. le problème de l’insertion de l’Africain dans un monde moderne
c. l’acculturation
d. la condition de la femme
e. initiation aux valeurs traditionnelles
f. le mariage d’une jeune fille africaine selon la tradition

III. LES PERSONNAGES ET LEUR MODE DE REGROUPEMENT :

1. Les personnages :

- Benfa : patriarche, responsable de famille, porté à vanter le savoir


de sa fille ; c’est un époux et un père autoritaire et coléreux. Il est
marqué par son mépris du modernisme et de ceux qui s’en prévalent.

- Kany : jeune fille moderne, instruite (collégienne). Ses vœux :


acquérir un métier et épouser Samou. Est tout le contraire de son
père, par son mépris de tout ce qui est traditionnel.

- Samou : collégien, condisciple et amoureux de Kany.

- Sibiri : aîné autoritaire des enfants du père Benfa ; pur produit de la


tradition. pour lui, la tradition est la référence, confident de son père
et son homme lige.

- Birama : symbole de la nouvelle génération, plus proche de Kany. Il


ose affronter et contredire Sibiri. Il considère qu’on doit marcher au
pas du temps.

- Maman Téné : épouse du père Benfa et mère de Kany. Femme


résignée, n’osant affirmer ni son désaveu des décisions de son mari,
ni son alliance avec Kany.
- Djigui : vit au village. Il est le sage de la tradition ; il tente une
médiation entre son cadet Benfa et ses enfants modernistes (Kany et
Birama).

- Tiéman le soigneur : infirmier, a choisi de demeurer au village. fidèle


aux traditions, il est l’initiateur de Birama et de Kany. Homme de
synthèse, il propose une solution possible : un équilibre entre
tradition et modernisme.

2. Leur mode de regroupement :

On pourrait choisir un mode de regroupement des personnages par


âge, situation sociale, comportement, comme suit :
Age :

Birama, Sira, Samou, Kany


Benfa, Père Aladji, Maman Koumba, Koniba, Maman Téné

Situation sociale :

Samou, Kany, Birama


Maman Téné, Maman Koumba,
Djigui, Père Benfa

Comportement :

Benfa, Sibiri, Famagan, le muezzin


Samou, Kany, Birama
Idées :

Samou, Kany, Birama, Maman Téné


Nianson, Karamoko,

IV. FICHE ANALYTIQUE :


1. Le point de vue : L’auteur s’efface derrière le narrateur. Il est
extérieur à l’action.
2. composition de l’ouvrage :
Nombre de parties : 3
Nombre de chapitres : 25
Nombre de pages : 183

V. L’ESPACE : l’action se passe au Mali.

Le premier cadre spatial c’est la ville où vit la famille de Benfa. C’est


le lieu où commence et finit le récit.
Le deuxième lieu est le village où vit Djigui.

VI LE TEMPS : le roman se passe à l’époque coloniale ; le récit reste


constamment chronologique.

Dans la première partie, Benfa décide le mariage de Kany et en


avertit Sibiri. Un autre jour, la décision de Benfa est transmise à ses
fils cadets par leur aîné Sibiri, à Kany par l’intermédiaire de Maman
Téné.
La deuxième partie commence avec le voyage de Kany et de Birama
qui arrivent au village. C’et l’accueil et l’initiation aux traditions,
ensuite arrive le jour du départ qui clôt cette partie.
La troisième partie est marquée par le retour des jeunes gens à la
ville. Le récit aboutit à une conclusion heureuse : la réconciliation
entre jeunes et vieux et la perspective du bonheur pour Kany et
Samou.

VII RESUME :
Sous l’orage met en scène deux jeunes Africains aux idées
modernistes (Kany et Samou) dont l’amour réciproque est contrarié
par les projets du père Benfa.
Benfa, selon la coutume s’apprête à donner en mariage sa fille Kany à
un riche et vieux commerçant, Famagan qui souhaite faire d’elle sa
troisième épouse. Devant la réticence de sa fille, Benfa l’exile au
village chez son aîné Djigui. C’est l’occasion pour Kany de reprendre
contact avec les traditions ancestrales et de plaider sa cause auprès
de son oncle Djigui qui finalement décide d’intercéder en sa faveur.
Quand elle retournera en ville, les tensions s’apaiseront et elle
connaîtra le bonheur.

QUELQUES CITATIONS
"Si tu ouvres ta porte à tout le monde, les paresseux seront
nombreux" (Tiéman le soigneur [p. 118])
"Le séjour dans l’eau ne fait jamais d’un tronc d’arbre un crocodile"
(Père Djigui [p. 125])
"La panthère a ses tâches au-dehors, l’homme a les siennes en
dedans"
"Ma fille à moi ne verra jamais les portes [de l’école]" Fadiga le
muezzin (p. 22)
"L’homme n’est rien sans les hommes, il vient dans leurs mains et
s’en va dans leurs mains" (proverbe [p. 27])
"Les pintades regardent celle qui les guide" (Tiémoko [p. 36])
"Nos pères disaient : "j’ai plus peur de celui qui me respecte que de
celui qui me menace" " (id. [p. 37])
"La meilleure connaissance est celle qui mène les hommes vers les
hommes" (id. proverbe [p. 37])
"Les jeunes, parce qu’ils savent lire, écrire, veulent nous mener. J’ai
toujours eu des difficultés avec mes enfants qui sont à l’école. Cette
fois-ci, je leur prouverai que je suis encore en vie" (Le père Benfa [p.
159])

Vous aimerez peut-être aussi