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INTRODUCTION :

Seydou Badian est né au Mali en 1928. Après des études de médecine en France, il est
revenu dans son pays natal pour exercer son métier. Par la suite deviendra ministre du plan
et de l’économie sous le régime de Modibo Keita. Frappé par la colonisation il a voulu
montrer le mal que ce système de domination à créer en Afrique.
En effet, dans Sous l’orage, l’auteur expose les difficultés nés de la confrontation entre la
tradition et la modernité d’où la différence de point de vue entre les jeunes et les anciens.
De ce fait, pour mieux aborder notre travail, nous donnerons d’abord le contexte historique
et social du roman, ensuite nous ferons le résumé de l’œuvre et enfin nous parlerons du
conflit des civilisations dans Sous l’orage

I. Bibliographie et biographie

Seydou BADIAN est né le 10 Avril 1928 à Bamako. Après une enfance africaine, des études primaires et quelques
années d’études secondaires faites à Bamako, il s’expatrie et prépare le Baccalauréat à Montpellier en France.
Il y eut son bac, fréquente la faculté de médecine et devient docteur en médecine en 1955. Retourné au Mali en
1956, Seydou BADIAN publie son Roman ‘‘Sous l’orage’’ en 1957 (réédité en 1963, 1973). De 1962 à 1966 il fut
ministre dans le gouvernement malien.
Dramaturge, il est l’auteur de ‘‘La Mort de Chaka’’ en 1962. Il écrit un important essai intitulé ‘‘Les
dirigeants africains face à leurs peuples’’ en 1964. Incarcéré au camp de détention de Kidal au lendemain du
coup d’état militaire de 1968, Seydou BODIAN a été libéré en 1976. Il a publié depuis ‘‘Le sang des masques’’ en
1976 et ‘‘Les noces sacrées’’ en 1977.
II. Cadre spatio-temporel
a. L’espace :
L’action se passe au MALI. Le récit est réalisé dans deux lieux différents :

-le premier espace, c’est la ville, le lieu où commence et finit le roman : autrement c’est à la fois le lieu où est né le
fameux problème de mariage de Kany et où il a trouvé une résolution finale avec renoncement de FAMAGAN.

-le second, c’est le village lieu de punition de KANY et BIRAMA, mais aussi pour se ressourcer.

B. LE TEMPS

D’ abord le roman se déroule à l’époque coloniale juste à la veille des indépendances. Les oppositions entre quartiers
indigènes et quartiers européens en ville, la déclaration publique de liberté de Makhan en sont une parfaite illustration.

Ensuite, les évènements ont eu lieu pendant l’hivernage. On le sent dès le début du roman avec la pluie de la veille dont
Maman Téné n’était pas au courant.

III. LE CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL DU ROMAN

Sous l’orage est produit dans le contexte de la colonisation qui coïncide avec l’arrivée des
européens et la mise en place de l’école française.
En effet, la civilisation à entrainer des bouleversements socioculturels en Afrique. Ainsi les
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structures sociales, les cultures, les coutumes et la tradition seront sérieusement ébranlées.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le titre du roman qui renvoie à une
conséquence d’un orage qui balaie tout sur son passage.

IV. Structure du Récit

« SOUS L’ORAGE » est une histoire linéaire, dont les cinq séquences narratives sont apparentes. Ainsi il y a :
-la situation initiale : elle est marquée par la paix dans la famille Benfa sauf Maman Téné qui était mépris par le
Maître de la famille et de manière générale entre les vieux et les jeunes.
-Elément perturbateur : on sent la perturbation de la stabilité de la famille Benfa à partir d’abord de l’action
indécente de boubouny en vers le père, puis la zizanie entre Sibiri et Birama à l’annonce du mariage de
Kany à ce dernier. Et enfin, l’instabilité est consommée avec le refus de Kany, l’intéressée elle-même, quand
elle fut informée de sa situation : en un mot par la confirmation du projet de Kany
-les péripéties : elles sont manifestées par le départ de Kany et son complice, Birama, au village du père Djigui. Ils
ont eu à endurer des épreuves et à constater la différence entre la vie qu’ils connaissent et celle de la
campagne.
Toutefois, ils ont énormément admiré le mode de vie traditionnelle.
-Début de solution : on peut relever plusieurs indices qui montrent le début de la résolution. Elle prend racine
aussi bien au village qu’en ville. Ainsi au village, il y a l’intervention de Tièman-le-soigneur auprès de Djigui et
ce dernier auprès de son cadet. Il y a eu aussi celle de Kerfa-le-fou et Maman Coumba auprès de certains
notables de la ville : Aladji, Mamary, Koniba et Siré.
Cependant, on note un rebondissement qui a semblé perturber l’espoir du camp des jeunes.
-Situation finale : la paix renaît dans la famille Benfa après que certains anciens qui ont rencontré Famagan lui
ont fait part que celui-ci décide « de renoncer si le père Benfa y consent ».
Néanmoins, il y avait les signes avant-coureurs tels que le retour de boubouny, la visite de l’oiseau qui annonce
souvent le retour de la paix et la convivialité familiale

V. Résumé de l'œuvre
Sous l’orage évoque deux jeunes (Kany et Samou) qui sont liés par un amour profond et
envisage de marier à la fin de leurs études mais ce projet sera controversé par le père Benfa.
En effet, le père de Kany a déjà choisi Famagan comme futur époux de sa fille mais à vrai dire
Kany n’aime pas ce vieil commerçant. Le mariage de Kany sera donc le prétexte d’un
affrontement entre les tenants d’un monde moderne (les jeunes) et les garants de la vieille
tradition (les vieux). On note dans cet ouvrage la divergence entre deux civilisations
opposées.

VI. Le Thème de la Civilisation

Par le thème de la civilisation l’auteur montre ainsi le contraste entre les principes de vie selon la tradition et
ceux de vie à l’occidental.
En effet le mode de vie traditionnel est caractérisé par le respect des supérieurs, la conformité à la coutume,
la fraternité marquée par l’hospitalité, la coopération. L’éducation traditionnelle est l’affaire des anciens et elle est

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souvent collective. Autrement dit elle est transmise de génération en génération par les anciens à l’occasion
par exemple des cérémonies d’initiation. En revanche pour les jeunes comme pour le maître à penser, l’école
est le lieu par excellence d’éducation. Cependant, ils confondent ainsi l’instruction à l’éducation.
Par ailleurs, le mode de vie à l’occidental est surtout marqué par l’individualisme, l’égoïsme et surtout le goût aux
progrès et aux luxes.
SOUS L’ORAGE : D’une part, le poids du passé, l’autorité de la tradition, le prestige des
anciens ; d’autre part, l’appel des temps nouveaux, l’ouverture et les émois de la jeunesse, la
profondeur millénaire de l’Afrique et les horizons stimulants dévoilés par d’autres formes de
savoir, ce débat est celui des pères et des fils, et tel est l’orage subi par les peuples africains.
Il est très remarquable en ce roman, si juste d’écriture, si mesuré de ton, de voir ce peuple
(ici une famille et un village maliens) sortir de la tourmente sans sacrifices extrêmes : la
parole sage a raison des passions, et le désordre de l’histoire finalement s’épuise à l’ordre de
la vie.

Dans ce livre, c’est l’âme de l’Afrique qui parle. Une âme qui parle avec pudeur. Un juste ton.
Cette justesse de ton, c’est la pudeur même de l’âme de l’Afrique noire, héritage sans doute,
d’une très vieille et très complexe histoire, caractéristique essentielle de sa civilisation.

A travers « Sous l’Orage », Seydou Badian nous plonge au cœur de son Soudan natal (actuel
Mali) qui n’est point une terre vierge de passé. Terre de rencontres, rencontres de races, de
peuples, de religions, elle a hérité d’un passé peu connu, mystérieux, que ses jeunes
intellectuels s’attacheront à révéler patiemment.

Dans ce livre, Seydou Badian joue le rôle de l’interprète de cet instinct qui fait des peuples
noirs, une des plus importantes possibilités d’avenir pour la civilisation du bonheur.

Le père Benfa, face à un dilemme. Ainsi pourrait-on expliquer le contenu du livre. Une
querelle qui oppose la société traditionnelle à celle appelée moderne. Famagan, grand
commerçant, riche et influent veut comme épouse Kany, la fille du père Benfa. Jeune,
intelligente, intellectuelle et soumise aux lois de la tradition.

Un mariage, qui s’annonce difficile du fait de l’amour que Kany et Samou son copain, se
vouent. Ils s’étaient rencontrés au cours d’une Kermesse, organisée au village. Leurs regards
s’étaient croisés une, deux, trois fois. Ils se sont aimés et ne parlaient plus que d’amour et
d’avenir.

Malgré la colère du père Benfa, Kany et Samou n’avaient pas cessé de se voir. Ils avaient
confiance en leur relation et devinrent plus confiants, plus sûrs de leur avenir. Ils jugèrent
cependant sage d’éviter, quand ils étaient ensemble, les lieux où ils pouvaient être vus du
père Benfa ou d’un de ses amis. Ils s’écrivaient souvent quand ils ne pouvaient pas sortir.

Karamoko, Nianson ou même parfois Birama, portaient les lettres. La famille Benfa était
donc divisée à propos de cette affaire ; Birama, Nianson, Karamoko étaient du côté de
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Samou, eux les jeunes de l’ère moderne ; tandis que le père Benfa et Sibiri, l’aîné, ne
pensaient qu’à Famagan.

En réalité, l’harmonie de la famille Benfa n’était qu’apparente et cette affaire Samou permit
de voir au grand jour une division qui avait toujours existé. Bien souvent, à propos d’école,
de vaccination ou d’autre chose, les jeunes n’étaient pas de l’avis des anciens et, s’ils ne
manifestaient pas bruyamment leur désaccord, c’était par égard ou simplement par crainte
de représailles. « Sous l’Orage », un roman, qui met en évidence les différences entre les
anciens et les modernes.

Comme pour dire « nous sommes dans un monde que nous ne connaissons pas. Aujourd’hui,
il n’y a plus rien. Plus de liens entre père et fils. Plus de loyauté entre amis. Plus d’égard
entre jeunes et anciens »

En définitive par ce thème l’auteur révèle l’impact du colonialisme sur la société africaine moderne : c’est
l’acculturation de la jeune génération et montre que la civilisation européenne est une parmi tant d’autres et que
« l’humanité serait, vraiment pauvre si nous devions tous nous transformer en Européens ».
Conclusion

Par cette œuvre Seydou Bodian révèle l’impact de la colonisation sur la société africaine moderne :
l’acculturation de la jeune génération. L’école parait ici comme une sorte de colonisation.
En somme si cette œuvre a été l’occasion pour l’auteur de dresser un réquisitoire contre la domination
européenne ; elle a aussi moyen de remettre en cause certaines pratiques ancestrales consécutives aux
mutations de la société. Seydou Badian fait appel à une reconversion des mentalités prônant ainsi le
brassage culturel longtemps magnifié par Senghor. « Le séjour d’un tronc dans un marigot ne le transforme
jamais en crocodile »

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