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Introduction

A la suite de la colonisation, l’école étrangère a été introduite en Afrique. Les


jeunes africains instruits sont entrés ainsi en contact avec la culture occidentale.
Or les valeurs de cette culture s’opposent sur plusieurs plans à celles des
civilisations africaines. De la rencontre des deux cultures est alors né un conflit, un
choc culturel et civilisationnel qui n’a pas épargné la génération des anciens pour
la plupart conservateurs et celle des jeunes influencés et attirés par l’Occident.
C’est ce phénomène social que Seydou Badian présente à travers son ouvrage
intitulé Sous l’orage.

I/BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE DE L'AUTEUR

Né à Bamako le 10 avril 1928, Seydou Kouyaté BADIAN est de nationalité


malienne. Il fit ses études primaires et secondaires dans sa ville natale, puis
continua celles secondaires à Montpellier en France. Il devint officiellement en
2009 Seydou Badian Noumboïna (le nom d’un village de Macina.

Il est l’auteur, entre autres ouvrages, de Sous l’orage, Les dirigeants africains face
au destin de leur peule, publié en 1964 ; Le sang des masques en 1976, Noces
sacrées en 1977, La saison des pièges en 2007.

II-Qu’est ce qu’un conflit de génération

C’est le terme générique des disputes qui existent inévitablement et constamment


entre une génération ancienne caractérisée par la sagesse et l’obéissance envers
son aine et une génération moderne montrant des caractères révolutionnaires et
des idéologies différentes a l’encontre de leurs anciens .Ainsi chacun pense que sa
position est la meilleure et la seule raisonnable.

III/Les Causes d'un conflit de générations dans la vie

La jeunesse actuelle, on ne peut pas la définir et l’expliquer facilement. En effet,


les tendances d’aujourd’hui, les changements du XXI-e siècle nous conduisent vers
une métamorphose radicale de la jeune génération. C’est notamment trop visible
dans leur comportement, leur éducation, leurs aspirations. Et ce qui caractérise
leur comportement, c’est premièrement leur désir exacerbé de jouir de la liberté.
Dans le même temps, on peut affirmer que cette aspiration à l’indépendance
suscite directement un nombre infini de conflits entre les adultes et les ados.
Même si c’est difficile à comprendre, souvent on peut être témoin d’un conflit
d’opinions, d’idées différentes, des problèmes dans une famille, ce qui par
conséquent donne naissance a beaucoup de disputes entre des classes d’âge
différentes.

Même, s’ils ne veulent pas s’en rendre compte, les jeunes se trouvent dans une
dépendance essentielle des parents sur le plan matériel. Les yeux rêveurs des
jeunes aspirent a une indépendance totale en ce qui concerne l’argent, pourtant
leurs rêves ne correspondent pas à la réalité. Les désirs des jeunes d’aujourd’hui
riment avec un portable de nouveau modèle, un ordinateur, de l’argent de poche-
pour aller aux différents clubs, aux discothèques, etc., et souvent ces désirs
peuvent atteindre le paroxysme dans la dépense d’argent. Aussi, tous les parents
n’ont pas la possibilité d’y faire face totalement. Et c’est ici qu’apparaissent de
telles questions comme : « Pourquoi tout est permis à mon copain et pas à moi ?
» ou « Je veux un portable comme celui de mon ami ». Et de cette manière, si la
situation financière n’est pas si bonne, les conflits dans de telles situations sont
inévitables.

IV/Le Conflit de Générations Dans Sous L'orage

a-La Cause du Conflit Dans Sous l'orage

l'acculturation est la cause du conflit de générations. C'est la perte de la culture.


Dans le roman, c'est le résultat de l'école française.

Les jeunes aspirent à un changement radical. Ils s'inscrivent en porte à faux avec
les traditions, avec l'ordre établi. Ils considèrent les coutûmes comme du passé.

Ils appliquent ce qu'ils ont appris à l'école ce qu'ils lisent dans les livres.

L'acculturation est marquée chez lesjeunes par leur habillement mais aussi et
surtout par leur comportement vis à vis de leurs ascendants. Leur mode de vie
heurte la sensibilité des parents qui voient la coutûme disparaître sous leur yeux,
à travers ces enfants qu'ils ont eux mêmes élevés.
b-Le Conflit de Génération Dans Sous L'orage

La tradition, voilà un thème qui occupe une place importante du livre, et qui rime
avec traditionnalisme et conservatisme. Les anciens ne veulent pas laisser les
valeurs culturelles et traditionnelles disparaître ainsi à caause de ces jeunes qui ne
sont plus reconnaissants, et qui aspirent à d'autres univers et modes de vie. Le
mariage forcé, le respect des aînés et d'autres valeurs traditionnelles sont
défendus par ces "anciens" qui s'accrochent désespérement à ce qui leur reste de
la vie. En face, la modernité incarnée par ces jeunes qui ont été à l'école. Ces
derniers, à travers leur prise de position, se mettent opposition aux valeurs
traditionnelles. C'est en celà Birama affirmant " le monde change et nus devons
vivre avec notre" - Chaque camp essaie alors de défendre ses intérêts. L'école a su
mettre dans la tête de ces jeunes qu'il y a une autre manière de vivre, un monde
scientifique.

Il est bonde remarquer que la nouvelle conception que la nouvelle conception que
Kany a du mariage, lui vient de l'école. C'est là qu'elle a appris que le mariage est
un acte libre et responsable. Et en revendiaquant ce droit de décider et de choisir
par elle même et pour elle - même, elle entendait vivre en conformité avec les
idées qui la "font" désormais. Au même moment, le père Benfa ne se voit pas en
train de bafouer la tradition en laissant sa fille faire ce qu'elle veut. Dans le même
sens, les anciens ne sauraient accepter que leurs propres enfants, leurs hériters
crachent sur l'héritage culturel et le diabolisent à tous point de vue. Elle est
d'ailleurs claire cette maxime énoncée sur fond de reproche pleine d'ironie: "Le
séjour dans l'eau ne transforme pâs un tronc d'arbre en crocodile." (P 56)Le
conflit de génération, conflit aussi culturel, tient au fait que les jeunes inscrits à
l’école occidentale ont comme subi un lavage de cerveau qui ne leur fait voir leur
culture que sous des aspects négatifs. Et quand ils sont en face de cette dernière,
ils ne la perçoivent justement que sous le prisme parfois hautain de l’homme
blanc. Et c’est avec beaucoup de joie que nous lisons cette confession de Samou
qui, après avoir bu à la source occidentale, en est arrivé à la conclusion qu’il est
vraiment un acculturé : « Notre drame, c’est d’avoir été l’enjeu d’une bataille,
d’avoir pris le chemin le plus facile. Nous n’avons pas été élevés dans les valeurs
de notre pays. On nous a éblouis et nous n’avons pas pu résister. Les Européens
ont tout brisé en nous; oui toutes les valeurs qui auraient pu faire de nous les
continuateurs de nos pères et les pionniers d’une Afrique qui sans se renier,
s’assimilerait l’enseignement européen. L’école, avouons-le, nous a orientés vers
le monde européen. Le résultat a été que nous avons voulu transporté l’Europe
dans nos villages, dans nos familles. On e nous a rien dit sur notre monde, sinon
qu’il est arriéré. » (P.156). L’école étrangère a comme semé du désordre dans les
cultures africaines dont les tenants et les garants se disent prêts à tout pour
sauvegarder leur patrimoine culturel. Le choc est violent entre ces deux mondes,
c’est un drame que vivent les jeunes et les vieux, incapables de se comprendre
mutuellement. Les premiers traitent les jeunes de déracinés, de perdus, ces
derniers pensent que les anciens sont des arriérés, des gens non civilisés,
totalement englués dans les ténèbres. Et quand a éclaté cet orage, il répand la
complainte suivante: « Les vieux ont-ils tort d’accepter que leurs enfants, filles et
garçons, aillent tous à l’école du Blanc? » Y répond ce dilemme de La grande
Royale : « Je n’aime pas l’école étrangère. Je la déteste. Mon avis est qu’il faut y
envoyer nos enfants cependant ». Et telle un prophète de malheur, elle conclut :
«L’école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et
conservons avec soin, à juste titre. Peut-être notre souvenir mourra-t-il en eux.
Quand ils nous reviendrons de l’école, il y en est qui ne nous reconnaîtront pas.
Ce que je propose c’est que nous acceptions de mourir en nos enfants et que les
étrangers qui nous ont défaits prennent en eux toute la place que nous aurons
laissée libre ».

V/Porté de l’œuvre

Sous l’orage demeure encore un livre d’actualité. Il suffit simplement de voir les
thèmes abordés pour s’en convaincre : la femme, le mariage, la tradition, la
modernité, le conflit de génération, le conflit de civilisation…

Aujourd’hui encore, il y a des parents qui soumettent leurs enfants au mariage


forcé. Aujourd’hui encore, au nom du respect de la tradition, nombre de femmes
se soumettent et subissent de plein fouet les affres de la polygamie. Aujourd’hui
encore, beaucoup d’intellectuels africains diabolisent leur propre culture et ne
veulent rien avoir de comme avec les anciens qu’ils traitent de sorciers. La rupture
et la continuité se combattent encore de nos jours, et les Birama et Kany des
temps nouveaux essaient de secouer le joug oppressif des « père Benfa » qui
n’entendent pas démordre, ni céder d’un seul pouce. En même temps, deux
conceptions du rôle et de la place de la femme au sein de la société africaine en
mutation s’affrontent, un choix entre deux types de société s’impose. Les
traditionalistes n’entendent pas renoncer à leurs privilèges, à un type de société
qui les avantage singulièrement. Pour eux, la femme constitue un signe de
richesse, un bien matériel dont l’acquisition rehausse la stature sociale de
l’homme. Au sein de la société traditionnelle, on ne lui reconnait que deux
finalités : le service et la procréation.

CONCLUSION

Seydou BADIAN a laissé une œuvre remarquable et mémorable. Il a eu le mérite


de sortir de révéler l’Afrique sous un autre angle différent de celui des luttes et
des revendications où se sont affirmés plusieurs auteurs africains. En choisissant
de parler de l’amour dans un contexte de mariage forcé et de conflit de
générations, il a réussi à faire comprendre que la plus grande liberté à conquérir
est celle culturelle et le pouvoir de pouvoir décider soi-même. Les conflits de
générations, de cultures et de civilisations subsistent toujours et demeurent une
impasse. Mais Olympe Bhêly-Quenum semble trouver la solution avec le
personnage Jean Marc Tingo de son roman L’initié.

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