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THEME
PLAN
Introduction
5. De l’amour à la haine
6. L’autre amour
CONCLUSION
Selon Aïssatou, la polygamie n'est établie que pour satisfaire la bestialité du sexe
masculin. Lisons sa lettre de rupture expédiée à son mari : « Si tu veux procréer sans
aimer, rien que pour assouvir l'orgueil d'une mère déclinante, je te trouve vil. Dès lors,
tu dégringoles de l'échelon (page 90) supérieur de la respectabilité où je t'ai toujours
hissé ». Révoltée comme elle est devenue, elle ne peut pas comprendre comment il est
possible pour un homme d'aimer plus d'une femme à la fois. La polygamie pour elle n'est
en fait qu'un alibi pour l'homme qui cherche à donner libre cours à ses instincts sexuels
et à « légitimer » son infidélité envers sa femme. Lisons comment elle répond à Tamsir :
« Tu oublies que j'ai un cœur, une raison, que je ne suis pas un objet que l'on se passe de
main à main. Tu ignores ce que le mariage signifie pour moi : c'est un acte de foi et
d'amour, un don total de soi à l'être qu'on a choisi et qui vous a choisi. (....) Et tes
femmes, Tamsir ? Ton revenu ne couvre ni leurs besoins ni ceux de tes dizaines
d'enfants... Je ne serai jamais le complément de ta collection ». (Page 94)
La rencontre avec Modou Fall (chapitre 6) et celle de la vie à ses cô tés (chapitre 9)
prouvent qu’entre Ramatoulaye et ce dernier, il s’agissait d’un mariage d’amour, contre
l’avis leurs mères à tous les deux. Relevons quelques exemples qui le certifient : « tu
connais ma sensibilité, l’immense amour que je vouais à Modou » (p.82) « la saveur de la
D’abord on peut croire que pour certains personnages, l’amour se résume à la sexualité.
Là , c’est encore la narratrice qui s’explique : « [...] Tu veux dissocier l’amour tout court et
l’amour physique. Je te rétorque que la communion charnelle ne peut être sans
l’acceptation du cœur, si minime soit-elle. » Mais on voit aussi que la femme est
considérée parfois comme un objet : Binetou a été utilisée par sa mère comme objet
vendu à Modou. Celui-ci réglait tous leurs problèmes financiers. Cela pose le problème
du mariage par intérêt. « Sa mère était une femme qui veut tellement sortir de sa
condition médiocre », dit –elle.
5. De l’amour à la haine
Quand l’amour commence, suivi du mariage, il y a une sorte de contrat d’amour qu’on
pas le droit de briser sans un accord entre les conjoints. D’ailleurs, du point de
Jacqueline, c’est-à -dire de la chrétienne, l’union est pour la vie. Voilà pourquoi elle est
une victime des effets de l’amour. Alors, ce qu’ont fait Modou, Mawdo et Samba Diack est
une trahison. « Et dire que j’ai aimé cet homme, dire que je lui ai consacré trente ans de
ma vie, dire que j’ai porté douze fois son enfant. L’adjonction d’une rivale à ma vie ne lui
a pas suffi. En aimant une autre, il a brû lé son passé moralement et matériellement, il a
osé pareil reniement… et pourtant. Et pourtant que n’a-t-il fait pour que je devienne sa
femme ! » Une autre trahison, si on peut dire, c’est celle que Aïssatou, l’amie de la
narratrice a vécue. Contre la tradition, elle a épousé par amour Mawdo Bâ , mais la mère
de celui-ci lui a imposé comme coépouse la petite Nabou, descendante de princesse,
qu’elle a élevée et, pour ainsi dire « dressée », pour son fils. « Modou mesurait-il à son
exorbitante proposition le vide de sa place, dans cette maison ? Modou me donnait-il des
forces supérieures aux miennes pour épauler mes enfants » (p.78). « Attendre ! Mais
attendre quoi ! je n’étais pas divorcée (…) j’étais abandonnée » (p.79)
Ramatoulaye enrage, étouffée par la jalousie, elle qui partageait jusque là avec Modou
Fall trente années d’union et douze enfants. Par ailleurs, Ramatoulaye est parfois
6. L’autre amour
Est-ce que, en rejetant leur mère, le mari peut-il toujours affirmer qu’il aime vraiment
ses enfants ? La tradition ouolof dit que « celui qui aime la mère affectionne les enfants
de cette dernière ». Modou n’est-il pas en train de se séparer de ses enfants ? Ne les a-t-il
pas abandonnés en délaissant leur mère ? En tout cas cela pose un problème vrai envers
ses enfants qui le rejettent, à commencer par Daba. « Je survivais. Plus je réfléchissais,
plus je savais gré à Modou d’avoir coupé tout contact. J’avais la solution souhaitée par
mes enfants – La rupture – (…) », dit-elle (p.77). Ramatoulaye détourne son amour sur
ses enfants et, par ailleurs sur son travail. Son métier d’enseignante la passionne et elle
le vit comme une mission émancipatrice. Elle fait exprimer ainsi son amour maternel.
Durant leur jeunesse, Modou et Ramatoulaye formaient un couple d’un cô té, et Aïssatou
et Mawdo Fall de l’autre. Mais quand Mawdo prit une seconde femme, sous « ménager »
sa mère comme il le disait, Aïssatou prit le parti de s’en aller, ne pouvant partager tout ce
qu’elle avait réussi à construire jusque – là , elle, la Bijoutière.
Une si longue lettre est un grand roman, très grand qui traite de la société africaine dans
son ensemble, à travers la société sénégalaise, la culture les traditions et les problèmes
familiaux. Je prends le cas de Mawdo Bâ médecin qui épouse sa cousine parce que sa
mère le veut, en ces temps là , la parole paternelle et maternelle pesait plus lourdement
qu'aujourd'hui dans l'orientation des destinées, on se pliait à des exigences familiales
qui allaient parfois à l'encontre de nos désirs et intérêts. Les femmes acceptent la
polygamie quand c'est elles qui viennent s'ajouter dans la masse, mais la première
épouse n'accepte jamais, elle si consente quand elle a beaucoup d'enfants comme c'est le
cas de Ramatoulaye, moi je ne suis pas contre la polygamie si le respect y est. A partir du
moment où Modou Fall a contracté son second mariage, il n’aura d’yeux que pour sa
Bintou et délaissera (première) femme et enfants. Ramatoulaye restera stoïque et
endurante face à l’épreuve, faisant dignement face à l’affront qu’elle subissait.
L’amitié est le soubassement de l’œuvre. En effet sans cette amitié sincère qui lie les
deux personnages et qui ne cesse de se raffermir au fil des années, sans cette amitié non
attachée aux préjugés, le roman n’aurait pas existé. Ramatoulaye, pour se départir de ses
angoisses et de cette tristesse qui la ronge, se confie à son amie Aissatou. C’est ainsi que
dès le début du roman, elle dira : « la confidence noie la douleur ».
L’héroïne, Ramatoulaye est sénégalaise. Elle est en deuil, et selon la tradition elle vit sa
période de réclusion. C’est durant ce temps qu’elle écrit à sa meilleure amie Aïssatou,
Une si longue lettre. L’amitié qui unit ces deux femmes est parfaite, fusionnelle comme
une étreinte qui n’en finit pas de se vivre, de se dire, de s’écrire, de se lire, de se partager,
de s’élancer dans les mots de Ramatoulaye. Cette amitié si bien racontée m’en a restitué
une autre, maintenant déchirée par la mort et les larmes me sont montées aux yeux, si
forte est la lecture quand elle se fait amour. Mon amie, à tout jamais partie : « Si les rêves
meurent en traversant les ans et les réalités, je garde intacts mes souvenirs, sel de ma
mémoire. » Ramatoulaye raconte les couples désunis que furent le sien et celui de son
amie. Un effet miroir de femmes ou presque. L’une a rompu, l’autre s’est laissée portée
et a provoqué la rupture. Toutes deux ont vécu la polygamie sur laquelle l’auteur
poursuit une réflexion passionnante. On est loin du journal de 20 h. Les deux amies ont
dit non, chacune à leur façon. Aïssatou dans la révolte ouverte : « Je me dépouille de ton
amour, de ton nom. Vêtue du seul habit valable de la dignité, je poursuis ma route. Adieu,
», Ramatoulaye a inscrit le NON dans une lourde soumission blessée et de la blessure
coulent liberté et écriture : « Alors que la femme puise dans le cours des ans, la force de
s’attacher, malgré le vieillissement de son compagnon, l’homme, lui, rétrécit de plus en
plus son champ de tendresse. Son œil égoïste regarde par- dessus l’épaule de sa
conjointe. Il compare ce qu’il a eu à ce qu’il n’a plus, ce qu’il a à ce qu’il pourrait avoir. » ...
« Je pleurerai tous les jours » Mais Ramatoulaye n’est pas que pleurs et souffrances
d’amour. Elle avance dans un pays nouveau. Elle parle d’égal à égal avec les hommes : «
Presque vingt ans d’indépendance ! A quand la première femme ministre associée aux
décisions qui orientent le devenir de notre pays ? Et cependant...La femme a hissé plus
d’un homme au pouvoir. »
CONCLUSION
Elle désigne celle qui se manifeste à travers les sentiments .ainsi, dans une si longue lettre
cette forme d’amour n’aide pas et ce qui a poussé même Aissatou a adressé une lettre à
Maoda Ba en essayant de le rappeler les acceptes de l’amour. L’amitié qui liait Ramatoulaye
et Aissatou nous montre à quel point que ce lien était au dessus même celle parentale.