Manon Lescaut : personnage en marge, plaisirs du romanesque

Lecture Linéaire 4 – 4/20

Boule de Suif – Guy de Maupassant

 Guy de Maupassant est un écrivain et journaliste français du XIXe siècle né en 1850 et
mort en 1893. Il est surtout connu pour être le plus grand auteur français de nouvelles inspiré par
Flaubert.
 Guy de Maupassant, dans sa nouvelle parue en 1880, « Boule de Suif », confine une
dizaine de personnages très contrastés, le tout sur fond de guerre franco-prussienne.
 Dans le passage que nous allons étudier, BS sort son panier de nourriture de dessous de sa
banquette et après que les passagers aient radoucis leur comportement envers elle, elle accepte
volontiers de partager sa nourriture. Il confronte ainsi des individus d’origine sociale et politique très
divers à sa héroïne éponyme, insistant sur sa fraicheur et sa générosité de ses formes.
(Lecture)
Pb : comment la description de ce repas en diligence fournit à Maupassant l’occasion d’écrire
une scène révélatrice des comportements et de l’hypocrisie des protagonistes : un fort contraste.
Nous pouvons distinguer 3 mouvements
- Boule de Suif et son panier sont le centre d’intérêt
- L’intérêt subit par la nécessité de combler une faim féroce
- Boule de Suif perçue comme la tentatrice, un être généreux

 1e mvt : Boule de Suif et son panier sont le centre d’intérêt

- Le narrateur commence le passage par donner des indications réalistes sur le cadre spatio-temporel
« trois heures » « milieu d’une plaine ».
- La précision négative « sans un seul village en vue » montre la préoccupation des voyageurs : ils
ont faim, notamment l’emploie de la « vue » marque leur volonté de trouver un village pour se
ravitailler.
- Mais l'adverbe « enfin » qui marque un tournement dans l'intrigue et l'adjectif « interminable »
s’oppose, laissant deviner l'état d'esprit des passagers. Mais ce dernier s’oppose aussi à l'adverbe «
vivement » dont le geste de l'héroïne rompt la monotonie du voyage.
- La phrase se conclue par l'apparition de panier qui était caché « sous la banquette » montrant qu'il
tient une importance particulière. Puisque le panier est « couvert d'une serviette blanche » « qualifié
de large », on devine ce qu'il contient, il promet la présence de la nourriture.
- Au début, on ne voit que la vaisselle « assiette » « timbale » « terrine », et lorsque BS commence
son repas les étapes devient plus détaillées par le passé simple « elle prit.... Se mit ». Les autres
passagers semble mécontentés de ce qui sort du panier, ils tentent de voire le reste.
- La vaisselle utilisée suggère le raffinement par les adjectifs qualitatifs « fine » « petites » et les
groupes prépositionnels « de faïence » « en argent ».
- Par plusieurs procédés, la nourriture y est abondante tel que : le pluriel « autres bonnes choses » «
les paquets », des adjectifs qualificatifs « vaste » faisant écho à « large panier » et même par des
adjectifs numéros cardinaux « deux poulets » « quatre goulots de bouteilles ».
 On voit que l'héroïne a choisi sa nourriture avec soin et le contenu évoque la prévoyance de
BS par rapport aux autres, ce qui pousse Boule de Suif d’être le centre d’intérêt de cette scène, non
pas en tant qu’individu mais parce qu’elle possède des aliments, ce que les autres n’ont pas.
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 2e mvt : L’intérêt subit par la nécessité de combler une faim féroce

- Le narrateur commence le nouveau passage par un jeu de mots dans la première phrase avec le mot
« Loiseau » et « poulet ». Et Loiseau fait une plaisanterie de mauvais goût en faisant un jeu de mots
avec la diction « à la guerre comme à la guerre ».
- Par le vocabulaire familier « à la bonne heure » « ma foi », ainsi que la litote « je ne refuse pas » ce
Loiseau est présenté comme un être rustre, sans manière, un vraie Normand plain de jovialité et de
mauvaise foi.
- Le caractère des deux personnages fait un contraste : d’un côté, on a un homme sans scrupule qui
tente une flatterie qui devait lui faire honte, de l’autre on a une femme polit et généreuse marquant
son empathie « c’est dur de jeuner depuis ce matin ».
- Il s’adresse en parlant aux autres voyageurs d’elle à la troisième personne de singulier « madame a
plus de précaution que nous », mais lorsqu’elle lui donne de la nourriture, il recours au discours
direct « n’est-ce pas madame ? » ce qui montre qu’elle devient une personne parmi eux selon leurs
intérêts.
- Mais la politesse de Boule de Suif et langage soutenu « si vous en désirez, monsieur » témoignent
de ses bonnes manières tout comme la mention « d’une voix humble et douce » et du « sourire
aimable ».
- Les détails sur le journal et sur le couteau « toujours loge dans sa poche » poursuivent le portrait de
Loiseau. Son désir de manger, comme au début du texte, reprend à nouveau. Le narrateur décrit les
étapes de la dégustation en détails « il leva » « la plaça » « puis la macha » donnant un effet de
dégoût et de désespérance par les autres passagers.
- L’animalité transparaît également dans la façon dont il mange « dépeça sa cuisse de poulet »
comme s’il était un animal carnivore, un loup.
 On note donc une évolution dans les rapports entre les personnages. Elle dont l’on détournait
le regard et que l’on ignorait semble envahir la diligence de sa présence par le biais de son panier. Or
BS ne propose pas spontanément sa nourriture aux restes.

 3e mvt : Boule de Suif perçue comme la tentatrice, un être généreux

- La générosité de l’héroïne s’étend progressivement sur toute la diligence comme l’exprime le
champ lexical de la générosité « partager » « les offres de sa voisine » « offrir », le passé simple «
acceptèrent » et la négation affirmative « Cornudet ne refusa pas non plus ».
- On repère également la gradation hyperbolique « les bouches s’ouvraient et se fermaient sans
cesse avalaient, mastiquaient, engloutissaient » qui suggère une frénésie et qui semble signifier que
les personnages sont réduits à n’être plus que des mâchoires avides.
- L’énumération de leurs actions mécaniques les déshumanise. Et par cette animalisation précédant
des voyageurs, un contraste est fait avec BS qui mange « délicatement ».

Cette scène révèle les instincts de chacun, montre une BS fidèle à sa générosité naturelle et à ses
bonnes manières, qui contraste avec l’hypocrisie et l’animalité des personnages sensément
supérieurs. Elle est donc l’occasion de révéler les comportements humains et les préjugés sociaux et
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moraux des personnages et de souligner, après la générosité de ses formes, la générosité de cœur du
BS.
On pourrait penser à Le Hussard sur le toit de Jean Giono. Un récit qui se déroulent pendant une
période troublée de l'histoire et met en scène des personnages aux origines sociales diverses qui se
retrouvent confrontés à des situations de crise. Elle explore la nature humaine à travers les dilemmes
moraux et les choix difficiles que doivent affronter les protagonistes.