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Pendant qu’il disait cela, le Moine entra d’un air décidé et leur demanda :
− D’où êtes-vous, vous autres pauvres hères ?
− De saint-Genou, répondirent-ils.
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INTRODUCTION
Gargantua est un roman de François Rabelais publié en 1534-1535. Ce
chef-d’œuvre littéraire s’inscrit pleinement dans le mouvement humaniste. Il
connait un vif succès auprès des contemporains du début du XVIème siècle.
Ces derniers, en effet, pour leur plus grand plaisir, décèlent sous le voile
de l’histoire comique, des sujets de réflexion sérieux, des sujets souvent brûlant
de l’actualité d’une Renaissance quelque peu tourmentée.
PROBLÉMATIQUE.
MOUVEMENTS DU TEXTE.
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ANALYSE LINÉAIRE.
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- Frère Jean montre qu’ils pratiquent l’épicurisme, un
art de vivre en totale contradiction avec les
principes d’austérité prescrits par l’Église.
o « Comment se porte l’abbé, le bon buveur ? »
l’apposition « bon buveur, qui qualifie le
moine, montre que l’homme d’Église se
caractérise par son alcoolisme et non par son
dévouement auprès de ses fidèles.
o Les moines passent leur temps à manger : la
question minimaliste « Les moines que
mange-t-ils ? » montre qu’ils sont réduits à
l’activité de manger alors que leur principale
activité doit être de prier. Frère gens pointe
aussi du doigt le péché de gourmandise
duquel les moines doivent normalement se
détourner.
➢ « Par le cordieu, ils biscotent vos femmes pendant que vous êtes en
pèlerinage ! »
• Cette déclaration constitue la thèse de FJ : il doit montrer aux
pèlerins que les moines sont des débauchés et que rien n’arrête
leur frénésie. D’où l’emploi du présent à valeur de vérité générale.
• La conjonction de subordination ‘’pendant que’’ souligne
clairement le lien de concomitance : pèlerins en pèlerinage =
moines qui violent les femmes !
• Frère Jean semble s’offusquer de la grande naïveté des pèlerins,
comme en témoigne l’emploi de la phrase exclamative. + emploi du
juron « par le cordieu » qui traduit l’exaspération.
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➢ Lasdaller réfute la théorie de FJ en montrant que la grande laideur d’une
femme peut constituer un frein à la frénésie des moines : « je n’ai pas
peur de la mienne. Car celui qui la verra en plein jour ne risquera pas de
se rompre le cou en allant lui rendre visite la nuit » L’argument de la
laideur introduit par le lien de causalité « car » prête à sourire : Lasdaller
semble pratiquer l’autodérision : lui-même semble ne pas être attiré par
sa femme !
• Il commence par affirmer que le pèlerin est dans l’erreur. Pour cela
il emploi l’expression significative « C’est bien rentré de piques ! »
qui veut dire « Vous êtes hors de propos »
• Il reprend l’argument de la laideur féminine, qui donnait à
Lasdaller l’assurance que sa femme ne pouvait pas être convoitée,
pour le renverser. Pour cela, il fait un parallèle la reine de Enfers qui
suscite l’effroi dans l’esprits des pèlerins. « Elle pourrait être aussi
laide que Proserpine » puis il affirme avec fermeté que cette raison
n’est pas suffisante pour freiner les ardeurs des moines :
- « elle aurait de toute façon la saccade puisqu’il y a
des moines dans les environs ». L’expression « de
toute façon » met en évidence le caractère
inévitable de l’action redoutée. La conjonction de
subordination exprimant la cause jette clairement la
faute sur les moines « puisqu’il y a des moines dans
les environs »
- Il utilise aussi une maxime pour prouver que la
laideur d’une femme n’empêche pas un moine de
s’en servir pour assouvir ses pulsions sexuelles :
« Car un bon ouvrier met indifféremment toutes ses
pièces à l’œuvre » La conjonction de coordination
‘’car’’ témoigne d’un souci de convaincre. La
maxime, servant de preuve, prête à sourire car elle
compare les moines concupiscents à de ‘’bons
ouvriers’’ et les femmes qu’ils convoitent à des
outils permettant de mener à bien leur travail. Le
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lecteur peut rire aisément du souci du travail bien
fait de ces moines !
- Pour donner de la crédibilité à ses arguments, il
lance un pari qui engage son intégrité physique
« Que j’attrape la vérole si vous ne les trouvez pas
engrossées à votre retour » La vérole est une M.S.T :
Frère Jean n’est pas plus chaste que ces moines dont
il fait la satire. Ce pari risqué prête à sourire !
- Il conclut par une nouvelle maxime qui prête à
sourire « Même l’ombre du clocher est source de
fécondité » Cette conclusion parachève le caractère
blasphématoire des propos de Frère Jean. Le
clocher qui représente par synecdoque un lieu de
culte est associé à la fécondité + (Clocher = symbole
phalique ?)
II. Le ton de ce passage se fait plus sérieux grâce aux propos de Grandgousier
et de Gargantua qui apparaissent comme des princes modèles.
A. Le discours de Grandgousier est digne de celui d’un bon prince
bienveillant et éclairant.
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❖ Le premier conseil : « Allez-vous-en pauvres gens, au nom de Dieu ! le
créateur. Qu’il soit pour vous un guide perpétuel. Dorénavant, ne cédez plus
à ces voyages inutiles et oisifs »
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B. Les pèlerins considèrent Grandgousier comme un bon prince.
a) Le passage de récit rend compte d’une attitude
contemplative
Les soupirs sont les signes extérieurs qui permettent d’exprimer l’admiration
b) Les propos des pèlerins sont révélateurs :
« Oh qu’il est heureux le pays qui a pour seigneur un tel homme ! »
❖ L’interjection « Oh » et l’emploi de la phrase exclamative montre que les
pèlerins ont une révélation : ils viennent de découvrir un homme incarnant
la figure du bon prince.
❖ Le bon prince assure le bonheur de ses sujets. Les pèlerins empruntent la
formule de Saint Matthieu dans Les Béatitudes « Heureux qui » et la modifie
pour lui donner une dimension politique.
« Nous voici plus édifiés et instruits par les propos qu’il a tenus que par tous les
sermons qui furent jamais prêchés dans notre ville »
Le superlatif de supériorité rend compte à la fois de l’efficacité du discours du
bon prince, et de l’échec de ceux des hommes d’Église. Les deux adjectifs
« édifiés » et « instruits » montrent que le discours du bon prince est éclairant
et rend ainsi meilleur. Le lecteur peut voir en Grandgousier un modèle auquel
les humanistes sont attachés, un modèle que les philosophe du 18 ème siècle
appelleront plus tard ‘’le despote éclairé’ c’est-à-dire un monarque entièrement
dévoué à ses sujets, à la fois guide spirituel et politique.
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• Pour s’assurer que les pèlerins puissent rentrer chez eux dans de
bonnes conditions, Gargantua leur fait différents dons. De la
nourriture pour éviter la faim (Vin pas nécessaire pour voyager mais
ce don est dans l’esprit épicurien) un cheval pour éviter la fatigue,
de l’argent pour leur retour afin de bien reprendre une nouvelle vie.
La répétition des conjonctions ‘’et’’ souligne la générosité de
Gargantua.
CONCLUSION
Cet extrait illustre le double objectif de Rabelais faire rire le lecteur et l’éclairer
sur les sujets sérieux : hypocrisie de certains hommes d’Église, figure du bon
prince.
Même objectif que Voltaire dans ses contes philosophiques : L’Ingénu : Discours
risible du Père Tout-à-tout (Un jésuite) qui tend à convaincre Melle se Saint-Yves
de devenir la maitresse de Monsieur de Saint-Pouange pour faire libérer son
fiancé de prison. La figure du bon Prince, évoquée dans Gargantua, aurait pu
séduire Voltaire. Grandgousier et Gargantua = despotes éclairés, comme
Frédéric de Prusse, modèle pour Voltaire.
GRAMMAIRE
Surlignés dans le texte, des passages qui donnent lieu à des questions sur :
- La proposition subordonnée conjonctive employée
en complément circonstanciel.
- La négation.
- L’interrogation.
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1. Négation grammaticale/syntaxique.
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- La restauration proposée par Gargantua n’empêche
pas les pèlerins de soupirer et de penser à des choses
sérieuses.
Remarque : pour éviter l’emploi du subjonctif on peut remplacer ‘’bien que’’ par ‘’alors
que’’, à condition de conserver le sens de la phrase.…
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