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Se raconter, se représenter
UNITÉ 3
Lire un récit d’adolescence : L’Ami retrouvé de Fred Uhlman (2)
Durée approximative : 11 h 30
Cette unité 3 prolonge la précédente et s’inscrit donc elle aussi dans le thème du cycle 4 : SE CHERCHER, SE
CONSTRUIRE, thème toujours abordé sous l’aspect : Se raconter, se représenter.
Dans l'unité 2, tu as vu que, malgré leurs différences, Hans et Conrad entretiennent une amitié forte et sincère. Tu as lu
la suite du roman jusqu’au chapitre 14. Tu sais donc que ces deux garçons passent beaucoup de temps ensemble et que
rien ne semble devoir les séparer. Ils vont ainsi régulièrement l’un chez l'autre. Cependant Hans souffre de n’avoir jamais
rencontré les parents de son ami. Curieusement, ils sont toujours absents lorsqu'il est invité à entrer dans la magnifique
demeure. Aussi, le jeune homme se pose-t‑il de plus en plus de questions. Que lui cache son meilleur ami ?
Dans cette nouvelle unité, tu vas découvrir avec Hans le secret de Conrad. L’amitié entre les deux garçons survivra-t‑elle à
cette découverte ?
SÉANCE 1
Désillusion 52
SÉANCE 2
Un climat tendu 56
SÉANCE 3
Rencontrer l’auteur 64
SÉANCE 5
Je m’évalue 73
SÉANCE 1
Désillusion
Durée : 2 heures
Dans l’extrait étudié durant cette séance, Hans voit les parents de Conrad pour la première fois, lors d’une soirée à l’opé-
ra. Tu découvriras au cours de ta lecture qu’il avait raison de s’interroger quant à l’attitude mystérieuse de son meilleur
ami. En effet, un évènement important aura lieu, qui marquera le début de la désillusion du jeune garçon. Cette séance te
permettra également de revoir les phrases complexes comportant des propositions subordonnées.
Ouvre une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de l'unité en rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les.
Notes :
B. La désillusion
1. Relève l’expression que le narrateur emploie pour décrire Conrad à son arrivée à l’Opéra. Pourquoi le jeune
homme semble-t‑il différent ?
JE RETIENS
La périphrase*
On utilise une périphrase* lorsqu’on remplace un mot par un groupe de mots de même sens pour mettre en
valeur un aspect particulier d’un être ou d’une chose.
Ex : Je reconnus mon ami, un étrange et élégant jeune homme en smoking (l. 8-9)
JE RETIENS
Les conjonctions de subordination
Les conjonctions de subordination introduisent les propositions subordonnées conjonctives. Elles sont inva-
riables et n’ont pas de fonction dans la subordonnée ; elles servent à marquer la dépendance de la subordonnée
à la principale.
Les conjonctions de subordination qui sont composées de plusieurs mots sont appelées des locutions conjonc-
tives. Ex : après que, même si…
La conjonction QUE
C’est la plus fréquente.
Quand elle est employée seule, elle introduit le plus souvent une proposition subordonnée complétive qui
complète un verbe.
Ex : Il sait que Conrad entend la dispute.
Subordonnée complétive COD
2. Dans les phrases suivantes, entoure la conjonction de subordination et mets la proposition subordonnée
conjonctive entre crochets :
1) Hans croit véritablement que Conrad n’a pas voulu l’humilier.
2) Les deux amis se promettent que cet incident ne se reproduira pas.
3) Hans exige de Conrad qu’il lui dise la vérité.
4) Les garçons constatent qu’ils partagent le goût de la poésie.
5) Conrad se dit qu’il pourra échanger des pièces de monnaie avec son ami.
3. Transforme les deux phrases suivantes en une seule phrase complexe. Utilise pour ce faire une conjonction ou
une locution conjonctive exprimant la valeur circonstancielle entre parenthèses. Attention, tu devras peut-être
faire des modifications pour que ta phrase soit correcte (concernant les verbes notamment).
1) Il est parti. Sa famille est inquiète. (temps)
2) Il a eu une adolescence difficile. Il a bien réussi. (opposition)
3) Il travaille beaucoup. Il a une petite chance d’y parvenir. (hypothèse)
4) Il n’arrête pas de réviser son cours. Ses parents voient qu’il veut avoir son brevet. (but)
5) Ils se disputaient. Conrad était assis. (temps)
Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés avant de relire l’extrait pour répondre aux questions suivantes :
E. La disgrâce
1. a) Au début de l’entracte, des lignes 27 à 31, quel type de phrase est employé ?
b) Quel est, à ce moment-là, l’état d’esprit de Hans ?
2. À ce moment-là de l’extrait, quel est le sentiment ressenti par Hans ? Quelle figure de style est ici employée
pour renforcer ce sentiment ?
3. À la ligne 32, quel terme très fort le narrateur choisit-il d’employer pour faire référence à l’épreuve qu’il doit
endurer ? Explique-le.
4. En quoi cet événement éclaire-t‑il la première phrase de l’extrait ? Explique ta réponse.
Compare tes réponses avec celles de ton livret de corrigés avant de continuer.
SÉANCE 2
Un climat tendu
Durée : 2 heures
Dans cette nouvelle séance, tu découvriras les difficultés que doit surmonter au quotidien Hans. L’école est pour lui main-
tenant le lieu de brimades et de menaces et son amitié avec Conrad se délite encore. Cette séance te permettra aussi de
travailler les propositions subordonnées circonstancielles de condition et le subjonctif.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.
C’est dans un contexte politique agité qu’évolue l’amitié de Hans et Conrad mais les violences n’atteignent pas les deux
amis qui considèrent ces évènements comme des « incidents mineurs ». Pour la première fois, Hans va être directement
confronté à l’antisémitisme (haine et rejet des Juifs) . Son ami l’aidera-t‑il dans cette épreuve ?
— Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
— Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
A. À l’épreuve de l’antisémitisme
1. Pour quelle raison une dispute éclate-t‑elle entre Hans et ses camarades ?
2. « Une trop grande quantité de poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée » (l. 17-18). De quel poison
s’agit-il ?
JE SAIS DÉJÀ
L’impératif présent
L’impératif présent n’a pas de sujet exprimé et ne comporte que trois personnes : 2e du singulier, 1re et 2e du pluriel.
Les terminaisons des verbes du 1er groupe : -e, -ons, -ez
Exemple : mange, mangeons, mangez.
Attention : certains verbes du 3e groupe se conjuguent sur le même modèle.
Exemples : cueille, cueillons, cueillez / souffre, souffrons, souffrez…
Les terminaisons des autres verbes : -s, -ons, -ez
Exemple : finis, finissons, finissez.
Cas particuliers : on ajoute un -s aux verbes qui se terminent par un -e (ou un -a) lorsqu'ils sont suivis du pronom
« en » ou « y ».
Exemple : Mange. Manges-en donc ! Va... Allez, vas-y !
3. « Les juifs ont ruiné l’Allemagne. Citoyens, réveillez-vous » (l. 24)
a) Quels sont le temps et le mode du verbe souligné ? Quelle est la valeur de ce mode ?
b) Explique le sens de ce slogan à la lumière de tes réponses précédentes.
c) Transpose le verbe souligné à la troisième personne en commençant la phrase par : Que le citoyen… Quel
mode as-tu employé ?
d) Des lignes 32 à 34, trouve le verbe conjugué au subjonctif plus-que-parfait. Quelle est sa valeur ?
MÉTHODOLOGIE
Comment analyser une proposition ?
Une phrase peut comporter une ou plusieurs propositions. Une proposition est un groupe de mots organisés autour
d’un verbe conjugué. La phrase contient donc autant de propositions que de verbes conjugués.
Ex : Il faut que Hans se défende. deux verbes conjugués, deux propositions.
V1 V2
La proposition principale et la proposition indépendante n’ont pas de fonction, on ne connaît donc que leur nature.
Une proposition subordonnée peut être analysée sur le plan de sa nature et de sa fonction.
à [Il faut] : proposition principale
à [que Hans se défende.] : proposition subordonnée conjonctive, sujet réel du verbe impersonnel de la principale
« falloir ».
JE RETIENS
Les propositions subordonnées circonstancielles de condition
Dans le système hypothétique, les faits exprimés par la principale et la subordonnée sont liés : pour que le fait
exprimé dans la principale se réalise, il faut que la condition exprimée dans la subordonnée se réalise.
Ex : Si tu ôtes le papier, je te casse la figure.
Le plus souvent, la subordonnée est introduite par si et est au mode indicatif.
Le temps de la subordonnée introduite par si peut varier selon que la condition est envisagée comme réali-
sable, irréalisable ou non réalisée.
à Si + présent de l’indicatif : condition considérée comme réalisable.
Ex. : Si tu ôtes le papier, je te casse la figure.
à Si + imparfait de l’indicatif : condition considérée comme irréalisable ou réalisable dans l’avenir.
Ex. : Si Conrad était courageux, il interviendrait.
à Si + plus-que-parfait : condition non réalisée dans le passé
Ex : Si Conrad avait été courageux, il serait intervenu.
Mais la subordonnée peut aussi être introduite par une locution conjonctive : son verbe est alors soit au condi-
tionnel soit au subjonctif.
Ex. : - Au cas où Conrad serait courageux, il défendrait son ami.
Conditionnel
- Pour peu qu’il soit courageux, il défendrait Hans.
Subjonctif
D. Expression écrite
Imagine que le professeur intervienne différemment : il sermonne les garçons et prend la défense de Hans. Tu utili-
seras des verbes au subjonctif pour exprimer l’ordre, l’interdiction, la volonté ou encore l’indignation.
Après avoir terminé ton travail, lis dans ton livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
SÉANCE 3
Histoire des arts : la propagande nazie
Durée : 1 h 30
Dans cette séance, tu étudieras des affiches de propagande nazie afin de mieux comprendre l’Allemagne dans laquelle se
déroule l’histoire de L’Ami retrouvé.
Lors de l’épreuve d’Histoire des arts, tu pourras être interrogé(e) sur des œuvres aux supports variés. Tu dois être
capable d'identifier la nature de celles-ci. Voici un petit lexique des arts, il te donnera une petite idée de ce qui
t’attend. Tu peux être par exemple interrogé(e) sur :
— Une affiche publicitaire : elle associe le plus souvent du texte et de l’image. Elle est destinée à vanter un produit
ou à inciter à adhérer à une cause (comme dans une affiche de propagande).
— Une œuvre architecturale : construction d’édifices (cathédrale, châteaux…) et agencement de jardins (jardins à la
française de Versailles conçus par Le Nôtre).
— La bande dessinée : tu peux te référer à la séance 3 de l'unité 2 pour réviser le vocabulaire de cet art.
— Le cinéma : un extrait de film, une bande-annonce…
— La peinture, la photographie, la sculpture…
— La musique (chanson, opéra, comédie musicale…)
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.
Il existe des techniques pour analyser une image. Voici quelques exemples d’éléments que tu peux commenter
pour arriver à une interprétation de l’œuvre.
— La composition : lignes qui structurent l’espace (diagonales, horizontales, circulaires…) et qui guident la
direction du regard.
— Les plans : ils organisent les éléments dans l’espace (premier plan, second plan, arrière-plan). Ils créent
des effets de profondeur et de perspectives.
— L’angle de vue : il désigne l’endroit d’où est vue la scène. Il faut faire la différence entre la vue de face (même
niveau que le sujet regardé), en plongée (vue d’en haut, le spectateur domine la scène) et en contre-plongée
(vue d’en bas, le spectateur est dominé).
— Les couleurs : distinguer les couleurs chaudes (orange, rouge, jaune…) et les couleurs froides (bleu, gris,
vert…).
— La lumière : qui permet de mettre en valeur un élément de l’œuvre.
— Le cadrage : c’est un peu le zoom au cinéma. On peut avoir une vue d’ensemble (panorama d’un lieu), un plan
général (personnage vu en entier), le plan américain (personnage vu jusqu’à mi-cuisse), le plan rapproché
(buste du personnage), le gros plan (visage du personnage) et le très gros plan (détail sur le personnage).
7. À ton avis, quels sentiments traduisent le visage et la position des mains du personnage principal ?
8. Selon toi, quelles peuvent être les émotions ressenties par les personnes qui à l’époque regardent l’affiche ?
9. En utilisant toutes tes réponses précédentes, explique le titre de l’affiche.
Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés. Maintenant, lis et mémorise le « Je retiens » suivant.
JE RETIENS
L’affiche de propagande
On appelle propagande une stratégie de communication, qui tend à inculquer à grande vitesse des idées à une
vaste population. L’affiche de propagande est toujours liée à un contexte historique précis. Elle utilise des pro-
cédés qui accrochent le regard : une composition, des lignes de force bien marquées. Le message peut s’appuyer
sur des symboles, comme ici la croix gammée, la croix de fer ou des slogans efficaces. Placardée sur les murs,
l’affiche est un support publicitaire de premier ordre mais aussi un excellent moyen de mener une campagne
politique.
JE RETIENS
Le culte de la personnalité dans les régimes totalitaires
Les totalitarismes sont des systèmes où un homme, ou un parti, imposent une idéologie officielle par des
moyens répressifs et une très forte propagande. Le peuple est recadré dans tous les domaines : politiques, so-
ciaux, culturels, familiaux, intellectuels et spirituels. Il doit vouer un véritable culte à la personnalité du leader.
C. Forger la jeunesse
Le parti nazi fondait ses espoirs sur la jeunesse hitlérienne. En effet, un des objectifs des nazis était d’embriga-
der les plus jeunes dans l’antisémitisme et dans la xénophobie en les conditionnant aux modes de pensée nazis
par l’intermédiaire des écoles et de l’organisation appelée « Jeunesse hitlérienne ». C’est ce que nous montre
cette affiche sur laquelle nous voyons le portrait d’Hitler, ainsi qu’un enfant regardant dans la même direction
que lui.
La propagande nazie a beaucoup utilisé les affiches pour servir son idéologie mais il y avait aussi d’autres
moyens : la sculpture, la littérature, la musique et le cinéma par exemple.
Tu peux visionner les premières minutes du film Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl, réalisé en 1935
pour comprendre cela. Le réalisateur utilise le langage cinématographique pour glorifier et mythifier le régime
et Hitler. La séquence d’ouverture fait d’Hitler un dieu descendu des cieux pour sauver le peuple allemand.
Si le sujet t’intéresse, tu peux également faire des recherches sur la dictature Nord-Coréenne. Les affiches de
propagande y sont encore d’actualité, elles glorifient le pays et ses dirigeants.
SÉANCE 4
Rencontrer l’auteur
Durée : 1 h 30
Cette séance va te permettre de faire la connaissance de l’auteur, Fred Uhlman. Cet homme a eu un parcours atypique -
c’est‑à-dire hors du commun - et tu découvriras au fil des séances qu’il s’est inspiré des événements politiques qui ont
marqué sa vie pour raconter l’histoire de L’Ami retrouvé.
Prends une nouvelle page. Note le titre de l'unité en rouge.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Nous te proposons de rencontrer Fred Ulhman par le biais d’une interview imaginaire : lis-la bien avant de répondre aux
questions.
Interview imaginaire de Fred Ulhman
Fred Ulhman, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis né le 19 janvier 1901 à Stuttgart en Allemagne. Ma famille,
juive mais peu pratiquante, était installée depuis deux siècles dans ce
pays. J’ai fait mes études dans un prestigieux lycée de ma ville natale,
puis j’ai effectué des études de droit à l’université pour devenir avocat.
Très vite, je me suis engagé en politique et ai adhéré au Parti social-
démocrate, adversaire du Parti nazi. Mais après la victoire d’Hitler aux
élections législatives de 1932, j’ai échappé de peu à la déportation et ai
fui l’Allemagne.
Dans quel pays vous êtes-vous réfugié ?
Je me suis exilé dès 1933 en France. Je me suis installé à Paris et
j’ai fréquenté les milieux artistiques et en particulier le monde de la
peinture. Je me suis moi-même mis à peindre et ai connu un certain
succès.
C’est votre portrait ici ?
1. Fred Ulhman nous a raconté brièvement sa vie et celle de ses parents, mais as-tu bien lu ? Pour vérifier ta com-
préhension, entoure dans la grille ci-après les mots correspondant aux définitions proposées.
Horizontalement
a- Camp où devait être emmenée la sœur de Fred Ulhman
b- Comme Hans, Fred Ulhman est : _ _ _ _ .
c- Prénom de l’auteur
d- Pays d’Europe où il a vécu adulte
JE RETIENS
Les caractéristiques de l’écriture autobiographique
L’autobiographie*
Le mot « autobiographie » est formé de plusieurs éléments provenant du grec ancien que l’on peut décomposer
ainsi :
— Auto (du grec au\tov, « soi-même »)
— bio (du grec bi/ov, « vie »)
— graphie (du grec grafei=n, « écrire »)
Il s’agit donc d’écrire soi-même sa propre vie.
L’auteur écrit le plus souvent à la première personne du singulier et affirme qu’il s’efforcera d’être sincère. Il
passe avec son lecteur un pacte de confiance que l’on peut aussi appeler un pacte autobiographique.
L’auteur, le narrateur et le personnage sont donc une seule et même personne.
Le roman autobiographique*
Un écrivain peut faire le choix de raconter sa vie derrière un double, un personnage fictif. C’est le cas dans L’Ami
retrouvé : Fred Ulhman choisit de raconter une partie de sa vie en se dissimulant derrière le personnage de Hans.
Il ne faut pas confondre ces récits avec une biographie* qui est l’écriture de la vie d’une autre personne que soi.
Si tu as envie de connaître davantage la vie de Fred Ulhman, nous te conseillons de lire son autobiographie Il
fait beau à Paris aujourd’hui. Il y raconte notamment son départ précipité de son pays natal. En voici quelques
lignes :
« Le 23 mars, Pazaurek me téléphona. Il avait vu Dill, un juge avec lequel j’avais toujours été en bons termes et
qui, je fus choqué de le découvrir, se révéla être un vieux membre du parti nazi. Dill lui avait dit : « Si vous voyez
Uhlmännle (le petit Uhlman), dites-lui qu’il fait beau à Paris aujourd’hui. Dites-lui bien aujourd’hui ».
J’avais compris. Je rassemblai quelques vêtements, pris un peu d’argent et, sans pouvoir même dire au revoir
à mes parents, sautai dans ma voiture et partis.
C’est ainsi que je quittai ma patrie, la ville où j’avais passé trente-deux ans de ma vie… »
— Fred Uhlman, Il fait beau à Paris aujourd’hui, Éditions Stock, 2001, p.194.
SÉANCE 5
Écrire une lettre
Durée : 1 h 30
L’objectif de cette séance est de réviser les codes de la lettre et de travailler l’argumentation.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.
L’amitié entre les deux garçons est de plus en plus difficile à cause du contexte politique en Allemagne. Ils s’éloignent
progressivement et Hans, suite à la décision de ses parents, va quitter son pays pour se réfugier aux Etats-Unis. Au cha-
pitre 17, comme tu l’as déjà lu par toi-même, Conrad lui écrit une lettre avant son départ.
Notes :
1. « amertume » (l.5) : rancoeur, déception.
2. « matérialisme » (l.9) : attitude qui consiste à s’attacher à la jouissance de biens matériels.
3.
« bolchevisme » (l.9) : communisme russe. Les nazis détestent les communistes qui sont pour eux respon-
sables, comme les Juifs, des malheurs de l’Allemagne.
4. « ascendant moral » (l.10) : grandeur, pouvoir.
5.
« Staline » (l.12) : Joseph Staline, homme politique russe qui arrive au pouvoir en 1924 après la mort de
Lénine. Il impose rapidement un régime totalitaire.
6. « perspicacité prophétique » (l. 16) : lucidité, clairvoyance quant à l’avenir.
7. « molestera » (l. 23) : violentera, persécutera.
A. Le genre de la lettre
JE SAIS DÉJÀ
Les codes de la lettre
Dans une lettre, on peut lire différentes informations :
— Le nom de la personne qui écrit la lettre dans la signature : c’est l’auteur.
— Le nom de la personne qui reçoit la lettre dans la formule d’appel : c’est le destinataire.
— La date à laquelle la lettre a été écrite.
— Des nouvelles de la personne qui écrit.
Je t’écris cette courte lettre pour te demander de tes nouvelles. Tu n’es pas venu hier au collège et je
m’inquiète pour toi. As-tu besoin d’aide ?
D. Travail d’écriture
À la réception de la lettre de son ami, Hans décide de lui répondre. En une trentaine de lignes, il exprimera son
incompréhension face à l’adhésion de Conrad aux idées d’Hitler, sa tristesse de s’éloigner de ses parents et son
regret de quitter son pays et son ami.
Pour réussir cet exercice tu dois :
— Imaginer la réponse de Hans à la lettre de Conrad
— Exprimer l’incompréhension de Hans face à l’adhésion de Conrad aux idées d’Hitler
— Exprimer la tristesse de Hans de s’éloigner de ses parents
— Exprimer son regret de quitter son pays et son ami
— Respecter les codes de présentation d’une lettre
— Vérifier l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le
tableau ci-dessous.
Si tu as envie de découvrir des romans épistolaires (constitués de lettres), tu peux lire aussi :
— Inconnu à cette adresse de K. Taylor.
— Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows.
— Une bouteille dans la mer de Gaza de V. Zénatti.
— L’enfant d’Hiroshima d’Isoko et Ichiro Hatano.
— Lettres à une disparue de V. Massenot
— Lettres de l’intérieur, J. Marsden
— La lettre de Conrad, F. Uhlman
Pour la séance suivante, termine de lire L’Ami retrouvé si ce n’est déjà fait !
1 Je continuai à parcourir toute la liste, sauf les noms commençant par « H », et, quand j’eus fini, je vis
que vingt-six garçons de ma classe, sur quarante-six, étaient morts pour « das 1000- jährige Reich.1 »
Je reposai la liste… et attendis.
J’attendis dix minutes, une demi-heure, sans quitter du regard ces pages imprimées qui émanaient2
5 de l’enfer de mon passé antédiluvien3 et avaient fait irruption pour me troubler l’esprit et me rappeler
quelque chose que je m’étais tant efforcé d’oublier.
Je travaillai un peu, donnai quelques coups de téléphone et dictai quelques lettres. Et je ne pouvais
encore ni délaisser cet appel, ni me forcer à chercher le nom qui m’obsédait.
Je décidai finalement de détruire cette chose atroce. Avais-je vraiment envie ou besoin de savoir ? S’il
10 était mort ou vivant, quelle différence cela ferait-il pour moi, puisque, de toute façon, je ne le reverrais
jamais ?
Mais en étais-je bien certain ? Était-il absolument hors de question que la porte pût s’ouvrir pour lui
laisser passage ? Et n’étais-je pas, en cet instant même, en train de prêter l’oreille4 pour entendre son
pas ?
15 Je saisis le fascicule et j’étais sur le point de le mettre en pièces lorsque, au dernier moment, je retins
ma main. M’armant de courage, tremblant, je l’ouvris à la lettre « H » et lus :
« VON HOHENFELS, Conrad, impliqué dans le complot contre Hitler. Exécuté. »
— Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
1.
« das 1000-jährige Reich » (l.3) : l’empire de mille ans. Expression nazie qui désigne l’Allemagne créée par
Hitler.
2. « émanaient » (l.4) : sortaient, provenaient.
3. « antédiluvien » (l.5) : très lointain. Au sens propre, qui date d’avant le Déluge.
4. « prêter l’oreille » (l.13) : tendre l’oreille, écouter attentivement.
C. L’effet de surprise
1. Hans parcourt la liste par ordre alphabétique en évitant soigneusement une lettre. Pour quelles raisons ?
2. a) Qu’apprends-tu à la dernière phrase du roman ?
b) Qu’en déduis-tu sur l’évolution idéologique de Conrad après le départ de Hans pour l’Amérique ?
JE SAIS DÉJÀ
Un récit à chute
Les récits à chute suscitent la surprise du lecteur à la fin de l’histoire. Un élément vient éclairer l’intrigue et permet
le basculement des évènements.
J'APPROFONDIS
Les fonctions d’un titre de roman.
Le titre d’un roman peut avoir plusieurs fonctions. D’abord, il permet souvent d’identifier son contenu : L’Ami retrou-
vé implique qu’il s’agisse d’une histoire d’amitié. Ensuite, il peut attiser la curiosité du lecteur par sa formulation.
Ici, le mot « retrouvé » incite le lecteur à s’interroger : « si cet « ami » est « retrouvé », c’est donc qu’il a été perdu.
Pourquoi ? Comment ? »
En commençant sa lecture du roman, le lecteur s’attend donc à avoir les réponses à ses questions : on parle alors
d’horizon attente. Dans le récit de Fred Uhlman que tu viens de lire, ce n’est qu’à la dernière phrase que le titre
prend tout son sens : c’est la chute qui donne enfin au lecteur la réponse à ses interrogations initiales.
D. Expression écrite
Traite l’un des deux sujets au choix :
1. Sujet d’imagination : Imagine les sentiments de Hans lorsqu’il découvre que Conrad a été exécuté pour avoir
mené le complot contre Hitler. Tu écriras la suite du passage étudié dans cette séance. Ton récit commencera
par cette phrase : « Je reposai le fascicule sur mon bureau, me levai pour regarder à la fenêtre et pensai à mon
amitié passée avec Conrad… »
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le
tableau ci-dessous.
Si tu as envie d’être surpris(e) à la fin d’un récit, tu peux lire d’autres récits à chute :
— « Pauvre petit garçon » de Dino Buzzati
— « Iceberg » de Fred Kassak
— « La parure » de Guy de Maupassant
Durée : 1 h 30
Comme à la fin de chaque unité, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra de faire le point sur ce que
tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir. Complète maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu
as oublié quelque chose ou si tu n’es pas sûr(e) de toi, tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et
vérifie tes réponses. Il est très important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.