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Nom, prénom de l’élève :

Lycée Bossuet, 12 rue de la Visitation, Meaux

Descriptif de français 1ère 2023-2024


1ères bronze et blanche

Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

I-Œuvre intégrale : Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai

1- « Ma bohême ». Explication linéaire


2- « Le dormeur du val ». Explication linéaire
3- « Rêvé pour l’hiver ». Explication linéaire

II-Parcours associé : Emancipation créatrice

4-Yves Bonnefoy, Les Planches courbes, partie « La Maison natale », Poème I. Explication
linéaire.

III-Lectures cursives proposées (au-moins une lecture cursive)

Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, (1842)


Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris (Petits Poèmes en Prose), (1869)
Arthur Rimbaud, Une Saison en Enfer, (1873)
Arthur Rimbaud, Les Illuminations, (1895)
Paul Eluard / Man Ray, Les Mains libres, (1937)
Yves Bonnefoy, Les Planches courbes, (2001)
Andrée Chedid, Rythmes, (2003)
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen-Âge au XXIe siècle

I-Œuvre intégrale : Abbé Prévost, Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut

5- : Renoncour aperçoit Manon et des Grieux pour la première fois. De « Parmi les douze
filles » à « vouloir du bien » (G.F. pp. 52-53). Explication linéaire.
6- : Retrouvailles de Manon et des Grieux au parloir de Saint-Sulpice. De « Je retournai à
Saint-Sulpice » à « je m’efforçai en vain de retenir ». Explication linéaire.
7- : Mort de Manon. De « Pardonnez » à « jamais plus heureuse ». Explication linéaire.

II-Parcours associé : personnages en marge, plaisirs du romanesque

8-Camus, L’Etranger, Extrait du chapitre 4 de la deuxième partie. Explication linéaire

III-Lectures cursives (au-moins une) :

Balzac, Le Père Goriot (1835)


Gustave Flaubert, Madame Bovary (1857)
Hugo, Les Misérables (1862)
André Malraux, La Condition humaine (1933)
Jean-Paul Sartre, La Nausée (1938)
Albert Camus, L’Étranger (1942)
Hemingway, Le vieil Homme et la mer (1952)
Laurent Gaudé, La Mort du roi Tsongor (2001)

Lecture choisie par l’élève pour l’entretien :

Professeur : É. Jacobée
Texte 1 :

Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai

« Ma Bohême »

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;


Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.


– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,


Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,


Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai, (second cahier), (1870)

Texte 2 :
Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière


Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,


Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme


Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;


Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai, (second cahier), (1870)

Texte 1 :
Texte 3 :
Rêvé pour l’hiver

À *** Elle,

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose


Il estime Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace,


Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée…


Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,


-Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
-Qui voyage beaucoup…

En wagon, le 7 octobre 1870

Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai, (second cahier), (1870)

Texte 4 (parcours) :
Yves Bonnefoy, Les Planches courbes, partie « LA MAISON NATALE »

I
Je m’éveillai, c’était la maison natale,
L’écume s’abattait sur le rocher,
Pas un oiseau, le vent seul à ouvrir et fermer la vague,
L’odeur de l’horizon de toutes parts,
Cendre, comme si les collines cachaient un feu
Qui ailleurs consumait un univers.
Je passai dans la véranda, la table était mise,
L’eau frappait les pieds de la table, le buffet.
Il fallait qu’elle entrât pourtant, la sans-visage
Que je savais qui secouait la porte
Du couloir, du côté de l’escalier sombre, mais en vain,
Si haute était déjà l’eau dans la salle.
Je tournais la poignée, qui résistait,
J’entendais presque les rumeurs de l’autre rive,
Ces rires des enfants dans l’herbe haute,
Ces jeux des autres, à jamais les autres, dans leur joie.

Texte 5 : Renoncour aperçoit Manon et des Grieux pour la première fois. De « Parmi les douze
filles » à « vouloir du bien » (G.F. pp. 52-53)
Parmi les douze filles qui étaient enchaînées six par six par le milieu du corps, il y en avait une
dont l’air et la figure étaient si peu conformes à sa condition, qu’en tout autre état je l’eusse prise
pour une personne du premier rang. Sa tristesse et la saleté de son linge et de ses habits
l’enlaidissaient si peu que sa vue m’inspira du respect et de la pitié. Elle tâchait néanmoins de se
tourner, autant que sa chaîne pouvait le permettre, pour dérober son visage aux yeux des
spectateurs. L’effort qu’elle faisait pour se cacher était si naturel, qu’il paraissait venir d’un
sentiment de modestie. Comme les six gardes qui accompagnaient cette malheureuse bande
étaient aussi dans la chambre, je pris le chef en particulier et je lui demandai quelques lumières
sur le sort de cette belle fille. Il ne put m’en donner que de fort générales. Nous l’avons tirée de
l’Hôpital, me dit-il, par ordre de M. le Lieutenant général de Police. Il n’y a pas d’apparence
qu’elle y eût été renfermée pour ses bonnes actions. Je l’ai interrogée plusieurs fois sur la route,
elle s’obstine à ne me rien répondre. Mais, quoique je n’aie pas reçu ordre de la ménager plus que
les autres, je ne laisse pas d’avoir quelques égards pour elle, parce qu’il me semble qu’elle vaut un
peu mieux que ses compagnes. Voilà un jeune homme, ajouta l’archer qui pourrait vous instruire
mieux que moi sur la cause de sa disgrâce ; il l’a suivie depuis Paris, sans cesser presque un
moment de pleurer. Il faut que ce soit son frère ou son amant. Je me tournai vers le coin de la
chambre où ce jeune homme était assis. Il paraissait enseveli dans une rêverie profonde. Je n’ai
jamais vu de plus vive image de la douleur. Il était mis fort simplement ; mais on distingue, au
premier coup d’œil, un homme qui a de la naissance et de l’éducation. Je m’approchai de lui. Il se
leva ; et je découvris dans ses yeux, dans sa figure et dans tous ses mouvements, un air si fin et si
noble que je me sentis porté naturellement à lui vouloir du bien.

Texte 6 : Retrouvailles de Manon et des Grieux au parloir de Saint-Sulpice


Je retournai à Saint-Sulpice, couvert de gloire et chargé de compliments. Il était six heures du
soir. On vint m’avertir, un moment après mon retour, qu’une dame demandait à me voir. J’allai
au parloir sur-le-champ.

Dieux ! quelle apparition surprenante ! j’y trouvai Manon. C’était elle, mais plus aimable et
plus brillante que je ne l’avais jamais vue. Elle était dans sa dix-huitième année. Ses charmes
surpassaient tout ce qu’on peut décrire. C’était un air si fin, si doux, si engageant, l’air de l’Amour
même. Toute sa figure me parut un enchantement.

Je demeurai interdit à sa vue, et ne pouvant conjecturer quel était le dessein de cette visite,
j’attendais, les yeux baissés et avec tremblement, qu’elle s’expliquât. Son embarras fut, pendant
quelque temps, égal au mien, mais, voyant que mon silence continuait, elle mit la main devant ses
yeux, pour cacher quelques larmes. Elle me dit, d’un ton timide, qu’elle confessait que son
infidélité méritait ma haine ; mais que, s’il était vrai que j’eusse jamais eu quelque tendresse pour
elle, il y avait eu, aussi, bien de la dureté à laisser passer deux ans sans prendre soin de
m’informer de son sort, et qu’il y en avait beaucoup encore à la voir dans l’état où elle était en ma
présence, sans lui dire une parole. Le désordre de mon âme, en l’écoutant, ne saurait être
exprimé. Elle s’assit. Je demeurai debout, le corps à demi tourné, n’osant l’envisager directement.
Je commençai plusieurs fois une réponse, que je n’eus pas la force d’achever. Enfin, je fis un effort
pour m’écrier douloureusement : Perfide Manon ! Ah ! perfide ! perfide ! Elle me répéta, en
pleurant à chaudes larmes, qu’elle ne prétendait point justifier sa perfidie. Que prétendez-vous
donc ? m’écriai-je encore. Je prétends mourir répondit-elle, si vous ne me rendez votre cœur, sans
lequel il est impossible que je vive. Demande donc ma vie, infidèle ! repris-je en versant moi-
même des pleurs, que je m’efforçai en vain de retenir.

Texte 7 : Mort de Manon


Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n'eut
jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans
ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer.
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et
je n'osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m'aperçus dès le
point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon
sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle
me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d'abord ce discours que
pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y répondis que par les tendres consolations de
l'amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains,
dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs
approchait. N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses
dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle
expirait. C'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.
Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement
puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement
à la mener jamais plus heureuse.

Texte 8 (parcours) :

Albert Camus, extrait du chapitre 4 de la deuxième partie de L'Étranger


L'après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle
et les petits éventails multicolores des jurés s'agitaient tous dans le même
sens. La plaidoirie de mon avocat me semblait ne devoir jamais finir. À un
moment donné, cependant, je l'ai écouté parce qu'il disait : « Il est vrai que
j'ai tué. » Puis il a continué sur ce ton, disant « je » chaque fois qu'il parlait
de moi. J'étais très étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai
demandé pourquoi. Il m'a dit de me taire et, après un moment, il a ajouté :
« Tous les avocats font ça. » Moi, j'ai pensé que c'était m'écarter encore de
l'affaire, me réduire à zéro et, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je
crois que j'étais déjà très loin de cette salle d'audience. D'ailleurs, mon
avocat m'a semblé ridicule. Il a plaidé la provocation très rapidement et puis
lui aussi a parlé de mon âme. Mais il m'a paru qu'il avait beaucoup moins de
talent que le procureur. « Moi aussi, a-t-il dit, je me suis penché sur cette
âme, mais, contrairement à l'éminent représentant du ministère public, j'ai
trouvé quelque chose et je puis dire que j'y ai lu à livre ouvert. » Il y avait lu
que j'étais un honnête homme, un travailleur régulier, infatigable, fidèle à la
maison qui l'employait, aimé de tous et compatissant aux misères d'autrui.
Pour lui, j'étais un fils modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps
qu'il l'avait pu. Finalement j'avais espéré qu'une maison de retraite donnerait
à la vieille femme le confort que mes moyens ne me permettaient pas de lui
procurer. « Je m'étonne, Messieurs, a-t-il ajouté, qu'on ait mené si grand
bruit autour de cet asile. Car enfin, s'il fallait donner une preuve de l'utilité
et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien dire que c'est l'État lui-
même qui les subventionne. » Seulement, il n'a pas parlé de l'enterrement et
j'ai senti que cela manquait dans sa plaidoirie. Mais à cause de toutes ces
longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables pendant
lesquelles on avait parlé de mon âme, j'ai eu l'impression que tout devenait
comme une eau incolore où je trouvais le vertige.

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