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Objet d’étude : L’homme est-il maître de la nature ?

Séquence 4 : Quel rapport l’homme entretient-il avec la nature ?


Anthologie : La nature en poésie

La nature en poésie

« Au bord de la mer » « Comme on voit sur la branche » « Soleil couchant »


La lune de ses mains distraites Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose, Les ajoncs éclatants, parure du granit,
A laissé choir, du haut de l'air, En sa belle jeunesse, en sa première fleur, Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;
Son grand éventail à paillettes Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,
Sur le bleu tapis de la mer. Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose; La mer sans fin commence où la terre finit.

Pour le ravoir elle se penche La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose, A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid
Et tend son beau bras argenté ; Embaumant les jardins et les arbres d’odeur; Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.
Mais l'éventail fuit sa main blanche, Mais battue, ou de pluie, ou d’excessive ardeur, Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
Par le flot qui passe emporté. Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose. A la vaste rumeur de l’Océan s’unit.

Au gouffre amer pour te le rendre, Ainsi en ta première et jeune nouveauté, Alors, comme du fond d’un abîme, des traînes,
Lune, j'irais bien me jeter, Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
Si tu voulais du ciel descendre, La Parque t’a tuée, et cendres tu reposes. De pâtres attardés ramenant le bétail.
Au ciel si je pouvais monter !
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre,
Théophile Gautier, España (1845)
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses. Ferme les branches d’or de son rouge éventail.
Pierre de Ronsard, Amours (1560) José-Maria de Heredia, Les Trophées (1893)
Objet d’étude : L’homme est-il maître de la nature ?
Séquence 4 : Quel rapport l’homme entretient-il avec la nature ?
Anthologie : La nature en poésie

« Aux champs » « Le bouleau » « Demain dès l’aube »


Je me penche attendri sur les bois et les eaux, Chaque nuit, le bouleau Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ; Du fond de mon jardin Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’ai la pitié sacrée et profonde des choses ; Devient un long bateau J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
J’empêche les enfants de maltraiter les roses ; Qui descend ou l'Escaut Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je dis : N’effarez point la plante et l’animal ; Ou la Meuse ou le Rhin.
Riez sans faire peur, jouez sans faire mal. Il court à l'Océan Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies, Qu'il traverse en jouant Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Rayonnent au milieu des fleurs épanouies ; Avec les albatros, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
J’erre, sans le troubler, dans tout ce paradis ; Salue Valparaiso, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je les entends chanter, je songe, et je me dis Crie bonjour à Tokyo
Qu’ils sont inattentifs, dans leurs charmants tapages, Et sourit à Formose. Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Au bruit sombre que font en se tournant les pages Puis, dans le matin rose Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Du mystérieux livre où le sort est écrit, Ayant longé le Pôle, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Et qu’ils sont loin du prêtre et près de Jésus-Christ. Des rades et des môles, Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Lentement redevient
Victor Hugo, Toute La Lyre (1888-1893) Victor Hugo, Les Contemplations (1856)
Bouleau de mon jardin.
Maurice Carême, La Grange bleue (1962)
Objet d’étude : L’homme est-il maître de la nature ?
Séquence 4 : Quel rapport l’homme entretient-il avec la nature ?
Anthologie : La nature en poésie

« Le brouillard » « Sensation » L’un coup, il fit sauter le chapeau


Qu’il n’avait plus ôté
Le brouillard a tout mis Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Depuis des décennies.
Dans son sac de coton ; Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Le brouillard a tout pris Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Il en sortit des pluies
Autour de ma maison. Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
De feu,
De suies,
Plus de fleur au jardin, Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
De cendres.
Plus d’arbre dans l’allée ; Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
La serre du voisin Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Longtemps, il hoqueta,
Semble s’être envolée. Par la Nature, – heureux comme avec une
Bava,
femme.
Tira la langue
Et je ne sais vraiment
Arthur Rimbaud, Poésies (1870) Tel un loup, flancs ouverts,
Où peut s’être posé
À bout de vie exsangue.
Le moineau que j’entends
Si tristement crier.
« Magma » Pas de foule accourue,
Maurice Carême, La Lanterne magique (1947) Peu de flashes,
Il se réveilla,
Toussa De rares paysans de la montagne à vaches.
Éructa.
Alors, déçu, vexé, il referma la bouche,
La quinte le reprit, Fit taire son étuve
L’oppressa, Puis il se rendormit
L’étouffa. Avec ses rêves de Vésuve.
Pierre Coran, Les éléments des poètes (1989)

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