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La petite lettre 170

Récital

Brigade artistique .

Partage poétique .

Le Prieuré ne prie pas ,

Il invite .

Alain LEGRAND

Merci Alain pour ce poème offert ouvert sur un moment fort.


Merci à tous les présents en attendant d’autres instants de partage poétique.
Guernesey

C'est un après-midi de landes et de bruyères


Mes pas se posent sur les siens d'hier.
L'inoubliable poète embaume cette île
Guernesey étreint son volontaire exil.

Adossée à mi-colline, côté rue, Hauteville House


Habillée de gris, comme un écolier de sa blouse.
Les pièces regorgent de symboles à dénicher
Dans des entrelacs oniriques, il vous faut chercher.
Debout, tout en haut dans son look-out
Victor Hugo embrasse l'horizon sous la voûte
Il écrit, face à la France, indomptable
La liberté ne se négocie pas, intraitable.
Il écrit, face à la mer, un impérieux besoin à assouvir
Comme une vigie à la proue de son littéraire navire.

Le vent me souffle ses vers


Me partage son insulaire univers
Le ressac en son continu grondement
Me susurre ses rimes en un chuchotement
Les embruns marins
Exhalent ses alexandrins
L'écume vaporise son prodigue esprit
Un bouillonnement dont je suis épris.

C'était un après-midi de landes et de bruyères


Mes pas posés dans les siens étaient fiers.

Merci cher Monsieur Hugo


De m'avoir soufflé ces mots.

Gaël SCHMIDT – Avril 2023 en visite à Guernesey


Éclosions

Les fleurs inventèrent les émotions, un matin.

Lorsque la tulipe poussa, sa robe éclata insolemment au centre du monde.

Lorsque la rose se déploya, elle dynamita la souffrance et les victimes sourirent à


travers leurs larmes.

Lorsque la pivoine craqua à l’aise sur le tumulus, les dépités prièrent.

Non seulement la pensée germe dans les cerveaux, mais elle décore également les
parcs brouillés de pluie où les mantes religieuses s’enherbent. Celles-ci, royales,
dévalent les pétales accompagnées de fidèles pucerons jolis agrémentant leur Cour ; les
coccinelles, quant à elles, tachettent les marguerites ; les papillons badinent et butinent
les nénuphars à la surface des lacs distendus au col roulé de joncs (ils ont raison de se
vêtir d’araignées corollaires, car l’hiver s’en vient).

De l’immaculé çà et là, de l’ocre, du cassis, des plumes et de la merde.

Les rapaces cueillent aussi le poisson au pied des roseaux, les dindons accordent leur
jabot à l’améthyste artérielle des pervenches dont la voix pâle demande grâce ; un lapin
se pique à l’ortie, un lémurien avale un bouquet de violettes, une femme à ombrelle
prend délicatement un chardon électrique avec l’évidente intention de s’écorcher.

Tout gèle et tout croît.

Moi, je hume les lilas, je m’en vêts et je m’en coiffe telle une courtisane ligotée.
Bouleversé, je chancelle sur les trèfles et les flèches, je déchire mon pourtour.

Cependant, dans mon for de réséda, dans mon fort de pétunia, je résiste.

Tanguy BORNAND
Immensité de l’univers
Laisser l'immensité
de l'univers pénétrer
librement,
dans chaque parcelle de votre corps.
Respirer,
à chaque battement,
de votre âme.
Aimer,
comme vous n'avez jamais aimé !
Vous vous élèverez au-dessus de tout,
évoluant dans l'espace-temps,
qui est notre beauté intérieure.
N'ayez plus peur.
Vous êtes Tout, Vous êtes Vous !
Dans un Au-delà qui dépasse,
dans un Écho qui est vaste,
où tout ce qui réside en vous,
est calme et vous enveloppe d’étincelles,
pour une vie de lumière,
vous aidant à déployer vos ailes.
Cette vie,
n'est que le passage d'un roman infini,
pour goûter ,
à cette vie temporelle,
pour explorer
ce qui doit être révélé ,
et découvrir l'émerveillement,
les désirs ardents,
le bonheur et l'apaisement.
Et même si nous chutons,
nous nous relèverons
apaisé et plus fort,
car la vie, c'est encore
ce souffle divin,
qui nous pousse jusqu'à demain....
Graziella PINO
Leçons de Ténèbres

Quand tout est noir


La mélancolie envahit le soir
Les pensées funèbres
Occupent les ténèbres

Quand tout est noir


Que règnent les ténèbres
Laisse-toi porter comme un loir
Dans le sommeil sans fièvre

Quand tout est noir


Que la tristesse célèbre
Sa leçon de ténèbres
Abandonne tes déboires

Quand tout est noir


Plus profondes sont les ténèbres
Plus fort tu peux croire
En un destin plus allègre

D’une pluie d’étoiles à l’horizon


Jaillira enfin la lumière
Chassant les ténèbres en un éclair
Étouffant leurs funestes leçons !

Ténèbres, misère du soir,


Lumière, chant du jour,
Oscilleront toujours,
Leçons d’espoir …

Vers la paix intérieure


Malgré l’obscurité
M’emporte mon cœur
Pour l’éternité !

Marie-Claire KRESSMANN - 1er juin 2023


Une vie

Une vie c’est trop court,


Trop de moments perdus, trop d’heures gaspillées
Trop de malentendus, trop de temps employé
À trouver important ce qui n’est que futile
Trop de sottes paroles, trop de mots inutiles.

La vie n’a pas assez


Pas assez de printemps, pas assez de je t’aime,
Pas assez de moments de bonheur, de poèmes
Pas assez de chaleur, pas assez de ciel bleu
Pas assez de douceurs et de jours lumineux.

La vie, c’est la folie


Merveilleuse ou stupide, elle se nomme passion
Source de grandes joies, de vives émotions
La folie de l’amour, ce délicieux tyran
Qui fait rire, pleurer et chanter en rêvant.

La vie c’est trop long


Quand le dernier adieu efface une existence
Quand il faut vivre seule le vide de l’absence
Quand les heures sont longues, lourdes de souvenirs
Quand les jours du passé remplacent l’avenir

Trop tard,
On voudrait tout refaire et tout recommencer
La vie c’est toujours trop et souvent pas assez

Stéphanie BOUCHÉ
Les frontières

Les frontières de l'instant présent


Dressent les barrières du passé
Chef-d'œuvre du temps
Pour accoucher d'un futur irradié

Sans nuance ni repère conventionnel


Le tapis de la vie
Vulgarise l'exceptionnel
Pour rester dans l'envie

Les frontières de l'oubli


Cernent les souvenirs
Pour enfanter le paradis
De nos esprits en devenir

Les frontières revêtent parfois leur habit


De l'intolérance à l'indifférence
Pour des semblables en quête d'un abri
Pour tout simplement survivre sans errance

La fraternité exclue de la charte du cœur


Par division du cadre culturel
Attise les conflits et la rancœur
La solidarité explose d'un vol parfois mortel

Les frontières du possible


S'ouvrent en résistance de l'écrit
Les espérances grignotent sur le visible
L'horizon coloré à nouveau rugit

La diversité des frontières n'a justement pas de frontières


Implorons donc les prières
Pour ôter toutes les barrières
L'humain pourra se construire un avenir solide comme la pierre

Le qualificatif frontières est un leurre


Il n'a en somme pas de sens réel
Quitte à sortir la batterie lourde de la rigueur
L'universalité est un atout inconditionnel

De l'imposition des êtres pensants


L'humanité celle des aimants
Osons croire à l'éternité de l'espoir renaissant
Frontière envole toi vers le néant

Alain GERMAIN
Libre écriture

L'écriture est le cri de l'enfant qui se tait


L'écriture est le bruit que fait trop de silence
Qui révèle sans dire, qui fait et qui défait
Qui n'invite jamais à la sobre abstinence

Elle prend des détours, des chemins de traverse


Et elle s'autorise, à braver l'interdit
Elle remplit de bonheur, de paix et de tristesse
Elle exige souplesse, rigueur et appétit

Libre comme les vents, et comme toutes les mers


Elle ne veut pas entendre, tous ceux qui la récusent
Elle se sait éternelle, elle se sait éphémère
Elle est affectueuse, elle rapproche, elle accuse

Et l’unanimité n’est pas sa tasse de thé


Comme l’air elle s’engage à souffler doucement
A laisser les tempêtes et les doux alizés
Prendre parfois le dessus, parfois les devants

L’écriture est la voix des sages et des fous


Des tendres révoltés, leurs mots en bandoulière
Des écrivains reclus, des poètes debout
Écorchés de demain et ermites d’hier

Sur les murs qui séparent ils invitent à écrire


Sur les tables qu’on prépare ils s’installent sans bruit
On entend sur la feuille leur plainte qui s’inscrit
On écoute sans fin leur éloge à la vie

Laurent DELVAUX-2023
Caminé por el monte de los ratones
a lo largo de castillos improbables
y la mañana fría con mis pasos
alargaba el ruido de tu ausencia

Te esperé en las noches de diciembre


detenida en un deseo tan caníbal
y conté las horas como sierpe
cuando larga y húmeda en la estación

Como siempre no has venido


has de ser el fruto de mi mente
de las noches terroristas
los poemas del exilio

J'ai marché dans le parc Montsouris


au large des châteaux improbables
et le matin froid au son des pas
augmentait le bruit de ton absence

J'ai attendu dans les nuits de décembre


attachée au désir cannibale
compté les heures comme des serpents
la gare l'attente longue et humide

Comme toujours tu n'es pas venu


sans doute issu de l'imagination
des nuits terroristes
les poèmes de l'exil

Samantha BARENDSON,
Los delitos del cuerpo / Les délits du corps
Christophe Chomant Éditeur - 2011
Équiper les anges – et dormir, dormir,
les infidèles montrent la patte blanche
déjà.
Les infidèles méchants,
plus infidèles et plus méchants – tu meurs.
Regarde, mon cœur −
ta belle montagne en marche,
ton olivier en larmes noires,
ton framboisier en larmes rouges
sortent leurs racines de la terre
et bougent.

Katia BOUCHOUEVA
Équiper les anges — et dormir, dormir
Éditeur La passe du vent - 2019
Respect

Nappe étique .

Trésor phréatique .

L' Eau ne se consomme pas,

Elle se partage.

Alain LEGRAND
Bienveillance
Ce n’est pas qu’on s’en balance
Il faut tenir la cadence

De la bienveillance ne pas tomber dans la complaisance


Cela peut partir d’une bonne intention
Mais ne sera pas une bonne direction
Ne pas être disposé à tout accepter, se conformer à tout ce qui pourrait être demandé
Tenir équilibrés les deux plateaux de la balance

Le rythme effréné de la société nous la fait oublier


Cela a eu tendance à ce qu’elle soit sous-estimée
Dans ce piège ne pas tomber
Il est temps de cela remémorer d’y prêter attention
Prendre la bonne direction
Lui rendre ses lettres de noblesse
Intérieure sera notre richesse

Penser à moi c’est pensé à toi


Et vice versa
La bienveillance est là
Un jour nous en aurons besoin
Cela est certain
Demain tu ne sais pas comment tu seras
Ce moment-là tu t’en souviendras
Et tu remercieras

Lionel CRAS
Saveur Royale

À quoi donc sert ma vie


À quoi bon être ici

Abeille sérieuse
Dans ma cuisine je butine
Affairée et soucieuse

Chaque jour se ressemble


Au jardin une cueillette
Le souci d’un repas
D’une maison coquette
Ranger en haut en bas
Toujours recommencer
Quels que soient mes efforts
Jamais plus avancée

Pourquoi donc ce sort

Car le miel si doux


En ses rayons dorés
Doux comme la lune
Au ciel des amoureux
Coulant suave en bouche
Sucré et savoureux

Pour qui est la récolte


L’abeille ne le sait pas
Ouvrière à son œuvre
Confiante elle vient elle va.

Martine RICHARD
Je suis un petit nuage

Je suis toujours en voyage


Je n’ai pas de bagage
Je change de forme et de visage
Je n’ai pas d’âge
Car je joue à travers les âges
Je nage
Vers la plage
Puis je compte les coquillages
Je m’allonge sur le rivage
Un ballon rouge s’envole plein de courage
Au-dessus des barrières du langage
Du ciel je suis le coloriage
Je vois des mirages
Je suis le mage
De l’image
De l’azur je suis le métissage
Je ne suis pas toujours sage
Parfois je pleure de rage
J’ai peur de l’orage
Je calme ma rage
Je remplis vos barrages
Et imbibe vos marécages
Je m’égoutte sur l’étendage
Je tourne la page
J’accroche les alpages
J’offre mon ombrage
Deux chevaux en ménage
Dansent sans ambages
Le soleil me prodigue un massage
Je vous offre ces mots en partage.

Poème collectif conçu durant la manifestation Sevrier en poésie le 14 octobre 2023

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