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Séquence 3F2. Chacun a sa façon de regarder la nuit │ leproflhg.wordpress.

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SÉQUENCE 3F2. CHACUN A SA FAÇON DE REGARDER LA NUIT


Comment la poésie permet-elle de regarder le monde autrement ?

Leonid Tishkov, Journey of the Private Moon in Moscow, 2010

ORGANISATION DE LA SÉQUENCE :

Séance 3F21. Les nuits lyriques de Charles Baudelaire …………………………………………………………………………………………….. 2


Séance 3F22. Les nuits fantastiques de Victor Hugo …………………………………………………………………………………………………. 4
Séance 3F23. Les nuits amoureuses de Robert Desnos ……….………………….……….……………………………………………………….. 6
Séance 3F24. Les nuits angoissées de Jacques Prévert ……….…………………………………………………….…………………………….… 8
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SÉANCE 3F21. LES NUITS LYRIQUES DE CHARLES BAUDELAIRE :


« Recueillement », de Charles Baudelaire :

CHARLES BAUDELAIRE (1821-1867)


Après une adolescence agitée, Charles Baudelaire mène très jeune une vie de marginal, sous
l'emprise de la drogue comme le haschisch ou l'opium. Parallèlement, il travaille comme critique
artistique et littéraire. En 1857, il publie son premier recueil, Les Fleurs du Mal, pour lequel il est
attaqué en justice et condamné pour immoralité. Très affecté, Baudelaire sombre dans la misère
et la maladie. Il meurt en 1867.

RECUEILLEMENT

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.


Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

5 Pendant que des mortels la multitude vile1,


Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile2,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années3,


10 Sur les balcons du ciel, en robes surannées4 ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond5 s'endormir sous une arche,


Et, comme un long linceul6 traînant à l'Orient7,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire, « Recueillement », Les Fleurs du Mal, 1857

1. Des mortels la multitude vile : la multitude vile des mortels, c’est- 4. Surannées : démodées.
à-dire la foule méprisable des hommes. 5. Moribond : mourant, agonisant.
2. La fête servile : la fête des hommes esclaves du Plaisir. 6. Linceul : toile dans laquelle on ensevelit les morts.
3. Les défuntes Années : les années mortes, passées. 7. L’Orient : l’Est

A. QUESTIONS DE COMPRÉHENSION :

1. A qui le narrateur parle-t-il dans ce poème ?


2. Relevez tous les éléments qui montrent qu’il lui parle comme à une vraie personne (= qu’elle est personnifiée)
3. A quel moment de la journée se poème se passe-t-il ? Justifiez votre réponse à l’aide d’éléments précis du
texte.
4. En plus du mot « Douleur », quels sont les autres mots du poème qui commencent par une majuscule ?
(Attention, ne relevez pas les mots qui se trouvent au début de chaque vers).
5. Pourquoi peut-on dire que ces différents éléments sont eux aussi personnifiés ?
6. Quels éléments du texte nous montrent que le narrateur vit à l’écart des autres hommes ?
7. Dans un tableau, relevez les mots qui appartiennent au champ lexical de la douleur, et ceux qui appartiennent
au champ lexical de l’apaisement.
8. Dans le poème, relevez une comparaison. Dites qui est le comparé et qui est le comparant (= dites qui est
comparé à quoi).
9. « La multitude vile […] va cueillir des remords » : dans cette métaphore, à quoi les « remords » sont-ils
comparés ?
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B. ANALYSE DE L’ÉCRITURE :
VOUS POUVEZ VOUS AIDER DE LA FICHE MÉMO « LE LEXIQUE DE LA POÉSIE »

1. Le type du poème :

a. Combien le poème compte-t-il de strophes ?


b. Combien ces strophes comptent-elles de vers ? Comment appelle-t-on ces types de strophes ?
c. Comment appelle-t-on ce type de poème ?

2. Rimes et vers :

a. Relevez les rimes des deux premières strophes. Sont-elles plates, croisées ou embrassées ?
b. À quel moment du poème trouve-t-on des rimes plates ?
c. Dans les vers ci-dessous, placez les barres obliques séparant les syllabes. Combien y a-t-il de syllabes ?
Comment appelle-t-on ce vers ?

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

3. Rythme :

a. Dans la 1ère strophe, relevez un exemple d’allitération et un exemple d’assonance.

C. ÉTUDE DE LA LANGUE :

1. Quelle est la nature des mots soulignés ?

Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,


Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

2. À quel temps les verbes soulignés ci-dessous sont-ils conjugués ?

Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici

3. « Sois sage, ô ma Douleur » :

a. Quel est le verbe conjugué ?


b. À quel mode est-il conjugué ?
c. Surlignez dans le texte tous les verbes conjugués au même mode.
d. À l’écrit comme à l’oral, ce mode peut être utilisé pour exprimer un ordre, une interdiction, un conseil,
une demande, une recommandation. Dans ce poème, à quoi sert-il selon vous ?
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SÉANCE 3F22. LES NUITS FANTASTIQUES DE VICTOR HUGO


« Les Djinns 1 » , de Victor Hugo :

VICTOR HUGO (1802-1885)


Poète, dramaturge, romancier, dessinateur, intellectuel, personnalité politique, Victor Hugo est
l’un des écrivains les plus importants de la langue française. En 1829, il publie Les Orientales, un
recueil de 41 poèmes inspirés par le thème de la Grèce et de l’Orient, très à la mode à l’époque.
Victor Hugo n’est jamais allé en Orient, mais imagine un monde flamboyant et magique. C’est
particulièrement le cas dans « Les Djinns », sans doute le plus célèbre poème de ce recueil.

Murs, ville, C'est l'essaim des Djinns qui passe, De leurs ailes lointaines
Et port, Et tourbillonne en sifflant ! Le battement décroît,
Asile Les ifs6, que leur vol fracasse, Si confus dans les plaines,
De mort, Craquent comme un pin brûlant. Si faible, que l'on croit
Mer grise Leur troupeau, lourd et rapide, Ouïr la sauterelle
Où brise2 Volant dans l'espace vide, Crier d'une voix grêle,
La brise, Semble un nuage livide Ou pétiller la grêle
Tout dort. Qui porte un éclair au flanc. Sur le plomb d'un vieux toit.

Dans la plaine Ils sont tout près ! - Tenons fermée D'étranges syllabes
Naît un bruit. Cette salle, où nous les narguons. Nous viennent encor ;
C'est l'haleine Quel bruit dehors ! Hideuse armée Ainsi, des arabes
De la nuit. De vampires et de dragons ! Quand sonne le cor,
Elle brame3 La poutre du toit descellée Un chant sur la grève
Comme une âme Ploie ainsi qu'une herbe mouillée, Par instants s'élève,
Qu'une flamme Et la vieille porte rouillée Et l'enfant qui rêve
Toujours suit ! Tremble, à déraciner ses gonds ! Fait des rêves d'or.

La voix plus haute Cris de l'enfer ! voix qui hurle et qui pleure ! Les Djinns funèbres,
Semble un grelot. L'horrible essaim, poussé par l'aquilon7, Fils du trépas10,
D'un nain qui saute Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure. Dans les ténèbres
C'est le galop. Le mur fléchit sous le noir bataillon. Pressent leurs pas ;
Il fuit, s'élance, La maison crie et chancelle penchée, Leur essaim gronde :
Puis en cadence4 Et l'on dirait que, du sol arrachée, Ainsi, profonde,
Sur un pied danse Ainsi qu'il chasse une feuille séchée, Murmure une onde
Au bout d'un flot. Le vent la roule avec leur tourbillon ! Qu'on ne voit pas.

La rumeur approche. Prophète ! si ta main me sauve Ce bruit vague


L'écho la redit. De ces impurs démons des soirs, Qui s'endort,
C'est comme la cloche J'irai prosterner mon front chauve C'est la vague
D'un couvent maudit ; Devant tes sacrés encensoirs8 ! Sur le bord ;
Comme un bruit de foule, Fais que sur ces portes fidèles C'est la plainte,
Qui tonne et qui roule, Meure leur souffle d'étincelles, Presque éteinte,
Et tantôt s'écroule, Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes D'une sainte
Et tantôt grandit, Grince et crie à ces vitraux noirs ! Pour un mort.

Dieu ! la voix sépulcrale5 Ils sont passés ! - Leur cohorte9 On doute


Des Djinns !... Quel bruit ils font ! S'envole, et fuit, et leurs pieds La nuit...
Fuyons sous la spirale Cessent de battre ma porte J'écoute :
De l'escalier profond. De leurs coups multipliés. Tout fuit,
Déjà s'éteint ma lampe, L'air est plein d'un bruit de chaînes, Tout passe
Et l'ombre de la rampe, Et dans les forêts prochaines L'espace
Qui le long du mur rampe, Frissonnent tous les grands chênes, Efface
Monte jusqu'au plafond. Sous leur vol de feu pliés ! Le bruit.

Victor Hugo, « Les Djinns », Les Orientales, 1829

1. Djinn : dans le monde arabe, génie, esprit magique, présenté comme malfaisant / 2. Brise : vent peu violent / 3. Bramer : crier fort ou sur un
ton de lamentation / 4. Cadence : rythme / 5. Sépulcrale : qui évoque le tombeau, la mort / 6. If : espèce d’arbre / 7. Aquilon : vent du nord, froid
et violent / 8. Encensoir : vase dans lequel on fait brûler de l’encens / 9. Cohorte : groupe / 10. Trépas.
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A. La forme du poème :

1. Observez la forme du poème. Que remarquez-vous ?


2. Combien ce poème compte-t-il de strophes ? De quel type de strophes s’agit-il ?
3. Pour chaque strophe, déterminez le mètre des vers. (Écrivez-le sur le texte, à gauche de chaque strophe.)
4. Comment les rimes sont-elles disposées dans ce poème ?

B. Questions de compréhension :

1. Avec vos propres mots, expliquez ce que raconte ce poème.


2. Où et quand la scène se passe-t-elle ?
3. Surlignez dans le texte tous les mots appartenant au champ lexical du son. Que remarquez-vous dans
l’évolution des termes utilisés au long du poème ?
4. Entourez dans le texte les mots appartenant au champ lexical de la destruction.
5. Dans ce poème, les Djinns sont-ils présentés de manière positive ou négative ? Quel sentiment le poète
éprouve-t-il face à eux ? Justifiez votre réponse à l’aide du vocabulaire employés et de la ponctuation.
6. Pourquoi peut-on dire qu’il y a un lien entre la forme du poème et l’histoire racontée ?
7. Quelle action du narrateur permet un retour au calme à partir de la strophe 9 ?
8. Quelles sont les figures de style employées dans les extraits ci-dessous :
a. « La rumeur approche. L'écho la redit. C'est comme la cloche d'un couvent maudit » (4e strophe)
b. « La maison crie » (8e strophe)
c. « Et l'enfant qui rêve / Fait des rêves d'or. » (12e strophe)
9. Recopiez les vers suivants, puis soulignez les allitérations et entourez les assonances :
a. « La rumeur approche. L'écho la redit. C'est comme la cloche d'un couvent maudit » (4e strophe)
b. « L'horrible essaim, poussé par l'aquilon, / Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure. » (8e strophe)

C. Grammaire et compétences linguistiques :


VOUS POUVEZ VOUS AIDER DE LA FICHE MÉMO « LA NATURE DES MOTS : LES DÉTERMINANTS » :

1. Soulignez tous les déterminants dans les extraits ci-dessous :

a. « Dieu ! la voix sépulcrale des Djinns !... Quel bruit ils font ! Fuyons sous la spirale de l'escalier profond. Déjà s'éteint

ma lampe, et l'ombre de la rampe, qui le long du mur rampe, monte jusqu'au plafond. »

b. « Si ta main me sauve de ces impurs démons des soirs, j'irai prosterner mon front chauve devant tes sacrés

encensoirs ! »

2. Quelle est la nature des mots soulignés ci-dessous ?

« Tenons fermée cette salle, où nous les narguons. Quel bruit dehors ! Hideuse armée de vampires et de dragons ! »

3. Dans l’extrait ci-dessus, dites à quel mode et à quel temps « tenons » est conjugué.
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SÉANCE 3F23. LES NUITS AMOUREUSES DE ROBERT DESNOS


« Les espaces du sommeil », de Robert Desnos :

ROBERT DESNOS (1900-1945)


Enfant rebelle et très mauvais élève, Robert Desnos se rêve en « enfant libre ». Passionné par la
poésie, les romans populaires et la bande dessinée, il quitte rapidement l’école, commence à
écrire des poèmes, et rejoint au début des années 1920 le mouvement surréaliste, qui entend
révolutionner la poésie. En 1924, il tombe amoureux d’Yvonne George, une chanteuse de music-
hall. Bien que cet amour ne soit pas partagé, il lui dédie les poèmes du recueil À la mystérieuse.

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles


du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende
cachées dans les fourrés.
5 Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin
et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère
et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
10 Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays
où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l’aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
15 Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l’immolée, toi que j’attends.
Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent.
20 Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent
et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l’âme palpable de l’étendue.
25 Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d’il y a 2 000 ans
et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde
et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
30 Mais qui, présente dans mes rêves, t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion
mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos
aussi bien au rêve qu’à la réalité.
35 Toi qu’en dépit d’une rhétorique facile où le flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines en ruines,
où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb,
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
40 Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d’êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du monde.
Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil.
45 Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.

Robert Desnos, « Les espace du sommeil », À la mystérieuse, 1926


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A. Questions de compréhension et analyse de l’écriture :

1. À qui le poète s’adresse-t-il dans ce poème ?


2. Sur le texte, soulignez toutes les marques de la 2e personne du singulier.
3. Par quel moyen le poète montre-t-il qu’il est obsédé par cette personne ?
4. Entourez dans le texte tous les mots appartenant au champ lexical de la nuit.
5. À quoi voit-on que le poète décrit ses rêves, et non pas la réalité ? Répondez en vous appuyant sur des
éléments précis tirés du texte.
6. Dans quel vers Robert Desnos nous fait-il comprendre que son amour n’est pas partagé ?
7. Quel vers nous montre que la femme aimée est la muse (= source d’inspiration) du poète ?
8. Que signifie le dernier vers du poème ?
9. Que pouvez-vous dire sur la forme de ce poème ? (Aidez-vous si besoin de la fiche mémo « le lexique de la
poésie »)

B. Étude de la langue : phrase verbale / phrase non-verbale :


VOUS POUVEZ VOUS AIDER DE LA FICHE MÉMO « PHRASE VERBALE / PHRASE NON -VERBALE » :

1. Dans le poème de Robert Desnos, relevez et recopiez deux phrases non-verbales de votre choix.
2. Transformez les deux phrases non-verbales que vous avez relevées en phrases verbales.
3. Transformez les deux phrases suivantes en phrases non-verbales :
a. « Dans la nuit passent les trains et les bateaux »
b. « Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent. »

C. Grammaire et compétences lingui stiques :

1. Quelle est la nature des mots soulignés ?

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s’y

heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.

2. Comment le mot « insaisissable » (l.31) est-il formé ?

3. Réécrivez ces deux lignes en remplaçant « toi » par « vous » :

Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.


Toi qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion
mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos.

4. Réécrivez ces deux lignes au passé simple :

Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
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SÉANCE 3F24. LES NUITS ANGOISSÉES DE JACQUES PRÉVERT


« Soudain le bruit », de Jacques Prévert :

JACQUES PRÉVERT (1900-1977)


Jacques Prévert est un poète et scénariste français. Auteur d’un premier succès, le recueil de
poèmes Paroles, il devint un poète populaire grâce à son langage familier et à ses jeux sur les
mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et massivement appris
dans les écoles françaises. Il a également écrit des sketchs et des chœurs parlés pour le théâtre,
des chansons, des scénarios et des dialogues pour le cinéma.

SOUDAIN LE BRUIT

Soudain l'homme se réveille et l'homme se cogne la tête contre le mur


au milieu de la nuit son sang jaillit
il est saisi par le malaise comme une source
et il écoute malgré lui 30 une source qui ne fait pas de bruit
5 le silencieux vacarme de l'angoisse et l'homme entend toujours l'atroce murmure
le bruit qui ne fait pas de bruit la froide clameur de l'insomnie
le silence qui hurle à la mort et vaincu comme un homme qui meurt
dans le grand coquillage de la nuit il s'écroule sur le tapis
ce bruit aphone... ce bruit de cendres... 35 soudain
10 l'homme tente vainement de se défendre contre lui les oiseaux du Père Lachaise se réveillent et déchirent
mais le bruit continue son terrible et calme petit bruit [la nuit
de bruit qui ne fait aucun bruit et le soleil aussi se lève
alors l'homme saute à bas du lit il ouvre la fenêtre pâle comme les gens qui n'ont pas dormi
il demande à la rue de faire quelque chose 40 où donc a-t-il passé la nuit
15 il la supplie de faire du bruit du vrai bruit vivant peut-être chez les filles du malaise
[comme la vie là-bas... très loin... en Malaisie
mais la rue reste muette comme une lanterne sourde l’homme se relève aussi
muette comme une chouette qui serait muette saignant et grelottant du froid de la nuit
comme une palourde 45 il se cramponne à la barre d'appui
20 la fenêtre donne sur un cimetière il regarde le soleil briller
un mur avec derrière sous terre des morts rescapé du naufrage de la nuit
et pas un chat il écoute tous les bruits de la vie
seulement le bruit qui ne fait pas de bruit il est bouche bée
et qui se promène dehors 50 émerveillé
25 dans le paysage de la mort son visage est ensanglanté
dans le paysage de la nuit il sourit.

Jacques Prévert, « Soudain le bruit », Soleil de Nuit, 1980

A. Questions de compréhension et analyse de l’écriture :

1. Quel sentiment éprouve l’homme dont parle ce poème ?


2. Quelle est la raison de ce sentiment ?
3. Que pouvez-vous dire sur la forme de ce poème ?
4. Y a-t-il des rimes à tous les vers ? Y a-t-il un son qui vous semble revenir plus souvent que les autres ?
5. Entourez les termes qui appartiennent au champ lexical du bruit et soulignez ceux qui appartiennent au champ
lexical du silence.
6. Dans le texte, relevez une comparaison, une métaphore, une personnification et un oxymore*.
(*Oxymore : figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires : « une douce violence »)
7. Quel sentiment l’homme éprouve-t-il à la fin du poème ? Pourquoi ?
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B. Révisions : les temps du passé :

S’écrouler Jaillir Sourire

Je Je Je
Tu Tu Tu
Imparfait

Il / Elle Il / Elle Il / Elle


Nous Nous Nous
Vous Vous Vous
Ils / Elles Ils / Elles Ils / Elles

Je Je Je
Tu Tu Tu
Passé simple

Il / Elle Il / Elle Il / Elle


Nous Nous Nous
Vous Vous Vous
Ils / Elles Ils / Elles Ils / Elles

Je Je Je
Tu Tu Tu
Passé composé

Il Il Il
Elle Elle Elle
Nous Nous Nous
Vous Vous Vous
Ils Ils Ils
Elles Elles Elles

Je Je Je
Tu Tu Tu
Plus-que-parfait

Il Il Il
Elle Elle Elle
Nous Nous Nous
Vous Vous Vous
Ils Ils Ils
Elles Elles Elles
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C. Grammaire et compétences linguistiques :

1. Réécrivez le passage suivant en remplaçant « il » par « elles » :

il écoute tous les bruits de la vie


il est bouche bée
émerveillé
son visage est ensanglanté
il sourit.

2. Quelle est la nature des mots soulignés ci-dessous ?

Soudain l'homme se réveille


au milieu de la nuit
il est saisi par le malaise
et il écoute malgré lui
le silencieux vacarme de l'angoisse

3. « Ce bruit aphone » (l.9)


a. Comment ce mot est-il formé ?
b. Cherchez au moins trois mots de la même famille.

4. « Son visage est ensanglanté » (l.51)


a. Comment ce mot est-il formé ?
b. Cherchez au moins trois mots de la même famille.

Vincent Van Gogh, La nuit étoilée sur le Rhône, 1888

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