Vous êtes sur la page 1sur 4

Séquence 1 : Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai (1870)

Séance 2 : En route !
Objectif : réviser les outils d’analyse poétique (versification et registres)

ÉTAPE 1 :Vers, strophes…


Déterminez le mètre des vers suivants en soulignant les « e » muets qui comptent pour une syllabe et en
mettant les autres entre parenthèses. Indiquez par une flèche les liaisons indispensables pour respecter le
nombre de syllabes des vers. Entourez les diérèses.

A).
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs Angélus se sont tus…
Sur la nature défleurie
Faites s’abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.
Arthur Rimbaud, «Les Corbeaux »

B.)
C’était dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni
La lune
Comme un point sur un i.
A.de Musset, «Ballade à la lune»

C.)
Guerrier resplendissant qui marches dans le ciel
À travers l’étendue et le temps éternel; […]
Roi du monde, entends-nous et protège à jamais
Les hommes au sang pur, les races pacifiques
Qui te chantent au bord des océans antiques!
Charles Leconte de Lisle, «Sûryâ »

D)
Des peupliers profilent aux lointains
Droits et serrés, leurs spectres incertains.
Paul Verlaine, «L’Heure du berger»

E.)
Et je regardais, sourd à ce que nous disions
Sa bure où je voyais des constellations.
Victor Hugo, «Le Mendiant»

F.)
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Paul Verlaine, «Art poétique»

ÉTAPE 2 :la métrique


Relevez rejets et enjambements. Caractérisez l’effet produit.
A.)
Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux.
Charles Baudelaire, «Parfum exotique»
B.)
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums!
A. Rimbaud, «Le Bateau ivre»

C.)
L’homme au trésor arrive et trouve son argent
Absent.
La Fontaine, «Le Trésor et les deux hommes»

D.)
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
Stéphane Mallarmé, «Apparition»

E.)
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent, où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons
[…]
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
[…]
Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val »

ÉTAPE 3 : les rimes


Étudiez les rimes dans les extraits de poèmes suivants : leur disposition et leur qualité (pauvres, suffisantes,
riches).
A)
Que j’aime à voir la décadence
De ces vieux châteaux ruinés,
Contre qui les ans mutinés
Ont déployé leur insolence!
Les sorciers font leur sabbat;
Les démons follets s’y retirent,
Qui, d’un malicieux ébat,
Trompent nos sens et nous martyrent1 Martyrisent.
Là se nichent en mille trous
Les couleuvres et les hiboux.
Marc-Antoine de Saint-Amant, «La Solitude»

B.)
J’ai vu des creux enfers, la caverne profonde,
J’ai été balancé des orages du monde
Au tourbillon venteux des guerres et des cours,
Insolent, j’ai usé ma jeunesse et mes jours.
Agrippa d’Aubigné, «Les Tragiques»
ÉTAPE 4 : effets sonores, effets visuels
Relevez les allitérations et assonances ou les effets visuels dans les extraits de poèmes suivants. Commentez
les effets produits en montrant les associations de sens et la musicalité du poème.

A.)
Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
Victor Hugo, «Booz endormi»

B)
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Verlaine, « il pleure dans mon cœur »

C)
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée
Léopold Sédar Senghor, « Femme noire »

D)

Guillaume Apollinaire, « La cravate »

ETAPE 5 : Exercices sur les tonalités/registres.

1. Quelles tonalités identifiez-vous dans cet extrait ? Indiquez les procédés utilisés par le poète.
Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur.
Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou (1947, posthume)

2. Identifiez les différentes tonalités de ce texte. Quels en sont les indices ?


J’entrai avec ravissement dans le mois des tempêtes. Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au
milieu des vents, des nuages et des fantômes; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer
ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois.
J’écoutais ses chants mélancoliques qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l’homme est
triste, lors même qu’il exprime le bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des
cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.
François-René de Chateaubriand, René (1802)
3. Quelles émotions et quels sentiments sont évoqués par le poète ? Quelles sont les marques du lyrisme?
«Les Pas »
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu’ils sont doux tes pas retenus!
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus!
Si de tes lèvres avancées
Tu prépares pour l’apaiser,
À l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n’était que vos pas.
Paul Valéry, Charmes (1922)

4. Quelles sont les tonalités de cette strophe ? Justifiez votre analyse en identifiant les procédés.
«Ballade des pendus »
Frères humains qui après nous vivez
N’ayez pas contre nous le cœur endurci,
Car si vous avez pitié de nous, pauvres,
Dieu vous accordera plus rapidement sa grâce.
Vous nous voyez attachés ici, cinq, six :
La chair que nous avons trop nourrie,
Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poussière.
De notre malheur, que personne ne rie,
Mais priez Dieu qu’il veuille tous nous absoudre.
François Villon (1431-1463), «L’Épitaphe Villon» dite «Ballade des pendus», 1489 (posthume),

5. Identifiez les tonalités et analysez les effets de leur mélange dans « Ma bohême » de Rimbaud. Quelles
traditions du sonnet ne respecte-t-il pas ?

Vous aimerez peut-être aussi