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Wenu Becker
DIPLOMATIE ET SÉCURITÉ EN RDC Wenu Becker
De 1960 à 1965
ISBN : 978-2-343-13099-6
16,50 €
© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-13099-6
EAN : 9782343130996
Diplomatie et sécurité
en RDC
De 1960 à 1965
Collection « Géopolitique mondiale »
Dirigée par Mwayila TSHIYEMBE
Déjà parus
Dyna Albert POMBO NGUNZA, Communication des
entreprises commerciales en République Démocratique du
Congo, 2016.
Jules MAIDIKA ASANA KALINGA, Le drame
migratoire à l’aune du droit cosmopolitique, Relecture de
la sagesse Kantienne, 2016.
Glombert LOKO MANTUONO, Couverture sociale des
maladies à caractère professionnel, Plaidoyer pour la
réforme technique de la sécurité sociale en République
Démocratique du Congo, 2016.
Mwayila TSHIYEMBE, Question africaines post-guerre
froide, 2016.
Evelyne GARNIER-ZARLI (Sous la direction de),
Réflexions autour de l'enseignement scientifique. Un enjeu
majeur de l'espace francophone, 2015.
Wenu Becker
Diplomatie et sécurité
en RDC
De 1960 à 1965
Du même auteur
Publications scientifiques :
1. Guide Bibliographique du Chercheur en Relations
Internationales, Ed. Connaissances, Lubumbashi, 1999.
2. La Recherche Scientifique : Théorie et Pratique, Presses
Universitaires de Lubumbashi, 2012.
3. Une Introduction aux Organisations Internationales,
Préalables Théoriques, CRESA, Lubumbashi, 2014.
Publications littéraires :
1. Les entrelacs, Théâtre, Ed. Connaissances, Lubumbashi,
2010.
2. Saveurs ignobles, Poésie, UEZA/SHABA, 1985.
3. Un Cri pour la démocratie, Poésie, Ed. Connaissances,
Lubumbashi, 2004.
4. Un Ton dans la nuit, Poésie, Ed. Connaissances,
Lubumbashi, 2002.
6
Aux victimes de l’insécurité de par le monde !
Préface
9
Telle une belle fille, la République Démocratique du
Congo attire les regards et l’attention de tous les pays du
monde entier. C’est en raison, d’une part, de ses déboires les
plus abrupts avec l’ancienne métropole coloniale alors que
le pays était voué à un très bel avenir, et d’autre part, c’est à
cause des convoitises de ses ressources naturelles : le
diamant, la cassitérite, le coltan, le cuivre, le cobalt, l’étain,
le gaz, le niobium, l’or, le pétrole, le tantale, le tungstène,
l’uranium, le bois d’œuvre pour ne citer que celles-ci.
Et l’auteur ne manque pas de le souligner quand il dit
qu’« en effet, la République Démocratique du Congo figure
parmi les rares pays de la planète à qui la providence avait
offert d’incommensurables potentialités qui ne laissent
aucune puissance étrangère indifférente. »
Le livre du Professeur Wenu Becker vient donc réveiller
la conscience des élites congolaises pour faire sortir le pays
de l’ornière des difficultés auxquelles il est confronté dès son
accession à l’indépendance en 1960 et par la suite à cause
d’une dictature innommable qui a pris naissance le 24
novembre 1965 à l’avènement du coup d’Etat militaire
l’ayant, davantage, affaibli face aux puissances étrangères.
La République Démocratique du Congo a été sauvée par
la Diplomatie des conflits des Nations Unies au moment où
sa propre diplomatie était caractérisée, par la suite, par une
faiblesse due aux engagements extérieurs de ses élites et une
souveraineté au rabais au lieu d’être, comme la définit Jean
Bodin, « le pouvoir de commander et de contraindre sans
être commandé ni contraint par qui ce soit sur la terre ».
Une autre raison de la perte de vitesse de la diplomatie
congolaise est le manque de légitimité des animateurs
englués dans des pratiques et dans des discours non
diplomatiques.
L’ouvrage du Professeur Wenu Becker a le mérite de
montrer courageusement les forces, les faiblesses, les
opportunités et les menaces de la diplomatie de la
10
République Démocratique du Congo circonscrite dans le
temps (1960 à 1965) et dévoiler ses propres contradictions
nées de l’inféodation des élites aux puissances étrangères et
au manque de vision de grandeur.
D’un point de vue théorique et pratique, ce livre mérite
qu’on s’y attarde et qu’il soit lu avec envie par ceux qui
dirigent le pays au sommet de l’Etat, les diplomates en
fonction et leurs conseillers pour corriger les erreurs de la
jeunesse de notre pays qui, au moment de la publication de
ce livre, a 57 ans d’âge, un âge mûr et plein de
responsabilité. Les défis de la diplomatie congolaise et de la
sécurité doivent être relevés afin que le pays ne connaisse
plus, des moments semblables à son passé que résume le
Professeur Wenu Becker, en ces termes: « un passé
beaucoup plus tragique et essentiellement tumultueux
qu’élogieux marqué par des faits tragiques qui ont imprimé
la domination des puissances étrangères sur ce territoire et
son peuple plusieurs siècles durant. »
Le temps est venu pour que le peuple de la République
Démocratique du Congo ait droit à une diplomatie et une
sécurité qui apportent le développement et la paix, et aussi le
chainon manquant désormais trouvé entre développement et
paix, c’est-à-dire, la démocratie, dans une Afrique où elle est
encore une denrée très rare.
11
Avant-propos
13
qu’extrinsèques comme étant des vecteurs à la base de
l’impasse sécuritaire de la diplomatie congolaise au cours
de cette séquence diplomatico-historique.
Et, dans l’optique de l’éthique de la science des relations
internationales, la rupture épistémologique impulse une
perception s’attachant à l’idéal constructeur d’une sécurité
par le développement de ce pays, tant ses atouts
multisectoriels formaient un rassurant pôle-détonateur.
Après avoir rendu compte de la reproduction
diplomatique de chaque gouvernement de la première
République, nous avons procédé à une évaluation sécuritaire
de la diplomatie de ce pays à partir de ses incidences
politiques, économiques, sociales et stratégiques sur la
nation congolaise.
C’est à ce niveau qu’il nous est revenu de situer l’apport
scientifique de cette analyse qui permet de par cette
dialectique, d’opérer un dépassement des présupposés
s’illustrant par une prospective tirée des leçons pérennes du
passé, susceptibles d’orienter la diplomatie présente et
d’inspirer celle à venir.
Ceci dit, il n’en demeure pas moins que cet ouvrage se
démarque d’une symbolique diplomatique aléatoire se
livrant de manière simpliste à la chronologie des évènements
politiques ayant marqué le parcours historique de cette
période postcoloniale.
Mais elle se veut être, bien au contraire, une analyse
scientifique des relations internationales, objectivant un
phénomène aussi atypique qu’est la faillite sécuritaire de la
diplomatie de la République Démocratique du Congo, aux
premiers moments de son accession à la souveraineté
internationale lançant les pas initiaux de la marche.
Wenu Becker
Professeur Ordinaire à l’Université de Lubumbashi
14
Introduction
15
potentiellement riche ne pouvait manquer de rayonner sur
la scène internationale afin de se garantir d’un
développement radieux.
Face à ce paradoxe, nous pensons que la diplomatie en
tant qu’instrument de faisabilité de la politique étrangère
n’avait pas efficacement joué le rôle qui lui revenait.
Ainsi notre analyse aura pour tâche de stigmatiser à la
lumière de l’approche réaliste des relations internationales
les faiblesses, mieux la carence de la diplomatie
congolaise et son incapacité de répondre aux impératifs de
la sécurité de ce pays.
En effet, la date du 30 juin 1960 demeure pour les
Congolais un moment qui s’inscrit de façon ineffaçable
sur le carquois de leur histoire nationale marquant ainsi
l’accession de ce pays à la souveraineté internationale.
Celle-ci offrira à la nation les capacités, non seulement
d’organiser son pouvoir interne, mais également de
manager la conception et l’exécution de ses relations avec
les acteurs internationaux.
Ainsi, en tant qu’entité politique souveraine et
disposant d’un « droit de décider de lui-même », la
République Démocratique du Congo a, comme tout État
du tiers monde et post colonial une noble mission. C’est
celle qui consiste à réaliser au profit de cette nation les
meilleures conditions de son existence. Une charge
complexe certes, mais qui ne pourra se réaliser sans
l’apport suffisant des autres acteurs internationaux.
C’est à ce niveau d’analyse que la diplomatie s’inscrit
irréfutablement comme un moyen et un instrument à
travers lesquels l’État pourra atteindre cet objectif
sublime, d’autant qu’il reste vrai, que les activités de l’État
se déroulant hors de ses frontières nationales relèvent de
son essence fonctionnelle ; d’où l’éminence de son rôle en
tant que facteur du développement.
16
Et, pour qu’elle parvienne à réaliser avec efficacité les
missions qui sont siennes en vue d’une rentabilité efficiente,
la diplomatie devra être soumise à un management,
compatible aux dispositions conventionnelles de l’ordre
normatif international.
Un regard attentif porté sur l’évolution de cette
diplomatie révèle que, celle-ci n’a pas assuré une parfaite
mise en œuvre de la politique étrangère de la République
Démocratique du Congo. Car, à cette époque-là, jour pour
jour, l’œuvre de cette diplomatie n’a pas offert aux
Congolais la possibilité de sécurité et d’accès aux délices
du mieux-être ou du progrès tout court, décevant ainsi
leurs espoirs pourtant légitimes.
Aussi, est-il impérieux de noter que la « misère noire »
qui justifie et explique la situation des Congolais résulte
en majeure partie de sa diplomatie, qui a accusé des
faiblesses aussi bien, dans son « élaboration que dans son
organisation fonctionnelle ». Ces faiblesses sont à la base
de son manque d’efficacité.
Ayant oscillé entre les succès et les insuccès, la
diplomatie de la RDC n’a pas été, somme toute, à la
hauteur de sa noble mission.
Ainsi, notre étude se propose d’examiner l’impasse
sécuritaire de cette diplomatie, avant de formuler de
manière pragmatique et réaliste le modèle ou le schéma de
sa requalification optimale. Car la sécurité pour tout pays
du tiers monde est perçue en termes de développement.
Dans la perception réaliste de la politique internationale,
l’analyse vise à cerner la portée réelle et l’apport de cette
diplomatie à la dynamique socio-économique, politique et
stratégique de la République Démocratique du Congo au
sein d’un environnement international en perpétuelle
mutation.
Il s’agira de démontrer comment la diplomatie de la
RDC n’a pas pu contribuer à la sauvegarde et à la
17
promotion des intérêts de ce pays en manquant de lui offrir
un développement suffisant donc une sécurité effective.
Du regard attentif porté sur l’impasse de la diplomatie
au cours de cette période postcoloniale, il s’avère que le
manque d’efficacité de la diplomatie émane d’une double
causalité. En effet, dans sa conception tout comme dans
son exécution, la diplomatie fut attachée aux contingences
des oligarchies régnantes au pouvoir d’une part et des
idéologies dominantes d’autre part.
Ce faisant, ayant subi les contrecoups du processus
historique caractérisé par la dynamique négative du
système international, la diplomatie congolaise, n’a pas pu
s’assumer comme une capacité susceptible de faire
infléchir à son bénéfice des retombées positives de la
décision internationale.
L’action de la diplomatie de la RDC fut dictée par les
impératifs de l’ordre international ainsi que le manque
criant d’une organisation managériale de sa base
administrative totalement rongée et assiégée par une sous-
administration aux effets pervers.
A ceci s’ajoute une absence quasi permanente d’une
doctrine ou mieux d’un credo bien défini pour symboliser
la perception nationaliste réaliste capable de mobiliser la
conscience nationale.
Le profil des diplomates accusait et accuse encore un
manque de technicité en la matière même pour ceux qui
étaient instruits.
Le manque d’une planification dans la gestion
diplomatique se traduisant aussi par le non-respect de
textes régissant le fonctionnement de la diplomatie
consacrait ainsi la banalisation de la fonction diplomatique
en République Démocratique du Congo.
18
Par conséquent, il s’avère logique que pareilles
intempérances ne pouvaient qu’influer négativement sur la
sécurité de la nation. Ces incidences sont multiples et
multisectorielles. Elles seront évoquées au plan politique,
économique, culturel et stratégique avant la formulation de
quelques modes régulateurs.
19
Première partie
Des considérations générales
21
Chapitre I
De la République démocratique
du Congo
23
Son étendue géographique ainsi que ses multiples
frontières territoriales et maritimes lui confèrent une
importance géopolitique qui lui donne de devenir la plaque
tournante de la dynamique économico-stratégique de la
vie en Afrique et dans le monde. La République
Démocratique du Congo compte un immense bassin du
fleuve Congo et ses affluents couvrent 1400 km de voies
navigables. Le Congo dispose d’une flore faite de la forêt
équatoriale, de la savane et aussi des volcans comme le
VIRUNGA et les plateaux de RUWENZORI 15119 km
aux frontières orientales. Et, ces espaces abritent une faune
aux espèces variées et diverses avec quelques spécificités
rares au monde : avec l’Okapi, le gorille des montagnes, le
sanglier géant…
La population de la RDC est en constante croissance.
Elle représente selon les estimations démographiques de
l’ONG-IDEAL PROJET « POPULATION REFERENCE
BUREAU » de Washington 71 millions selon les
statistiques de l’année 2014. Alors qu’en 1960 elle
comptait 13 millions d’habitants.
Les populations de la République Démocratique du
Congo sont reparties en 400 ethnies dont la diversité fait
de ce pays une véritable mosaïque culturelle qui rend
certainement problématique la cohésion nationale
effective.
Le climat chaud et humide explique l’alternance
saisonnière variante d’une zone à une autre (la saison
sèche et la saison de pluies).
24
géologique et agricole » avec les minerais tels que le
cobalt, le diamant, le cuivre, l’argent, le fer, l’uranium, le
plomb, l’or, le platine, niobium, le cérium, le germanium,
le zinc, l’étain, le radium… Cependant, force est de
constater que l’économie de la République Démocratique
Congo au cours de la période allant de 1960 à 1965
accusait des faiblesses remarquables.
La quasi-totalité d’indicateurs de secteurs producteurs
traduisait des basses performances du fait des multiples
obstacles aussi bien structurels que conjoncturels. La
structuration économique fut définie en fonction des
objectifs de la Belgique. Et pourtant, ses multiples
potentialités ne pouvaient normalement que faire de ce
pays une puissance économique incontestée, un lieu où la
paix et la prospérité ne pouvaient que triompher.
25
dépit de l’indépendance qu’elle lui accorda dans les
conditions particulièrement mouvantes dominées par des
crises multiformes. Cette situation a eu pour conséquence
fâcheuse, la dépendance de la RDC et son sous-
développement intégral.
A ce propos, le professeur BIYOYA notera que « la
précarité de la décolonisation belge, la fragilité des
formations politiques internes, la faiblesse des appareils
bureaucratiques ou coercitifs de l’Etat, la férocité de la
guerre froide ainsi que la volonté des officiels de l’ONU
dans le maintien de la paix et la sécurité internationale, ont
eu pour principale conséquence la mise en dépendance de
la République Démocratique du Congo au plan aussi bien
diplomatique que stratégique ».1
Examinant pour leur part le même phénomène,
Ibrahima BABA KAKE et Pierre KIPPE constateront que
« le Congo du XIXe siècle est composé de plusieurs
organisations politiques indépendantes reliées entre elles
par un système des marchés qui soutient des échanges
intérieurs dynamiques. Les ressources du pays sont alors
diverses (caoutchouc, coton, café, cacao, riz, palmier à
huile, cuivre, or, diamant, étain, zinc… » 2 et que « ces
énormes potentialités sont à partir de la fin du XIXe siècle,
une source permanente de richesses pour l’Europe et
particulièrement pour le Roi Léopold II et son pays.
Conquis par une société à but commercial, le Congo est
soumis à la logique du système économique capitaliste
durant toute la période coloniale. Plusieurs facteurs
concourent alors au sous-développement économique du
pays : l’expatriation du surplus économique, l’utilisation
1
BIYOYA, M., Introduction aux Relations Internationales Africaines,
ACRIS Lubumbashi, 1994, p. 42.
26
de l’administration contre la paysannerie au profit des
entreprises industrielles ou commerciales européennes. »1
Après la décolonisation de la RDC, et ayant compris
l’importance de ce pays, «la Belgique a tout entrepris pour
maintenir ses liens (rapports) avec son ex-colonie. C’est
en fait ce qu’on a appelé le « pari congolais » qui
consistait précisément à empêcher la rupture entre les deux
pays par la mise en place d’une coopération belgo-
congolaise conçue dans le but de perpétuer, en maquillant
pour les besoins de la cause, sa domination sur le Congo
indépendant ».2
Dans ce même ordre de pensées, d’aucuns n’ont
manqué d’indiquer les effets pervers de la coopération de
la RDC avec d’autres partenaires de par le monde.
Toutefois, il importe de noter que le sous-
développement de RDC résulte aussi bien des facteurs
internes qu’externes se résumant en la mauvaise
gouvernance qu’a connue ce pays depuis son accession à
l’indépendance.
A la lumière de ce qui précède, il va sans dire que de
nos jours les Etats ne peuvent pas se passer de la
diplomatie qui se perçoit constamment, à la fois comme un
art et une science. Elle est un art du fait qu’elle requiert les
capacités ou aptitudes spécifiques liées à la personne et à
la personnalité de l’acteur, c’est-à-dire celle du diplomate
chargé d’assumer cette charge. La diplomatie c’est aussi
une science, dans la mesure où l’évolution technologique
et industrielle a accéléré le volume et le niveau des
préoccupations des acteurs internationaux suscitant le
recours aux méthodes appropriées et aux techniques
1
IBRAHIM, B.K., Conflit Belgo-Zaïrois, Présence Africaine, Paris,
1990, p .51.
2
IDEM, P. 136.
27
adéquates devant conduire aux solutions qualitatives des
problèmes posés.
Ceci dit, pour qu’une diplomatie s’assume avec
beaucoup d’efficacité, elle devra bénéficier des moyens
matériels et financiers nécessaires pouvant garantir la
matérialisation effective de ses actions. Outre les moyens
matériels et financiers, la diplomatie a besoin de
l’expérience des agents ayant la maîtrise des dossiers
diplomatiques et disposant de facto, d’une expertise
nécessaire à l’action diplomatique. La conscience
professionnelle s’illustrant par la bonne gestion des
moyens matériels et financiers mis au service de la
diplomatie demeure un atout incontestable de succès
indispensable. Car, en sa qualité de représentant de l’Etat,
le diplomate assure, de par sa présence, le rayonnement de
son pays auprès des autorités du pays accréditaire.
Enfin, il importe de noter que la diplomatie est
intimement liée à la sécurité qui du reste, justifie sa
nécessité dans les relations internationales.
28
Chapitre II
De la diplomatie comme mécanisme
de sécurité
29
Pour NICOLSON, le mot diplomatie est synonyme de
politique extérieure ou bien encore de négociation ; il peut
aussi indiquer les procédés et le mécanisme au moyen
desquels ces négociations sont exécutées ou encore une
branche de l’administration gouvernementale, enfin un
cinquième sens « implique une qualité et un don abstrait
signifiant dans les meilleurs des cas de l’habilité à
conclure des négociations internationales, et au sens
péjoratif, la rouerie considérée comme l’aspect le plus
retors du tact ».1
Et, Philippe CAHIER de noter que « la diplomatie est
la manière de conduire les affaires extérieures d’un sujet
de droit international, à travers des moyens pacifiques et
principalement par des négociations ».2
En ce qui nous concerne, nous retenons que la
diplomatie est l’ensemble d’actions susceptibles d’assurer
la mise en œuvre des décisions et stratégies de la politique
étrangère d’un sujet de droit international.
A la lumière de toutes ces définitions, il se révèle que la
diplomatie est un instrument qui, par sa fonctionnalité
permet l’interagissement des acteurs de la scène
internationale, sujets à part entière, de droit international.
Il s’agit donc des Etats et des organisations
internationales.
En effet, ces acteurs internationaux disposant de la
personnalité juridique et de la souveraineté expriment
librement leur volonté d’entretenir des relations
diplomatiques avec les autres acteurs de la scène
internationale. L’Etat est un sujet de droit international du
fait qu’il est « directement, sans passer par l’intermédiaire
d’un autre organe, titulaire de droits et obligations en droit
1
EISMAN, P.H., Diplomatie, Encyclopedia Universalis, Paris, 1998,
Corpus 6, p. 251.
2
CAHIER, Ph., Droit Diplomatique contemporain, DROZ, GENEVE,
1964, p. 5.
30
international, et qu’il peut exercer les voies de droit aptes
à les revendiquer. La personnalité internationale de l’Etat
lui donne le droit de se lier par voie de traité, de participer
à la formation de la coutume, d’envoyer et de recevoir des
missions diplomatiques ».1
Aussi, de par sa nature, l’Etat est-il considéré comme
un sujet originaire de droit international du « simple
constat de son existence. Il n’est pas nécessaire de
procéder à un acte juridique quelconque qui lui
attribuerait la qualité de sujet international : il l’obtient
de plein droit, par la seule réunion des éléments
constitutifs ».2
Pour ce qui est de l’organisation internationale, cette
personnalité lui donne la capacité d’exercer un certain
nombre de compétences dans l’ordre international,
indépendamment des Etats qui la composent… Cette
personnalité internationale est opposable aux Etats sur
cette base : ils ont accepté d’être liés par l’acte constitutif
qui fonde la personnalité internationale de l’organisation.
Et cette personnalité peut dès lors leur être imposée. Cette
personnalité est opposable aux Etats non membres tel le
cas aux Nations Unies. Il s’agit là de la personnalité
juridique objective.
31
- Négocier avec les gouvernements de l’Etat
accréditaire ;
- S’informer par tous les moyens licites des conditions
et de l’évolution des événements dans l’Etat et faire
rapport à ce sujet au gouvernement de l’Etat ;
- Promouvoir des relations amicales et développer les
relations économiques, culturelles et scientifiques entre
l’Etat accréditant et l’Etat accréditaire.
§1. La fonction de représentation est une mission
principale qui fait de la mission diplomatique « un moyen
normal par lequel les Etats vont négocier. La mission
diplomatique a également pour fonction de s’informer par
tous les moyens licites et de l’évolution des événements
dans l’Etat accréditaire et faire rapport à ce sujet. Une telle
fonction d’information est liée à la fois à la fonction de
représentation et au rôle de négociateur à ne pas franchir et
que l’information, ne doit pouvoir s’obtenir que par des
moyens licites. Les diplomates ne doivent pas devenir des
espions. Il est en pratique fréquemment arrivé qu’un Etat
ait la conviction qu’un membre d’une mission
diplomatique se livrait à des activités d’espionnage par
exemple. Dans ce cas il est possible que l’Etat accréditaire
le déclare persona non grata, ce qui revient à lui
enjoindre de quitter ».1
Bien plus, cette fonction d’information « porte sur
plusieurs registres. En ce qui concerne d’abord les
positions réciproques des gouvernants, elles maintiennent
un canal de communication qui transmet les politiques
suivies et les relations qu’elles suscitent. En ce qui
concerne ensuite la situation générale dans l’Etat
d’accueil, elles permettent de renseigner les autorités de
l’Etat d’envoi sur les problèmes internes, les équilibres
politiques, les perspectives économiques et sociales, les
1
TAWIL, E., Relations Internationales, Vuibert, Paris, 2010, p. 258.
32
options stratégiques, l’État de l’opinion publique. En ce
sens les ambassadeurs ont été longtemps considérés
comme les espions légaux ».1
1
SUR Serge, Relations Internationales, Montchrestien, Paris, 2009,
p. 55.
2
Dictionnaire de la Terminologie du Droit International, Sirey,
Paris, 1961, p. 485, cité par YOKO YAKEMBE.
33
prévues par le droit de l’Etat destinataire de la
réclamation.
1
TSHIYEMBE, M., Politique Etrangère de la République du Congo ;
Continuités et Ruptures, l’Harmattan, Paris, 2009, p. 18.
34
SECTION 3 : LES MOYENS DE LA DIPLOMATIE
Dans cette section, il est question de mettre en exergue
les moyens à partir desquels la diplomatie assure ses
missions.
Les moyens consacrés à l’action diplomatique de tout
Etat, répondent du volume de la charge qui lui incombe.
L’évaluation du rôle important qui revient à la diplomatie
ne peut que s’effectuer à partir des nobles missions qui lui
reviennent.
En effet comme nous l’avions déjà indiqué ci-haut,
l’article 3 de la convention de Vienne de 1961 sur les
relations diplomatiques confère à la diplomatie, la mission
de la représentation, de la protection des intérêts du pays
accréditant et de ses ressortissants dans le pays
accréditaire.
Elle a également la mission de négocier dans divers
domaines de la vie internationale dans l’optique de la
préservation de l’intérêt national. La négociation dans ce
cas consiste pour les diplomates à s’investir dans cette
démarche en vue de favoriser, mordicus, la matérialisation
d’un accord.
Aussi, la diplomatie a-t-elle pour mission d’informer
par des moyens licites et de promouvoir des relations
amicales. Et par ricochet, il va sans dire que la mission de
la diplomatie est exaltante et exige des moyens
conséquents et adéquats.
Il est question « pour chaque sujet de droit international
de disposer des ressources humaines, financières,
technologiques, culturelles, qui constituent les forces
profondes qui déterminent les capacités et l’exercice de la
puissance diplomatique sous forme des variables (forces,
dissuasion, influence). Naturellement la diplomatie
s’appuie soit sur une administration, soit sur un réseau
d’ambassades, soit sur la compétence diplomatique de ses
35
agents, soit le cas échéant, sur les moyens de pression tels
que les armées, les forces économiques et industrielles ».1
Par conséquent, ces « structures ont la possibilité de
fournir ou au contraire de retirer un soutien économique à
un pays (par exemple l’aide économique des USA à
l’Israël ou les sanctions économiques contre l’Irak) ».2
Ceci étant, il importe de retenir que la réussite d’une
action diplomatique ou son efficacité reste tributaire des
moyens conséquents mis à son service. Et qu’à l’heure
actuelle, il n’est nullement question de la bonne foi, elle ne
suffit pas de la manifester pour que tout puisse se régler.
Ainsi, pour avoir les résultats satisfaisants il faut des
moyens et sans les moyens on ne pourra nullement
parvenir aux résultats escomptés.
De ce qui précède, il nous revient d’affirmer que de nos
jours les Etats ne peuvent pas se passer de la diplomatie
qui se perçoit constamment, à la fois comme un art et une
science au service de la gouvernance internationale.
Elle est un art du fait qu’elle requiert les capacités ou
aptitudes spécifiques liées à la personne et à la
personnalité du diplomate chargé d’assumer cette charge.
La diplomatie c’est aussi une science, dans la mesure
où l’évolution technologique et industrielle a accéléré le
volume et le niveau des préoccupations des acteurs
internationaux suscitant le recours aux méthodes
appropriées et techniques adéquates devant conduire aux
solutions qualitatives des problèmes posés. L’importance
de la diplomatie ne peut être mise en doute, car elle
demeure à ce jour un mécanisme politique devant garantir
la sécurité de toute unité politique sur la scène
internationale. Aussi, en constitue-t-elle un mécanisme
opérateur.
1
TSHIYEMBE, M., Politique Etrangère de la République du Congo ;
continuités et ruptures, l’Harmattan, Paris, 2009, p.15.
2
IDEM.
36
Dès lors, il se pose la question de savoir à quel type de
diplomatie s’accommode les défis sécuritaires d’un pays
en développement comme la République Démocratique du
Congo ? Quoique pertinente, cette interrogation nous
amène à considérer qu’il est impérieux de libéraliser la
diplomatie. C’est ce que le professeur MOVA SAKANYI
dénomme « la diplomatie démocratique qui se concrétise
techniquement par la répartition de l’initiative
diplomatique entre le peuple à travers le parlement et
l’exécutif ».1
Pareille diplomatie répond parfaitement, nous en
sommes persuadés, aux impératifs de l’édification de la
sécurité en RDC.
1
MOVA, S., Congo : Survie et Grandeur, SAFARI, Kinshasa, 2001,
p. 359.
37
Chapitre III
De la sécurité comme finalité
de la diplomatie
39
comme système, elle cherche à apporter des réponses
adéquates à ces perceptions ».1
Selon le nouveau Larousse Universel, la sécurité
signifie « confiances, tranquillités d’esprit résultant de la
pensée qu’il n’y a pas le péril à redouter ».2
En outre, DAVAU, COHEN et LALLEMAND
définissent dans le dictionnaire BORDAS la sécurité
comme le « sentiment de confiance intérieure résultant du
fait qu’on se croit à l’abri de tout danger. Quiétude,
assurance, calme, tranquillité, état de paix, de tranquillité
résultant du fait que les mesures propres à éviter tout
désordre intérieur et résister à toute attaque extérieure ont
été prises »3.
Ces définitions dégagent deux idées maitresses, mieux
deux conceptions essentiellement contradictoires,
contenant deux concepts à savoir la paix et la guerre,
c’est-à-dire la sécurité peut s’entendre comme la paix, la
tranquillité provenant de la capacité dont on dispose pour
mater toute action contre soi. Ceci implique les recours
aux moyens aussi bien offensifs que défensifs.
De ce qui précède, il y’a lieu de passer à l’analyse de
concepts qui en découlent.
A cet effet, nous parlerons de la guerre d’abord et de la
paix ensuite.
1
SERGE SUR, Relations Internationales, Montchrestien, Paris, 2009,
p. 428.
2
Nouveau Larousse Universel.
3
Dictionnaire BORDAS.
40
masses humanitaires, idéologies, richesses naturelles et
richesses créées »1.
La guerre est nuisible pour certains du fait qu’elle peut
ruiner des sociétés entières. Les pertes humaines civiles et
militaires s’élèvent à 8.700.000 âmes pour la première
guerre mondiale et à 36.000.000 pour la Seconde Guerre
mondiale.
Et pour d’autres penseurs comme Machiavel, la guerre
est un phénomène aussi nécessaire que l’existence de la
politique, tant intérieure qu’extérieure, des princes et des
Etats dont elle constitue un moment essentiel. Aussi,
déclare-t-il dans son ouvrage le « Prince » « tous les
prophètes bien armés furent vainqueurs en désarmés
déconfits »2.
Cependant, la paix demeure une nécessité existentielle,
car, en dépit de l’affirmation de la guerre comme réalité
positive par certains doctrinaires de sciences politiques, à
l’instar de Machiavel et Hobbes, la non-violence ou le
pacifisme reste l’éthique nouvelle qui régit les affaires
internationales en ce temps d’interdépendance et de
progrès technologiques. Car, c’est la paix qui peut assurer
la prospérité de l’homme et de la société, tandis que la
guerre au sens de destruction massive est nuisible.
Ainsi, le devoir de l’homme est de pouvoir organiser sa
vie de façon à ce qu’il puisse réaliser son bien-être et le
progrès. Pour y parvenir, il faut l’ordre et la justice qui
résultent, sans doute, de l’état de paix qui permet au
peuple de se développer.
C’est à ce point de vue que Locke se distingue
fondamentalement de Hobbes, du fait qu’il « n’accepte pas
de faire la guerre dans l’état de nature, une forme
1
GUERNIER, E., Les Civilisations devant la Paix, Palatine, Paris,
1948, p. 21.
2
ROUSSEAU, C. et Alii., La Guerre et ses Théories, PUF, Paris,
1970, p. 28.
41
d’existence rationnelle ou raisonnable. Les hommes sont
toujours obligés d’obéir à la loi de la raison : vivre comme
des hommes, c’est-à-dire selon la raison, c’est vivre en
paix. L’obligation naturelle, c’est l’obligation à la paix ».1
Par ricochet, nous affirmons avec Yves CONGAR et
Joseph FOLLET qu’il est « impossible de parler de la
guerre aujourd’hui comme on en parlait autrefois. Le mot
est le même, mais il s’agit en réalité d’autre chose. La
remise en question de cette affirmation procède d’une
réflexion sur les chances qu’apporte une guerre de
résoudre les vrais problèmes. Il s’avère que ces chances
sont nulles. Il s’avère aussi que les problèmes sont
ailleurs. Ils ne sont pas non plus, ordinairement moins, de
prestige ou de légitimité, bref de l’honneur du drapeau, ils
sont économiques et sociaux et c’est à ce moment qu’il
faut chercher leur solution. Donc, par la voie d’une bonne
politique, ouverte sur les réalités vraies et non par la voie
de bombardiers »2
Pour tout dire, la vraie sécurité pour les pays en voie de
développement est celle qui s’intéresse aux problèmes
socio-économiques des peuples, qui leur permet de vivre
dans les bonnes conditions. C’est ainsi qu’affirmait MC
NAMARA en ces termes : « la sécurité est le
développement et sans développement il n’y a pas de
sécurité »3.
C’est donc la sécurité du développement par le
développement. Une telle approche intègre dans sa
perception sécuritaire tous les aspects du développement
qu’il soit politique, économique ou socioculturel… car
1
CONGAR, Y. et Follet, J., Armée et la Vie Nationale, Chronique
Sociale de France, Paris, 1962, p. 37.
2
IDEM.
3
MC NAMARA, Sécurité Américaine et Paix Mondiale, Fayard, New
York, 1969, p. 157.
42
« la pauvreté et l’injustice sociale menacent plus la
sécurité que les ennemis extérieurs »1.
Ainsi, la réalisation du bien-être socio-économique de
ses citoyens demeure l’idéal auquel les efforts de l’Etat
tendent et que la non-réalisation d’un tel objectif traduit la
défaillance de la politique de ce dernier (Etat) et partant de
sa diplomatie étant donné que celle-ci n’a pas su, de par
ses fonctions, contribuer à la dynamique du
développement de la nation.
Pareille diplomatie s’entend effectivement comme une
diplomatie de la sécurité nationale. Cette diplomatie se
perçoit comme une capacité multiforme de ses rouages-
moteurs d’assurer de façon satisfaisante la matérialisation
de la politique étrangère dudit Etat.
Aussi, la sécurité implique-t-elle tous les domaines de
la vie sociale et demeure un phénomène global et
globalisant. Cette démarche sécuritaire exige la prise en
compte de différents facteurs dont l’implication
simultanée traduit son originale spécificité africaine.
Ceci nous amène à affirmer le caractère imminent de la
sécurité. A ce propos Raymond Aron inscrit la « sécurité
comme principe organisateur de la scène internationale et
se refera à Hobbes pour considérer que dans l’état de
nature qui caractérise les relations internationales chaque,
individu ou unité politique a pour premier objet la
sécurité ».2
Cette perception est aussi exprimée par le courant néo-
réaliste vers les années 70, indiquant que « la sécurité
constituait les référents communs à tous les Etats. A
l’origine de ce renouvellement des thèses réalistes,
l’américain Kenneth WALTZ considère que dans un
environnement anarchique dans lequel les Etats ne
1
MC NAMARA, Sécurité Américaine et Paix Mondiale, Fayard,
New York, 1969, p. 157.
2
Roche, J-J., Relations Internationales, Paris, LG DJ, 1999, p. 112.
43
peuvent compter que sur eux-mêmes, la sécurité est le
critère ultime de décision. »1
Eu égard à ce qui précède, il nous revient de considérer
que la sécurité est au cœur de la diplomatie du fait qu’elle
est la motivation de son action et à même temps son
objectif. Ceci justifie le rôle que devait jouer la diplomatie
de la République Démocratique du Congo dès l’accession
de ce pays à la souveraineté internationale.
1
Roche, J-J., Relations Internationales, Paris, LG DJ, 1999, p. 112
44
Deuxième partie
Un regard sur la diplomatie de la
République démocratique du Congo
1
BIYOYA, M., Introduction aux Relations internationales Africaines,
A.C.R.I.S., Lubumbashi, 1994, p. 69.
45
Congolais devraient s’attacher. Pour la République
Démocratique du Congo, l’intérêt national apparaît
comme le souci de toute la nation d’accéder au mieux-être
socioéconomique, politique et culturel, c’est-à-dire au
développement.
Etant donné que la sécurité est bien comprise par nous
comme le développement, la diplomatie congolaise ne
devrait réaliser la sécurité que dans la mesure où à
travers son action, la République Démocratique du Congo
arrivait à atteindre cet objectif. Et pour atteindre pareil
objectif, diplomatie devrait disposer des moyens
nécessaires et suffisants, destinés à cette fin.
Malheureusement ceci fut loin d’être une évidence.
Cette partie comprend deux chapitres. Le premier
examine le contexte et l’organisation de la diplomatie de
la RDC, tandis que le deuxième chapitre traite des actions
de la diplomatie de ce pays de 1960 à 1965.
46
Chapitre I
L’organisation et le fonctionnement
de la diplomatie de la
République démocratique du Congo
de 1960 à 1965
47
principalement par le double jeu de la puissance
colonisatrice. Cette crise se traduisait essentiellement par
les événements suivants :
1. La mutinerie de la Force Publique ;
2. Le départ précipité des cadres expatriés ;
3. Les sécessions katangaise et du Sud-Kasaï ;
4. L’existence de deux gouvernements antagonistes,
l’un de Léopoldville, l’autre de Stanleyville ;
5. La mort tragique du premier ministre Patrice Emery
LUMUMBA ;
6. Les rébellions.1
Concernant la mutinerie de la Force Publique (F.P),
celle-ci est intervenue une quinzaine seulement après
l’indépendance surprenant ainsi le gouvernement que
dirigeait Patrice Emery Lumumba. La cause de celle-ci fut
le mécontentement des sous-officiers et soldats qui
n’avaient pas du tout apprécié le sort qui fut le leur par
rapport aux civils politiciens par ailleurs moins instruits
qu’eux.
A ceci s’ajoute le « comportement du général Janssens,
maintenu en fonction par le gouvernement, a jeté de
l’huile sur le feu, abondamment. Alors qu’il y a déjà eu un
incident le lundi 4 juillet 1960 au camp Léopold, aux
portes de la capitale, il a lui-même dégradé un sous-
officier congolais et envoyé deux soldats au cachot »2.
Le jour suivant, c’est-à-dire « le 5 juillet, à la suite du
premier acte caractérisé d’indiscipline, qui s’était passé à
la veille, le général Janssens avait convoqué les sous-
officiers du détachement casernés à Léopoldville. Il écrivit
au tableau noir la phrase : « Après l’indépendance = Avant
1
Rapport de la Conférence Nationale Souveraine, Kinshasa, 1992,
p. 51.
2
Yves BENOT, La Mort de LUMUMBA, Afrique Contemporaine,
Paris, 1989, p. 108.
48
l’indépendance » et déclara : « La Force publique continue
comme avant »1.
Et la situation s’empire au point que le soir du même
jour, le 5 juillet 1960, la « mutinerie éclate au camp de
Thysville. LUMUMBA, le 6, annonce au camp Léopold II
une promotion générale d’un grade par militaire : 2ème
classe devient 1ère classe, le soldat de 1ère classe devient
caporal, le caporal devient sergent, etc. ; mais les soldats
ne sont pas satisfaits de cette mesure. LUMUMBA est
hué, puis des groupes des soldats, le centurion à la main
descend vers la ville. Certains sont reçus par le premier
ministre qui décide de renvoyer le général JANSSENS, la
mutinerie va se poursuivre les 7 et 8 juillet à Léopoldville.
Il y a eu un réflexe de panique chez les militaires de la
Force Publique qui craignent une vengeance du Général
JANSSENS et une intervention belge. Parmi les autres
causes on peut citer les bruits d’invasion soviétique et la
nouvelle d’un soi-disant complot belge organisé contre la
vie de LUMUMBA »2.
Cette situation a suscité le départ précipité des cadres
expatriés surtout à la suite des sévices exercés sur les
Belges et leurs familles. Ce qui va provoquer
l’intervention des fusiliers marins belges à MATADI.
Cette intervention aura pour conséquence la rupture des
relations diplomatiques entre le Congo et la Belgique. Et
comme si cela ne suffisait pas, commencera la série
d’oppositions contre le gouvernement de LUMUMBA.
Ces oppositions se manifesteront sous forme de
sécessions.
En effet, « le 11 juillet 1960, la province du Katanga se
proclame indépendante avec l’appui de certains militaires
belges. Deux jours après, KASAVUBU et LUMUMBA
1
Congo 1960, I, p. 372.
2
CORNEVIN, R., Histoire du Congo, Berger-LEVRAULT, Paris,
1970, p. 266.
49
sollicitent l’assistance de l’ONU : l’aide de l’ONU est
accordée pour le maintien de l’ordre et la protection des
vies humaines. La thèse de l’agression belge n’est pas
retenue. KASAVUBU et LUMUMBA menacent, le 17
juillet, de solliciter l’aide de l’U.R.S.S. si les troupes n’ont
pas évacué le Katanga le 19 juillet. Cette menace mettait
en cause les options internationales de LUMUMBA, dont
l’une reposant sur le traité d’amitié et d’assistance avec la
Belgique était caduque depuis la rupture des relations, et
l’autre, le neutralisme positif à l’égard des pays de l’Est et
l’Ouest, courait des risques. Seule, la troisième option
panafricanisme et décolonisation pouvait être maintenue
sans réticence dans sa déclaration d’intention »1.
Ensuite, viendra s’ajouter une autre sécession, le 8 août
1960 : Albert KALONJI proclame l’Etat indépendant du
Sud-Kasaï et se joint le 25 août à une confédération
Katanga-Kasaï. Ce dernier n’a pas pardonné LUMUMBA
le fait de n’avoir intégré son parti dans son gouvernement.
Ainsi, toutes les conditions furent réunies pour installer
l’imbroglio qui va immédiatement entraîner le pays dans
la crise institutionnelle dont la fatalité constituera la
décadence du gouvernement LUMUMBA et son
assassinat le 17 janvier 1961. Et, il s’en suivra une
instabilité politique qui fera succéder sans discontinuité les
gouvernements des commissaires généraux de 19
septembre 1960 au 9 février 1961, jour de l’installation du
Gouvernement ILEO Joseph. Celui-ci sera à son tour
remplacé par le Gouvernement ADOULA (août 1961 à
juin 1964). Après cette date viendra le gouvernement
TSHOMBE (juillet 1964 à octobre 1965) jusqu’à la
désignation d’Evariste KIMBA comme formateur par le
président KASAVUBU le 14 novembre. Celui-ci
n’obtiendra pas la confiance du parlement. Mais le 24
novembre 1965, le Général MOBUTU prend le pouvoir.
1
CORNEVIN, R., Le Zaïre, Que sais-je, Paris, 1975 , pp. 92-93.
50
Toutefois, il importe de noter que dès la fin de l’année
1963, Pierre MULELE ancien ministre de l’Education
Nationale du Gouvernement LUMUMBA va déclencher
une rébellion au KWILU et celle-ci va se développer au
mois de mai de la même année avec Gaston
SOUMIALOT dans le Nord Katanga.
Au cours de cette période, la République Démocratique
du Congo avait traversé une crise la plus lamentable de
son histoire.
Cette crise s’explique bien par le fait « d’une
indépendance octroyée sans préparation à des élites
politiques sans formation, grisées par un pouvoir dont ils
ne mesuraient pas les limites, un pouvoir économique
conservé par les intérêts privés de Bruxelles, des
interventions internationales mal préparées par un
personnel contestable devaient contribuer à l’instabilité, au
développement des mouvements tribalistes, aux troubles et
à la situation catastrophique qui a marqué les cinq
premières années de l’indépendance congolaise »1.
51
Léopoldville comprend deux chambres, dont une des
représentants élus au suffrage universel (137 membres) et
un sénat de 87 membres désignés par les Assemblées
provinciales ; ainsi des points importants sur
l’organisation des pouvoirs publics de la République
Démocratique du Congo sont noyés au milieu de
dispositions d’intérêts plus réduits »1.
Ceci a fait dire que cette loi fondamentale, issue du
parlement belge, a été une élaboration parfaite d’un
instrument qui devait, sans le moindre doute, provoquer
une crise institutionnelle au sein du gouvernement
congolais. Ce fut un véritable piège que les Belges avaient
tendu aux Congolais.
Toutefois, il est à retenir que la première République
fut gouvernée par un régime « parlementaire » ayant un
exécutif bicéphale et un parlement bicaméral, calqué de
façon simpliste et intéressée sur le modèle belge. Dans ce
contexte, le président de la République était irresponsable
politiquement et que seul le premier ministre devrait
répondre de ses actes et de sa gestion devant le Parlement.
Ainsi, comme Etat souverain, la République
Démocratique du Congo avait déterminé les organes
chargés de sa politique étrangère. Il s’agit du président de
la République, du gouvernement et du parlement.
1. La présidence de la République
Au regard du bicéphalisme de l’exécutif, le président de
la République constitue un organe, à part entière du
pouvoir exécutif et à ce titre, il intervient de façon
effective et constitutionnelle en matière de politique
étrangère alors que se trouve à ses côtés un premier
ministre, chef du Gouvernement.
1
CORNEVIN, R., Histoire du Congo, Berger-LEVRAULT, Paris,
1970, p. 256.
52
Toutefois, le président de la République considéré en
quelque sorte comme souverain ou monarque n’avait
nullement à répondre de ses actes devant le parlement.
Mais le premier ministre lui devait
constitutionnellement répondre de sa gestion politique
devant cette institution de la République.
2. Le gouvernement
Au sein du Gouvernement qui est un organe exécutif
par excellence se trouve le ministère des Affaires
étrangères. Le ministre des Affaires étrangères demeure la
plaque tournante de la politique étrangère.
En ce sens, il assure l’exécution de toutes les activités
diplomatiques du pays. Il est le relais et permet aux autres
ministères et organes, d’entrer en contact avec le monde
extérieur. Il est l’intermédiaire et techniquement la voie
obligée pour les différents ministères et institutions de
l’Etat.
C’est le ministre des affaires étrangères qui fut le
premier collaborateur du chef de l’Etat au cours de cette
période. Il avait joué un rôle actif d’intermédiaire entre la
présidence de la république et les autres instances tant
nationales qu’internationales qui avaient l’influence sur la
décision internationale.
3. Le parlement
Dans un régime parlementaire effectif, le parlement
constitue un organe principal de la vie de l’Etat. Il
contribue à l’élaboration rationnelle des décisions ou lois
en matière de politique étrangère et assure la mise en
application de cette dernière.
Pendant la première République, il existait au sein du
parlement une commission chargée de la politique
étrangère. Celle-ci avait pour mission d’interpeller le
gouvernement en cas des difficultés en cette matière.
53
SECTION 3. LES PRINCIPES DE LA DIPLOMATIE
DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO DE 1960 A 1965
Il importe d’emblée de faire remarquer que la
diplomatie de la RDC avait connu à ses débuts, des
moments d’enfantement, sans nul doute, douloureux.
Traversé par de multiples crises, le jeune pays tentait
l’expérience d’un parlementarisme biaisé, régi par la loi
fondamentale ingénieusement élaborée par le parlement
belge.
Ainsi, dans cette tourmente caractérisée par des crises
gouvernementales à répétition, cette diplomatie avait pour
fondement conceptuel le nationalisme ainsi que les
principes généraux du droit international.
En effet, à la suite de son admission à l’ONU, la
République Démocratique du Congo fera siens les cinq
principes de la coexistence pacifique édictés par cette
organisation à savoir : « l’égalité souveraine des Etats, le
règlement pacifique des différends internationaux, le non-
recours à la force, la non-ingérence dans les affaires
intérieures des Etats, et, le respect de l’intégrité territoriale
et de l’indépendance des Etats. Mais le jeune Etat n’eut
pas les moyens d’une politique extérieure véritablement
active et indépendante. Aussi s’attellera-t-il à rechercher
des soutiens extérieurs en vue de sauvegarder son unité
nationale et d’éviter son isolement diplomatique »1.
1
Rapport de la C.N.S., Kinshasa, 1992, p. 52.
54
Chapitre II
Les actions diplomatiques
des gouvernements de la
République démocratique du Congo
de 1960 à 1965
55
SECTION 1. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT
LUMUMBA (5 JUILLET AU 5 SEPTEMBRE 1960)
D’aucuns n’ignorent que le Congo léopoldien était un
véritable berceau de sauvegarde des intérêts de la
Belgique. Et l’indépendance accordée à ce pays aura été
un acte dicté plus par la conjoncture internationale que par
la volonté de la métropole qui, du reste, n’avait pas, à
proprement parler, une politique de décolonisation. Alors
c’est sous la contrainte et l’improvisation que la Belgique
céda la R.D.C. à un gouvernement non préparé à la gestion
de l’Etat.
C’est donc, dans cette atmosphère caractérisée par la
rancœur, que LUMUMBA sans probablement des tacts
diplomatiques adressera lors de la cérémonie de
l’indépendance le 30 juin 1960, un discours fulminant et
improvisé, avec des propos violents et malséants sur les
affres de la colonisation belge contre son pays et son
peuple devant le Roi Baudouin Ier.
Ces propos, considérés comme une offense à Sa
Majesté le roi des Belges, avaient créé de l’indignation
dans les milieux belges et de la méfiance vis-à-vis du
gouvernement LUMUMBA et remettaient en cause le
traité d’amitié belgo-congolais.
Et ne pouvant compter sur LUMUMBA dont les
actions fulminantes contre les Belges avaient provoqué
antipathie et sévices sur ces derniers, la Belgique choisira
un moyen peu commode, mais peut être opportun pour
elle : soutenir la sécession katangaise proclamée le 11
juillet avec l’appui de certains militaires belges. Cette
intervention de la Belgique poussera LUMUMBA à
décider de la rupture des relations diplomatiques avec la
Belgique le 9 août 1960.
En outre, la sécession katangaise qui avait été une
stratégie efficace pour déstabiliser LUMUMBA et son
pays.
56
Bien plus, vis-à-vis de l’ONU, LUMUMBA avait été
tranchant. En effet, durant le mois de juillet la tension
politique est à son comble. Le 17 du même mois à
Stanleyville, un ultimatum est adressé aux Nations Unies,
demandant le retrait des troupes belge avant le 19 juillet
faute de quoi, l’intervention de l’URSS devait être
sollicitée.
Mais la réaction de l’ONU est très vive. Elle est
appuyée par le délégué de la Tunisie, M. MONGO SLIM
qui soutient à fond le Secrétaire Général de l’ONU, sans
doute parce qu’il espère aboutir à la formule d’autonomie
administrative du Katanga par rapport au gouvernement
congolais et non celle d’une intégration dans les services
congolais.
Cette décision provoque « une réaction violente du
gouvernement LUMUMBA qui, dans une conférence de
presse du 9 août, déclare que le Congo ne sera jamais une
colonie de l’ONU et ne sera jamais sous la tutelle de
l’ONU ». 1
Bien qu’étant engagé à défendre la cause de la
République Démocratique du Congo, LUMUMBA avait
quelque peu minimisé, nous semble-t-il, de percevoir de
façon réaliste les impératifs structuro-fonctionnels du
système international caractérisé par la rivalité bipolaire
Est-Ouest illustrant la guerre froide.
Ayant perdu la confiance de la Belgique, puissance
colonisatrice, dont l’influence diplomatique au sein du
bloc occidental n’était pas à négliger, LUMUMBA ouvrira
un autre front. Cette fois avec la toute puissante
Organisation des Nations Unies, l’ONU au sein de
laquelle les Etats-Unis d’Amérique disposent d’un droit de
veto et une influence considérable sur les pays de son
obédience.
1
CORNEVIN, R., Histoire du Congo, Berger-LEVRAULT, Paris,
1970, p. 269.
57
Ainsi, s’attaquer à l’ONU par un ultimatum évoquant le
recours à l’U.R.S.S. traduisait l’intention de faire basculer
la R.D.C, dans le camp des pays socialistes pro-
soviétiques. Ce qui fut une provocation inacceptable pour
ce bloc hégémonique de l’Ouest. La réaction de la
Belgique et celle de l’ONU prouvent à suffisance que la
diplomatie de LUMUMBA, quoique nationaliste, avait
manqué de réalisme politique du fait qu’elle a constitué en
elle-même les germes de sa propre destruction et partant
de son échec diplomatique. Ceci a eu pour conséquence
l’isolement diplomatique de la personne de LUMUMBA,
son arrestation, son assassinat, et la destitution de son
gouvernement.
A partir de ce moment, l’isolement diplomatique de la
République Démocratique du Congo fut effectif, en dépit
de la reconnaissance et du soutien dont elle pouvait
bénéficier de certains pays africains comme le Ghana, la
Guinée, la République Arabe-Unie. Cet isolement
diplomatique a favorisé les conditions d’insécurité à tous
égards.
Eu égard à ce qui précède, il semblerait que
LUMUMBA aurait accordé peu de crédit à la sacralité de
la fonction diplomatique. Il avait, on pouvait bien le
constater, manqué de se remettre à l’expertise des
spécialistes en la matière et d’observer les prescrits de
l’éthique diplomatique. Cela s’est traduit par le fait que le
ministère avait été constitué par des agents recrutés à la
sauvette à partir d’autres ministères sans aucun critère de
sélection.
Est-ce que cela suffisait pour considérer LUMUMBA
comme ayant probablement perdu de vue la portée de la
diplomatie contemporaine qui est totale, c’est à dire
politique, psychologique, économique, géostratégique…,
recourant mutatis mutandis aux moyens violents et semi-
violents, susceptibles de persuader la communauté
58
internationale à requalifier favorablement ses positions
vis-à-vis de son pays ?
Cette défaillance de la diplomatie de LUMUMBA
résulterait-elle également du fait qu’en dépit de sa
popularité et de son leadership, LUMUMBA n’était pas en
mesure de diriger et de gouverner le pays ?
Les méthodes diplomatiques de LUMUMBA ont
produit des effets défavorables au sein de l’environnement
international d’obédience occidentale.
En effet, ni les forces militaires, ni les forces politiques
étrangères ne pouvaient permettre à LUMUMBA et
encore moins à son gouvernement de réaliser leurs
missions au nom du nationalisme et du peuple auprès de
qui ils tiraient leur légitimité.
Toutefois, il est à considérer que ce n’est pas par
ignorance que LUMUMBA faisait fi de la logique
fonctionnelle du système international. Sa démarche
répondait, nous semble-t-il, du pragmatisme de sa lutte
menée contre les injustices et atrocités dont fut victime de
la population à l’époque coloniale. C’est ce qui lui valut
l’ascension fulgurante aux cimes de gloires héroïques.
59
Les missions confiées à ce gouvernement portaient sur
les points suivants :
1. Etablissement des relations avec plusieurs
gouvernements provinciaux ;
2. Reconnaissance de l’autorité du chef de l’Etat malgré
la neutralisation, décrétée par le colonel MOBUTU ;
3. Tentative de restaurer l’autorité du pouvoir central sur
la province du Katanga en novembre-décembre et
négociation avec M. SENDWE ;
4. Envoi d’une délégation présidée par M. CARDOSO à
New York pour y défendre la politique du collège devant
les Nations Unies ;
5. Rupture avec certains pays africains (Ghana et
République Arabe-Unie) ;
6. Plus tard, fin novembre, régime d’occupation militaire
et blocus économique de la province orientale.
A tout prendre, il sied de noter que ce gouvernement de
« conjoncture » n’avait pas une option politique nette. Il a
eu à notre avis la charge de palier à une carence de
pouvoir en attendant le rétablissement de l’équilibre
politique au sein des institutions. Et, « Monsieur
PARAVICINI dans un rapport économique des Nations
Unies du 12 février 1961 parle, en ce qui concerne ce
collège des commissaires d’une brève parenthèse de
tranquillité qui, en octobre et novembre, a donné lieu à des
nouvelles espérances »1.
Toutefois, le travail réalisé par ce collège fut
considérablement appréciable du fait que ces
commissaires généraux, avaient pour la plupart comme
conseillers, leurs anciens professeurs.
Ce collège avait bénéficié d’une sympathie de l’opinion
internationale même s’il avait cautionné l’arrestation et
l’assassinat de LUMUMBA, le 17 janvier 1961.
1
Congo 60, p. 882.
60
SECTION 3. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT
DE JOSEPH ILEO
En dépit de l’appréciation que l’on pouvait faire du
travail réalisé par le collège des commissaires généraux, il
y a lieu de noter que la situation à l’intérieur du pays ne
fut guère paisible, du fait de la confusion et de l’insécurité
qui régnaient à cette époque.
En effet, « les partisans de LUMUMBA devaient
évincer de Stanleyville les officiers de l’ANC (Armée
Nationale Congolaise) fidèles au colonel MOBUTU. Ainsi
se constitue une province reconnaissant le gouvernement
de LUMUMBA. (Par contre la région de Luluabourg
contrôlée par le Cartel LULUA et celle de KWANGO-
KWILU du Parti Solidaire Africain restent isolées et ne
peuvent se rattacher au bloc lumumbiste). Celui-ci, en
résidence surveillée à Léopoldville, sous la garde des
Casques bleus ghanéens parvient à s’évader dans la nuit
du 27 au 28 novembre et atteint le 29 la ville de KIKWIT.
Repéré par un avion, il est arrêté, interné le 3 décembre à
Léopoldville. Transféré le 17 janvier au Katanga, il est
assassiné peu après son transfert »1.
Et au cours de la même période, le Katanga et le sud-
Kasaï en sécessions, bénéficient des appuis internes et
extérieurs, ce qui permettra à ces deux provinces de
consolider leurs positions.
Aussi, « dès septembre 1960, la politique officielle
belge se caractérise-t-elle par une sorte de double jeu, un
jeu appuyé sur Brazzaville en direction de Léopoldville
qui vise à donner un appui matériel et politique au collège
des commissaires généraux et au colonel MOBUTU,
d’autre part, à Elisabethville, l’assistance technique et la
1
CORNEVIN, R., Histoire du Congo, Berger-LEVRAULT, Paris,
1970, p. 94.
61
collaboration par M. TSHOMBE les moyens de maintenir
un Etat séparé ».1
Le Sud-Kasaï d’Albert KALONJI se trouve dans une
position particulière. Monsieur KALONJI, chef de file des
balubas du Kasaï s’est installé dans une situation,
d’autonomie interne sans rompre avec Léopoldville où le
collège des commissaires compte des nombreux
Baluba ».2
En outre, à Léopoldville les politiciens étaient loin de
se défaire de leurs réflexes autonomistes en dépit du fait
que KASAVUBU se trouvait à la présidence de la
République. L’ONU, quant à elle, s’était constituée en un
quatrième pouvoir que lui conférait la résolution du
Conseil de Sécurité du 21 février par laquelle l’ONU
pouvait faire intervenir ses troupes armées dans n’importe
quelle circonstance en République Démocratique du
Congo.
Ainsi, dans cet imbroglio généralisé, le pays fut
balkanisé et devenait de plus en plus ingouvernable du fait
de la multiplicité des centres de décisions et de la
légitimité de ces multiples pouvoirs. Le cadre
constitutionnel étant ébranlé par la dynamique de la crise,
il fallait pour sortir le pays de ce marasme politique,
opérer d’autres choix réalistes et raisonnables, qui ne
furent que l’option de la voie extra-parlementaire. Ce sont
les trois tables rondes de Léopoldville (25 janvier au 16
février 1961), de TANANARIVE (8 au12 mars) et celle de
Coquilathville (24 avril au 28 mai) qui vont permettre à la
République Démocratique du Congo de se doter d’un
gouvernement issu d’un consensus politique.
En effet, c’est devant cette impérieuse nécessité du
rétablissement politique et de la sécurité de la RDC que le
1
CORNEVIN, R., Histoire du Congo, Berger-LEVRAULT, Paris,
1970, p. 94.
2
IDEM.
62
collège de commissaires généraux fut remplacé par le
gouvernement provisoire de Joseph Iléo au terme du
décret présidentiel signé par le président de la République,
Joseph KASAVUBU le 9 février 1961.
Ce gouvernement comptait sept membres du
gouvernement LUMUMBA dont cinq avaient gardé les
mêmes portefeuilles. Ce gouvernement de transition a eu
pour mission essentielle de sortir le pays de l’impasse
politique.
C’est ainsi qu’au nombre des rencontres politiques
visant la réconciliation des politiques congolais, nous
retiendrons le conclave de Lovanium organisé à
l’Université Lovanium de Kinshasa du 22 juillet au 2 août
1961.
L’importance de cette rencontre provient du fait qu’elle
est parvenue contrairement aux précédentes (tables rondes
de Léopoldville 25 janvier au 16 février 1961 de
Tananarive (Madagascar) du 8 au 12 mars 1961 et de
Coquilathville du 24 avril au 28 mai 1961), à faire aboutir
les discussions par la mise sur pied d’un gouvernement
d’union nationale dont le premier ministre fut Cyrille
ADOULA.
Il importe de noter que le succès de cette rencontre
découle du fait qu’elle fut le produit des contacts divers
entre les forces nationales et internationales. C’est ainsi
que Mgr GILLON l’a organisée et qu’elle s’est déroulée
sous la protection des Casques bleus de l’ONU
Ce fait est à mettre au compte du Gouvernement Iléo,
qui avait assumé un rôle difficile dans un contexte de
rupture tous azimuts, rupture entre les forces en présence
sur la scène politique en profonde crise. C’est au juste sa
capacité d’assurer les équilibres nécessaires dans la
mouvance des controverses qui a permis les uns et les
autres de s’accorder sur les points de leurs divergences.
63
Au fond le mérite du gouvernement ILEO fut au juste,
l’effort consenti en vue de parvenir à faire aboutir les
diverses négociations en établissant un équilibre positif
entre les impératifs du national et de l’international. La
convergence de son action avec la communauté
internationale avait favorisé la réconciliation nationale.
64
prenait note de l’investiture du nouveau président du Conseil,
lui souhaitant plein succès dans une tâche pour le
renforcement de l’indépendance et de l’unité du Congo ».1
Et, il va par la même occasion exprimer de façon claire et
précise son souhait de voir son pays l’U.R.S.S. entretenir et
maintenir les relations diplomatiques soutenues avec la RDC
en vue de développer l’amitié entre ces deux Etats.
Cette marque de reconnaissance de l’U.R.S.S. avait servi
de détonateur pour les autres pays de l’Est. C’est ainsi que la
Tchécoslovaquie va reconnaître à son tour le gouvernement
ADOULA le 6 septembre 1961.
Quant à la sécession Katangaise, celle-ci avait été
anéantie par le gouvernement ADOULA avec l’appui de
l’ONU et sans compter celui du gouvernement américain qui
soutenait le plan de l’ONU. Ce plan, que l’on désigne
souvent aussi sous le nom de « plan UTHAN », est un projet
que le Secrétaire Général de Nations Unies avait présenté à
M. ADOULA et à M. TSHOMBE en août 1962. Il reprend
les idées d’UTHAN, proposant la solution des problèmes qui
furent à la base des divergences politiques entre le
gouvernement central de Léopoldville et celui du Katanga en
sécession.
Pour son initiateur UTHAN, Secrétaire Général de
l’ONU, il n’était pas question de procéder ou d’envisager
une quelconque négociation à ce sujet. Le Secrétaire Général
s’était limité à noter que le projet ne pouvait qu’être, soit
« accepté », soit « rejeté ». Heureusement pour la RDC, les
deux parties en conflit l’avaient bien accepté d’autant que
celui-ci (plan) avait bénéficié de l’agrément des plusieurs
Etats influents de l’époque, fait qui avait favorisé l’attitude
positive des Congolais à son égard.
1
MIKOBI, M., Les crises institutionnelles et l’édification, de la
Nation au Zaïre, Mémoire de Licence en Sciences Politiques,
Université de Lubumbashi, RD Congo, 1997, p. 20.
65
En gros, ce plan préconisait des mesures ci-après :
« adoption d’une constitution établissant un système
fédéral de gouvernement ; répartition des recettes et des
rentrées des devises entre le gouvernement central et les
gouverneurs des provinces, unification de la monnaie ;
intégration et regroupement de toutes les unités militaires
et paramilitaires et de la gendarmerie dans le cadre d’une
armée nationale, proclamation, d’une amnistie générale :
refonte du gouvernement central en vue d’assurer la
représentation de tous les groupements politiques et
provinciaux »1.
S’agissant de la diplomatie, ce plan prévoyait le
« rappel de tous les représentants à l’étrangers non
mandatés par le Gouvernement central ; reconnaissance au
personnel de l’Organisation des Nations Unies de la liberté
de mouvement dans l’ensemble du territoire congolais. Le
Secrétaire Général n’a présenté ce projet qu’au bout de
près de huit mois d’efforts stériles visant à assurer la
réconciliation nationale à la faveur d’entretiens directs
entre le premier ministre et le président de la province du
Katanga, entretiens auxquels l’ONU avait prêté tout le
concours possible »2.
Le gouvernement ADOULA avait permis la reprise des
relations diplomatiques avec la Belgique dont l’influence
politique n’était pas à négliger.
Concernant l’unité de son gouvernement et celle de son
armée, elle a été difficile à réaliser du fait des divergences
et des ingérences multiples.
En fait, le gouvernement ADOULA était composé des
ministres nommés par le président KASAVUBU. Ce fait
1
MIKOBI, M., Les Crises Institutionnelles et l’Edification, de la
Nation au Zaïre, Mémoire de Licence en Sciences Politiques,
Université de Lubumbashi, RD Congo, 1997, p. 21.
2
L’ONU et le Congo, Quelques Faits Essentiels, Nations Unies, New-
York, 1962. p. 11.
66
présageait les oppositions qui allaient éclater à la longue.
« Les contradictions qui ont eu lieu entre ADOULA et ses
amis et les filtrages politiques de différentes divisions du
Gouvernement par le groupe de BINZA ont amené le
Gouvernement à commettre des abus. ADOULA accuse
ses amis d’être à la base de la situation, et propose le
remaniement du gouvernement ».1 Ce remaniement sera
refusé par le président KASAVUBU.
Bien plus, le conflit entre l’exécutif et le législatif
n’aboutit à la mise en congé des chambres. Le parlement,
certes, était vénal et corrompu, mais il avait le mérite
d’exister, de constituer le contrepoids à un exécutif peut-
être excessivement technocratique.
Cette mise en congé de septembre-octobre 1963 rejette
l’opposition dans la clandestinité (le maquis de KWILU
organisé par Pierre MULELE date de fin 1963) ou dans un
exil que facilite le remplacement à Brazzaville de Fulbert
YOULOU par MASSAMBA-DEBAT. Depuis l’autre rive
du pool, un gouvernement insurrectionnel fournit à la
rébellion l’infrastructure politique dont elle a besoin.
A partir du « mois de mai 1964, un deuxième foyer
insurrectionnel se développe dans l’Est du Congo avec les
SIMBAS de Gaston SOUMIALOT, venu du Burundi qui
flirte avec la Chine populaire. La décomposition
administrative du pays ne permet pas le succès d’une
dévaluation pourtant techniquement réussie ».2 Ce qui
poussera le gouvernement ADOULA à la démission. Il
sera ainsi remplacé par celui de Gouvernement
TSHOMBE.
1
MIKOBI, M., Les Crises Institutionnelles et l’Edification, de la
Nation au Zaïre, Mémoire de Licence en Sciences Politiques,
Université de Lubumbashi, RD Congo, 1997, p. 21.
2
CORNEVIN, R., Le Zaïre, PUF, Paris, 1972, p. 98.
67
SECTION 5. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT
TSHOMBE
La progression des forces rebelles soumialistes1 « prend
en juillet 1964, des proportions alarmantes, si bien que
TSHOMBE, qui réside en Espagne, est chargé d’une
mission d’information qui se transformera en mission de
formation d’un gouvernement d’union nationale devenu
sous la pression de la rébellion gouvernement de salut
public ».2 Car, la République Démocratique du Congo
avait besoin d’un homme fort capable de briser la montée
fulgurante de la révolution menée par le bloc nationaliste
en rébellion.
Ainsi, TSHOMBE qui disposait d’une force financière,
des armes et d’une bande des mercenaires aux cotés des
ex-gendarmes katangais se trouvant en Angola, était
« l’homme le mieux indiqué pour cette mission. Il
bénéficiera de l’appui de la communauté internationale
pour mener des opérations politiques et militaires et
anéantir la rébellion. C’est dans ce contexte que sera
menée avec l’appui des américains, l’opération des paras
commandos belges (24 et 26 novembre 1964) du
commandant Laurent sur STAN. »3
Après la campagne militaire pour l’anéantissement des
forces rebelles, le Gouvernement TSHOMBE devait se
mettre à la réorganisation de la vie politique, économique
et culturelle du pays. Il avait bénéficié de l’appui de
l’Occident, c’est parce qu’il a eu à jouer le jeu de la
Belgique qu’entendait œuvrer au maintien du statu quo et
non en faveur d’une indépendance effective de la
République Démocratique du Congo. On comprend dès
lors que la diplomatie de TSHOMBE n’avait pas privilégié
1
Il s’agit de forces rebelles sous le leadership de monsieur SOUMIALOT
au nord Katanga.
2
CORNEVIN, R., Le Zaïre, PUF, Paris, 1972, p. 98.
3
IDEM.
68
les intérêts réels de la République Démocratique du Congo
qui soutenait au sein de l’OUA l’indépendance effective et
de la décolonisation des pays africains.
En effet, le retour au pouvoir de TSHOMBE va « se
traduire par un gigantesque pas en arrière. Mis à un banc
de l’Afrique indépendante, TSHOMBE ne va pas
dissimiler ses intentions réelles. Après une tournée de
capitales européennes occidentales, il déclenche une
violente campagne anti arabe, expulse les diplomates
d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ne manque pas de
remercier les Belges d’avoir, sous Léopold II, chassé les
marchands d’esclaves arabes. Quelques mois plus tard,
avec le soutien de Foccart, responsable français des
affaires étrangères, et du Gouvernement Belge, il fait
adhérer la R.D.C. à cette espèce d’anti-OUA qu’est
l’Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM)
créée par la France à l’intention des anciens pays de la
communauté française (à l’exception de la Guinée) »1.
Ainsi, l’incidence de l’action diplomatique de
TSHOMBE ne pouvait tarder à se manifester.
En effet, « en quinze mois de pouvoir, KAPENDA
TSHOMBE est parvenu à faire mépriser la R.D.C., par la
moitié des pays africains, à se brouiller avec le Congo-
Brazza et le Burundi, à aliéner l’indépendance nationale.
Ses seuls rapports amicaux, il les entretient avec les pays
de l’OCAM (dont il a accepté de financer 30% des
dépenses de fonctionnement), avec ceux de la
Communauté Européenne… l’Afrique du sud, la Rhodésie
et le Portugal, en direction desquels, aux dépens des
mouvements de libération, il inaugure la pernicieuse
1
BUANA KABUE, L’Expérience Zaïroise, du Casque Colonial à la
Toque de Léopard, ABC, Paris, 1975, pp. 188-189.
69
« politique de dialogue » qui n’avait rien apporté au
pays ».1
Cependant, il n’en demeure pas moins qu’au plan
économique, la diplomatie de TSHOMBE avait permis de
mener quelques actions.
Rappelons qu’à son arrivée au pouvoir, TSHOMBE a
eu à faire entretenir les options de la table ronde
économique de 1963 qui fut une parfaite élaboration
technique en faveur de la Belgique.
Le projet de convention proposé par Paul Henri
SPAAK2 portait sur les points suivants :
1
BUANA KABUE, L’Expérience Zaïroise, du Casque Colonial à la
Toque de Léopard, ABC, Paris, 1975, p 141.
2
IDEM, pp. 188-189.
3
CFL : Compagnie des Chemins de Fer de Grands Lacs, CNKI :
Comité National du Kivu, CSK : Comité Spécial du Katanga.
70
puiser automatiquement sur les avoirs de la république la
somme de 25 millions de Francs belges par mois, et cela
pendant quarante ans. Le problème des sociétés à chartes
est réglé dans le sens voulu par la Belgique c’est-à-dire
que la république perd sa qualité d’actionnaire majoritaire
au sein de l’Union Minière du Haut Katanga et de toutes
les autres sociétés de son groupe ».1
Ceci dit, TSHOMBE recevra quelques heures après, du
Président de l’Union Minière, Van Der STRACTEN un
chèque de 92 millions, comme dividendes, redevances et
intérêts au titre de participation de la R.D.C. au capital de
la société depuis 1960. Et qui pis est, la « Belgique restitua
son portefeuille à son ancienne colonie, non sans l’avoir
considérablement allégé. Selon la Banque Mondiale, au
mois de décembre 1959 ce portefeuille était estimé à 37
milliards de Francs Belges au taux raisonnable de 10%
l’an, 19 milliards de Francs Belges à la fin de
l’exercice 1963 »2.
Tout compte fait, il est à retenir que TSHOMBE avait
été politiquement populaire au Congo, il constituait un
danger pour ses adversaires. Cette popularité s’est
manifestée et se manifeste encore même après sa mort.
Car il y a toujours ceux des politiques qui se reconnaissent
de son idéologie politique.
La Belgique tirant le grand profit de toutes ces actions,
installe le système Néo-Colonialiste qui placera à jamais,
la République Démocratique du Congo sous sa grande
dépendance.
Telle est la situation d’insuffisance, qui se passe de tout
commentaire et qui justifie l’insécurité tous azimuts, dans
laquelle les politiques de la première République avaient
1
BUANA KABUE, L’Expérience Zaïroise, du Casque Colonial à la
Toque de Léopard, ABC, Paris, 1975, p. 141.
2
IDEM.
71
plongé les populations congolaises dans un sous-
développement, on ne peut plus cynique.
Cette période est caractérisée par « la crise la plus
terrible de son histoire. Une indépendance octroyée sans
préparation à ses élites politiques sans formations, grisées
par un pouvoir dont ils ne mesuraient pas les limites, un
pouvoir économique conservé par les intérêts privés de
Bruxelles, des interventions internationales mal préparées
par un personnel contestable, devaient contribuer à
l’instabilité, au développement des mouvements
tribalistes, aux troubles et à la situation catastrophique qui
a marqué les cinq premières années de l’indépendance
congolaise »1.
Et, la part de la diplomatie dans cette crise résulte de
l’irréalisme des actions diplomatiques de l’élite aux
premiers moments de l’indépendance de ce pays.
1
CORNEVIN, R., Le Zaïre, PUF, Paris, 1972, p. 100.
72
Aussi, est-il utile de considérer que si la sécurité de
l’Etat africain postcolonial se perçoit en termes de mieux-
être, c’est-à-dire de développement, l’intérêt national
devient, de facto, le critère primordial de l’évaluation du
flux sécuritaire de sa diplomatie.
Pour la République Démocratique du Congo, il sera
question de voir comment la diplomatie de cet Etat
postcolonial, a-t-elle était au service de l’intérêt national ?
A cet effet, il importe de noter que la politique
extérieure de ce pays s’est caractérisée par une absence
quasi permanente de sa propre définition.
La reproduction diplomatique de ce pays fut sujette aux
contingences de l’événementiel. C’est-à-dire qu’elle fut
souvent le fruit d’une spontanéité conjoncturelle dénotant,
ni plus ni moins, un manque de planification. Aussi,
certaines opportunités mal ciblées avaient-elles provoqué
les effets qui n’avaient guère permis à la diplomatie
congolaise d’assurer son influence sur la scène
internationale.
En effet, ses relations aussi bien bilatérales que
multilatérales avec des partenaires internationaux furent
sensiblement faibles. Concrètement, au cours « de la
période allant de 1960 à 1965 la République Démocratique
du Congo n’a accueilli que fort peu des visites officielles
des Etats africains et ses contacts avec le monde étaient
quasi inexistants »1.
Cette situation résultait de la méfiance qu’offrait ce
pays à la face du monde à cause de multiples crises qui
l’avaient secouées. Car plusieurs gouvernements
revendiquaient simultanément leurs légitimités auprès des
instances internationales et sollicitaient leurs renaissances
juridico-politiques.
1
SUMAILI SHINDANI, Analyse critique des principes de la
Politique Extérieure du Zaïre, Mémoire de Licence en Relations
Internationales, Université de Lubumbashi, RD CONGO, 1997, p. 21.
73
Ceci étant, la diplomatie de la R.D.C n’avait pas, au
regard du marasme socio-économico-politique, été
efficace du fait qu’elle n’a pas offert au pays l’opportunité
de susciter une coopération avantageuse.
Cette diplomatie avait brillé par des insuffisances dont
les conséquences devaient amenuiser ses capacités
d’influence sur la scène internationale. Malheureusement
ses défaillances ont été la cause de l’embrasement et
partant de l’internationalisation de la crise dans ce pays.
Par ailleurs, s’agissant du bilan, la diplomatie
congolaise n’a pas su s’émouvoir à travers la dynamique
internationale pour garantir et assurer à la république une
sécurité nécessaire.
Toutefois, en dépit de quelques succès diplomatiques
glanés ci et là, cette diplomatie congolaise aura été,
sommes toutes, une diplomatie inefficace.
Pour tout dire, nous pouvons noter que la lettre ouverte1
adressée au mois de janvier 1963 par la FGTK (Fédération
Générale des Travailleurs du Congo) au premier Ministre
ADOULA traduisait à suffisance le marasme dans lequel
le pays était plongé quelques mois après son
indépendance. Cette lettre établit, en quelque sorte, le
bilan de trente mois d’expérience du parlementarisme en
République Démocratique du Congo. On peut y lire ce qui
suit :
« Après trente mois d’indépendance, que constatons-
nous ? Les populations de beaucoup de régions du pays,
pour survivre, ont été obligées à pratiquer l’économie de
substance, entraînant entre autres, comme corollaire la
disparition dans ces régions de toutes traces de
civilisation matérielle moderne.
Le taux de mortalité infantile a augmenté à l’intérieur
du pays dans des proportions effrayantes, et les maladies
1
BUANA KABUE, L’Expérience Zaïroise, du Casque Colonial à la
Toque de Léopard, ABC, Paris, 1975, p. 87.
74
endémiques ont fait leur réapparition faute de médecins et
des produits pharmaceutiques.
Les enfants appartenant à des familles aisées du pays
ont été placés dans les pensionnats les plus bourgeois
d’Europe, alors que des centaines de milliers d’enfants du
peuple, faute de locaux, de matériels didactiques, des
maîtres, sont condamnés à l’analphabétisme.
Le monde entier est resté stupéfait et impuissant devant
les querelles de famille qui ont divisé les dirigeants du
pays et favorisé la préparation des crimes monstrueux qui
ont fait douter de notre maturité politique et plongé des
milliers de familles dans le deuil.
Au lieu de donner l’exemple de l’austérité susceptible
de favoriser l’assainissement des finances publiques base
de tout redressement économique, les parlementaires
s’octroient des traitements de l’ordre de 70.000 francs par
mois, les ministres parlementaires de 130.000 francs, dans
un pays jeune où l’économie est littéralement malade et où
le pouvoir d’achat des masses laborieuses diminue de jour
en jour.
Profitant du climat de confusion sous lequel nous
vivons depuis l’accession du pays à l’indépendance, des
pécheurs en eau trouble ont édifié des fortunes colossales
en puisant dans les caisses ou en usant de leur qualité
d’hommes politiques ».
Ainsi, pour mieux cerner les profondeurs de ce
phénomène, il importe de scruter les causes de la
défaillance de la diplomatie congolaise avant de mesurer
son impact et de formuler les modes adéquats de sa
fonctionnalité qualitative.
Cette préoccupation fera l’objet de la troisième partie
de cet ouvrage.
75
Troisième partie
Les incidences de la diplomatie
sur la sécurité de la
République démocratique du Congo
de 1960 à 1965
77
vie nationale créant ainsi la méfiance des partenaires qui
aboutira à l’isolement diplomatique du pays.
Ceci dit, nous examinons dans cette partie les
différents aspects de ce phénomène.
Ainsi le premier chapitre de cette partie est consacré
aux causes endogènes de la défaillance de la diplomatie
de la République Démocratique du Congo.
Le deuxième chapitre, quant à lui, portera sur les
causes exogènes de la défaillance diplomatique de la
République Démocratique du Congo.
Enfin, le troisième chapitre se chargera des
considérations objectives et suggestions susceptibles
d’inscrire les perspectives de la requalification de l’action
diplomatique de la R.D.C.
78
Chapitre I
Les causes endogènes
de l’inefficacité de la diplomatie de la
République démocratique du Congo
79
SECTION 1. LA DEFAILLANCE ET
L’INADEQUATION DU SYSTEME DIRECTIF
L’organisation interne de l’Etat implique l’existence
des institutions qui concourent à l’exercice du pouvoir. Ce
pouvoir s’entend comme l’ensemble des décisions prises
par les institutions gouvernantes, conformément aux lois
qui régissent l’Etat. C’est aussi l’ensemble d’organes qui
concourent à la fonctionnalité de l’Etat.
Ainsi donc, il s’avère que le fondement de ce pouvoir
émane de la population qui en est le détenteur légitime, car
c’est en son nom que les gouvernants agissent. A ce
niveau, il y a lieu de comprendre que l’Etat œuvre pour la
population et que sa mission essentielle consiste à procurer
le mieux-être à cette dernière.
Pour parvenir à cette fin, l’Etat doit mettre sur pieds un
système qui puisse permettre la participation de ses
citoyens à la prise de décision. C’est une organisation qui
privilégie la transparence et la participation politique de
ses citoyens, car si une telle organisation ou système
politique n’existe pas il y a risque que l’on arrive à
mécontenter un groupe des citoyens qui vont protester et
revendiquer leurs droits à travers des manifestations
diverses.
Ainsi, que le notait le Professeur KABONGO
MAKANDA, « l’accession à l’indépendance de la plupart
des pays africains a été soit précédée de violences soit
suivie de celles-ci. Ces violences sont causées par des
conflits ou crises politiques qui prennent leur origine dans
le passé traditionnel africain, dans le passé colonial ou
dans les circonstances nouvelles issues de la
décolonisation ».1
1
KABONGO MAKANDA, M., Armée et politique en Afrique au Sud
du Sahara, PUZ, Kinshasa, 1979, p. 73.
80
Ceci dit, le système directif de la R.D.C. est le reflet de
son parcours historique.
En effet, lorsque le premier gouvernement succéda aux
autorités coloniales belges à l’accession du pays à son
indépendance, celui-ci devait affronter plusieurs défis
engendrés par le changement émanant de cette mutation
politique ; mais aussi par l’ancienne administration
coloniale dont les méthodes de gestion furent avant tout
conçues dans l’unique dessein de servir les intérêts de la
métropole.
Et celles-ci ont eu pour conséquences la sous-
administration, l’injustice de tous genres sans oublier les
divisions tribales dont les manifestations se répercuteront
sur la situation générale du pays.
Aussi, le système directif de la R.D.C. fut régi par la loi
fondamentale, une loi édictée par le parlement belge le 19
mai 1960. Un fait tout fait incommode, démontrant que la
Belgique n’avait préparé les conditions d’octroi de
l’indépendance à la République démocratique du Congo.
Le gouvernement belge pouvait à l’instar des autres
colonies prévoir une transition politique qui permettrait
aux dirigeants congolais de mettre sur pieds les nouvelles
institutions susceptibles de rebâtir un Congo nouveau,
libre et indépendant.
Raison pour laquelle le Professeur VAN BULSEN
avait déploré cette situation en proposant une période de
transition de trente ans, chose que les politiciens congolais
ne pouvaient accepter d’autant plus qu’ils réclamaient
l’indépendance immédiate.
Ce pays représentait de nobles intérêts pour la Belgique
depuis l’époque léopoldienne, et de par ses richesses était
devenu un enjeu des puissances au sein de
l’environnement international dominé à cette époque-là,
par la rivalité idéologique entre l’URSS et les USA.
81
On comprendra dès lors qu’au regard des enjeux qu’il
représentait, la Belgique ne pouvait aussi facilement céder
ce pays à l’élite nationale.
Et, en élaborant la loi constitutionnelle qui dotait le
nouvel Etat non préparé et sans conscience nationale
comme cela a été fait dans d’autres pays, d’un système
parlementaire plus ou moins ambigu, mal calqué sur le
modèle de leur royaume, ayant des élites pour la plupart
sans formation, les belges savaient bien ce qu’ils faisaient.
En effet, avec une loi fondamentale contenant une
définition plus au moins imprécise des compétences au
sein de l’exécutif bicéphale, ils avaient là, déjà préparé les
meilleures conditions d’une crise institutionnelle. Celle-ci
ne tardera pas à surgir. Car quelques semaines seulement,
après l’indépendance « l’opposition devient totale entre les
deux têtes du Congo qui, le 5 septembre 1960, se déposent
mutuellement jusqu’à ce que, le 14 septembre de la même
année, le Colonel MOBUTU annonce à la radio la
neutralisation de KASAVUBU, du gouvernement
LUMUMBA et des deux chambres jusqu’au mois de
décembre »1.
C’est ainsi que cette crise du 5 septembre dite
révocation mutuelle entre le Président KASAVUBU et le
Premier Ministre LUMUMBA viendra paralyser toutes les
institutions étatiques en mettant fin au fonctionnement
normal du gouvernement avant de s’étendre aux autres
institutions.
Ainsi, le premier gouvernement manqua d’atteindre ses
objectifs primordiaux à savoir : « l’édification de la nation,
le développement socio-économique, la participation
politique de la population à la vie politique, et la
1
CORNEVIN, R., Le Zaïre, PUF, Paris, 1972, p. 93.
82
construction de la nation demeurait un problème qui
attendrait les gouvernements successeurs. »1
Enfin, les retombées de cette crise vont retentir dans
tous les secteurs de la vie nationale et seront, sans nul
doute, un détonateur d’une insécurité qui va plonger la
R.D.C. dans un profond chao.
Dans une telle atmosphère l’action diplomatique ne
pouvait nullement produire les effets satisfaisants.
1
MIKOBI, M., Les crises institutionnelles et l’édification de la Nation
au Zaïre, Mémoire de licence en SPA, UNILU, 1996-1997, p. 18.
83
l’ancienne administration coloniale dont la plupart ne
répondaient pas aux critères objectifs d’efficacité, mais
faute de mieux, le pays a dû choisir ses premiers
diplomates parmi eux. Les quelques universitaires
disponibles à l’époque furent accrédités auprès de grandes
capitales occidentales et de principales institutions
internationales ».1
Ceci fera que « les résultats ne furent pas performants
sur le terrain. Pendant longtemps, le pays aura du mal à
faire entendre sa voix dans la grande symphonie
diplomatique internationale. Et, nous sommes dans les
années 60 dominées par la guerre froide qui donnait
parfois lieu à des bouillantes joutes oratoires dans les
assemblées internationales. De sorte qu’il fallut, de temps
en temps, l’intervention de l’autorité centrale pour
accréditer des thèses congolaises dans certains forums
internationaux ».2
Pareille administration ne pouvait permettre au pays et
surtout à sa diplomatie d’assurer son rayonnement de par
le monde et d’opérer des conquêtes ou des gains
diplomatiques en faveur de la république, gage du
développement national et partant de la sécurité bien
élaborée.
Raison pour laquelle cette diplomatie s’était de manière
générale, illustrée par une inefficacité remarquable.
1
LABANA, L-A, et SEMY, D., Diplomatie Congolaise, Problèmes et
Perspectives, Kinshasa, 1997, p. 13.
2
IDEM.
84
Il s’agit concrètement des moyens financiers et
matériels, sans lesquels les diplomates même les plus
doués ne peuvent réussir à réaliser leurs missions.
Par les moyens financiers, nous entendons le salaire
motivant qui détermine l’efficacité dans la production du
travail qualitatif. Il faudra ajouter également les frais de
fonctionnement, fonds destinés à faire activer les rouages
administratifs des chancelleries (primes, frais de mission,
titres de voyage, achats ou impression de documents
divers, etc.).
Pour ne retenir que le salaire qui constitue un atout
primordial pour un diplomate, nous signalons que celui-ci
n’a jamais été malheureusement déterminé en fonction de
l’importance de la diplomatie.
En effet, depuis l’indépendance jusqu’à ces jours, le
fonctionnaire congolais n’a jamais rien bénéficié de cette
indépendance. Plusieurs revendications salariales ont été
enregistrées dans le pays. Des salaires non indexés au coût
réel de la vie et surtout irrégulièrement payés réduisent le
fonctionnaire à la vie de misère quasi permanente.
Ce fait avait réussi malheureusement à développer les
antivaleurs au sein de ladite administration publique qui
pourtant, demeure une base fondamentale de
l’organisation étatique.
Ce phénomène a été favorisé par la politisation abusive
de la vie sociale fondée sur l’ethnocentrisme politique
marqué par les associations politico-tribales.
Les préoccupations administratives furent reléguées au
second plan par les responsables congolais qui avaient
voulu rapidement rattraper, par mimétisme, le niveau de
vie des administrateurs coloniaux.
Et voulant se servir au détriment de l’intérêt de la
nation « le parlement de la première République ainsi que
les assemblées provinciales, en juin 1960 décidaient de
quintupler les indemnités prévues par la loi fondamentale.
85
Un député congolais recevait 500.000f alors qu’un député
belge en recevait 300.000F pendant que les salaires
moyens congolais étaient de 30.000F et le revenu paysan
de l’ordre de 5.000F. Dès lors, les politiciens devenant les
hommes les plus riches et le plus puissants, sont
considérés comme une bande de profiteurs attachés à
défendre leurs privilèges ».1
Aussi, le manque de frais de fonctionnement et partant
d’équipements a-t-il favorisé les détournements de fonds
ayant entraîné l’administration de carence.
Cela justifie l’état de conscience, l’inefficacité des
fonctionnaires congolais qui étaient devenus des véritables
laissés pour compte, et que dire de nos diplomates qui
n’avaient pas le même train de vie que leurs homologues
des autres pays. Et que dire encore, de l’état de
malpropreté et de délabrement avancé dans lequel on
trouvait les locaux qui abritaient la plupart de nos
représentations diplomatiques.
Tous ces faits contribuent à réduire sensiblement
l’efficacité de nos diplomates qui ne sont pas placés dans
les bonnes conditions de travail.
Comment dans pareilles conditions était-il possible
d’espérer que la diplomatie réalise ses missions et
contribue à la sécurité de la nation ?
1
CORNEVIN, R., Le Zaïre, PUF, Paris, 1972, p. 101.
86
par des conquêtes des esclavagistes arabes à
l’appropriation pure et simple de ce territoire par Léopold
II, Roi des Belges qui l’exploitera de fond en comble et à
sa guise avant de le léguer à son Royaume de Belgique.
La Belgique fera de ce vaste pays au cœur de l’Afrique,
sa colonie (1885 conférence de Berlin) qu’elle
administrera et exploitera avec un cynisme outrageux que
d’aucuns n’avaient manqué de dénoncer jusqu’au 30 juin
1960, date de son indépendance.
A partir de cette date, la R.D.C. accédera à sa
souveraineté internationale et bénéficiera du statut de
l’Etat et deviendra de facto sujet de droit international.
Ce passé historique de la République Démocratique du
Congo continue à peser sur ce pays et ne lui permet pas de
concevoir librement sa nouvelle vision de société.
Et, il en découle que la diplomatie de la R.D.C. ne
pouvait se définir en termes de nationalisme radical
comme le souhaitait Patrice Emery LUMUMBA. Ce qui
nous pousse à constater que l’indépendance du Congo n’a
été que théorique, car la part de son histoire continue à
impacter la gouvernance de ce pays jusqu’à ce jour.
SECTION 5. LA GEOPOLITIQUE DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
La situation géopolitique de la République
Démocratique du Congo est stratégiquement importante,
du fait que ce vaste pays se trouve bien placer au centre de
l’Afrique et permet à la fois de faire une conjonction entre
l’Est et l’Ouest ou du Nord au Sud en passant ou pas, par
les pays voisins. Et, à cette époque de la guerre froide où
elle a eu son indépendance, la République Démocratique
du Congo jouissait, de par la centralité de son
positionnement géophysique africain d’un statut politico-
géostratégique particulier.
87
De ce fait, la République Démocratique du Congo
deviendra un précieux enjeu de puissances internationales.
Ainsi, la perception matérielle de son intérêt national est à
décortiquer au travers l’existence d’un lien causal entre la
politique interne et la politique externe.
Ainsi, la région Est de la République Démocratique du
Congo est obligée par l’océan indien, de nouer
d’excellents rapports diplomatiques avec le Moyen-Orient
et l’Asie du Sud-Est. Dans cette perspective « notre
position centrale nous obligerait d’axer notre politique
étrangère sur l’unité africaine et de nouer des liens d’un
genre nouveau avec les pays de l’Afrique orientale, dont la
Tanzanie »1, sans oublier les autres pays de cette région
Bien plus, il importe d’indiquer que la République
Démocratique du Congo apparaît de par ses dimensions
comme un véritable monstre au cœur de l’Afrique.
En fait, elle est gigantesque de par sa structure
physique. Traversée par l’Equateur, « la R.D.C. est située
entre le 13°27’ de latitude Sud et le 5°20’ de latitude
Nord. Du Nord au Sud il réalise 2.190 km. D’Ouest en
Est, il s’étend sur 2.110 km en se plaçant entre 12°10’ de
longitude Est et 31°15 de longitude Ouest. En dehors de sa
frontière maritime d’environ 40 km, il est entouré de neuf
voisins : l’Angola, le Burundi, le Congo-Brazzaville, la
Centrafrique, l’Ouganda, le Rwanda, le Sud Soudan, la
Tanzanie et la Zambie. Ses frontières avec ses neuf voisins
s’étalent sur 9.375 km »2.
Avec 2.345.000 km2 de superficie, ce pays est un
véritable « pôle structurant, il appartient à quatre polarités
ou sphères d’influence différentes : l’Afrique centrale, la
région des Grands Lacs, l’Afrique Australe et le Golfe de
1
BIYOYA M., Introduction aux Relations Internationales Africaines,
ACRIS, Lubumbashi, 1994, p. 82.
2
MOVA, S., CONGO : Survie et Grandeur, SAFARI, Kinshasa,
2001, p. 70.
88
Guinée. De ce fait, la République Démocratique du Congo
est à la jonction de l’Afrique minière (du cap à
Libreville) ; de l’Afrique pétrolière (de Luanda à Lagos) ;
de l’Afrique forestière (cœur du bassin du Congo, elle
couvre 45% de la forêt équatoriale, soit 6% des réserves
tropicales mondiales) ; de l’Afrique de savane dite
agricole et pastorale (de Dar-es-Salaam à Asmara) »1.
Ceci étant, la géopolitique de la République
Démocratique du Congo constitue tout à la fois un facteur
de sa sécurité et de son insécurité.
En effet, si elle était prise en charge dans la conception
de sa politique étrangère, sa géopolitique contribuerait à la
sécurité de ce pays. Cependant, devenue un enjeu des
autres puissances, la République Démocratique du Congo
ne pourra bénéficier d’une paix durable.
La diplomatie congolaise au cours de la première
République n’avait pas du tout cerné la dynamique des
rapports interafricains aux fins de rentabiliser ses rapports
avec les pays africains.
Ainsi, « convient-il de rappeler qu’une place de choix a
été réservée à l’Afrique dans la politique étrangère du
régime MOBUTU dès 1965. En fait, ce régime avait
besoin du soutien africain d’une part pour qu’il se réinsère
dans le concert des nations africaines duquel la politique
du Congo de Moïse TSHOMBE avait exclu le pays »2.
Eu égard à ce qui précède, la géopolitique de la
République Démocratique du Congo l’insère
irréfutablement dans la dualité guerre-paix, que la
métaphore rependue de FRANTZ FANON illustre
parfaitement : « Afrique a la forme d’un revolver dont la
1
TSHIYEMBE, M, La Politique Etrangère de la République
Démocratique du Congo, Continuités et Ruptures, l’Harmattan, Paris,
2009, p. 64.
2
BIYOYA, M., Introduction aux Relations Internationales Africaines,
ACRIS, Lubumbashi, 1994, p. 54.
89
gâchette se place en République Démocratique du
Congo ».
1
KABUYA LUMUNA, La Conquête des Libertés en Afrique, Essai
de Sociologie Politique, Ed. NORAF, Lubumbashi, 1995, p. 171.
90
Même si ce nationalisme devait s’accommoder et
s’intégrer à l’intérêt national, faudrait-il encore qu’il soit
perçu de manière à établir l’équilibre avec les intérêts des
autres acteurs internationaux. Car, la politique étrangère,
« comme l’affirme Robert K. OLSON, n’est pas une
stratégie destinée à obtenir des avantages à court terme des
rivaux ou même à être élu à une fonction publique ; elle
est l’expression des intérêts fondamentaux d’une nation, le
but étant simplement de protéger et de promouvoir ces
intérêts c’est cela même l’essence des relations
internationales. »1
Ce faisant, si le nationalisme présente une telle
importance pour l’intérêt national, le manque de réalisme
dans l’action nationaliste du premier gouvernement de la
République Démocratique du Congo réside dans le fait
d’avoir probablement minimisé le contexte international
de l’époque et d’avoir passé outre les enjeux primordiaux
à la base des divergences entre les acteurs dominants.
1
Cité par BIYOYA M., In, Introduction aux Relations Internationales
Africaines, ACRIS, Lubumbashi, 1994, p. 56.
91
Chapitre II
Les causes exogènes de l’inefficacité
de la diplomatie de la République
démocratique du Congo
de 1960 à 1965
93
exploité et dominé. Son histoire demeure aussi celle d’un
territoire assujetti et spolié malgré son accession à la
souveraineté internationale. Il avait été l’objet des
convoitises des autres puissances en raison des intérêts
qu’il présentait à la face du monde.
En effet, la République Démocratique du Congo figure
parmi les rares pays de la planète à qui la providence avait
offert d’incommensurables potentialités. Sa position
géographique lui place au cœur du continent africain et lui
permet d’être l’épicentre des interactions multiformes. On
ne peut joindre logiquement à l’intérieur de l’Afrique
centrale un point (pays) sans passer par la République
Démocratique du Congo. Cette donne géographique a
servi aux stratégies sécuritaires des puissances au point
d’intégrer, ce pays dans les jeux de la stratégie mondiale.
Bien plus, la R.D.C. constitue un scandale géologique
et agricole, du fait qu’elle recèle d’énormes potentialités
avec des minerais qui contribuent à l’optimalisation du
capital industriel et financier des grandes puissances de
notre planète.
Les richesses de sa faune et flore constituent, elles
aussi, la base fondamentale qui suscite les investissements
aux effets multiplicateurs et essentiellement bénéfiques
aux puissances industrielles de ce monde. Ce scandale
s’étend jusqu’à l’écosystème qui offre le paysage féerique
aux espaces touristiques attirant ainsi vers eux, les
hommes de par le monde, à venir savourer les merveilles
de ce « paradis » sur terre.
C’est non sans amertume, que l’ex-colonisateur pourra
évoquer les profits qu’il a tiré de ce territoire. Raison pour
laquelle la Belgique ne s’était empêchée de l’accorder une
indépendance nominale, refusant de lui céder les sociétés à
charte relevant de son patrimoine.
De ce fait, il est indiqué que la République
Démocratique du Congo fut depuis lors un enjeu des
94
puissances internationales qui la considèrent comme un
facteur de profit et de prospérité.
Ainsi, ce pays ne pouvait échapper à leur contrôle si
bien que les activités relevant de sa souveraineté sont
générées par la rationalité des puissances tutélaires qui
monopolisent la décision internationale. D’où il s’était
avéré difficile à la diplomatie de la République
Démocratique du Congo de se pourvoir en faveur de
l’intérêt national. Cet intérêt qui est perçu par les
Congolais comme l’aspiration au mieux-être socio-
économique et politique, c’est-à-dire au développement
sans lequel ils ne pourront prétendre goûter aux délices de
la sécurité et de la paix. Car, les puissances occidentales,
principalement la France, la Belgique et les Etats-Unis,
n’avaient cessé de s’intéresser aux affaires de la
République Démocratique du Congo.
Devant cette évidence, nous comprenons donc que la
gestion du système international est l’affaire des grandes
puissances. Car la stabilité du monde dépend des stratégies
qu’elles élaborent à cette fin. Les comportements des
dirigeants belges, français et américains seraient donc
dictés par la responsabilité que chacun d’entre eux assume
dans la gestion de la stabilité internationale et surtout de
leur responsabilité avant la décolonisation.
Pour ce qui est de la R.D.C., disons que les
interventions des puissances étrangères et celles de l’ONU
seraient aussi dictées par une disposition de la résolution
2625 du 21 février 1961, relative à la déclaration
concernant les principes du droit international touchant
aux relations amicales et à la coopération entre les Etats,
conformément à la charte des Nations Unies.
Cette disposition stipule en effet que : « toute tentative
visant à détruire partiellement ou totalement l’unité
nationale et l’intégrité territoriale d’un pays est
95
incompatible avec les buts et les principes de la charte des
Nations Unies »1.
Ainsi, l’intervention onusienne au cours de la première
république trouvait théoriquement cette explication.
L’histoire de la République Démocratique du Congo est
tissée de multiples formes d’ingérences étrangères qui
n’ont pas permis aux différents gouvernements de s’atteler
aux tâches relevant de l’intérêt national, car ne pouvant
disposer de la liberté, ni de concevoir ni d’exécuter leurs
politiques étrangères.
1
ONU, Résolution 2625 du 26 février 1961.
96
dans cette logique qui a malheureusement conduit à
l’assujettissement diplomatique des Etats.
Ceci dit, l’indépendance de la République
Démocratique du Congo était précaire, car elle était
octroyée dans la précipitation des événements pour la
plupart dictés par la logique de la guerre froide. La
diplomatie ce pays n’avait pas imposé méthodiquement
son idéal à cette logique, face aux intérêts en présence.
La guerre froide avait favorisé la violation de la
souveraineté des Etats par les intervenants multiples,
directs ou indirects en République Démocratique du
Congo.
L’intervention militaire belge quelques jours après
l’indépendance, ainsi que le soutien accordé à la sécession
katangaise par la Belgique s’inscrivent bien dans cette
logique. Car, le discours nationaliste et les sentiments anti-
belges qu’il provoquait, sans compter avec les menaces
contre l’ONU, constituaient un danger pour le bloc
capitaliste. Si LUMUMBA faisait basculer la R.D.C. dans
le camp opposé (socialiste), cela entraînerait une énorme
perte pour le monde libre qui perdra ainsi un pays
hautement stratégique. Ce pays représentait multiples
intérêts pour les puissances capitalistes et c’est ce que les
dirigeants congolais n’avaient pas compris. Ils avaient,
semble-t-il banalisé la fonction diplomatique au profit de
la politique nationale.
La relecture de l’histoire diplomatique aurait servi aux
dirigeants de l’époque de percevoir la nécessité d’asseoir
une véritable diplomatie de la reconstruction de la nation
en harmonisant les relations avec les puissances du
monde. Ils devaient éviter de s’engager sur la voie du
radicalisme absolu devant d’inévitables réalités.
Si Mandela n’avait pas compté avec ses anciens
geôliers, artisans de l’apartheid, son pays, l’Afrique du
97
Sud ne pouvait pas figurer parmi les pays émergents de la
planète à l’heure actuelle.
1
Economiste Franco-Egyptien né en 1931. Auteur d’un certain
nombre de travaux le rattachant au groupe des théoriciens de la
dépendance : L’accumulation à l’échelle mondiale, 1970, le
développement inégal, 1973, l’impérialisme et le développement
inégal, 1976.
98
se trouvant dans une situation d’instabilité sécuritaire et
politique n’offrait aucune garantie quant à sa capacité de
répondre aux impératifs de l’économie internationale.
Dans pareilles conditions, il ne pouvait pas être facile
aux bailleurs de fonds qui pilotent les institutions
financières internationales d’espérer une coopération
soutenue avec la République Démocratique du Congo.
Ce faisant, il se dégage que la diplomatie d’un pays qui
verse dans une telle déconfiture ne pouvait que l’entrainer
dans l’impasse.
99
Par ailleurs, il sied de noter que ces minerais ou mieux
ce scandale multiforme qu’est ce pays, serait
paradoxalement la cause de son sous-développement, la
raison essentielle de sa domination impérialiste et de
l’ingérence des puissances hégémoniques dans ses affaires
intérieures.
Ceci étant, la R.D.C. n’appartient pas aux Congolais
qui ont perdu de son contrôle depuis les temps
immémoriaux.
La République Démocratique du Congo représente, du
point de vue tant économique que géophysique, un enjeu
majeur de grandes puissances qui y assurent leurs
contrôles au travers divers mécanismes sophistiqués.
Ainsi, la diplomatie nationaliste de LUMUMBA qui
voulait se défaire immédiatement de l’impérialisme et du
néo-colonialisme ne pouvait avoir gain de cause sur le
plan international, face à cette puissante machinerie du
capitalisme occidental.
Dès lors, tout donne à penser, que le potentiel
économique de la République Démocratique du Congo
pendant la première République devait, dans ce contexte
aider la diplomatie de ce pays à réaliser une coopération
fructueuse et favorable à l’idéal de l’intérêt national.
100
Chapitre III
L’Incidence de la diplomatie
sur la sécurité de la
République démocratique du Congo
101
crises multiformes ne pouvait être réglée par les seules
actions des institutions de gouvernance nationale.
La conséquence découlant de ces crises institutionnelles et
politiques, à savoir la crise du 5 septembre 1960, opposant le
président de la République Joseph KASAVUBU au premier
ministre EMERY LUMUMBA, les deux s’étant révoqués
mutuellement, conduira à la paralysie de toutes les
institutions étatiques et au dysfonctionnement du
gouvernement.
Cette crise avait fait que le colonel MOBUTU alors chef
d’Etat-major décidera de neutraliser les deux, avant de mettre
sur pied, un collège des commissaires généraux qui sera
succédé par le Gouvernement de JOSEPH ILEO. Celui-ci
cédera la commande de l’Etat au Gouvernement ADOULA.
A la suite du conflit ADOULA et KASAVUBU, ce
gouvernement sera contraint à la démission pour laisser la
place au Gouvernement TSHOMBE qui, à son tour
démissionnera à la faveur d’une crise politique qui
l’opposera à KASAVUBU. Il sera remplacé par KIMBA
avant que n’intervienne le coup d’Etat du Général
MOBUTU.
Toutes ces crises successives qu’avait connues la
République Démocratique du Congo vont entraîner ce pays
dans l’interminable succession des gouvernements
consacrant ainsi une instabilité gouvernementale et politique
facteur de sous-développement et de l’insécurité.
Ainsi, ayant perdu la confiance auprès des autres acteurs
internationaux, la RDC ne pouvait favoriser l’attrait des
acteurs dynamiques dans son giron en vue d’accroître son
influence, son rayonnement et asseoir ainsi son image de
marque en maximisant sa crédibilité sur la scène
internationale.
Ceci fera qu’au cours de la période allant de 1960 à 1965,
la RDC avait totalement perdu de sa crédibilité sur le plan
international.
102
A cet effet, la République Démocratique du Congo ne
pouvait bénéficier, d’aucun apport de ses partenaires étant
donné que ce pays ne présentait aucune garantie de paix de
par sa politique controversée et instable.
Dans ces conditions, la R.D.C. ne pouvait absolument pas
accroître ses relations diplomatiques tant au niveau bilatéral
que multilatéral.
Bien au contraire, la dynamique des crises avait tenu des
partenaires dans l’attentisme, ne pouvant clairement savoir
quels dirigeants ou quels gouvernements pouvaient engager
diplomatiquement ce pays, étant donné qu’il a connu après
l’assassinat de LUMUMBA plusieurs gouvernements à la
fois.
En effet, un gouvernement se réclamant de Lumumbiste,
s’était installé dans la province orientale sous la présidence
d’Antoine KIZENGA et soutenu par la République Arabe-
Unie (R.A.U) de NASSER, le GHANA de N’KHROUMA,
la Guinée de SEKOU TOURE, l’Ouganda de Milton
OBOTE. Au même moment, le Katanga qui avait proclamé
son indépendance en juillet 1960 était en sécession contre le
gouvernement central de Léopoldville se présentait comme
un Etat ayant un gouvernement exerçant souverainement le
pouvoir. Ne pouvant l’entendre ainsi, le gouvernement
central qui se réclamait légitime pour agir au nom de la
République tout entière ne pouvait que l’annoncer à
l’opinion internationale, rendant ainsi le pays ingouvernable
de par la multiplicité des pouvoirs l’ayant balkanisés. La
communauté internationale fut aussi inquiète du fait de la
montée de l’insécurité due aux tueries, massacres et autres
violations perpétrés par les factions armées.
Toutes les violations de droits de l’homme ainsi que
l’atrocité des conflits de leadership qui opposaient les partis
politiques congolais, politiquement incultes, rendaient ainsi
problématique la mise en œuvre du parlementarisme biaisé
que le parlement belge avait offert aux Congolais.
103
Dans cet imbroglio, aucun partenaire digne de ce nom ne
pouvait traduire sa confiance en ce que ces dirigeants
pouvaient lui raconter. Embarrasser par l’ampleur de la crise,
certains partenaires étaient obligés de fermer les portails de
leurs chancelleries.
Ainsi, la République Démocratique du Congo fut réduite
à l’état d’isolement diplomatique.
104
Tableau n° 1
Résumé de l’aide économique des USA de 1960 à 1970
105
En ne prenant que ces indicateurs, nous remarquons
que l’économie de la République Démocratique du Congo
n’avait pas été, de façon générale, prospère en dépit de
quelques performances observées dans divers secteurs.
Il se constate une baisse de production des produits de
base (agricole) qui, demeure pourtant un secteur vital. (Le
café, l’huile de palme, le manioc).
Par contre, si le secteur industriel et minier avait été
prospère c’est en raison de la protection dont bénéficiaient
les investissements et technicités offerts par l’assistance
étrangère.
S’agissant de la production, il y a lieu de noter que ce
secteur a connu une baisse sensible de production. A titre
illustratif, nous citerons de façon tout à fait hasardeuse
quelques cas dans différents secteurs de production : « la
production du coton en République Démocratique du
Congo avait connu une baisse remarquable. Elle est passée
dans l’ensemble de 179.684 tonnes produites en 1959 à
17.459 tonnes en 1965. Pour le café, la République
Démocratique du Congo avait accru sa production de plus
de 100% par rapport à l’année 1958/ 59 au moment
difficile que le pays traversa entre 1960 et 1967 ».1
S’agissant de la production de l’huile de palme, il
s’était observé, tant au niveau de la production qu’à celui
de l’exportation, les tendances suivantes : En 1960, la
production de l’huile de palme était de 196.800 tonnes et
elle va se ramener à 129.076 en 1965. Pour ce qui est des
exportations, elles représentaient 142.800 tonnes en 1960
pour rechuter en 77.291 tonnes en 1965. (Cfr. Tableau ci-
dessous).
1
Rapport « Conjoncture Economique N° 13, Ministère de l’Economie
Nationale, RD. Congo, Oct. 1970, p. 33.
106
Tableau n° 2
Production de l’huile de palme en tonnes
de 1958 à 1970
Année Exportation Alimentation Industrie Marché Total
inter production
1958 145.488 … … 58.857 204.345
1959 158.691 … … 53.262 211.953
1960 142.800 … … 54.000 196.800
1961 131.282 28.828 18.528 47.356 178.638
1961 140.166 23.932 18.038 41.970 182.136
163 131.106 30.452 22.299 52.751 183.857
1964 121.720 27.188 22.246 49.434 171.154
1965 77.291 29.569 22.218 51.787 129.078
1966 78.026 22.105 17.054 39.159 117.154
1967 108.468 10.569 16.581 27.150 135.618
1968 141.217 18.902 16.596 35.498 176.715
1969 124.995 18.068 26.738 44.806 169.801
1970 130.000 18.000 38.000 56.000 186.000
(6m)
Source : Congo Palm et I.N.S
107
Tableau n° 3
Production de coton-graines en tonnes
de 1959 à 1970
108
Par ailleurs, s’agissant du commerce extérieur, il est à
noter que celui-ci avait connu une évolution négative au
cours de cette période (1960-1965).
En effet, globalement en 1960, les exportations
indiquaient la performance aussi bien en tonnages, qu’en
valeur, 11.136.204 tonnes et 139.855, 002 Z pendant que
les importations évoluaient à 939.774 en tonnages et
92.547.602 Z en valeur.
Ces paramètres indiquent que le commerce extérieur de
la République Démocratique du Congo fut favorable du
fait que la balance commerciale mentionnait le solde
excédentaire.
Cependant en 1965 la situation n’était pas la même, car
la tendance économique de la République Démocratique
du Congo a été renversée. La balance commerciale
accusait en déficit au regard des indicateurs macro-
économiques ci-dessous :
« Les exportations ont connu une baisse soit 1.104,152
en tonnage et 165.011.158 Z en valeur. Tandis que les
importations avaient connu une augmentation soit
1.292.677 en tonnages et 159.960.211 Z en valeur. Cette
situation déficitaire résultant du marasme socio-politico-
économique a eu une incidence sur la monnaie. Au cours
de cette période (1960 à 1965) le franc congolais avait
connu une dévaluation progressive ».1
De 1960 à 1961 : 1 US $ = 50 FCF = 50 FC
De 1962 à 1963/1 US $ = 50 FB= 50 FCF=65 FC
De 1964 à 1967 : 1 US $ = 50 FB =50 FCF= 150 FC
1
Rapport « Conjoncture Economique » N°10, Oct. 1970, p. 4.
109
Tableau n° 4
Commerce extérieur du Congo de 1887
Années Exportations Importations
110
1922 125.710 294.579.315 215.746 268.719.988
1923 146.210 552.011.782 311.068 390.098015
1924 116.210 477.004348 358.121 489.645.238
1925 213.242 628.523.946 524.853 876.245.151
1926 203.678 729.301.977 631.584 1.293.197.24
1927 223.266 1.055.239.249 649.586 2
1928 257633 1.227.867.419 736.054 1.496.358.86
1929 300.333 1.444.266.477 814.553 8
1930 340.317 1.511.871 712.286 1.624.498.65
1931 273373 8
1932 206240 1.943.192.99
1933 269086 6
1934 398983 1.581.315.17
1935 427271 7
1936 595391
1937 544962
1938 490487
1939 438016
1940 490716
1941 566903 Value Z
1942 620165 92547602
1943 530395
1944 585261
1945 678170
1946 756954
1947 854326
1948 (2) 828326
1949 (2) 915061
1950 (2) 1081961
1951 (2) 1074264
1952 (2) 1074264
1953 (2) 1183856
1954 (2) 1356254
1955 (2) 1398655
1956 (2) 1317303
1957 (2) 1555604
1958 (2) 1547400
1959 (2) 1630045
(5) 1630045 Valeur en Z 1z =
138204 168855022 100FB
839774
1960 (3) 560902
(5)
111
1961 (4) 1293812
(5) 1293812
1962 1100176
1963 1166756
1964 1104152
1964 1099254
1965
1966 (5) 1120193
(6) 1473153
1967 (5) 1470380
1968 …
1969 (7)
1970 (7)
(1) Les tonnages n’ont pas fait l’objet des relevés
statistiques
(2) Les statistiques Rwanda/Urundi sont partiellement
comprises
(3) Les chiffres comprennent l’union douanière Congo-
Rwanda-Urundi
(4) Les statistiques des provinces orientales, Kivu, Sud
Kasaï et Katanga ne sont pas comprises
(5) L’annuaire commerce extérieur du Congo n’a pas été
publié ;
(6) Depuis 1966 les tonnages sont exprimés en poids nets
(7) Chiffres provisoires.
112
R.D.C. La diplomatie de Lumumba tout comme celles de
ses successeurs avaient, de par leurs insuffisances, plongé
ce pays, dans un marasme économique qui, de facto
l’entraîna dans une insécurité tous azimuts.
1
NGOMA BINDA, La Participation Politique, IEFP et FKA, Kinshasa,
1995, p. 149.
113
l’homme préoccupé par les besoins matériels. Le
développement humain est un développement qui intègre
et le matériel et le spirituel, qui harmonise le progrès et la
tradition en sélectionnant au sein des valeurs existantes ;
nationales, africaines et mondiales, celles qui sont
susceptibles d’amener le pays à l’aisance matérielle, à
l’harmonie sociale, à l’épanouissement de l’individu et
finalement, à la joie d’exister de chaque citoyen. »1
A ce niveau d’analyse, la culture peut être perçue
comme un ensemble des valeurs sociales, morales,
spirituelles, esthétiques. C’est donc en ceci que la culture
devient un incontestable vecteur de la sécurité de tout
homme et de toute société.
En effet, la République Démocratique du Congo n’avait
pas manqué de connaître une montée d’antivaleurs
caractérisées par la corruption pratiquée sous diverses
formes. L’aliénation aux modes et cultures d’autres
peuples ayant pour manifestation esthétique l’excès du
recours à la mode.
C’est ce que Fernand TALA–NGAI exprime en ces
termes : « après l’accession du pays à l’indépendance, bien
que la pression coloniale ait disparu, la classe dirigeante
avait déjà perdu les repères séculaires de sa coutume. Il va
véhiculer une nouvelle civilisation hybride débarrassée à
la fois des tabous ancestraux au nom de la modernité et
des exigences de la morale judéo-chrétienne sous prétexte
d’une authenticité africaine. »2
Ces pratiques étaient aux antipodes de nobles pratiques
issues de nos coutumes ancestrales. Ceci a eu pour
conséquence de la dévalorisation de la culture nationale au
profit de la culture étrangère.
1
NGOMA BINDA, La Participation Politique, IEFP et FKA, Kinshasa,
1995, p. 149.
2
TALA NGAI, F., RDC. De l’an 2001 : Déclin ou déclic ?, Éditions
analyses sociales, Kinshasa, 2001, p. 80.
114
Ce n’était rien d’autre que de l’acculturation qui est « le
fait principalement citadin et particulièrement de
l’intellectuel. C’est l’intellectuel qui attache le moins
d’importance dans les prescrits des anciens. Bien souvent,
la science occidentale était tellement dispensée
concomitamment avec sa culture que l’intellectuel
congolais a cru que la science remplaçait la culture
ancestrale. »1
Dans le même ordre d’idées, le pays a connu de façon
excessive la profanation de sa symbolique culturelle par la
destruction, les pillages et le bradage de son soubassement
artistique et moral.
Dès son accession à l’indépendance, la République
Démocratique du Congo était victime de ce qu’on peut
considérer comme « un acte de destruction méchante » en
violation flagrante, aussi bien de ses droits fondamentaux,
que du droit international l’entraînant, de facto, dans une
insécurité tous azimuts.
A cet égard, il s’est observé qu’aucune action
diplomatique d’envergure ne s’était manifestée au profit
de la République pour faire prévaloir ses droits aux
réparations, car le même phénomène persiste jusqu’à ce
jour.
1
TALA NGAI, F., RDC. De l’an 2001 : Déclin ou déclic ?, Éditions
analyses sociales, Kinshasa, 2001, p. 80.
115
Ceci dit, la carence de la diplomatie résultant des causes
spécifiques épinglées dans le chapitre précédent a eu un
impact remarquable sur la sécurité de la République
Démocratique du Congo.
Ainsi, son inefficacité a laissé libre cours aux crises
(mutineries, les sécessions et les rebellions) qu’elle n’était en
mesure résorber. Sa défaillance fonctionnelle a favorisé la
désorganisation de tous les secteurs, y compris l’armée dont
la capacité d’action fut totalement affaiblie.
Ce pays avait connu plusieurs factions armées relevant
chacune de l’autorité d’un pouvoir politique du reste contesté
contrôlant une portion du territoire national. La formation de
ces factions armées s’effectuait souvent à partir des affinités
tribales. Il en est de même des services de sécurité.
En effet, en 1960, le Congo indépendant hérita d’un
service de renseignement remarquable et d’une « force
publique » que l’on comptait parmi les plus grandes armées
d’Afrique, avec celles du Soudan et de l’Algérie.
L’armée connaît une évolution plus complexe. A la veille
de l’indépendance, elle accusait déjà une certaine
vulnérabilité, par le biais de l’appartenance tribale.
Les militaires ne « pouvaient être insensibles à l’action des
politiciens avec lesquels ils partageaient les mêmes
références tribales. Ce n’est donc pas un hasard si les ténors
de ce mouvement de juillet 1960 se recrutèrent
essentiellement parmi les militaires du Sud-Kasaï ; ils
bénéficiaient en fait des encouragements du leader de la
PUNA (Bolikango) et du MNC (KALONJI). La même
explication justifie l’attachement du Général LUNDULA à
LUMUMBA Tetela comme lui. »1
Et la situation va s’aggraver de plus en plus et la division
va toujours régner.
1
NDAYWEL, I., Histoire du Zaïre, de l’héritage ancien à l’âge
Contemporain, Ed. DUCULOT, LOUVAIN LA NEUVE, 1997, pp.
598-599.
116
En effet, la « gendarmerie katangaise fut organisée par le
Major Crève-Cœur dès juillet 1960 et équipée d’un
important armement hérité de la Force publique. Cette armée
se caractérisait par le fait que les troupes étaient presque
exclusivement novices, les anciens de la force publique ayant
été pour la plupart renvoyés et qu’elle eut recours à des
mercenaires européens, belges, français et autres, venus
d’Afrique du Sud. » 1
Une pareille division constitue en elle-même une grave
menace pour la sécurité d’un jeune pays qui a pourtant
besoin d’une armée pour assurer son intégrité territoriale et la
défense de sa nation.
Ainsi, l’appel aux mercenaires constitue également une
erreur stratégique du fait qu’il offre à ces derniers la
possibilité d’accéder à la connaissance des domaines de la
stratégie nationale et de la défense du pays.
Ce qui ouvre le flanc à d’éventuelles guerres que
pourraient conduire ces mercenaires. C’est ce qui s’était
exactement passé lorsque « TSHOMBE demandera à ses
mercenaires d’intégrer l’ANC (Armée Nationale
Congolaise) : il envoya un mot d’ordre pour qu’ils se
rebellent pour se regrouper au Katanga. Finalement, un
plan général plus au moins cohérent fut mis au point,
comprenant deux parties : des révoltés dans l’ancienne
province orientale (presque entièrement contrôlée par des
mercenaires et par la 5ème Brigade et le parachutage des
troupes tshombistes (mercenaires et gendarmes) à
Elisabethville au départ d’Angola. De l’aéroport, ils
s’empareront des points stratégiques de la ville.
TSHOMBE arriverait dans la ville le jour même et ferait
une déclaration à la radio en tant que « premier ministre
légal », négligeant le caractère versatile des mercenaires
1
NDAYWEL, I., Histoire du Zaïre, de l’héritage ancien à l’âge
Contemporain, Ed. DUCULOT, LOUVAIN LA NEUVE, 1997, pp.
598-599.
117
qui se mettent au service du plus offrant. TSHOMBE
n’avait pas prévu que certains mercenaires intégrés dans
l’ANC étaient devenus des grands amis du Général
MOBUTU »1.
Ainsi, toutes ces manœuvres avaient perturbé l’ordre et
la paix favorisant ainsi la montée des guerres aux
multiples visages. Neuf notables ou employés, de « secteur
privé G. SAIDI, Directeur de la CFI, J. MAKANGA,
directeur de l’Interfina, G. UNGA, Directeur de
l’imprimerie du Maniema, B. Kingombe, directeur de
Sofolac et ancien chef du centre, T. OMARI, Directeur
d’une entreprise commerciale de Kindu, le chef Ambroise
LUFUNGULA, l’agent de la société Philips, la mère de
François FERUZI, le chauffeur, 23 policiers identifiés,
dont le commissaire en chef, B. Wetshi, 8 commissaires de
quartiers et 3 brigadiers, 38 policiers non identifiés, 91
militaires non identifiés, 4 européens, 36 civils non
identifiés.2 » ont été concernés.
Dans le même ordre d’idées, la rébellion du KWILU
avait aussi insécurisé les populations, ainsi que les
missions catholiques qui assuraient avec succès la
formation de la jeunesse.
Dans son rapport sur la situation du diocèse d’Idiofa,
relatif aux événements du Kwilu de janvier-février 1964,
Mgr Toussaint résume de la manière suivante les attaques
contre les missions : « Dès le lendemain matin (de la nuit
du massacre de Kilembe), on se rend compte que le
massacre de Kilembe n’est qu’un signal de départ d’une
action qui devait s’étendre dans la presque totalité du
diocèse de Kikwit, dans toutes les régions occupées par les
tribus Bapende et Balunda. Les bandes organisées dans
1
NDAYWEL I., Histoire du Zaïre, de l’héritage ancien à l’âge
contemporain, Ed. DUCULOT, LOUVAIN LA NEUVE, 1997, p.
651.
2
VERHAEGEN, B., Rébellion au Congo, C.R.I.S.P, Tome II, p. 603.
118
toute la région s’attaquent aux centres administratifs, aux
missions catholiques et protestantes et aux centres
industriels, on enlève les ponts, on coupe les routes
(barrages et fossés), on détache les bacs de manière à
empêcher toute évacuation »1.
Pis encore, « des enseignants, des policiers, des
fonctionnaires congolais sont tués. La plupart des missions
sont assaillies en pleine nuit et complètement pillées ou
partiellement brulées et souvent les prêtres et les
religieuses n’ont pu échapper à la mort que grâce à l’aide
de la population qui les protègent en facilitant leur fuite »2.
1
VERHAEGEN, B., Rebellion au Congo, C.R.I.S.P, Tome I, p.93.
2
IDEM.
119
Chapitre IV
Des considérations terminales
121
enclenché par la puissance colonisatrice. Cette dernière (la
Belgique) avait été en quelque sorte prise de cours et fut
contrainte non sans amertume, à céder de façon nominale
l’indépendance à ce territoire sur lequel elle avait depuis
de décennies tiré le maximum des substances à son profit.
C’est-à-dire que cette indépendance n’avait pas été
donnée de gaîté de cœur et qu’il fallait tout de suite
comprendre et jouer à la prudence par des attitudes
hautement diplomatiques. Sachant que la Belgique avait
emporté le portefeuille de la R.D.C., il fallait que l’on
observe les règles de la bienséance diplomatique
conformément aux conventions qui régissent la pratique
diplomatique. Car un jeune Etat indépendant ne devait pas
se reconstruire sans l’apport des autres y compris l’ex-
métropole.
Cependant, la relecture du parcours historique de la
République Démocratique du Congo permet d’indiquer
que le premier discours public de LUMUMBA lors de la
cérémonie de l’indépendance le 30 juin 1960 à
Léopoldville n’avait pas ménagé l’œuvre coloniale
caractérisée par des atrocités de tous genres, des tortures,
travaux forcés et autres exactions au nom du Roi. Et ce
discours fut prononcé devant le souverain des Belges, le
Roi Baudouin 1er venu à Léopoldville pour la
circonstance.
Cette attitude de LUMUMBA suscitera la méfiance des
Belges qui croyaient que l’accord d’amitié belgo-
congolais signé peu avant allait permettre une coopération
sans heurts ; et, c’est non sans étonnement, que la
Belgique justifiera son intervention militaire en R.D.C., un
Etat souverain et son soutien militaro-économico-politique
à la sécession katangaise.
Ainsi, l’ancienne métropole « n’était pas prête à oublier
l’injure faite à son Roi, lors de la cérémonie du 30 juin
1960, et la manière dont les relations diplomatiques furent
122
rompues, même si cette rupture ne fut consommée qu’un
mois plus tard, par l’expulsion effective de l’ambassadeur
VAN den BOSH (9 août). Il est donc certain que la
Belgique ne manqua pas d’exercer des pressions pour que
LUMUMBA soit révoqué. Van BILSEN, à l’époque
Conseiller de KASAVUBU, reconnaît que le premier
Ministre EYSKENS le chargea, le 18 août de dire à celui-
ci que LUMUMBA devait être révoqué et qu’il en avait le
pouvoir. »1
Bien plus, le gouvernement LUMUMBA n’avait pas
entretenu des relations harmonieuses avec la communauté
internationale représentée par l’ONU : l’Organisation des
Nations Unies) dont le rôle sur le plan mondial ne fut pas
moindre. Et l’ONU, quant à elle, suite à la mésentente
survenue le 15 août entre son Secrétaire Général et le
premier ministre LUMUMBA soutenait aussi sa
révocation et ne lui était pas favorable.
Aussi, « les menaces fréquentes de faire appel à
Moscou du reste disposé à lui fournir l’aide attendue,
contribuèrent-elles à isoler LUMUMBA en cette période
de « guerre froide » où le monde dit libre et le bloc
soviétique s’affrontaient ouvertement dans l’arène de
l’ONU. Les pays occidentaux sentaient qu’ils gagnaient
son pouvoir sur KASAVUBU et étaient peu enclins à le
laisser faire. Pour eux, le chao du Congo-Kinshasa était un
moindre mal, il fallait surtout éviter à tout prix que l’ex-
Congo Belge, vu son importance stratégique, bascule dans
le camp communiste. LUMUMBA n’était
vraisemblablement pas conscient de cet enjeu. »2
Dès lors, tout laisse voir que ceci a servi de prétexte ou
de détonateur aux crises successives savamment
1
NDAYWEL, I., Histoire du Zaïre, de l’héritage ancien à l’âge
contemporain, Ed. DUCULOT, LOUVAIN LA NEUVE, 1997, p.
576.
2
IDEM.
123
orchestrées par l’Occident, crises qui avaient en quelque
sorte détourné les gouvernements successifs de l’idéal
nationaliste lumumbiste, à savoir le Congo aux Congolais.
Ainsi, la R.D.C. ayant été récupérée par la communauté
internationale, toute action gouvernementale devrait
répondre aux prescrits de sa rationalité.
En effet, si le gouvernement ADOULA était parvenu à
mettre fin à la sécession katangaise, c’est grâce à la
volonté des Etats-Unis qui avaient soutenu le plan
UTHANT, Secrétaire Général de l’ONU. Et nul n’ignore
les pressions que l’ONU avait exercées sur TSHOMBE
pour signer l’accord de Kitona sous la supervision de
l’Ambassadeur américain.
En outre, si ADOULA n’avait pas bénéficié du soutien
de l’occident pour réduire la rébellion muleliste, c’est tout
simplement parce qu’il avait hésité d’entériner le projet de
l’accord belgo-congolais inspiré par la table ronde
économique à l’initiative de Paul-Henri SPAAK. Un
accord inconnu et défavorable au pays que TSHOMBE
n’avait pas hésité d’entériner pour obtenir le soutien qu’il
fallait aux fins de mettre en déroute les forces nationalistes
grâce à l’opération militaire belge sur Stanleyville.
Par ailleurs, le cadre institutionnel avait favorisé
l’émergence d’une classe politique constituée d’une élite
politiquement inculte issue des regroupements politiques à
base tribale (ABAKO, MNC/KALONJI, CONAKAT).
Cette classe politique s’était lancée dans une course
effrénée pour la conquête du « pouvoir pour le pouvoir »
étant donné les avantages matériels que ces charges
offraient pendant que le pays souffrait des crises et du
manque d’un ordre constitutionnel d’inspiration nationale.
Cet ordre constitutionnel interviendra plus tard en 1964
(la constitution de Luluabourg) et ne connaîtra pas une
application effective en raison des vives controverses
124
politiques qui vont prêter le flanc à un coup d’Etat
militaire le 24 novembre 1965.
De même, l’absence d’une politique extérieure bien
élaborée et clairement définie, surplantant des
subjectivités partisanes, avait favorisé l’emprise de
l’opportunisme politique des néophytes sur la perception
rationaliste de la politique étrangère
125
Ceci exige un profil type pour accéder à la carrière
diplomatique. Ce profil implique a priori la connaissance
du savoir diplomatique par la formation académique dans
le domaine des relations internationales.
L’accession aux postes diplomatiques ne sera possible
qu’à travers la formation académique inscrivant au
programme les principales matières suivantes :
Le droit international public, le droit international
privé, les théories des relations internationales, le droit
diplomatique et consulaire, les questions spéciales des
relations internationales, la pratique diplomatique, la
correspondance diplomatique, les relations économiques
internationales, les régimes politiques comparés, les
relations extérieures du Congo, droit et théories de la
coopération et techniques de négociation, les organisations
internationales, le droit pénal international, l’histoire
diplomatique, le droit communautaire économique
africain, les langues...
Ainsi, ces différents enseignements vont permettre
objectivement à celui qui les aurait suivis, de se doter
incontestablement d’un savoir diplomatique acceptable.
Ayant parcouru les programmes universitaires de notre
pays et d’ailleurs nous avons constaté que ces
enseignements figurent dans les filières des études des
relations internationales, de sciences juridiques ; de
sciences politiques, de sciences économiques et de
sciences historiques.
Ceci étant, il va sans dire que dans l’organisation du
recrutement du personnel diplomatique, les autorités
compétentes devront objectivement accorder la priorité à
la sélection de ceux des candidats internationalistes et
juristes, économistes d’abord et dans la mesure du
possible les autres par la suite.
126
De même, les autorités compétentes devraient tenir
compte du même critère dans la nomination, affectation et
promotion des diplomates.
Toutefois, elles ne devraient pas oublier de tenir
compte des critères d’ancienneté qui préjugent de
l’expérience acquise. Mais à ce niveau, seront retenus
ceux des fonctionnaires ayant le niveau de Graduat et
licence (toutes les disciplines confondues), disposant
d’une ancienneté de 10 ans passés dans une institution
internationale ou dans une chancellerie ou au sein de
l’administration centrale des affaires étrangères.
Par ailleurs les autorités compétentes devraient faire en
sorte que soient affectés au service de la diplomatie les
moyens financiers et matériels pouvant permettre à cette
dernière de réaliser efficacement ses charges.
Concrètement le projet devra se traduire par le paiement
aux diplomates d’un salaire suffisant indexé au coût de la
vie aussi bien dans notre pays que dans les pays
accréditaires. Car, comme nous le savons, une technicité,
quelle qu’elle soit, sera nulle, lorsqu’elle ne s’accompagne
pas de moyens financiers ou matériels.
Quant aux moyens matériels, ils constituent sans nul
doute, un support préalablement indispensable aux succès
de l’action diplomatique.
En termes précis, il s’agit de la bureautique :
ordinateurs, paperasse, meubles, immeubles, connexion
internet, radio, téléphone… Il s’agit également, des
véhicules pour assurer la mobilité des diplomates qui n’ont
pas le temps à perdre en empruntant le moyen de
déplacement public même dans les pays où il est le mieux
organisé.
Les diplomates devraient bénéficier d’un logement
digne et disposant d’une logistique nécessaire pouvant leur
permettre de mener une existence aisée non seulement
127
avec les membres de leur famille, mais également avec les
personnes étrangères qui auront à les fréquenter.
En outre, le parcours historique de la République
Démocratique du Congo témoigne de la faillite du
nationalisme perçu comme moyen de la reconstruction
nationale d’un pays potentiellement riche œuvrant au sein
d’un environnement international gouverné par le
capitalisme international.
La République Démocratique du Congo est devenue
par ses potentialités un enjeu des puissances financières.
Ainsi toute tendance à l’éveil du nationalisme ne pouvait
qu’être étouffée dans l’œuf. C’est ainsi que le
nationalisme aussi bien de Lumumba que celui des autres
ne se sont guère constitués en force diplomatique pour
négocier le nouveau sort du pays.
Par ailleurs même si les cas se valent moins, l’exemple
de l’Afrique du Sud frappée par plusieurs années
d’apartheid mérite bien d’être évoqué. Car si MANDELA,
tout en restant ferme, n’avait pas usé de la diplomatie ou
du réalisme vis-à-vis de ses geôliers d’autrefois, l’Afrique
du Sud n’aurait pas connu l’accalmie actuelle et qu’un
noir (TABOU MBEKI ou ZUMA) ne serait devenu
président de la République dans un pays où le racisme n’a
pas encore totalement décimé ses racines.
Ainsi, nous pensons que dans un contexte de guerre
froide le nationalisme en tant qu’idéologie de combat ne
pouvait pas se défaire totalement de la donne
diplomatique. Bien au contraire ce nationalisme
lumumbien, en tant qu’idéologie devrait impliquer un
engagement diplomatique strict et sûr, évitant ainsi la voie
idéaliste d’un nationalisme utopique au moment où
LUMUMBA avait besoin d’une force militaire et d’un
équipement pour assurer la sécurité territoriale du pays. Il
aurait dû ne pas se contenter de l’ultimatum menaçant la
communauté internationale de faire l’appel à l’URSS. Il
128
devrait par le biais de la diplomatie secrète prendre des
contacts suivis et des engagements précis pour bénéficier
du soutien matériel des autres. Il avait compté sur la bonne
foi de la communauté internationale et à l’idéal de son
combat ignorant qu’en politique internationale la bonne
foi ne compte pas, seuls les intérêts lient les acteurs.
Il sied de retenir que, le nationalisme comme idéologie
de la reconstruction et de combat doit s’entendre comme
un mécanisme de la régulation interne intégrant à la fois
l’intérêt national et la rationalité positive de l’ordre
international, entendus comme une possibilité dialectique
de la coopération mutuellement avantageuse.
Autrement les manipulations extérieures des forces
nationales risqueraient de compromettre la crédibilité et la
légitimité de l’action nationaliste sur la scène
internationale.
Aussi, est-il opportun de noter que de par ses multiples
atouts, la République Démocratique du Congo est un pays
qui ne doit pas vivre en autarcie, car il a tout à offrir à la
communauté des nations et elle a intérêt de se connecter à
elle par une coopération dynamique et bien négociée.
C’est la raison pour laquelle, elle devra impérativement
promouvoir une diplomatie du développement. Si elle était
mieux élaborée et parfaitement outillée, celle-ci
(diplomatie du développement) aura à générer des flux
multisectoriels pouvant soutenir une croissance
économique durable.
Dans cet ordre d’idées, les autorités compétentes
devraient veiller à ce que la diplomatie puisse, autant que
faire se peut, répondre qualitativement aux impératifs
opérationnels, de l’ordre international de manière à ne pas
marginaliser le pays par un isolement diplomatique aux
effets pervers.
Pour matérialiser ces vœux, les autorités compétentes
seraient inévitablement portées à procéder à la réforme du
129
nouveau cadre juridico-administratif devant régir de façon
managériale la diplomatie de la R.D.C.
Enfin les autorités compétences devront à cet effet,
avec l’apport de l’Université, organiser un cadre de
formation permanente destinée aux diplomates congolais.
Elles devraient également organiser des concours,
conférences, prix et d’autres initiatives de façon à étendre
l’influence du pays à travers le monde.
130
Conclusion
131
diplomatique s’illustrant par la promotion d’une sous-
administration aux effets pervers.
A ceci, s’ajoute une absence quasi permanente d’une
doctrine bien définie pouvant symboliser la perception
nationaliste réaliste capable de mobiliser la conscience
nationale.
Le profil des diplomates accusait et accuse encore un
manque de technicité en la matière même pour ceux qui
sont universitaires. Et pareille diplomatie de carence ne
pouvait qu’influer négativement sur la sécurité nationale.
Ainsi, la vérification de nos hypothèses nous a conforté
de par la preuve des incidences découlant de l’inefficacité
de cette diplomatie au plan politique, économique, culturel
et stratégique.
Au niveau politique, nous avons noté que le pays avait
connu des crises institutionnelles successives consacrant
ainsi une incapacité de l’État caractérisée par l’instabilité
gouvernementale qui suscitera la méfiance des autres
partenaires et entraînera l’isolement diplomatique du pays.
Au plan économique, la diplomatie de la R.D.C. n’avait
pas permis au pays de réaliser les performances au niveau
tant national qu’international. Il s’est constaté une baisse
de la production dans la quasi-totalité des secteurs-clés. Il
en est de même pour le commerce extérieur qui avait
connu une évolution négative. Cela a entraîné un déficit
budgétaire ainsi qu’une dévaluation monétaire, facteurs
économiques d’insécurité pour la nation congolaise.
Au plan culturel, nous avons noté que la culture avait,
dans toutes ses composantes (valeurs spirituelles, morales,
esthétiques), subi les effets négatifs des crises ayant
favorisé le bradage de cultures, l’aliénation de la culture
du pays et l’analphabétisme, bref le pillage ainsi que la
destruction du patrimoine culturel national.
Du point de vue stratégique, la faiblesse de la
diplomatie de la R.D.C. n’a pas permis à ce pays
132
d’accéder au bénéfice d’une coopération favorable. Ainsi,
le pays a connu des guerres, déstructurant, ipso facto, son
armée confrontée à une multitude des bandes armées.
En outre, le recours aux forces extérieures avait
considérablement affaibli l’armée du fait que, semant la
terreur, les mercenaires de tous bords avaient plongé le
pays dans une insécurité totale.
Les rebellions et les sécessions avaient, aussi
contribué à la destruction des patrimoines stratégiques de
la défense du pays, par les pillages, les destructions des
infrastructures de base, sans compter les massacres et les
tueries des populations.
Par conséquence, nous avons à la suite des défaillances
épinglées, formulé quelques suggestions susceptibles de
sortir cette diplomatie du marasme.
En effet, s’inspirant de la débâcle de la diplomatie du
premier régime politique dans ce pays, il est plus
qu’impérieux pour les autorités présentes et futures de
considérer la diplomatie non pas comme l’instrument de
leur propagande, mais plutôt comme un vecteur du
développement national. De ce fait, elles devraient
accorder la planification qu’il faut aux besoins de la
diplomatie.
Pour ce faire, il est capital d’affecter des moyens
matériels et financiers à l’exercice de la diplomatie, avant
de recourir à l’expertise des spécialistes congolais
disposant de la technicité et du savoir-faire en la matière.
Aussi, vont-elles veiller à ce que la diplomatie de la
R.D.C puisse, autant que faire se peut, répondre de façon
raisonnable aux impératifs de l’ordre international de
façon à ne pas subir les effets pervers de l’isolement
international.
Nous pensons également qu’il serait nécessaire de
promouvoir la culture diplomatique par la réforme et
133
l’élaboration du cadre juridique devant régir la carrière
diplomatique en République Démocratique du Congo :
- L’organisation d’un cadre permanent de formation
pour les diplomaties ;
- Le recrutement en fonction de la formation
antérieure qui tiendrait compte des études
diplomatiques ou similaires ;
- L’organisation des concours, conférences, et prix
de manière à faire connaître le pays à travers le monde.
Nous pensons enfin que cette étude suscitera, de par le
monde, l’intérêt des chercheurs et scientifiques à cette
époque où les faits ont démontré que la diplomatie a un rôle
à jouer dans l’évolution dynamique, mondialiste des
nations. Et que la diplomatie de la République
Démocratique du Congo, ce grand et riche pays, devra se
remodeler pour s’assumer comme un véritable instrument
du développement et de la sécurité de cette nation.
134
Bibliographie
135
16. KABONGO MAKANDA, Armée et Politique en Afrique
au Sud du Sahara, PUZ, Kinshasa, 1979.
17. KABUYA LUMUNA, La Conquête en Afrique, Essai de
Sociologie Politique Ed., Noraf SERGO, Lubumbashi, 1995.
18. NATIONS UNIES, L’ONU et le Congo : Quelques Faits
Essentiels, Nations Unies, New York 1963.
19. LABANA, L-A, et SEMY, D., Diplomatie Congolais,
Problèmes et Perspectives, Kinshasa 1997.
20. MOVA, S., CONGO : Survie et Grandeur, SAFARI,
Kinshasa, 2001.
21. TSHIYEMBE MWAYILA, Politique étrangère de la
République Démocratique du Congo, continuités et ruptures,
l’Harmattan, Paris, 2009.
22. NAMARA Mc., Sécurité Américaine et Paix Mondiale,
Fayard, New York, 1968.
23. NDAYWEL I, Histoire du Zaïre, de l’Héritage Ancien à
l’Age Contemporain, Louvain – la – Neuve 1997.
24. NGOMA BINDA, La Participation Politique, IFEP et
FKA, Kinshasa, 1995.
25. NOUVEAU PETIT LAROUSSE II, Paris, LIBRAIRIE
Larousse, 1969.
26. NOUVEAUX LAROUSSE UNIVERSEL, II, libraire,
LAROUSSE, Paris, 1969.
27. POPULATION REFERENCE BUREAU, fiche des
données sur la Population mondiale 1999, Washington, 1999.
28. RAPPORT CONJONCTURE ECONOMIQUE DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO N°10.
Ministère de l’Economie Nationale, RDC, Kinshasa, octobre
1970.
29. RAPPORT DE LA CONFERENCE NATIONALE
SOUVERAINE, Kinshasa, 1992.
30. RAYMOND Polin et al., La Guerre et ses théories,
P.U.F , Paris, 1970.
31. ROCHE, J-J., Relations Internationales, Paris, L.G.D.J,
1999.
136
32. ROUSSEAU C., et al., La Guerre et ses Théories, PUF,
Paris, 1970.
33. SUMAILI SHINDANI, Analyse critique des principes
de la Politique Extérieure du Zaïre, Mémoire de Licence en
Relations Internationales, Université de Lubumbashi, RDC,
1997.
34. SUR, S., Relations Internationales, Montchrestien, Paris,
2009.
35. TALA NGAI, F., RDC. De l’an 2001 : Déclin ou
déclic ? Éditions Analyses Sociales, Kinshasa, 2001.
36. TAWIL, E., Relations Internationales, Vuibert, Paris,
2010.
37. TEVOEDJRE A, La Pauvreté Richesse des Peuples, Ed.
Ouvrières, Paris, 1978.
38. VERHAEGEN, B., Rebellions au Congo, CRISP, tome
II.
137
Table des sigles
139
Table des matières
Préface ....................................................................................... 9
Avant-propos........................................................................... 13
Introduction ............................................................................ 15
Première partie
Des considérations générales
Chapitre I
De la république démocratique du Congo ............................ 23
SECTION 1 : LES REPERES GEOGRAPHIQUES .................... 23
SECTION 2 : LES REPERES ECONOMIQUES ......................... 24
SECTION 3 : LES REPERES HISTORIQUES ........................... 25
Chapitre II
De la diplomatie comme mécanisme de sécurite .................. 29
SECTION 1 : COMPRENDRE LA DIPLOMATIE ...................... 29
SECTION 2 : LES FONCTIONS DE LA DIPLOMATIE ......................... 31
SECTION 3 : LES MOYENS DE LA DIPLOMATIE ......................... 35
Chapitre III
De la sécurité comme finalité de la diplomatie ..................... 39
SECTION 1 : DE LA DEFINITION DU CONCEPT SECURITE 39
SECTION 2. DE LA GUERRE ET DE LA PAIX ........................ 40
141
Deuxieme partie
Un regard sur la diplomatie
de la République démocratique du Congo
Chapitre I
L’organisation et le fonctionnement de la diplomatie
de la Répuplique démocratique du Congo
de 1960 à 1965 ........................................................................ 47
SECTION 1. LE CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE NATIONAL
ET INTERNATIONAL ................................................................... 47
SECTION 2. LES ORGANES CHARGES DE L’ELABORATION ET
DE L’EXECUTION DE LA POLITIQUE ETRANGERE
DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO .................. 51
SECTION 3. LES PRINCIPES DE LA DIPLOMATIE DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DE 1960 A 1965 .... 54
Chapitre II
Les actions diplomatiques des gouvernements de la
République démocratique du Congo de 1960 à 1965 ......... 55
SECTION 1. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT LUMUMBA
(5 JUILLET AU 5 SEPTEMBRE 1960) .............................................. 56
SECTION 2. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT
DES COMMISSAIRES GENERAUX DU 09 SEPTEMBRE 1960
AU 09 FEVRIER 1961 ..................................................................... 59
SECTION 3. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT
DE JOSEPH ILEO ........................................................................... 61
SECTION 4. LES ACTIONS DIPLOMATIQUES
DU GOUVERNEMENT ADOULA ............................................. 64
SECTION 5. LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT TSHOMBE ...... 68
SECTION 6. DU BILAN ET DES OBJECTIONS ....................... 72
142
Troisième partie
Les incidences de la diplomatie sur la sécurité
de la République démocratique du Congo
de 1960 à 1965
Chapitre I
Les causes endogènes de l’inefficacité de la diplomatie de la
République démocratique du Congo .................................... 79
SECTION 1. LA DEFAILLANCE ET L’INADEQUATION DU
SYSTEME DIRECTIF ................................................................. 80
SECTION 2. L’INCOMPETENCE ET LE MANQUE DE TECHNICITE 83
SECTION 3. L’INSUFFISANCE DES MOYENS D’ACTIONS
DIPLOMATIQUES ...................................................................... 84
SECTION 4. LE PROCESSUS HISTORIQUE ............................ 86
SECTION 5. LA GEOPOLITIQUE DE LA REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO ................................................. 87
SECTION 6. LE NATIONALISME IDEALISTE ....................... 90
Chapitre II
Les causes exogènes de l’inefficacité de la diplomatie de la
République démocratique du Congo de 1960 à 1965 ............... 93
SECTION 1 : L’INGERENCE ETRANGERE ............................. 93
SECTION 2. LA GUERRE FROIDE ........................................... 96
SECTION 3. LA DIVISION INTERNATIONALE
DU TRAVAIL .............................................................................. 98
SECTION 4. LES POTENTIALITES ECONOMIQUES DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ............................. 99
Chapitre III
L’Incidence de la diplomatie sur la sécurité de la République
démocratique du Congo......................................................... 101
SECTION 1. L’INCIDENCE POLITIQUE DE LA DIPLOMATIE
SUR LA SECURITE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO ............................................................................... 101
SECTION 2 : L’INCIDENCE ECONOMIQUE DE LA
DIPLOMATIE SUR LA SECURITE DE LA R.D. CONGO ..... 104
143
SECTION 3. L’INCIDENCE CULTURELLE DE LA
DIPLOMATIE SUR LA SECURITE DE LA REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO ............................................... 113
SECTION 4. L’INCIDENCE STRATEGIQUE DE LA
DIPLOMATIE SUR LA SECURITE DE LA REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO ............................................... 115
Chapitre IV
Des considerations terminales ............................................. 121
SECTION 1. DES OBJECTIONS .............................................. 121
SECTION 2. DES SUGGESTIONS ............................................ 125
Conclusion ............................................................................ 131
Bibliographie ........................................................................ 135
Table des sigles ..................................................................... 139
144
République démocratique du Congo
aux éditions L’Harmattan
Dernières parutions
réécrire L’histoire
essai
Mumengi Didier
L’auteur montre que la réification des Africains par la traite négrière et la
colonisation est la véritable source des multiples crises qui endeuillent l’Afrique
noire. Professant que seule l’histoire permet aux peuples de répondre aux questions
«Qui sommes-nous ?», «Doù venons-nous ?» et «Où allons-nous ?», l’auteur invite
les nations noires d’Afrique et particulièrement son pays, la RDC, à se saisir
de l’histoire comme de la clé de leur renaissance, en reprenant conscience de
leur véritable état intérieur. Ce livre ouvre donc le chantier de «la décolonisation
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Wenu Becker
DIPLOMATIE ET SÉCURITÉ EN RDC Wenu Becker
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