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Décembre 2021

ISSN 2518-8143
FoloFolo N° Décembre 2021 ISSN 2518-8143

UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA – BOUAKE

FOLOFOLO
Revue des sciences humaines et des
civilisations africaines

Décembre 2021

http://www. http://folofolo.univ-ao.edu.ci


FoloFolo N° Décembre 2021

Administration et Rédaction

Directeur de publication BAMBA Mamadou


Rédacteur en chef KAMARA Adama
Rédacteur en chef adjoint KONE Kpassigué Gilbert
Webmaster ALLABA Djama Ignace
Chargé de diffusion et de marketing ALLABA Djama Ignace
Trésorière KOUADIO Affoué Sylvie

Comité scientifique
ALLOU Kouamé René, Professeur titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny
Sékou BAMBA, Directeur de recherches, Université Félix Houphouët-Boigny/IHAAA
OUATTARA Tiona, Directeur de recherches, Université Félix Houphouët-Boigny/IHAAA
OSSEYNOU Faye, Professeur titulaire, Université Cheick Anta Diop
LATTE Egue Jean Michel, Professeur titulaire, Université Alassane Ouattara
KOUAKOU Antoine, Professeur titulaire, Université Alassane Ouattara
GUIBLEHON Bony, Professeur titulaire, Université Alassane Ouattara

ASSI Kaudjis Joseph Pierre, Professeur titulaire, Université Alassane Ouattara


Marie MIRAN, Maître de conférences, EHESS/IMAF Paris
GBODJE Sékré Alphonse, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara
CAMARA Moritié, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara
COULIBALY Amara, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara
KOUASSI Kouakou Siméon, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny
BATCHANA Essohanam, Maître de conférences, Université de Lomé
N'SONSSISA Auguste, Maître de conférences, Université Marien N'gouabi de Brazzaville
N’GUESSAN Mahomed Boubacar, Maître de conférences, Université Félix Houphoët-Boigny
BEKOIN Tano Raphaél Maître de conférences, Université Alassane Ouattara

ISSN 2518-8143
FoloFolo N° Décembre 2021

Comité de lecture
KOUAKOU Antoine
BATCHANA Essohanam
CISS Ismaila
VEI Kpan Noél
GOMA-THETHET Joachim Emmanuel
N’SONSSISA Auguste
CAMARA Moritié
FAYE Osseynou
IDRISSA Bâ
BAMBA Mamadou
SARR Nissire Mouhamadou
GOMGNIMBOU Moustapha
DEDOMON Claude
DEDE Jean Charles
BAMBA Aboulaye
DIPO Ilaboti

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TABLE DES MATIERES

IMMONGAULT Nomewa Gladys Roselyne Protocoles de l'interruption volontaire de la


grossesse chez les Romains au IIe s. ap. J.-C. ……………………………………....... 7–22

AHOUE Jean-Jacques / ASSAKA Tatiana Larissa Sandrine Blieron, une zone frontalière
entre la Côte d’Ivoire et le Libéria : éclairage d’un passé colonial à nos jours ….....….. 23–39

KOUAKOU BA Koffi Valentin / N’GORAN Kouadio Adolphe La création de marché


commun d’électricité en Afrique de l’ouest de 1968 à 2019 …………………....…… 40–58

KEITA Mohamed / YODA Epse YEO Habibatou L’intégration des Burkinabé en Côte
d’Ivoire : le cas de la communauté burkinabé de la Marahoué : 1960 à 2013 ...... 59–77

NAPALA Kuwèdaten Islam et dynamique socioculturelle et économique des femmes Tem


de Bafilo (nord-Togo), de 1840 a 2010 …….......................................................…... 78–99

Modou NDIAYE / Meïssa Birima FALL La ville nouvelle de Diamniadio : Enjeux urbains
et perception par les acteurs ……...................................................................…... 100–115

BAMBA Fatoumata Les religieux dans les résistances à la conquête coloniale en Côte
d’Ivoire de 1892 à 1945 ……...................................................................…......... 116–127

OUEDRAOGO Wendlarima Hyacinthe Conquête et colonisation du pays Sissala du


Burkina Faso (1896 à 1960) ……...................................................................…... 128–142

DIAMIDIA Marie Cécile / OSSORO Angela Ephrem Les reliques de Constantinople : une
cause de la déviation de la quatrième Croisade sur Byzance ……........................... 143–160

OUEDRAOGO Tiga Alain / SOUBEIGA Noellie Dialectométrie des parlers du zaoore au


Burkina Faso …....................................................................…........................... 161–176

KOUAMÉ N’guessan Bernard L’histoire d’une ville du nord de la Côte d’Ivoire : Tiémé,
des origines à l’arrivée de René Caillié du xvième siècle à 1828 ….......................... 177–191

N’GORAN Kouakou Mechak L’élection législative du 17 juin 1951 : un mirage de


collaboration entre l’administration coloniale et le PDCI-RDA à la suite du désapparentement
…........................................................................................................................ 192–206

KOFFI Mélesse Le chef religieux wassa et la crise du colonialisme français dans le baoulé,
1916-1919 ........................................................................................................... 207–224

TUO Ardjouma Les marchés communaux de Bouaké (RCI) face à la problématique de la


sécurité alimentaire .............................................................................................. 225–237

OUATTARA Mamadou Speech acts in selected utterances in Things Fall Apart by Chinua
Achebe ................................................................................................................ 238–253

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DIOUF Benjamin L’offrande des épis : de l’Égypte pharaonique au Sine (Faick-Sénégal)
............................................................................................................................ 254–267
KOUZAN Stéphane La Brasserie du Bénin ou le renforcement de la germanophilie togolaise
1964-2018 ........................................................................................................... 268–290

MANSARE Lamine Impact socioéconomique de la migration sur le pays d’origine : cas de


la République de Guinée ...................................................................................... 291–312

LABANTE Nakpane L’affermissement de l’interventionnisme au Sénégal (1969-1980)


............................................................................................................................ 313–338

DJAMALA Kouadio Alexandre Eclairage sur l’histoire précoloniale des Wan de Côte
d’Ivoire ............................................................................................................... 339–360

KONIN Severin / SORO Nalourgo Politique, moyens et stratégies militaires de la cité de


Djenne du XIIIè au XVIè siècle ............................................................................ 361–381

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EDITORIAL

Prétendre écrire l’histoire de la civilisation africaine peut paraître une


gageure.
En effet, des faits restent peu connus, et l’exploration intellectuelle et
scientifique de l’Afrique n’est pas toujours chose aisée.
Le chercheur doit recueillir, classer et critiquer les sources écrites et orales de
même qu’une documentation abondante pour aboutir à la vérité scientifique.
Il est pourtant nécessaire de réanimer à travers des écrits originaux la réalité
substantielle de la civilisation africaine de l’époque antique à la période
contemporaine en passant par les périodes médiévales et modernes.
C’est à cette tâche que s’est consacré ce numéro de la revue “FoloFolo“.
Les propositions de sujets et les diverses approches scientifiques dans
une entière liberté d’expression se sont avérées enrichissantes.
Ce numéro de D é c e m b r e 2021 explore la science dans sa diversité.
Le résultat recherché est de connaître l’Afrique et ses civilisations dans sa
profondeur et bien sûr avec ses joies et ses peines, mais aussi et surtout de
proposer des pistes pour un développement durable de ce continent.
La pluralité des articles, l’originalité des problématiques et la diversité des
sujets autorisent à penser que ce numéro sera accueilli à sa juste valeur par les
universitaires.

Bamba Mamadou
Eclairage sur l’histoire précoloniale des Wan de Côte d’Ivoire

DJAMALA Kouadio Alexandre


Docteur en Histoire Moderne et Contemporaine,
Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire)
alexandredjamala@gmail.com
0708661290/0103960853

Résumé : L’autochtonie présumée des Wan constitue l’une des difficultés pour la reconstitution de l’histoire de
ce peuple. Il existe de nombreux points d’ombres de l’histoire de ce peuple qui méritent d’être clarifiée. La
question des origines, de la migration, de l’occupation de leur espace actuel ainsi que la constitution du peuple
tel que nous le connaissons aujourd’hui sont autant de préoccupations auxquelles nous tenterons d’apporter des
éléments de réponses.

Mots-clés : autochtonie, migration, origine, peuplement, Wan

Summary: The supposed autochthony of Wan constitutes one of the difficulties for the reconstitution of the
history of these people. There exist many points of shades of the history of these people which deserve to clarify.
The question of the origins, the migration, the occupation of their current space as well as the constitution of the
people such as we know it today are as many concerns to which we will try to bring brief replies.

Key words: autochthony, migration, origin, settlement, Wan

INTRODUCTION
La Côte d’Ivoire compte une soixantaine de groupes ethniques regroupés en quatre
aires culturelles que sont les Akan, les Gour, les Krou et Mandé (Atlas de la Côte d’Ivoire,
1970 : n. p). Cependant, il existe parmi ces groupes ethniques plusieurs qui sont partiellement
étudiés. Il s’agit par exemple des Wané (situés au Sud-Ouest dans la région de San-Pedro sur
le site de Monogaga), les Krobou (établis seulement dans trois villages), les Mona, les Sokwa,
les Sia, les Bakwé et les Wan qui font l’objet de la présente étude.

Nous ne savons pratiquement rien en ce vingtième (XXIème) siècle sur ces


populations en raison de l’absence de documents, d’histoire confuse et de traditions orales
confuses, si bien que ces peuples sont considérés comme des minorités ethniques1. Alain-
Michel Boyer qui a parcouru la région du Béré confirme la méconnaissance des Wan et des
Mona : « Qui pourrait penser qu’en cette aube du XXIème siècle, puissent vivre au centre
même de la Côte d’Ivoire, pays parcouru en tous sens depuis longtemps, de « petits » peuples
« oubliés », habitants chacun dans quelques dizaines de villages, et sur lesquels l’Occident ne
sait presque rien » (Boyer 2011 : 10). Notre objectif est donc de présenter le peuple wan tout

1
La méconnaissance de ces peuples est liée au manque de documents, à une tradition orale confuse et à la
question relative à l’histoire d’autochtonie

339

en montrant le processus de sa formation. La question principale est de savoir comment s’est
opéré la fixation et le processus de formation les Wan ? Plusieurs questions subsidiaires
méritent d’être élucidées, à savoir l’origine, le peuplement et la formation des Wan dans leur
espace.

Pour répondre à ces préoccupations nous avons mis à contribution plusieurs auteurs
notamment Ravenhill Philip léonard, Boyer Alain-Michel, Niangoran-Bouah Georges, Deluz
Ariane, Siagbé Ziboh Fulgence et Djamala Kouadio Alexandre qui se sont intéressés plus ou
moins à l’histoire du peuple wan. La méthode historique utilisée a consisté à l’exploitation
des sources orales, écrites et électroniques avec la confrontation des informations, le
recoupement des données et la critique historique. Cette démarche a permis de rédiger le
présent article. Ainsi, il s’est agi d’examiner d’abord l’occupation ancienne du site et la
question d’autochtonie, puis l’origine et la migration des Wan et enfin le peuplement de
l’espace et la formation du peuple wan.

I. OCCUPATION ANCIENNE DE L’ESPACE WAN

L’espace Wan a été habité auparavant par les populations Sénoufo et Malinké. Si les traces
des premiers sont difficilement perceptibles, pour les seconds sont plus visibles.

1. Les Senoufo

Les Sénoufo (Klôgômù en wan) sont considérés comme les premiers habitants de
l’espace occupé par les Wan. Leur zone d’habitation s’étend dès le XVème siècle sur une
vaste zone allant de la région de Mankono à Tiébissou en passant par Bouaké comme
l’attestent les auteurs de l’Etude Régionale de Bouaké (Salverte-Marmier et alii. 1965 :17).
Axel Dadié NASSA (2005 :59) précise que les Sénoufo ont anciennement occupé la région
actuelle du Koro avant les Wan. Cette région de façon géographique est d’ailleurs située à la
limite Nord du pays Wan actuel. Cette présence des Sénoufo sur l’habitat actuel des Wan est
corroborée par les traditions orales wan. Celle-ci abonde de récits sur les guerres livrées aux
Sénoufo-Djimini par les Wan pour occuper l’espace. Alexis Bomisso note : « Des populations
Sénoufo, précisément des Djimini, occupaient la zone allant de Bomassapla à Foutounou. Il a
fallu de nombreuses guerres pour qu’ils soient délogés par nos grands-parents »2.

S’il est vrai que les Sénoufo ont occupé anciennement le territoire wan, ces derniers
n’ont laissé aucuns indices qui permettent de prouver leur préexistence spatiale sur le plan
matériel. Nous n’avons pas eu mention d’anciens villages ni de campements laissés par les


2
Alexis Bomisso, Entretien réalisé à son Domicile à Kounahiri le 23 Février 2016

340

Sénoufo. Cependant, ils ont légué l’initiation des hommes (le Zêh) aux Wan. Des
interlocuteurs Wan et Sénoufo ont affirmé l’existence d’alliance à plaisanterie et des liens très
anciens entre ces deux peuples. Mais cette information n’a pas été confirmée par la majorité
des informateurs sur le terrain. Ne seraient-ce pas des liens oubliés par la mémoire
collective ? La question mérite d’être posée car il y a une ressemblance entre le Zêh et le poro
d’une part et le Goly-Glin des Wan et les Wambèlè3 des Sénoufo d’autre part. Nous sommes
donc d’avis avec Axel Nassa Dadié (2005 :55) lorsqu’il affirme qu’il s’agit d’anciens contacts
oubliés entre Sénoufo et Mandé Sud en général et avec les Wan en particulier. A partir du
XVIème, les Sénoufo sont chassés par des Malinké. Ces derniers vont momentanément
occuper le site.

2. Les Malinké

Les Malinké qui occupent le territoire actuel des Wan sont descendus de l’empire du
Mali. Leurs établissements ont occasionné un mouvement migratoire sans précédent à partir
du XVIème siècle. Les migrants sont composés majoritairement de guerriers animistes, de
marabouts et de commerçants en quête de terres nouvelles pour leur installation. Ils ont
transité par la Guinée actuelle avant d’arriver sur le territoire de l’actuelle Côte d’Ivoire à
travers le Nord-Ouest où ils fondent les localités actuelles d’Odienné et de Séguéla.

Quelques-uns des migrants, animés d’un esprit mercantiliste, pénètrent plus au Sud, à
travers la zone actuelle de Mankono, où ils fondent le vieux village de Boron, actuel
Kounahiri (Salverte-Marmier et alii 1965 :17). Cet emplacement du site est partagé par A.
Clerici, Jean-Noël Loucou ainsi que les auteurs du Mémorial de la Côte d’Ivoire. Si
l’occupation du territoire wan par les Malinké est attestée par Yves Person (1906 : Note 37) :
« Les Nwa occupent effectivement un territoire que les Manding ont occupé un certain
temps », l’auteur pense pour sa part que « le site du vieux Boron (XVI-XVIIe siècle) se trouve
à quatre Kilomètre au Sud de Kunairi ». Pour plus de certitude sur cette question, nous
pensons qu’une étude archéologique minutieuse doit prendre en compte toute la région
Centre-Ouest du territoire ivoirien. Celle-ci pourra éclairer davantage l’occupation ancienne
de cette partie de la Côte d’Ivoire. Sans elle, toute initiative d’étude de cette zone sera
toujours limitée.

La fondation du vieux village de Boron s’inscrit dans la continuation des activités


commerciales, pratiquées par les fondateurs Malinké, dominés à cette période par les familles
Diomandé ou Kamara. Le vieux village de Boron était à notre avis une cité-étape et servait

3
Pour Alain-Michel Boyer, une similitude apparait pour un œil avisé entre les masques Goly-Glin des Wan et le
Wambèlè des Sénoufo. Cependant, si la sculpture du Goly-Glè est unidirectionnelle, celle du Wambèlè est
bidirectionnelle. Cf. A-M BOYER, 2011, Le sacré, le secret. Les Wan, Mona et Koyaka de Côte d’Ivoire, Genève
Ed. Musée Barbier Mueller, 174p, p27.

341

d’important marché de noix de kola, mais surtout une étape vers Mankono et aussi vers la
ville de Kong.

La venue des Malinké comme le dit Simon-Pierre Ekanza (2006 :23) « offre des
allures d’invasions successives qui chassent devant les occupants des pays qu’elles
traversent ». Dans cette occupation militaire de l’espace, les autochtones Sénoufo ont été
délogés (Salverte-Marmier et alii 1965 :17) ou intégrés pour donner naissance au groupe Koro
que l’on retrouve dans la zone actuelle de Tiénigboué et Bouandougou (Nassa 2005 :55).
L’occupation ancienne du site ayant été définie, il convient de répondre à la question de
l’origine des Wan.

II. LES DIFFERENTES THESES SUR L’ORIGINE DES WAN


1.1. Les mythes étiologiques

Les traditions orales wan font allusion à plusieurs mythes qui expliquent leur
préexistence sur le territoire ivoirien4. Ainsi, le premier homme est descendu du ciel à l’aide
d’un fil de fer. Voici les propos de Siagbé Modeste : « Notre ancêtre du nom de Ziagli est
descendu du ciel. A l’origine, il se nommait Zialè. Ziagli est en fait le bruit qu’il a fait lors de
la descente. Il a été envoyé pour explorer la terre, vaste étendue inhabitée. Par la suite, il a
été suivi par une femme avec qui, il eut des rapports sexuels. De leur union naquit leur
premier fils du nom de Kpatro. Ziagli appartient à la famille Glangbé qui signifie l’homme
sacré ou encore l’homme des choses sacrées »5. Ce mythe rejoint les propos d’Ariane Deluz
(1973 : 93) qui situe la descente du ciel dans la localité actuelle de Gohitafla avant le XVIème
siècle.

Les populations de Kabakoro (Wlèla) mentionnent que le premier wan nommé


Wanzamblé6, ancêtre des Wan, est sorti de nulle part à une période où l’or et le diamant
étaient visibles à la surface de la terre. Wanzamblé avait quatre fils qui sont Kango-Gbé-Séhi,
Lanoua, Dôh et Sùsù. Ce sont ces derniers qui ont occupé et peuplé l’espace avant la venue
des autres groupes ethniques. Enfin, le dernier mythe étiologique raconte que le premier wan
nommé Gbassilagba qui signifie l’homme musclé était le premier à habiter la terre7. En
somme, tous ces mythes révèlent l’occupation primitive de l’espace par les ancêtres des Wan.
Doit-on se fier à l’évocation de cette tradition mythologique à la fois fabuleuse et
féerique ? Gilbert Gonnin (1989 :113) pense que l’historien qui se fie à la mythologie

4
Le territoire n’a pas été vide d’hommes. La présence humaine date du paléolithique et plusieurs peuples
affirment être les premiers à occuper le territoire ivoirien. Cf G. GONNIN et K. R. ALLOU, 2006, Côte d’Ivoire : les
premiers habitants, Ed. CERAP, Abidjan, 121p
5
Modeste SIAGBE, entretien à son bureau (Kounahiri) le 01 Février 2016 de 9 h-12h.
6
Wanzamblé est aussi le nom que les Zogbé attribuent à leur masque Goly Glin. Est-ce à dire que les Goly est le
premier ancêtre des Wan ?
7
Yopini GOGBE, entretien à son domicile à Golipla le vendredi 26 Février 2016 de 11h à 14h

342

« risque de limiter son travail à un collectionneur de traditions orales ». La volonté des Wan
de recourir aux mythes étiologiques répond à un double objectif. Premièrement, il s’agit de
bénéficier des faveurs liées à l’appartenance de la terre. Dans les sociétés agraires comme
celles des Wan, le pouvoir appartient au premier occupant de la terre et à ses descendants. Car
« quiconque possède la terre occupe une place de choix dans la hiérarchie sociale. Il jouit de
plusieurs privilèges lors des pratiques socio-culturelles, veille à la prospérité du village et est
le gardien de certains cultes liés à l’harmonie et la paix du village ». (G. Gonnin 1989 :113).
Ensuite, pour les populations préalablement établies, il s’agit d’intégrer les migrants Malinké
qui arrivent à partir du XVIème siècle. Ces migrants, dont certains sont convertis à l’islam
sont craints du fait de leur connaissance du coran. Kamaté Ladji (2016 :103) déclare à cet
effet que, « les Shama, par leur connaissance du coran, étaient supérieurs aux populations
autochtones et aux Tonigui ».
Si les mythes ne permettent de justifier l’origine des Wan, qu’en est-il de la thèse
d’autochtonie ?

1.2. La thèse de l’autochtonie des Wan


La thèse qui considère les Wan comme des autochtones du territoire actuel de la Côte
d’Ivoire est soutenue par Antoine Gauze, Niangoran-Bouah et une bonne partie de la tradition
orale. Pour Antoine Gauze, les Wan, Bété, Mona etc. appartenaient tous au grand groupe
Magwé localisé dans l’Ouest ivoirien dont « l’habitat originel était limité à l’Est par le
Bandama, à l’Ouest par le fleuve Cavally et la frontière libérienne, au Nord par les Dan
(Yacouba, Gouro et Toura) et au Sud par l’océan Atlantique ». (L.T.A. GAUZE 1969 : 19)
Venus du Nord-Est, les Magwé s’installèrent prêt de la rivière Kpaéliéhonon situé de nos
jours dans la région actuelle de Gagnoa. Ainsi, après avoir séjourné un moment avec les
Magwé, le groupe se dispersèrent dans toutes les directions. Les Wan et les Mona prirent la
direction du Nord où ils croisèrent sur leur chemin les Koro. Ces évènements se situent selon
l’auteur entre le 10ème et le 11ème siècle.

Quant à Niangoran-Bouah, il fait venir les Wan du grand groupe Kwanin. Cette
population, aurait occupé le territoire ivoirien depuis le paléolithique. Leur habitat se situait
dans la région comprise entre la Sassandra et la rive Est du Comoé8. Concernant l’espace
occupé par les Wan, l’auteur affirme :

Une chose est certaine, nous savons qu’aussi loin que nous remontons dans le temps,
allant jusqu’au paléolithique ancien, la région habitée de Côte d’Ivoire à cette époque
lointaine, c’est-à-dire qu’il y a plus de 10.000 ans en Côte d’Ivoire, la région habitée, au


8
G. NIANGORAN-BOUAH, 1997, le trésor du Marahoué : sculptures lithiques de Gohitafla, Abidjan, EDILIS, 219p

343

paléolithique ancien je dis, c’est la région comprise entre les deux Bandama. Or la région
comprise entre les deux Bandama est aujourd’hui effectivement la région que les Wan
habitent.

C’est avec la venue des Baoulé au XVIIIème siècle9 que les Kwanin se disloquent pour créer les
différents groupes que l’on connait. Il s’agit des Wan, Yacouba, Gouro, Gagou, Mona, Toura et
Nguin. Tous ces groupes se comprennent plus ou moins du point de vue linguistique.

Les mythes et la thèse d’autochtonie tentent de justifier l’antériorité des Wan sur le territoire ivoirien.
Cependant, d’où viennent-ils réellement ? Plusieurs origines leurs sont attribuées. Elles vont des
origines étrangères aux origines ivoiriennes.

2. Les différents lieux d’origine des Wan


2.1. La provenance du Nord ou soudanaise

Dans son rapport sur les cantons Sia, Mona et Wan10, Schiffer, le premier
administrateur à soumettre les Wan mentionne que ces derniers sont une population d’origine
Mandé venus du Mali actuel. Au cours de leur migration, ils auraient séjourné dans les
localités de Séguéla et de Mankono avant l’occupation de leur habitat actuel. A quelle période
situer cette venue des Wan ? Selon l’auteur, elle remonterait à 3 ou 400 ans c’est-à-dire en
1600 ou 1700 (17ème ou 18ème siècle). Si nous partageons le lieu d’origine proposé par
Schiffer, nous ne sommes pas d’avis avec la date proposée pour la simple raison que les Wan,
Mona et Koro étaient déjà présents lors de la venue des Koyaka dans la localité de Mankono
en 1752. Il a fallu plusieurs combats pour que les Koyaka puissent s’installer et phagocyter
politiquement les populations Wan11. L’origine du Nord ou malienne est partagée par certains
lignages Bomisso. Selon Bomisso Alexis12, membre du lignage Gbamalé, les ancêtres des
Wan viennent du Mali actuel. Au cours de leur migration et après plusieurs batailles, les
migrants ont fait escale dans les localités de Séguéla et de Mankono. Le chef de la troupe se
nommait Kobalou et était un grand marabout.

Sur la migration de Mankono, les propos de Bomisso Alexis rejoignent ceux de


Schiffer. En effet, après Mankono, les migrants s’enfoncèrent dans la zone de Gohitafla.

9
La dispersion des Kwanin est due à une mésentente face à la conduite à tenir devant les migrants Akan qui
fuyaient la guerre de succession depuis la Gold Coast. Le chef des Kwanin, en voulant barrer la route aux
insurgés trouva la mort. C’est ainsi que l’aîné du groupe, dans l’intention d’éviter un massacre certain interjeta
« Kaagou », expression signifiant « fuyons, partons ». Ceux qui le suivirent formèrent le groupe Gagou ou Gban.
Le cadet n’ayant pas approuvé la décision de son ainé décida de ne pas migrer et de faire face aux Akan d’où
l’expression « Angoulo ». Ceux qui restèrent avec lui donnèrent naissance au groupe Gouro ou Kweni.
10
1EE104-2, Rapport de Monsieur le Lieutenant Schiffer sur la tournée exécutée dans les pays Sia, Mona,
Nouas et Lôs du 4 Septembre au 11 Octobre 1901.
11
Cf S. FOFANA, 2014, Le Worodougou : peuplement et mutation économique, des origines à 1912. Thèse
unique de Doctorat en Histoire, Université de Cocody Abidjan, 504p, L. KAMATE, 2016, Côte d’Ivoire : histoire
de Mankono, de 1752 à 1985. Thèse unique de Doctorat en Histoire, Université de Cocody, Abidjan, Tome 1,
460p
12
Entretien avec la famille Gbamalé de Kounahiri le mardi 02 Février 2016 à 14h.

344

Schiffer dit : « l’exode des Wan du Soudan coïncide avec celui des Dosso de Mankono mais
des rivalités d’intérêt ont fait alors éclater une guerre entre eux et les furent refouler au Sud
du Bélé (Béré), deux journées de marche plus au Sud de leurs villages actuels ». Plus loin
dans le même rapport Schiffer note que « les Wan n’ont pas su s’y maintenir devant
l’invasion méthodique des Lôs ou Gouro, venus de la rive droite du Marahoué »13. Cette
origine est-elle commune à toutes les familles Wan ?

Yves Person dans son étude sur Samory14 fait certaines incursions chez les minorités
ethniques notamment les Wan, Sia, Mona etc. S’il reconnait l’origine soudanaise ou malienne
des Wan, il précise que c’est seulement les Bomisso qui seraient concernés par cette origine et
ces derniers sont d’ailleurs une famille d’extraction Dosso de Mankono. A ce sujet l’auteur
affirme que : « le clan dominant, celui des Bomiso (Bomisso), se prétend d’origine Malinké et
apparenté aux Doso (Dosso) » (Person 1975 :1906). Les propos de Person comportent
quelques limites. En effet, tous les Bomisso ne sont pas d’extraction Dosso. Seuls quelques
membres du lignage Gbamalé étaient Dosso ou Fofana d’origine. Cette information a été
confirmée au cours de nos enquêtes de terrain15. Si certains auteurs pensent que les Bomisso
sont tous d’extraction Dosso, c’est parce que ces derniers ont dominé les Wan. Nous sommes
d’avis avec le professeur Niangoran-Bouah lorsqu’il soutient que « le groupe dominant a
obligé le groupe minoritaire a changé de lieu de provenance. Vous venez de tel endroit, mais
désormais, pour telle ou telle raison, vous allez dire que vous venez de tel autre endroit ».
C’est surement ce qui a poussé Schiffer à affirmer que les Wan viennent du Soudan au même
moment que les famille Dosso.

2.2. La provenance méridionale

L’origine méridionale des Wan est attestée par les Gbêgbé, un clan wan localisé dans
les villages de Gbêwa et de de Gbétépla ainsi que certains Siagbé de Gbôtôpla. Selon les
Gbêgbé, leurs ancêtres sont venus du sud dans la zone actuelle d’Abidjan et a précédé les
Ebrié. Ces derniers les ont accueillis et cohabitèrent ensemble avant que Nohnin, ancêtre des
Gbêgbé ne décide de remonter vers le Nord avec les membres de sa famille. Au cours de leur
migration, les migrants transitent par Liliafla dans la région actuelle de Vavoua occupés par
les Kouya puis à Sinfra en pays Gouro. Les migrants remontent plus au Nord pour créer le
village de Gahizogréla.
Quant à certains Siagbé de Gbôtôpla, ils font venir leurs ancêtres de derrière le
Cavally dans la localité actuelle de San-Pedro. Fuyant leurs ennemis au cours d’une guerre, ils

13
1EE104-2, Rapport de Monsieur le Lieutenant Schiffer sur la tournée exécutée dans les pays Sia, Mona,
Nouas et Lôs du 4 Septembre au 11 Octobre 1901
14
Y. PERSON, 1968, 1969 et 1975, Samori, une révolution Dyula, Dakar, IFAN, 3 Tomes, Mémoire 80), 2377 p
15
Les Bomisso sont composés de plusieurs lignages à savoir les Sroukousrè, Gbamala, Srigbé etc.

345

furent sauvés par un poisson lors de la traversée du Cavally avant de venir fonder le village de
Gahizogréla. Que retenir de ces différents récits ?
En se basant sur le nom de l’ancêtre des Gbêgbé, sa fonction et son lieu d’origine, nous
émettons l’hypothèse selon laquelle les Gbêgbé ont pour ancêtre les Ehotilé. Allou et Gonnin
(2006 : 23) font mention des Ehotilé qui seraient considérés « comme les colons de l’espace
lagunaire ». Plusieurs similitudes lient les Gbêgbé aux Ehotilé. D’abord leur origine. Les
deux groupes affirment que leur ancêtre provient de l’eau. S’il est possible de situer le lieu de
provenance exact des Ehotilé (lagunes Aby-Tendo-Ehy), il est difficile de situer celui des
Gbêgbé. La seconde ressemblance si situe au niveau de l’ancêtre qui était pêcheur. Ces
différents éléments nous font penser que les Gbêgbé seraient des Ehotilé.
Quant à une frange des Siagbé de Gbôtôpla, ils seraient assimilés selon nous aux No
ou Nosso. Sur les Wan, Niangoran-Bouah notait déjà qu’« une frange population wan affirme
être venue du Bas-Cavally. Or dans la région de Tabou, dans le Bas-Cavally, sont partis les
Nosso ou No pour remonter vers le Nord et ont donné naissance à d’autres groupes
(Yacouba, Wê etc.) »16. Si l’auteur ne donne pas le nom de cette frange de la population, il
mentionne cependant qu’il existe plusieurs indices qui abondent dans ce sens.
Nous pensons pour notre part qu’une partie des Siagbé vient du Bas-Cavally, dans la
zone actuelle de San-Pédro. Aussi, Gbêgbé et Siagbé appartiendraient au même clan17. Au
cours de leur migration, ces deux groupes ont dû se croiser et former une même famille18.
C’est ainsi qu’ils virent fonder Gahizogréla, mais ont dû se diviser pour des querelles
intestines.

2.3. L’origine orientale


La vague venue de l’Est est composée d’élément Akan notamment Baoulé Souamlin.
Mais la tradition orale semble limiter le lieu d’origine derrière le Comoé sans toutefois
préciser le site exact. C’est certainement ce qui a obligé Niangoran-Bouah à être prudent sur
l’origine de cette vague. Il note à cet effet que : « cette région que les Wan disent ou désignent
est derrière le Comoé. Ce n’est pas forcement au Ghana, mais derrière le Comoé, peut-être
au Ghana ou en Côte d’Ivoire, parce que le Comoé ne sert pas de limite entre la Côte
d’Ivoire et le Ghana »19. Certains Diagbé d’Agbahou mentionnent : « Les Diagbé habitaient
autrefois près du fleuve Comoé. Ils ont reçu la visite des Agni qui fuyaient le Ghana. Il s’est
suivi une guerre au cours de laquelle les Diagbé ont été vaincus. Pour échapper au massacre,

16
Du Passé au Présent. Les Wan, 1980, RTI
17
Les Gbêgbé et Siagbé partagent le même totem qui est le poisson silure. Aussi, le nom du village qu’ils ont
fondé (Gahizogréla) est révélateur de leurs liens ancestraux.
18
Selon un de nos informateurs qui a décidé de garder l’anonymat, Les Gbêgbé sont une branche de Siagbé.
C’est pour cela il pose la question suivante : peut-on dissocier la branche de l’arbre ?
19
Du Passé au Présent. Les Wan, 1980, RTI

346

les rescapés avec à leur tête Gbô, ont fui vers l’Ouest et se sont réfugiés à Maminigui vers
Gohitafla »20.
L’hésitation de Niangoran-Bouah est l’expression en réalité de la complexité liée à
l’étude des Wan. Jacques Germain mentionnait déjà ce fait lorsqu’il souligne qu’une étude
plus approfondie révéla la grande complexité du peuplement notamment celui des Kehn.
Cependant, les populations de Boyaokro affirment avoir migré avec la reine Abla Pouko qui
conduisait la migration. Mais cette origine ne convainc pas Jacques Germain qui pense plutôt
que ces derniers se donnent une origine Baoulé afin de plaire à Jean Kouadio, chef canton de
Béoumi, auquel les Kehn étaient rattachés.
Nous pensons pour notre part qu’ils sont effectivement des Baoulé. Au cours de leur
migration, certains des migrants perdirent la trace du groupe dans la zone de Tiassalé. Une
partie descendit vers le Sud pour se retrouver non loin de Hiré en pays Dida actuel et sont
connus sous le nom de Dida Mamini. L’autre partie remonta vers le Nord. Certains de ces
migrants arrivent jusque dans la zone de Béoumi21 et créent plusieurs villages dont Aluibo,
Diéviéssou et Mamini qui signifie je suis perdu en Baoulé. C’est donc ce groupe Agoua (une
franction Souamlè) et non ceux des Kodé comme le mentionne Niangoran-Bouah. Diévissou
et les villages cités composent le groupe Agoua que l’on retrouve à Boyaokro. Leblanc, chef
de poste de Béoumi, ne dit pas le contraire sur l’origine Baoulé de certains Kehn même s’il a
tendance à généraliser. Il note :
Lagbas et Zogbés, qui forment actuellement la sous-tribu Ouan, n’eurent cependant pas la
même origine. Les Lagbas sont de véritable origine Ouan ; les Zogbés, au contraire, sont
d’origine Baoulé et parents de la sous-tribu Guenfiensou (Diéviéssou), population Kodè
(…) cette parenté entre Zogbés et Kodès, a complètement changé ; par suite d’un très
ancien voisinage avec les Lagbas et leurs mariages entre eux, les Zogbés se sont soustraits
à l’autorité Guienfiensou (Diéviéssou) et forment, avec les Lagbas, une véritable tribu où
les nouvelles générations méconnaissent l’ancienne consanguinité avec les Kodès22

Si tous les Zogbé sont assimilés aux Baoulé par Leblanc, c’est parce que les membres du clan
Agoua, d’origine Baoulé venus de la zone de Béoumi ont participé à refouler les Wan (les
Kehn) dans leur habitat actuel et ont eu par la suite des relations matrimoniales et ont ensuite
intégré les Kehn notamment ceux de Boyaokro. Ayant pris une ascendance politique, des
liens très forts lièrent ces derniers à leur village d’origine. Leblanc note à cet effet : « une
seule coutume fut cependant conservée longtemps : enterrer le chef du village des Zogbé à
l’emplacement primitif du village où s’était formée l’agglomération de Guienfiensou
(Diéviéssou). Actuellement, cette coutume est tombée en désuétude »23. Comme nous venons

20
Entretien avec la famille Diagbé d’Agbahou le 26/01/2016 de 7 h 15-9h
21
SALVERTE-MARMIER et alii, 1965, Etude Régionale de Bouaké (ERB) 1962-1964, Tome 1 : Le peuplement,
Ministère du Plan (RCI), 239 p. P32, P44
22
ANCI, 3BB12, 1910, commis aux affaires indigènes chef de poste de Béoumi à Monsieur le capitaine
Commandant le cercle du Baoulé-Nord
23
ANCI, 3BB12, 1910, commis aux affaires indigènes chef de poste de Béoumi à Monsieur le capitaine

347

de le voir, certains éléments constitutifs des Wan sont venus du Ghana actuel. Ils sont Baoulé
en réalité et appartiennent au clan Agoua que l’on retrouve à Boyaokro.

2.4. Que retenir de l’origine des Wan ?


Les différentes thèses sur l’origine des Wan permettent de comprendre la complexité
de l’étude de ce peuple. Devons-nous limiter à ces différentes origines ci-dessus mentionner ?
Nous pensons pour notre part que l’origine réelle des Wan va au-delà des éléments cités. Il
faut les mettre dans son ensemble culturel pour mieux situer ses origines. De ce fait, la
linguistique historique et comparative Mandé ainsi que la glottochronologie permettent de
localiser anciennement les Wan.
Les Wan sont en fait une composante des sociétés lignagères appartenant à l’aire
culturelle et sociolinguistique Mandé-Sud. Les différents peuples désignés par Mandé-sud ou
Mandé forestiers, sous l'impulsion de multiples facteurs se retrouvent aujourd'hui disséminés
de la forêt libérienne à la forêt nigériane parmi d'autres peuples n'appartenant pas à leur aire
culturelle. Au total, sept (7) groupes ethniques composent le groupe Mandé-sud en Côte
d'Ivoire. Ils se concentrent de part et d'autre du fleuve Bandama, bien que dispersés, voire
disséminés parmi les Mandé et d'autres peuples. A l'est vivent les Mona ou Mwani, les Wan
ou Ngwanou et les Ngan ou Ben. A l'ouest de ce fleuve, l'on retrouve les Yacouba, les Toura
ou Win, les Gagou ou Gban et les Gouro ou Kwéni. Que savons-nous des Mandé auxquels
appartiennent les Mandé Sud ?
Selon André Prost, le foyer pré-nigritique des Mandé se situe vers l’Est aux alentours
du Lac Tchad. Ils ont franchi le Niger et occupé tout le territoire sur lequel sont observés
actuellement des éléments leur appartenant. Ce mouvement de l'Est vers Ouest avait déjà été
émis par Welmer (1971) avec plus de précision lorsqu'il note que « la répartition actuelle des
Mandé s'explique par un mouvement migratoire qui s'est effectué vers l'Ouest, à partir d'un
établissement antérieur situé dans la partie septentrionale de l'actuel Bénin ».
A la faveur d’une expansion des peuples liée à la domestication du riz africain (Oriza
Glaberrima), les Mandé-Sud se séparent des Mandé-Nord au deuxième millénaire, notamment
vers 1600 ans avant notre ère (Person 1968 : 48). Après la séparation, ces derniers occupent
l’espace compris entre le 3ème et 12ème longitude 16ème ou 18ème latitude Nord aux
alentours du 4ème millénaire avant J.C. Selon Valentin Vidryn. Leur habitat primitif se situe
entre le Libéria, la Guinée et l’Ouest de la Côte d’Ivoire.


Commandant le cercle du Baoulé-Nord

348

Cette zone est mentionnée comme le lieu d’origine de plusieurs familles Wan. Sindou
Fofana note qu’ils viennent du Libéria24. Cette origine libérienne est confirmée dans la
Monographie du département de Kounahiri. L’auteur se basant aussi sur la tradition orale wan
note : « Le peuple Wan du département de Kounahiri serait issu du groupe Mandé venu du
Libéria à une époque très reculée dans le temps. Selon la tradition orale, les Wan se seraient
installés initialement en un lieu baptisé « Gbanokpahipla », dans la région de Sinfra »25. Pour
certains informateurs, le lieu d’origine serait la Guinée. Sahourou Détho Jean-Pierre note :
« Les Wan viennent de la Guinée. Au cours de leur migration, ils ont transité par Man avant
de s’installer provisoirement en pays Gouro actuel. Il est difficile de dire les raisons de leur
migration depuis la Guinée. Mais, il est probable que les raisons politiques et les rivalités
avec les peuples avec lesquels ils cohabitaient seraient les causes de leur migration »26.
Cette affirmation est partagée par Deloh Adolph Zaouella qui note que les Wan
viennent de la basse Guinée à une période difficile à déterminer. C’est au cours d’une dispute
avec leurs frères Yacouba et Mona qu’ils ont décidé de migrer vers l’est. Il est probable que
des familles Wan et Mona ont migré ensemble jusqu’en pays Gouro actuel. Simon-Pierre
Ekanza note que les Wan et les Mona, un sous-groupe Mandé-Sud étaient établis sans doute
au Sud-Est des Toura. La tradition orale Mona mentionne, en effet, que leurs ancêtres ont
quitté la Guinée suite à des mésententes avec les Yacouba. Au cours de leur migration, ils
sont passés non loin de Séguéla pour s’infiltrer en direction du Sud vers Zuénoula et vers
Mankono pour certains. Ces indications bien qu’imprécises permettent néanmoins de penser
qu’ils ont sans doute amorcé leur migration avec des familles Wan.

Il est difficile de parler d’une origine ou d’une migration des Wan. Si les linguistes
admettent cette parenté, aucun informateur n’a confirmé cette origine ou l’appartenance au
Mandé dont parle les auteurs. Ravenhill avait déjà évoqué les limites de la classification
linguiste dans l’étude des peuples. Si celle-ci a le mérite d’« indiquer des liens au sein d’une
famille linguistique, elle ne considère pas les questions de convergences ou d’emprunts avec
d’autres langues hors de la famille ». Pour lui, elle n’apporte pas grande chose sur l’histoire
des contacts avec d’autres langues non apparentées. Nous pensons pour notre part que les
ancêtres des Wan, Ycouba et Mona ont réellement vécu dans les pourtours du Lac Tchad
avant de venir s’installer dans la zone comprise entre la Guinée, le Libéria et le territoire
actuel de la Côte d’Ivoire. Il est probable que ces derniers ont oublié ce passé lointain du fait


24
S. FOFANA, 2014, Le Worodougou : peuplement et mutation économique, des origines à 1912, Thèse unique
de Doctorat en Histoire, Université de Cocody Abidjan, 504p
25
Monographie du département de Kounahiri
26
Entretien avec SAHOUROU Détho Jean-Pierre originaire de Boyapla et enseignant à Bouaké. Entretien réalisé
à son domicile à Bouaké le 02/05/2016

349

des confluences liées à l’histoire27. Suite aux mésententes, ces derniers se séparèrent du noyau
originel pour venir occuper la localité de Gohitafla. Mais la venue des Gouro aux XVIème
pousse les Wan à quitter ce nouveau territoire pour occuper la localité actuelle de Kounahiri.
Dès lors, quelles sont raisons de la migration des Wan depuis la localité de Gohitafla ?

3. Les causes de la migration des Wan


Il est vrai que nous désignons Gohitafla comme étant le site où habitaient les Wan,
mais il faut surtout remarquer que le site d’occupation était encore plus vaste. Il englobait les
localités de Zuénoula, Bouaflé, Gohitafla… Leurs lieux d’habitat étaient dissimilés. Il y a par
exemple les localités de Diacohou-Nord, Maminigui, Wanzra, Gahizogréla, Wadjê, Binzra,
Guériafla, Dinamplo, Mongolo bilé….
A partir du XVIème siècle, les Gouro qui occupaient autrefois le pays situé au Nord de
la grande forêt et compris entre le Bandama et la Férédougouba (districts actuels de Mankono
et de Séguéla) sont refoulés au Sud par les invasions mandingues. Dans leur migration, ils se
replièrent en zone forestière et préforestière, c’est-à-dire au contact forêt-savane. Ils
cohabitèrent pacifiquement dans un premier temps avec les autochtones Wan et Mona.
Cependant, cette cohabitation pacifique fut de courte durée. Des guerres intestines
opposèrent les nouveaux venus à leurs hôtes. La cause du conflit diffère d’une famille à une
autre. Deux versions retiennent notre attention.
La première version recueillie dit :
Nos grands-parents habitaient dans la zone de Wanzra en compagnie des Gouro. Il y avait
un colatier qui se trouvait dans le champ d’un Wan. Mais à chaque fois que le colatier
produisait, les fruits disparaissaient. Croyant que c’était l’œuvre des animaux notamment
les chimpanzés, le propriétaire du champ décida de le surveiller afin de mettre fin aux
agissements de ces derniers. Effectivement en arrivant dans son champ, le propriétaire,
qui était aussi un chasseur entendit un bruit au sommet du colatier. Il arma son fusil puis
tira à l’endroit où se produisait le bruit. Mais à sa grande surprise, au lieu d’un
chimpanzé, c’est plutôt un homme (Gouro) qui fut atteint mortellement. Pris de peur, les
Wan informés de cette bavure, décidèrent de quitter la zone de Wanzra pour éviter les
représailles des Gouro (…). Les migrants dans leur fuite ont été devancés par un chasseur
de la famille Louéné qui vint trouver le site actuel de Kounahiri28.
La seconde version déclare que
Les Wan et les Gouro cohabitaient intelligemment et pacifiquement. Mais un jour, deux
Wan ont disputé sur le sexe d’un enfant que portait une femme gouro enceinte. Pendant la

27
Nous pensons que les guerres avec les Gouro, les Koyaka, les troupes samoriennes et coloniales ont fait
perdre un pan important de l’histoire précoloniale des Wan.
28
Entretien avec la famille Sroukôsrè de Kounahiri, 10 Août 2019 à 16h00.

350

dispute, l’un d’eux pris un couteau et éventra cette dernière qui trouva la mort. Lorsque
les Gouro ont appris la nouvelle, ils décidèrent alors de se venger. C’est ainsi que la
guerre est née entre Wan et Gouro29.
S’agit-il du même conflit avec plusieurs versions ou de plusieurs conflits ayant opposé
Wan et Gouro ? S’il est difficile de donner une réponse claire à cette question, il convient de
savoir que les rapports entre Wan et Gouro à cette période n’étaient pas aux beaux fixes.
Ceux-ci qui provoquèrent :
de violents combats entre les Gouro et les Wan. Le plus connu fut la bataille qui eut lieu à
Wadjè dans une clairière nommée Goulintilépahala, ce qui veut dire la clairière de fils à
papa. Au cours de cette confrontation, seuls les vaillants guerriers pouvaient en sortir
vivants. Un vaillant guerrier se remarqua par sa bravoure et ses techniques de combat.
Son nom est Djè Goli30. A la fin du combat, les corps jonchèrent la terre. Il y eut des
morts des deux côtés. Mais les Wan décidèrent de quitter ce lieu rendu impur du fait que
le sang y était versé31.
D’après Irié Lou Suzanne (2010 :185), « la guerre éclata entre la tribu Ouè et les Wan dans
la région de Gohitafla. D’autres tribus gouro s’allièrent au premier pour combattre les Wan.
Vaincus, ces derniers évacuèrent la région ». Par la suite l’auteur affirme que l’origine de
l’alliance Nyan formée de quatre tribus Gouro que sont les Vnè (Blansè), les Zon, les Ouè et
les Ouhinè remonte aux guerres qui les ont opposées aux Wan. Au-delà des alliances, les
victoires sur les Wan faisaient des combattants Gouro des hommes importants dans leur
communauté. Ils intervenaient dans les sacrifices et toutes actions liées à la survie de la
communauté. Ainsi selon Ariane Deluz (1964 : 32) « le sacrificateur chez les Yaswa-Nord
appartenait à un lignage qui avait supplanté les Wan ». Comme nous pouvons le constater,
les Gouro ont été la cause de la fuite des Wan de leur habitat ancien à partir du XVIème
siècle.

Cependant, il faut noter que tous les Wan n’ont pas migré à cause des guerres
incessantes qui les opposèrent aux Gouro. Certaines familles migrent dans l’optique de
trouver des terres cultivables. Se définissant eux-mêmes « Balè-mlihnti », ce qui veut dire «
l’homme des champs », plusieurs familles décidèrent de quitter leur site originel. En effet, les
terres cultivables commencèrent à se raréfier et les productions commencèrent à baisser. Au
fur et à mesure que la pression des Gouro devenait plus forte, des familles wan, par instinct de
survie, cultivaient dans des zones éloignées des villages.
Ceux qui jugeaient leur champ trop éloigné trouvaient qu’il était pénible de revenir
chaque soir au village. Ce faisant, ils bâtirent des campements provisoires à proximité des


29
Entretien public à Gbôtôpla, 04 ‎Février ‎2016 à 08h30.
30
Djè Goli signifie le guerrier qui traine dans son bissac la mort.
31
SIAGBE Modeste, Entretien du 01 Février 2016 de 9 h-12h.

351

plantations. Plus tard, les familles se détachèrent progressivement de la communauté pour
fonder leurs propres villages. Ainsi, une famille Gogbé de Kounahiri note que leurs ancêtres
vivaient avec les Gouro nommés Sian. Pour des raisons de terres cultivables, Soungolé
Bhalènissé décida de quitter la zone de Gohitafla à la recherche de nouvelles terres. C’est
ainsi qu’il arriva dans la localité de Kounahiri32.
Comme nous venons de le voir, la migration des Wan a été provoquée par plusieurs
raisons à savoir les guerres incessantes avec les Gouro et la recherche de terres cultivables.
Comment le nouveau site est-il occupé et peuplé ?

III. OCCUPATION ET PEUPLEMENT DE L’ESPACE


1. Le déplacement des migrants
Les Wan habitent une petite portion de terre d’environ 1800 Km2 comprise entre 6 et
8° de latitude Nord et 5 et 6° de longitude Ouest dans le Centre-Ouest du territoire ivoirien. Ils
ont occupé cet espace à partir du XVIIIème siècle progressivement par petits groupes comme
l’affirme Yves Person (1975 : 1609, Note 137) : « Les ancêtres des Ngwa sont arrivés au
XVIIIème siècle, venant de Bouaflé et Zuénoula où certains d’entre eux subsistent
complètement assimilés aux Guro ».
Sur la séparation des Wan, Ravenhill (1979 :18) dit : « les deux groupes des Myanmù
et des Kehnmù, aujourd’hui unis et formant l’ethnie Wan, ont passé une certaine période de
temps écartée l’un de l’autre ». Certains, sont remontés vers le Nord pendant que d’autres se
sont orientés vers l’Est.
La direction Est est le plus complexe. Elle mérite alors une attention particulière. Il est
composé de deux phases. La tradition orale Wan soutient qu’« un groupe de Wan, après la
guerre contre les Gouro s’est dirigé vers l’Est pour occuper la région actuelle de Béoumi,
Bouaké jusqu’à la hauteur de Yamoussoukro ». Quelques-uns des descendants résident encore
dans les zones de Yamoussoukro et de Bomizambo. Pour s’en rendre compte, certains portent
des noms d’origine Wan, tels que Gnrangbé et Gadeau33.
Selon Gogbé Pascal, certains des migrants s’enfoncèrent plus à l’Est dans la zone
actuelle de M’bahiakro pour donner naissance au groupe N’gain. Au départ, le territoire des
N’gain était très vaste comme l’atteste Aka Konin (2013 :9) : « Les N’gain (un groupe
Mandé-Sud), paraissent avoir occupé jadis un vaste territoire jusqu’à Bondoukou, où ils
forment encore un groupe autochtone submergé par les Sénoufo, les Nafana, les Koulango et
les Dioula, et qui ne parle plus sa langue ». Cette information rejoint les propos des linguistes


32
Entretien avec la famille Gogbé de Kounahiri le 03/02/2016 à 21h.
33
Gnrangbé est un nom qui fait allusion au Goly chez les Wan. Il est porté par l’actuel maire de Yamoussoukro.
Quant à Gadeau, il dérive selon les Wan, de Gouadeau. Il fut le nom d’un ancien ministre ivoirien nommé Koffi
Gadeau, originaire du village de Bomizambo.

352

qui incorporent les N’gain dans l’ère culturelle Mandé-Sud (Cf. Delafosse, Welmer, Vidryn,
etc.).
Pour Allou, les N’gain sont des Akan et viennent du Ghana. Il écrit : « L. G. Binger
s’est trompé sur l’origine des Ngen ou Ganne comme il les appelle. Il leur a attribué une
origine mandé, alors qu’ils sont des Ga originaires de la région d’Accra » Allou (2002 :709).
Pour notre part, nous pensons que le noyau originel des N’gain est effectivement Mandé-Sud
mais qu’à un moment, lors des migrations akan, des lignages d’origine orientale notamment
les Ga se sont fondus parmi eux. Aka Konin (2013 :9) ne dit pas le contraire lorsqu’il affirme
que « Les N’gain ont subi une très forte influence des Akan, et ils sont parmi les très rares
Mandé à être organisés en lignages matrilinéaires ».
La présence d’une partie des Wan dans la région de Bouaké est attestée aussi par
Allou. En effet, à partir du XVIIIème siècle lorsque les Baoulé-Assabou arrivent dans la zone
de Bouaké, ils repoussent les Gouro sur les rives occidentales du Bandama. Ceux qui sont
faits prisonniers de guerre, sont intégrés aux ensembles familiaux des Baoulé. Ils en font de
même des Wan, un peuple Mandé-Sud (Allou 2002 : 708).
A quelle période pouvons-nous situer la présence d’une partie des Wan dans la zone
de Béoumi et Bouaké ? Referons-nous à N’guessan Denis (2019 :55) qui note que « C’est
vers le milieu du XVIème siècle que ces familles Wan ont franchi le Bandama aux environs de
Béoumi ». Cette information revêt un double intérêt. Il permet dans un premier temps de
vérifier que les Wan ont effectivement quitté leur site originel au XVIème siècle et qu’ils ont
occupé l’espace allant de Béoumi à Bouaké à cette même période dans un second temps. Leur
empreinte dans la localité de Béoumi est attestée dans plusieurs villages Kôdè dont les
fondateurs sont les ancêtres des Wan.
Ainsi, dans le village de Diéviéssou, les populations se souviennent que les
populations que leur ancêtre Kouassi Abôgni a trouvées sur le site en arrivant sont les Wan
(N’guessan 2019 : 86). L’ancienneté des Wan à Béoumi est attestée par Alain-Michel Boyer
quand il affirme que tous les Kôdè étaient à l’origine des Wan qui furent « baoulénisés »,
c’est ce qui explique la possession de masque Goly et aussi leur système patrimonial qui est
propre au peuple Mandé (Boyer 2008 : 40).
Les chemins des migrants ainsi définis, il convient de mettre en exergue l’occupation
et le peuplement de l’espace.

2. Installation des Wan dans leur site actuel et le peuplement de l’espace


Après plusieurs migrations, les Wan essaiment et occupent progressivement leur
habitat actuel. Les migrants venus du Nord sont composés de familles Gbêgbé, Siagbé,
Bomisso, Gbogbé, Bébo et Drigbé. Ils forment la tribu Myan. Les Gbêgbé, dirigés par Zorobi-


353

Bouah, sont les premiers occupants de l’espace Myan. Ils créent un premier village dans
l’actuelle localité de Kounahiri. Ils s’établissent d’abord sur l’espace situé non loin de l’école
primaire avant de redescendre vers le Sud pour s’installer définitivement dans leur village
actuel de Gbéhoua/Gbêwa. Au cours de leur descente, l’un des leurs, Grouwa Gbêgbé se
détache du groupe pour fonder le village Grouwapla. Mais, ce village est détruit en 1911
pendant la colonisation pour mauvaise conduite vis-à-vis de l’autorité coloniale34.
Les Siagbé, au cours de leur migration à partir de Gahizogréla, se scindent en deux
groupes à savoir les Glangbé et les Bran. Les Glangbé dirigés par Mifianin fondent Gbotopla.
Une autre famille Siagbé fonde Trafesso et Siagbé Gbété fonde Gbétépla. Les Bran, guidés
par Nôhêgbé Palé, fondent Palépla qui devient par la suite Fassapla. Dro Siagbé remonte plus
au Nord et crée le village de Drotipla. Un autre groupe issu des Bran dirigé par Siagbé Zaglo
fonde le village Zaglopla qui devient plus tard Féliapla. Ce village représente la limite Nord
du pays Wan35. Quelques Siagbé s’orientent vers l’Ouest et bâtissent d’autres villages. Par
exemple, Bassa Siagbé fonde le village de Bassapla et Togba Siagbé crée celui de Togbapla
(Togbasso). Le village Sékéssèpla (Gbaziasso) est aussi créé par un Siagbé venu de Bassapla,
selon la tradition orale de ce village. Un autre village nommé Wansoba (gros village des Wan)
et détruit lors de la venue des samoriens36 est bâti par M’gbé Siagbé, venu de Bassapla37.
Le noyau originel des Bomisso38 nommé anciennement Louéné vient de Maminigui.
Au cours de la migration, ce groupe est guidé par Mianon Koffi. Cette première famille


34
Siagbé Ziboh Fulgence écrit « Une escarmouche éclata à la suite du refus des habitants de ce village de
s’acquitter de l’impôt et surtout de rendre leurs fusils. Ils voulaient démontrer leur virilité aux conquérants ».
Cf. SIAGBE (Z. F), 1997, Les Wan sous la colonisation française. 1901-1960, Mémoire de maîtrise d’Histoire,
Abidjan, Université de Cocody, 200 p. Pour avoir tenu tête à l’administration coloniale, le village de Grouwapla
fut détruit les populations ont été regroupées avec celles de Gbétépla.
35
Entretien public à Dorotipla le 24 Février 2016 de 8 h 30-14h
36
Les samoriens entrent par deux fois en pays Wan en 1893 et 1898. Schiffer écrit qu’« à deux reprises, les
hommes de Samory ont envahi ce pays ». Cf. 1EE104 (2) : Rapport sur la tournée du Lieutenant Schiffer dans le
Mona, Ouan, Lô, Sia du 4 Septembre au 11 Octobre 1901.
37
La fondation et le peuplement de ces trois villages résulte d’un processus complexe. Il fait actuellement
l’objet d’un article qui paraitra très bientôt.
38
Les Bomisso sont composés des Sroukôsrè, Gbamalé, Srigbé, Ban et Sôkôsrè. Les Sroukôsrè sont alliés aux
Dansrè et aux Bédiosrè. Les Gbamalé sont des Koyaka (Dosso) venus du Mali. Leur migration fait suite à un
conflit qui les a opposé aux Bamba et à un autre groupe Dosso. Ces migrants ont été guidés par Kôbalou. Les
Srigbé, déformation de Sidibé sont d’origine peul venus de la Guinée. Leur migration a été conduite par
Beglinfi. Ils sont alliés aux Srôkôsrè, originaires du pays Gouro précisément de Srôkôpla où certains de leurs
ancêtres qui portent le patronyme Kpaala y résident. Quant aux Ban, ils sont des Mona venus de Bambalouma.
A Kounahiri, ils sont alliés aux Drigbé. L’étymologie du nom Bomisso diffère d’une personne à une autre. Pour
certains, Bomisso est une déformation de Bomizo. Bo (faux colatier), Zo (margouillat). Selon cette version, les
Bomisso étaient de grands guerriers qui se repliaient stratégiquement lorsque l’issu du combat n’était pas à
leur avantage. Elle fait allusion au margouillat qui court se réfugier dans les arbres lorsqu’il est en difficulté.
Selon la seconde version, Bomisso veut dire Nan-Boli-Zranni-Sô (je préfère cette liberté actuelle). Il s’agissait de
certaines populations Koyaka qui fuyaient les guerres intestines qui avaient court dans le Koyakadougou au
XVIIIème siècle. Toujours selon cette version, ce sont ces migrants qui auraient dit aux autochtones trouvés Ka-
klalé-Ango autrement dit, « nous allons nous mélanger à vous pour ne pas se faire remarquer par nos
poursuivants ». Par la suite Ka-klalé-Ango est devenu Kounahiri.

354

Bomisso appartient à la famille Sroukousrè39, selon Bomisso Dégbé40. Par la suite, une
famille Dosso nommée Gbamalé (venus du Mali) dirigée par Kôbalou intègre les Bomisso41.
C’est fort de ce constat que Schiffer déclare dans son rapport de tournée que les Wan
sont d’origine Mandé. Cette famille prit une proportion à telle enseigne qu’elle devient la
figure de proue du clan. (Person 1975 :1609) note à ce sujet que le clan dominant des
Bomisso, se prétend d'origine Malinké et est apparenté aux Dosso. Des années plus tard, pour
des raisons difficiles à déterminer, certains de ses membres, guidés par Kpin Bomisso, se
dirigent vers l’Est et fondent le village de Bomassapla42. D’autres Bomisso s’installent en
pays Kehn, notamment à Agbahou, Blipla et Boyapla.
Les Gogbé sont originaires de Wihèla (pays Gouro actuel). Ils ont emprunté deux
itinéraires différents. Ceux de Golipla ont été dirigés par Dougbé Goly. Au cours de leur
migration, ces derniers passèrent par Fassapla avant de remonter plus au Nord43. Une fraction
se dirigea au Sud-Est, précisément à Bomassapla et à Siapla. Ceux de Kounahiri dirigés par
Soungolé Bhalènissé44, transitèrent par Trafesso où ils firent une escale avant de remonter
vers le Nord. Leur périple prit fin à Kounahiri.
Deux clans, notamment les Bébo et les Drigbé n’ont pas de villages fixes. Les Bébo,
selon leur tradition orale, vinrent de Gahizogréla où ils vivaient avec les Siagbé. Si ces
derniers ne disent pas le contraire, ils estiment cependant qu’ils ont protégé les Bebo contre
leurs poursuivants. Ainsi selon la tradition orale des Siagbé,
les Bébo étaient poursuivis par de redoutables ennemis. Ils sollicitèrent la protection de
notre ancêtre qui les hébergea. Lorsque les poursuivants se renseignèrent auprès de lui, il
répondit qu’il vit passer des éléphants. C’est ainsi que les poursuivants se retournèrent et
les Bébo furent sauvés. Notre ancêtre les nomma « N’zonnin-mangnan » ; ce qui signifie
« mes enfants d’aujourd’hui »45.


39
Entretien avec BOMISSO Dégbé le 13 Février 2016 à Kounahiri. Les Sroukousrè diffèrent des Srôkôsrè.
L’ancêtre des Srôkôsrè se nomme Ulè. Leur généalogie commence par Ulè-Gbé-Srôkô, ce qui signifie Ulè mit au
monde Srôkô. Quant aux Sroukusrè leur ancêtre est Mianon Koffi.
40
Entretien avec BOMISSO Dégbé à son domicile à Kounahiri le 13 Février 2016 à 19h
41
La venue de ces populations Dosso en pays Wan fait suite à des rivalités d’intérêt qui éclatèrent au sein du
groupe. Ce qui occasionna une guerre où elles furent repoussées au Sud du Béré avec l’aide des Bamba. Cf.
1EE104 (2) : Rapport sur la tournée du Lieutenant Schiffer dans le Mona, Ouan, Lô, Sia du 4 Septembre au 11
Octobre 1901.
42
Entretien avec BOMISSO Déloh à son domicile à Bomassapla le 29 Janvier 2016 à 10h
43
Selon Gogbé Yopini, plusieurs personnes décidèrent de se soustraire à l’autorité de Dougbé Goli. C’est ainsi
que Zangbénin Gogbé décide de créer son propre village à environ trois kilomètres au Nord. Après plusieurs
années, les populations abandonnent Zangbéninpla, village fondé par Zangbénin Gogbé, pour retourner à
Golipla. Il en est de même pour Koussoupla qui a été créé par Koussou Gogbé. Quant à Décaho Gogbé, il alla
fonder un nouveau village nommé Kotolekun. Mais, sa mort survenue de façon mystérieuse obligea les
populations à retourner dans leur village d’origine.
44
Ce personnage est apparenté à Mianon Koffi. Il serait son oncle maternel
45
Anonyme. Information confirmée par plusieurs informateurs n’appartenant pas à la famille Siagbé.

355

Les Bébo ne disent rien sur cette histoire, mais reconnaissent que l’étymologie de leur nom
est « sur les traces des éléphants ». Ils constituent un seul lignage (Srè) nommé Zonnin
(enfant d’aujourd’hui). Les Bébo sont représentés majoritairement à Gbôtôpla et à Agbahou46.
Quant aux Drigbé, leur village n’a pas été formellement déterminé. Ils disent venir de
la localité de Gohitafla. Mais, nous pensons à l’origine qu’ils sont des Mona apparentés à la
famille Ban originaires de Bambalouma. Les Drigbé sont majoritairement installés à
Kounahiri. Ils créèrent auparavant un village du nom de Kpintinkpinpla qu’ils abandonnèrent
par la suite. Ces populations se dispersèrent en pays Wan et Mona. Certains quittèrent
Kounahiri et partirent en direction de l’Ouest, où ils occupèrent les villages tels que
Soukourougban et Sékéssèpla. Les Drigbé de Sékéssèpla ont pour guide par Drigbé Dêpou47.
Au cours de leur migration, le groupe passa par Kongasso avant de remonter vers le Nord.
Les migrants qui ont suivi la direction Est sont issus de la famille Zogbé. Ils ont créé
après plusieurs pérégrinations le village de Siapla48 dont le premier site du village était
entouré de sept baobabs qui sont toujours perceptibles. Son fondateur est Kangôh-Gbé-Séhi,
le plus valeureux des conquérants wan. Siapla devint rapidement le centre névralgique,
culturel et politique de la tribu Kehn. Cependant, des conflits internes ont suscité le
déplacement des populations. Kokla Boya et Konan Bli se sont dirigés vers le Sud et ont créé
un premier village nommé Yapla. Mais Bli se sépara de son frère pour fonder son propre
village nommé Blipla. Boya abandonna plus tard Yapla et bâtit Boyapla (Boayaokro)49. Ces
villages ont accueilli plusieurs familles d’origines diverses.
Des Baoulé composés de plusieurs familles pour la grande majorité venue de
Dievissou s’établissent progressivement à Boyapla et forment plus tard le clan Agoua. Il en
est de même des Mona du clan Kouangbé venus du village de Korokopla. Des Koué50, selon
Goulé Goulédi Zédo51, sont d’origine Malinké. Venus de Klêwa (sous le rocher) dans la
région actuelle de Séguéla, sous la direction de Gbowi, transitèrent par Siapla avant de
redescendre vers le Sud, suite à une querelle pour s’installer à Boyapla52. Ces derniers furent
intégrés aux Wan53. Niangoran-Bouah (1997 : 30) écrit « les Koué après leur venue seront les
responsables du culte Goli de Boyapla ». Cette fonction leur a été attribuée par leurs hôtes

46
Concernant le village d’Agbahou, certains informateurs mentionnent que le village a été anciennement fondé
par la famille Bébo et pour d’autres par la famille Siagbé. Mais cela n’a pas été vérifié sur le terrain.
47
Entretien avec Drigbé Alain le 19/02/2016
48
Siapla devint par la suite un village de dispersion. De ce village, certains fondèrent Boayaokro, Blipla,
Agbahou et Foutounou.
49
Entretien public à Boyaopla le 24 janvier 2016
50
Les Koué étaient auparavant des musulmans qui ont abandonné cette religion pour pratiquer le fétichisme.
Ils ont pour totem le cynocéphale.
51
Entretien avec GOULE Gouledé Zedo, le 24 janvier 2016 à son domicile à Boyaopla
52
Un jour, le piège de Gbowi, ancêtre de Koué a attrapé un buffle que le chef de Siapla (Bonhouli) prit de force.
Ne se sentant plus en sécurité à Siapla, les Koué quittèrent Siapla pour Boyapla
53
On note aussi la venue de populations Gouro qui quittèrent les zones Daloa, Sinfra, Vavoua et Bouaflé qui
s’installeront par la force. (Niangoran-Bouah 1997 : 30)

356

Zogbé afin qu’ils puissent rester dans le village. Cette pratique est très courante en pays
wan54.
A Blipla, arrivèrent des populations d’origine Gouro. Les premiers, conduit par
Gnaman quittèrent Borikouala dans la localité de Gohitafla pour cause de décès successifs au
sein de leur famille. Les seconds venus des régions actuelles de Daloa, Sinfra, Vavoua et
Bouaflé s’imposèrent aux Wan à leur arrivée. Ces Gouro s’installèrent et cohabitèrent par la
suite pacifiquement avec les Wan avec qui, ils eurent des relations matrimoniales. Ils
appartiennent à la famille Dan avec pour patronyme Ziabi et sont détenteurs du masque le
Zamblé.
Les querelles de Siapla poussèrent certaines familles à remonter vers le Nord. Il s’agit
des fondateurs de Yomankouahipla en pays Myan. Kouassi Yah, du lignage Gblé’ngblé’n qui
fonda le village de Wlègo (Agbahou). Ce lignage fut suivi par les familles Diagbé et
Gleingn’n.
Ainsi, au cours des siècles, se forma progressivement le peuple wan avec un noyau
d’origine sur lequel vinrent se greffer plusieurs familles d’origines diverses. Il s’agit
notamment des familles Baoulé, Gouro, Mona, Malinké etc. La venue de ces familles se fit
pour certaines pacifiquement et pour d’autres par la guerre.

CONCLUSION
La migration des Wan est restée depuis longtemps un mythe dans la recherche. La
raison explicative réside dans le fait que les Wan affirment être autochtones du territoire
ivoirien. Les mythes étiologiques, une vie commune avec les Magwé et les Kwanin ainsi que
les pierres sculptées renforcent cette thèse. Cependant, il convient de remarquer que l’histoire
des Wan va au-delà du territoire ivoirien. Leur migration remonte loin dans le temps. Partis
depuis le Lac Tchad à une période difficile à déterminer à l’heure actuelle de nos recherches,
les ancêtres des Wan se sont infiltrés progressivement dans la zone comprise entre le Libéria,
la Guinée et l’Ouest de la Côte d’Ivoire actuelle. Ces évènements sont perceptibles à travers la
linguistique historique et comparée. Ce pan de l’histoire est méconnu de la tradition orale.
Mais à partir du XVIème siècle, la présence des Wan est réellement attestée sur le
territoire ivoirien. Elle est attestée par des restes archéologiques importants composés de
pierres sculptées, de localités d’habitation (Maminigui, Wanzra, Wadjê, Gohitafla…) ainsi
que les différentes guerres livrées contre les populations Gouro qui arrivent dans la zone. Les
traditions orales wan et gouro s’accordent sur la réalité de ces faits. A partir de cette période,
commence alors le périple qui les conduit dans leur espace actuel. Parties de plusieurs

54
Les Wan selon les renseignements n’étaient pas nombreux après le passage des Sofa de Samory. Schiffer
notait en 1901 que les samoriens avaient 90/100 de la population wan raison pour laquelle Ravenhill notait que
la population des Wan à l’arrivée des Français s’élevait à 2600 personnes.

357

directions au XVIème siècle, les différentes familles wan parviennent à se rencontrer et
constituer à partir du XVIIIème sur un même espace. De nombreuses populations d’origines
diverses viennent s’intégrer aux premiers ; un brassage qui configure la physionomie originale
des Wan tel que nous la connaissons aujourd’hui. Il en ressort que les Wan sont le résultat des
migrations omnidirectionnelles, des superpositions et mélanges, au cours des générations et
sont les auteurs du culte Goly.
Cependant, plusieurs zones d’ombre restent à éclairer. À quand datent la fabrication
des pierres sculptées de Gohitafla ? Qui en sont les auteurs ? A quelle période le noyau
originel des Wan arrive en Côte d’Ivoire ? Quel lien y a-t-il entre Zogbé et Bomisso
considérés comme Bomizogbé ? Toutes ces interrogations méritent d’être clarifiées pour
mieux appréhender les Wan qui sont très complexes à étudier du fait de leur histoire restée
encore dans le secret.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
SOURCES ORALES
N° Nom et Prénoms Fonction Age Thème abordé Date et lieu
d’entretien
01 Bomisso Alexis Chef de la 45 ans Histoire de la famille 23/02/2016 à
famille environ Gbamalé Kounahiri
Gbamalé de
Kounahiri
02 Bomisso Déloh Chef du 80 ans Histoire des Wan et de 29/01/2016 à
village Bomassapla Bomassapla
de
Bomassapla
03 Drigbé Alain Chef de 40 ans Histoire des Drigbé de 19/02/2019 à
famille Gbaziasso Gbaziasso
Drigbé de
Gbaziassa
04 Entretien public Histoire des Wan et de 04/02/2016 à
(Gbotopla) Gbotopla Gbotopla
05 Entretien public Histoire des Wan et de 24/01/2016 à Boapla
(Boapla) Boapla
06 Entretien public Histoire des Wan et de 24/02/2016 à
(Dorotipla) Dorotipla Dorotipla
07 Fierrou Soungolé Policier 40 ans Origine et migration des 02/10/2019 à Abidjan
environ Diagbé
08 Gogbé Yopini Chef du 70 ans Histoire des Wan et de 26/02/2016 à Golipla
village de Golipla
Golopla
09 Goulé Gouledé Zedé Chef de Environ 80 Histoire des Kouangbé 24/01/2016 à Boapla
famille des ans (Kouihn)
Koué de
Boyaokro
10 Famille Gogbé de Histoire des Gogbé de 03/02/2019 à
Kounahiri Kounahiri Kounahiri
11 Feu PALE Zatta Chef de la 80 ans Histoire des Wan Jeudi 05 Mai
Patrice communauté 2016 à son domicile
Wan et sis à Dar-Es-Alam
Mona de (Bouaké)
Bouaké.
11 Siagbé Modeste Chef Cab à Environ 60 Histoire et migration des 01/02/2016 à


358

la mairie de ans Siagbé Kounahiri
Kounahiri
12 Famille Sroukousrè Histoire de Wan et de 10/08/2019 à
de Kounahiri Kounahiri Kounahiri

BIBLIOGRAPHIE
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