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PROGRAMME ET OBJECTIFS
D’ENSEIGNEMENT
1. Objectifs
1. Acquisition des instruments conceptuels et opératoires nécessaires à la lecture du langage
architectural et à la formation du jugement critique.
3. Sensibilisation des étudiants aux débats touchant les questions de la conservation, la mise en
valeur, la sauvegarde et la transformation des bâtiments.
Développer diverses compétences dans le domaine du patrimoine.
Proposer aux étudiants les méthodologies d’étude et de recherche, leur permettant d’intervenir
sur un cadre bâti existant, ou sa mise en valeur.
3. Contenu de la matière :
La définition du patrimoine bâti à travers l’histoire de l’activité humaine au Sahara et les
différentes interventions en vue de sa conservation afin de la transmettre aux générations futures.
Le cours introductif porte sur les débats autour de la notion de patrimoine bâti et sur les
fondements des diverses approches conceptuelles et méthodologiques à la conservation et à la
transformation tant des ensembles et bâtiments patrimoniaux reconnus que des milieux
vernaculaires. Il se penche aussi sur la mise en œuvre de projets et de politiques de mise en valeur
du patrimoine bâti et paysager. En général, le cours peut est structuré selon deux grande parties
comme suit :
1ère partie
1. Notion du patrimoine bâti au Sahara.
2. Le XVIII siècle et les découvertes archéologiques.
3. Les différentes techniques de restauration des monuments.
2ème partie
1. La conservation des monuments historiques au Maghreb.
Cours introductif
Approche conceptuelle
Plan
1. Notion du Patrimoine bâti
2. Conservation /restauration
3. Conclusion
1. Notion du Patrimoine
Le patrimoine est l'ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance
artistique et/ou historique . Il peut etre privé ou public. Cet ensemble de biens est
généralement préservé, restauré, sauvegardé et montré au public.
Le patrimoine fait appel à l'idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés,
et que nous devons transmettre intact aux générations futures.
Le patrimoine aide à la reconstitution de l’histoire. Mais, mieux qu’un texte.Il est très
convaincant.
a. L'élaboration du patrimoine
II est important de comprendre qu'un objet urbain aujourd'hui considéré comme patrimonial
ne l'a pas toujours été. Il l'est devenu lorsqu'un groupe, une société a décidé qu'il devait être
préservé pour être transmis à ses descendants. Le patrimoine est donc une construction
sociale.
Un objet devient patrimonial lorsqu'une société estime que, en le détruisant, elle perdrait
une trace importante de son histoire. Le patrimoine est donc un signe du rapport de cette
société à son passé. Elle choisit des éléments qui sont pour elle des symboles de ce passé.
Mais le patrimoine n'est pas l'histoire : les choix effectués par une société ne sont pas toujours
historiquement corrects. Elle peut avoir une vision erronée de son histoire, ou de l'objet
qu'elle choisit.
L'extension du patrimoine
L'élaboration du patrimoine d'une ville n'est pas seulement du ressort de la société qui
l'habite. Il peut incarner une importance nationale voire internationale.
Enfin, de nouveaux objets, autres que monumentaux, peuvent devenir patrimoniaux. À Paris,
à partir des années 1970, se diffuse l'idée d'un patrimoine paysager, d'un patrimoine industriel.
La patrimonialisation est un phénomène reversible.
A. Usages politiques
1. Affirmer une identité
Préserver et mettre en valeur le patrimoine peut servir à affirmer une identité, en
transmettant des valeurs et un passé communs aux citoyens. Il s'agit dans ce cas d'utiliser le
patrimoine comme une justification, comme une preuve. Le patrimoine est un moyen de soutenir
des revendications concurrentes.
Enfin, les sociétés veulent avoir accès à leur patrimoine, même si sa fonction originelle a
disparu. Il faut donc aménager le patrimoine pour l'ouvrir au public.
Ces situations sont sources de tensions, particulièrement lorsque des patrimoines sont mis en
concurrence par des groupes différents.
B. Usages économiques
1. L'attrait pour le patrimoine constitue aujourd'hui un enjeu économique majeur, générant
revenus et emplois. Le patrimoine est non seulement un bien culturel, mais aussi un objet de
consommation (entrées dans les monuments, locations de monuments,tourisme, hôtellerie,
restauration, souvenirs, etc.).
2. Conservation /restauration
2 positions extrêmes :
Viollet-Le-Duc, écrit “restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire,
c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné”.
A l’opposé, l’anglais John Ruskin, refuse toute restauration: “la restauration... signifie la
plus totale destruction qu’un bâtiment puisse souffrir”.
Pour lui, le bâtiment a une âme, l’âme que lui a donné l’artisan avec ses bras et ses yeux et
si on lui donne une autre âme, ça sera alors un nouvel édifice. Restaurer un monument c’est
porter atteinte à son authenticité. Il conseille donc de prendre soin des édifices, de les
conserver afin d’éviter tout acte de restauration.
A coté de ces 2 positions extrèmes, on peut trouver des attitudes plus nuanceés.
3. Conclusion
L'attention portée au patrimoine peut conduire à figer l'espace urbain. En effet, la
possibilité d'intervenir au cœur de la ville devient de plus en plus difficile : à Béchar, par
exemple, pour préserver le centre historique, le vieux ksar.
A Rome et Paris aussi. Pourtant, l'organisation urbaine de ces villes ne répond plus aux
besoins actuels d'une métropole moderne. Ainsi, ni Rome ni Paris ne peuvent accueillir un trafic
routier grandissant.
De plus, faire de la ville un musée ne permet pas d'édifier des objets qui, plus tard,
pourraient devenir patrimoniaux.
Pourtant, c'est la fréquentation des objets patrimoniaux qui témoigne de leur statut
patrimonial et génère les sommes nécessaires à leur entretien. Il y a donc conflit entre deux
impératifs : préserver et accueillir .
Plan
1.Le territoire du Sahara
2. Consistancedu patrimoine saharien
3. Intéret opérationnel
Réf. Bibliographiques
1. La ville et le désert: le bas-Sahara algérien par Marc Cote
2. Khedidja Aït Hammouda-Kalloum. L’architecture urbaine à Adrar, modèle imposé ou esthétique
recherchée ?
3. Mustapha Ameur Djeradi. Les arcanes de la maison ksourienne entre signes et signifiants.
( Communication présentée aux Ateliers Méditerranéens du Patrimoine, 21 et 22 Avril 2010 à Bechar).
1. Le territoire du Sahara
Localisation : Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie,
Tunisie, Egypte, Sahara occidentale, Mali, Niger,
Tchad, Soudan.
le Sahara possède les endroits faisant partie des plus chauds, des plus secs, des plus arides et
des plus ensoleillés au monde.
Les étés y sont longs, les hivers courts, brefs et d'une extrême douceur et peuvent même être
véritablement très chauds. Le ciel est dégagé, les précipitations, très faibles.
Les oasis sahariennes, milieu naturel et aménagé, n'occupent qu'un millième de la surface du
Sahara. Elles sont situées généralement au-dessus des nappes phréatiques affleurantes ou
peu profondes.
Populations et cultures
Plus de 5 millions d'habitants vivent dans le Sahara, un habitant sur deux vit dans des villes, un
habitant sur huit dans le Sahara maghrébin (estimation en 1990).
Les populations actuelles du Sahara incluent :
1. Les Toubous (en Libye, Tchad, Niger, Egypte et Soudan , soit environ 600 000 personnes),
Progression
Depuis 1900, le Sahara a progressé vers le sud de 250 kilomètres et ce sur un front qui en
fait plus de 6 000 km.
L'étendue, le degré d'ensoleillement et la faible population sédentaire du Sahara en font
potentiellement un gigantesque atout d’énergie solaire renouvelable, tant photovoltaïque que
thermique.
Un carré de 300 km de côté en plein Sahara équipé suffirait à alimenter la totalité de
l'Afrique et de l'Europe en électricité.
2.1. La préhistoire
Au Sahara, de nombreuses traces d'une activité humaine préhistorique peuvent être
découvertes, outils, poteries et peinture rupestres.
leurs habitants une suffisance alimentaire et la cohésion sociale.Ils ont toujours été partie
intégrante d’un agro-système intégrant la palmeraie, les terres cultivables et l’eau.
Dans le Sud-ouest, le ksar est constitué par la juxtaposition d’entités appelées kasbet, entités
fortifiées, cette caractéristique ne se rencontre pas dans la vallée du Mzab ou dans les ksour
du Sud-est.
Le tissu est organisé autour d’un réseau de voirie structuré en ramification, dont les différentes
branches traduisent, au sol, la division du groupement humain et des sous-groupes.
Les habitations sont continues et généralement mitoyennes sur deux ou trois côtés. Les places
des ksour sont appelées rahbas. Elles constituent des éléments structurants dans l’espace urbain
et servant le plus souvent de lieux de réunions pour les structures sociales traditionnelles. C’est
aussi dans les rahbas que sont célébrées certaines fêtes religieuses, et parfois de vieilles
traditions.
a.Le patrimoine bati colonial, prend des formes variées dans l’étendue saharienne. Ainsi à
Adrar par exemple on trouve le style soudanais et néo-soudanais.
Les éléments qui vont être repris dans l’architecture urbaine de la ville d’Adrar par les colons
puis par les architectes locaux sur les édifices publics essentiellement, sont :
- La couleur ocre dans ses différentes tonalités, du jaune au rouge. .
- Le crénelage des couronnements, « choriffs », sous forme triangulaire en général.
- Les contreforts et pilastres soutenant les murs, « âarsats » ou « erkiza ».
- Les niches triangulaires,
- Les tours d’angle des casbahs ou bordj, base carrée et forme légèrement
pyramidale.
- Le crépissage selon la méthode dite « tboulit » en forme de mottes de la taille d’une
poignée, jetées contre le mur et gardant la trace des doigts pour la région du Touat, alors
qu’au Tidikelt, il se présente comme des griffures certainement tracées à la palme « djerida ».
- Les arcades, « kous, kouas », généralement plein cintre, légèrement inégales et souvent
basses.
Le style Soudanais est une architecture purement traditionnelle dont les façades se
caractérisent par de lourdes formes coniques en argile et comportent un grand nombre de
décorations. La mosquée de Mopti est l’archétype parfait de cette architecture.
Par ailleurs, les portes de la ville d’Adrar, tout comme celles de Timimoun, furent largement
inspirées par ce type d’architecture. Il semblerait par ailleurs, que la main d’œuvre était
d’origine africaine et que ces artisans-maçons ont transféré leur savoir-faire et leur répertoire
architectural à la nouvelle création de la ville d’Adrar.
A Béchar, l’on rencontre un autre style qu’on désigne par arabisance. Exemple, école du
centre , hotel Antar….. utilisant quelques éléments de l’architecture musulmane ; arcade
coupoles, ….
3. Intéret opérationnel
La restauration des monuments historiques nécessite des architectes et des bureaux
d’étude spécialisés en la matière.
A Béchar. Une enveloppe de 100 milliards de centimes est consacrée en 2014 par le
ministère de la culture à la restauration de trois Ksour dans la wilaya de Bechar, classés
patrimoine national: Kenadza, Taghit, etBéni-Abbès. Les ksour de Béni-Ounif, Mougheul et
Kerzaz sont classés patrimoine local.
Au M’zab. Une enveloppe de plus de 200 millions de dinars a été mobilisée en 2013 pour
la restauration des Ksour classés patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1982, dans la
wilaya de Ghardaïa : Ghardaïa, Mellika, Ben-Isguen, Bounoura, El Ateuf, Metlili, Berriane et
Guerrara.
Ces opérations de restaurations comprendront la réfection des passages et voies d’accès
des ksour, la réhabilitation des places du marché (souk) les placettes les mosquées et autres
lieux de prières, les anciennes murailles, forteresses et portails, ainsi que les arcades de
chaque ksar.
En outre, 20 millions de dinars sont consentis pour la mise en valeur par l’éclairage des
monuments historiques et architecturaux des villes forteresses du secteur sauvegardé de la
vallée du M’Zab.
Plan
1. Notion de territoire
2. Relation Patrimoine / territoire
3. Le processus de la patrimonialisation
4. Patrimoine et développement
Ref. bibliographiques.
1. Michel Vernières (Professeur émérite). La contribution du patrimoine au développement
local : enjeux et limites de sa mesure, CES-Université de Paris 1, 2012.
2. Michel Vernières. Patrimoine, patrimonialisation, dév. local :un essai de synthèse
interdisciplinaire, 2011.
3. Pierre-Antoine L. et Nicolas S., « Patrimoine et territoire, les nouvelles ressources du
développement », 2014.
1. Notion de territoire
Espace physique et social identifié : un territoire.Un « territoire », est une « étendue de
la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain, et spécial. Une collectivité politique
nationale. ( état, nation, pays).
Le territoire de référence engagé dans une dynamique de développement local n’est
pas isolé, mais articulé à d’autres espaces emboîtés les uns dans les autres. Différentes
échelles peuvent être relevées :
1. le global (le mondial),
2. le continent (Afrique),
3. le pays (national)
4. le local (régional).
Plus qu’un espace géographique, la notion de territoire insiste sur l’importance des
hommes qui y vivent. Un lieu est marqué par les traces laissées par ses habitants passés
et présents. Elles témoignent de la relation des hommes avec leur environnement.
L’activité humaine se structure avec les contraintes du milieu et la conditionne en
déterminant les caractéristiques d’une certaine vie sociale, politique et économique et
une sociabilité : des modes de vies, des rites, des façons d’être au monde et des modes
de vie collectives. Une identité collective singulière s’en détache unie par une histoire
commune.
Par ailleurs, un territoire se réinvente perpétuellement. Les hommes l’investissent
différemment à travers le temps. Chaque génération confrontée à l’évolution de son
environnement (révolution technique, contexte historique, idéologies, etc.) interagit avec
son propre cheminement interne.
Un développement local s’inscrit toujours dans l’histoire du territoire. Les traditions
historiques restent comme des socles sur lesquels l’avenir peut se construire. Les
émergences patrimoniales révèlent des désirs, des envies, des besoins voire des
Il s’agit d’effectuer un tri en mettant de côté, les éléments qui méritent une
protection, ceux auxquels l’ensemble de la population nationale peut s’y reconnaître.
En même temps, en sont exclus d’autres qui relèvent d’un passé qu’on pourrait qualifier
d’hostile, d’inconfortable, ainsi que ceux qui peuvent porter préjudice à l’unité nationale
; et il va de soi que le choix du passé est gouverné par des stratégies présentes : on
cherche à légitimer le présent, plutôt qu’à le mettre en cause.
3. Le processus de la patrimonialisation
La patrimonialisation, est un construit sociale . Notre société accepte qu’a priori, tout
puisse devenir patrimonial. Tout, mais pas n’importe quoi. Certains éléments émergent
en tant que patrimoines, d’autres pas.
La patrimonialisation, est en effet une véritable construction, faite de manière à la fois
émotionnelle et intellectuelle, éminemment dynamique, s’adaptant toujours aux
sensibilités, aux désirs, mais aussi aux intérêts de la société concernée.
Si dans le passé des critères “objectifs” tels que l’ancienneté ou la qualité esthétique
jouaient un rôle important dans la constitution du patrimoine (qui devait inévitablement
être ancien, beau, historique, monumental), on accepte aujourd’hui dans le champ
patrimonial des objets d’un passé très proche et sans prétention esthétique.
Paradoxe
La nature consensuelle du processus de construction patrimoniale ne va pas de soi. Le
patrimoine est créateur du “lien social”. Mais si le patrimoine sert à réunir (construction
d’un “nous”) il sert aussi à creuser des fossés et des frontières (“notre patrimoine n’est
pas le leur”).
Dans tous les cas, la “construction” patrimoniale apparaît intimement liée à des enjeux
d’appropriation de l’espace. Elle exprime les motivations de groupes sociaux qui
cherchent à se placer, à faire valoir leurs revendications, à construire ou à contrôler des
territoires, bref, à construire la société.
La revendication de la protection et de la valorisation d’un site, d’un monument, d’un
espace donné, en mettant en avant des qualités patrimoniales (en « construisant » du
patrimoine) est souvent un moyen déguisé de se l’approprier, réellement ou
symboliquement, c’est se construire une légitimité (territoriale, identitaire, mémorielle)
et, par ce biais, exercer une forme de pouvoir. Les conflits patrimoniaux sont ainsi, le
plus souvent, des conflits territoriaux.
4. Patrimoine et développement
L’espace local doit générer sa propre dynamique économique et social en s’appuyant
sur ses ressources, ses capacités d’initiative et d’organisation. Le processus s’exerce sur
un espace physique et social identifié : un territoire.
Le développement local peut s’ppuyer sur le patrimoine en valorisant les « richesses »
collectives :
Son objectif est d’améliorer le quotidien des habitants. Le projet peut intégrer plusieurs
échelles de territoires ou se limiter à un seul.
Il existe parfois des intérêts divergents, voire concurrents, sur un même patrimoine au
sein d’un même territoire. La « possession/propriété » est un point de litige récurrent
dans de nombreuses situations.
Comment concilier les intérêts de tous lorsque plusieurs possessions s’exercent sur un
même objet ?
Plan
1. Projets pilotés par les Nations Unis
2. Objectif
3. Résultat
Réf. bibliographiques
1. LE SAHARA DES CULTURES ET DES HOMMES. Document de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture. Paris, Juillet 2003.
2. LES ROUTES DES KSOUR. PNUD, programme des nations Unis pour le développement. 2005.
3. Annexes la fiche des ksour
Les États concernés sont : l'Algérie, l'Égypte, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le
Niger, le Soudan, le Tchad, la Tunisie.
Il vise à promouvoir des activités de tourisme durable afin de développer l'autonomie des
populations locales pour le développement local dans dix pays sahariens. Son action se dirige
avant tout vers les populations les plus démunies et leur apporte un certain nombre de moyens
et d'outils pour que celles-ci puissent être actrices de leur propre développement.
Ce projet étant sous régional, il s'agira de mettre en réseau les Ksour puis de développer des
séjours et des circuits touristiques culturels transfrontaliers, mettant en valeur la richesse du
patrimoine. Le partage des expériences et les échanges dans les domaines de l'environnement,
du patrimoine et du tourisme renforceront la coopération nationale, sous régionale et
internationale. La première étape de ce projet a été lancée en Algérie avec le soutien des
Autorités algériennes, du PNUD et de plusieurs pays partenaires. Ce projet a pour vocation
par la suite de s'étendre aux autres pays sahariens.
Le projet reprend les anciennes routes des caravanes commerciales du Sahara et propose la
promotion d’un tourisme culturel durable, dans les quatre wilayas du Sahara: Bechar, Adrar,
Ghardaïa et Ouargla, en tant qu’alternative économique pour la région.
Le projet, qui emprunte les antiques routes commerçantes du Sahara s’inscrit dans un vaste
territoire, la superficie de l’Algérie est de 2.381.741 km² dont les quatre cinquième sont
occupés par le Sahara. La problématique centrale dans ces régions est marquée par la
nécessaire recherche d’alternatives économiques à l’agriculture oasienne qui est en grande
difficulté et ne suffit plus à subvenir aux besoins de toute la population.
2. Objectifs
1. Réhabiliter de constructions Ksouriennes et leur aménagement en hébergement
touristique et associations culturelles,
2. Préserver l’environnement
3. Sauvegarder le patrimoine matériel et immatériel en s’appuyant sur la participation
des communautés locales.
4. Créer des emplois productifs durables pour les communautés locales,
3. Résultats
1. Les acteurs locaux se sont appropriés les démarches de durabilité, sont sensibilisés,
notamment à la valeur du patrimoine culturel, et se sont organisés afin de les mettre en œuvre.
2. Les équipes formées au marketing touristique (2 à 4 personnes par site), se sont appropriés
les savoirs et savoir-faire nécessaires à la fabrication et à la commercialisation de produits
touristiques.
3. Des chômeurs et des jeunes (10 à 15 personnes par site) sont formés aux arts de la
construction traditionnelle, à la réhabilitation et à la maintenance des structures patrimoniales.
4. Un réseau de partenariat d'échange des expériences, des techniques et des savoir-faire sur
les matériaux locaux est créé.
6. Des foggaras sont renforcées et une approche communautaire participative pour une
gestion durable des systèmes hydrauliques est assurée.
7. L’architecture de terre et le recyclage des produits manufacturés sont valorisés.
Bailleurs de Fonds
Bailleurs de Fonds Montant
Gouvernement algérien 206 000 USD
PNUD 488 000 USD
UNESCO 17 500 USD
STATOIL 413 009 USD
ANADARKO 84 000 USD
Le patrimoine institutionnel des cités islamiques est composé des institutions suivantes :
I. Les waqfs
II. La hisba
III. Les corporations de métiers.
IV. L’organisation socio-physique des ksour
Plan
1. Définition
2. Rôle des waqfs dans le développement durable des ksour
3. Conclusion
Bibliographie.
1. Acte de waqf de l'Emir Ali ketkhudà du régiment des Camélites dressé au tribunal de la mosquée de Salih au
Caire en 1129 h/manuscrit,
2. ALI PACHA, Mubarak .- El Khitat taoufiqiya el jadida fi Mir .- dernière édit., le Caire, 1980, 4 tomes.
3. AMIN, M.M. .- Al-awqaf wal-hayat-al-igtimaiyya Fi Misr. (Les waqfs et la vie sociale au Caire) de 928
à 1517, le Caire, 1950.
4. IBN ABDUN.- la vie urbaine et les corps des métiers à Séville au début du XII° siècle.- Publié par
Levi Provençal in Journal asiatique, Juin 1934.
5. IBN KHALDOUN.- "Discours sur l'histoire universelle" (Al-Muqaddima) trad. par Vincent Monteil,
Beyrouth, 1968. 2 vol. Chapitre IV vol. 2: - la civilisation sédentaire, villes et cités pp. 709-782.
- Architecture pp. 827-832.
6.BELDICEANU, N.- Recherche sur la ville ottomane au XVIO siècle.- Paris, 1973. 466
7. RAYMOND, A.- Grandes villes arabes à l’époque ottomane, 1985, Paris. 381 pages.
8. RAYMOND, A. -Les grands waqf et l’organisation de l’espace urbain à Alep et au Caire à l’époque
ottomane, in Bulletin d’études orientales .tome 31 p. 120 .
L’institution des waqfs, comme celle de la Hisba, a joué un très grand rôle dans la
production, financement des opérations urbaines et remodelage des villes islamiques. Une
grande partie dans l’organisation de l’espace et les services urbains, ne sauraient être assurés
sans la contribution des Habous . Les historiens médiévistes attestent l’existence de plusieurs
biens waqf dans toutes les cités islamiques.
1. Définition.
Littéralement, le mot « waqf » ou « habous », signifie l’arrêt, l’emprisonnement d’une
manière absolue, matériellement et moralement. Juridiquement, le mot « waqf » signifie, soit
empêcher l'aliénation des biens tout en les laissant à la disposition du constituant, soit
l'aliénabilité des biens avec emplois des fruits à titre de charité.
1. Les revenus du waqf khaïri vont soit à des œuvres pieuses : construction et entretien de
mosquées, certaines œuvres d'utilité publique : hôpitaux, asiles, écoles, soit, enfin à des œuvres
charitables aumônes aux pauvres, construction de fontaines publiques, secours aux pèlerins,
etc...
2. Les revenus du waqf Ahli, quoique destinés en dernier ressort à une œuvre pieuse ou
charitable, sont préalablement attribués au constituant, à ses descendants, à sa famille ou
même à des tiers à l'extinction de la série des bénéficiaires successifs indiqués dans la Hodja,
le waqf ahli tombe dans le domaine des waqfs khaïri.
Cette institution repose sur les quatre sources du droit musulman, à savoir, le Coran, la sunna,
lIjma 'et le qîyàs.
3. Conclusion
A travers l’étude de ces quatre exemples ponctuels, nous relevons que :
1. Les opérations menées dans le cadre des waqfs contribuèrent à modeler l'espace urbain. On
voit sur les plans que le parcellaire, au niveau des opérations waqf, change ponctuellement de
taille et se distingue facilement de son environnement. Au niveau du paysage urbain, la
production des composantes de l'espace urbain, découlant des waqf, offre un changement
d'échelle permettant une lecture facile de l'espace urbain, étant donné que ces opérations
concernaient surtout des "équipements publics" tel que les Sébil, mosquées, mâristân
(centre de santé), medersa, …
Une fois, ces opérations montées, elles permettent un entretien soigné et continu aux
édifices pour lesquels, elles sont constitués, en leur attribuant des revenus bien défini est
réguliers. La plupart des monuments qui nous sont parvenus jusqu'à maintenant s'inscrivent
dans des opérations waqf.
2. Les waqf pourraient engendrer eux-mêmes d'autres waqfs. On l'a vu dans l'opération de
l'Emir Ali Kethuda. Cette possibilité accentue le remodelage de l'espace urbain, aboutissant
parfois à refaire toute une rue, ou un quartier.
A notre avis, c’est le caractère religieux de l’institution, qui guide les constituants à bien
cibler le service urbain à combler et par conséquent à parfaire la nature de leur aumône
éternelle ()صدقة جارية. Ceci, bien sûr, faisait profiter à la ville de se doter, non seulement des
services urbains vitaux, mais d’offrir à sa population urbaine des services atteignant des
niveaux de confort très élevés.
Même avec les taxes, et impôts prélevés actuellement, la majorité des villes actuelles,
n’arrivent pas à satisfaire d’une manière correcte sa population en matière des services
urbains. La fiscalité actuelle de l’urbanisme contemporain, a montré ses limites à prendre en
charge ces services, même dans les pays dits développés. Sans la participation effective de la
population, et d’une manière libre et responsable, aucun mode de gestion urbaine ne peut être
garant de la perpétuité de ces services d’utilité publique. Ce qui ne peut être possible qu’avec
le retour et la restauration de l’institution des waqf.
Annexe
Tout ce complexe a été constitué en waqf par l'émir Ridwan Bey en faveur de la mosquée qu'il a fait
construire à médinet El mansourah par la régularité des revenus que procurent ces biens waqf, cet édifice a été
conservé jusqu’à nos jours.)
L'Emir Kethuda a interdit la location de son wagf. D'après lui, son waqf sera habité selon un prix usuel ou
plus. Un malveillant ne doit pas y habiter, ni celui qui ne peut pas assurer la paie de la location. Si le Nazir
pratique l'un de ces faits, on doit lui affecter un congé sans solde pendant quinze jours. L'émir a ordonné à celui
qui serait gardien dans la Atfa (impasse) avoisinant le bassin (es-Sahridj), le balayage, l'arrosage (rach) aux
alentours du bassin, chaque matin et après la prière du Dohr (vers 13 h.).
Cette waqfiat se trouve au ministère des archives au Caire sous le numéro 1074 et date de 974 h/1566. Elle
a été analysée par Rudolf Vesley Pacha. Cet acte n'est pas seulement une waqfiat affectant un bâtiment aux waqf
de Suleyman Pacha, mais aussi un document de construction, un document ordonnant l'exécution de quelques
travaux de construction. Ce qui nous éclaire, partiellement, sur les modalités techniques dont se faisait une
constitution en waqf.
C'est aussi une waqfiat, comme nous le verrons, faisant expliciter quelques modalités juridiques concernant
l'exécution d'un ensemble waqf . Concernant l'aspect juridique, cette waqfiat mentionne l'ordre à Ahmed Agha
des Janissaires, commandant de la citadelle du Caire, administrateur (Mutawwali) des waqfs de Suleyman
Pacha, de construire à Bulak une wakala au voisinage d'une autre construite également par Suleyman Pacha. On
y apprend aussi que cette wakala constituée en waqf , a été bâtie à l'aide de revenus provenant des autres waqfs
de Suleyman Pacha, et administrée de la même manière que ces derniers .
Ce qui nous prouve que souvent un waqf engendre, par ses revenus plusieurs waqf. Cette waqfiat se
caractérise, aussi, par la description d’une façon très détaillée des travaux dont doit être construite la wakala. On
y relève, la liste des matériaux de construction fondamentaux comme les pierres, le bois, les briques, les dalles
de carrelage, le plâtre, la chaux, la glaise, la cendre, les clous et les instruments du travail expressément indiqués
comme tout à fait neufs .
On y constate que l'emplacement a été mesuré, débarrassé des restes des constructions anciennes et qu'enfin
on a creusé et construit les fondations de la nouvelle wakala. Ces deux wakala juxtaposées devaient servir au
commerce et au dépôt du lin . Elles sont caractérisées aussi par leurs dimensions énormes dépassant celles des
types courants des Khan du Caire connus du XV° siècle.
Pour la situation de ces wakala, on lit dans l'acte : « Le côté Nord était formé d'une petite rue et à son côté
opposé, il y avait la petite wakala de Suleyman Pacha . Même le côté Sud était borné par une rue et par un dépôt
de blé., Le côté Est était fait d'une autre rue et à son opposé, il y avait une maison d'habitation (rab') qui était
une donation pieuse de Bard Bek ad-dawadar. Dans la rue Ouest de la wakala et vis-à-vis de celle-ci, se trouvait
la maison d'Ibn Bilal Kabutan". ». La dépense pour la construction de ces deux wakala s’est élevée à 160.396
pièces argent et 11 dirhems1 .
1. Une pièce d’argent équivaut à 1 nisf -1 nisf équivaut à 12 dirhams - 1 dinar d’or vaut 25 nisf .
Bibliographie.
1. Ibn abdoun (Muhammad b abd allah an naha ), c’est un traité sur la Hisba , intitulé « La vie urbaine et les
corps de métiers à Séville au début du XII° siècle » , publié par E. Levi Provençal in journal asiatique , juin 1934
2. Ibn Khaldoun .- el-Mouqadima .- trad. par Vincent Monteil , Beyrouth, 1968 .2 vol.. chap. IV .
3. El Maqrizi. — ( « ) الـخـطـط و الـعـبـرla description de Misr » trad. A. Bouriant, .-Boulaq , 1858, 2 vol. Paris,
1900.
4. El mawerdi (abou Hassan Ali).-Les statuts gouvernementaux. ( )االحكام السلطانيةtraduction et notes de E.
Fagnan , Paris , 1982 .
5. Ibn el-Forat « chronique des règnes et des rois »
6. Ibn djemaàt el-kinani , manuscrit se trouvant à la bibliothèque impériale de vienne.
7. el-Nabrawi ( abdrahmane Abi Nasr el-Shayzari ) ( « ) نهـاية الرتبة فى طلب الحسبة الشريفةl’autorité publique dans la
demande de la hisba »
Ces trois derniers documents, sont publiés par Walter Bernhauer, in journal asiatique, 1860 -juin – novembre.
1. Définition.
C’est une charge à caractère religieux comme l’ont souligné tous les juristes, historiens,
chroniqueurs et philosophes sus-indiqués. Les trois raisons qui ont permis de qualifier ainsi ce
caractère, sont :
1°- Le fait que la charia est constituée à partir des sources, dont le Coran et la Sunna, sont
les plus fondamentales.
2°- Le nom même de cette charge « hisba » est issu du verbe (Ihtasaba )احـتـسبsous –
entendu ( lillah ) لـلهce qui veut dire l'accomplissent d'un travail en vue d’obtenir une
récompense uniquement d'Allah le Tout Puissant .
3°- cette charge est considérée comme une obéissance aux prescriptions coraniques, du
verset suivant : « qu’il y ait parmi vous des gens appelant à ce qui est bon , ordonnant le bien
et défendant le mal ».
Cette charge, comme le montre ce verset, incombe à tout musulman sans exception.
Cependant el-Mawerdi dans « el Ahkam el-Soultaniya » (les statuts gouvernementaux),
spécifie le Mohtasib, en le distinguant de neuf qualités , lui permettant d'agir et d' être écouté et
obéi par "el-Oumma "( la Nation ) tout en étant couvert par l'autorité supérieur, c'est-à-dire le
Cadi et le Sultan . Ce fonctionnaire est nommé par le cadi qui doit aviser toutefois, le Sultan.
« L'office du Mohtasib est proche de celui du Cadi , nous précise Ibn Abdoun, il est le porte-
parole du Cadi, son chambellan , son vizir et son lieutenant , si le Cadi a quelque
empêchement, c'est le Mohtasib qui doit juger à sa place dans les affaires de sa compétence et
relevant de ses charges » .
Beldiceanu, N, a analysé de nombreux documents et actes concernant la nomination des
Cadi et celle des Mohtasib qui se pratiquaient séparément.
Précisons que le Mohtasib est payé du bayt el –mal ()بيت الما ل. Ibn Abdoun dit à ce propos
: « Une solde lui sera attribuée : elle sera prélevée sur le trésor des fondations pieuses et lui
permettra de subvenir à ses dépenses personnelles. ».
Le passage ci- après du docteur Hassan Ibrahim Hassan, mentionne la valeur même de
cette rémunération : « Le Mohtasib était parmi les grands fonctionnaires à l'époque fatimide ;
il avait à sa charge la surveillance des souk et la conservation des mœurs, il vérifiait la validité
des poids et veillait à l'application de ses attributions (son divan) il était élu parmi les bons
musulmans, car sa fonction est quasi – totalement religieuse ; il recevait chaque mois un
salaire estimé à trente dinars. »
Ibn Abdoun attire notre attention à ce que l'on veille au bon exercice de cette fonction
car elle embrasse l'ensemble de la vie sociale. Cependant d'autres juristes, ont bien classé les
attributions du Mohtasib, ils se sont basés sur le verset coranique cité plus haut, pour en
constituer deux grandes catégories répondant aux deux principes fondamentaux :
- ordonner le bien
- interdire le mal.
Ils ont subdivisé chacune ces deux catégories en trois branches :
- ce qui se rapporte au droit d'Allah lui- même ;
- ce qui se rapporte aux droits de l'individu ;
- ce qui se rapporte aux droits communs d'Allah et de sa créature.
2.1. Marchés.
- Le Mohtasib, doit assigner un emplacement à chaque corps de métier : ainsi, chaque
artisan se trouvera à quartier fixe avec ses confrères.
« Cela, dit el-Nabrawi, est plus commode pour ceux qui veulent acheter quelque chose
de ces négociants et aussi plus avantageux pour leur métier. »
- Il doit faire éloigner les boutiques faisant des dommages à leur voisines, en dégageant
par exemple de la fumée. C'est le cas des boulangers, gargotiers, forgerons qui doivent
s'éloigner des épiciers, des parfumeurs et des marchands d’étoffes.
- Il doit veiller à ce que les commerçants nettoient les bazars avec des balais, et d'en
enlever toutes les souillures qui nuisent aux passants. El-Nabrawi s'est appuyé sur le hadith :
"Que rien n'y soit une cause du dommage ni de tort ! ".
- Le Mohtasib , doit prescrire , également, au scieurs ( de bois) de ne scier les poutres que
suivant les donnée qu’ ils ont reçus ; de même de scier les voltiges en leur laissant une
épaisseur suffisante .
- En ce qui concerne les clous, ils doivent, quelle qu'en soit la taille, être épais, de forme
régulière et présenter une grosse tête ; de même les serrures des armoires ; les cadenas de
celles-ci doivent être massifs, épais et renforcés. Le Mohtasib désigne un expert dans l'art de
menuiserie qui l'aidera à surveiller toutes ces productions.
- Le Mohtasib doit interdire la construction aux endroits d'où l'on extrait de la terre à crépir
et du gravier, « Car, ajoute Ibn Abdoun ces endroits sont d'utilité publique ».
-Ibn Abdoun attribue la protection du port de Séville au Cadi. Cependant celui- ci pourra
déléguer ce pouvoir à la charge du Mohtasib. Il faut éviter qu’en aliène la moindre parcelle ou
qu’on y édifie la moindre construction. Comme le fleuve guadalkivir passait au centre de la
ville, Ibn Abdoun précise :
″ Cet endroit constitue le point vital de la cité, le lieu d’exportation des
marchandises, le chantier de réparation des bateaux ; aussi ne doit –il pas s’y trouver de
propriétés privés ; l’ensemble doit appartenir uniquement à l’état. Il faut prescrire aux
curateurs des successions de ne pas vendre un seul empan de terrain des quais.″
On relève de cette citation, un souci pour la délimitation de réserves foncières d’une
part, et la séparation entre la propriété publique et la propriété privée d’autre part.
3. Conclusion.
On voit ici se dégager une des façons de gestion urbaine forgée par la charia. En effet, la
hisba comprenait dans ses attributions une pratique urbaine bien précise. Le Mohtasib peut être
considéré comme un vrai préposé urbain. Résumons la partie de ses fonctions qui concerne la
pratique de l’espace par :
1. Distribution des équipements dans l’espace urbain, selon leur nuisances ou gêne
provoquée aux habitants (fours, forges, vente de matériaux de construction…)
2. Entretien des équipements publics, et contrôle de leur fonctionnement, tels que les
cimetières, ports, mosquées, murailles…
3. Contrôle des services urbains : alimentation en eau potable, assainissement, du point
de vue hygiène.
4. Faire respecter les réserves foncières, pour l’extension future des équipements publics.
Nous avons vu l’exemple du port de Séville sur le fleuve Guadalkivir .
5. Exécution de l’expropriation pour cause d’utilité publique, après la délibération du Cadi
ou du Sultan.
6. Contrôle de l’hygiène publique en générale,
a. en inspectant les fours et les fournisseurs de denrées alimentaires
b. en obligeant les riverains de balayer le devant de leur maison, et les
commerçants, le devant de leurs boutiques
c. en chargeant un préposé de nettoyer les parvis des mosquées, le jour du
vendredi …
7. Exécution des délibérations des Cadi, concernant les problèmes du vis-à-vis et les
rapports du voisinage.
Plan.
1. Introduction
2. Structure des corporations de métiers.
3. Activités des corporations de métiers.
4. Rôle des corporations dans la gestion urbaine.
5. Conclusion
6. Les services urbains en Annexe
Bibliographie.
1. Massignon, Louis.- Les corps de métier et la cité islamique.- in Revue internationale de sociologie,
XVIII, 1920.
2. Nafidh Souwid ( )الحرفيون و دورهم التاريخي فى تطور المدينة العربية اإلسالمية
3. Raymond André. —Problèmes urbains et urbanisme au Caire aux XVII° et XVIII° siècle.- Colloque
international sur l’histoire du Caire, du 27 mars au 5 avril 1969, le Caire, 1972.
1. Introduction
Les orientations de la charia sont claires au sujet du travail en général, et l’artisanat
et métiers en particuliers. De nombreux versets coraniques et Hadidh du Prophète, incitent
les Musulmans, non seulement à travailler, mais inscrivent la miséricorde d’Allah à ceux qui
cherchent la perfection dans l’accomplissement de leur métier. Nous nous contentons de citer
les versets suivants :
"وقل اعملوا فسيرى هللا عملكم ورسول والمؤمنون:قال تعالى
" "وأما من آمن وعمل صالحا ً فله جزاء الحسنى:وقال تعالى
Et le Hadith suivant : طـلـب الكـسـب فـريـضـة عـلى كـل مـسـلم
«La recherche d’un métier , est un devoir pour tout musulman . » - Le deuxième calife
Omar Ibn el-Khattab a dit : « Lorsque je vois un homme et me plait, je cherche à connaître
s’il a appris un métier ? Si les gens me disent : non, je n’ai plus de l’estime envers lui. »
Elia Kodsi, a publié en 1882, une étude très complète sur la cérémonie et le serment
d’initiation au sujet des corporations de Damas. L’aspirant qui va devenir maitre doit
participer à une cérémonie à trois événements :
1. D’abord, par les attouchements et les signes des mains et des pieds, à ce que l’on appelle
« » أخـد الـيـدla prise de la main .
2. Ensuite, le Cheikh el-Ta’ifa, le président de la corporation, qui préside en même temps la
cérémonie, lui ceint une ceinture ; c’est ce que l’on appelle le ( ) شــد الـحـزا م.
3. Enfin, c’est un banquet corporatif que l’on appelle le ( ) التمليح, c’est à dire
partager le sel. Un parrain accompagne l’aspirant, et le garantit au point de vue de sa
préparation. L’aspirant doit participer aux frais de la cérémonie. Louis Massignon, évoque
aussi la lecture d’un doustour ( )دستـورou charte, lors de la cérémonie. C’était un ensemble de
règles jurées par un serment solennel, une espèce de codes, ou droit coutumier.
« Ce code, dit L. Massignon, implique de la part des adhérents, de faire du bon travail,
de vendre à juste prix. Et lorsqu’ils veulent changer les prix, s’ils menacent de faire grève, ils
ont une phrase assez particulière, ils disent : le métier ne va plus. Et cette espèce de
déclaration de grève indique qu’il faut réviser les tarifs. »
3. Établir une large consultation pour mieux déterminer les prix des produits d’une part, et
les salaires des travailleurs exerçant au sein de la corporation, d’autre part.
4. Intervention dans les règlements des contentieux et litiges qui surgissent entre les
membres de la corporation.
5. Cheikh el-Ta’ifa ou el-Arif, est considéré comme le représentant officiel de la
corporation vis-à-vis du Mohtasib qui jouait souvent le rôle du représentant du gouverneur de
la cité au niveau du Souk.
Origine de la commune.
D’après Louis Massignon, la commune n’est qu’une corporation puissante autour de
laquelle, gravitent les autres corporations. Comme il y a des intérêts communs, purement
commerciaux, unissant les habitants, elles arrivent à faire un cahier de revendications et à
l’imposer au gouverneur.
« Les communes dit-il, sont des fédérations de métier. », « …. La commune de Paris, a
comme noyau une corporation de métier particulièrement puissante qui s’appelait les
marchands d’eau, c’est à dire ceux qui servaient à faire le commerce de la moyenne Seine. »
L. Massignon, nous démontre clairement que la corporation de métier, est une institution
d’origine purement musulmane. Elle est passée ensuite, en occident.
« On sait historiquement dit-il, que pour la corporation des maçons, par exemple, en
Occident, à la fois les secrets de métiers et la corporation même viennent de l’Orient,
s’établir en Lombardie et ensuite en France, nous pouvons supposer ( puisque la courbe
même de la progression des communes, nous montre que le mouvement vient d’Orient le long
des voies de commerce au moment même des croisades, au moment où le commerce a été le
plus intense avec l’orient ) , nous pouvons supposer qu’il y a bien là une réaction d’une forme
de vie sociale musulmane sur la vie sociale de la chrétienté . »
Pour étayer sa thèse, Massignon évoque la quatrième source du droit musulman, qui est
el-Ijma’ ou « l’unanimité ». Dans la commune, les délibérations, doivent être prises à
l’unanimité : « C’est précisément dit Massignon, le principe musulman de l’Ijma’. ». Il ajoute
plus loin : « En Islam, une sentence n’est pas valide s’il n’y a pas une unanimité, un
consensus. ». Il faut donc l’unanimité, et non la majorité. Par ailleurs, les corporations de
métier, ont utilisé un certain nombre de mots arabes passés à plusieurs langues, tels que le mot
« tarif », signifie l’identification ou () التعريف, le mot « douane », c’est () الديـوان, ou encore le
mot « charte » veut dire « condition », ( ) الشـرط.
5. Conclusion.
Les corporations de métiers, étaient donc un élément fondamental de la vie urbaine. Elles
permettaient aux autorités urbaines, de contrôler l’ensemble des catégories socio-
professionnelles de la cité islamique. Les cheikhs des corporations contribuaient à
l’administration de la cité et au maintien de l’ordre. Par ailleurs, elles contribuaient
substantiellement aux ressources fiscales de la cité. Une grande partie des services urbains ne
pouvaient être assurée sans la concours des corporations, telle que la lutte contre les
incendies, le nettoyage des rues ou encore l’alimentation en eau potable.
D’une manière générale, les corporations étaient un lien administratif entre la classe
gouvernante et les sujets. D’après Louis Massignon, les corporations de métiers islamiques
étaient la base de l’émergence de la commune. « La commune n’est qu’une corporation
puissante autour de laquelle, gravitent les autres corporations.
Annexe
(les services urbains)
La fourniture de l’eau était, par excellence, une œuvre pie, aussi, trouve- t- on parmi les fondateurs de
Sébil, des Pacha, des Bey, des officiers, des Odjaq, et des habitants aisés. Les Sébil sont mentionnés dans de
nombreuses fondations pieuses. Les waqfs, constituent un moyen efficace pour assurer la pérennité de ce
service public, tant vital dans la vie de la société urbaine. D’autant plus important, quand on sait que la plupart
des devoirs religieux ne sont valables qu’après les ablutions.
Les actes des waqfs, font état des dispositions minutieuses fixant le montant des sommes affectées pour
le remplissage des réservoirs, à la rémunération des gestionnaires, à l’entretien du monument et de son
matériel, jusqu’à même la fourniture d’huile et de fanaux pour l’éclairage de la façade, durant le mois sacré du
ramadhan et les fêtes religieuses. Relevant essentiellement des waqf, des exemples de Sébil ont été traités
dans la section consacrée au rôle des waqf dans le développement urbain. Notamment dans les travaux de
l’Emir Ali Khéthuda, ceux d’Ibrahim Agha et ceux de Ridwan Bey. L’approvisionnement en eau du Caire en eau,
fut parfois perturbé par les répercussions des crises politiques : la source d’où s’approvisionnaient les Saqqa’in,
était trop lointaine pour que, en période de trouble, la fourniture ne fut pas compromise. Mais, au total, cette
combinaison originale des corporations des Saqqa’in, et la construction des Sébil, dans le cadre des waqf,
fonctionnait d’une manière satisfaisante.
Notons enfin, que le Mohtasib, qui était un fonctionnaire nommé et rémunéré par le Beyt el-mal ( بيت
) المـالou trésorerie municipale, avait un œil sur la conduite du Nadhir ( ) النـاظرou gérant du waqf, pour la
bonne exécution des prescriptions établies par le constituant dans sa waqfiat . C’est cette harmonie et
complémentarité qui existait entre le pouvoir municipal et la population urbaine, qu’il faudra actuellement
restaurer pour faire face aux besoins de la société en matière des services urbains. Cette restauration n’est
possible que si l’on adopte des techniques adaptées aux spécificités sociales et soutenues par la population.
Bibliographie.
1. Diego de HAËDO, Topographie et Histoire générale d'Alger, trad. de l'espagnol par Dr. Monnereau et A.
Berbrugger, Editions Bouchène, 1998.
2. Francesco Della Casa est le rédacteur en chef de la revue Tracés. Curateur de Lausanne Jardins en 2004 et
2009.
3 .Gérald Billard « Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en
Amérique du Nord », Presses Universitaires de Rennes, 2005.
4. el-Maqrizi.- "Kitab Al Mawàiz wa 1-i'tibar fi dhikr al khitab wa l'âthar .- (Description topographique et
historique de l’Egypte), Boulaq, 1858, 2 vol. Trad. A. Bouriant, Paris, 1900.
5. Roger Le Tourneau .- Les villes musulmane de l’Afrique du Nord. La maison des livres. Alger, 1957.
6. André Raymond. Grandes villes arabes à l’époque ottomane.- Paris, 1985 pp. 133-135.
7. Filippo PANANTI, Relation d'un séjour à Alger, 1820, rapporté par Lucette VALENSI, Le Maghreb
avant la prise d'Alger (1790-1830). Paris, Flammarion, coll. « Questions d'histoire », 1969.
8. Niebuhr, Voyage en Arabie (Amsterdam 1776), I, p.88. Description, Etat moderne, II-2.
9. Denis Grandet.- Quatre Djemaa des ksours du sud-ouest algérien, USTO, 1985.
10. Jacques Berque, structure sociale du Haut Atlas, PUF, Paris, 1995, p.383.
11. A. Hennia et B. Tlili, l’organisation des pouvoirs des notables dans les communautés des Djérid
tunisien au XVIII e siècle in cahiers de la méditerranée, numéro spécial, université de Nice, 1980.
12. Isabelle Eberhardt, récit de voyage vers 1900 Chap. théocratie saharienne, page 31.
13. Arpaillange Christophe, « Small is beautiful » : Le quartier est-il aujourd'hui le lieu d'une refondation de
la culture et de la pratique démocratiques ? Démocratie locale et management, Actes des 4èmes rencontrent
ville-management, Dalloz, 2003.
1. Introduction.
Cette section nous révèle l’influence du mode d’aménagement initié par le Prophète à
Médine sur l’organisation spatiale de la cité islamique surtout celles qui étaient construites
dans les premières périodes de l’Islam. Un mode d’aménagement basé sur la distribution d’un
Iqta’ (( )اإلقطاعgrande parcelle de terrain) à chaque groupe ethnique ou religieux. L’autonomie
de gestion interne de chaque quartier est consacrée par une charte rédigée par les soins du
Prophète. Ce mode d’aménagement ne préconise pas seulement une concertation et
participation de la population dans l’édification de son cadre de vie, mais il offre l’autonomie
pure et simple à chaque groupe ethnique ou religieux de décider et réaliser les espaces
nécessaires et adéquats à leurs pratiques sociales. Le quartier se construit alors par
négociation entre proches. Son développement graduel cristallise spatialement le
développement progressif du groupe social. Cette démarche naturelle et organique trouve
actuellement un écho favorable dans l’urbanisme dit écologique ou durable. Ce mode
d’aménagement facilite énormément la gestion urbaine de la cité islamique. Chaque quartier
est géré par une assemblée ou djemaa qui coordonne ses actions avec l’ensemble des autres
assemblées de quartiers de la cité. Les troubles internes sont réglées à l’intérieur de chaque
quartier. Même le Cadi doit se conformer aux prescriptions de la charia et aux coutumes du
groupe social pour se prononcer sur un litige bien précis entre membres d’un même groupe
social. Illustrons cette gestion très proche des citoyens par des exemples concrets.
2. Le Caire.
Plus que les corporations de métiers dont les préoccupations restaient surtout
professionnelles et dont la zone d’activité ne couvrait qu’une partie de la ville du Caire, la
cellule de base de la vie urbaine paraît avait été le quartier désigné par khitta à l’époque des
Califes et hara à l’époque des fatimides.
Les quartiers du Caire, écrit Niebuhr « sont composés d’un grand nombre de petites rues,
mais qui toutes n’ont qu’une seule issue, par où elles aboutissent à quelque unes des rues
principales ». Le quartier constituait donc un ensemble fermé desservi par un réseau
hiérarchisé d’artères, impasses débouchant dans les ruelles (atfa), aboutissant à leur tour dans
la rue centrale du quartier (darb) qui lui donnait souvent son nom, et qui finalement
communiquait avec la grande rue (chari’), souvent par l‘intermédiaire d’une porte. Il n’y avait
généralement pas de boutiques dans la hara, si ce n’est auprès de la porte d’entrée.
« Les quartiers servent communément de demeures à des artisans et d’autres habitants
pauvres qui travaillent non dans leurs propres maisons mais dans de petites boutiques au
souk ou le long des rues marchandes » écrit encore Niebuhr.
même religion. D’après A. Raymond, il y avait 63 hara au Caire ottoman. Les quartiers
comportaient habituellement des portes situées à l’entrée de la rue donnant accès à la Hara.
Ces portes étaient gardées par des Bawwabs. Elles n’étaient pas réellement destinées à jouer
un rôle défensif en temps de guerre, mais plutôt à assurer la sécurité nocturne, en empêchant
la circulation des éventuels voleurs. Dès que la nuit tombe, les portes des quartiers se ferment.
Elles s’ouvraient qu’aux personnes résidants dans le quartier ou rendant visite à des personnes
connues, moyennant une modeste rétribution versée au bawwab. Ce système permettait aux
autorités de contrôler les déplacements des individus suspects.
C’est l’objectif même recherché actuellement dans le recours des gated communities dont
le nombre augmente d’une manière spectaculaire à Los Angeles.
Le cloisonnement de la cité islamique était très utile en cas de troubles : au premier signe
d’émeute populaire, les quartiers se fermaient, ce qui avait le double avantage d’assurer la
protection des habitants et de gêner les activités des fauteurs de désordre. Si les Français, au
moment de l’occupation de l’Egypte, entreprirent d’enlever les portes des rues et des quartiers
du Caire, c’est pour des raisons militaires stratégiques. Ces hara étaient placées sous
l’autorité de cheikh (cheikh el-hara) qu’assistait un ou plusieurs naqib. Cette structure est
identique à celle des corporations de métiers. Les deux organisations fondées l’une sur le
métier, l’autre sur la résidence, se complètent. Le cheikh de la hara peut parfois même être le
cheikh de la corporation dominante du quartier.
Toutes les communautés ethniques et religieuses étaient organisées comme des entités
quasi administratives placées sous la direction de cheikhs qui, dans le cas des minorités
confessionnelles, pouvaient être leur chef religieux eux-mêmes. Il s’agissait donc d’une
organisation parallèle à celle des corporations de métiers et qui dans certains cas la recoupait,
puisque certaines ethnies ou communautés étaient spécialisées dans une activité déterminée :
la corporation de métier était alors l’aspect professionnel d’une structure qui avait aussi un
aspect ethnique ou confessionnel.
Ce type d’organisation était si universel et si constant, d’une ville à l’autre, qu’on peut
se contenter de mentionner ici le cas d’Alger à titre d’exemple. La ville comptait avant 1830,
six corporations de barraniya (gens du dehors), qui venaient de l’intérieur du pays pour y
travailler temporairement : gens du M’zab, de Biskra, de Djijel, de Laghouat, de la tribu des
Mzita. Chacun de ces groupes avait un chef qui était reconnu par le gouvernement et qui
servait d’intermédiaire entre la communauté et les autorités. Les Amin étaient chargés de la
police dans leur communauté, qui était responsables collectivement de tout délit commis par
l’un de ses membres. Dans leur action répressive, les Amin s’inspiraient de la coutume, et
consultaient les notables de la communauté. Le gouvernement n’intervenait que rarement
dans ses affaires.
Les communautés chrétiennes et juives avaient une organisation tout à fait similaire. Les
juifs de Tunis habitaient un quartier (hara) et étaient gouvernés à l’époque ottomane, comme à
l’époque médiéval par un conseil de notables, qui gérait les fonds de la communauté,
veillaient à l’entretien des synagogues, répartissaient les subsides entre les pauvres et les
malades, sous l’autorité d’un cheikh qui s’occupait du maintien de l’ordre et de la levée des
impôts et qui assurait la liaison entre l’Etat et la communauté. Un officier de la marine russe
faisait escale à Tunis à la fin du XVIIIe siècle, écrivait :
« On peut dire que les moines mahométans ne montrent pas autant d’animosité (haine)
que ceux d’Europe à l’égard de ceux qui professent une autre religion : la preuve en est que
les chrétiens et israélites qui vivent ici peuvent s’administrer librement selon leur propre
loi ».
Pour mieux cibler ses actions, le gouverneur de la ville fait appel aux chefs de quartiers
(mouqaddim el-Hawma). Le Mohtasib lui, fait appel aux chefs de corporation, appelés
« Amin » au Maghreb. Ces personnages font véritablement office de charnière entre les
représentent de l’autorité et le groupe qu’ils représentent. Les uns et les autres offrent cette
particularité d’être nommés par le gouvernement, mais sur présentation des habitants d’un
quartier ou des membres d’une corporation. Le chef de quartier n’est pas désigné au suffrage
universel par tous les habitants de son quartier, pas plus que le chef de la corporation n’est
présenté par tous les membres de
sa corporation ; dans l’un et l’autre cas il est l’homme des notables (el-a’yyan) les patrons de
la corporation et les personnages du quartier. Ainsi le chef de corporation et chef de quartier
dépendent à la fois du gouvernement qui les nomme et peut les révoquer, et des notables qui
les présentent et peuvent les désavouer. « Ce système a bien fonctionné pendant des siècles
en donnant de bons résultats. » atteste Roger le Tourneau.
Pour les ksour nous évoquons les travaux de Denis Grandet qui a étudié quatre Djemââ
des ksour du sud-ouest algérien situés à Béni-Ounif, Taghit, Béni-Abès et Timimoun.
Jouissant d’une autonomie relative par rapport au pouvoir central, chaque ksar dispose d’une
assemblée de notables nommée Djemââ établie à coté de la place publique. Chaque djemaa
gère les intérêts communautaires dont les compétences étaient larges.
« La compétence de la djemââ s’étendait non seulement à la gestion temporelle, non
seulement au statut des personnes et des biens, à toute la matière du droit privé et public,
mais encore à la gestion du sacré ».
Dans les régions du Sud elles s’occupent en particulier de l’organisation du partage de l’eau,
fondement du système des cultures dans la palmeraie. Même lorsque le pouvoir central est
puissant, son représentant est contraint de passer par la Djemaa sur le plan fiscal, entre autre
pour fixer les évaluations d’imposition.
« C’est la Djemaa, assemblée des fractions et des ksour qui est souveraine. Toutes les
questions politiques et administratives ont soumises aux délibérations de la Djemaa. A-t-on
besoin d’un chef ? C’est le djemaa qui le nomme. Tant qu’il conserve son investiture, ce chef
est obéit, mais il reste toujours responsable vis-à-vis de ceux qui l’ont choisi… A Kénadsa,
c’est le chef de la Zawiya qui est le seul seigneur héréditaire du ksar. C’est lui qui tranche
toutes les questions et qui, en cas de guerre, nomme les chefs militaires. C’est lui qui rend la
justice criminelle, tandis que les affaires civiles sont jugées par le Cadi. Mais là encore le
Marabout est la dernière instance et c’est à lui qu’on en appelle des jugements du Cadi. Sidi
M’hamed ben Bouziane, le fondateur de la confrérie, voulu faire de ses disciples une
association pacifique et hospitalière. La zawiya jouit du droit d’asile : tout criminel qui s’est
réfugié se trouve à l’abri de la justice humaine. Si c’est voleur, le Marabout lui fait rendre le
bien volé. Si c’est un assassin, il doit verser le prix du sang. A ces conditions, les coupables
n’en courent aucun châtiment, dès qu’ils sont entrés dans l’enceinte de la zawiya ou même un
terrain lui appartenant. La peine de mort n’est appliquée par le Marabout. S’il arrive qu’un
criminel soit mis à mort, c’est par les parents de la victime ou quelque fois même par les
siens, jamais sur condamnation des Marabouts.
« ….Grace à la zawiya la misère est inconnue à Kénadsa. Pas des mendiants dans les rues
du ksar ; tous les malheureux vont se réfugier dans l’ombre amie et ils y vivent autant que
cela leur plait. La plupart se rendent utiles comme serviteurs, ouvriers ou bergers, mais
personnes n’est astreint à travailler. Personne n’ose élever la voix et critiquer les actes du
maître. On s’incline, on répète les opinions de sidi Brahim. »
3. Conclusion.
On note par ailleurs, que l’urbanisme dit moderne favorise ce type de gestion urbaine
qualifié de très proche du citoyen. « Small is beautiful », nous dit-on. L’action de proximité
est présentée actuellement comme un moyen privilégié pour surmonter les contraintes qui
limitent l’efficacité et la légitimité des politiques publiques, notamment en milieu urbain.
Grâce à la participation des habitants, l’action de proximité conjuguerait rationalité
gestionnaire et renforcement de la démocratie. Mais en l’absence de marges de manœuvre
financières et institutionnelles suffisantes laissée par le pouvoir central aux « gouvernements
» locaux, et en dépit d’expérience localement réussies, les politiques dites de proximité n’ont
que des effets limités sur la citoyenneté. On l’a vu à travers la prolifération des « Gated
communities » dans plusieurs villes américaines notamment Los Angeles. De nouveaux
concepts font leur apparition dans les discours urbains contemporains telle que « la gestion de
proximité » ou encore « les régies de quartier ». Tous s'accordent, localement, pour souligner
que les quartiers pourvus d’une régie de gestion sont plus propres qu'avant. La plasticité des
régies tient en premier lieu à leur capacité à agréger trois dimensions fondatrices : la gestion
de quartier, l'insertion socio-économique et l'implication sociale.