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Définitions des concepts

Patrimoine :
Définition générale : biens matériels et intellectuels hérités par une
communauté.

Françoise Choay : Patrimoine historique : fonds destinés à la jouissance


d’une communauté élargie aux dimensions planétaires et constitués par
l’accumulation continue d’une diversité d’objets que rassemble leur
commune appartenance au passé : oeuvre et chefs-d’œuvre des baux-arts
appliqués, travaux et produits de tous les savoirs et savoirs-faire des
humains.

4 pôles majeurs :

Patrimoine en Wallonie : ensemble de biens immobiliers dont la


protection se justifie en raison de leur intérêt historique, archéologique,
scientifique, artistique, social, technique ou paysager.
Patrimonialisation : ensemble de mécanismes engendrant des évolutions
de statut permettant d’acquérir un statut patrimonial.
Patrimonialité : on développe une certaine conscience, à différentes
échelles, du patrimoine. Il n’y aurait pas de patrimoine si il n’y avait pas de
conscience de patrimoine.
Définition « patrimoine architectural » européenne d’après la
convention de Grenade (1985):
-monuments : toutes réa remarquables en raison de leur intérêt historique,
archéologique, artistique, scientifique, social ou technique.
-ensembles architecturaux: groupement homogènes de constructions
urbaines ou rurales remarquable par leur intérêt IDEM.
-sites ; oeuvres combinées de l’homme et de la nature, partiellement
construites et constituant des espaces suffisamment caractéristiques et
homogènes pour faire l’objet d’une délimitation topographique,
remarquable par IDEM.

Dans le contexte des lumières, la notion de patrimoine historique traduit


un idéal de capitalisation des connaissances. Accepter d’être, en toute
chose, des héritiers et des témoins pour l’avenir.
Le patrimoine historique n’a pas seulement pour objectif de rendre visible
l’histoire en s’exposant au regard public sur le territoire national, car il a
aussi pour vocation de rendre intelligible, pour les nouveaux citoyens de
l’Etat, leur nouvelle identité nationale. Il est la marque sur le territoire du
rapport au temps de la société, celle de son régime d’historicité.

Œuvre d’art :
Hannah Arendt : catégorie d’objets qui n’a aucune utilité pratique,
uniques, donc non échangeables. Se distingue par sa durabilité, sa
permanence supérieure aux autres objets puisqu’on ne l’utilise pas ou peu.

Authenticité :
Françoise Choay : rappelle que le concept d’authenticité dans la culture
occidentale trouve son origine dans le domaine juridique et religieux et
que le terme qualifie l’acte de celui qui fait quelque chose de sa propre
main. En ce qui concerne le patrimoine, elle précise que la notion renvoie
au sens de conformité matérielle et morphologie à des originaux.
Walter benjamin : l’authenticité d’une chose intègre tout ce qu’elle
comporte de transmissible de par son origine, sa durée matérielle comme
son témoignage historique. Ce témoignage, reposant sur la matérialité, se
voit remis en question par la reproduction, d’où toute matérialité s’est
retirée.
Conservation, restauration et rénovation :
Définitions du Larousse:
Conservation : maintenir en bon état, préserver de la destruction et de
l’altération.
Restauration : travail par lequel on répare les dommages que le temps
ou d’autres causes on fait sur le monument.
Rénovation : action de renouveler : transformer au mieux par la
nouveauté, par l’innovation.

— > La conservation apparaît comme un entretient courant, la


restauration comme une intervention inhabituelle, alors que la rénovation
implique une transformation qui n’exclut pas la création.

Définition de conservation en Région Bruxelles-Capitale:


Ensemble des mesures visant à l’identification, l’étude, la sauvegarde, la
protection, le classement, l’entretien, la gestion, la restauration, la
consolidation, la réaffectation et la mise en valeur du patrimoine
immobilier, dans le but de l’intégrer dans le cadre de la vie
contemporaine et de le maintenir dans un environnement approprié.

Conservation préventive : action sur les causes de la dégradation (t°,


humidité,..)
Conservation curative : action sur les effets de la dégradation
(intervention directe sur l’objet ou le bâtiment (consolider, dessaler,
fixer,…)
Conservation intégrée : ensemble des mesures qui ont pour finalité
d’assurer la pérennité du patrimoine, de veiller à son maintien dans le
cadre d’un environnement approprié, bâti ou naturel, ainsi qu’à son
affectation et son adaptation aux besoins de la société (dvlp par la
Déclaration d’Amsterdam en 1975).
Restauration : intervention facultative afin d’en faciliter sa
compréhension, sa lecture ou encore sa jouissance esthétique.

—> Opération assez rare dans la vie professionnelle d’un architecte.

Restauration selon Charte de Venise : cette opération doit garder un


caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les
valeurs esthétiques et historiques du monument et de se fonder sur le
respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle
s’arrête là où commence l’hypothèse.

Réparer : rendre de nouveau techniquement possible l’usage de l’objet.

Reconstruction : nouvelle construction d’un bâtiment après sa démolition


à l’aide de matériaux en général proches de ceux de l’édifice antérieur et
en essayant de respecter des éléments propres à l’édifice précédent.

Reconversion: réutilisation d’un bâtiment historique en l’affectant à un


nouvel usage différent de celui pour lequel il avait été bâti.

Réaffectation : réutilisation d’un édifice selon un usage identique à celui


d’origine.

Rénovation urbaine : opérations qui ont pout but de traiter un quartier


bâti en vue de l’adapter aux nécessités de la vie urbaine. Les opérations
peuvent être de reconstruction complète, la réhabilitation ou la
restauration du quartier.

Créer ou restaurer sont 2 attitudes radicalement opposées. La première


crée des valeurs nouvelles tandis que la 2e tente de rendre plus
compréhensibles, lisibles, des valeurs anciennes considérées comme
importantes.
Monument et monument historique :
Monument : ce qui interpelle la mémoire. Tout bâtiment qui sert à
conserver la mémoire du temps et de la personne qui l’a fait ou pour qui il
a été élevé comme un Arc de Triomphe, un mausolée, une pyramide.

Choay : monument historique : le monument ne naît pas historique, il le


devient. Un objet acquiert, non pas a priori, mais a posteriori, le statut de
monument historique en recevant de la part de la société un rôle
documentaire. Le monument historique est un témoignage et il archive
une époque.

D’un pays à l’autre, la conscience du patrimoine et la notion de monument


historique témoignent souvent de nuances significatives. Ces variations
sont les résultats d’histoires différentes et de contextes culturels et
politiques distincts.
« Par mon travail, j’espère contribuer un peu à toutes ces
choses qui sont déjà la, dans le monde. J’aimerais bien
que mes bâtiments disent : « je comprends quelque
chose de mon environnement. »
-Peter Zumthor

Pour Tadao Ando, mobiliser la


mémoire est important pour créer de
l’architecture. Nous portons tjrs en
nous une mémoire intense de
quelque chose. Celle-ci nous permet
de créer des choses que l’intelligence
seule ne pourrait pas créer.
La mémoire organise notre
conception du temps, de l’espace,
Rapport au temps, à la
des couleurs, de la politique, de mémoire
tout.
-Michael Auping, Tadao Ando
Notion de patrimoine et son évolution
L’évolution du concept de patrimoine est mise en évidence à travers 6
dimensions : religieuse, monarchique, familiale, nationale, administrative et
scientifique. Séparées en 2 groupes : dimensions fondatrices et dimensions
modernes.

Fondatrices : car historiquement elles sont les plus anciennes et apparaissent


comme les valeurs « traditionnelles » du patrimoine.

• Religieuse : aspect immatériel du patrimoine. La vénération fonde le


patrimoine.
• Monarchique : relation au pouvoir. La volonté monarchique de conservation
du patrimoine se traduit aussi dans la création de bibliothèque royales que
le pouvoir se transmettait de règne en règne.
• Familiale : héritage.

Modernes : car elles appartiennent au concept d’Etat moderne tel qu’il s’est
mis en place dans le sillage de la Révolution Française et des Lumières.

• Nationale : relation à la patrie. Avec la révolution Française, la famille est


devenue nationale.
• Administrative : gestion collective du patrimoine.
• Scientifique : valeur cognitive, recherches et techniques.

Élargissement du concept de patrimoine :


Le concept a subi une quadruple inflation qui se marque au niveau:
• Du public (multiplication des formes de tourisme) ;
• Des objets (l’architecture de valeur n’est plus seulement monumentale, mais
aussi vernaculaire, et le tissu urbain depuis G.Giovannoni se voit
patrimonialisé);
• De l’échelle géographique (actuellement, le culte du patrimoine historique
n’est plus seulement une préocuppation occidentale);
• Du cadre chronologique (l’architecture du 20e.s est ajrd gratifiée du titre de
patrimoine alors qu’il y a quelque années, elle était délaissée par les
conservateurs des monuments historiques).
Parmis les transformations récentes de la conscience occidentale historique,
celle qui domine depuis le 19e.s est le sentiment que l’histoire s’accélère.
Le régime moderne d’historicité prend forme autour de 1789 et perdure
jusqu’à la date symbolique de 1989 correspondant à la chute du mur de
Berlin.
Le concept moderne de patrimoine : héritage à conserver et à transmettre.

Accélération de la patrimonialisation : notre société a été le théâtre d’un


élargissement considérable des horizons du patrimoine à la fois
chronologiquement et typologiquement. Cette extension de la notion de
patrimoine traduit en amont une inflation des critères d’appropriation et
l’évolution de notre conscience historique.
Région Wallone : jusqu’au milieu du 20e.s, le patrimoine classé était
essentiellement un patrimoine préindustriel et même pour une large partie
médiévale. Mais, depuis les années 1990, on observe l’identification d’un
patrimoine appartenant, non plus à un passé éloigné, mais à un passé
proche sans aucun doute considéré encore comme présent par une partie
de la population.
De fait, il ne s’agirait plus de monument historique mais de monument du
présent.

Patrimoine immatériel : proposé par l’UNESCO. Traditions orales et toutes


les formes d’expression que l’on peut qualifier d’intangibles par
comparaison avec l’architecture. L’approche est donc parallèle et
complémentaire à celle de la Convention du patrimoine mondial.

Définition du patrimoine oral et immatériel par l’UNESCO : ensembles


de créations émanant d’une communauté culturelle fondées sur la tradition,
exprimés par un groupe ou par des individus et reconnues comme
répondant aux attentes de la communauté en tant qu’expressions de
l’identité culturelle et sociale de celle-ci. (Ex: carnaval de Binche est inscrit
au patrimoine culturel de l’UNESCO)
Le patrimoine dans la perspective des sciences humaines,
la notion de valeur
Valeur de document:

Archéologie : science de l’antique. Étude des sources matérielles


concrètes de l’histoire ancienne par opposition aux sources écrites dont
s’occupe la philologie. Connaissance de l’homme ancien par ses vestiges
matériels.
Si l’archéologie commence avec les premières traces laissées par l’homme
sur notre planète, elle ne se termine que lorsque notre présent, notre
quotidien devient histoire, c-à-d. hier.

Critique historique: ensemble raisonné des moyens qui permettent le plus


rigoureusement, le plus scientifiquement possible d’établir la valeur d’un
témoignage, la valeur d’une source en s’efforçant de distinguer les
témoignages vrais des témoignages faux.
Ainsi, la critique historique apparaît avant tout comme un état d’esprit, et
l’historien plus que tout autre doit faire preuve d’esprit critique.

La prise de conscience que les vestiges matériels pouvaient être une


source de documentation et de connaissance de l’histoire est la
conséquence de 3 évènements principaux :
• la découverte de Pompéi et d’Herculanum
• l’expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte
• La venue en Grande-Bretagne des frises du Parthénon ramenés par Lord
Elgin

Jean Baudrillard : objet ancien : objet qui ne répond pas aux pures
exigences de la fonctionnalité. Ils sont là uniquement pour signifier le
temps. Il entraine aussi une exigence d’authenticité.
Aloïs Riegl : notion de valeur :
Valeur historiques :
• Valeur de souvenir / la valeur initiale : parfois nommée la valeur
intentionnelle. Désir de commémoration, de souvenance semble être
un aspect fondamental de notre humanité. On agit en mémoire de.
• Valeur de document : témoignages pouvant permettre la
compréhension de l’histoire. Un document bien conservé, proche de
son état initial, aura dans cette perspective une plus grande valeur
documentaire, que s’il avait été victime des dommages du temps : sauf
si ces altérations étaient elles-mêmes signifiantes.
• Valeur d’âge : tel objet peut avoir de la valeur par simple fait qu’il est
vieux, sans nécessairement être encore considéré comme un document
historique. Ajrd, les objets tombent de plus en plus vite dans le passé.
On assiste à une accélération de l’histoire. Ce qui entraine une
augmentation croissante du nombre de documents.

Valeur actuelles : s’opposent aux valeurs historiques


• Valeur d’usage : se rapporte à l’utilisation qu’on a de l’objet. Elle naît
précisément de l’utilité de l’objet, de sa fonction. Toute l’importance de
cette valeur d’usage est particulièrement mise en relief quand l’objet ne
peut plus remplir sa fonction. En archi, la question de la valeur d’usage
requiert une approche particulière. À la différence des biens
immobiliers, l’archi ne termine pas ses jours au musée. Néanmoins, il
existe des cas particuliers. Certains musées présentent des ruines
archéologiques, qui ont été déplacées puis remontées au musée. Par
contre, l’architecture vivante ou non archéologique souvent située en
ville doit absolument être affectée à un usage utile à la ville.
• Valeur artistique : certains objets ne sont pas seulement appréciés par
la qualité de leur valeur d’usage (efficacité utilitaire). Tel vase n’est pas
seulement un simple récipient, car il a aussi une céramique peinte par
Picasso. À ce titre, il est une oeuvre d’art et peut-être même que son
propriétaire n’utilisera jamais cet objet comme récipient de peur de
l’abîmer.
• Valeur de nouveauté : valeur de contemporainéité par excellence.
S’oppose à la valeur d’âge. Tel objet possède de la valeur, parce qu’il
est nouveau, flambant neuf. Nous apprécions l’état de l’objet parce qu’il
n’a pas encore souffert des affres du temps. Ne s’inscrit pas dans la
durée.

Conclusion : Aloïs Riegl insiste sur l’aspect conflictuel que prend une
opération de restauration, car par sa nature même, la restauration vise à
établir des valeurs perdues que l’historien d’art et d’archéologue vont de
voir reconnaître, identifier et caractériser.

Walter Benjamin : valeur rituelle et valeur d’exposition :


Notion d’aura : pour Walter, la spécificité de l’œuvre d’art réside dans son
unicité, qui est fondatrice de son authenticité. L’œuvre d’art se caractérise
et se manifeste par son aura. 2 types : aura rituelle et aura esthétique.

Il serait possible de représenter l’histoire de l’art comme opposition de 2


pôles de l’œuvre d’art même, et de retracer la courbe de son évolution en
suivant les déplacements d’un pôle à l’autre. Ces 2 pôles sont sa valeur
rituelle et sa valeur d’exposition (exposabilité).
Les théoriciens de la restauration au 19e siècle

Eugène Viollet-Le-Duc (architecte, restaurateur et théoricien français):


Il a participé à la redécouverte de l’architecture du Moyen-Âge en tant
que positiviste, rationaliste et scientiste. C’est autour de sa personne que
se dvlp le mouvement néogothique français.

Restauration selon VLD : « Le mot et la chose sont modernes. Restaurer


un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir
dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé. »

Quand il pense la restauration, il la pense à partir de monument


gothiques, renaissance, etc. Sont dans un état plus ou moins en ruines.
Problématique moderne car avant on ne parle pas de restauration du
patrimoine, on intervient juste sur des bâtiments anciens. Démarche
moderne car volonté de préserver un héritage culturel.
Restaurer n’est pas l’idée de réparer.
Jusqu’au 20e.s la plupart des architectes se sont emparés de cette
définition, et donc bcp de bâtiment à cette époque ont été restauré selon
cette doctrine.

rétablir le monument sous la forme la plus accomplie, idéale = dogme de


l’unité de style
« Chaque édifice, ou partie d’édifice, doit être restauré dans le style qui
lui appartient non seulement comme apparence, mais comme structure. »
-Viollet

Vision hiérarchisée des styles. Il existe une hiérarchie des styles.

-> Il parle textuellement d’anachronisme en pierre lorsqu’il s’agirait, sur


un édifice du XIIe siècle, de reconstruire sans modèle de référence un
élément architectural, comme une corniche à chéneaux du XIIe siècle à la
place de celle sculptée au XIII e s.
En ce qui concerne la question des matériaux et de leur emploi en
restauration, EVLD prône d’abord une approche axée sur des questions
de conservation (entretien). D’autre part, il ne prend pas en compte la
valeur culturelle du matériaux.
EVLD prône le remplacement des parties abîmées par des matériaux
neufs, mais identiques aux matériaux d’origine. L’architecte français entre
en contradiction avec la réflexion de Césare Brand qui déclare qu’il faut
permettre une distinction entre les parties originales et les parties
restaurées (pensée de Brandi). Selon EVLD, les parties restaurées ne
doivent pas être identifiables.

Idées positives de EVLD :


• Avant tout travail de restauration, constater exactement l’âge et le
caractère de chaque partie, composer une sorte de procès-verbal
appuyé sur des documents certains, notes écrites/relevés graphiques.
• Usage de relevés graphiques et photographie comme preuve de travail
effectué.
• Comprendre les caractéristiques techniques de la construction de
chaque édifice.
• Le meilleur moyen pour conserver un édifice, c’est de lui trouver une
destination, satisfaire tous les besoins que demande cette destination
qu’il n’y ait pas lieu d’y faire des changements.

Idées critiquables de EVLD : Opérations arbitraires, qui entraînent le


sacrifice des éléments originaux au profit d’éléments neufs.
John Ruskin (1819-1900):
Pour ruskin, une des composantes intrinsèques de toute oeuvres d’art est
la matière qui la compose. Toute oeuvre d’art est indissociable de par sa
matière. Ruskin veut d’abord apparaitre comme l’apôtre de la bonne
conservation du patrimoine. « Prenez soin de vos monuments et vous
n’aurez nul besoin de les restaurer ».

Restauration : « Ne parlons pas de restauration, la chose elle-même n’est


en somme qu’un mensonge. Ce qu’on appelle prétendument restauration
n’est que la pire forme de destruction ».

Ruskin a une haute conscience du patrimoine impliquant un respect


attentif de son authenticité. « Nous n’avons pas le droit de toucher au
patrimoine, car il ne nous appartient pas ».

Il fait l’éloge du travail manuel de l’artisan traditionnel. Tout bon travail ne


peut être que réalisé à la main.

-> Camillo Boito viendra proposer des solutions au débat ouvert par EVLD
et Ruskin.
Camillo Boito (1836-1914):
Tente avec succès de dépasser l’opposition entre EVLD et Ruskin. Il
cherche une position plus raffinée en équilibre entre ces 2 tendances. Il ne
conserve que le meilleur de chacune.

L’essentiel de sa pensée se résume en 2 points:


- Il faut faire l’impossible, il faut faire des miracles pour conserver au
monument son aspect artistique et pittoresque ancien.
- Il faut que les restitutions, si elles sont indispensables, et les adjonctions,
si elles ne peuvent être évitées, apparaissent non pas comme des oeuvres
anciennes, mais comme des oeuvres d'aujourd'hui.

Sa réflexion résumée en 6 points:


- Toute intervention de restauration doit se faire à partir d'une
documentation rigoureuse, donc sauvegarder l'authenticité (idem que
Ruskin)
- Préconise la conservation plutôt que la restauration. Les monuments
architecturaux doivent être plutôt consolidés que réparés et plutôt réparés
que restaurés.
- Ne s'oppose pas à toute restauration comme le fait Ruskin. Il soutient
EVLD sur la priorité du présent sur le passé et affirme la légitimité de la
restauration.
- Toute restauration doit être facilement identifiable. Parti pris différent
de celui de EVLD. L'élément rapporté doit être visiblement marqué (idem
que Cesare brand)
- Les additions historiques, c.-à-d. les transformations dont le batiment a
fait l'objet au cours de son histoire, sont à conserver chaque fois que l'on
peut leur reconnaitre une valeur propre. S'oppose au concept d'unité de
style propre à EVLD.
Pour Boito, il faut respecter la stratigraphie formée par multiples
adjonctions, dont l'édifice a pu être l'objet, afin de pouvoir y lire l'histoire.
- Les parties ou les éléments éventuellement déposés doivent être placés
à côté du monument comme témoignage de l’état ancien er un panneau
d’info devra y figurer.
Restauration archéologique : pour les monuments de l’Antiquité (passé lointain),
Boito préconise une restauration archéologique qui se doit essentiellement d’être
respectueuse de l’authenticité archéologique du document historique.

Restauration architecturale : pour les monuments plus récents, c.-à-d. Classiques et


baroques, Boito prône une restauration architecturale traitant des édifices dans leur
totalité, à la fois en ce qui concerne le volume et l’ornementation.

La conservation et la restauration au début du XXe siècle

Camille Sitte (1843-1903):


Il remarque que la nouvelle civilisation qui se met en place après la
révolution industrielle n’est plus compatible avec la ville ancienne devenue
obsolète. Dénonce la laideur de la ville moderne, mais pas la civilisation
(diff avec Ruskin). Veut dégager des règles spatiales productrices de
beauté. La ville historique est périmée, néanmoins elle peut nous fournir
du plaisir, elle peut avoir deux destinations.

1. Le seul moyen de la sauvegarder, c’est de la conserver comme un


objet de musée. Mais ça ne l’intéresse pas.
2. Il cherche dans le passé un modèle pour résoudre le dvlpt de la ville
préindustrielle. (S’oppose à Ruskin) Il préconise la conservation du
tissu urbain, qu’il considère composé d’architecture urbaine. Ruskin
s’oppose à la ville moderne, il refuse la réalité et les nouveaux modes
de vie, tandis que Sitte, voit dans la ville ancienne une figure
historique qui appelle à ma réflexion.
Gustavo Giovannoni (1873-1947):
Il est le premier à parler de patrimoine urbain : la ville, le quartier, ...
doivent être considérés comme des oeuvres d'art, comme des organismes
vivants.

Il pose aussi la question de l'adaptation de la ville ancienne au monde moderne. Il cite


explicitement Le Corbusier et sa conception de la ville ancienne comme barycentre
(centre lourd) de la ville nouvelle. Faire du centre ancien de la ville, une city, relève
d'une vision monocentrique que refuse l'italien. Pour Gustavo, l’utilisation des tissus
urbains historiques est autorisée à condition qu’on y implante des activités
compatibles avec leur morphologie. Il propose une réhabilitation des centres anciens
selon l’approche du diradamento : métaphore végétale (méthode de taille,
d’éclaircissement, …) que l’on peut traduire en français par éclaircissage.

Gustavo préconise :
• L’étude précise de la ville ;
• L’inventaire des repères immuable de la ville (place, perspective,
monument). Le recensement des tous les édifices à caractères historique
et artistique qui doivent être préservés, ainsi que les oeuvres ou les
groupes d’édifices, dont il faut respecter le contexte.
• L’aération des centres anciens en les dédensifiant en procédant par
petite touche locale : on démolit ici ou là un bâtiment ou un groupe de
maisons en créant à la place une placette pourvue d’un jardin.
• Le respect des rapports d’échelle de la ville historique en cas
d’introduction de nouvelle constructions.
• La réhabilitation systématique des édifices anciens : introduire de l’air et
la lumière dans les maisons.
Restauration selon Gustavo: Supprimer les ajouts informes et superflus et
réparer les éléments endommagés ou manquants. Ce qui prévaut surtout
c’est la réhabilitation de l’architecture pour éviter son abandon, une
réhabilitation qui autorise parfois à déroger aux principes d’une
restauration scientifique.
Gustavo ne prône pas un retour à l’état initial. On démolit seulement ce
qui n’est pas essentiel et ce qui empêche que la vie moderne puisse se
dérouler selon les normes actuelles. Néanmoins, on vit dans une ville
historique avec ses avantages à respecter et ses contraintes à atténuer.
Conférence sur la conservation artistique et historique des monuments
(Athènes) = ICOM :
Conférence d’Athènes (1931), différents principes:
• Donner un cadre international à la problématique ;
• Selon un point de vue différent de EVLD, on recommande l’utilisation
de matériaux et de technique modernes ;
• Primat de la conservation sur la restauration (idem que Boito) ;
• Refuse le principe de l’unité de style de EVLD ;
• Recommande de respecter le voisinage des monuments anciens dont
l’entourage doit être l’objet de soins particuliers.
Cette conférence internationale formula différents principes en matière de
restauration, qui annoncent ceux de la Charte de Venise (1964).

Théoriciens, chartes et conventions dans la seconde moitié du 20e.s :

Cesare Brandi (1906-1988) :


Concept d’œuvre d’art : Considère une oeuvre d’art comme un produit
particulier de l’activité humaine, du fait qu’elle est le produit d’une
reconnaissance particulière survenue dans notre conscience. L’œuvre d’art
est une présence.

Flagrance : désigne la présence positive de l’objet existant. C’est le


support de l’image, la matière de l’œuvre d’art, considérée comme
structure.
Astance : présence de l’objet fondée sur la négativité des choses
existantes. C’est le contenu esthétique de l’œuvre d’art (la pure image).
-> C’est la flagrance (l’outil) que l’œuvre d’art se donne comme oeuvre
d’art (finalité) et devient astance. 2 aspects coextensifs, il se donnent
ensemble.

Concept de restauration : toute intervention destinée à remettre en


fonction un produit de l’activité humaine.
Brandi distingue les interventions sur les produits industriels de celles sur
les oeuvres d’art. La première opération a pour synonyme réparation ou
remise en état. Le problème est seulement d’ordre technique ou matériel.
La seconde se singularise par, primo, le fait que le rétablissement de leur
fonctionnalité ne représente en définitive qu’un aspect secondaire ou
concomitant, jamais premier et fondamental, par rapport à l’œuvre d’art
en tant que telle, et secundo, par la nature différente des opérations à
accomplir. Cet aspect fonctionnel ne sera jamais qu’un objectif secondaire
ou même inexistant par rapport aux valeurs esthétiques de l’objet à
restaurer.

Restauration selon Brandi : Moment méthodologique de la


reconnaissance de l’œuvre d’art dans sa réalité physique et dans sa double
polarité esthétique et historique, en vue de sa transmission au futur. Elle
n’est plus de l’artisanat. Si l’objet n’est pas reconnu comme oeuvre d’art, il
ne s’agit pas de le restaurer, mais plutôt de le réparer.

Brandi évoque la double polarité esthétique et historique : l’instance


esthétique qui correspond au fait fondamental de l’artisticité par lequel
l’œuvre d’art est oeuvre d’art, et l’instance historique qui la concerne
comme produit humain réalisé à un certain temps et en un certain lieu,
situé en ce temps et en ce lieu là.

Premier axiome : on ne restaure que la matière de l’œuvre d’art.


Deuxième axiome : rétablissement de l’unité potentielle de l’œuvre d’art.

Restauration critique : pour Brandi, la restauration est d’abord un acte


critique. La critique doit valoir pour ce qu’elle est, culture et transmission
de culture, conditions indépassables pour que l’œuvre d’art ne soit pas
perdue par le patrimoine spirituel.

Pour lui, la restauration n’est pas synonyme de réparer, et encore moins de


refaire. Ce qui conduirait à la réalisation d’un faux. La matière ne serait que
chimiquement la même. Elle serait néanmoins tout à fait différente du fait
qu’elle a été historicisée.
La question du temps : Brandi identifie en 1er lieu le temps comme
durée, lors de la manifestation de l’œuvre d’art quand elle est formulée
par l’artiste. En 2nd lieu, il met en évidence le temps comme intervalle
entre la fin du processus créateur et le moment où notre conscience
actualise elle-même l’œuvre d’art. En 3e lieu, il reconnaît l’importance du
temps comme un instant de cette fulguration de l’œuvre d’art dans la
conscience.

La question de l’objet : Brandi insiste sur la nécessité pour le restaurateur


de s’interroger sur la signification de l’objet à restaurer.

Refus du faux historique : il refuse le faux historique ou plutôt le faux


historique présenté comme une restauration, car ce type d’intervention n’a
alors à proprement dit aucun sens.
• Premier principe : l’intégration devra toujours être facilement
reconnaissable.
• Deuxième principe : relatif à la matière d’où provient l’image qui n’est
irremplaçable que lorsqu’elle contribue directement à son caractère
figuratif.

Certitude contre hypothèse : refuse toute intervention hypothétique.

Concept de trattegio (hachure) : pour Brandi comme pour la Charte de


Venise, toute intervention doit à la fois se distinguer des parties originales,
mais aussi s’intégrer à l’œuvre. Rapport visuel entre figure et fond.
Intégration-distinction : équilibre. Le restaurateur hachure la lacune grâce
à de fins traits assez serrés de différentes couleurs mais correspondantes à
la tonalité environnante de l’œuvre. Technique surtout utilisée en peinture.

Comparaison entre EVLD et Brandi :


• Pour EVLD, restaurer un édifice c’est le rétablir dans un état complet qui
peut n’avoir jamais existé. Unité de style.
• Pour Brandi, c’est justement parce qu’un édifice est marqué de
l’empreinte de plusieurs époques qu’il constitue un document traduisant
la diversité des cultures qui ont rythmés l’histoire.
Charte de Venise (1964)
Elle traduit la volonté d’actualiser les idées propres à la conservation et à
la rénovation par rapport au concept de restauration dans le style formulé
par EVLD et par rapport aux notions qui avaient été exprimées à
l’occasion de la Conférence de la Conservation artistique et Historique
des Monuments.

Article 1 : différentes catégories de patrimoine. L’accent est mis sur les


monuments isolés. Ignore le concept de paysage culturel.
Article 4 : rappelle que la priorité doit être portée sur la conservation du
patrimoine.
Article 5 : pose le problème de l’affectation du patrimoine. Un patrimoine
possédant une fonction utile à la société est un patrimoine qui a priori ne
risque pas d’être détruit.
Article 6 : défend la nécessité d’un environnement de qualité autour du
patrimoine.
Article 9 : un des plus fondamentaux : évoque les questions de
restauration. Restaurer est par essence une intervention rare, conséquence
malheureuse d’un manque d’entretien ou d’une cause accidentelle. Le but
de la restauration est de traiter le monument, dans le respect de son
authenticité, pour permettre à la société de mieux en appréhender toutes
les valeurs. La restauration est un concept incompatible avec toute forme
de faux historique.
Article 12 : déclare que les éléments destinés à remplacer les parties
manquantes doivent s’intégrer harmonieusement à l’ensemble, tout en se
distinguant des parties originales, afin que la restauration ne falsifie par le
document d’art et d’histoire.
Article 10 : techniques de la restauration, qui elles peuvent être modernes
(différence avec l’idée de EVLD).
Article 11 : contre le concept d’unité de style de EVLD.
Article 15 : souhait, en ce qui concerne les sites archéologiques, de les
reconstruire. La Charte refuse les reconstructions à l’aide de nouveaux
matériaux. Seule l’anastylose peut être envisagée.
Architecture vernaculaire « vivante » : le texte de la Charte de Venise est
avant tout le fruit d’une pensée occidentale ancrée sur l’idéal des
Lumières et structurée à partir d’une tension entre la tradition et la
modernité. La Charte peut être considérée comme un texte dogmatique,
elle traduit la conscience du patrimoine propre à une époque particulière.
Habitat vernaculaire : la nature culturelle de ce type de bien formant
paradoxalement un patrimoine in vivo autorise les reconstructions selon
les praxis (?) artisanales et ancestrales au gré des besoins de la population.
La mémoire en jeu dans le cadre de ce type d’architecture vernaculaire
vivante devrait se fonder sur ce qu’il convient de nommer l’authenticité
du savoir-faire. Cette notion recouvre des aspect tant techniques que
culturels. Elle repose aussi sur la connaissance technologique du matériau.

En conclusion, réduire la conservation et la restauration du patrimoine à la


préservation de valeurs esthétiques et historiques, est une attitude prônée
par la Charte, mais qui ne s’applique pas tjrs à l’architecture vernaculaire
vivante issue de traditions non occidentales. Ce type d’architecture
requiert une approche patrimoniale davantage fondée sur le respect de la
valeur des savoir-faire.

Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO :


2 prises de conscience distinctes :
• Les dangers menaçant les sites naturels
• La préservation des monuments historiques

C’est à la suite de la décision de construire le grand barrage d’Assouan en


Égypte qui allait inonder la vallée abritant notamment les temples d’Abou
Simbel, que l’UNESCO décida en 1959 de lancer une campagne
internationale à la suite d’un appel des Gouvernements égyptiens et
soudanais. Les temples d’Abou et Philae qui ont été démontés, déplacés
et réassemblés. Cette générosité a démontré l’importance d’un partage
de responsabilités des pays pour préserver des sites culturels
exceptionnels.
Objectifs de la convention : identification, protection et préservation du
patrimoine culturel et naturel à travers le monde considéré comme ayant
une valeur exceptionnelle pour l’humanité.
• Encourager les pays à signer la convention de 1972 et à assurer la
protection de leur patrimoine naturel et culturel ;
• Aider les États parties à sauvegarder les sites du patrimoine mondial en
leur fournissant une assistance technique et une formation
professionnelle ;
• Fournir une assistance d’urgence des populations locales à la
préservation de leur patrimoine culturel et naturel ;
• Encourager la coopération internationale dans le domaine de la
conservation du patrimoine culturel et naturel.

Fonctionnement de la convention : sont prises en 3 grandes catégories :


• Les monuments (oeuvres architecturales qui ont une valeur universelle du
point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science).
• Les ensembles (groupes de constructions qui ont une valeur uni…)
• Les sites (oeuvres de l’homme ou conjuguées de l’homme et de la nature
qui ont…)

Catégorie de biens naturels pouvant être retenus :


• Monuments naturels ;
• Formation géologiques et physiologiques ;
• Sites naturels.

Le patrimoine n’existe pas en soi ou a priori. Il est le résultat d’une


décision, c’est le fruit d’une convention.

Conscientisation mondiale : un patrimoine pour tous.


Charte européenne du patrimoine architectural, 1975 : Document
célèbre pour la notion de conservation intégrée qui fut pour la première
fois conceptualisée à cette occasion.

Conservation intégrée : traduit la volonté et la nécessité d’intégrer la


problématique de la conservation du patrimoine dans une réflexion
globale sur la ville en la confrontant aux impératifs sociaux, économiques
et culturels.

Déclaration d’Amsterdam : met l’accent sur le fait que la conservation


doit être considérée comme un objectif majeur de la planification urbaine
et de l’aménagement du territoire. Le texte déclare que la réhabilitation
des quartiers anciens doit être conçue et réalisée, autant que possible,
sans modification importante de la composition sociale des résidents et
d’une manière telle que toutes les couches de la société bénéficient
d’une opération financée sur fonds publics.
Elle reprend aussi le concept de conservation intégrée, elle recommande
que la planification urbaine et l’aménagement du territoire doivent
intégrer les exigences de la conservation du patrimoine architectural et
de ne plus la traiter de façon fractionnelle ou comme un élément
secondaire.
Enfin, elle insiste sur la promotion d’une archi contemporaine de qualité
et établissant une correspondance entre la création architecturale et la
patrimonialisation.
Le paysage culturel : interface entre l’homme et la nature

Paysage comme regard sur la nature : étendue de pays que l’œil peut
embrasser dans son ensemble. Il correspond à une identification et à une
analyse particulière d’une partie de notre environnement.

Paysage comme territoire façonné par l’homme : le paysage peut être


compris comme le pays mis en oeuvre par les paysans, ceux qui
étymologiquement sont des hommes agissant au sein d’un pays, des
populations qui le gèrent, le transforment et l’exploitent.

Paysage culturel :
3 catégories :
• Paysage clairement définis : conçus et créés intentionnellement par
l’homme (jardins (Versailles), parcs, …)
• Paysages évolutifs : sont le fruit d’exigences à l’origine sociale,
économique, administrative ou religieuse. 2 sous catégories :
Paysage reliques : paysages ayant connu un processus évolutifs qui s’est
arrêté à un certain moment dans le passé.
Paysage vivant : paysage ayant conservé un rôle social actif dans la
société contemporaine dans lequel le processus évolutif continue.
• Paysages associatifs : se traduisent par des appropriations culturelles
intangibles, immatérielles, du paysage (spirituel).

Appropriation immatérielle du paysage : valeurs spirituelles qui jouent


un rôle essentiel pour les communautés concernées.

Symbiose entre nature et culture : l’expression de sites mixtes, lieux


reconnus à la fois pour leurs qualités naturelles et culturelles. Premier site
mixte dénommé comme tel : Parc national de Tikal au Guatemala,
remarquable en tant qu’écosystème forestier tropical, mais aussi parce
qu’il abrite un site archéologique Maya parmi les + célèbres. Cette mixité
traduit d’avantage la juxtaposition des valeurs culturelles aux qualités
naturelles d’un site, relation symbiotique entre un écosystème et un
ethnosystème.
Le patrimoine n’est que rarement un consensus et il s’agit d’un concept
qui peut être éclairé à travers la notion de controverse.

Construction en 1910 d’un magasin de


style art nouveau avec ossature
métallique.
Architecte Frantz Jourdain
En 1928, nouvel édifice agrandi les
surfaces commerciales. Il est de style art
déco. Architecte Henri Sauvage.
Par le travail de restauration, les
peintures d’origine, recouvertes au fil
des ans on été retrouvées.

En 2005, la Samaritaine a fermé ses portes pour des raisons de sécurité.


SANAA a été chargé de la rénovation, avec SRA Architectes comme
archi exécutif.
Ce projet avait pour objectif de restaurer et moderniser les éléments art
nouveau et déco.
Le programme a été enrichi (espaces de la Samaritaine + bureaux, hôtel,
logements sociaux et crèche).

Redécouverte peinture murale des paons.


Restaurée en cherchant les couleurs
d’origines. Décor mural à nouveau en
cohérence avec la conception structurelle
de l’ensemble (espace).

Bureau SANAA devait également traiter l’îlot voisin. Destruction générale


de l’îlot et reconstruction d’une façade en verre englobant comme une
deuxième peau en verre ondulante (reflet des anciens bâtiments).
Nombreuses controverses entre vision créative et conservatrice.
Le patrimoine peut être l’objet de disputes et demande dès lors de faire
l’objet d’un processus de justification.
Questions d’échelles patrimoniales

Ces deux éléments sont tout autant du patrimoine l’un que l’autre.

Le patrimoine est un cadrage sur la réalité.


Perspective de Brunelleschi -> monde au point de vue de l’observateur
-> rapport patrimoniale

Place du patrimoine dans la société

!SLIDES du premier cours!


La maison des histoires Paula Rego (2009-2010), (projet de l’architecte
Eduardo Souto de Moura(1952)), située à Cascais près de Lisbonne

Dans son projet, on trouve une très


grande relation avec son contexte
géographique, il est parti du terrain
existant et des arbres existants comme
éléments fondamentaux. On y
retrouve du marbre bleu de Cascais.

Positionnement de l’architecture par rapport à son histoire est super


importante.
• L’histoire : un matériel pour le projet d’architecture?
• Contemporanéité et reprise d’ancienne typologie « identitaire » à la
région.
• Liens avec la pensée d’Aldo Rossi autour du concept d’archétype
intemporels de l’iconographie urbaine (tours, cheminées, silos, etc.).
(D’archétypes et de formes élémentaires facilement reconnaissables qui
les rendent intemporels).
• Reprise typologique des cheminées du château de Sintra (réalisation de
savoir-faire de manière + écologique, réu de matériaux locaux) et la
grande cheminée de la cuisine du monastère d’Alcobaça.
• Historicisme? Éclectisme? Régionalisme critique?
• Une modernité, non pas « historique » mais narrative (>< à l’abstraction
moderne)?

Aldo Rossi (1931-97) : concept d’archétype intemporel


Institut « Mémoires de l’édition Contemporaines » (IMEC) à St-Germain-
la-blanche-herbe (ancienne Abbaye d’Ardenne) près de Caen en
Normandie
Opus 5, architectes Bruno Decaris, Agnès Pontremoli et Pierre Tisserand

• Concept d’attitude différenciées ->


restauration <-> création -> reconversion
• Interventions non dogmatiques, mais
contextualisées (projet inscrit dans son
contexte, forme inspirée de la
Normandie)
• Différenciation des différentes opérations
(conservation curative, restauration,
reconversion, création) suivant les
questions/enjeux soulevés au sein d’un
même bâtiment par le programme.
• Nouveau bâtiment attestant d’une
volumétrie très contextualise au site
(couleurs, référé,ce à la typologie de la
Abbaye Notre-Dame d’Ardenne fondée
au 12e.s.
voute,etc.)

Site a subi un bombardement.


Église = salle de lecture
Ornementation de l’église ordonne le
rangement de la bibliothèque.

Nouvel édifice, pavillon


des archives.
Le « Wrightwood 659 » (situé au 659 W.Wrightwood Avenue, dans le quartier de
Lincoln Park), Chicago, centre d’art
Architecte Tadao Ando (2013-2018)

Ando adore travailler avec le béton, il est particulièrement très lisse (on croirait toucher
du marbre). Il aime le béton car il est fait à la main.
Lieu dédié à la présentation d’expo d’archi et
socialement engagé. Il a transformé un bâtiment
des années 1920 en y amenant ses formes en béton
caractéristiques et son traitement poétique de la
lumière naturelle.
C’est une initiative privée, non commerciale, conçue
comme partie intégrante du tissu culturel de
Chicago.

Il a fait le choix de conserver la façade mais fait un curetage pour préserver l’image
dans la mémoire collective du quartier, caractère historique marqué, favorisation du
musée dans son contexte. MAIS immeuble à la base d’appartements donc pour le
nouveau programme, structure intérieure démolie. Ensuite, construction d’un volume
en béton armé qui relie les 3 niv et devient une zone de circulation. Donc, intérieur
évidé et nouvelle structure en acier et béton à l’intérieur de la coquille historique.
Nouveau -> atrium ( de transit), grand escalier, nouveaux système de contrôle
climatique (conservation oeuvres) et toit terrasse avec vue panoramique.

Façadisme? Qu’est ce qu’on garde, pourquoi, comment


l’exploiter…
Pour la façade, les briques ont été retirées du
bâtiment et d’autres structures démolie dans la région
puis recomposées. Il artisane les façades avec les
briques en fonction de leur couleur, leur forme, etc. Il
recompose un mur pour raconter une histoire.

Devient l’archétype d’une façade de Chicago.

Ce programme contemporain prend appuis


sur l’ancien mais est en retrait de la façade ce
qui permet des points de vues sur l’histoire.
-> classification de l’ancien
Peter Zumthor, Allamannajuvet, Norvège, mines de zinc exploitées au
début du 20e.s, intervention (2002-2016) sur le paysage industriel
Allmannajuvet est un ravin ou canyon
situé le long de la rivière Storelva. Le
ravin est situé dans une zone rurale et
boisée le long d’une route
départementale.

Situé sur un ancien site d’une grande mine de zinc qui a fermé en 1899, il représentait
une part importante des exportations de zinc de la Norvège.
Ces travaux témoignent de la
prise en compte d’une relation
au contexte.
Le bâtiment est en retrait au
service du paysage. Intérieur
guidé par la lumière comme dans
les mines.
« Construire c’est et cela a
toujours été en ce sens re-
construire »

Zumthor est depuis tjrs très sensible à la question historique.


Nos souvenirs individuels + mémoire collective = la question du temps comme
matière pour le projet
Ce qui motive l’architecte pour concevoir ses projets est de faire resurgir les
traces du passé, de sauver quelque chose d’une histoire oubliée en s’appuyant
sur les fragments physiques que celle-ci a pu déposer dans le paysage. Donc,
il s’agit d’ancrer son architecture non seulement dans le lieu, mais dans la
mémoire du lieu.
Il s’agit donc de produire une architecture doublement située à la fois
géographiquement/topographiquement et historiquement/
chronologiquement
Le lien entre les deux objectifs de situation est « le lieu comme enracinement
d’une histoire ». Zumthor développe une pratique de l’architecture-
palimpseste.
Donc proposer une architecture émotionnelle et sensible par le travail sur les
lieux et les temps.
-> Positionnement du projet qui est une critique du modernisme surplombant et
dominateur (archi déconnectée du contexte) et de l’acte architectural comme
spéculation immobilière financière.
Monument et monument historique

En 1806, le Dictionnaire des Beaux-Arts rédigé


par Aubin- Louis Millin considère le monument
comme un ouvrage de l'art érigé dans une place
publique, pour conserver et transmettre à la
postérité la mémoire des personnages illustres ou
des événements remarquables

La première mention de cette expression date de 1790 en France sous la plume


d’Aubin-Louis Millin, mais son usage s’est essentiellement répandu à partir de 1830
Monument vient du mot monere qui signifie se souvenir, se remémorer. De ce point de vue le
monument est une construction pour remémorer, mémoriser quelque chose.
Choay distingue le concept de monument et monument historique, pour lui le monument est
un « universel culturel ».

La conception d’un monument est tjrs intentionnelle. Le projet concrétise l’intention


mémorielle, une construction qui, dé le depart, est une construction monumentale.
Le concept de monument historique, l’intention de départ n’est pas de devenir un moment
historique, la reconnaissance est à posteriori de l’intention de base.

Litiges? On construit de - en - de moment mais on assigne de + en + le titre de


monument historique
Toute trace devient un monument historique?
Attention à avoir du côté économique classé = mise en œuvre de rénovation,
entretien + important

Financement d’objet peut être pas nécessairement historique au détriment de


financement de certains projets

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