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MATIERE M 4.4.

2 PROTECTION DU PATRIMOINE BATI

D’après le cours de Mr FAKHER KHARRAT

NIVEAU : 4ème ANNEE

ENSEIGNANTE : IMEN BEN SAID TOUMI

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2021-2022

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Résumé

Le patrimoine bâti constitue une richesse culturelle dont la sauvegarde et la


protection s’imposent à toute société. Il participe de sa mémoire, de son identité, de son
histoire. Le cours argumentera cette nécessité et exposera les moyens techniques d’y
parvenir.

Contenu

• Le patrimoine bâti : introduction et définition.


• Les moyens de protection : cadre réglementaire et initiatives.
• Les techniques de préservation : la réhabilitation et la mise en valeur.

Objectifs

• Sensibiliser l’étudiant à la nécessité de protéger le patrimoine bâti.


• L’initier aux techniques et réglementations relatives à la protection du patrimoine.

Description

• Sensibilisation à l’histoire des écoles de pensées dans la protection du patrimoine


et le regard de l’homme sur les œuvres du passé.
• Familiarisation avec les chartes et conventions internationales, les lois nationales
de protection du patrimoine.
• Familiarisation avec les outils de protection et types d’intervention sur le
patrimoine.

Objectifs généraux

• Découvrir les différentes écoles de pensées de protection du patrimoine à travers


l’histoire la législation et les institutions.
• Se familiariser avec les outils de protection et les types d’intervention sur le
patrimoine.

Objectifs spécifiques

• Définir le patrimoine, le monument la protection et la conservation.


• Enumérer les différentes écoles de restauration des monuments dans un ordre
historique.
• Identifier les protections législatives du patrimoine et les rattacher aux institutions
concernées.
• Se familiariser avec les types d’intervention sur le patrimoine (restauration,
réhabilitation reconversion) en les discutant selon les écoles de pensées.
• Préparer des dossiers préliminaires de protection ou d’intervention sur le
patrimoine.

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Protection du patrimoine bâti
Plan du cours

1ere PARTIE : Introduction et historique

A/ Introduction :
1. Rappel historique.
2. Définitions : Patrimoine, Patrimoine historique,
Monuments, Monuments historiques

B/ Historique de la conservation des monuments historiques :


1. Période empirique
2. Doctrines du 19ème siècle
a. Conservation des monuments historiques en France 1830-1860 (Viollet le duc)
b. J. Ruskin et le mouvement anglais d’anti-restauration
c. Camillo Boito et la restauration moderne en Italie

2ème PARTIE : Institutions et législations

A/ Echelle Internationale :
1. Les chartes et conventions internationales :
a. charte d’Athènes 1931
b. charte de Venise 1964
c. convention patrimoine mondial 1972
2. Les institutions internationales : (UNESCO- ICCROM- ICOMOS- ICOM…)

B/ Echelle Nationale :
1. Historique de la législation concernant le patrimoine en Tunisie.
2. Le code du patrimoine 1994
3. Les institutions nationales : (INP-ANEP-ASM…)

3ème PARTIE : Moyens de protection et types d’intervention

A/ Moyens de protection :
1. Inventaire (recensement)
2. Classement
3. Plan de protection et de mise en valeur PPMV
4. Plan de sauvegarde et de mise en valeur PSMV

B/ Typologie d’intervention sur les monuments :


1. Restauration
2. Réhabilitation
3. Reconversion
4. réaffectation
5. Rénovation
6. Mise en valeur
7. Réhabilitation urbaine
8. Méthodologie d’intervention : Méthodologie d’approche pour l’étude et la restauration
d’un monument

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1ERE PARTIE : INTRODUCTION ET HISTORIQUE

A/ Introduction :
1. REPERES HISTORIQUES
- Préhistoire : Paléolithique/ Néolithique/ Civilisation Capsienne
- Héritage Berbère
- Héritage phénicien :
* 1100 av.J. : Fondation d’Utique
* 814 av.J. : Fondation de Carthage par Elissa(DIDON).
* 400 av.J. : Début des guerres puniques.
* 146 av.J. : Destruction de Carthage
- Héritage romain : 146 av.J-429 ap.J
- 429-439 ap.J. : Occupation de la Tunisie par les vandales
- 533 ap.J. : Ifriquiya byzantine (révolution des berbères)
- 670 ap.J : Conquête islamique
* 670 Ap.J. : Fondation du Kairouan par Oqba Ibn Nafaa
Jusqu’au VIIIe S. : résistance berbère
* 698 Ap.J. : Destruction de Carthage
* (800-910) Les Aghlabides :
Développement des villes arabes en Ifriquiya et de la vie économique
(Sousse – Monastir)
✓ 830 : Fondation de la Zitouna
✓ 836 : Reconstruction de la grande Mosquée de Kairouan
✓ 849 – 859 : Fondation de Sfax
* 910 – 973 : Les Fatimides (Chiites)
✓ 916- 921 Ap.J. : Fondation de Mahdia : Capitale des Fatimides
✓ 970 : Fondation du Caire.
* 1050-1052 : Invasion Hilalienne
* 973-1228 Les Zirides :
✓ Deuxième moitié du XIIè S : protectorat normand sur quelques villes du littoral
(Sfax de 1130 – 1160).
✓ 1159 : Tunis conquise par les Almohades (dynastie berbère marocaine)
* 1228-1573 les Hafsides :
✓ 1227 : Abu Zakariya Yahya Ibn Abdelwahed Ibn Abi Hafs proclame
l’indépendance du royaume d’Ifriqya.
✓ 1228-1236 Ap.J. Indépendance des Hafsides en Afrique avec Tunis comme
capitale.
✓ 1573 Ap.J. : Occupation de l’état Hafside, réinstallation du pouvoir ottoman
* 1573-1650 : Les Turques (ottomans)
✓ 1609-1630 : Arrivée des andalous renvoyés d’Espagne
* 1650-1705 : Les Mouradites
✓ 1650 : Victoire des beys Mouradites sur les deys (guerre civile Turco-algérienne)
*1705-1956 : Les Husseinites
✓ 1705 : Les Husseinites dynastie locale Turque
✓ 1881 : Occupation française
* 1956 : Indépendance de la Tunisie
✓ 25 juillet 1957 : Proclamation de la république
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2. DEFINITIONS :

Le patrimoine : « Bien d’héritage qui descend suivant les lois des pères et des mères aux
enfants. » Dictionnaire de la langue française E. Littré

Patrimoine génétique / naturel / historique.

Définitions selon le texte de référence : L’allégorie du patrimoine de Françoise Choay


(historienne des théories et des formes urbaines et architecturales) :
• Le patrimoine :
«Une accumulation continue d'une diversité d'objets, issus des travaux de tous
les savoir-faire humains (…) renvoyant à une institution et une nationalité».

• Le patrimoine historique :
Un fond destiné à la jouissance d’une communauté élargie aux dimensions
planétaires et constitué d’objets que rassemble leur commune appartenance au
passé : œuvres et chefs d’œuvres des beaux arts et des arts appliqués, travaux et
produits de tous le savoir et savoir faire des humains.

• Le patrimoine bâti :
→ Le cadre de vie de tous et de chacun.
Jusqu'au XIXe siècle, le patrimoine bâti et les monuments historiques avaient le
même sens. Cependant, aujourd'hui, le cadre du patrimoine bâti s'est élargi et l'on distingue
monuments, monuments historiques, et ensembles urbains comme des composantes
différenciées du patrimoine.

I – Monument : Monumentum => Monere : Latin avertir – interpeller, rappeler à la


mémoire vivante.

Il s'agit d'un bâtiment qu'une communauté érige volontairement dans le but de se


souvenir, et de marquer la mémoire des générations futures.

→ N’importe quelle taille => lié à l’identité du groupe.

II – Monument historique :
Naissance => Italie del Quattrocento (15es.)
Au 18e s. => Monument : grandeur, colossal, tour de force, richesse, savoir-faire => le
rôle mémorial s’efface.
Le monument historique n’est pas un universel historique => invention occidentale
Devient monument un objet qui n’est pas édifié comme mémorial.
Tout objet du passé peut être converti en témoignage historique sans avoir eu pour
autant, à l’origine une destination mémoriale.
(Le groupe entretien le monument => le transforme dans la mesure où il en a
besoin).
Un lieu devient monument historique lorsqu'il est considéré comme témoin matériel
d'un événement ou d'une culture passée.

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III – Ensemble urbain : Incluant les îlots, les quartiers urbains, les villages, les villes
avec toutes les formes de l’art de bâtir y compris l’architecture vernaculaire, l’architecture
industrielle…
B/ Historique de la conservation des monuments historiques :

1. Période empirique :

a) Au Japon

Tous les 20 ans, un nouveau sanctuaire est érigé avec les mêmes matériaux, les
mêmes techniques et les mêmes décors dans un site contigu réservé pour la
reconstruction, et l’emplacement est alterné tous les 20 ans.
Ce qui est plus important n'est pas forcément la conservation du temple en lui-même
mais plutôt la transmission de la technique, du savoir-faire et de la mise en œuvre.

b) Aux Etats-Unis

« Les Etats unis étaient les premiers à protéger leur patrimoine naturel mais ne
s’intéressaient guère à la conservation d’un patrimoine bâti dont la protection est
récente et a commencé par concerner les demeures individuelles des grandes
personnalités nationales », comme le Monticello de Thomas Jefferson.
→ Le fait de limiter la liberté des transformations sur le patrimoine historique privé est
considéré comme une atteinte à la liberté des individus contrairement aux différentes
chartes où le droit de la collectivité prime sur la propriété privée pour protéger le
patrimoine.

c) Dans le monde arabe

L’œuvre du passé est considérée comme une œuvre ouverte.


Elle peut être modifiée (décoration), restaurée, éliminée pour en construire une autre.
Pour les monuments non islamiques, les musulmans n’ont pas de problèmes de les
utiliser après avoir effacé les symboles du christianisme, ou encore en puisant dans les
ruines anciennes mêmes païennes tout ce qui peut servir (colonnes, chapiteaux,
pierres…).
L’œuvre du passé peut être utilisée, selon les besoins, sous 3 formes :
• Réutilisation des matériaux de récupération dans les constructions nouvelles.
• Réutilisation de l’espace et réadaptation.
• Réutilisation de l’image comme référence.

d) Période antiquisante

Ambivalence (protection et destruction)


Naissance : quattrocento en Italie –renaissance- (les monuments laissés par la culture
gréco-romaine, prédominance de la valeur historique jusqu’au 19ème s.).
Ces œuvres sont utilisées comme image puisqu’on employait les mêmes principes
architecturaux, comme carrière de matériaux de récupération ou même on les détruit
pour libérer le foncier pour construire de nouveaux bâtiments.

e) Période des antiquaires => conservation sur le papier

Les antiquaires sont les religieux et les savants qui se sont intéressés à l’étude des
antiquités par intérêt pour l’art et l’histoire.
Notion d’antiquité → Valeur d’ancienneté
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Période des antiquaires => conservation sur le papier,
2ème moitié du 18ème-1ère décennie 19e s.
Intérêt pour l’histoire (savoir) / intérêt pour l’art (plaisir).
Naissance de corpus artistiques …
Les monuments sont pris comme modèle, dès que l’image est retenue le monument
peut être détruit.
Les monuments servent de :
• Matériaux (carrière de pierres)
• Espace
• Image

f) Conservation des monuments historiques 1830 → 1960


Généralisation d’une conservation effective et pas seulement sur le papier.

2. Doctrines du 19è S

Deux doctrines s’affrontent :

• Interventionniste, (France et pays européens)


• Anti-interventionniste, (l'Angleterre)

« Restaurer un édifice, Ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir


dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné » Viollet le duc

« Il nous est interdit de toucher aux monuments du passé nous n'en avons pas le
moindre droit. Ils ne nous appartiennent pas au vrai sens du terme, la restauration signifie :
la destruction la plus totale qu'un bâtiment puisse subir, Restaurer est impossible. Autant
que redonner la vie à un mort. » John Ruskin

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a- Conservation des monuments historiques en France 1830-1860 (Viollet le duc)

Définition de la restauration selon Viollet-Le-Duc : « Restaurer un édifice ce n’est pas


l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir
jamais existé à un moment donné ».

➢ Les principes de restauration de Viollet le duc sont :


• Avoir les connaissances suffisantes sur le monument à restaurer.
• Compléter les monuments comme ce qu’aurait fait l’architecte.
• La correction des erreurs des constructions primitives: Corriger le travail de
l‘architecte dit « primitif ».
• Conservation de l’apparence du monument et de l’effet qu’il produit.
• Rétablissement de monument comme il est supposée l’être (restitution et
reconstruction)
• Restauration stylistiques :
✓ Retrouver l’état originel ou supposé être
✓ Unité de style architectural et architectonique
✓ Chercher l’homogénéité du style (refus de prendre en compte l’évolution
architecturale dans le temps)

➢ Exemple de restauration de Viollet-Le-Duc


• La restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, 1857

Notre-Dame de Paris Notre Dame de Paris


en 1699 en 1840

Cathédrale Notre-Dame de Paris, élévation de la façade ouest : projet de Notre Dame de Paris 8
restauration Lassus et Viollet-le-Duc pour le concours de 1843 en 2014
➢ Parmi les publications de Viollet Le Duc
e e
• Dictionnaire raisonné de l'architecture française du xi au xvi siècle, 10 vol., Paris,
Bance et Morel, 1854 à 1868.
• Entretiens sur l'architecture, 2 vol., Paris, 1858-1872.
• Description du château de Pierrefonds, Paris, 1857.
• La Cité de Carcassonne, Paris, 1888.

b- John Ruskin et le mouvement anglais d’anti-restauration

« Entretenir les monuments et les laisser mourir quand leur heure arrive ».
« Les monuments ne nous appartiennent pas et appartiennent à ceux qui les ont construits
et aux générations futures ».
« Ils nous est interdit de toucher aux monuments ».
« Ils ne nous appartiennent pas au vrai sens du terme, la restauration signifie la destruction
la plus totale qu’un bâtiment puisse subir, restaurer est impossible autant que redonner la
vie à un mort ».
« La mort d’un monument est le triomphe de la nature sur l’homme ».
Réparer – Entretenir → Laisser mourir
→ Ces concepts sont décrits dans son œuvre : les Sept Lampes de l'Architecture en 1849.

c- Camillo Boito et la restauration moderne en Italie

Les expériences de restauration de monuments effectués en Europe au cours du


XIXème siècle sont traduites par un pluralisme d’expressions et des succès différents.

En réaction à ce courant stylistique et pour condamner et limiter les erreurs parfois


commises, surtout en France au nom du style, des tendances anti-restauration sont
apparues, principalement dans les milieux littéraires anglais.

E .Viollet le duc et J. Ruskin, sont les portes paroles et les représentants de ces deux
positions extrêmes et antithétiques. Le premier voulait recomposer pour des raisons
principalement fonctionnelles, l’intégrité de la matière et de l’image (une intégrité physique
et figurative), tandis que le second préconisait le respect esthétisant de l’objet architectural
dans la mesure où il était considéré à juste titre comme l’unique document historique
authentique de lui-même.

Les deux positions radicalisèrent le débat sur la restauration en privilégiant chacune


un aspect et sans s’ouvrir à une conscience et à une connaissance historique plus
moderne.

Cette ouverture ce fut Camillo Boito (1836-1914), ingénieur, architecte, écrivain et


historien d’art italien, qui la recherchera vers la fin du siècle(1883), sans renier les positions
radicales et en se basant sur les expériences de restaurations architecturales effectuées au
cours des siècles et documentées par l’histoire de l’architecture, il propose en huit points
les normes à observer dans les interventions de restauration, là où elles s’avèrent
nécessaires et urgentes. Dans leur ensemble, les principes peuvent être considérés comme
la première charte de la restauration (charte morale), et ont pour but d’éviter d’induire en
erreur les générations présentes et à venir et conserver au monument son aspect ancien.
Boito laisse ainsi une grande place au doute du praticien, insiste sur l'humilité nécessaire
du restaurateur, mais aussi sur l'utilité de certaines interventions.

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Les huit points contenaient les principes suivants (l’ordre du jour lors du congrès
italien des ingénieurs et architectes en 1883) :

1- Différence de style entre le nouveau et l’ancien.


2- Différence des matériaux de construction.
3- Suppression de profils et d’ornements.
4- Exposition des anciens morceaux enlevés dans les parages du monument.
5- Inscription sur chaque pièce rénovée de la date de la restauration et d’un signe
conventionnel.
6- Epigraphe descriptive gravée sur le monument.
7- Description et des vues photographiques des différentes phases du travail,
consignées à l’intérieur du bâtiment ou dans un lieu proche de celui-ci ou bien
publication de cette description.
8- Notoriété.

→ Boito influencera, en 1931, les rédacteurs de la charte d’Athènes à partir de ses


huit points discutés lors du congrès italien de 1883 et à partir de son livre édité en 1893,
Conserver ou Restaurer : Les Dilemmes du patrimoine, où Boito oppose deux personnages
représentant Viollet Le Duc et John Ruskin en les faisant dialoguer pour atteindre une
synthèse et une sorte de réconciliation entre ces points de vue.

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2EME PARTIE : INSTITUTIONS ET LEGISLATIONS

A/ Echelle Internationale :
1. LES CHARTES ET CONVENTIONS INTERNATIONALES
a. La charte d’Athènes pour la Restauration des Monuments Historiques
Adoptée lors du premier congrès international des architectes et
techniciens des monuments historiques, Athènes 1931

La charte d’Athènes (1931) est un document officiel, voté au sein d’une assemblée
internationale d’experts de nombreux pays réunis pour étudier et coordonner des différentes
façons de veiller à la protection et la conservation des monuments d’art et d’histoire. C’est
la Conférence organisée à Athènes et ouverte le 20 octobre 1931 qui offrit l’occasion de
cette réunion. A la fin de la conférence, les représentants des états qui participaient aux
travaux inscrits à l’ordre du jour en approuvèrent les conclusions.

La conservation des monuments d’art et d’histoire ordre du jour de la conférence d’Athènes.

Conclusion de la conférence :

A) Conclusions générales :

I – Doctrines, principes généraux


a) La conférence recommande d’abandonner les restitutions intégrales
b) Instituer un entretien régulier
c) Maintenir l’occupation des monuments.

II – Administration et législation des monuments historiques :


a) Droit de la collectivité vis à vis de la propriété privée approprié aux circonstances
locales.
b) L’autorité publique doit prendre en cas d’urgence des mesures conservatoires.

III – La mise en valeur des monuments :


a) Respecter l’entourage des monuments et les perspectives pittoresques.
b) Mise en valeur par la végétation.
c) Suppression de la publicité et poteaux télégraphiques.

IV – Les matériaux de restauration :


a) Usage de matériaux modernes comme le ciment en le dissimulant.

V – Les dégradations des monuments :


a) Collaboration entre architectes et représentants des sciences physiques et
chimiques
b) Ne pas enlever les sculptures de leur cadre d’origine et l’exécution de moulages
lorsque les modèles originaux risquent de disparaître.

VI – La technique de la conservation :
a) Ruine : anastylose : remise en place d’éléments originaux retrouvés, les
matériaux nouveaux doivent être reconnaissables. Collaboration étroite de
l’archéologue et de l’architecte.
b) Monument : analyse scrupuleuses de ses maladies avant toute restauration.

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VII- La conservation des monuments et la collaboration internationale :
a) Coopération technique et morale (entre la communauté des états).
b) Le rôle de l’éducation dans le respect des monuments (habituer l’enfance et la
jeunesse à respecter les monuments).
c) L’utilité d’une documentation internationale
✓ Chaque état publie un inventaire
✓ Chaque état constitue des archives
✓ Publier les méthodes générales de conservation des M.H.
d) Compte rendu sur l’anastylose des monuments de l’Acropole

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BIBLIOGRAPHIE

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n° 748/749/1222/1223/1270/1271/1272/1370/1371/1372/1444 ; éd. HACHETTE &
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Claude et Jean PERON : Maisons tunisiennes habitat rural ; éd. UNESCO, non daté.
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1954 n° 90

13
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J. M. DELBECQ & GIAN ANTONIO SACHI : Restauration des ouvrages et des structures ;
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L’HRMATAN Coll. Histoire et perspectives méditerranéenne Paris 1989.
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Fakher KHARRAT & Lotfi BOUZOUITA : Restauration et reconversion du palais du baron
d’Erlanger ; in revue Architecture méditerranéenne Spécial Tunisie 1998.
G. CARBONARA : La réintégration de l’image ; C.A.S – Rome 88/89.

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ANNEXES

1- Charte d’Athènes

15
La Charte d'Athènes
pour la Restauration des Monuments Historiques
Adoptée lors du premier congrès international
des architectes et techniciens des monuments historiques, Athènes 1931

Sept résolutions importantes furent présentées au congrès d'Athènes et appelées "Carta del Restauro":
1. Des organisations internationales prodiguant des conseils et agissant à un niveau opérationnel dans
le domaine de la restauration des monuments historiques doivent être créées.

2. Les projets de restauration doivent être soumis à une critique éclairée pour éviter les erreurs
entrainant la perte du caractère et des valeurs historiques des monuments.

3. Dans chaque État, les problèmes relatifs à la conservation des sites historiques doivent être résolus
par une législation nationale.

4. Les sites archéologiques excavés ne faisant pas l'objet d'une restauration immédiate devraient être
enfouis de nouveau pour assurer leur protection.

5. Les techniques et matériaux modernes peuvent être utilisés pour les travaux de restauration.

6. Les sites historiques doivent être protégés par un système de gardiennage strict.

7. La protection du voisinage des sites historiques devrait faire l'objet d'une attention particulière.

Conclusions de la Conférence d'Athènes, 21-30 Octobre 1931


Conclusions générales
I. - Doctrines. Principes généraux
La Conférence a entendu l'exposé des principes généraux et des doctrines concernant la protection des
Monuments.
Quelle que soit la diversité des cas d'espèces dont chacun peut comporter une solution, elle a constaté que
dans les divers États représentés prédomine une tendance générale à abandonner les restitutions intégrales
et à en éviter les risques par l'institution d'un entretien régulier et permanent propre à assurer la conservation
des édifices.

Au cas où une restauration apparaît indispensable par suite de dégradations ou de destruction, elle
recommande de respecter l'oeuvre historique et artistique du passé, sans proscrire le style d'aucune époque.

La Conférence recommande de maintenir l'occupation des monuments qui assure la continuité de leur vie en
les consacrant toutefois à des affectations qui respectent leur caractère historique ou artistique.
II. - Administration et législation des monuments historiques
La Conférence a entendu l'exposé des législations dont le but est de protéger les monuments d'intérêt
historique, artistique ou scientifique appartenant aux différentes nations.
Elle en a unanimement approuvé la tendance générale qui consacre en cette matière un certain droit de la
collectivité vis-à-vis de la propriété privée.

Elle a constaté que les différences entre ces législations provenaient des difficultés de concilier le droit public
et les droits des particuliers.

En conséquence, tout en approuvant la tendance générale de ces législations, elle estime qu'elles doivent être
appropriées aux circonstances locales et à l'état de l'opinion publique, de façon à rencontrer le moins
d'opposition possible, en tenant compte aux propriétaires des sacrifices qu'ils sont appelés à subir dans
l'intérêt général.

Elle émet le voeu que dans chaque État l'autorité publique soit investie du pouvoir de prendre, en cas
d'urgence, des mesures conservatoires.

Elle souhaite vivement que l'Office international des Musées publie un recueil et un tableau comparé des
législations en vigueur dans les différents États et les tienne à jour.

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III. - La mise en valeur des monuments
La Conférence recommande de respecter, dans la construction des édifices le caractère et la physionomie
des villes, surtout dans le voisinage des monuments anciens dont l'entourage doit être l'objet de soins
particuliers. Même certains ensembles, certaines perspectives particulièrement pittoresques, doivent être
préservés. Il y a lieu aussi d'étudier les plantations et ornementations végétales convenant à certains
monuments ou ensembles de monuments pour leur conserver leur caractère ancien.
Elle recommande surtout la suppression de toute publicité, de toute présence abusive de poteaux ou fils
télégraphiques, de toute industrie bruyante, même des hautes cheminées, dans le voisinage des monuments
d'art ou d'histoire.
IV. - Les matériaux de restauration
Les experts ont entendu diverses communications relatives à l'emploi des matériaux modernes pour la
consolidation des édifices anciens.
Ils approuvent l'emploi judicieux de toutes les ressources de la technique moderne et plus spécialement du
ciment armé.

Ils spécifient que ces moyens confortatifs doivent être dissimulés sauf impossibilité, afin de ne pas altérer
l'aspect et le caractère de l'édifice à restaurer.

Ils les recommandent plus spécialement dans les cas où ils permettent d'éviter les risques de dépose et de
repose des éléments à conserver.
V. - Les dégradations des monuments
La Conférence constate que, dans les conditions de la vie moderne, les monuments du monde entier se
trouvent de plus en plus menacés par les agents atmosphériques.
En dehors des précautions habituelles et des solutions heureuses obtenues dans la conservation de la
statuaire monumentale par les méthodes courantes, on ne saurait, étant donné la complexité des cas, dans
l'état actuel des connaissances, formuler des règles générales.

La Conférence recommande :

1. La collaboration dans chaque pays des conservateurs de monuments et des architectes avec les
représentants des sciences physiques, chimiques et naturelles, pour parvenir à des méthodes
applicables aux cas différents.

2. Elle recommande à l'Office international des Musées de se tenir au courant des travaux entrepris
dans chaque pays sur ces matières et leur faire une place dans ses publications.

La Conférence, en ce qui concerne la conservation de la sculpture monumentale, considère que l'enlèvement


des oeuvres du cadre pour lequel elles avaient été créées est "un principe" regrettable.

Elle recommande, à titre de précaution, la conservation, lorsqu'ils existent encore, des modèles originaux et à
défaut, l'exécution de moulages.
VI. - La technique de la conservation
La Conférence constate avec satisfaction que les principes et les techniques exposés dans les diverses
communications de détail s'inspirent d'une commune tendance, à savoir:
Lorsqu'il s'agit de ruines, une conservation scrupuleuse s'impose, avec remise en place des éléments
originaux retrouvés (anastylose) chaque fois que le cas le permet; les matériaux nouveaux nécessaires à cet
effet devraient être toujours reconnaissables. Quand la conservation des ruines mises au jour au cours d'une
fouille sera reconnue impossible, il est conseillé de les ensevelir à nouveau, après bien entendu avoir pris des
relevés précis.

Il va sans dire que la technique et la conservation d'une fouille imposent la collaboration étroite de
l'archéologue et de l'architecte.

Quant aux autres monuments, les experts ont été unanimement d'accord pour conseiller, avant toute
consolidation ou restauration partielle, l'analyse scrupuleuse des maladies de ces monuments. Ils ont reconnu
en fait que chaque cas constituait un cas d'espèce.

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VII. La conservation des monuments et la collaboration internationale
a) Coopération technique et morale
La Conférence convaincue que la conservation du patrimoine artistique et archéologique de l'humanité
intéresse la communauté des États, gardien de la civilisation:
Souhaite que les États, agissant dans l'esprit du Pacte de la Société des Nations, se prêtent une collaboration
toujours plus étendue et plus concrète en vue de favoriser la conservation des monuments d'art et d'histoire;

Estime hautement désirable que les institutions et groupements qualifiés puissent, sans porter aucunement
atteinte au droit public international, manifester leur intérêt pour la sauvegarde de chefs-d'oeuvre dans
lesquels la civilisation s'est exprimée au plus haut degré et qui paraîtraient menacés;

Émet le voeu que les requêtes à cet effet, soumises à l'organisation de Coopération intellectuelle de la Société
des Nations, puissent être recommandées à la bienveillante attention des États.

Il appartiendrait à la Commission internationale de Coopération intellectuelle, après enquête de l'Office


international des Musées et après avoir recueilli toute information utile, notamment auprès de la Commission
nationale de Coopération intellectuelle intéressée, de se prononcer sur l'opportunité des démarches à
entreprendre et sur la procédure à suivre dans chaque cas particulier.

Les membres de la Conférence, après avoir visité, au cours de leurs travaux et de la croisière d'études qu'ils
ont pu faire à cette occasion, plusieurs parmi les principaux champs de fouilles et les monuments antiques de
la Grèce, ont été unanimes à rendre hommage au gouvernement Hellénique qui, depuis de longues années,
en même temps qu'il assurait lui-même des travaux considérables, a accepté la collaboration des
archéologues et des spécialistes de tous les pays.

Ils y ont vu un exemple qui ne peut que contribuer à la réalisation des buts de coopération intellectuelle dont la
nécessité leur était apparue au cours de leurs travaux.
b) Le rôle de l'éducation dans le respect des monuments
La Conférence, profondément convaincue que la meilleure garantie de conservation des monuments et
oeuvres d'art leur vient du respect et de l'attachement des peuples eux-mêmes.
Considérant que ces sentiments peuvent être grandement favorisés par une action appropriée des pouvoirs
publics.

Émet le voeu que les éducateurs habituent l'enfance et la jeunesse à s'abstenir de dégrader les monuments
quels qu'ils soient, et leur apprennent à se mieux intéresser, d'une manière générale, à la protection des
témoignages de toute civilisation.
c) Utilité d'une documentation internationale
La Conférence émet le voeu que:
1. Chaque État, ou les institutions créées ou reconnues compétentes à cet effet, publient un inventaire
des monuments historiques nationaux, accompagné de photographies et de notices;

2. Chaque État constitue des archives où seront réunis tous les documents concernant ses monuments
historiques;

3. Chaque État dépose à l'Office international des Musées ses publications;

4. L'Office consacre dans ses publications des articles relatifs aux procédés et aux méthodes générales
de conservation des monuments historiques;

5. L'Office étudie la meilleure utilisation des renseignements ainsi centralisés.

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