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Cours de Base :

«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».


Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences, classe A,
Chercheur à l’EPAU d’Alger.

• Séance N° 1

La genèse et les fondements théoriques


de la notion du patrimoine architectural.
(Texte dans sa version provisoire).

• Contenu du Cours :
1. Introduction.
2. De la restauration des monuments à la question des centres
historiques.
A. la tutelle et la sauvegarde des biens historiques:
• Chronologie historique.
B. Les différentes écoles de pensées.
- La théorie de Viollet Le Duc en France.(1814- 1879).
- La théorie de John Ruskin en grande Bretagne.(1819- 1900).
- Les percepts de Gustavo Giovannoni en Italie (1873- 1947).
3. Les différentes chartes de restauration.
• (rappel de quelques notions de base).
4. Conclusion.
5. Bibliographie indicative.

1. Introduction :
Prés de deux siècles se sont écoulés depuis l'émergence du nouvel intérêt au patrimoine
architectural. Il convient de faire le point sur les évolutions qu'ont connues notre doctrine et
nos pratiques dans le domaine de la sauvegarde et mise en valeur des monuments
historiques.
En ce qui concerne la protection tout d'abord, le fait marquant étant sans doute la
diversification et l'élargissement de la notion du patrimoine même de monument historique :
Œuvre d'art, architecture « Majeure » / architecture « Mineure », ensemble historique, ...
L'attention, autrefois concentrée sur les édifices les plus prestigieux, se porte de plus en plus
aujourd'hui vers des aspects nouveaux de notre patrimoine : bâtiments ruraux ou industriels.
On protège aujourd'hui les œuvres contemporaines de Perret et de Le Corbusier.

En matière de restauration également, les conceptions ont sensiblement évolué. Notre


politique repose aujourd'hui sur deux grands principes :
1. L'authenticité : Signifie que la restauration doit se subordonner à la vérité archéologique
et rechercher une réalité historique incontestable.
2. Le respect des apports successifs du temps : Nous conduit à conserver les marques de
la diversité historique : la modification de partis architecturaux, la variété des techniques
utilisées sont des témoignages de la vie du monument qu'il convient de préserver.
2. De la restauration des monuments à la question des centres historiques
A. La tutelle et la sauvegarde des biens historiques:
Chronologie historique :

La tutelle et la sauvegarde du patrimoine historique n'est pas seulement l'action de restituer le


bien culturel dans son contexte temporel et spatial, mais celle de le relier à sa nature
publique, en lui redonnant sa vraie valeur sociale. Cette notion d'institution commença dès
l'époque romaine, où une législation fut dressée afin de discerner la propriété publique de
celle du privé. Cependant, à l'époque Auguste, naît le besoin d'une réglementation afin de
gérer la sauvegarde et l'entretien des monuments existants. Ce fut une institution magistrale
connue sous le nom de"COMES NITENTIUM RERUM". Ce cadre d'institutions se
perpétua presque dans toutes les époques historiques de l'aire romaine, dont la législation
chrétienne, le"CODE THEODOESIEN"appliquait une réglementation concernant les
opérations de sauvegarde et de restauration.

A l'époque médiévale, on assiste à une répression de cette législation, car on en note un


désintéressement quasi total de la société pour le patrimoine historique. Dès lors une grande
destruction des monuments et édifices fut entamée afin de récupérer les matériaux de
construction pour les constructions ultérieures.

La renaissance allait introduire une nouvelle pratique avec la réinterprétation des œuvres du
passé. Dans son traité « De Re Aedificatoria » , refonte de Vitruve , Alberti soutient qu’on
peut améliorer certains bâtiments en leur donnant une application magistrale (par un
enrobage). L’exemple de l’église de San Francesco de Rimini (1447) : Il fit revêtir cette
église gothique de marbre pour lui donner un aspect d’un temple antique. Ces pratiques
peuvent s’observer jusqu’au 15e siècle.
Cette attitude continuait jusqu'au 15ème siècle. Il fallait attendre l'année 1624 pour assister à
la diffusion d'une réglementation prévisionnelle décrétée par le Cardinal ALDO
BRANDINI, qui obligeait la prédisposition d'une permis de construction dans le cas où on
utiliserait ces deux matériaux: le marbre et le métal.
Partant d'une vision conservatrice des antiquités archéologiques au 18ème siècle, le Cardinal
SPINOLA ALBANI aboutit à une réglementation nouvelle, régissant toute forme de
conservation et sauvegarde des édifices antiques. Ces interventions devaient être soumises
au contrôle permanent d'un commissaire des Beaux-arts. Cette réglementation avait subi
plusieurs remaniements conceptuels au courant du 19ème siècle, afin d'arriver à une
formulation réglementaire définitive en 1902, contenant une quarantaine de lois encadrant et
limitant la liberté des initiatives individuelles.

En France, ce fut à la suite d’un long processus de dégradation des édifices civils et
religieux ; correspondant aux destructions de la révolution de 1789 et au vandalisme des
premières décennies du 19e siècle, que le concept de restauration va connaître son évolution
la plus rapide. Déjà, une convention fut proclamée sur le principe de l’intervention sur les
monuments par l’état, ce qui avait nécessité la mise en place d’un appareil administratif au
service de la conservation. Il revenait à la monarchie de juillet de réaliser ce programme, en
s’appuyant sur le mouvement d’opinion, favorable à l’histoire nationale et à l’art médiéval.

On peut en fait dater du début du 19ème siècle l'apparition d'une nouvelle façon
de considérer les monuments, et presque en même temps celle des problèmes liés à leur
restauration. Nous pouvons donner des exemples de l'une et des autres en exposant
quelques faits particuliers, observés à Rome à cette époque.
En premier lieu, les fouilles entreprises en 1802 autour de l'Arc de Septime Sévère dans la
zone du Forum Romain. Ces fouilles ressemblent à beaucoup d'autres: il s'agit de dégager
l'une des bases de l'Arc pour en vérifier les mesures. Une fois les relevés effectués, le
monument sera ré enterré.
Il venait à ceux qui surveillaient les fouilles l'idée que le monument dégagé pour toujours de
la terre qui le recouvrait pouvait être installé au milieu d'un fossé où les visiteurs descendront
pour en apprécier les formes dans leur intégrité. Cette épisode montre la naissance d'une
idée: la mise en valeur de la construction monumentale, non plus considérée comme une
sorte de vestiges romantiques mais réintégrée dans la ville vivante et active. A l'idée de la
mise en valeur vient s'ajouter le problème de la restauration; en effet, sur de nombreux
monuments, une intervention s'impose, de consolidation lorsqu'ils sont instables, ou de
dégagement lorsqu'ils sont à peine visibles sous la stratification des transformations
successives.
« Ce problème affecte, durant les premières décennies du siècle, tout le bassin
méditerranéen où l'on va travailler sur les restes de la période classique » (1).

Le choix d'un deuxième exemple de consolidation des monuments antiques a porté sur le
Colisée, où à l'instabilité de ses arcades croulantes, une urgente intervention est venue
remédier en deux temps:
1) La première fut dirigée par Raffaele STERN en 1807. Elle consistait à opposer à la
poussée des arcades par un contrefort de haut en bas. Cet éperon se distinguait par ses
matériaux, différents du contexte antique.
2) La deuxième intervention attribuée à Giuseppe VALADIER en 1826 est venue remédier
à cette instabilité des arcades par la reconstruction de ces derniers, pour compléter la ligne
manquante du monument, qui formera elle-même un éperon. (2). Cette maçonnerie fut
réalisée en briques qui reproduisait l’architecture existante, mais qui ne permettait pas de
discerner le nouveau de l’authentique, puisqu’elle fut enduite d’une couche de d’enduit
coloré, reproduisant la patine d’antan.
"En comparant les deux interventions, on peut aisément reconnaître la dialectique entre la
restauration de consolidation pure et simple, où l'on se préoccupe d'altérer le moins
possible l'authenticité du monument, et la restauration qui altère en partie son objet en
reprenant les lignes interrompues et en insistant sur l'effet visuel général du monument". (3).
D'ici on déduit que le projet de restauration, au début du 19ème siècle, fut une opération du
type archéologique.

Un nouveau comportement envers le patrimoine historique et architectural fut marqué après


1850, car grâce à l'expérience acquise à Pompéi, la prise de conscience historique due au
besoin de témoignages et valeurs historiques, et la signification d'ancienneté, nous a amenés
à noter en ce moment dans la pratique de la conservation deux tendances carrément
opposées qui sont celles de:

B. Les différentes écoles de pensées.


1) La théorie de VIOLLET-LE-DUC
"La restauration est l'unique possibilité pour l'édifice décidant de revivre et de retrouver sa
valeur et sa signification. On peut rétablir l'aspect en reproduisant des parties manquantes
dont le témoignage nous est parvenu de façon certaine, qui a sacrifié la valeur romantique
imprimée sur le corps du bâtiment par les signes du temps. Ses interventions de restauration
se caractérisèrent donc comme étant stylistiques et artistiques.
2) La théorie de John RUSKIN
"Prenez soin de vos monuments et vous n'aurez pas besoin de restaurer (...). Veillez d'un oeil
attentif sur un vieil édifice (...) bardez-le de fer lorsqu'il se désagrège, soutenez-le à l'aide de
poutres lorsqu'il s'affaisse, ne vous souciez pas de la laideur du secours que vous lui
apportez: il vaut mieux boiter que de perdre une jambe".

Il faut donc éviter de restaurer, car l'édifice court le risque de sortir falsifié. Pour RUSKIN, la
valeur des monuments réside surtout dans leur authenticité, que l'on ne peut pas séparer de
l'état de décadence dans laquelle se trouve la matière de l'édifice à cause des injures du
temps. Ses interventions de maintenance n'écartaient donc pas l'évolution du monument
dans son ère.
Cependant l'époque qui a suivi dura jusqu'aux années 1920-1930. Cette période se
caractérisa par une production éclectique et historiciste qui n'a pas travaillé à vraie dire le
bien culturel, puisqu'il y avait cette prédominance d'une époque historique sur l'autre.
A cet effet, il fallait attendre le 20 Juin 1909 pour décréter la loi n. 364 sur les principes
fondamentaux sur lesquels se basent les normes actuelles de la conservation du patrimoine
historique.

En 1931, la charte d'Athènes a eu un grand mérite aux monuments historiques isolés, par la
reconsidération de toutes leurs valeurs, tout type confondu, de l'oeuvre monumentale à
l'édifice mineur; pris comme témoignages d'une civilisation.
La charte d'Athènes incitait à la conservation de l'objet unitaire dans le but de sa
revalorisation dans son contexte global.

La charte suivante de restauration de Venise, en 1964, avait élaboré pour la première fois un
cadre institutionnel régissant internationalement la pratique de la conservation et de la
restauration.

En Italie, la réponse institutionnelle à l'évolution de la doctrine de conservation fut présentée


sous forme d'une charte de restauration citant plusieurs instructions pour la restauration des
monuments (1972). Cela était sous l'égide du Ministère de l'Instruction publique. Celle-ci
contenait des normes et des principes théoriques et méthodologiques régissant toutes sortes
d'intervention.

Le travail accompli, en terme de la conservation et mise en valeur des monuments et sites


historiques, fut théorisé en termes définitifs en 1975 à l'occasion de cette année qui fut
dédiée au Patrimoine Architectural. Une"Conservation Intégrée"du centre historique en sa
globalité fut le résultat de la conjugaison de ces deux éléments: technique
(restauration/sauvegarde) et la recherche de la fonction appropriée qui assura le maintien et
la survie de celui-ci dans l'ensemble des transformations urbanistiques.

Afin de décrire d'une manière globale l'évolution des concepts qui inspirent la pratique de la
conservation des monuments et sites historiques, on a décidé de les ramener ici
schématiquement en ces quelques points: (4).
1) L'histoire de la conservation en Europe, à partir du 19ème siècle, commença par
l'introduction progressive des lois et règlements de sauvegarde et la création d'organismes à
diverses échelles, qui veillaient au recensement et à la restauration de ces biens historiques.
2) La tutelle de la ville historique en Italie, dans son ensemble, se fait jour peu à peu à l'issue
des activités de Gustavo GIOVANNONI (1873-1947) où quelques cas d'expériences
s'opèrent dans les années 30, par exemple la réhabilitation de quelques quartiers dans la ville
de Sienne et de Bergame. Ils instaurèrent une nouvelle tradition.

Après la deuxième guerre mondiale, le principe fut appliqué à grande échelle.


1) De là le centre historique avait acquis une signification autonome par rapport au contexte
émergent des édifices monumentaux. Une signification de stratification et de témoignages
historiques que recèle le centre historique dans ses différents niveaux.
2) L'ensemble de ces significations resitua peu après le monument dans son contexte global,
où l'ensemble de ces"témoignages matériels ayant des valeurs de civilisations"disposaient de
deux extrêmes: d'une part le monument architectural d'autre part l'outil de travail de l'artisan.
3) La conservation du lieu ou du milieu naturel, en outre, est venue améliorer son identité
mais renforcer aussi son caractère, et ainsi accroître son intérêt économique.
4) En retrouvant ses valeurs civiques sociales et formelles, le centre historique a constitué, à
partir des années 60, la valeur de Partie pour le tout; toutes les valeurs énoncées de la
communauté urbaine s'y trouvent.
5) A l'issue d'une attitude forgée pendant plus d'un siècle, la conservation en Italie
actuellement connaît une phase nouvelle et intense d'évolution,"une énorme extension du
champ d'action de la conservation est en cours et elle comprend la totalité du patrimoine pré
moderne, des sites archéologiques protégés aux bâtiments d'usage commun situés dans les
centres dépourvus de protection". (5).

En conclusion, on a vu que l'introduction de la conservation des monuments et sites


historiques, qui fut une pratique auparavant, devient aujourd'hui une discipline en soi avec
ses différentes filières. Une discipline qui a développé ses principes, comprenant non pas
« la seule conservation de l'édifice mais sa réinsertion dans le cycle vital de l'utilisation
actuelle, sa réintégration dans le contexte d'un organisme (la ville et l'environnement) en
cours de transformation" (6).
NOTES DU CHAPITRE
(1) Extrait de polycopié de: cours de post-graduation en 'Préservation". Polycopié n° 1."Sites
historiques en Italie, pratiques courantes de la conservation et perspectives d'innovation".
Chap. 1, F. GIOVANETTI: "Monuments et sites historiques aujourd'hui". Centre Analisi
Sociale Progetti, Rome, pour EPAU d'Alger. 1989 (pp. 1 à 63).
(2) Cette maçonnerie fut réalisée en briques qui reproduisaient l'architecture existante, mais
qui ne permettait pas la distinction du nouveau de l'authentique; puisque celle-ci fut
recouverte d'une peinture destinée à les assimiler à la partie antique en pierre.
(3) Ibid, note (l).
(4) Du fait que l'objectif fixé par notre problématique de travail demeure inhérent à la
question de la sauvegarde historique, cet exposé se veut comme un outil de compréhension
et non un sujet en soi.
(5), (6). Ibid, note (l).
Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories »
Dr Youcef CHENNAOUI. Maître de conférences, classe A à l’ENSA d’Alger.

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».
Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences classe A
Chercheur à l’ENSA (ex Epau)
d’Alger.

• Séance N° 2
La problématique de patrimonialisation :
définitions, principes et méthodologies.
Contenu du Cours : (Texte dans sa version provisoire).

 Ce qui fut patrimoine culturel dans le monde jusqu’au début du 3e


millénaire.

 Le contenu et les limites de la règlementation officielle internationale, à


travers les chartes universelles.

INTRODUCTION.
Le concept actuel du patrimoine culturel est un résultat du processus lié au développement de
la société contemporaine, de ses valeurs et de ses conditions. La tendance doit aujourd'hui
comprendre le patrimoine culturel physique dans son plus large sens en tant que contenant de
tous les signes qui documentent les activités et les accomplissements du temps et de la
société.
Le terme « Patrimoine » en latin « Patrimonium », désignait à l’origine cet héritage familial
immobilier ou mobilier qu’on transmettait de père en fils.
Dés le début des années 1970, on avait retenu tout d’abord le terme de « patrimoine
historique », pour désigner cet ensemble de l’héritage artistique de l’humanité.[1]
Par la suite, F. Choay est partie définir le patrimoine comme étant :
« L’expression qui désigne un fond destiné à la jouissance d’une communauté élargie aux
dimensions planétaire et constitue par l’accumulation continue d’une diversité d’objets qui
rassemble leur commune appartenance au passé : œuvres et chefs d’œuvres des beaux arts et
des arts appliqués, travaux et produits de tous les savoirs faire des humains ».[2]
Prés de deux siècles se sont écoulés depuis l’émergence du nouvel intérêt au patrimoine
architectural. Il convient aujourd’hui, de faire le point sur les évolutions qu’ont connues les
diverses doctrines et les pratiques développées dans le domaine de la sauvegarde et mise en
valeur du patrimoine historique.
L’attention, autrefois accordée seulement aux monuments les plus prestigieux en tant
qu’œuvres d’art, s’est portée ensuite vers les ensembles historiques jusqu’à un passé récent
vers les paysages culturels en tant que biens de l’environnement.

[1] En Italie, on a assisté à une évolution sémantique du terme « patrimoine historique »


depuis l’époque de la renaissance, où on désignait le monument majeur aux qualités
artistiques par « œuvre d’art » (Opera dell’arte), puis plus tard par « bien historique ».
En France, la création du premier poste d’Inspecteur des Monuments historiques, remonte à
1830. La loi du 31 décembre 1913, qui complétée et modifiée, est venue instituer le
classement des monuments, objets mobiliers et œuvres d’art jugés les plus remarquables.

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories »
Dr Youcef CHENNAOUI. Maître de conférences, classe A à l’ENSA d’Alger.

[2] Op cit , Choay. F (1992) : « l’Allégorie du patrimoine ». Edition Du Seuil, Paris. P 9.


Ainsi, cette notion de « patrimoine culturel », s’est échelonnée et maturée depuis prés de 80
ans, depuis la charte d’Athènes, en 1931. Une notion qui a depuis connue diverses extensions
tant typologique, du moment qu’on est passé du monument objet au paysage culturel ; tant
géographique, en passant du patrimoine classé national à celui universel ; tant sociétale, en
démarrant de la valeur testimoniale et culturelle à la valeur économique et environnementale.
Aujourd’hui, selon l’UNESCO[1] : « La notion de patrimoine culturel englobait
traditionnellement les monuments et sites et tenait surtout compte de leurs valeurs esthétiques
et historiques. Aujourd’hui, les monuments sont également considérés par leurs valeurs
symboliques, sociales, culturelles et économiques. Les éléments intangibles ne sont plus
ignorés et de nouvelles catégories sont apparues ».

Dés lors, le patrimoine culturel se compose de différents types de propriétés qui se relient à
une variété d'arrangements, et inclut les oeuvres d'art importantes, des monuments et des
lieux, mais également de grands secteurs et paysages historiques. Par conséquent, les
concepts liés à leur définition, qualités et valeurs, et la politique appropriée du traitement, sont
toujours d’actualité et devraient être clairement définis. Les recommandations de l'UNESCO
et quelques autres organismes internationaux, peuvent être prises comme référence de base
pour une telle définition. L’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la
culture (l'UNESCO) définit les paysages culturels comme : oeuvres combinées de la nature et
de l'homme. Ils demeurent l'illustration de l'évolution du temps et de la société. Sous
l'influence des contraintes physiques et/ou des forces sociales, économiques et culturelles
successives- indogenes ou exogènes- ces derniers requièrent des valeurs d’héritages
spécifiques[2] .

[1] C.f UNESCO (2003) : « Nouvelles notions du patrimoine : Itinéraires culturels ». In :


http :mirror_us.unesco.org.
[2]C .f (Groupe d'experts d'UNESCO/ICOMOS, Directives D'Opération De Convention
D'Héritage Du Monde, Février 1995)

La conférence d’Athènes de 1931.


Ce fut la première conférence consacrée à la conservation et la protection des monuments
historiques. Les actes connus sous le nom de la charte d’Athènes furent publiés en 1933.
Le grand mérite apporté par cette charte fut considérable, quand celle –ci a séparé la notion
de monument majeur isolé comme œuvre prestigieuse, du bâtiment mineur du passé ; chacun
d’eux ayant une valeur de témoignage d’une civilisation disparue.
« Chargées d’un message spirituel du passé, les œuvres monumentales des peuples demeurent
dans la vie présente le témoignage vivant de leurs traditions séculaires. L’humanité, qui
prend chaque jour conscience de l’unité des valeurs, les considère comme un patrimoine
commun et, vis-à-vis des générations futures, se reconnaît solidairement responsable de leur
sauvegarde. Elle se doit de les leur transmettre dans toute la richesse de leur
authenticité ».[1]

[1] Op cit : Office international des musées (1933) : « La Charte d’Athènes sur la
conservation des monuments d’art et d’histoire. Athènes 1931 ». Introduction, P1.
En effet, cette charte recommande le respect de l’œuvre historique, l’entretien permanent et
régulier de l’édifice, après avoir donné une première forme aux deux principes
fondamentaux de la conservation des monuments historiques.
Il s’agissait en l’occurrence, de :
L’authenticité : Qui signifie que la restauration doit se subordonner à la vérité archéologique

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Dr Youcef CHENNAOUI. Maître de conférences, classe A à l’ENSA d’Alger.

en recherchant une réalité historique incontestable.


Le respect des apports successifs du temps : Ce dernier nous a conduit à conserver les
marques de la diversité historique : la non modification de partis architecturaux, la variété des
techniques utilisées sont des témoignages de la vie du monument qu’il convient de préserver.
D’autres recommandations visaient, outre le maintien de l’authenticité historique, celle de la
pérennité spatiale des abords des monuments.
Sur ce point, la charte recommande de : « respecter dans la construction des édifices le
caractère et la physionomie des villes, surtout dans le voisinage des monuments anciens, dont
l’entourage doit être l’objet de soins particuliers. Même certains ensembles, certaines
perspectives particulièrement pittoresque, doivent être préservées ».[1]. Ainsi, on avait
abordé la question de l’environnement construit inhérent un monument historique qu’il fallait
préserver lors de nouvelles édifications dans le champ des abords immédiats des monuments
historiques.

[1] Op. cit, ibid note 7. P2.


Les désastres de la seconde guerre mondiale 1939- 1945, ont particulièrement éprouvé les
monuments historiques. Ainsi, l’ampleur des destructions dans toute l’Europe, avait nécessité,
une fois la paix revenue de déterminer à travers la convention de La Haye en 1954, de mieux
définir le concept de restauration dans ces cas de figures, car là, le principe était devenu
synonyme à la reconstruction à « l’identique » ou à l’abandon de « la ruine » compensé par
une construction nouvelle sans rapport avec le modèle disparu ou mutilé[1].
La convention de La haye avait élargie le concept de bien culturel à un réseau de signifiants
plus grand, englobant en son sein un ensemble de caractères historique, artistique et culturel.

[1] Centre national de documentation pédagogique (1980) : «La restauration des édifices ».
Edition Diathéque ART, Rouen.
L’année 1962, constitue un prélude dans le domaine de la sauvegarde des beautés et
caractères des paysages et des sites historiques. Nous citons dans ce cadre la série de
recommandations publiée par l’UNESCO le 11-12- 1962, relatives à la sauvegarde des
beautés des paysages ; en attirant l’attention sur la valeur esthétique, ludique et écologique des
paysages, constituant ainsi une des conditions positives de la qualité de vie des populations.
Notons, qu’en cette même année, André Malraux promulgue une loi relative à la conservation
et l’aménagement des zones urbaines historiques, incluant le site classé et ses abords, appelé :
Secteurs sauvegardés.[1]

[1] Loi sur les secteurs sauvegardés du 4 Août 1962.


Peut-être le document international, le mieux connu en matière de politique de préservation
demeure : la charte internationale pour la conservation et la restauration des monuments et
des sites, connues sous le nom de charte de Venise de 1964, résultant de la deuxième réunion
internationale des architectes et des techniciens des monuments historiques, tenue à Venise en
1964. Ce document, bien qu'un rapport court, est devenu une référence fondamentale pour des
politiques de conservation dans le monde entier.
Pour toutes les questions abordées, la charte de Venise s’est bornée à formuler des
orientations générales aux problèmes concrets de l’entretien des monuments et leurs rôles
dans la société. La sensibilité et l’esprit critique se sont portés sur des questions plus
complexes et nuancées, à savoir celle des valeurs formelles, civiques ou sociales que peut
avoir un patrimoine culturel. La valeur indissociable de la partie pour le tout, que doit
véhiculer le message testimonial d’un patrimoine, …
Or, le second congrès de Venise en 1964 est venu élargir la portée philosophique du premier
document de la charte d’Athènes, en redéfinissant les concepts. Sur cela, le bien culturel fut

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redéfini dans l’article N° 1 , comme suit : « La notion de monument historique comprend la


création architecturale isolée, aussi bien que le site urbain ou rural qui porte des
témoignages d’une civilisation particulière, d’une évolution significative ou d’événement
historique. Elle s’étend non seulement aux grandes créations mais aussi aux œuvres modestes
qui ont acquis avec le temps une signification culturelle ».[1]
Ce fut à notre avis un degré de maturité intellectuelle qu’on avait atteint en cette période, en
reconsidérant le patrimoine culturel dans sa diversité et ses valeurs plurielles.
La prise de conscience acquise dès le congrès de Venise, s’est affirmée lors de plusieurs
symposiums internationaux organisés entre 1965 et 1968. Nous citons tout d’abord, celui
organisé en Espagne, à Palma de Mallorca en 1965 sur les méthodes et les critères
d’identification et de protection du patrimoine culturel européen.
Un second symposium fut organisé à La Haye en 1967 sur le thème de « La conservation du
patrimoine culturel et l’aménagement du territoire ».
Tout ceci dénote de l’aspect très important que prennent ces questions de préservation du
patrimoine culturel qui devaient dès lors, être nécessairement réticulées dans les politiques
d’aménagement du territoire.

[1] Op. cit ICOMOS (1965) : « Charte internationale sur la conservation et la restauration des
monuments et des sites ». Venise, 1964, Actes du congrès international des architectes et des
techniciens des monuments historiques.

La convention internationale sur la protection du patrimoine mondial


naturel et culturel.
En 1972, L’UNESCO étend la responsabilité de la protection du patrimoine naturel et
culturel à toute l’humanité, en élargissant le concept de patrimoine commun au « patrimoine
universel »[1].
Les deux aspects novateurs ramenés par cette convention sont comme suit :
Le rapport intrinsèque établi, par conséquent entre le patrimoine naturel et culturel, pour son
intégration à tous les niveaux de la planification (urbanistiques, sectorielles, …).
La disposition d’un cadre légal juridico administratif et financier, qui incombent aux
gestionnaires des sites portés sur la liste du patrimoine mondial, des devoirs de protection et
de mise en valeur plus efficaces.

[1] Convention internationale sur la protection du patrimoine mondial naturel et culturel,


adoptée le : 16-11- 1972. Celle-ci est ratifiée en date du 30-06-1994 par 137 états membres.
l’évolution qu’a connu le concept de patrimoine culturel qui se base sur cette notion
fondamentale : « Tout : Entier/ partie : Fragment », inhérente aux domaines du territoire, de
la ville et de l’architecture devront porter sur les points suivants :
L’évolution du concept de « Patrimoine » tant sur le plan typologique que sur le plan
épistémologique. L’attention, autrefois accordée seulement aux monuments les plus
prestigieux en tant qu’œuvres d’art, s’est portée ensuite vers les ensembles historiques jusqu’à
un passé récent vers les paysages culturels en tant que nouvelle catégorie de biens de
l’environnement.
Les secteurs historiques et leurs environnements, les monuments historiques et leurs abords ne
sont au fait, qu’une partie d ensembles plus vastes, Il est important de considérer que la vraie
signification dans les villes et les villages historiques est dans la fusion des activités humaines
autant que les bâtiments et les autres éléments physiques et spatiaux qui les formalisent.
La notion de « Tout : entier/ Partie : Fragment », des secteurs historiques ne devrait pas être
considérée ainsi seulement par rapport à un cadre architectural ou urbanistique ; elle devrait
également inclure les fonctions culturelles, sociales et économiques qu’ils recèlent.

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories »
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l’intérêt du rapport d’interdépendance entre l'environnement construit et celui naturel. La


question de protéger les paysages culturels est devenue, par conséquent plus significative dans
beaucoup de pays, où les secteurs industrialisants aux développements rapides, prenaient le
dessus sur les autres caractères de ces régions. Le rapport intrinsèque établi, par conséquent
entre le patrimoine naturel et culturel, pour son intégration à tous les niveaux de la
planification (urbanistiques, sectorielles, …).
La convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique dite « Convention
de Londres », révisée à Malte en 1992, est venue plaider sur la nécessaire articulation du
projet de sauvegarde des biens archéologiques au processus de la planification territoriale, en
insistant sur le fort besoin d’élaborer des études d’impact de tout projet sur l’environnement.
Au fait, cette convention avait trouvé une assise normative déjà dans la charte européenne de
l’aménagement du territoire « Charte de Toremolinos »[1], qui avait reconnu que la notion de
l’aménagement du territoire devrait être l’émanation d’une conjonction spatiale des rapports
socio-économiques, culturelles et écologiques de la société.

[1] La charte de Toremolinos a été adoptée en Espagne, le 02 Mai 1983. Celle –ci constitue un
texte fondamental qui avait défini pour la première fois sur le plan européen les grands
objectifs qui devraient orienter les politiques d’aménagement du territoire, l’amélioration du
cadre de vie des citoyens , ainsi que l’organisation des activités anthropiques sur le socle de
l’espace physique.

En l’an 2000, une autre convention fut adoptée à Florence [1], en Italie sur la
protection des paysages, insistant en outre sur les mesures d’intégration de l’aménagement
paysager dans l’aménagement du territoire, que dans les politiques sectorielles ; sur la
nécessité des activités de vulgarisation et de dissémination du public aux paysages culturels,
en vue d’une meilleure socialisation[2].

[1] Cette convention fut adoptée le 20 octobre 2000, à Florence, dite « La convention
européenne des paysages ».
[2] Op.cit ibid. supra : « Le paysage résulte de la conjonction de multiples facteurs, tant
naturels que culturels, qui ont évolué dans l’espace et dans le temps, qui se poursuivent par
des processus dynamiques perçus par l’homme de façon variée.
En Europe, il forme un tout, incluant tout autant l’image des activités socio-économiques ou
culturelles que celles des espaces vitaux et de leurs composantes naturelles telles que la faune
et la flore ».
La notion du patrimoine prend de l’ampleur. Est considéré patrimoine; les paysages, les
centres urbains et historiques et tout élément spirituel ou matériel ayant un caractère
historique. Ces années de 1980, en ce qui concerne les vestiges archéologiques, sont
marquées par un développement très important des « fouilles préventives » et par une
sensibilisation accrue aux problèmes de leur conservation.

Ce n’est que lors de la conférence internationale « Patrimoine- Technologie et


Développement Local » à Ename en Flandre Orientale, en Septembre 2002, que l’Avant
projet de la charte d’Ename[1] a été élaboré. Ce dernier définit des directives
internationales pour l’authenticité, l’intégrité intellectuelle et le soutien au développement
durable de la présentation au public des monuments et sites archéologiques. Les quatre
sections principales proposées dans cette charte d’Ename sont :
o Directives et normes professionnelles.
o Planning, budget et gestion.
o Aspects touristiques.

5
Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories »
Dr Youcef CHENNAOUI. Maître de conférences, classe A à l’ENSA d’Alger.

o Patrimoine et éducation.

[1] Les participants de cette conférence sont des personnalités politiques issues des
communautés et des régions, des spécialistes et des responsables du patrimoine et de
l’éducation, des administrateurs et gestionnaires culturels, des éducateurs, des opérateurs
touristiques, des responsables régionaux de l’Europe, de la région méditerranéenne, d’Afrique
et d’Amérique, intéressés dans le potentiel économique, éducatif et culturel des nouvelles
technologies de présentation et d’interprétation du patrimoine local comme moyen de
développement permanent et de valorisation de l’identité communautaire. L’avant projet de
cette charte est en Annexe 03.

En 2002, la conférence européenne des ministres chargés de l’aménagement du territoire avait


adopté les recommandations relatives aux principes directeurs sur le développement territorial
durable pour l’espace de l’union européenne (UE).
Ainsi, le patrimoine culturel et naturel représente, telle qu’il a été reconnu par le Schéma de
Développement de l’espace communautaire (SDEC) : « Un facteur économique qui gagne en
importance pour le développement régional. La qualité de la vie dans les villes, leurs
alentours et le milieu rural, intervient de plus en plus dans les choix de localisation des
entreprises. Les curiosités naturelles et culturelles représentent également un atout essentiel
pour le développement du tourisme ».[1]
Ceci dénote de l’intérêt porté dorénavant au couple : valorisation du patrimoine culturel/
Développement économique, par le biais d’un tourisme culturel dont la population, les
collectivités locales ou les investisseurs contribueront en synergie au renforcement de
l’identité régionale de leur territoire.

[1] Op.cit ibid note supra.

En cette même année 2002, une charte euro- méditerranéenne sur la valorisation intégrée du
patrimoine culturel, a été adoptée à Rome en Italie lors de la conférence finale[1] du projet
PISA (Programmation Intégrée dans les Sites Archéologiques).
Elle stipule dans son article 04 qu’ : « Afin de soutenir le développement local fondé sur la
valorisation du patrimoine culturel, il est nécessaire de définir une nouvelle stratégie de
gestion du patrimoine culturel en utilisant l’outil de la programmation intégrée ».[2]
La recherche action PISA a démarré de la thèse selon laquelle les opportunités de
développement local durable basé sur la valorisation intégrée du patrimoine archéologique en
adéquation avec la réalité socioculturelle, économique et politique du territoire de référence,
existent mais ne sont pas exploitées.

La recherche action PISA[3] avait contribué à :


1. Vérifier la possible intégration « managmentale » entre le patrimoine archéologique, le
territoire et l’économie locale sur lesquelles s’insère ce patrimoine.
2. Approfondir les techniques d’analyses sur l’approche intégrée aux sites
archéologiques du point de vue de leur conservation, gestion et valorisation.
3. Identifier des actions ponctuelles intermédiaires et esquisser la nature et le programme
du projet-pilote retenu dans ce but.

[1] Conférence finale du projet Euromed Héritage, MEDA1 : PISA (Programmation intégrée
dans les sites archéologiques), Rome du 28 Février au 1er Mars 2002.
[2] Op.cit Art 04, P1, Charte Euro- méditerranéenne sur la valorisation intégrée du patrimoine
culturel. Version préliminaire.

6
Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories »
Dr Youcef CHENNAOUI. Maître de conférences, classe A à l’ENSA d’Alger.

[3] C.f Richa. M et Chennaoui. Y (2002) :« La programmation intégrée aux sites


archéologiques » Recherche –Action. Cas d’étude : Cherchell, Algérie ». Rapport final. Projet
PISA, EUROMED Héritage, MEDA 1.

Ainsi, l’objectif de la programmation serait, selon la dite charte de :


 Rendre plus efficaces les activités de conservation des ressources culturelles.
 Accroître le rôle des ressources culturelles dans le renforcement de l’identité culturelle
des populations et des pays dans laquelle elles sont situées.
 Contribuer à la création d’une identité et d’une culture euro –méditerranéenne.
 Favoriser la croissance globale de la qualité territoriale en faisant aussi la promotion
des actions représentatives de la culture contemporaines.
 Soutenir les processus de développement économique au niveau local et à plus grande
échelle.
 Qualifier et spécialiser les offres locales pour les rendre plus compétitives par rapport
aux offres concurrentes

CONCLUSION.

De cette analyse de l’évolution législative et réglementaire du patrimoine à travers les chartes


internationales, on comprend que ce concept est évolué de la restauration des monuments
historiques[1] (charte d’Athènes) à la nécessité de la conservation et la restauration des
monuments et sites historiques[2] (charte de Venise). Puis avec la convention d’Amsterdam
de 1975, on est passe à la notion du « patrimoine architectural» et celle du « paysage
culturel » visant comme objectif la sensibilisation de l'opinion, partout dans le monde, aux
valeurs culturelles, sociales, économiques irremplaçables des monuments, des ensembles et
sites en milieu urbain et rural hérités du passé. Et à partir des années 1990, une attention
particulière est accordée au patrimoine archéologique (la charte internationale pour la
protection et la gestion du patrimoine archéologique de 1990 (icomos- icamh) et au tourisme
culturel dans la perspective du développement durable. Actuellement, les pensées sur le
patrimoine mettent l’accent sur la question de l’authenticité dans la préservation,
l’interprétation et la présentation au public (voir l’avant projet de la charte d’Ename et encore
celui de PISA, de 2002).

[1] Le « monument historique » lui même n’est pas clairement et rigoureusement défini par la
charte, et y est présenté comme une « œuvre artistique et historique ». C’est un « chef
d’œuvre dans lequel la civilisation s’est exprimée au plus haut degré ».
[2] Article 1 : La notion de monument historique comprend la création architecturale isolée
aussi bien que le site urbain ou rural qui porte témoignage d'une civilisation particulière, d'une
évolution significative ou d'un événement historique. Elle s'étend non seulement aux grandes
créations mais aussi aux oeuvres modestes qui ont acquis avec le temps une signification
culturelle.

7
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».
Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences
Classe A, Chercheur à
l’EPAU d’Alger.

• Séance N° 3
L’usage de la « Culture » dans le processus de patrimonialisation d’un
héritage national.

• Contenu du Cours : (Texte dans sa version provisoire).


1. Définition du concept de la « Culture » et de ‘l’Identité ».
2. La notion de valeurs d’héritage culturel.
3. La non universalité des critères de jugement d’évaluation du patrimoine culturel
pour une nation.
4. Exemple illustratif : La reconnaissance des valeurs d’un paysage culturel.

1. La Nature de la Culture :

Amos Rapoport soutient l’idée que la « Culture », n’est pas un « Objet », mais une idée, un
concept, une construction : « Un label pour beaucoup d’objets auxquels les gens y pensent, y
croient ». 1
Partant chercher, une origine au terme « Culture », Rapoport signale qu’en effet son
apparition dans les dictionnaires anglais est assez récente et ne date que du début des années
1920, mais qui intégrait le langage pour désigner certains produits du terroir, certaines
personnes cultivés aux goûts raffinés,…
Or, il nous livre celle de l’anthropologue E.B. Taylor (1871) qui stipule que la culture est :
« l’ensemble du complexe, incluant la connaissance, la croyance, l’art, le droit, la morale, les
coutumes, aussi d’autres capacités et habitudes acquises par l’individu en tant que membre
de la société ».
Le terme demeurait encombré par l’histoire polysémique des diverses définitions que le mot
culture évoque dès qu’il apparaît soit dans le discours quotidien, soit dans les écrits savants.
Kroeber et Kluckhohn, dès 1952, ont dressé l’inventaire des multiples manières d’utiliser le
terme « culture » depuis le XVIIIe siècle au cours duquel il a commencé à être appliqué aux
sociétés humaines.
Deux types de définitions2 peuvent être retenus de leur recensement : une définition restreinte,
restrictive même, qui utilise le terme de culture pour la description de l’organisation
symbolique d’un groupe, de la transmission de cette organisation et de l’ensemble des valeurs
étayant la représentation que le groupe se fait de lui-même, de ses rapports avec les autres
groupes et de ses rapports avec l’univers naturel.

1
Op. Cit Ibid note 1 supra, P 131.
2
C.F © 2003, Encyclopædia Universalis France S.A. Tous droits de propriété industrielle et
intellectuelle réservés.

Dr Youcef CHENNAOUI. 1
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

Une définition plus large, reprenant en partie celle de Taylor – mais qui n’est pas
contradictoire avec la première – utilise le terme de culture aussi bien pour décrire les
coutumes, les croyances, la langue, les idées, les goûts esthétiques et la connaissance
technique que l’organisation de l’environnement total de l’homme, c’est-à-dire la culture
matérielle, les outils, l’habitat et plus généralement tout l’ensemble technologique
transmissible régulant les rapports et les comportements d’un groupe social avec
l’environnement.
« Cette constellation sinon cette saturation de sens du terme culture peut s’expliquer à partir
de l’analyse de ce qu’il y a de commun dans un prélèvement sur la somme des utilisations de
ce mot »3.

De cette question : « Qu’est ce la culture ? », Rapoport. A (2003)4 est parti reconnaître trois
types de définitions :
- La première catégorie de définitions : décrit la culture comme étant le mode de vie
d’une société, intégrant leur idéaux, normes, règles, comportements habituels,…
- La seconde catégorie : la définie comme un système de conceptions des choses,
transmis symboliquement à travers les différentes générations, par le biais d’une
acculturation des immigrants, ou d’une socialisation des enfants. Cette transmission
s’effectue à travers le langage par exemple, mais aussi à travers l’environnement bâti
et ses appropriations.
- La troisième catégorie : définit la culture comme étant l’ensemble des significations
des diverses adaptations écologiques, l’usage des ressources, c'est-à-dire l’exploitation
des divers eco-systémes pour le bien être des habitants.
Les raisons de la culture sont de fournir une ossature qui donnerait une signification aux
objets –particuliers mis en relation entre eux au sein de cette ossature guide.
A cet effet, l’auteur attire l’attention sur le fait d’existence d’une multitude de définitions aux
terme « Culture », relevant du domaine de plusieurs disciplines. Or, les définitions données en
amont ne sont guère contradictoires, mais au contraire elles demeurent complémentaires.
Rapoport. A plaide dans tout son discours sur la non-universalité de la culture. Le début du
21e siècle s’affiche à consonance de globalisation dont son processus tend à neutraliser les
effets des frontières délimitant les territoires respectifs des différents pays du monde, pour
rendre possible, une plus libre et performante mobilité économique, financière et culturelle.
Les effets pervers d’un tel processus sur le développement culturel que génèrent l’accès aux
technologies des communications et à la « pensée universelle », seraient l’émergence de
phénomènes de contradictions socioculturelles et d’anonymat identitaire.

2. Comment le patrimoine peut-il matérialiser des valeurs morales?


De la même façon que l’on peut comparer le patrimoine national au patrimoine familial, on
peut comparer les sentiments qui en découlent.
Le patrimoine réveille l’engouement pour les valeurs identitaires en les affirmant ; il peut
donc être une source exaltant le nationalisme.

Devant les conflits armés, on s’efforce de détruire le patrimoine de l’ennemi qui constitue
« Une cible toute désignée » (Audrerie 2003). En effet, en détruisant ce symbole de l’identité
d’autrui, on essaye d’effacer sa mémoire, de nier son existence et c’est pour cela que, pour
faire revivre le souvenir d’un peuple, les pays sortant d’une guerre, surtout lorsqu’ils ont été
vaincus, procédant à la reconstruction de leur patrimoine, On agissant de cette manière, on
cristallise la mémoire, image de l’identité que l’on protège en préservant les lieux de cette
3
Ibidem note 3 supra.
4
Ibidem note 1 supra.

Dr Youcef CHENNAOUI. 2
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

mémoire. (Exemple de la reconstruction de la capitale Beyrouth au Liban, de Tyr après


l’invasion israélienne en 1983.

Cette solidarité se traduit le plus souvent par une action collective pour la sauvegarde du
patrimoine, exemples: colloques, séminaires, études à améliorer l’identification et le savoir
faire pour la sauvegarde du patrimoine. Nous assistons donc à une prise de conscience qui se
manifeste par l’action des différentes institutions, associations culturelles, et universités les
sociétés savantes et la coopération entre elles.
Avant d’examiner si le patrimoine en tant que bien matériel peut être porteur de valeurs
morales abstraites, il nous faut donner quelques précisions sur la notion de « Valeur » pour
tenter de conclure si les valeurs morales sont universelles ou bien relatives à une société
déterminée.
• Exemples:
L’Egypte est à la fois pharaonique et arabe. Le patrimoine égyptien constitue dans sa totalité
la fiereté des égyptiens. Le patrimoine prend donc une dimension les dimensions qui divisent,
une dimension qui regroupe les peuples autour de valeurs unificatrices.
D’autre part, le rôle du coté artistique du patrimoine est lui aussi unificateur à travers les ages
et les régions. Le génie de l’homme et le savoir faire.

3. La non universalité des critères de jugement d’évaluation du patrimoine culturel pour


une nation.

Nous pouvons revenir sur trois problèmes récurrents que nous avons consulté par le biais de
cet essai de définition des concepts inhérents au jugement de valeur.

1. Peut-on considérer les valeurs comme reposant sur des propriétés indépendantes de
nous ?
2. Les valeurs sont-elles relatives à des cultures incomparables entre elles ?
3. Existe-t-il une rationalité des valeurs, une rationalité axiologique qui soit parente mais
différente de la rationalité instrumentale – celle qui se borne à ajuster les moyens aux
fins ?

Trois réponses positives ne seraient pas incompatibles entre elles, qui poseraient toujours
certaines zones d’ombres.
La réponse à la première question, examinée dans ce texte, sera rapide.
Peut-on considérer les valeurs comme reposant sur des propriétés indépendantes de nous ?
Puisque nous nous révélons à nous-mêmes nos valeurs en confrontant nos attentes aux
révisions que peut leur infliger la réalité, et en retenant comme vraies valeurs celles qui
peuvent être maintenues une fois ces révisions accomplies, il existe probablement des valeurs
qui survivront à toute révision, et qui ont donc un statut comparable aux vérités
mathématiques.
Si l’on est réaliste concernant ces vérités, on le sera concernant les valeurs, et si on est
intuitionniste, c’est-à-dire si on ne croit pas à une vérité indépendante de la définition de la
manière dont les sujets peuvent y avoir accès. Il n’y aura alors de vérité que si elle est
accessible, ici par révision.
Or, dans ce cas de figure, les valeurs auraient un statut un peu paradoxal ; ce seraient des
données accessibles qui justement ne le seraient pas forcément : rien ne dit que les processus
effectifs de révision que nous engageons nous permettront d’accéder à ces valeurs résistantes.
Il se pourrait que nos attentes effectives de valeurs soient tellement mal construites qu’aucune
d’entre elles ne puisse résister indéfiniment.

Dr Youcef CHENNAOUI. 3
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

La seconde question : Les valeurs sont-elles relatives à des cultures incomparables entre
elles ?
Cette interrogation nous renvoie au débat sur le relativisme, et aussi au retour de la notion de
vertu dans le débat moral.
Si les valeurs sont des attentes résistantes aux révisions cognitives, alors il doit être possible
de passer des valeurs d’une culture à celles d’une autre, mais par révision. Cela suppose qu’on
change la structure des attentes.
Or rien ne dit qu’il soit aisé ensuite de parcourir le chemin inverse. Une comparabilité des
valeurs au sens fort exigerait que l’on puisse aller d’une culture à l’autre et réciproquement
sans difficulté. Une comparabilité au sens faible exige seulement la possibilité du changement
dans un sens, mais pas celle du retour. Cependant, s’il y a des valeurs qui résistent aux
révisions, alors on pourrait les retrouver d’une culture à l’autre. Ainsi la non comparabilité
des cultures n’est nullement une nécessité, même si elle est fréquente.
Si on ne peut avoir d’expérience de valeur sans avoir aussi la capacité de ressentir certaines
émotions, la sensibilité aux valeurs est donc liée à la manière dont nos dispositions affectives
évoluent dans le temps, en liaison avec nos révisions cognitives.
Comme l’analyse des valeurs et des émotions tourne autour des concepts d’habituation et
d’attente, elle renvoie tôt ou tard à la notion de caractère, qui désigne un ensemble
relativement cohérent de dispositions et d’habitudes de réaction et d’action. On retrouve alors
la notion de vertu aristotélicienne, qui désigne un ensemble de dispositions appris par
habituation et propre à un domaine de pratiques.
Ce type de sensibilité est contextuel, puisqu’il dépend de domaines de pratiques, de modes de
vie, de règles qu’on ne peut pas expliciter de manière indépendante des pratiques.

Enfin : Faut-il maintenant distinguer deux rationalités, l’une instrumentale et


conséquentialiste, l’autre axiologique, une rationalité « en valeurs », comme l’a fait
Weber ?
Raymond Boudon5 a repris cette distinction pour soutenir que les choix de valeurs ne sont pas
irrationnels, qu’ils se fondent sur des raisons, mais des raisons qui ne sont pas seulement
conséquentialistes.
La rationalité axiologique n’est pas sans rapports avec d’autres modes de rationalité. Tout
d’abord, elle utilise la rationalité cognitive, les inférences à partir des faits, tout comme
n’importe quelle rationalité. Ensuite, elle utilise aussi les résultats de la rationalité
instrumentale : tenir à telle fin et tenter d’utiliser tel moyen pour la satisfaire produit, de fait,
telle et telle conséquence.
Cela permet de mettre à l’épreuve la cohérence entre nos attentes de valeurs, et
éventuellement de réviser l’ordre de priorité entre ces attentes. Si la poursuite de telle fin est
incohérente avec celle de tel autre, si les moyens utilisés pour obtenir telle fin vont contre telle
autre, peut-être devrions-nous nous interroger sur la validité de cette fin.
La rationalité axiologique utilise donc les faits pour réviser nos attentes de valeurs. Et nos
valeurs réelles sont celles qui résistent à juste titre aux révisions que leur inflige la réalité et
nos engagements pour d’autres fins. Mais le processus de révision des attentes par les faits
obéit à des exigences similaires dans le domaine cognitif et dans le domaine des valeurs, si
bien que la rationalité axiologique s’avère une manifestation particulière de la rationalité en
général.

5
C.f Boudon. R (1973) : « L’inégalité des chances. La mobilité sociale dans les sociétés industrielles ». In :
Polycopié : Faculté centrale d’Alger. S.d.

Dr Youcef CHENNAOUI. 4
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

La mise en branle, d’une telle analyse épistémologique et philosophique des concepts :


Norme, Valeur, Utile, Préférence , nous ont permis de cerner l’évolution d’une attitude
devenue une discipline en soi , en l’occurrence : l’Axiologie :
« Si des valeurs vraies existent, alors l’ensemble de nos attentes, de la révélation de leur
résistance à leur insatisfaction, qui ne se fait pas sans émotions, et de leur mise à l’épreuve
des révisions cognitives, forme un processus qui devrait rendre probable leur détection.
(…),C’est en effet seulement la suite infinie du processus qui nous certifierait que les valeurs
que nous sommes parvenus à isoler restent toujours stables. Du point de vue qui est le nôtre,
et qui s’inscrit dans un moment donné de l’histoire, nous ne pouvons évidemment pas certifier
qu’il en sera ainsi dans tout avenir. La tâche de proposer des valeurs et de les mettre à
l’épreuve des faits est bien la nôtre, mais elle se poursuivra indéfiniment »6.
Les valeurs varient selon les personnes et les communautés humaines, et sont évolutives dans
le temps : la notion de valeur est relative. Pour une personne ou pour une communauté,
l’échelle des valeurs peut être rapportée à une échelle des « biens » : il y a pluralité des
valeurs comme des Biens.

4. Exemple illustratif : La reconnaissance des valeurs d’un paysage culturel.

G. Olsson (2000)7 esquisse à travers ses graphiques présentés ci- dessous un premier schéma
qui contient deux implications, toutes les deux relèvent du discours sur le paysage culturel. Ils
regardent le rapport entre signifiant et signe et le rapport entre signe et signifié.
Dés lors, il définit :
- Signe et réalité territoriale : Le rapport entre signe et réalité (signifié), qui investit le
rapport entre niveau ontologique et niveau de la sémiotique du territoire, est un
élément nodal de la discussion. Il démontre à travers la première figure comment est
ce que le rapport entre le signe et l’objet (ici, la réalité territoriale) consiste en une
séquence d’une métaphore disposée le long d’une trajectoire temporelle.
- Signe et signifié : dans ce présent cas, le rapport entre les deux éléments , celui de la
représentation (signe) et celui de l’idéologie ou de la méta narration (signifié), est la
clé de la discussion. Selon Olsson, le signifié peut être considéré comme une séquence
de métonymiques8 de signifiés attribués aux signes et disposés le long d’une
trajectoire temporelle.

Par voie de conséquence, le triangle de discussion sur le paysage culturel induit à considérer
contextuellement deux séquences, une métaphore et une métonymique.

6
C.F © 2003, Encyclopædia Universalis France S.A. Tous droits de propriété industrielle et intellectuelle
réservés.

7
C.f Olsson.G (2000) : « Mappa Mundi Universalis. A commentary on the power of cartographic reason ». In:
Uppsala International contemporary Art Biennale”. Uppsala, Suede.
8
La métonymie, selon le Larousse 1998 : « est la figure de rhétorique par laquelle on désigne la cause pour
l’effet, l’effet pour la cause, le contenant pour le contenu, la partie pour le tout, etc. »

Dr Youcef CHENNAOUI. 5
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

Signifié
Niveau épistémologique
Motivation idéologique de l’intervention.
Meta narration de l’espace.

Intervention sur la réalité


territoriale.
Signifiant en évolution.

PAYSAGE

Signe. Signifiant.
Représentation de la réalité. Réalité territoriale.
Référentiel de la représentation.

Diagramme 8: Rapport entre signifiant, signe et signifié dans la représentation du


paysage, selon G. Olsson (2000). (Traduit par l’auteur).

Sources : Mazzino.F et Ghersi .A (2003) : « Per un atlante dei paesaggi italiani ». Edit
Alinea editore, Florence. P 98.

Partant, plus loin dans sa réflexion, Olsson. G nous livre une interprétation du paysage
culturel, selon une connaissance qui allie science, art et religion. Il stipule que :
- La connaissance scientifique : En assimilant la réalité à A, la représentation de la
réalité à B et la connaissance scientifique reposant sur la relation A = B.

Dr Youcef CHENNAOUI. 6
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

Art :
Construction de la connaissance : A
Signe : Identifié en soi – Ombre de la réalité.
Instruments de représentation : Symboles.

Représentation

Religion Science
Construction de la connaissance : A = A Construction de la connaissance : A = B
Signe : identifié dans le signifiant – Signe : Métaphore du signifiant –
tautologie de la réalité. description ordinaire de la réalité.
Instruments de représentation : Icône. Instruments de représentation : Indice.

Diagramme 9 : Construction de la connaissance dans la science, dans l’art et dans la


religion, selon G. Olsson. (Traduit par l’auteur).

Sources : Mazzino.F et Ghersi .A (2003) : « Per un atlante dei paesaggi italiani ». Edit
Alinea editore, Florence. P 124.

Selon Olsson, l’instrument de la représentation ici est l’indice, repris comme un ordre ou une
norme qui nous informe comme une clé d’interprétation rationnelle du paysage.
Du moment qu’à travers la connaissance scientifique, le signe devient une histoire
métaphorique d’une réalité, ce type de connaissance s’exhibe toujours en représentations
diverses (en mythes par exemple), ce qui impliquerait des transformations ontologiques
continuelles au paysage.

De l’autre coté du triangle, Olsson définit le rapport entre la religion et l’art par une ligne de
communication ici, constituée par un réseau de métaphore que l’art s’approprie dans ses
divers modes d’expressions graphiques. Le signe devient par convention ici une icône dans la
religion, ou symboles dans les arts picturaux.

- La connaissance de l’Art : C’est une connaissance qui n’est guerre rationnelle mais
plutôt intuitive, dont l’expression n’a pas toujours de référentiel à l’instar de l’icône
pour la religion. Cette connaissance se manifeste à travers des symboles, à savoir des
signes ayant la fonction de nous conduire vers un signifié prédéterminé, mais plutôt
vers un réseau de signifiants indéterminés. Ce qui leur octroient dans l’art le caractère
de signes ambiguës, car ils restent l’apanage d’un public averti.

Dr Youcef CHENNAOUI. 7
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours N° 3.
« Patrimoine culturel et Naturel : Histoire et théories ».

Notons ici que le rapport science/ art est repris par une discipline qu’est l’histoire de
l’art qui tente de codifier les symboles utilisés par l’art en indice de connaissance
rationnels.

Or, J.C Wieber (1987)9, pensait que les images perçues des paysages sont résultat : « des
archétypes médiatisés ou mythiques ».
Par ailleurs, on avait déjà su qu’avec le développement du tourisme culturel dés le début des
années 1970, que certains paysages « grand public »sont médiatisés et vulgarisés aux moyens
des supports de dissémination très diversifiés, en vue du seul profit économique. C’est ce
qu’affirme M. Ronai (1976)10, dés cette époque, en déclarant que certains paysages très
connus et convoités ne sont que l’œuvre orchestrés: « des manipulations économiques ou
politiques volontaristes : consommations, politiques de promotions, spots publicitaires,... »

• Bibliographie indicative :

• Audrerie. D (2003) : « Questions sur le patrimoine ». Edit Confluences, Mayennes,


France.

• Amangou. E (2004) : « La question patrimoniale : de la patrimonialisation à l’examen


des situations concrètes », Paris- Budapest-Torino, l’Harmattan.

• Choay. F (1992) : « l’Allégorie du patrimoine ». Edition Du Seuil, Paris.

• Olsson. G (2000) : « Mappa Mundi Universalis. A commentary on the power of


cartographic reason ». In: Uppsala International contemporary Art Biennale”.
Uppsala, Suède.

• Nora. P (1988) : « Patrimoine et mémoire ». In : « Patrimoine et société


contemporaine ». Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris-La Villette, Octobre
1987, Actes des Colloques de la Direction du Patrimoine, Paris.

9
C.f Wieber. J.C : “Le paysage. Questions pour un bilan”. Bull. A.G.F, 2. Pp 146-155.
10
C.f Ronai. M (1976) : « Paysages (1) ». In : Hérodote, N°1, Paris. Pp 125- 159.

Dr Youcef CHENNAOUI. 8
Maître de conférences- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours PCN : Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories.
Cours N°4. Le monument dans une approche multiculturelle. Pour quels critères d’évaluation ?

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».
Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences classe A,
Chercheur à l’EPAU d’Alger.

• Séance N° 4.
Le monument historique » dans une approche multiculturelle.

• Contenu du Cours : (Texte dans sa version provisoire).

1. Analyse historiographique : Les influences étrangères et l’apport culturel régional ou


local dans l’architecture du monument : « Patrimoine national/ Patrimoine Universel ».
Cas de l’Algérie : Les 7 sites du patrimoine mondial.

2. Identification des valeurs et des dimensions patrimoniales du patrimoine algérien :


Pour quels critères d’évaluation.

Au cours d'une histoire plusieurs fois millénaire, l’Algérie a été à la fois l'horizon commun
d'innombrables cultures indigènes, le lieu de rencontre entre les civilisations de l'Orient et de
l'Occident, de l'Europe et de l'Afrique, province de grands empires, l'espace conflictuel où
s'affrontaient des ambitions politiques ou des certitudes religieuses, le but inaccessible des
expansionnismes continentaux.

 Conformément aux principes de la Charte Internationale sur la Conservation des


Monuments et des sites du patrimoine universel; de la Charte Internationale pour la
Sauvegarde des Villes Historiques, le critère d'authenticité est exigible pour
l'inscription sur la liste « Patrimoine mondial » de l’humanité .
 Si les matériaux, les décors d'un monument, d'un ensemble de monuments ou d'un site,
tout comme la forme urbaine, les relations des espaces de la ville, sa relation avec
l'environnement naturel, et sa vocation acquise au cours de l'histoire, ont subi des
altérations graves et irréversibles, le bien concerné, quelles que soient sa valeur
historique et sa dimension culturelle, serait inscrit sur la liste du « patrimoine en péril
 L’objectif de notre cours, est de proposer à travers un itinéraire restitutif
chronologique historique les différentes catégories de biens classés sur la liste du
patrimoine mondial. Ce dernier s’articule autour de la consultation de deux aspects
ambivalents :

1. Déceler dans la filiation des éléments culturels la transmission des éléments du


langage architectural d’une civilisation donné et ses influences diverses véhiculées à
travers le monde, puis le bassin méditerranéen. Par ailleurs, reconnaître l’apport d’une
culture « Majeure » importée et la spécificité d’un savoir-faire local.
2. Identifier les critères de classement utilisés pour l’inscription des 07 sites portés sur la
liste du patrimoine universel depuis 1982.

Dr Youcef CHENNAOUI. 1
Maître de conférences, classe A- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours PCN : Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories.
Cours N°4. Le monument dans une approche multiculturelle. Pour quels critères d’évaluation ?

Les Critères de sélection adoptés par le comité du patrimoine modial de l’UNESCO :


1. représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain ;
2. témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans
une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la
technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de
paysages ;
3. apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle
ou une civilisation vivante ou disparue;
4. offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou
technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire
humaine ;
5. être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation
traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une culture (ou de
cultures), ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand celui-
ci est devenu vulnérable sous l'impact d'une mutation irréversible ;
6. être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions
vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une
signification universelle exceptionnelle. (Le Comité considère que ce critère doit
préférablement être utilisé en conjonction avec d'autres critères);
7. représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une
importance esthétique exceptionnelles ;
8. être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la
terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le
développement des formes terrestres ou d'éléments géomorphiques ou
physiographiques ayant une grande signification ;
9. être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques
en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes et communautés de
plantes et d'animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;
10. contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la
conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des
espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la
science ou de la conservation.

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle
exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Ces critères sont
expliqués dans les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du
patrimoine mondial qui est, avec le texte de la Convention, le principal outil de travail pour
tout ce qui concerne le patrimoine mondial. Les critères sont régulièrement révisés par le
Comité pour rester en phase avec l’évolution du concept même de patrimoine mondial.

Jusqu’à la fin de 2004, les sites du patrimoine mondial étaient sélectionnés sur la base de six
critères culturels et quatre critères naturels. Avec l’adoption de la version révisée des
Orientations, il n’existe plus qu’un ensemble unique de dix critères.
La protection, la gestion, l'authenticité et l'intégrité des biens sont également des
considérations importantes.
Depuis 1992, les interactions majeures entre les hommes et le milieu naturel sont reconnues
comme constituant des paysages culturels.

Dr Youcef CHENNAOUI. 2
Maître de conférences, classe A- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours PCN : Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories.
Cours N°4. Le monument dans une approche multiculturelle. Pour quels critères d’évaluation ?

Conclusion Générale
Ainsi, nous pouvons regrouper ces critères en quatre catégories essentielles:
 1) Soit illustrer une des grandes civilisations humaines
 2) Soit avoir exercé, pendant une période déterminée, une grande influence sur le
développement de l'architecture et des arts dans une région précise du monde.
 3) Soit avoir joué un rôle majeur dans l'histoire des relations trans-territoriales
(entre l'Occident et l'Orient, entre l'Europe et l'Afrique, etc.) ;
 4) Soit témoigner d'une culture autochtone, mais propre à un espace territorial.

Aujourd’hui, à l’aube du troisième millénaire, le domaine de la conservation du patrimoine


culturel se trouve au centre du débat mondial sur la globalisation.
Ainsi, l’on accepte actuellement que chaque culture, chaque société demeure spécifique et par
voie de conséquence, l’évaluation de son patrimoine culturel ne peut être appliqué de façon
universelle.
Suite à un état des lieux sur le thème de l’identification du patrimoine culturel en Algérie,
nous pouvons développer une vision prospective sur le contenu des critères d’évaluation du
patrimoine culturel qui seraient selon nous capables de prendre en charge les spécificités voire
les aménités régionales ou locales des patrimoines nationaux.

Nous devons tout d’abord dresser un état des lieux général faisant allusion à ces aspects :
Le manque d’adaptation de la discipline de l’identification du patrimoine culturel face à
l’opposition des philosophies universelles promulguées à travers les différentes conventions et
chartes internationales. (Contenus génériques des critères d’évaluations usités en général).
L’absence de nouvelles connaissances et de nouvelles méthodes interdisciplinaires en réponse
aux nouvelles valeurs pouvant être spécifiques.
Proposer une gamme de valeurs plus variée en expliquant leurs contenus respectifs. A titre
indicatif, nous proposons ceux-ci :
Les quatre valeurs d’appréciation usuelles du patrimoine historique sont :
1. La valeur historique : Le respect des apports successifs du temps, nous conduit à conserver
les marques de la diversité historique en tant que témoignages de la vie du monument ou d’un
site qu'il convient de préserver.
2. La valeur architecturale : Le caractère d’un monument historique, englobant plusieurs
références historiques, culturelles et architecturales, devient un répertoire à récits pluriels. Il
demeure par conséquent, un des témoignages historiques et culturels que la société devra se
réapproprier, et une référence pour l’illustration artistique d’un savoir-faire d’une
communauté.
3. La valeur esthétique : L’attention, autrefois concentrée sur les édifices les plus prestigieux,
se porte de plus en plus aujourd'hui vers des aspects nouveaux de notre patrimoine : bâtiments
ruraux ou industriels. On protège aujourd'hui même les œuvres contemporaines d’illustres
architectes. La description du style architectural du bien historique tend vers une
reconnaissance des codes architecturaux de l’objet inhérents à une époque esthétique,
émanant d’une société donnée à une période historique donnée. Cette valeur d’appréciation
demeure un moyen de reconnaissance des caractères formels, matériels et ornementaux,
caractéristiques d’un âge ou d’une période de développement historique.
4. La valeur d’usage : La pérennité des fonctions d’origine dans certains monuments ou le
maintien des modes sociaux dans certains sites historique témoigne du maintien du caractère
du lieu et de sa vocation malgré les injures de l’action de la modernité sur eux.

Le réinvestissement des valeurs des patrimoines culturels se justifie aujourd’hui sur plusieurs
niveaux :

Dr Youcef CHENNAOUI. 3
Maître de conférences, classe A- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
Cours PCN : Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories.
Cours N°4. Le monument dans une approche multiculturelle. Pour quels critères d’évaluation ?

Identitaire : Aujourd’hui, le recours au patrimoine culturel est le résultat d’une prise de


conscience collective et universelle. Nous avons saisi que chaque société devra s’identifier
par rapport à son histoire, ses ancrages culturels, son identité spécifique.

Géopolitique : Toute la réglementation actuelle sur le patrimoine culturel (chartes et


conventions internationales) stipule que le recours au patrimoine culturel devra être saisi en
tant que facteur de rapprochement entre les peuples et les cultures. Dés lors, les
regroupements régionaux ne devraient pas être définis seulement à travers des aspects
seulement économiques ou d’échanges, mais que la culture et le patrimoine, devraient
constitués des catalyseurs de développement mutuel pour des régions géographiques. Par là
même, l’évolution de la notion de la valeur du patrimoine de celle nationale à celle
universelle, plaide pour une perception nouvelle du patrimoine culturel de l’humanité, en
abolissant toutes frontières géographiques ou discrimination culturelle, religieuse ou raciale.

Environnementale : Face à cet anonymat du caractère régional urbanistique et architectural


de nos villes, le recours au patrimoine culturel constitue un facteur d’intégration culturelle
pour les populations, au vu de ce laminage engendré par ce processus de mondialisation qui
insuffle un changement de mode de vie, de coutume et de manière d’habiter.

Economique : Aujourd’hui, le développement du tourisme culturel, supplantant largement le


tourisme balnéaire, développé pendant les années 1970, est venu rajouter une plus value
économique au patrimoines culturels. Il constitue effectivement un facteur de développement
économique, en tant que pourvoyeur d’emplois et de richesses. Ainsi, le paysage culturel est
considéré en tant qu’objet de gestion qui rentre dans des stratégies de valorisation utilisant
tout les attributs et ressources présentes dans le territoire.

Dr Youcef CHENNAOUI. 4
Maître de conférences, classe A- Chercheur à l’EPAU d’Alger.
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Cours PG : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».
Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences classe A,
Chercheur à l’ENSA (ex
EPAU) d’Alger.

• Séance N° 6
La problématique de patrimonialisation :
définitions, principes et méthodologies.
Le paradigme philosophique de base :
Patrimoine matériel/ Patrimoine immatériel.

• Contenu du Cours : (Texte dans sa version provisoire).


1. Le patrimoine et la patrimonialisation
2. Le patrimoine aujourd'hui : entre éthique et conservatisme
3. Le paradigme philosophique de base : Patrimoine matériel/ Patrimoine immatériel.

Le patrimoine et la patrimonialisation

En général, le terme patrimoine désigne ''les biens matériels qu'un individu tient, par
Héritage, de ses ascendants et qu'il transmet à ses descendants. Par extension, cet
Héritage peut être commun aux membres d'un groupe social, par exemple une nation ''1

Il existe différentes définitions du patrimoine, tant le concept de patrimoine est large. Nous
retenons ici celle énoncée par J. Gadrey :''Le patrimoine d'une collectivité est un ensemble
''d'objets et de produits ''auxquels cette collectivité, ou une proportion suffisante de ses
membres, attache des valeurs, parce qu'il s'agit de réalités qui témoignent de l'identité de
cette collectivité en établissant un lien temporel entre le passé de cette collectivité et son
présent (témoignage du passé), et/ou entre son présent et ce qu'elle imagine de son avenir
(témoignage projeté) '' 2

Les sites ou monuments possédant une valeur culturelle ou naturelle, d'intérêt local ou
national, sont répertoriés, évalués et ensuite classés. On appelle ce processus la
patrimonialisation. A partir de cette reconnaissance, ces ensembles deviennent propriétés du
pays (et de l'humanité dans le cas des patrimoines mondiaux), suscitant la fierté nationale et
demandent une protection à laquelle doivent participer tout le pays entier.

1
NAPOLI Jocelyne, 2002. Tourisme et valorisation du patrimoine. Tourisme No 11 – Patrimoine III. Toulouse,
ERITH, p. 42.
2
GADREY J., 1994, “Patrimoine et qualité de vie éléments pour une approche socio-économique”
in BESSIERE J., 2000, La construction sociale du patrimoine gastronomique l’émergence de
terroirs de valorisation, ERITH, Toulouse.

1
Cours PG : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

De nos jours, la notion de patrimoine est de plus en plus utilisée pour nommer les biens non
seulement matériels, mais aussi culturels, littéraires, musicaux, relevant de la mode, ainsi que
les savoir-faire. Il s’agit du patrimoine immatériel, plus difficile à reconnaître et à conserver.

Le patrimoine aujourd'hui : entre éthique et conservatisme.


Deux interprétations de cette extension de la notion de patrimoine :

1. Le patrimoine nouveau éthique d’un lien entre les générations.


Notamment à travers l'intégration de la nature dans le patrimoine commun.
Yvon Lamy montre la relation entre environnement et patrimoine de la façon suivante :
« L'environnement (qui n'est pas un objet de transmission au sens propre) fait figure de
patrimoine, comme objet de responsabilité collective à ’égard de l'avenir. Ici c'est la
responsabilité qui crée un nouveau concept de transmission en l'appuyant sur la conscience
d'une solidarité à l'égard des générations futures auxquelles nous devons rendre un
environnement dont nous sommes dépositaires »3

On en vient d'ailleurs,à parler d'une éthique du patrimoine mémoire, associée à l'idée de


possession, et qui témoigne d'un rapport non problématisé au passé, le patrimoine est associé
à l'idée que le patrimoine n’est pas symptôme d’une crise de la Modernité.
2. Le patrimoine résultat d’une crise latente de la Modernité.
Pour, Alain Bourdin, l'idéologie du patrimoine, qui s'est développée, revêt trois dimensions :
1. une peur de l’oubli du passé ;
2. la volonté d'y puiser des modèles pour demain ;
3. une certaine philosophie humaniste qui nous inscrit comme "maillon d’une chaîne qui
nous dépasse"4 (c’est la notion du continuum cyclique de l’histoire de l’humanité).

Le patrimoine, dans l'extension actuelle qui le caractérise, révèle une inversion


de sens, c'est-à-dire le reflet d’une perte de sécurité, d’une relativisation de toute valeur,
rendant plus difficile la gestion de notre héritage.

Pour A. Bourdin (1984, p. 23), l'engouement pour le patrimoine découle 'une crise de la
Modernité 'Les idéologies du progrès nous ont menés, elles vacillent. Le monde se
désenchante, se sécularise (...) aucune valeur ne pose comme assurément »

L’accélération de l'histoire, pour reprendre P. Nora (1997, tome 1, p. 25), rend le passé
obsolète avant d’avoir pu le déchiffrer. Il fait alors le diagnostic d’une substitution de la
mémoire par l’Histoire :
"La mémoire est la vie, toujours portée par des groupes vivants et à ce titre elle est en
évolution permanente, ouverte à la dialectique du souvenir et de ’amnésie (...). L’histoire est
la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui n’est plus".

Cette manière de vivre le passé à distance engendre trois mouvements.

3
Lamy Yvon, Introduction in L'alchimie du patrimoine : Discours et, politique, op. cité p1 6.
4
BOURDIN A., 1984 - Le patrimoine réinventé. PUF, coll. Espace et liberté, 239 p.

2
Cours PG : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

o Le passé n'est plus vécu (ou reconstruit comme guide d'action au présent) mais évalué.
o Le présent est lui-même mis en archive pour en garder l’exacte trace, avant qu'il ne
devienne déjà du passé.
o La mise en patrimoine doit, quant à elle, prémunir contre les incertitudes de 'avenir.
Il y a autant de patrimoine que d’enjeux.

Ce survol historique montre bien que l’émergence et l’évolution de la notion de patrimoine


s’inscrit dans un contexte socio-politique donné.
Que se soit au travers de l’affirmation d’une identité nationale, de la crainte du modernisme,
de l’affirmation des identités régionales, d’une logique de développement économique, ou de
la crainte de catastrophes écologiques.
C’est pourquoi la notion de patrimoine qu’elle concerne une pratique, un objet ou un lieu,
n’est saisissable qu’à travers « l’appropriation et la désignation par un groupe social en
fonction d’enjeux économiques, territoriaux, symboliques, politiques, ou sociaux.5

Ainsi, le patrimoine n’existe pas a priori il devient un objet d’étude à partir du moment où l'on
s'intéresse aux discours de ceux qui le font exister.
Comme le note Alain Bourdin 6 , le patrimoine devient un marché, un jeu de ’offre et la
demande, où l’on assiste à une prolifération des patrimoines, et donc de processus de
patrimonialisation"
Selon Michel Rautenberg C'est ce processus de patrimonialisation, plutôt ’objet déjà
transformé en patrimoine » 7 qu'il faut analyser.

Le paradigme philosophique de base : Patrimoine matériel/ Patrimoine


immatériel.
Depuis un siècle, la problématique de patrimonialisation s’est installée dans une dichotomie
dualiste : Patrimoine matériel/ Patrimoine immatériel.
Aujourd’hui, on s’est rendu compte que l’un est l’autre sont complémentaires et que nul ne
peut exister sans l’autre ; du moment que le paradigme philosophique de base, stipule que :
« l’immatériel est la raison d’être du patrimoine et dès lors, le matériel constitue sa
matérialisation physique et son expression ».

En général, les processus d'évaluation utilisés pour des fins de patrimonialisation, tendent le
plus souvent à déterminer d’une part, ce qui doit être considéré beau ou laid, valable ou sans
valeur ; d’autre part, ce qui est ou n’est pas une composante de notre héritage, ce qui devrait
être sauvegardé de ce qui pourrait être débarrassé.
Dés lors, les questions auxquelles nous tenterons de répondre à travers la définition des
concepts de base inhérents à cette notion de patrimonialisation seraient :

5
Chantal Somm : «Ethnologie du patrimoine : Pour une ethnologie du présent » in « L ‘ARA » n°43 p21,
1998.
6
BOURDIN Alain, Patrimoine et demande sociale in Le patrimoine, atout du développement, NEYRET Régis
(Dir), Lyon, PUL, 1992, 156 p.
7
In « Patrimoine et modernité » D.Poulot (éd), ouvrage collectif, L’Harmattan, Janvier 1998, 31 1 p.

3
Cours PG : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

o De quelles manières les valeurs et les normes instillées par un fond culturel,
peuvent-elles déterminer la perception et l’évaluation des patrimoines pour des
fins de patrimonialisation ?

Ce questionnement sur ce qui fait l’essence de la patrimonialisation, nous amène à


mettre en avant la dichotomie aussi bien entre la question du général et des parties (ville et
architecture)entre l’opposition continue entre le patrimoine dit matériel et celui dit immatériel.

Les relations complémentaires des significations patrimoniales, liant l’immatériel au


matériel, inhérente à la ville et à l’architecture8, renvoie vers un ensemble d’hypothèses qui se
résument comme suit :

▪ Le patrimoine est considéré comme fondateur de la constitution de l’identité ;


▪ Le patrimoine comme vision globalisante et directement inhérente au contexte
(Espace-temps et culture) ;
▪ Le patrimoine comme révélateur du génie identitaire ;
▪ Le patrimoine comme devoir de mémoire en rapport au passé pour la compréhension
du présent et la construction de l’avenir ;
▪ Le patrimoine comme pertinence ;
▪ Le patrimoine comme fondement paradigmatique et espace mental ;
▪ Le patrimonialisation relève d’un processus complexe à identifier puis à évaluer;
▪ La patrimonialisation pourquoi et pour qui avant la patrimonialisation de quoi ;
▪ Le patrimoine comme action pluridimensionnelle et transdisciplinaire ;
▪ Le patrimoine comme dialectique local/global, ou entité/sous-entité ;
▪ Le patrimoine matériel comme illustration du patrimoine immatériel raison d’être du
patrimoine.

8
C.f. AMOUGOU (E) (2004) : « La question patrimoniale : de la patrimonialisation à l’examen des situations
concrètes », Paris- Budapest-Torino, l’Harmattan.
C.f COLLECTIF, (2004) : « Le patrimoine culturel immatériel : les enjeux, les problématiques, les pratiques ».
Actes du colloque organisé par la Fondation du Forum d’Assilah et la Maison des cultures du monde, Paris,
Maison des cultures du monde et Arles, Actes Sud.
C.f. SOUAMI Mohamed Adel (2007) : « Ville et Patrimoine : Nouveaux regards ». In : « Regards croisés sur la
Médina » du 18 au 24 octobre à Tunis, organisées par le laboratoire du patrimoine de la faculté des lettres de la
manouba Tunis, en association avec l’université du Québec, l’université de Porto et de l’université d’Avignon.
C.f NORA (P), (1988), « Patrimoine et mémoire ». In : « Patrimoine et société contemporaine ». Cité des
Sciences et de l’Industrie de Paris-La Villette, Octobre 1987, Actes des Colloques de la Direction du Patrimoine,
Paris.

4
Dr Youcef CHENNAOUI
« Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».
Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences classe A
Chercheur à l’ENSA d’Alger.

• Séance N° 7

La crise actuelle de la ville et la notion de récupération des centres


historiques.
• Contenu du Cours : (Texte dans sa version provisoire).
- Chronologie historique.
- Les fondements théoriques et les outils normatifs de la notion de « Secteurs
Sauvegardés », réticulés dans les outils de règlementation urbaine.
- Le Façadisme et l’Identité : deux concepts d’intervention en évolution, au sein des
centres historiques.

- 1. Chronologie historique.
- Apparition et développement de la notion de Patrimoine Urbain Historique.

La notion de patrimoine urbain est apparue après l'ère industrielle qui nécessita la destruction
des quartiers anciens pour des raisons fonctionnelles. Durant cette période, quelques théoriciens et «
décideurs » prônaient cette destruction pour des raisons d'esthétique et d'hygiène. Cette attitude était
déplorée par des penseurs romantiques parce qu'elle entraînait pour eux, la disparition de tout le
charme présent dans ces quartiers anciens dont la destruction effacerait à jamais une partie de la
mémoire de la ville. Mais là il ne s'agissait pas d'une prise en compte de patrimoine urbain ou même
d'une émergence de cette notion, car les quartiers anciens n'étaient pas considérés par ses penseurs
comme des monuments historiques mais seulement comme des endroits « romantiques » ayant une
valeur affective et suscitant des émotions.

Quant à la notion de patrimoine urbain historique, Françoise Choay la fait remonter à l'époque
d'Haussmann. Elle lie à plusieurs facteurs la raison d'existence de quatre cents ans d'écarts entre
l'apparition des deux notions, celle du monument historique et celle du patrimoine urbain fortement
liée à la première.
D'abord, l'échelle de la ville, sa complexité et la mentalité qui assimilait la ville à un nom ou une
généalogie et non à des espaces. D'autre part, l'inexistence de documents fiables ou de cadastres rendait
l'espace absent dans les études faites avant le XIXeme siècle. Tout ceci a conduit à ce que l'espace urbain
de l'ère préindustrielle ne soit pris en considération que par un effet de « contraste » ; suite à la
transformation des villes occidentales en villes industrielles. Ce phénomène a d'abord été étudié
par les fondateurs de l'urbanisme. Ces premiers urbanistes, qu'ils soient «progressistes » ou
« culturalistes », considéraient les ensembles anciens comme un obstacle à l'aménagement de
l'espace et c'est pour cette raison qu'ils ont été les premiers intéressés par le problème du
patrimoine urbain : « L'histoire des doctrines de l'urbanisme et de leurs applications concrètes
ne se confond nullement avec l'invention du patrimoine urbain historique et de sa protection.
Cependant, les deux aventures sont solidaires. » CHOAY, (F), / 'urbanisme, utopies et réalités ; CHOAY, (F),
l'allégorie du patrimoine
Dr Youcef CHENNAOUI
« Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

En effet, beaucoup de villes étudiées par ces urbanistes avaient pris naissance dans une cité qui, à
travers son histoire, a perdu son sens originel et ne répond plus aux exigences d'une ville
contemporaine avec ses réalités sociales et économiques.

- 2. Les fondements théoriques et les outils normatifs de la notion de


« Secteurs Sauvegardés », réticulés dans les outils de règlementation
urbaine.
- Comment la loi Malraux contribua au développement de la conception
de la conservation des ensembles patrimoniaux urbains.
Le contexte historique de cette loi se résume par le délabrement des quartiers anciens à la fin
des années 50 et par la croissance de la population et son afflux vers les villes modifiant ainsi les
habitudes urbaines et créant un besoin de logements. Les politiques de l'époque proposaient de raser
les quartiers anciens considérés comme obscurs et insalubres et de transformer les espaces résultant
en secteurs d'activités tertiaires et de logements ouverts à la circulation automobile.

En réponse aux problèmes de protection et de rénovation qui résultaient des mauvaises


conséquences sociales des politiques employées, la loi Malraux est venue s'attaquer aux idées
urbanistiques de l'époque. Cette loi montre que les quartiers anciens forment un ensemble cohérent
et que tous les immeubles constituent une partie intégrante de l'ambiance urbaine et renforcent les
monuments remarquables. La loi propose donc des moyens pour rénover et réhabiliter ces quartiers
considérés comme l'image de la ville. Elle prévoit l'élaboration d'un plan de sauvegarde et de mise
en valeur, les orientations à prendre et la prise en charge des études par l'Etat.

Le résultat de cette loi se résume par l'arrêt de la démolition des centres anciens et le début de
la prise en compte de l'identité culturelle locale. En outre, Durant une première période de
l'application de cette loi, la restauration stricte qui permit de sauver plusieurs quartiers, causa le
transfert des habitants vers des logements neufs créant une fois de plus, des problèmes sociaux.

- La création des secteurs sauvegardés :

La création du secteur sauvegardé précède celle du plan de sauvegarde et de mise en valeur


(PSMV). Elle prend en compte tout le patrimoine du secteur, durant l'élaboration du PSMV. L'Etat
joue un rôle important dans la procédure : il appelle le conseil municipal à prendre une délibération
préalable au projet de création d'un secteur sauvegardé.

Pour les projets dans le secteur sauvegardé il est obligatoire de demander une autorisation
spéciale délivrée par l'architecte des Bâtiments de France. Ce dernier a le choix entre donner un avis
conforme, ou un sursis à statuer dans l'attente de la publication du PSMV. L'objectif de cette
obligation est d'assurer la protection des immeubles durant la période d'élaboration du PSMV.

- Le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) :


Son élaboration et ses effets.
Le PSMV gère le patrimoine par des analyses et des études pointues. Il se substitue au POS et
à tous les autres documents d'urbanisme et conduit les actions de protection et de revitalisation. Il est
alors réglementaire et prévisionnel. Le projet du PSMV est élaboré par un architecte compétent
choisi par le maire avec l'accord du ministre. Le préfet du département créé la commission locale du
secteur sauvegardé à laquelle il soumet le plan de l'architecte. La commission émet toutes ses
Dr Youcef CHENNAOUI
« Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

observations et ses propositions.

Le projet final est soumis au conseil municipal pour qu'il donne son accord. Le PSMV est
rendu public par un arrêté du préfet. Les observations du public sont communiquées à la
commission qui propose ses modifications. Le conseil municipal est consulté sur l'ensemble de
l'affaire. Le dossier est alors transmis devant la commission nationale des secteurs sauvegardés.
L'Etat approuve par décret en conseil d'Etat. Enfin, le décret est publié dans le journal officiel et
dans deux journaux locaux.

Le PSMV détermine les principes d'organisation urbaine et les règles qui assurent la protection du
patrimoine. Il comporte des dispositions spécifiques pour imposer des règles aux immeubles et aux
espaces. Il contient aussi des documents graphiques indiquant les immeubles à conserver, les
immeubles pouvant être démolis ou modifiés pour des raisons urbanistiques, les espaces soumis à
une protection particulière et les sous-secteurs dans lesquels ne sont admises que des opérations
globales.
Le rapport de présentation expose aussi bien les caractéristiques architecturales,
urbanistiques, économiques et démographiques du secteur, que les objectifs qui ont conduit à la
protection.

Après la loi Malraux, l'intérêt pour le patrimoine s'est élargit. L'espace patrimonial s'organise
comme un lieu pédagogique et la conservation des quartiers historiques relève aussi de la qualité de
vie. Comme le monument, la ville ancienne devient une référence, sa présence nous situe mieux
dans l'espace contemporain.
Mais au delà du témoignage historique perpétré par le patrimoine bâti s'ajoutent les effets de
l'environnement. On prendra désormais plus en compte les abords des monuments tant en restaurant
les édifices qui entourent ce monument qu'en préservant les espaces naturels voisins. Cette unité
entre les espaces naturels et bâtis accentue la valeur pittoresque du lieu et marque les nouvelles
politiques patrimoniales qui tendent à unifier dans les textes des directives et des lois, les notions de
patrimoines architectural, urbain et paysager.
«Créées par la loi du 7 janvier 1983, les ZPPAUP ont vu leur intitulé complété par «paysager» par
la loi du 8 janvier 1993. Cette adjonction confirme et renforce la vocation de cette procédure à
prendre en compte l'ensemble des éléments patrimoniaux dans leur diversité et leur pluralité,
pratique qui prévalait dans le traitement des abords de monuments historiques qu'elle devait
améliorer. Elle conforte également la capacité de cet instrument à intervenir sur des espaces à
protéger et à mettre en valeur indépendamment de l'existence d'un monument historique. »

La création des ZPPAUP s'inscrit dans la logique du développement de la notion du


patrimoine.

- Les ZPPAUP, une conséquence de la décentralisation.

L'un des effets les plus importants des ZPPAUP se traduit par l'implication efficace des
collectivités territoriales dans le processus de la protection et d'aménagement. La décision de mise
en œuvre d'une ZPPAUP est en effet prise par le conseil municipal d'une ou de plusieurs communes
concernées. Mais si le projet peut être intercommunal, l'application montre une grande difficulté de
mener à terme une telle ambition. Et malgré la décentralisation, l'Architecte des Bâtiments de
France assiste les maires concernés dans la phase d'étude.

Le dossier de la ZPPAUP comprend un rapport de présentation, un règlement et un document


graphique. L'importance des ZPPAUP se traduit par la possibilité d'identifier le patrimoine de la
Dr Youcef CHENNAOUI
« Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

collectivité, qu'il s'agisse tant de monuments ou d'édifices présentant un intérêt patrimonial, que de
quartiers ou d'espaces publics et d'espaces paysagers liés à un ensemble bâti. Le périmètre de la
ZPPAUP déterminé au cours de l'étude est adapté aux caractéristiques du patrimoine et du paysage
surtout aux abords des monuments. Ce périmètre peut donc être formé de plusieurs parties distinctes
sur l'ensemble du territoire communal

La ZPPAUP suspend les effets des sites inscrits et de la servitude de protection des abords des
monuments historiques quand ces sites et ces abords sont situés dans son périmètre. A l'intérieur de
ce périmètre, aucune modification de l'aspect des immeubles n'est permise sans l'autorisation de
l'Architecte de Bâtiments de France qui vérifie la conformité du projet avec les dispositions de la
ZPPAUP.
A l'instar des effets des PSMV, ceux des ZPPAUP visent à développer l'image de marque du site et
à exprimer son identité synchronisant ainsi l'animation culturelle du lieu avec son attraction
économique. Les sites ainsi protégés du danger que présente leurs propriétaires courent un autre
risque, celui de la surexploitation touristique.
Ce risque affecte tant les zones patrimoniales qu'archéologiques qui nécessitent un entretien spécial
et permanent. Il est à noter qu'au niveau juridique, la France s’est doté de lois protégeant les sites
archéologiques et classant les sites les plus importants comme monuments historiques. D'autre part,
la loi impose des obligations légales aux aménageurs comme celles de la déclaration des
découvertes susceptibles de présenter un intérêt archéologique, le contrôle de l'Etat sur les fouilles
ou les sondages à but archéologique et la prise en compte de la protection du patrimoine
archéologique dans les procédures d'urbanisme.

- 3. Le Façadisme et l’Identité : deux concepts d’intervention


antagonistes, au sein des centres historiques.

Le façadisme s’est développé de façon inquiétante et massive dans certaines villes depuis les
années 1970. Il peut se définir ainsi : une intervention sur le bâti ancien qui ne conserve de
celui-ci que les façades au mépris de l’espace intérieur, démolir intégralement pour faire place
à une nouvelle construction neuve répondant aux impératifs du programme architectural
contemporain.
Le travail sur la façade était une opération de rajeunissement pour tenter de conformer
l’aspect extérieur d’un bâtiment à la sensibilité d’une époque. Le phénomène auquel on
assiste aujourd’hui est presque inverse : le façadisme apparaît comme une volonté de fixer le
passé au moyen du maintien de l’apparence extérieure du bâtiment tout en réalisant en ce qui
concerne les dispositions intérieures un changement complet, une adaptation au goût du jour
des usages et de leur décor.
Il y a plusieurs types de Façadisme à distinguer dans l’histoire :

1. Aux 17eme et 18eme siècles il reflétait une volonté d’embellissement des villes ; cet
effort de composition et de hiérarchie se prolongeait à l’intérieur dans le second œuvre
et le décor. L’Hausmannisation du 19eme siècle est resté fidèle à cette logique. La
façade est alors un enjeu en soi.
2. Les opérations de reconstruction après la guerre constituaient une « relecture de la
ville » afin d’en conserver les traces, les ruines à des fins démonstratives et de
construction identitaire (par exemple la conservation des vestiges des immeubles
détruits à Berlin pour montrer ce que les guerres détruisent).
3. Un Façadisme non urbain a aussi existé qui a été peu observé : celui de la résidence
secondaire dans l’habitat rural. Il s’est développé en France à partir des années 1960,
Dr Youcef CHENNAOUI
« Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

avec une dissociation entre apparence (conserver l’apparence de la maison rurale) et


contenu (réaménager les intérieurs aux normes du confort moderne et selon l’idée
qu’on se faisait du rustique).
4. Le Façadisme actuel qui s’est développé en Europe dans les années 1970, est un
phénomène tout à fait différent et issu d’autres causes. On ne garde pas les façades
pour leur intérêt patrimonial, mais on garde uniquement celles dont la conservation
apparaît comme la moins contestée par l’opinion, lors des opérations de reconstruction
en centre urbain. Ce Façadisme ne touche pas toutes les villes de la même façon car il
est fonction de leur mode de construction. Dans certains cas, il est considéré comme
un premier pas vers une prise de conscience (Lisbonne), une première alternative à la
pratique de la destruction. Il semble qu’il soit en décroissance, depuis l’affaiblissement
de la spéculation et le changement de l’opinion publique.

Le Façadisme fut identifié dans son acception spéculative comme échec dans la manière de
gérer la ville.
Il est par ailleurs important de différencier l’intervention sur le patrimoine monument
exceptionnel, de celle qui touche le tissu urbain ordinaire car les finalités sont différentes : le
Façadisme appliqué au patrimoine monumental a une finalité avant tout symbolique, de
restitution d’une histoire.

Le Façadisme est révélateur de l’importance du statut social, de ce qu’on veut montrer à la


collectivité. Il es aussi lié au paysage urbain (towncape) : c’est privilégier l’ordonnancement
urbain, l’image de la ville, au détriment de la structure et de l’usage des bâtiments. Ces deux
attitudes liées à l’apparence, conduisent à un effet pervers si elles sont poussées à l’extrême :
faire de la ville un décor, un espace théâtralisé, qui perd son identité.

Les façades des édifices historiques expriment et dissimulent en eux même tous les
changements intervenus dans leur existence, et les événements en rapport avec eux. Elles sont
aussi complexes, elles traduisent différentes phases dans la vie du bâtiment, des changements
d’usage, des modifications dans le goût et les styles, au cours des âges. Ainsi elles nous
permettent de lire les marques de toutes les identités.

Le Façadisme est une opération qui consiste à vider les structures intérieures d’un immeuble
pour ne garder qu’une ou plusieurs façades extérieures. Ces interventions ne sont pas
conformes à la déontologie de la conservation. Il est aujourd’hui largement admis que la
valeur culturelle d’un bâtiment est tributaire du maintien de son intégrité physique et de la
relation organique entre intérieur et extérieur. Il constitue une pratique peu satisfaisante aussi
du point de vue de la création architecturale contemporaine. Il ne permet pas de conférer une
identité visuelle aux structures mises en place. Il provoque un décalage entre l’organisation
distributive et la structure constructive d’une part et l’expression en façade d’autre part. À
relever enfin le coût élevé et les difficultés de l’évidage qui impliquent des suspensions de la
façade ou de sa dépose et la reconstitution pierre par pierre.
Réduits à une simple enveloppe, les immeubles conservent toutefois un rôle évocateur. Là où
le volume d’origine est maintenu, ils préservent la morphologie et l’image urbaine, importante
pour le caractère du lieu et l’identification des habitants à leur environnement.
Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences, classe A-
Chercheur à l’ENSA (ex EPAU)
d’Alger.

• Séance N° 9
La valorisation du patrimoine culturel et le développement local.
(Recueil de textes. Version provisoire).

• Contenu du Cours :
1. Le patrimoine, élément moteur de développement durable.
2. La globalité de la démarche d’intégration.
3. La situation française et le cas de Bibracte. (Étude de cas).

1. Le patrimoine, élément moteur de développement durable.


QUE FAIT-ON DANS LE CADRE DES POLITIQUES LOCALES DE
DÉVELOPPEMENT ?

De multiples actions peuvent être menées dans le cadre d’une politique de développement
local : l’agriculture, le tourisme, les équipements publics, les communications… sont autant
de facteurs de développement. Le souci de contrôler l’utilisation des ressources du sol et de
l’environnement a d’abord conduit à inscrire la protection du patrimoine naturel comme une
priorité des initiatives de développement durable.
Ainsi, en France, la création des Parcs naturels régionaux, dès la fin des années 1960, procède
de cette préoccupation. La prise en compte du patrimoine culturel relève, il y a quelques
années, un renversement de perspective : non seulement les projets de développement durable
prennent mieux en compte le patrimoine, mais on commence à élaborer des projets de
valorisation du patrimoine qui intègrent d’autres facteurs qui participent au développement
durable.

UNE NOUVELLE CONCEPTION DU PATRIMOINE CULTUREL.

Jusqu’à ces toutes dernières années, la définition du patrimoine culturel était restrictive :
• Sites, édifices et objets prestigieux,
• Patrimoine vernaculaire disséminé dans les campagnes considéré plutôt comme une partie
intégrante d’un paysage.
Aujourd’hui, nous en avons une acception plus large dans la mesure où sont également pris en
compte les éléments matériels ou immatériels qui témoignent des relations particulières
qu’une communauté humaine a instaurées au cours de l’Histoire avec son territoire :
• Des paysages marqués par l’empreinte des activités humaines,
• Des techniques et des savoir-faire qui ont par exemple donné une touche particulière aux
paysages
• Des parlers locaux, des musiques, une littérature orale issus de traditions non écrites,
• Certaines coutumes, traditions particulières (processions religieuses par exemple).

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

DE MULTIPLES RAISONS DE VALORISER LE PATRIMOINE.

Valoriser un patrimoine c’est – et on le pense en premier lieu – en attendre des retombées


économiques par le biais du tourisme et de ses dérivés (structures d’accueil, commerces,
etc…) mais c’est aussi ancrer une population dans son histoire et lui donner une fierté par la
reconnaissance de ses racines et de son identité. Ce peut encore, en dernier lieu, en faire un
appui pédagogique pour la transmission des savoirs.

LE PATRIMOINE PEUT S’INTÉGRER DANS UNE DÉMARCHE DE


DÉVELOPPEMENT DURABLE SOUS CERTAINES CONDITIONS.

Même reconnue comme richesse, la diversité des domaines concernés par le patrimoine ne
suffit pas à en faire ipso-facto un support de développement. La ressource n’est que
potentielle. Pour qu’elle s’intègre à une démarche de développement durable, trois conditions
s’avèrent nécessaires :
• La première, évidente, est que ce patrimoine ne disparaisse pas (nécessité de la
conservation),
• La seconde est qu’un usage approprié lui soit trouvé pour le faire vivre, pour qu’il devienne
facteur de développement (quelle valeur veut-on lui donner ?),
• La troisième est que sa valorisation s’intègre dans un processus global et qu’il devienne
ainsi moteur de développement.

2. La globalité de la démarche d’intégration.


LES DIFFÉRENTS PÔLES DU DÉVELOPPEMENT.

Pour satisfaire ces trois conditions, la démarche nécessite une approche sous des angles
multiples : économique, environnemental, sociétal, culturel. L’importance donnée à chacun de
ces pôles de développement – la pondération des objectifs évoquée précédemment – est un
préalable à toute élaboration de projet.
Des domaines de compétence dévolus à une grande variété d’acteurs du développement sont
ainsi amenés à se recouper et non plus à être disjoints comme les expériences passées le
démontraient trop souvent. Elus, représentants d’administrations, membres d’associations,
techniciens, professionnels bâtissent alors une synergie d’actions dans la mise en oeuvre de
projets.
Un projet de valorisation du patrimoine qui n’aurait qu’une finalité économique à travers son
attrait touristique risquerait, à plus ou moins long terme, d’apparaître étranger sur son propre
territoire car il occulterait la dimension essentielle de l’ancrage au territoire à travers
l’utilisation des ressources locales, la préservation de l’environnement, la reconnaissance des
habitants, le développement de l’emploi. Le développement du tourisme culturel, en
particulier, doit se soucier des différents pôles du développement durable. Ceux-ci sont
désormais explicitement pris en compte dans les démarches de gestion de la qualité en matière
touristique.

De façon générale, la recherche d’alternative au mode de production dominant se cristallise


souvent autour de ce type de vision du développement.
Ces démarches de développement initiées à un échelon territorial fin, misant sur la coopération, et
la mise en valeur des ressources locales sont regroupées sur le vocable aujourd’hui populaire de «
développement local ». Donc avant de définir cette approche du développement, on essayera dans
ce travail de préciser d’abord ce que l’on peut entendre par développement notamment en zone

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

rurale. Il s’agit donc de donner au début un aperçu sur le concept de développement pour aboutir
après au fameux concept développement local.

La question générale qui sous-tend ce travail est de comprendre dans quelle mesure
l’organisation des acteurs locaux par valorisation du patrimoine peut effectivement contribuer au
développement de l’activité économique des zones rurales en déclin. Elle se situe donc plutôt dans
la conception « efficacité » du développement rural, mais élargie à d’autres ressources
territoriales que le sol (ou la main d’oeuvre captive peu qualifiée), selon les principes du
développement local.

Un premier processus qualifié de « traditionnel » ou d'« artisanal » se différencie par une logique
d'action et de mobilisation locales centrée sur l'émergence de multiples initiatives à dominante
individuelle, dispersées et à faible densité. Le rattachement à un même héritage collectif territorial
structure une offre patrimoniale de terroir dont la logique à dominante qualitative privilégie la
reproduction des savoir-faire transmis. Un second processus qualifié d' « industriel » se
caractérise, à l'opposé, par la valorisation intensive d'une seule production patrimoniale
(essentiellement l’artisanat local à caractère commercial). Le troisième type de valorisation
patrimoniale renvoie à une pluralité d'offres de qualités spécifiques et différenciées à vocation
touristique. Composé d' « entreprises rurales » tournées vers le tourisme, ce système territorial de
patrimonialisation s'avère représentatif d'une nouvelle logique d'adaptation agricole et de
recomposition des sociétés rurales. Entre pratiques de conservation et d'adaptation, la valorisation
patrimoniale ici observée démontre une logique de fructification ou de stimulation du patrimoine.
Ce processus s'exprime dans un collectif structurant identifiant une nouvelle logique d'interaction
entre acteurs fondée sur la prééminence d'actions résillaires.

Ces différentes configurations de construction patrimoniale s'accompagnent de logiques


contrastées d'intégration territoriale, spécifiquement touristique. Ainsi, les processus observés
s'insèrent différemment dans les dynamiques touristiques locales, définissant des systèmes de
développement territorialisés plus ou moins construits ou aboutis. Ces systèmes démontrent une
capacité nouvelle des sociétés rurales à envisager leur développement à partir d'une approche
conjuguée du tourisme et des ressources locales.

Quelle méthode d’évaluation pour le patrimoine ?


La méthode à utiliser se veut inductive puisqu’elle doit partir de l’observation des faits pour
dégager des propositions qui rendent l’approche aussi générale que possible.
La méthode se veut également normative dans la mesure où elle permettra de suggérer des
améliorations de l’environnement statistique et économique ou d’énoncer des principes et des
lignes d’action rendant la méthode plus efficace. La méthode se veut en fin effective dans la
mesure où par son utilisation elle produira les effets attendus : l’amélioration de la gestion du
patrimoine archéologique à évaluer.
L’objectif est de déterminer de quelle façon la méthode doit aborder l’évaluation économique du
patrimoine.
D’ordinaire, le patrimoine monumental ne fait pas l’objet d’une évaluation économique pour
raison de gestion, sa conservation, sa restauration et son entretien étant jugés nécessaires pour
assurer la pérennité du bien en question. Pour des raisons de culture ou de qualité
d’environnement, le maintien, coûte que coûte, des biens s’impose à la société. Donc connaître la
dimension économique d’un tel bien, ou celle des opérations que l’on décide en vue de la
sauvegarde est utile à une bonne gestion à long terme de ce bien.
La méthode à appliquer doit permettre de connaître avec précision l’utilité économique de chaque
dépense consacrée à la sauvegarde de ce patrimoine. Plus il y aura de sites protégés à conserver,
plus s’imposera l’analyse de la dimension économique du patrimoine au travers les retombées de
toute nature.

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

La méthode doit permettre d’analyser la dimension économique de tout élément du patrimoine, c-


a-d à prendre en considération le maximum d’effets dérivés ou induits du patrimoine.
Les analyses économiques du patrimoine existant se limitent généralement aux effets directement
perceptibles et donc directement comptabilisables, au détriment d’un large ensemble d’effets
secondaires positifs ou négatifs. L’analyse du patrimoine s’est abordée jusqu’ici que d’un point de
vue microéconomique (Lemaire, 1993). C’est la caractéristique de l’analyse macroéconomique de
dépasser le contexte de seul monument ou du seul site et d’intégrer dans le calcul les effets sur des
variables et des entités économiques distinctes du site lui-même. L’amélioration d’un site
historique aura des effets positifs sur le nombre de visites et par conséquent sur les effets dérivés
(moyens de transport utilisés par les visiteurs, hôtellerie, restauration, commerce, création
d’emploi..). Cette vision macroéconomique tente d’intégrer l’ensemble du circuit économique
dérivé du patrimoine.

Les deux méthodes ADEP et nombre de fréquentation nous paraissent les plus adéquats à utiliser
dans ce cadre de site patrimonial archéologique et dans un contexte de pays en voie de
développement.
1. La Méthode d’analyse de la Dimension Economique du Patrimoine
La méthode ADEP nous semble intéressante à appliquer afin d’analyser la valeur économique de
notre site archéologique en question. Cela nous permettra de mesurer les retombées économiques
d’une valorisation (privée ou étatique) de ces sites : le coûts et les avantages (directs et indirects)
d’un investissement dans le domaine du patrimoine.
2. Exercice de coût de déplacement et analyse de la fréquentation sur le site
Cette analyse nous permettra de mieux connaître le touriste qui fréquente ces sites ainsi que son
avis sur aussi bien les problèmes qui menacent un tel site que la possibilité de le valoriser
davantage. Un questionnaire fréquentation du site va donc âtre élaboré.
Cette méthode est basée essentiellement sur l’observation du comportement des individus et la
révélation de leurs préférences.
En deuxième lieu on tentera de traiter cette évaluation tout en ayant comme méthodologie
l’estimation d’une fonction de demande sur le site à partir des enquêtes menées au près des
visiteurs sur le nombre de visites qu’ils effectuent en fonction des coûts qu’ils dépensent pour y
accéder, le revenu mensuel de chaque visiteur, et ceci en fonction des zones classées par ordre de
distance moyenne d’accès. Et là on essayera d’établir les effets relatifs des différents facteurs
explicatifs sur la demande de visite (effet coût, effet revenu, effet niveau d’instruction, effet
zone...)
3. Le consentement à payer CAP des usagers de ce patrimoine :
Les individus qui fréquentent le site patrimonial dans un but essentiellement de découverte et
récréatif tout comme les professionnels sont, selon nous, considérés comme des usagers
présentant une certaine familiarité avec notre bien à évaluer. On a donc jugé essentiel de mener
des enquêtes auprès des usagers de ce patrimoine. Un questionnaire catégories professionnelle
sera adressé aux personnes qui tirent profit de ce patrimoine : agences de voyages et guides,
personnes privés, sociétés de tourismes, artisans, hôtels restaurants….. C’est la perception des
droits et devoirs envers ce patrimoine. Il s’agit de mettre en évidence que les processus de
valorisation de ce patrimoine sont le résultat direct des jeux des différents acteurs sur ce milieu.

3. La situation française et le cas De Bibracte. (Étude de cas).


L’histoire d’un projet.
La ville gauloise de Bibracte est située sur le sommet du Mont Beuvray, au coeur du
Parc naturel régional du Morvan. Sa vaste superficie (200 ha recouverts de forêts) s’étend sur
deux départements de la région Bourgogne (la Nièvre et la Saône-et-Loire) et sur trois
communes rurales (Glux-en-Glenne, Larochemillay, Saint-Léger-sous-
Beuvray).

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

La ville antique est bien connue de la communauté scientifique grâce aux importantes fouilles
archéologiques qui y ont été conduites au XIXe siècle. Pourtant, l’oubli a rapidement succédé
à l’interruption des fouilles à la veille de la première guerre mondiale.
La ville n’a été tirée de cet oubli que dans les années 1980, grâce à la convergence de deux
démarches :
• Un nouvel intérêt pour l’archéologie gauloise au sein de la communauté scientifique et de
nouveaux moyen accordés aux recherches, notamment au sein du CNRS ;
• L’affichage de la mise en valeur de Bibracte au rang des priorités du Parc naturel régional
du Morvan.
En outre, un président de la République autrefois élu du Morvan, François Mitterrand, fut
sensible à la beauté et à la force de ce lieu qui pouvait être associé à des événements
fondateurs de l’histoire nationale.
Le ministère de la Culture décide de lancer de nouvelles fouilles en 1984. L’année suivante,
Bibracte est proclamé site national par F. Mitterrand. En 1989, la mise en valeur du site
rejoint la liste des Grands Travaux de l’Etat. On crée le Centre archéologique européen du
Mont Beuvray, chargé par l’Etat d’un programme d’acquisitions foncières et de constructions
(un musée, un centre de recherche, en centre d’hébergement) puis de l’exploitation des
équipements (accueil de chercheurs, d’étudiants et du grand public).
En 2000, le site de Bibracte accueille environ 80 000 visiteurs dont la moitié visite le musée.
Il accueille des archéologues pour un total de 5 000 journées ouvrées annuelles et emploie une
trentaine de salariés.

UN FORT ENGAGEMENT INITIAL DE L’ETAT QUI LAISSE PLACE PEU À PEU


AUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES.
Toutes les instances qui composent la société de gestion se retrouvent, pour diverses raisons,
dans la gestion du site archéologique, selon trois volets :
• Le volet réglementaire : assuré uniquement par l’Etat conformément aux lois énoncées dans
le paragraphe précédent. Le site bénéficie ainsi d’une double protection (au titre de la loi de
1913 et au titre de la loi de 1930).
• Le volet foncier : partagé par les deux propriétaires du site, le Parc naturel régional du
Morvan pour la partie sommitale (135 ha), acquise en 1980, et l’Etat, qui s’est rendu
propriétaire entre 1990 et 1992 de la majeure partie des pentes du massif (850 ha).
• Le volet financier : jusqu’à ces dernières années, la majorité (environ 80 %) des
investissements (équipement essentiellement) était financée par l’Etat, dans le cadre des
grands travaux culturels de l’Etat en région. On assiste actuellement à un rééquilibrage des
participations financières : pour les nouveaux équipements sont sollicités l’Etat, la Région (à
travers les contrats de plan Etat-Région), les deux départements et l’Union européenne (par le
Fonds européen de développement régional ou FEDER ). Pour le budget de fonctionnement,
un quart est assuré par les ressources propres de la société (accueil de clientèle et vente de
bois) et le restant provient de subventions des partenaires déjà cités.

La nouvelle donne territoriale autour de Bibracte.


UN TERRITOIRE AUX MULTIPLES HANDICAPS.
Le site de Bibracte, sur le Mont Beuvray, se trouve dans un territoire que l’on qualifie parfois
de " désert vert ". Le Morvan est un massif montagneux aujourd’hui très boisé et faiblement
peuplé (20 habitants au km2 en moyenne dans le Morvan, mais seulement
15 à St-Léger-sous-Beuvray, 7 à Larochemillay et 5 à Glux) marqué par un lent et inexorable
déclin démographique (vieillissement de la population accéléré par l’exode des jeunes).
Le territoire est écartelé entre les deux axes majeurs de communication que sont la vallée de
la Saône à l’Est et celle de la Loire à l’Ouest et n’est traversé par aucune voie de

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

communication importante. Cet écartèlement a notamment une forte incidence sur le


découpage administratif, qui pénalise fortement Bibracte, située à la frontière de nombreuses
entités territoriales (diagramme 2). Il ne dispose que d’un seul pôle urbain et encore de faible
importance : la ville d’Autun (16 000 habitants) où sont concentrées la majeure partie des
activités économiques. Dans la Nièvre, Château-Chinon est une modeste sous-préfecture de 3
000 habitants.
L’économie de ce secteur est essentiellement rurale, tournée vers l’élevage bovin et
l’exploitation forestière. Les activités secondaires et tertiaires n’ont que peu d’emprise et sont
regroupées à Autun ou dans les principaux bourgs-centres.
La seule ressource monumentale de grande notoriété est constituée par le patrimoine gallo-
romain et religieux de la ville d’Autun et il existe aussi un patrimoine vernaculaire
malheureusement peu valorisé. En fait la beauté des paysages (bocage et forêts) et la
tranquillité des campagnes sont les atouts de ce territoire et le Mont Beuvray, classé au titre de
la loi de 1930 sur les sites naturels, en est la figure emblématique.
Le secteur se prête donc très bien au tourisme vert, diffus, et le Parc naturel régional du
Morvan a d’ailleurs été créé pour, entre autres, préserver ces paysages et développer ce type
de tourisme.

UN PARC NATUREL RÉGIONAL DONT LA CHARTE RÉPOND DÉJÀ AUX


OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le Parc Naturel Régional du Morvan (PNRM) a été la première structure de concertation
créée localement, en 1970, pour promouvoir un développement harmonieux d’une région
déshéritée. Ses objectifs et leur mise en oeuvre à travers une charte rejoignent en tout point
ceux de la loi Voynet (LOADDT) sur les politiques de développement durable :
l’aménagement de ce vaste territoire qui regroupe 97 communes des
4 départements de la région (Côte-d’Or, Nièvre, Saône-et-Loire et Yonne) et 34 000 habitants
doit se faire dans un souci de respect de l’environnement, de protection et de valorisation du
patrimoine.
Une des premières interventions du PNRM pour le site archéologique de Bibracte s’est
réalisée dans le domaine foncier : l’acquisition de terrains a permis de libérer la recherche des
vestiges de toute contrainte foncière. Actuellement, en dehors de sa participation au conseil
d’administration de la SAEMN, le PNRM participe au financement des actions touristiques
menées autour de Bibracte (par ex. pour le point information touristique mis en place au côté
du musée en 2000). La conduite des politiques de développement touristique (pour le PNRM
d’un côté, pour Bibracte de l’autre) est également harmonisée par une concertation suivie.

BIBRACTE : UN PÔLE DE DÉVELOPPEMENT POUR DEUX PAYS


Nous retrouvons deux structures de concertation de part et d’autre de la limite départementale:
• Côté Saône-et-Loire, le pays de l’Autunois-Morvan, en cours de constitution, avec la ville
d’Autun (16 000 habitants) comme pôle urbain principal ;
• Côté Nièvre, le pays Nivernais-Morvan lui aussi en cours de constitution et structuré par
plusieurs gros bourgs (Château-Chinon, Luzy, Corbigny, Lormes…).
Les territoires correspondants sont essentiellement ruraux et souffrent de plusieurs handicaps
(au niveau économique, démographique, social, logistique) qu’une politique de
développement durable serait à même d’atténuer.
Dans leurs chartes de développement respectives (en cours d’élaboration), est mis en
particulier l’accent sur la valorisation du patrimoine et des sites touristiques.
Le site archéologique de Bibracte sur le Mont Beuvray est un peu la figure de proue du
patrimoine culturel de ces deux pays. C’est pourquoi la SAEMN participe activement à

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

l’élaboration de leurs chartes. Elle mène également une réflexion commune avec tous les
autres intervenants du domaine touristique et culturel (avec la ville d’Autun par exemple).

L’avenir : les moyens mis en oeuvre par Bibracte pour s’insérer dans les
politiques de développement local.
UN PROJET QUI A LE SOUCI DE S’IMPLIQUER DANS LE DÉVELOPPEMENT
LOCAL.
L’équipe dirigeante de Bibracte s’est fixé trois axes prioritaires d’action pour les prochaines
années :
• poursuivre son programme de recherches en archéologie celtique en consolidant son
envergure internationale,
• développer des actions de formation aux métiers de l’archéologie et du patrimoine,
• réaffirmer l’importance de l’offre culturelle et touristique de Bibracte, lui donner une image
lisible dans ses trois dimensions (archéologique, civilisation celtique, nature).
C’est à travers ce troisième point que Bibracte souhaite mieux s’ancrer dans les politiques de
développement local

UN REPOSITIONNEMENT SUR LE CÔTÉ " NATURE " DU SITE


Un schéma directeur d’aménagement et de développement touristique mis en place en 1997 a
été l’occasion d’initier une nouvelle phase de concertation avec les acteurs locaux.
Ce schéma préconisait déjà de s’appuyer sur les deux dimensions du site pour sa valorisation:
• La dimension archéologique : mise à jour d’un oppidum celtique emblématique,
• La dimension paysagère : site naturel presque entièrement boisé, au pouvoir attractif bien
vivace.
La première ayant été privilégiée par rapport à la seconde jusqu’à ces dernières années, ce
rééquilibrage va permettre de repositionner le Mont Beuvray dans les circuits locaux, de
renforcer les liens existant (de longue date) entre celui-ci et la population locale .
Par exemple, en partenariat avec les communes intéressées à la gestion du site, un
aménagement du piémont (le grand pourtour) du Mont Beuvray est prévu dans le but de
favoriser la découverte de paysages préservés.

DES PARTENARIATS À RECHERCHER OU À RENFORCER


La mise en réseau des services est un bon moyen d’intégration et de fédération des énergies
pour optimiser l’offre. Il en est de même au niveau des sites.
Or, on constate qu’au contraire de Gergovie et d’Alésia (lieux de batailles de la
Guerre des Gaules), Bibracte, pourtant citée à plusieurs reprises par Jules César, souffre
encore d’être méconnue du grand public. La mise en réseau avec le site auvergnat et le site de
la Bourgogne du Nord en ferait un axe privilégié de découverte historique susceptible de
drainer un surcroît de visiteurs.
Dans le même esprit, renforcer le partenariat avec la ville d’Autun ne peut avoir qu’un effet
de symbiose sur les retombées économiques du tourisme (allongement du temps de séjour par
exemple).

En guise de conclusion :
Eléments d’un bilan
Le projet culturel développé à Bibracte depuis 1984 est ambitieux. Les retombées escomptées
dès l’origine se déclinaient à plusieurs échelles. A l’échelle nationale et européenne, il
s’agissait de dynamiser la recherche archéologique sur la période celtique et de mettre en
valeur la civilisation celtique. A l’échelle régionale et locale, le projet a été immédiatement

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

vécu comme une opportunité exceptionnelle en matière touristique. L’entreprise s’est révélée
ardue.
Les objectifs ont été atteints en matière de recherche : Bibracte est sans doute devenue le plus
gros chantier de recherche archéologique programmée à l’échelle européenne et c’est
désormais un lieu incontournable pour qui s’intéresse à l’archéologie celtique. Cette activité
archéologique, étroitement contrôlée par l’équipe du Centre archéologique, se développe dans
le souci de préserver au mieux l’intégrité du site.
Les résultats sont nettement plus mitigés en ce qui concerne l’accueil du public, l’incidence
sur l’économie locale et l’appropriation du site par les habitants du Morvan.
Les difficultés étaient en effet nombreuses et importantes. Parmi les principales, rappelons :
• Le tissu social et économique déliquescent dans lequel s’est installé le projet : peu de public
potentiel, peu de compétences et d’esprit d’initiative.
• La faible notoriété du site auprès du grand public (au contraire de Gergovie et d’Alésia, dans
le même registre culturel) et la difficulté à mettre en scène des vestiges très peu spectaculaires
(architecture de terre et de bois…). ;
• La faiblesse des flux touristiques dans le Morvan ;
• Les modalités de genèse du projet, à savoir une initiative " parisienne " menée sans toute la
concertation qui aurait été nécessaire localement, alliées à une situation politique locale fort
complexe (deux départements concernés de couleurs politiques opposées, trois communes,
une demi-douzaine de structures intercommunales…
; cf. diagramme 2 supra).
Malgré ces difficultés, le musée de Bibracte a réussi à se hisser – et à demeurer – au
quatrième rang des sites patrimoniaux à entrée payante au niveau régional. Il contribue à
former des milliers d’écoliers chaque année. L’élaboration en cours des projets de pays
confirme l’intérêt que lui portent les élus locaux et la population dans son ensemble.
Jusqu’à ce jour, les actions de valorisation développées autour de Bibracte n’ont pu se faire
autrement qu’au moyen d’une concertation limitée et à court terme, pour des raisons diverses
qui tiennent pour l’essentiel à des motifs politiques.
Alors que la philosophie du développement durable s’installe fortement dans les esprits,
associée aux notions de solidarité et de programmation sur le long terme, il paraît aujourd’hui
concevable de mieux faire profiter la population locale du site et de ses équipements et
d’accueillir des visiteurs en plus grand nombre sans porter atteinte à son intégrité. Ce
développement passe par une concertation adéquate entre les gestionnaires du site et
l’ensemble des partenaires concernés par le devenir du territoire dans lequel il s’inscrit.

Bibliographie Indicative.

- AA. VV., Patrimoine, modéles de tourisme et développement local, l’Harmattan, Paris 1994
- BIANCHINI F. & PARKINSON M., Cultural Policy and urban regeneration. The West
European experience,
Manchester 1993
- COUNCIL OF EUROPE, In From the Margins. A contribution to the Debate on Culture
and Development, Strasbourg 1997
- D’ANGELO M. E VESPERTINI P., Cultural Policies in Europe: regions and cultural
decentralisation, Strasbourg 1999
- EUROPEAN COMMISSION, Commission Staff Working Paper, Culture, the cultural
industries and employment,JEC (98) 837, Brussels 1988
- Financing cultural/natural heritage and sustainable development. International Conference,
Dubrovnik, Croatia, May 28-31, 1996, Calame, Jonathan (ed), World Monument Funds, New
York 1996

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Cours PG : « Patrimoine culturel et naturel. Histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

- GOODWIN H., KENT I., PARKER K., WALPOLE M., Tourism, Conservation and
Sustainable Development, International Institute for Enviroment and Development, London
1998
- Heritage Economics: challenges for heritage conservation and sustainable development in
the 21 st century, July 4th 2000, Canberra, Conference Proceedings, Australia Heritage
Commission, Canberra 2001
- Heritage and Tourism: ICOMOS European Conference, Canterbury, University of Kent,
March 27th-30th 1990, ICOMOS-UK, London, 1990
- ICOMOS, International Cultural Tourism Charter. Managing tourism at places of heritage
significance. Adopted at the 12th General Assembly, Mexico, October 1999
- ICOMOS charter for the protection and management of the archaeological heritage (1990)
- ICOMOS, Historic cities and sustainable tourism: the protection and promotion of the
world’s heritage, ICOMOS UK Conference, Bath, 4-6 October 1995, ICOMOS UK, London,
1995
- MTURI A.A., The planning and management of the conservation of historic town and their
integration with the social and economic planning and development process. Mozambique,
Somalia and Tanzania, in UNESCO, Seminar on conservation of Historic Towns and
Monuments along the Coast of Kenya, Mozambique, Somalia and Tanzania,
Bagamoyo,Tanzania, UNESCO, Paris1985, pp. 140-162
- PÉRIER-D’IETEREM C., Tourism and Conservation: Striking a Balance, in “Museum
International”, n.50, 1998
- ROBINSON M., EVANS N., CALLAGHAN P., (eds), Tourism and culture, towards the 21
st century. Managing cultural resources for the tourist. Conference proceedings, University
of Northumbria, Newcastle upon Tyne 1996
- SANDSTRÖM C., Cultural heritage as a part of development strategies in rural areas, in
ICOMOS 8the General Assembly and International Symposium, Old Cultures in New
Worlds, bCommittee, Washington 1987, pp. 1026-1032 Washington D.C., Oct. 10-15, 1987.
Symposium Papers, Vol. 2, ICOMOS United States
- UNESCO, The cultural dimension of development, Paris 1994
- UNESCO, Culture, tourism, development: crucial issues for the XXIst century. Proceedings
of a round table, Paris, 26-27 June 1996, Paris 1996
- WORLD BANK, Sustainable Tourism and Cultural Heritage.A Review of Development
Assistance and Its Potential to Promote Sustainability, 1999
- WORLD BANK’S MIDDLE EAST AND NORTH AFRICA REGION, Cultural heritage
and development: a framework for action in the Middle East and North Africa, World Bank,
Washington 2001.

9
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

Cours de Base :
«Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories ».

Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences, classe A-
Chercheur à l’ENSA (ex EPAU)
d’Alger.

Séance N° 10

La stratégie de mise en valeur du patrimoine culturel au sein de l’optique


du SDAT (Schéma Directeur d’Aménagement Touristique).
Le cas des pôles d’excellence.

• Contenu du Cours :
o Introduction : L'enjeu touristique du patrimoine et ses retombées économiques
o le contenu du concept de « pôle » touristique relatif au potentiel patrimonial.
o Les stratégies de développement du tourisme culturel adoptées pour les pôles
d’excellences nationaux.

L'enjeu touristique du patrimoine et ses retombées économiques


Bien qu'une relation existe entre le patrimoine et le tourisme, celle-ci n'est pas aussi claire et
aussi simple qu'il peut paraître. Elle est au contraire complexe voire même contradictoire. Et bien
qu'il y ait eu plusieurs formes de tourisme depuis l'Antiquité, c'est en 1816, en France que le
concept moderne de tourisme est né, lorsque Alexandre Laborde, ministre de l'intérieur, publie la
liste des monuments inventoriés1.

Le tourisme est donc le résultat de la vulgarisation du concept du patrimoine. Mais ce n'est pas
encore une vulgarisation totale puisque tout d'abord c'est le public instruit qui commence à
s'intéresser à un patrimoine protégé pour l'intérêt général. On assiste dès lors à la création des «
sociétés savantes » s'intéressant à l'étude et à la préservation du patrimoine. Ce phénomène va
continuer à prendre de l'ampleur jusqu'à l'apparition de la notion de vacances, période pendant
laquelle les gens en profitent pour visiter les monuments historiques.
C'est ainsi que l'idée du tourisme, qu'on qualifiera plus tard par « culturel », commence à
prendre forme, elle constitue aussi en quelque sorte une « consommation » patrimoniale.
Existe-t-il alors une certaine contradiction entre le tourisme et le patrimoine ? Le problème
serait donc d'examiner combien la « mise en tourisme du patrimoine » est conciliable avec la
notion de valorisation de ce dernier.

La mise en tourisme du patrimoine et la valorisation du patrimoine dans une perspective


touristique sont en effet deux démarches différentes l'une de l'autre.
Alors que la première consiste à placer l'objectif touristique et économique en avant, la
deuxième au contraire, met l'accent sur le patrimoine et sa dimension culturelle.
En France, ces deux démarches sont souvent distinctes l'une de l'autre et se traduisent au
niveau de la commune, lors de l’élaboration des projets, par des approches différentes. Alors

1
AUDRERIE, (D), Questions sur le patrimoine, Confluences, Mayennes, 2003.
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

que la première se réalise souvent avec l'aide des spécialistes du tourisme tels l'Agence
Française d'Ingénierie Touristique (AFIT) et la Délégation Régionale du Tourisme (DRT), la
seconde s'effectue avec l'appui des spécialistes de la culture comme la Direction Régionale des
Affaires Culturelles (DRAC) et la Délégation Interministérielle à l'Aménagement et à la
Compétitivité des Territoires (DIACT)2. Mais ces démarches sont-elles réellement distinctes
l'une de l'autre ?

Il est aussi évident que même en France, quand il s'agit d'une démarche favorisant l'aspect
touristique du lieu, le côté culturel y est toujours présent puisqu'il constitue l'une des
caractéristiques du patrimoine. Cela renvoie à des questions sur ce qu'on attend de la
découverte du patrimoine. Est-ce un agrément, une curiosité ou une recherche de racines ?
La réponse est certes difficile. Il y a évidemment de tout cela ajouté à des raisons
inexplicables touchant aux rêves et à l'imaginaire, sans toutefois oublier le rôle important que
joue le patrimoine en présentant un outil matériel aux sciences humaines et sociales
notamment à l'histoire. L'exploration des biens patrimoniaux fournit donc tant à ceux-ci une
légitimité qu'aux gens un certain équilibre dont ils ont besoin dans cette période de
mondialisation sauvage. Mais aurait-on besoin d'un point de rattachement pour la réflexion
historique ?

L'homme a en effet besoin d'un point de repère matériel. Il est d'une part poussé par le gain
économique, et d'autre part, attiré par un besoin profond de comprendre l'histoire et les théories
abstraites en exerçant un empirisme qui faciliterait l'impulsion de la pensée.

Dans le cas de monuments, de bâtiments ou d'ensembles de bâtiments, la valeur d'usage direct


constitue les revenus obtenus d'un usage direct comme l'habitat et le commerce, etc. Tandis
que la valeur d'usage indirect résulte de l'usage du bien par des visiteurs de passage comme les
touristes qui profitent de la beauté et de la valeur du lieu.

La valeur de non-usage direct quant à elle, c'est la somme des profits obtenue par la mise en
valeur du patrimoine, elle peut se manifester par exemple, par des profits résultants de la
contribution d'un étranger à la sauvegarde d'un patrimoine qui n'est pas le sien.
Enfin, la valeur d'option représente la valeur obtenue par le report de la « consommation » qui
peut consister à détruire volontairement le bien pour être remplacé, ou involontairement par la
surexploitation touristique.

Cet intérêt des touristes pour le patrimoine peut en outre s'affaiblir quand les biens
patrimoniaux sont livrés à la destruction ou même à la dégradation. La réutilisation de ces
biens présente alors un double avantage. Le fait d'utiliser le monument ou le bâtiment pour
d'autres fonctions que la simple visite des touristes, aide aussi bien à l'optimisation de
l'utilisation d'investissements du passé, qu'à la préservation de l'histoire du pays.

Pour que la protection soit efficace, tout un dispositif est à établir, allant d'une législation
adaptée aux conditions locales, à une analyse économique des conséquences du classement, en
passant par toutes les études concernant l'histoire et la typologie du bien. Même dans le cas du
réemploi, des études doivent être prévues pour que le travail soit élaboré de manière à
empêcher l'altération de la structure et de l'aspect originel de l'édifice, sous risque de perdre à
jamais des valeurs touchant à son authenticité.

2
La DIACT a remplacé la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) depuis le 1er
Janvier 2006.
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

La notion de mise en valeur quant à elle, constitue « un instrument de présentation de l'histoire,


de transmission des connaissances, de protection des richesses nationales et de développement
du tourisme ».
Or cette notion ne doit pas dissimuler le fait que le patrimoine continue à être détruit sous
différents prétextes, notamment celui de la modernisation voire même de la restauration.

La mise en valeur devient alors une locution très ambiguë. Bien que son but soit de faire
reconnaître les valeurs du patrimoine, nul ne peut nier l'existence de l'idée d'intérêt résultant de
l'attractivité que renforce cette mise en valeur. Il existe dès lors une « rivalité » entre deux
tendances, l'une privilégiant le respect de l'authenticité et l'autre préférant la rentabilité et le
prestige.

o le contenu du concept de « pôle » touristique relatif au potentiel


patrimonial. (L’expérience française).

LARGES EXTRAITS de TEXTES : Source : www.industries-culturelles-patrimoines.fr/.

LA RÉGION PACA, TERRITOIRE CULTUREL PRIVILÉGIÉ


• Le Pôle Industries Culturelles et
Patrimoines se propose La Région PACA offre la singularité d’abriter
de constituer un territoire sur son territoire un patrimoine unique,
d’excellence à la visibilité attesté par le classement de quatre de ses
internationale pour un secteur sites historiques au Patrimoine Mondial de
culturel qui, en plein essor, l’Unesco. Elle possède également des
est source d’opportunités multiples. collections archéologiques et artistiques de
Cette ambition premier plan et accueille des festivals et des
se fonde d’abord sur les manifestations culturelles de renommée
compétences dont dispose la région internationale.
Provence-Alpes-Côte d’Azur en
matière culturelle La Provence-Alpes-Côte d’Azur est une
et patrimoniale… ainsi que (et ceci région aux multiples visages : s’y côtoient
n’étant bien sûr pas sites historiques, religieux, parcs naturels...
sans relation avec cela) sur les « Terres de cultures, l’enchevêtrement de
richesses naturelles » civilisations confère à cette région une
dont dispose la région Provence- dimension culturelle exceptionnelle :
Alpes-Côte d’Azur dans patrimoine bâti, patrimoine naturel, arts
les filières de la culture et du plastiques, musique, photographie reflètent
patrimoine. cette diversité.

Grâce à ses atouts naturels, culturels et patrimoniaux, la région accueille 35


millions de touristes en moyenne chaque année.
De plus, la présence de compétences de haut niveau, au sein des structures de formation
ou des nombreux laboratoires de recherche, assure aux entreprises dont l’activité est
axée sur la culture ou le patrimoine, un environnement favorable à leur épanouissement et
propice à l’intégration de technologies ou de concepts innovants.

Cette conjonction de facteurs, phénomène pratiquement unique au niveau mondial,


offre de facto à notre région une visibilité et une renommée internationales, qui
profitent à toutes les entreprises présentes sur son territoire.

QUELQUES CHIFFRES
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

La culture en Provence-Alpes-Côte d’Azur :

• 2 184 monuments classés


• 4 sites historiques reconnus « Patrimoine de l’Humanité » par l’UNESCO
• 6 villes d’art et d’histoire (Arles, Briançon, Fréjus, Grasse, Marseille, Menton)
• Le seul Plan Patrimoine Antique de France (pour la rénovation et la conservation
du patrimoine)
• 381 festivals de musique recensés, 30 festivals de cinéma
• 7 parcs naturels protégés (dont 3 parcs nationaux)
• 113 musées dont 3 musées nationaux
• 4 écoles nationales de musique et 2 écoles nationales d’art (dont celle de la
photographie)
• 2 centres chorégraphiques nationaux
• 269 bibliothèques nationales
• 8 espaces culture multimédia.
• Le patrimoine biologique le plus diversifié en Europe

L’objectif de notre candidature est de conforter ce leadership, en matérialisant un


encadrement formalisé à toutes ses composantes, qui accompagne et dynamise
l’existant, mais surtout, qui, en en accentuant leur symbiose, participe ainsi à
l’émergence de nouveaux gisements de création d’activités innovantes.

CARTE D'IDENTITÉ

SON POSITIONNEMENT…
Le positionnement général du Pôle Partenariale : les démarches déjà initiées
Industries Culturelles et Patrimoines peut par les centres de recherche universitaires
être brièvement décrit au travers de d’Arles, d’Avignon, d’Aix en Provence, de
l’exposé succinct des trois dimensions Nîmes et de Marseille, par les centres de
essentielles constitutives de sa stratégie : Recherche & Développement privés (qui
associent étroitement technologies
• Territoriale : la Région PACA, avancées, culture et patrimoine), la
avec notamment les villes diversité des acteurs - entreprises,
d’Arles, d’Avignon, d’Aix en manifestations, fondations dont les
Provence, de Marseille, activités sont basées sur ces domaines,
de Nice et de Nîmes, recèle un ainsi que les formations (issues de
patrimoine historique et Supinfocom, de l’École nationale
culturel propice à la démarche Supérieure de la Photographie, de l’IUP
adoptée et constitue en AIC, de l’IUT d’Arles et par extension des
ce sens un zonage pertinent universités régionales qui lient intimement
s’appuyant sur des liens numérique et culture…) manifestent une
déjà existant entre les divers ressource dont la taille critique assurera
acteurs sollicités. l’amplification des collaborations déjà
existantes et des projets à venir.
• Sectorielle : cette candidature,
dont l’originalité reflète
le tissu des compétences du
territoire sur lequel
elle s’appuie, ambitionne de
valoriser une dynamique
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

historiquement et informellement
existante, basée sur
les ressources patrimoniales
uniques du territoire concerné,
sur la diversité de ses cultures et
sur leur valorisation
économique, notamment par le
biais des technologies
numériques.

SON IMPLANTATION ET SON PÉRIMÈTRE GÉOGRAPHIQUE

Le noyau dur du projet de Pôle de compétitivité Industries Culturelles et Patrimoines


s’est historiquement formé à Arles et à ses alentours. Néanmoins, les projets initiés ont
rapidement réuni des partenaires issus d’horizons plus lointains. Le Pôle de
Compétitivité Industries Culturelles et Patrimoines est ainsi un Pôle de la région PACA
regroupant tous les acteurs culturels qui s’y trouvent, à savoir entreprises, centres de
formation et de recherche de ce secteur.

SES PRINCIPAUX ACTEURS ET PARTENAIRES

• Les entreprises d’Artois de Mécanique, Thermique et


Instrumentation), Conservatoire national
Harmonia Mundi, Actes Sud , Guintoli, Art botanique de l’île de Port Cros, CNR
Graphique et Patrimoine, Reprographie du (Aménagement du Rhône), Institut
soleil, Aristeas, Epson, Hewlett Packard, Méditerranéen d’Ecologie et
Groupe F Pyrotechnie, Attractive Paléoécologie/ Centre de Recherche en
Productions (Audio Mobil Agency), Pôle Matières Condensées et Nanosciences/
Sud Productions Multimédia, Arkheia, Centre de Droit Economique/ Laboratoire
Editions Picquier, Geco, Mastran, Atelier Interdisciplinaire de Droit et des Mutations
Mérindol (Groupe Quelin), EDF, Pierres Sociales (Université Paul Cézanne).<:p>
du Sud, Maison de la télédétection, SMBR
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

(Groupe Quelin), Spaceyes (Sophia • Les centres de formation


Antipolis), Société IGO EEE, Nymphéa,
Entreprise Girard (Groupe Vinci), SI2E Université Paul Cézanne (Faculté de
Ingénierie soft, Altitude (télécoms), Clara Droit, Faculté ’Economie Appliquée,
Net, Level 3 Comunication, Cap Gemini, Faculté des Sciences et techniques), IUP
LG Electronics Mobilecom France, Jaxio, Administration des Institutions Culturelles
CNR (Compagnie Nationale du Rhône), d’Arles, Université de Provence, IUT
GMH, La Friche de la Belle de Mai, d’Arles, École Nationale Supérieure de la
Voxinzebox, NGI (Nouveau Groupe Photographie, , Supinfocom, IUP
d’Ingénierie), BRL (Compagnie nationale Environnement de Marseille, Ecole du
d’aménagement du Bas Rhône), Silene- paysage de Marseille, Ecole d’Avignon,
Biotec, Zygene, Spot Image SA, Centre de Université de Nice, Ecole des Mines de
recherche et développement des satellites Paris (Laboratoire de Sophia Antipolis,
d’Alcatel, Arc’Antique, G2C Pôle Cyndinique), INSA, Ecole des Mines
Environnement, Adetel, Société Davidson, d’Alès, IUT de géomatique, Universités et
Club Adobe, Vicques, SOACSY, Ecomed, Grandes Ecoles de Paisley, de Lausanne
Sofirem, SIGEO, Salins du Midi, et de Rome.
Géomatys, Eskhar, Colorado–C26, Asahi
Thermofil France, Carrières de Provence,
• Manifestations culturelles
Carrières de Castillon du Gard, Atout
environnement, Hormigas, SODIE, Pixxim,
Novemed SA, Net it bee, Chapitre.com, Les Rencontres Internationales de la
Buchet-Chastel, CESA, Mariani. Photographie d’Arles, Festival
International d’Art Lyrique d’Aix-en-
Provence, Festival international du Piano
• Les centres de recherche
de la Roque d’Anthéron, Festival
d’Avignon, Chorégies d’Orange, Opéra
INRA, La Tour du Valat, DESMID (UMR Théâtre d’Avignon et des Pays de
du CNRS 6012 ESPACE), LERM Vaucluse.
(Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur
les Matériaux), MAPA (Musée de l’Arles et
• Les institutions
de la Provence Antiques), Le Marais du
Vigueirat, DRASM (Département des
Recherches Archéologiques Ministère de la culture et de la
Subaquatiques et Sous-Marine), CICL communication, UNESCO(Département «
(Centre Interrégional de Conservation du Suivi du patrimoine naturel et culturel par
Livre), PRISM (Plate-forme Réseaux pour télédétection »), Agence régionale du
l’Interactivité des Services Multimédias), patrimoine, DRAC, FIC (Forum des
CICRP, CEREGE, CRCGD, CNRS Industries Culturelles), Conservatoire du
(CEFE), Laboratoire de Draguignan, Littoral, ICNPA (Industries Culturelles
Arboretum de Roure, Conservatoire des Numériques du Pays d’Arles), Marseille
restanques, Vergers et Jardins Innovation, OMPI (Organisation Mondiale
Méditerranéens de Provence, CRP2A, de la Propriété Intellectuelle - Genève),
C2RMF (Laboratoire des Musées de Ville d’Arles : Direction de l’aménagement
France), Institut français d’architecture, et du développement - Direction du
CNES (Centre National d’Etude Spatiale), Patrimoine, Offices du tourisme, SNROC
CETEROC (centre technique des roches (Syndicat National des Roches
de construction), LAMTI (Laboratoire Ornementales et de Construction),
UNICEM, Parc naturel régional de
Camargue.

POIDS ET ENVERGURE DU Pôle

• 72 entreprises impliquées - soit près de 12 000 salariés - Soit 5.5 milliards


d’euros de chiffre d’affaires annuel
• 25 Laboratoires de recherche publics et privés - soit plus de 1000 chercheurs
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Dr Youcef CHENNAOUI.

• 6 centres de formation, dont :


- 2 universités (université de Provence, Université Paul Cézanne)
- La seule École Nationale Supérieure française de Photographie (ENSP)
- Une école supérieure spécialisée en infographie (SUPINFOCOM)
• 4 Festivals de renommée internationale :
Festival d’Avignon, Les Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles,
Festival d’Aix en Provence,
Les Chorégies D’Orange

SON DOMAINE DE RÉFÉRENCE :


« INDUSTRIES CULTURELLES ET PATRIMOINES
L’intitulé Industries Culturelles et D’autre part, le fait d’avoir volontairement utilisé au pluriel
Patrimoines donne un point de vue le terme « patrimoines » traduit la volonté d’inscrire dans
d’ensemble du secteur culturel tout en le champ du Pôle l’ensemble des patrimoines existants et
insistant sur certains domaines tous les acteurs qui s’y rattachent. Il s’agit donc, pour les
caractéristiques de la région à savoir les citer, des patrimoines bâti et culturel comprenant tous les
différents patrimoines (bâti, culturel et sites et autres monuments protégés, les pièces de
naturel) et les manifestations culturelles de musées, les livres et manuscrits anciens ; du patrimoine
grande renommée. immatériel (en l’occurrence les manifestations culturelles
et les festivals) ; et du patrimoine naturel dans lequel on
Le terme « industrie » vient rappeler la retrouve les parcs régionaux et nationaux et tous les
dimension de production et d’innovation paysages protégés. La corrélation entre ces patrimoines
propre à la culture. En effet, ces dernières distincts mais étroitement liés, s’explique par les objectifs
années, ce secteur a connu un que notre Pôle s’est fixé en termes de préservation et de
développement considérable avec valorisation du patrimoine.
l’apparition de nouveaux supports et
procédés innovants. L’arrivée du
numérique, par exemple, s’est traduite par
une redéfinition du contexte dans lequel
évoluent les biens culturels quels qu’ils
soient. Il est intéressant de voir que
l’innovation a déjà contribué à la mise au
point de nouvelles applications destinées à
une diffusion plus appropriée de la culture ;
et ce processus innovant n’en est qu’à ses
débuts.

SES AXES DE DÉVELOPPEMENT

• Patrimoine naturel
Le Pôle Industries Culturelles et Patrimoines
s’organise autour de trois axes de Ce groupe thématique recouvre la création de systèmes
développement : informatisés de repérage et de suivi des paysages, de
conceptions de nouveaux modes de réalisations des
• Patrimoines bâti et culturel digues et de tout type d’ouvrage ayant une fonction
• Patrimoine naturel particulière et devant s’intégrer dans un milieu naturel…
• Ingénierie et diffusion de la culture
• Ingénierie et la Diffusion de la Culture
Le Pôle se positionne à ces titres sur
l’ensemble des secteurs générateurs Ce dernier thème recouvre la création de nouveaux
d’emploi et de croissance économique tels systèmes informatisés de présentation des patrimoines
que le multimédia, le tourisme, la (monuments, oeuvres d’art …) alliant images 3d,
restauration et la rénovation, la renaturation, systèmes de repérages, et diffusion de contenus sur
toutes sortes de médias, création de processus assurant
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

la gestion du territoire… une information en temps réels des événements se


produisant simultanément sur un même espace
L’innovation s’exprime à travers une (problématique des festivals …) …
trentaine de
projets regroupés sous les trois thèmes
susnommés :

• Patrimoines bâti et culturel

Les principaux projets contenus dans cette


première déclinaison thématique sont
relatifs à la création de nouveaux types de
liants pour la rénovation, d’études de
valorisation et d’amélioration de la pierre en
tant que matériau de construction, la
création de supports permettant la
restauration et la pérennisation des
patrimoines (monuments, photos, livres,
mosaïques…), la déclinaison économique
des recherches archéologiques….

LA CULTURE À LA CONVERGENCE DE PLUSIEURS SECTEURS D’ACTIVITÉ…

La connexion entre ses trois groupes thématiques a permis l’élaboration de plusieurs projets de R&D,
eux-mêmes rattachés à des marchés divers.

UNE AMBITION AFFIRMÉE

L’ambition générale qui est celle du Pôle de compétitivité Industries Culturelles et Patrimoines se décline
en plusieurs objectifs opérationnels de moyen et long termes :

• Devenir la région de référence en Europe dans les domaines de la conception et de l’utilisation de


produits et de savoir-faire liés à la rénovation d’éléments patrimoniaux.
Cours PCN : »Patrimoine culturel et naturel : histoire et théories ».
Dr Youcef CHENNAOUI.

• Devenir la région de référence en Europe pour la création d’outils, de méthodes et de


technologies concernant la modélisation et la gestion des paysages et des milieux naturels

• Devenir la région de référence en Europe dans les domaines de la valorisation et de la diffusion


de contenus culturels et patrimoniaux

• Devenir la région de référence en Europe dans l’utilisation de techniques géomatiques et


informatiques pour l’étude dynamique des paysages

Pour concrétiser ces ambitions, le Pôle se fixe un certain nombre d’objectifs intermédiaires :

• Favoriser le développement des PME locales productrices de produits et services innovants à


vocation culturelle.

• Assurer une coopération efficiente, moteur des partenariats engagés, pour développer la
compétitivité des produits et pour accroître l’attractivité du territoire de la région Provence-Alpes-
Côte d’Azur.

• Pérenniser les capacités d’innovation en fondant la chaîne des partenariats engagés sur les
filières de formation culturelles présentes en PACA.

BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
• AUDRERIE (D) (2002), « Tourisme, culture, patrimoine », Actes du colloque organisé en octobre 2002
à Périgueux, Périgueux, Pilote 24.

• BAROU (J), (1997) « Nouveaux usages de la campagne et patrimoine », Paris : mission du patrimoine
ethnologique.

• COLLECTIF, (1984), « Tourisme urbain et patrimoine », Paris, Ed. ICOMOS, 1993. UNESCO, Un
Patrimoine pour tous : les principaux sites naturels, culturels et historiques dans le monde, Paris,
Unesco.

• CUVELIER (P), TORRES (Emmanuel) et GADREY (Jean), (dir.), (1994), « Patrimoine, modèles de
tourisme et développement local », Paris, L’Harmattan.

• EBRARD (G), COLARDELLE (M) et MONFERRAND (Alain), (1995), « Économie touristique et


patrimoine culturel », Paris, Conseil National du Tourisme, Diff. La Documentation Française.

• GREFFE (X), (1990), « La valeur économique du patrimoine, la demande et l’offre de monuments »,


Paris, Anthropos.
Cours de Base :
«Patrimoine Architectural et Urbain en Algérie ».
Chargé de Programme :
Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences
Chercheur à l’EPAU
d’Alger.

Les fondements théoriques de la notion du patrimoine historique


En Algérie, de 1962 à nos ours.
Le cadre de la réglementation en vigueur.
(Texte dans sa version provisoire).

Contenu du cours :

1. L’approche culturaliste coloniale française : 1830- 1962.


2. L’attitude conservative de la première période post-indépendante, dictée par
l’ordonnance 67-281.
3. La tendance intégrée au patrimoine culturel édictée par la nouvelle loi 98-04.
4. Les modalités de gestion des monuments historiques et des secteurs sauvegardés et de
leurs abords (Zones de servitudes).Étude de cas.

- Rappel :
- L’Appréhension de la notion du « patrimoine culturel»
Pour aborder la notion de « patrimoine culturel », il convient d’abord de s’arrêter sur celle de
« patrimoine » en général. Cependant, il n’est bien sûr pas question de rentrer dans les détails de ses
problématiques. Il s’agira simplement ici de retracer brièvement, à grands traits, les points clefs de
l’évolution de cette notion.
En effet, ce concept de « patrimoine » est né objet particulier pour devenir partie intégrante d’un
ensemble souvent liée à un espace. Ainsi, la notion ne cesse de s’évoluer et s’élargir en accueillant de
nouvelles dimensions (historique, archéologique, environnementale, géographique et chronologique).
L’évolution de ce concept est intimement liée à l’évolution même de l’espèce humaine, son histoire, sa
culture, sa civilisation et aux rapports relationnels entre l’homme et la nature. On doit donc prendre en
considération qu’il n’existe pas de définition définitive du patrimoine. Si, sur le plan théorique, tout
peut être patrimonial, dans les faits, tout ne l’est pas. D’où l’importance de tenir compte des critères
d’évaluation et des niveaux de reconnaissance.
Par ailleurs, le tableau ci-dessus, établi par Tim COPELAND1, résume l’évolution de la notion du
patrimoine par des mots clefs.

1 Archéologue et éducateur travaillant au Centre International pour l’Education au Patrimoine au Royaume-Uni.


Il collabore avec plusieurs organisations nationales pour présenter des sites, musées et paysages à différents
publics. Il forme des professionnels du patrimoine et des enseignants et effectue des évaluations de sites et
d’organisations du patrimoine.
L’évolution de la notion du patrimoine toute entière
De… Vers…
Patrimoine matériel, monuments, Patrimoine immatériel à valeurs intellectuelles.
bâtiments et objets.
Architecture et beauté de ’environnement. Importance en terme de passé et de société.
Fondé sur la nation. Social, éthique fondé sur la communauté.
Autocratique. individuel et participatif.
Expert. Facilitateur.
Statique. Dynamique.
Objectif. Emotionnel.
Positiviste. Constructiviste.
Droit de naissance automatique. Droit activement revendiqué.
Rigide. Source de renouvellement.
Intolérant. Levier de changement.
Hérité. Médiation entre les cultures.
Source: « Archeology and citizenship. », 2002 base « from regulation to
participation: cultural heritage, sustainable development and citizenship »
Kate Clark et al.

1. L’approche culturaliste coloniale française : 1830- 1962.


La première lecture des monuments de l’Algérie est fournie à partir des ouvrages d’auteurs d’antiquité
(tels que Pline, Strabon ou Tite Live)2. Puis, dés le 11e siècle, les écrits d’auteurs arabes de Moyen
Age (Ibn Hawkel, El Bakri, El Idrisi)3 et les récits de voyageurs (qui sont généralement des
géographes, naturalistes, botanistes ou médecins) évoquaient la présence des monuments ça et là.
Cependant, il n’y avait pas de descriptions précises de ces monuments.
Durant le 18e siècle, le naturaliste T. Shaw qui parcourut le Maghreb central effectue les premières
notations archéologiques en avantageant tantôt une inscription, tantôt un monument bien conservé :
« au passage, Shaw note la présence de ruines (…). Un des soucis de Shaw est de donner une carte
quelque peu précise de l’Algérie actuelle, comparé à celle des anciens, inaugurant ainsi un usage qui
devient la règle de conduite des historiens aux lendemains de la conquête »4.

A partir de 1840, avec les expéditions et les explorations scientifiques de l’Algérie, les français
développent des instruments et des outils pour cette discipline d’archéologie peu présente en Afrique
du nord. Les missions des deux architectes Amable Ravoisié et Edmond Duthoit entre 1840-1880
consistaient en un travail méthodique, systématique d’identification, de description et d’analyse des
vestiges de l’Algérie en privilégiant la state romaine au détriment des autres strates antérieures et
postérieures. Ils nous ont laissé un ensemble très riche de vues générales, de relevés comportant des
plans et des coupes , des restitutions et des restaurations réalisés avec des procédés techniques.

2
C.f Collectif « Figures de l’orientalisme en architecture », Oulebsir. N : « La découverte des monuments
d’Algérie. Les missions d’Amable Ravoisié et d’Edmond Duthoit, 1840-1880 ». In RMMM, n° 73/74. Edisud,
Aix en- Provence, Février 1996.
3
C.f. Ibn Hawkel: «Configuration de la terre», « Kitab surat el ard». Trad J.H Kramers et G. Wiet, Paris, 1964.
C.f. El Bekri. A.O. : « Description de l’Afrique septentrionale ». Ed et Trad De Slane, 1911.
C.f. El Idrissi. M. CH « Description de l’Afrique et de l’Espagne ». Ed et Trad Dozy et De Goeje, 1866.
4
Communication Y. CHENNAOUI : « la problématique de l’archéologie urbaine en Algérie. Pour une méthode
d’évaluation globale et de conservation intégrée ». In colloque international « Fabrication, gestion et pratiques
des territoires. Regards croisés et perspectives de coopération France- Maghreb dans les domaines de
l’architecture, de l’urbanisme et du paysage », université Paris Val de Seine, Décembre 2003.
Chronologie historique.
Quelques faits marquants: La période coloniale.
◼ Dés 1845, c’est Ludovic Vitet de la commission des monuments historiques qui suggère
l’utilisation des travaux de Ravoisié comme base pour un premier classement des monuments
de l’Algérie. Le classement fut alors le premier instrument de protection.
◼ Création du poste d’Architecte des Monuments Historiques.
◼ Première liste des monuments classés ; celle de 1900.
◼ S.Gsell (1911) : « Atlas archéologique de l’Algérie ». Fruit de prés de 20 ans de travail et
d’investigation.
◼ l’Algérie reconduit la législation Française métropolitaine en matière de protection des sites et
monuments historiques: la loi du 02 Mai 1930.

2. L’attitude conservative de la première période post-indépendante,


dictée par l’ordonnance 67-281.
Après l’indépendance, par la loi 62-157 du 31 Décembre 1962, l’Algérie reconduit la législation
Française en matière de protection des sites et monuments historiques de la loi de 02 Mai 1930.
Devant les priorités accordées aux grands projets de développement, l’application de cette loi
n’était pas significative.
La prise de conscience de l’intérêt patrimonial des sites et monuments historiques comme étant
des entités reconnaissables représentant plusieurs valeurs - esthétiques, historiques, culturelle et
scientifiques -a motivé les organismes de sauvegarde du patrimoine. Cette motivation s’est
concrétisée par la promulgation de la l’ordonnance 67- 281 relative aux fouilles et à la protection
des sites historiques. Cette législation crée une tutelle passive sur les sites archéologiques5 en
préconisant quatre modes de protection qui sont : l’inventaire, le classement, l’expropriation par
cause d’utilité publique et le droit de préemption de l’état.6 Cette vision d’identification et de
classement comme mesures de préservation a connu une insuffisance et une inefficacité quant à
son application sur terrain. Ceci est du au fait qu’on n’a pas bien assimilé le vrai sens de « la
préservation et de la mise en valeur des monuments et sites historiques ».

La description et l’analyse de la situation réelle du patrimoine historique immobilier dans la


période allant du 1967 à 1998 se traduit essentiellement par :
Le désintérêt de l’usager–citadin qui apprécie mal les biens culturels de son milieu. Par
conséquent, il n’entretient, ni les relations qui le lient à ce bien, ni celles qui intègrent le site dans
son environnement global. L’atteinte des valeurs sociales et culturelles des sites est grande. Ce qui
influe inévitablement sur la conservation de leur état physique
La rupture de la continuité historique, résultat d’une urbanisation incontrôlée qui se manifestait
par des logiques d’implantation et des typologies architecturales altérant l’harmonie urbaine et la
continuité historique. Dans un contexte agité, de croissance urbaine illimitée dans le temps et dans
l’espace, non contrôlée et mal gérée, l’exploitation des espaces de la ville n’ont fait que dégrader
d’avantage les biens culturels notamment les sites archéologiques.
L’assise règlementaire de cette première période post-indépendante.
1-Convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel

5 Recueil législatif
6
La loi 67--281– articles relatifs aux modes de protection en annexes.
(Paris du 17 au 21 Octobre 1972)
Cette convention a été ratifiée par l’Algérie. Son contenu :
✓ Identification du patrimoine culturel et naturel
✓ Protection nationale et internationale du patrimoine culturel et naturel
✓ Mise en place d’un comité intergouvernemental de la protection du patrimoine culturel et
naturel
✓ Mise en place d’un fonds pour la protection du patrimoine culturel et naturel de valeur
universelle exceptionnelle, dénommé « le Fonds du Patrimoine Mondial ».
2-Ordonnance N° 67-281 du 20 Décembre 1967
Relative aux fouilles et à la protection des sites et monuments historiques et naturels. Les
mesures préconisées par cet instrument législatif sont le classement définitif ou l’inscription sur
l’inventaire supplémentaire pour les biens ponctuels .Voir Articles 22 à 51 de l’Ordonnance de
1967.

3-Loi 90-29 du 1er Décembre 1990


Relative à l’aménagement et à l’urbanisme.
Dans le cadre de cette loi, le patrimoine culturel et historique est cité dans trois articles :
Article 1er / Préservation de l’environnement, des milieux naturel, des paysages et du patrimoine
historique et culturel.
Article 4 /Seules sont constructibles, les parcelles : Dans les limites compatibles avec la
nécessité de sauvegarde des sites archéologiques et culturels.
Article 6 /Dans les parties urbanisées de la commune, la hauteur des constructions ne doit pas
être supérieure à la hauteur moyenne des constructions avoisinantes et ce dans le respect des
dispositions prévues par la législation en vigueur, notamment pour ce qui est de la protection des
sites historiques.

3. La tendance intégrée au patrimoine culturel édictée par la nouvelle


loi 98-04.
Mais plus tard, la volonté de l’état de placer le patrimoine parmi ses préoccupations majeures et de
donner plus d’intérêt pour sa préservation et sa mis en valeur s’est exprimé par la promulgation de la
loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel. Elle présente la tutelle patrimoniale à travers
des catégories distinctes de « biens culturels » : monuments historiques, sites archéologiques7 et
ensembles urbains ou ruraux. Cette loi est ambitieuse dans la mesure ou elle venait renforcer les lois
précédentes : sur le plan conceptuel, la notion du bien culturel évolue d’une définition géométrique
restreinte à une réflexion faisant référence à une dimension urbaine et environnementale. Sur le plan
juridique, la loi 98-04 venait dynamiser le régime de protection par les procédures réglementaires
suivantes:

7 Article 28 de la loi 98/04 définit les sites archéologiques : « Espaces bâtis ou non bâtis qui n’ont pas de
fonction active et qui témoignent des actions de l’homme ou des actions conjuguées de l’homme et de la
nature, y compris les sous-sols y afférents et qui ont une valeur historique, archéologique, religieuse,
artistique, scientifique, ethnologique ou anthropologique. Ils s’agit notamment des sites archéologiques, y
compris les réserves archéologiques et les parcs culturels»
1. L’inscription sur la liste de l’inventaire supplémentaire (article de 10 à15).
2. Le classement : Elle soumet les sites archéologiques au classement au même titre que les
monuments historiques. Ils sont protégés par le Plan de Protection, de Sauvegarde et de Mise
en Valeur des Sites Archéologiques (PPSMVSA) définit dans l’article 30 : « Il est établi un
plan de protection et de mise en valeur pour les sites archéologiques et leur zone de
protection. Le plan de protection et de mise en valeur fixe les règles générales d’organisation,
de construction, d’architecture, d’urbanisme, d’occupation s’il y’a lieu, ainsi que les
servitudes d’utilisation de sol, notamment celles relatives à la détermination des activités qui
peuvent y être exercées dans les limites du site classé et sa zone de protection.
La procédure d’élaboration, d’instruction, d’approbation et le contenu du plan de protection
et de mise en valeur sont précisés par voie réglementaire.» 8
3. La création de Secteur Sauvegardé : La loi réalise un véritable exploit en considérant les
ensembles urbains et ruraux entant que figure tutélaire gérée par un instrument spécifique qui
est « le secteur sauvegardé » doté d’un PPSMVSS tenant lieu du POS. (Article 41-45)

Parmi les éléments nouveaux consacrés par cette loi, en plus de la remarquable prise de conscience, on
note la création d’un fond d’aide au patrimoine culturel, un fond national pour le financement des
opérations de protection et de mise en valeur des biens culturels.

En fait, sur le plan conceptuel et juridique cette loi a marqué une évolution intéressante et les sites
archéologiques se trouvent renforcés par le dispositif législatif de protection et de sauvegarde
(PPMVSA). Cependant, sur le plan opérationnel, l’application sur terrain est malheureusement
presque inexistante faute d’indications pratiques sur les modalités d’application. Aussi, faute de
moyens financiers disponibles, les fouilles sont gelées depuis longtemps. Seuls des compagnes
d’entretien et de désherbage des sites sont entreprises par la commune qui emploie des jeunes non
spécialistes.
La nouvelle assise règlementaire de cette période :

1-Loi 90-29 du 1er Décembre 1990 ; loi 04-05 du 14 Août 2004, relative à l’aménagement et
à l’urbanisme, modifiant et complétant la Loi 90-29.
Relative à l’aménagement et à l’urbanisme
Dans le cadre de cette loi, le patrimoine culturel et historique est cité dans trois articles :
Article 1er / Préservation de l’environnement, des milieux naturel, des paysages et du patrimoine
historique et culturel.
Article 4 /Seules sont constructibles ,les parcelles :
Dans les limites compatibles avec la nécessité de sauvegarde des sites archéologiques et
culturels.
Article 6 /Dans les parties urbanisées de la commune ,la hauteur des constructions ne doit pas
être supérieure à la hauteur moyenne des constructions avoisinantes et ce dans le respect des

8
Article 30 de la loi 98/04.
dispositions prévues par la législation en vigueur,notamment pour ce qui est de la protection des
sites historiques.
2-Loi 98-04 du 15 Juin 1998
Relative à la protection du patrimoine culturel
Article 1er / La présente loi a pour objet de définir le patrimoine culturel de la nation, d’édicter les
règles générales de sa protection, sa sauvegarde et sa mise en valeur, et de fixer les conditions de
leur mise en œuvre.
3- Les 12 décrets exécutifs, notamment le Décret exécutif N°03-324 du 05 Octobre 2003
Portant modalités d’établissement du Plan Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur des
Secteurs Sauvegardés PPSMVSS.
Cours de Base N° 12.
« Patrimoine culturel et naturel : Histoire et théories de prise en charge ».

Le patrimoine naturel en Algérie :


Processus décisionnels et systèmes réglementaires.

Dr Youcef CHENNAOUI
Maître de conférences classe A, chercheur à l’EPAU.
Contenu du cours.
1. Le cadre législatif.
2. Le cadre normatif.
3. La préservation du patrimoine culturel et naturel au sein de l’optique du
développement durable en Algérie : Une adéquation à construire.

INTRODUCTION.

Le contenu de notre préambule invite à une meilleure perception et à une plus grande
clarification du concept même de l’Environnement.
Il s’agit de lever les ambiguïtés, les amalgames et confusions souvent véhiculés, si non
entretenus par différentes terminologies associées à ce thème, telles que : écologie, espaces
verts, protection de la nature, faune, flore...
Il est donc nécessaire de clarifier le concept et la démarche et de préciser certaines des
multiples réalités que recouvre l’environnement.

En effet :
- Pour les uns ce concept évoque l’hygiène, la santé, la nature, les paysages et l’écologie
- Pour les autres, il renvoie aux nuisances et pollutions, et à la dégradation du cadre de vie
- Pour d’autres encore, il se réfère à un mode de vie et de pensée.

Cet effort d’adaptation à la réalité nationale ne remet pas en cause les accords et conventions
ratifiés par l’Algérie, mais s’inscrit, plutôt, dans une logique rationnelle et cohérente
consistant à promouvoir notre développement de façon normative, pour faciliter son insertion
dans l’économie mondiale et prévenir toute forme de coercition ou de mesures imposées.
Ce qui est enjeu, c’est notamment :
- éradiquer les maux et fléaux, dont la réapparition inadmissible en soit, porte atteinte
à la santé et au cadre de vie du citoyen,
- sauver des millions d’hectares de terre à vocation agricole en mettant un terme à leur
occupation anarchique,
- préserver un littoral déjà en péril ,
- poursuivre les efforts entrepris en matière de lutte contre la désertification,
- sauvegarder la steppe et régénérer les forêts,
- protéger les écosystèmes fragiles
Les enjeux de la biodiversité :
Par définition la biodiversité couvre l’ensemble des êtres vivants de la planète, dans toute leur
diversité.
Notre pays présente des écosystèmes variés et de nombreuses espèces végétales et animales
dont la plasticité et le potentiel de production ont été largement perturbés par les pratiques
anarchiques défiant les lois de l’équilibre écologique.
L’état actuel de la biodiversité dans notre pays se distingue par:
- un appauvrissement de la flore : les plus récentes études portant sur la conservation
d’espèces végétales indiquent qu’environ 640 espèces végétales sont menacées d’extinction
- une régression du patrimoine génétique : sous l’effet d’industrialisation et de la production
agricole, l’extraordinaire patrimoine génétique dont l’Algérie disposait, il y a quelques années
a, sensiblement, régressé.
- une transformation des paysages : l’action humaine a pratiquement donné tout son sens au
paysage méditerranéen actuel. La déforestation, la dégradation de la steppe et la
désertification sont des fléaux qui affectent notre environnement depuis plus d’un siècle et les
phénomènes résultant des activités humaines réduisent sévèrement la biodiversité au sens le
plus large du terme :

l’érosion des sols ; perte de près de 40.000 Ha/an.


la perte de terre arable,
la désertification ; perte près de 100.000 Ha/an,
la pollution et la dégradation du plateau continental (1100 dkm) et la diminution des
réserves halieutiques,
la destruction des paysages et des habitats,
la perte des richesses naturelles, eau, sol,
les incendies de forêts : 20 à 30.000 Ha/an.
une démographie galopante et l’exode rural
des calamités naturelles liées à la climatologie : tel le fléau acridien
une mauvaise utilisation des terres, et un surpâturage effréné,
la chasse abusive et le braconnage ont réduit la faune,
la mise en valeur anarchique sans référentiel technique dans le sud,

LE CADRE LEGISLATIF : Pouvoirs et processus décisionnels.

Le cadre juridique et institutionnel demeure un élément déterminant dans la protection de


l'environnement et la promotion du patrimoine culturel en particulier.
C’est dans cette démarche d’identification des critères utilisables dans la définition des
valeurs du paysage culturel, que les clauses de la convention internationale de 1972 sur la
protection du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO, ratifiée par l’Algérie ; qui
stipule que: « (…) pour l’identification des monuments , des complexes et des sites plus
représentatifs de la nature , du génie et de l’histoire des peuples du monde , devrait sous
tendre à des actions différentiées de conservation , de restauration et de valorisation »1.

1
Convention du patrimoine mondial culturel et naturel, UNESCO, Paris, 16 novembre 1972
Celle-ci avait dés lors, indiqué quelques critères généraux pour la définition des valeurs du
paysage culturel en tant qu’éléments significatifs de l’identité des lieux. (Voir Tableau N° 1
ci-dessous).
Dans ce cadre s’est défini une motivation pour les valeurs : historique, artistique, scientifique
ethnologique et anthropologique, et s’est défini un critère de classement d’importance des
valeurs, en l’occurrence celle universelle au niveau mondial.
D’autre part, cette convention sur le patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO,
offre au-delà de ça des indications utiles pour la détermination des impacts et des risques qui
peuvent constituer une menace de disparition des valeurs naturelles et socioculturelles en
distinguant les déterminants aux transformations dues aux agents naturels ou anthropiques. De
ces derniers, nous citons :
▪ Les altérations profondes dues aux causes connues.
▪ L’abandon pour causes de calamités, cataclysmes, grands incendies, tremblements de
terre, éruptions volcaniques, modification du niveau des eaux, inondations et marées
hautes.
▪ Les grands projets d’utilité publique.
▪ Le développement urbain ou touristique rapides.
▪ Les changements de propriété ou d’usage des sols.
Au-delà de ces considérations générales, se reconnaît au sein de cette convention la nécessité
d’identification des valeurs des paysages culturels, telles que :
1. L’importance des éléments paysagers qualificatifs de l’entité territoriale.
2. L’importance de la variété des caractères paysagers : géomorphologiques, historiques,
culturels et de végétations en tant que constituants des valeurs du paysage ; à ce titre,
on cite l’exemple des peintures rupestres dans leurs milieu naturel d’appartenance, les
complexes architecturaux et des jardins, les espèces animales et végétales endémiques.
3. La singularité des caractères paysagers particuliers dans leurs modalités
d’implantation et d’intégration au site.
4. L’état de conservation du patrimoine culturel et naturel inhérents aux caractères
physiques du paysage, à la pérennité de ses usages et de ses traditions de la culture
locale. L’intégrité du paysage ici serait tributaire du grade de permanence,
d’altération ou de disparition de ses éléments significatifs.

L'Algérie ne souffre pas d'une carence de lois ou d'institutions ayant des compétences dans le
domaine de l'environnement en général. A ce titre, un arsenal juridique de plus de 300 textes
fut enregistré durant les deux dernières décades. La loi relative à la protection de
l'environnement promulguée le 05 février 1983 constitue un texte basique et très important,
car on avait défini pour la première fois le principe de la prise en charge de l'impact de
l'environnement sur le processus de développement socio-économique.

L'environnement « aux coordonnées variables » fut tantôt inscrit dans les limites d'une
structure technique et opérationnelle, tantôt rattaché à un département ministériel. Le
réaménagement institutionnel intervenu depuis 1996, avec la création pour la première fois en
l'an 2000 d'un ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, s'est concrétisé
par l'élaboration d'un plan national pour l'environnement, l'adoption par le gouvernement de la
stratégie d'actions prioritaires, la création des inspections et des laboratoires de wilayas2.
Nous relevons que la protection des milieux naturels relève parfois de plusieurs départements
qui souvent agissent, hélas, en solo. Cette harmonisation et renforcement du cadre
institutionnel fut atteint lors de la création d'un ministère liant et mettent en rapport

2
C.f. Secrétariat d'état chargé de l'environnement (1997) : Action 21, Algérie. Edit ENAG, Alger.
l'aménagement du territoire à l'environnement dans l'optique d'une politique de
développement durable.
Parmi les institutions de concertation intersectorielle : Le Haut Conseil de l'Environnement et
du développement durable (le HCDEDD), crée par décret présidentiel N° 94-465 du 25
décembre 1994, présidé par le chef du gouvernement, comporte une commission juridique et
économique qui est chargée, entre autres, de :
1. «Réaliser des études prospectives en vue de définir des objectifs environnementaux
de développement durable ».
2. «Proposer des instruments tant normatifs qu'économiques et financiers à même de
permettre une meilleure protection de l'environnement ».
3. « Elaborer et proposer une stratégie de planification intégrée des établissements
humains »3.

Le renforcement législatif et réglementaire avait pour dessein la mise en conformité du cadre


réglementaire avec les objectifs suivants relatifs à l'aménagement du littoral, qui nous
intéressent ici, tels que :

1. «La mise en œuvre d'une nouvelle loi-cadre sur l'environnement et le


développement durable.
2. « Elaboration d'une loi relative à l'aménagement et le développement durable ».
3. « Elaboration d'une loi relative à la protection du littoral »4 .

Dés lors, la création de l'Observatoire National de l'Environnement et du Développement


Durable : ONEDD mentionné supra constitue une institution ayant les capacités de protection
de l'environnement. Encore, le conservatoire national du littoral se présentera comme un
deuxième maillon dans la chaîne de la préservation de la zone littorale en tant que ressource à
valeur écologique et patrimoniale. Ses missions seront de :

1. « Effectuer des études au profit de wilayas et communes littorales ».


2. « Elaborer des critères et identifier des sites naturels et balnéaires éligibles à des
actions de protection ».
3. «Agir en tant que régulateur des transactions foncières »5.

Concernant le littoral
A lui seul, le littoral résume toute la problématique des agressions et de la dégradation de
l’environnement, du qu’il est le lieu de compétitions d’un grand nombre d’usager.
Notre façade maritime confère à notre pays un avantage naturel qu’illustre d’ailleurs son
histoire de carrefour civilisationnel.

Il nous est donc fait obligation de préserver ce patrimoine.


A ce titre, et pour diminuer l’agression sur cet espace, il est vivement recommandé :
- d’arriver à maîtriser les différentes pressions exercées notamment en matière de
peuplement démographique sans cesse croissantes sur cet espace naturel fragilisé ;

3
Op.cit. Collectif (1999) : « Institutions, structures et missions du secteur de l'environnement ». In : Algérie,
Environnement. N° 01, 1999. Pp 16 et 19.
4
Op.cit. Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Rapport sur l'état et l'avenir de
l'environnement. Mai 2001. Pp. 104-114.
5
Ibid. Op. Cit note (4).
- de veiller au maintien des équilibres fondamentaux du milieu en agissant
particulièrement sur le développement socio-économique de certaines zones qu’il faudrait
impérativement corriger et amoindrir ainsi les disparités flagrantes.
- Interdire les rejets liquides non traités dans la mer et qui ont pour origine les activités
urbaines et industrielles qui génèrent de grandes quantités de polluants chimiques et
organiques et instaurer des sanctions dissuasives et efficaces à l’encontre de tout pollueur.

Les mêmes mesures seront étendues aux cours d’eau qui charrient des charges polluantes
considérables d’origine agricole, urbaine et industrielle.
A cela, il ne faut pas exclure de ces mesures, les navires qui accostent nos ports ou qui passent
le long de nos côtes et y effectuent des opérations de déballastage polluant nos eaux marines
et nos plages, et causant des préjudices aux activités touristiques et halieutiques.

- Concernant la destruction des cordons dunaires


Les dispositifs juridiques et réglementaires doivent être scrupuleusement appliqués et
respectés. Dans le cas contraire les conséquences seront dramatiques et entraîneront
fatalement une salinité des nappes, une perte de fertilité des sols déjà bien mis à mal par
ailleurs, et une distraction de milliers d’ha au profit d’une urbanisation effrénée.

L’assise réglementaire sur la protection du domaine maritime littoral :

◼ Loi 90-29 relative à l’aménagement et à l’urbanisme, modifiée par la loi 04-05 du


14-08-2004.
◼ Loi 01-10 du 03-07- 2001 portant loi minière.
◼ Loi 01-20 du 12-12-2001 relative à l’aménagement et au développement durable
du territoire.
◼ Loi 02-02 du 05-02-2002 relative à la protection et à la valorisation du littoral.
◼ Loi 03-03 du 17-02- 2003 relative aux zones d’expansion et sites touristiques.
Les parcs et les réserves naturelles
▪ Loi N° 83-03 du 05-02-1983 relative à la protection de l’environnement :
1. Décret N° 83-458 du 28-07-1983 fixant le statut type des parcs nationaux.
▪ Loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel :
1. Décret N° 72- 168 du 27-07-1972 portant création du parc national du tassili
et de l’établissement public chargé de sa gestion.
2. Décret N° 87-231 du 03-11- 1987 portant création du parc de l’Ahaggar.

LE CADRE NORMATIF :
Contraintes du système réglementaire ; Outils d'aménagement et de gestion du territoire.

La politique d'aménagement du territoire en Algérie est menée au moyen d'un ensemble de


schémas et de plans d'aménagement constituant un réseau d'instruments techniques
complémentaires. Ils sont reliés les uns aux autres à travers une succession respective et
réflexive.
Une analyse rapide du contenu de ces instruments révèle non seulement la précarité actuelle
des outils d'évaluation et d'estimation du territoire, mais également les gisements non encore
exploités d'analyse et de recherche pour le projet intégré au sein de l'optique d'un
développement durable : « Fiabilité du PDAU, regroupement de communes, perspectives
d'aménagement régional, soulèvent autant d'interrogations irrésolues que s'impose l'évidence
d'innover dans les méthodes et leurs instrumentation »6.

2.2.1. Les instruments d'aménagement :


A. Le Schéma National d'Aménagement du Territoire (SNAT). (Codifié par la loi N° 87-03
du 27- 06- 1987).
Son objectif consiste en une vision prospective du développement global à long terme (10 à
20 ans), des régions et micro-régions. Il définit les appropriations générales des sols,
l'infrastructure générale et sa distribution (transport, énergie, télécommunication,...) et les
directives de gestion des différents secteurs (agriculture, tourisme,...).

B. Le Schéma Régional d'Aménagement du Territoire (SRAT). (Codifié par la loi N° 87-03


du 27- 06- 1987).
C'est un plan prospectif sur 5 à 10 ans et son objectif vise la complémentarité inter et intra
régionale. Le territoire national est subdivisé en sept régions et chacune d'entre-elles devant
faire l'objet d'un SRAT. La wilaya de Tipasa à titre d'exemple est située dans la région du
centre au niveau du premier anneau qui gravite autour d'Alger, et qui comprend les wilayas de
Tipasa, Boumerdes et Blida. Le second anneau plus ample que le premier, comprend les
wilayas de Chlef, Ain-Defla, Médéa, Bouira et Tizi-ouzou.

C. Le Plan D'Aménagement de Wilava (PAW).


Il vise à court et à moyen termes l'identification spatio-temporelle des actions d'aménagement
et leurs stratégies de mise en œuvre.

6
Op. ; Cit. . Serradj. M (1997). : « L'environnement comme question urbaine ». In : Revue
des collectivités locales, N° 02, 1997. P 12.
D. Le Schéma de développement et d'aménagement du Littoral (SDAL).
Ce dernier répond parfaitement à la préoccupation grandissante de dégradation du littoral, car
malheureusement celui-ci devient le réceptacle de tous les déchets. Parmi ces objectifs
globaux, on cite :
▪ La définition des normes et des principes d'aménagement intégré du littoral.
▪ L'identification des sites les plus remarquables du patrimoine côtier.
▪ L'interdiction de l'extraction du sable des plages et des dunes côtières.
Une première zone pilote de Tipasa, d'Alger et de Boumerdes est concernée sur une longueur
de 200 Kms par un plan d'aménagement côtier spécifique, dit : PAC. Parmi les objectifs du
programme de cette recherche-action, on cite :

• «La maîtrise et la réduction des retombées négatives du développement économique


sur le milieu marin et les ressources côtières ».
• «La protection du milieu, en agissant en amont sur les problèmes de dégradation ».
« La mise en valeur par un aménagement cohérent lui assurant une attraction touristique
fort appréciable »7.

2.2.2. Les Instruments d'Urbanisme :


A. Le Plan Directeur d'aménagement et d'Urbanisme (PDAU). (Codifié par l'article 18 de
la loi N° 90-29 du 1- 12- 1990) :
Son objectif consiste en la détermination de :
1. La destination d'usage des sols sur l'ensemble du territoire d'une commune.
2. Des zones d'interventions sur le tissu urbain et l'identification des zones à protéger en
fonction de leurs vocations : agricole, pittoresque, naturelle, paysagère ou historico-culturelle
B. Le Plan d'Occupation des Sols. (POS). (Codifié par l'article 18 de la loi N° 90-29 du 1-
12- 1990).
Son objectif consiste à définir :
• Le droit d'usage des sols et de construction de la parcelle.
• La nature et l'importance de la construction.
• Les règles relatives à l'aspect extérieur des constructions.
• Les espaces publics, les installations d'intérêt général, les voiries et réseaux divers.
• Les servitudes.
• Les zones, les sites et les monuments classés, à protéger d'après les lois en vigueur.

2.2.3. Les Instruments Sectoriels :


1. Le plan communal de développement (PCD).
2. Le plan de modernisation urbaine (PMU).

7
C.f. Collectif. Revue : Algérie, Environnement, N° 02, 1999. Edit Le secrétariat d'état de
l'environnement. Plan d'aménagement côtier, p09.
C .f Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Rapport sur l'état et
l'avenir de l'environnement, Mai 2001.
En guise de conclusion :
La préservation du patrimoine culturel au sein de l’optique du
développement durable en Algérie : Une adéquation à construire.

1. En guise de bilan critique.

Sur la loi d’aménagement et de développement durable du territoire, N° 2001-01 ; Il était tout


à fait nécessaire de faire adapter les textes réglementaires aux nouvelles exigences et
orientations qui se sont dessinés suite à l’adoption de l’Algérie au nouveau concept du
développement durable. Pour cela, il a fallu opérer à la révision de la loi de 1987 relative à
l’aménagement du territoire, afin de l’aligner aux options de cette nouvelle politique
d’aménagement du territoire qui avait retenu comme principe fondamentale : « Un
développement harmonieux de l’ensemble du territoire selon les spécificités et les atouts de
chaque espace régional »8.
Cette loi reprend quasi-systématiquement l’articulation des différents instruments
d’aménagement du territoire selon son schéma classique : du schéma national d’aménagement
du territoire (SNAT) aux plans d’aménagement de wilaya (PAW).
Or, il y a lieu de signaler que cette loi s’est affichée d’une manière très franche le principe de
la mise en valeur et de l’utilisation rationnelle des ressources patrimoniales naturelles et
culturelles, en vue de les préserver pour les générations futures.
A cet effet, cette loi préconise un instrument privilégié à cela, en instaurant le schéma
directeur des zones archéologiques et historiques. Ce dernier définit : « les modalités de
développement des activités et des infrastructures touristiques compte tenu des spécificités et
potentialités des régions, ainsi que les besoins économiques et culturels »9.
Notons par là, que cette loi, na pas encore été suivie par les textes d’application qui viennent
préciser son contenu pratique et opérationnel.

2. Les termes de l’adéquation : Patrimoine culturel / Développement


durable.

La notion de développement durable reposant sur une meilleure articulation des différentes
politiques sectorielles devrait être le point de mire de tout projet d'amélioration de cette loi-
cadre.
Compte tenu de la multiplicité et de la diversité des textes juridiques existants, la
portée des dispositions de protection de l'environnement sont examinés à travers
leur domaine de présence et de pertinence dans les différents plans
d'aménagement et de réglementation urbaine, à savoir la gestion de l'espace et
l'aménagement du territoire, la protection du patrimoine naturel, archéologique
et historique.
Dans le cadre du PDAU et du POS, la commune doit localiser les terres agricoles à préserver
en coordination avec le ministère de l'agriculture et avec la direction des forêts, en établissant
encore un plan d'aménagement de la forêt.
La conservation, la protection et l'utilisation rationnelle de l'espace sont mises en œuvre dans
le cadre de la politique nationale d'aménagement du territoire par l'état, la wilaya et
particulièrement la commune conformément à ses prérogatives.

8
Op. cit. Loi 2001- 01 relative à l’aménagement et le développement durable du territoire. Article 04.
9
Op.cit, Loi N° 2001-01, Art 38.
Ainsi, les actions préconisées par la commune pour protéger son environnement et réaliser
son aménagement, doivent être insérées dans les instruments d'urbanisme, qu'elle est tenue
d'adopter pour une meilleure affectation des sols ; pour rationaliser l'utilisation de l'espace ;
pour préserver son bassin agricole et protéger les périmètres sensibles, les sites et les
paysages.
« Les instruments d'urbanisme, le PDAU et le POS, sont établis à l'initiative et sous la
responsabilité du président de l'APC et adoptés par délibération de l'Assemblée Populaire
Communale. Ils doivent obligatoirement protéger et préserver le littoral, les territoires
présentant un caractère naturel, culturel ou historiques marqués et les terres agricoles à
potentialités élevées »10.
Parmi, les points faibles que nous reconnaissons dans les contenus des deux instruments de
réglementation urbaines, PDAU et POS, ceux-ci :
• Une carence des dits instruments actuels dans l'intervention sur les tissus urbains
historiques non classés , non concernés par un PPSMVSS, car celui-ci reste spécifique et non
encore généralisé.
• Une attitude sectorielle des problèmes, vu que l'élaboration de ces plans (PDAU et POS)
se fait encore dans la logique du Zoning.
• Une confusion entre le niveau de la planification urbaine et les techniques de mise en
valeur et gestion du territoire et de la ville.
• L'inadéquation de ces instruments dans les cas des sites à composante archéologique et
paysagère spécifiques. Ceci est dû à l'absence d'outils d'évaluation et de contrôle, nous les
instituons en tant que valeurs à promouvoir.
• Les options du POS sont souvent génériques, vagues et imprécises.
« L'apport possible du POS, comme instrument de qualification urbaine, est entravé par la
logique «descendante» de l'aménagement urbain : SNAT >SRAT >PAW >PDAU >POS ».
Bien qu'elle vise une cohérence de l'acte d'aménagement (chaque niveau doit être compatible
avec le niveau qui le précède), cette logique peut être une source d'appauvrissement d'une
démarche dans laquelle l'échelle de détail ne sera qu'un aboutissement négligeable. En
d'autre termes, le risque est grand d'accorder plus d'importance, dans les études, aux échelles
majeures (nationales et régionale) dont l'impact à l'échelle locale est peu important »11.

La problématique environnementale est globale et indivisible. Elle se situe au croisement du


politique et du technique et revêt un caractère nodal. Elle est à caractère horizontal et relève
souvent du développement local et régional. Ce maillage institutionnel exigerait plutôt un
suivi intersectoriel et une gestion de proximité quotidienne. «Les efforts entrepris par exemple
en matière de législation (loi de 1983 notamment) n'ont pas eu l'impact souhaité, les textes
ayant été élabores dans un contexte économique et politique dépassé par les réformes »12.
Il faut noter aujourd'hui, que le Droit, à lui seul, est incapable de résoudre tous les conflits
d'intérêts que suscite la problématique environnementale. L'action législative et réglementaire
demeure incontournable, car elle définit le cadre légal pour la stratégie nationale de protection
de l'environnement ; mais exige pour qu'elle produise des effets probants, qu'elle soit
conjuguée avec d'autres actions de recherche, vulgarisation et de dissémination par la
concertation et la sensibilisation.

10
Op.cit Sefiane .A (1997) : « Les fondements juridiques de la participation de la commune à la protection de
l'environnement ». In : Revue des collectivités locales, N° 02, 1997. P 33.
11
Op. .cit. Saidouni. M (2000) :«Eléments d'introduction à l'urbanisme : histoire, méthodologie,
réglementation ». Edit Casbah, Alger. P 216.
12
Op.cit. Noui. A.(1997) : « Agir au lieu de réagi »r. In : Revue des collectivités locales : Environnement,
Enjeux, N° 02, 1997. P 05.
La commune- structure de gestion de proximité- devrait contribuer à la protection de
l'environnement, alors que cette prérogative demeure non encore explicite dans le présent
code communal. Ce dernier ne définit pas clairement les prérogatives de la commune en
matière de gestion rationnelle des ressources patrimoniales et naturelles, néanmoins, il lui
reconnaît des compétences pour protéger le cadre de vie - utile à la préservation de la santé du
citoyen et de son milieu- par la lutte contre les pollutions et les nuisances diverses13.

La préservation de l'environnement par rapport aux faits d'aménagement du territoire, obéit


vraisemblablement à un modèle centralisé représenté par plusieurs sujets publics centraux
(tutelle, ministères, observatoire, ...), généralement compétents pour un ensemble de fonctions
au moins, les fonctions de recherche, protection et conservation.
L'analyse de ce modèle révèle que ce dernier se caractérise par la diversité des comportements
au sein de chaque administration, et éventuellement aux conflits de compétence vu le
chevauchement des différents rôles. Le caractère critique et spécifique à ce modèle est en effet
lié à la présence de multiples sujets compétents en matière de fonction de protection de
l'environnement, tant institutionnellement autonomes (observatoire, haut conseil, associations
culturelles, ...), qu'internes à l'administration elle-même (ministères, directions, ...) et donc qui
opèrent au même niveau administratif et avec la même autonomie dans la prise de décisions,
d'où une difficulté éventuelle de coordination entre les différents sujets impliqués. La
possibilité de superposition des taches, et par suite, une perte d'efficacité dans les stratégies
d'intervention. La structure responsable de la prise de décision se présente donc plutôt
complexe et articulée et entraîne des retombées négatives sur le degré de coordination des
décisions et d'intégration des fonctions de préservation de l'environnement au niveau local14.

Il est tout à fait évident que le succès de la préservation du patrimoine culturel n'est réalisable
que si le secteur avec l'ensemble des acteurs fait preuve de cohérence dans leurs diverses
approches multisectorielles.
Le gage pour un tel succès pour nous, est de se prémunir d'instruments et de moyens adéquats
visant à mieux approcher l’environnement, en cernant ses diverses ressources patrimoniales.

13
Notons la transformation des bureaux d'hygiène communaux en services communaux de l'environnement et de
l'hygiène.
14
C.f Valentino.P, (2001) : L'approche intégrée aux sites archéologiques. Rapport régional d'analyse comparée.
Euromed Héritage Programme. PISA/ Imed, juin 2001. Cas d'étude : Cherchell, Algérie ; Equipe de recherche- action : M.
Richa. M et Chennaoui. Y, Chercheurs Seniors.

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