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Entre la construction du dôme de la cathédrale Santa Maria dei fiori, ainsi que du portique de
l’Hôpital des Innocents par Brunelleschi vers 1420-1430, et celle de la basilique Saint Pierre et
du Belvedere de Bramante à Rome au XVIe siècle, en passant par les modèles du palais florentin
et des villas médicéennes, il s’opère une révolution stylistique, une rupture avec le style français,
qui avait dominé en Europe occidentale depuis le XIIe siècle. De cette rupture sortira un nouveau
langage architectural qui se diffuse d’abord en Italie, à partir du foyer toscan, avant de devenir le
nouveau modèle dominant dans toute l’Italie puis dans toute l’Europe jusqu’au XVIIIe siècle.
Ce nouveau langage est marqué par un retour à l’Antiquité, et par conséquent une prise de
distance avec le style gothique que Vasari qualifiera de « barbare » au XVIe siècle. Sous
l’influence de l’humanisme qui s’épanouit au Quattrocento l’architecture ne se fonde plus sur les
possibilités techniques mais sur principes esthétiques abstraits de beauté, de symétrie,
d’harmonie, de proportions.
Avec Alberti (De re aedificatioria en 1450), l’architecture devient une science, un art digne des
arts libéraux ce qu’elle n’a jamais été dans l’Antiquité. La perspective inventée par l’architecte
Brunelleschi et l’importance du dessin géométrique affirmée par Alberti dans ses trois ouvrages
théoriques font que l’architecte quitte le monde des artisans (et des corporations médiévales) pour
entrer dans une relation privilégiée avec les princes mécènes.La magnificence du pouvoir
politique rencontre la gloire des architectes comme l’exprime si bien le bel hommage de Federico
da Montefeltro : « Il faut honorer et encourager de tels hommes qui se distinguent par leur esprit
et leur vertu, surtout s'il s'agit de celle que les antiques et les modernes ont portée si haut, la
vertu de 1'architecture, qui est fondée sur l'arithmétique et la géométrie, qui font partie des sept
arts libéraux. »
Malgré les apparences, il ne s’agit donc pas d’un simple retour à l’Antiquité mais d’une
révolution qu’il faut expliciter en utilisant quelques œuvres majeurs :
-> montrer comment l’architecte florentin perfectionne son système grâce également aux travaux
théoriques d’Alberti auquel il faut consacrer une partie du développement.
Il ne s’agit pas uniquement d’une révolution stylistique (usage des ordres, effets esthétiques et
compositions de façades). Les palais des familles aristocratiques ou des condottiere à la recherche
d’une légitimité s’inscrivent à la fois dans la continuité du palais florentin mais atteignent très
vite un haut degré d’harmonie en particulier au niveau des cours intérieures. A l’architecture
militaire (châteaux) ou religieuse du Moyen Age répond une architecture « civique » où le palais
est l’expression même du pouvoir (en particulier à Urbino).
Le plan.
Oui une révolution architecturale mais qui ne se résume pas à une re-naissance de l’Antiquité.
Les architectes du Quattrocento innovent avec respect pour les anciens, ceux du XVIe (Bramante,
Raphaël, Michel-Ange) iront plus loin en dépassant les anciens. L’architecture acquiert le rang
d’art libéral par l’utilisation ordonnée des ordres, voire d’une science mathématique par le dessin
et le plan en perspective. Alberti a été décisif dans cette mutation du métier d’architecte.
On assiste parallélement au déplacement géographique du centre artistique européen de la France
vers l’Italie, puis de Florence vers Rome et plus généralement dans les cours italiennes de la
Renaissance. La France redevient le foyer majeur au XVIIe avec le classicisme du « Grand
siècle » et du « grand style ». Enfin, l’architecture s’affirme comme le « grand art » par
excellence du pouvoir politique, art qui exprime plus que tout autre la magnificence des
puissants.