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Corrigé de la dissertation

Passage du Moyen Age à la Renaissance


En quoi peut-on parler d’une révolution architecturale dans l’Italie du Quattrocento ?

Réflexions sur le sujet.

Il s’agit de s’interroger sur la naissance de l’architecture de la Renaissance dans l’Italie du XVe


siècle, et plus particulièrement à Florence. Alors que dans le reste de l’Europe, et même dans le
nord de l’Italie (cathédrale de Milan) le gothique domine avec une tendance vers le flamboyant,
une rupture apparaît à Florence au début du XVe siècle. Celle-ci se caractérise par un nouveau
retour vers l’Antiquité (une re-naissance) dans un contexte politique favorable grâce à la victoire
contre les Visconti de Milan et à l’arrivée au devant de la scène des Médicis. La grande cité
toscane affirme sa puissance à travers un art civique, un art républicain que favoriseront tout au
long su siècle les commandes publiques, puis le mécénat médicéen.

Entre la construction du dôme de la cathédrale Santa Maria dei fiori, ainsi que du portique de
l’Hôpital des Innocents par Brunelleschi vers 1420-1430, et celle de la basilique Saint Pierre et
du Belvedere de Bramante à Rome au XVIe siècle, en passant par les modèles du palais florentin
et des villas médicéennes, il s’opère une révolution stylistique, une rupture avec le style français,
qui avait dominé en Europe occidentale depuis le XIIe siècle. De cette rupture sortira un nouveau
langage architectural qui se diffuse d’abord en Italie, à partir du foyer toscan, avant de devenir le
nouveau modèle dominant dans toute l’Italie puis dans toute l’Europe jusqu’au XVIIIe siècle.

Ce nouveau langage est marqué par un retour à l’Antiquité, et par conséquent une prise de
distance avec le style gothique que Vasari qualifiera de « barbare » au XVIe siècle. Sous
l’influence de l’humanisme qui s’épanouit au Quattrocento l’architecture ne se fonde plus sur les
possibilités techniques mais sur principes esthétiques abstraits de beauté, de symétrie,
d’harmonie, de proportions.

Avec Alberti (De re aedificatioria en 1450), l’architecture devient une science, un art digne des
arts libéraux ce qu’elle n’a jamais été dans l’Antiquité. La perspective inventée par l’architecte
Brunelleschi et l’importance du dessin géométrique affirmée par Alberti dans ses trois ouvrages
théoriques font que l’architecte quitte le monde des artisans (et des corporations médiévales) pour
entrer dans une relation privilégiée avec les princes mécènes.La magnificence du pouvoir
politique rencontre la gloire des architectes comme l’exprime si bien le bel hommage de Federico
da Montefeltro : « Il faut honorer et encourager de tels hommes qui se distinguent par leur esprit
et leur vertu, surtout s'il s'agit de celle que les antiques et les modernes ont portée si haut, la
vertu de 1'architecture, qui est fondée sur l'arithmétique et la géométrie, qui font partie des sept
arts libéraux. »

Malgré les apparences, il ne s’agit donc pas d’un simple retour à l’Antiquité mais d’une
révolution qu’il faut expliciter en utilisant quelques œuvres majeurs :

Filippo Brunelleschi et la mise en place du nouveau langage :


Hôpital des Innocents - Coupole de la cathédrale (œuvre charnière entre les deux styles, entre les
deux périodes).
De San Lorenzo à Santo Spirito…
De la Vieille Sacristie de San Lorenzo à la Chapelle Pazzi
-> souligner l’importance de l’art roman (cf. San Miniato) et les innovations qu’apporte
Brunelleschi.

-> montrer comment l’architecte florentin perfectionne son système grâce également aux travaux
théoriques d’Alberti auquel il faut consacrer une partie du développement.

Il ne s’agit pas uniquement d’une révolution stylistique (usage des ordres, effets esthétiques et
compositions de façades). Les palais des familles aristocratiques ou des condottiere à la recherche
d’une légitimité s’inscrivent à la fois dans la continuité du palais florentin mais atteignent très
vite un haut degré d’harmonie en particulier au niveau des cours intérieures. A l’architecture
militaire (châteaux) ou religieuse du Moyen Age répond une architecture « civique » où le palais
est l’expression même du pouvoir (en particulier à Urbino).

Michelozzo : le palazzo Médicis


Alberti : Palais Ruccellaï, San Andrea de Mantoue
Bernardo Rossellino : la « cité idéale » à Pienza pour le pape Piccolomini
Lorenzo Laurana et Francesco di Giorgio : Palazzo ducale d’Urbino
Sans oublier le Traité d’architecture de Filarete et ses édifices imaginaires pour Milan (Sforzinda)

Problématique : il s’agit donc de montrer comment à partir des réalisations de Brunelleschi un


nouveau modèle architectural d’inspiration antique se met en place et se diffuse en Italie au XVe
siècle à partir du foyer florentin. La Renaissance affirme selon Panofsky la grandeur de l’homme
alors que le gothique prêchait l’humilité face à Dieu.
Il faut également consacrer une partie au statut de l’architecte et à la relation mécène - architecte
(cf. Cosme l’Ancien et Michelozzo, le pape Piccolomini et Rossellino, le duc d’Urbino Federico
et Laurana).

Le plan.

Le plan « chronologique », d’évolution était le plus simple à trouver.

- La révolution de Brunelleschi : architecte par excellence du passage d’une architecture de la


technique (même si le gothique a aussi son esthétique propre) à une architecture aux
préoccupations esthétiques (perspective).
- L’architecture devient une science avec le théoricien Alberti qui transpose dans l’architecture
les principes humanistes (en fait néoplatoniciens) de beauté, d’équilibre, d’harmonie en
s’inspirant de Vitruve. Le rôle des modèles antiques : ordres, colonnes, pilastres, arcades,
frontons, proportions, symétrie. Filarète va plus loin en élaborant le projet d’une cité idéale.
L’architecture devient un instrument du pouvoir politique…
- …d’où la diffusion des modèles florentins en Italie : Rome, Pienza, Urbino, Mantoue…

On pourrait aussi discuter explicitement le sujet : peut-on parler de révolution ? de rupture ?

Un retour à l’Antiquité mais via le roman.


Cependant des innovations stylistiques et de conception (plans)
Une nouvelle place pour l’architecture entre art, humanisme et politique
Ccl.
Répondre à la problématique et ouvrir.

Oui une révolution architecturale mais qui ne se résume pas à une re-naissance de l’Antiquité.
Les architectes du Quattrocento innovent avec respect pour les anciens, ceux du XVIe (Bramante,
Raphaël, Michel-Ange) iront plus loin en dépassant les anciens. L’architecture acquiert le rang
d’art libéral par l’utilisation ordonnée des ordres, voire d’une science mathématique par le dessin
et le plan en perspective. Alberti a été décisif dans cette mutation du métier d’architecte.
On assiste parallélement au déplacement géographique du centre artistique européen de la France
vers l’Italie, puis de Florence vers Rome et plus généralement dans les cours italiennes de la
Renaissance. La France redevient le foyer majeur au XVIIe avec le classicisme du « Grand
siècle » et du « grand style ». Enfin, l’architecture s’affirme comme le « grand art » par
excellence du pouvoir politique, art qui exprime plus que tout autre la magnificence des
puissants.

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