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Patrimoine culturel européen

 Introduction
 Définitions
 Histoire et géographie de l'Europe
 Lettres et sciences sociales (patrimoine oral et écrit)
 Arts, architecture et monuments
 Patrimoine naturel et paysages culturels

De manière générale le patrimoine est un ensemble existant, souvent en grande


partie ou en totalité hérité du passé, constitué de biens matériels et/ou immatériels,
propriété privée ou bien commun, que l'on peut vouloir conserver, vendre, échanger,
valoriser ou maintenir pour les générations futures.

L'Unesco en propose la définition suivante :


« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous
transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux
sources irremplaçables de vie et d’inspiration. » (Il inclut notamment les « œuvres
qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art
ou de la science » (monuments ou ensembles) ou du « point de vue esthétique,
ethnologique ou anthropologique » . Cette définition distingue deux types de valeur2

1. une valeur d’héritage du passé dont nous profitons… (valeur d'usage),


« sources irremplaçables de vie et d’inspiration »,
2. des valeurs à transmettre « aux générations futures », notion qui évoque une
valeur du registre de la maintenabilité.
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Selon les Nations unies

Le patrimoine culturel dans son ensemble recouvre plusieurs grandes catégories de


patrimoine :

 Le patrimoine culturel :
o le patrimoine culturel matériel :
 le patrimoine culturel mobilier (peintures, sculptures, monnaies, instruments de
musiques, armes, manuscrits)
 le patrimoine culturel immobilier (monuments, sites archéologiques)
 le patrimoine culturel subaquatique (épaves de navire, ruines et cités enfouies sous
les mers)
o le patrimoine culturel immatériel : traditions orales, arts du spectacle, rituels
 Le patrimoine naturel : sites naturels ayant des aspects culturels tels que les
paysages culturels, les formations physiques, biologiques ou géologiques.
 Le patrimoine culturel en situation de conflit armé
Le patrimoine culturel est, dans son sens le plus large, à la fois un produit et un
processus qui fournit aux sociétés un ensemble de ressources héritées du passé,
créées dans le présent et mises à disposition pour le bénéfice des générations
futures. Il comprend non seulement le patrimoine matériel, mais aussi le patrimoine
naturel et immatériel.

Néanmoins, ces ressources constituent des « richesses fragiles » et nécessitent


comme telles des politiques et des modèles de développement qui préservent et
respectent la diversité et le caractère unique du patrimoine culturel, car une fois
perdues, elles ne sont pas renouvelables.
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Aujourd’hui, le patrimoine culturel est intrinsèquement lié aux défis les plus
pressants auxquels l’humanité est confrontée dans son ensemble ; ces défis vont du
changement climatique et des catastrophes naturelles (comme la perte de la
biodiversité ou de l’accès à l’eau potable et à la nourriture), aux conflits entre
communautés, à l’éducation, la santé, les migrations, l’urbanisation, la
marginalisation ou les inégalités économiques.

Pour ces multiples raisons,le patrimoine culturel est considéré comme « essentiel
pour la promotion de la paix et du développement social,
environnemental,économique et durable ».

La notion de patrimoine est importante pour la culture et le développement dans la


mesure où elle constitue le « capital culturel » des sociétés contemporaines.
Le patrimoine contribue à la revalorisation continue des cultures et des identités et
constitue un véhicule considérable pour la transmission de l’expertise, des
compétences et des connaissances entre les générations. Il fournit également une
source d’inspiration pour la créativité et l’innovation, qui résulte en produits
culturels contemporains et futurs.

Le patrimoine culturel a le potentiel de favoriser l’accès et la jouissance de la


diversité culturelle.
A travers l’élaboration d’un sens d’appartenance individuel et collectif, il peut aussi
enrichir le capital social et contribuerà soutenir la cohésion sociale et territoriale.

En outre, le patrimoine culturel a acquis une grande importance économique pour le


secteur du tourisme dans de nombreux pays, tout en engendrant de nouveaux défis
pour sa conservation.
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Une bonne gestion du potentiel de développement du patrimoine culturel nécessite


une approche qui mette l’accent sur la durabilité. A cet égard, la durabilité nécessite
elle-même de trouver le juste équilibre entre le bénéfice actuel du patrimoine
culturel (en termes économiques et sociaux) et sa préservation en tant que « richesse
fragile » pour les générations futures.

En effet, la compréhension du patrimoine doit être telle que la mémoire collective et


les pratiques traditionnelles, ainsi que leurs fonctions sociales et culturelles, soient
constamment révisées et mises à jour afin de permettre à chaque société de se
reconnaître dans les enjeux actuels et de maintenir leur sens, leur signification et
leur fonctionnement dans l’avenir.

Le patrimoine est étroitement lié aux politiques et aux actions qui tendent à garantir
la protection des « richesse fragiles » du patrimoine culturel, qui répondent aux
enjeux et aux impacts découlant de la mondialisation, de la négligence et de la
surexploitation, et qui investissent dans des processus de valorisation et de
revitalisation afin que le patrimoine prospère et porte ses fruitsdans le futur. Ces
domaines d’intervention de l’action publique sont essentiels et constituent la base
même pour la durabilité du patrimoine actuel et pour sa capacité à contribuer à des
formes soutenables et durables de développement humain à l’avenir.

Il s'agit d’engagement et d’action des pouvoirs publics dans l’élaboration et la mise


enœuvre d’un cadre multidimensionnel pour la protection, la sauvegarde et la
promotion de la durabilité du patrimoine.

L’objectif est d’évaluer les efforts entrepris par les pouvoirs publics, et leurs
résultats, en ce qui concerne l’établissementet la mise en œuvre de normes, de
politiques, de mécanismes et de mesures concrètes pour la conservation, la
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sauvegarde, la gestion, la transmission et la valorisation du patrimoine dans un pays


donné. Ceci permet ainsi d’acquérirune meilleure compréhension des défis, des
potentiels et des lacunes dans ces efforts.

II INDICATEUR CENTRAL
1. DURABILITE DU PATRIMOINE
Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu dans la promotion de la durabilité du
patrimoine. Le présent indicateur central se concentre sur certains des facteurs liés à
l’action publique. Il propose un cadre multidimensionnel qui analyse différents
types d’engagement public, les efforts et les résultats orientés vers la protection, la
sauvegarde et la valorisation du patrimoine. Le cadre est synthétisé dans un
indicateur composite qui fournit une première approximation de la gestion durable
et de l’utilisation du patrimoine au niveau national, et de la mesure dans laquelle un
équilibre adéquat est trouvé entre le bénéfice actuel tiré de l’héritage du passé et
entre la préservation et l’amélioration de cette « richesse fragile » pour les
générations futures.
Trois composantes interdépendantes sont ainsi explorées :
Tout d’abord, la composante « Registres et inscriptions » explore la mesure dans
laquelle les ressources du patrimoine d’un pays sont reconnues comme précieuses et
méritant une protection officielle pour leur sauvegarde. Partant du principe que les
listes et les inventaires du patrimoine culturel sont établis « en vue de sa
conservation et de sauvegarde », les registres et les inventaires ne sont pas des
exercices abstraits mais bien des instruments qui offrent une forte indication du
niveau de volonté politique. Ainsi, le niveau d’engagement pour les registres et les
inscriptions, y compris leur mise à jour régulière, donne une bonne indication
structurelle du degré de priorité accordée au patrimoine.
Deuxièmement, la composante « Protection, sauvegarde et gestion » souligne la
mesure dans laquelle les pouvoirs publics assurent la conservation, la valorisation et
la gestion durable du patrimoine ; la formation nécessaire et le développement des
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capacités des parties prenantes et la participation active des communautés


concernées. En effet,pour que la volonté publique et l’intention de prendre soin du
patrimoine – reflétées par les registres et les inscriptions– soient traduites en
véritables protections, sauvegardes et valorisations, il faut que soient adoptées et
mises en œuvre des politiques et des mesures concrètes.
Troisièmement, la composante « Transmission et mobilisation des soutiens »
considère, au-delà des politiques et des mesures, les efforts déployés en vue
d’accroître la sensibilisation et la compréhension par les communautés et
les citoyens de la valeur et du sens du patrimoine. Elle se penche également sur les
investissements menés pour impliquer le secteur privé et la société civile dans la
promotion du patrimoine pour que le message sur sa valeur et son importance soit
transmis aux générations futures.

Indice de développement d’un cadre multidimensionnel pour la durabilité du


patrimoine

Cet indicateur donne une image d’ensemble sur les forces et les faiblesses des
efforts publics déployés pour la protection et la promotion de la durabilité du
patrimoine pour assurer et encourager sa contribution potentielle au développement.
Il offre également un aperçu sur les domaines suivants :
 la façon dont un pays répertorie son patrimoine au sein de liste et de registres
nationaux et internationaux, et l’étendu du patrimoine couvert par ces listes ;
 le niveau d’adoption et de mise en œuvre par les pouvoirs publics de
politiques et de mesures pour : protéger et sauvegarder le patrimoine
d’éventuels dégâts (par exemple, de catastrophes naturelles) ou d’activités
illégales(par exemple, de vol des biens culturels) ; promouvoir la
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conservation active des éléments du patrimoine ; fournir les ressources


financières nécessaires pour les activités en matière de patrimoine ; mener
des programmes deformation afin de renforcer les capacités et accroître
l’expertise ; et pour faire participer la communauté locale en tant que
gardienne des éléments patrimoniaux concernés ;

INDICATEURS UNESCO DE LA CULTURE POUR LE DEVELOPPEMENT


 la transmission, l’interprétation, la communication et les stratégies de
sensibilisation mises en place pour mobiliser la compréhension, l’évaluation
et le soutien en faveur de la sauvegarde et la revitalisation du patrimoine
de la part du grand public, du secteur privé et de la société civile.

L'IUCD suit l’approche élargie du patrimoine tel qu’adoptée par la communauté


internationale, qui englobe : les sites historiques et culturels, les sites naturels et les
paysages, les biens culturels ainsi que le patrimoine traditionnel et immatériel. Les
définitions de travail adoptées sont extraites des instruments juridiques suivants : la
Convention concernantla protection du patrimoine mondial culturel et naturel
(1972), la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel(2003),
la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique (2000 ) et la
Convention concernant les mesures àprendre pour interdire et empêcher
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l’importation, l’exportation et le transfert illicites de propriété des biens culturels


(1970).
La terminologie en matière de patrimoine n’a pas été rationalisée ou normalisée au
niveau des pays. Pour cette raison,les définitions de travail ci-dessous doivent être
prises comme guide afin d’identifier le patrimoine culturel et les mécanismes pour
promouvoir sa durabilité. En définitive, il demeure de la prérogative de chaque pays
de formuler sa propre terminologie et sa propre interprétation du patrimoine.

Le patrimoine culturel désigne :


a) les monuments : œuvres architecturales, de sculpture ou de peinture
monumentales,éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions,
grottes et groupes d’éléments qui ont une valeur et un intérêt exceptionnels du point
de vue de l’histoire, de l’art ou de la science ;
b) des groupes de bâtiments :groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en
raison de leur architecture, de leur unité ou de leur intégration dans le paysage, ont
une valeur et un intérêt exceptionnels du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la
science ;
c)les sites : œuvres de l’homme ou œuvres conjuguées de l’homme et de la nature,
et les zones comprenant les sites archéologiques, qui sont d’une valeur et d’une
importance exceptionnelles du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou
anthropologique.
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Le patrimoine naturel fait référence :


a) aux éléments naturels constitués par des formations ou des groupes de formation
physiques et biologiques, qui sont d’une valeur et d’une importance exceptionnelle
du point de vue esthétique ou scientifique ;
b) aux formations géologiques et physiographiques et aux zones strictement
délimitées, qui constituent l’habitat d’espèces menacées d’animaux et de plantes
d’une valeur et d’une importance exceptionnelle du point de vue de la science ou de
la conservation ;
c) aux sites naturels ou zones naturelles strictement délimitées, d’une valeur et
d’une importance exceptionnelle du point de vue de la science, de la conservation
ou de la beauté naturelle.
Les éléments naturels du patrimoine considérés doivent avoir été reconnus comme
ayant une valeur universelle et/ou nationale exceptionnelle et être inscrits dans des
listes ou des registres internationaux et/ou nationaux du patrimoine culturel ou
naturel.

Le patrimoine culturel et naturel subaquatique désigne « toutes les traces


d’existence humaine présentant uncaractère culturel, historique ou archéologique et
qui sont partiellement ou totalement sous l’eau, périodiquement ou de façon
continue, depuis au moins 100 ans, par exemple :
a) les sites, structures, bâtiments, objets ou restes humains, ainsi que leur contexte
archéologique et naturel ;
b) les navires, aéronefs, autres véhicules ou parties de véhicules, leur cargaison ou
autres contenus, ainsi que leur contexte archéologique et naturel ;
et c) les objets decaractère préhistorique. »
Pour la construction de cet indicateur IUCD, les biens culturels subaquatiques
considérés doivent avoir été enregistrés sur les listes nationales et/ou internationales
du patrimoine culturel et naturel subaquatique et/ou sur les registres
maritimes nationaux et/ou internationaux de naufrages et des éléments naturels.
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Le patrimoine subaquatique estgénéralement supposé être inclus dans des sites


terrestres similaires.

Le patrimoine culturel immatériel: désigne les pratiques, représentations,


expressions, connaissances et savoir-faire

1. Les sites naturels peuvent appartenir au patrimoine culturel étant donné que
l’identité culturelle est fortement liée à l’environnement naturel dans lequel
elle se développe. Les environnements naturels portent l’empreinte de milliers
d’années d’activité humaine et leur appréciation est avant tout une
construction culturelle.
2. les instruments, objets et espaces culturels qui leur sont associés – que les
communautés, groupes, et dans certains cas individus, reconnaissent comme
faisant partie de leur patrimoine culturel. Ces éléments se manifestent dans les
domaines suivants :

a. les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du


patrimoine culturel immatériel ;
b. les arts de la scène ;
c. les pratiques sociales, rituels et évènements festifs ;
d. les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ;
e. l’artisanat traditionnel.
La vannerie
Pour la construction de cet indicateur IUCD, les éléments du patrimoine culturel
immatériel considérés doivent avoir été inscrits sur les inventaires du patrimoine
immatériel tenus aux niveaux local, national ou international.
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Les biens culturels : désignent les biens, indépendamment de leur origine ou de


leur appartenance qui, pour des motifs religieux ou profanes, sont spécifiquement
désignés par les pouvoirs publics comme étant d’une grande importance pour
l’archéologie, la préhistoire, l’histoire, la littérature, les arts ou les sciences, et qui
appartiennent aux catégories suivantes :
a. les collections et spécimens rares de faune, flore, minéraux et anatomie, et les
objets d’intérêt paléontologique ;
b. les biens culturels concernant l’histoire (y compris l’histoire des sciences et de la
technologie, ainsi que de l’histoire militaire et sociale), la vie de personnalités,
penseurs, scientifiques et artistes nationaux, et les évènements d’importance
nationale ;
c. les produits de fouilles archéologiques (fouilles tant légales que clandestines) ou
de découvertes archéologiques ;
d. les éléments de monuments artistiques ou historiques ou sites archéologiques, qui
ont été démembrés ;
e. les antiquités datant de plus de cent ans, par exemple les inscriptions, pièces de
monnaie, et les sceaux gravés ;
f. les objets d’intérêt ethnologique ;
g. les biens d’intérêt artistique, par exemple :
(i) les images, peintures et dessins faits entièrement à la main sur toutsupport et tout
matériau (à l’exclusion des dessins industriels et des articles manufacturés décorés à
la main) ;
(ii) les œuvres d’art originales (statuaire ou sculpture) quel qu’en soit le matériau ;
(iii) les gravures, estampes et lithographies originales ;
(iv) les assemblages et montages artistiques originaux quel qu’en soit les matériaux ;
h. les manuscrits rares, les vieux livres, documents et publications d’intérêt
particulier (historique,artistique, scientifique, littéraire, etc.) isolés ou en collection ;
i. les affranchissement, timbres fiscaux et autres, isolés ou en collection ;
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j. les archives, y compris phonographiques, photographiques et cinématographiques


k. les articles de mobilier vieux de plus de cent ans et anciens instruments de
musique.,

Les éléments des « biens culturels » considérés doivent faire l’objet de


mesures de l’Etat pour les protéger contre l’importation, l’exportation et le transfert
de propriété conformément à ladéfinition contenue dans la Convention sur les
mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation
et le transfert de propriété illicites des biens culturels de 1970.

Les registres, listes ou inventaires nationaux du patrimoine culturel: désignent


les banques de données officielles ou les listes officielles des biens immobiliers
fabriqués par l’homme, historiquement ou culturellement importants,
des bâtiments historiques, des installations industrielles, des maisons
commémoratives de personnes notables du passé, des monuments, cimetières et
tombes, des sites archéologiques et paysages culturels – environnements
créés par l’homme ou habitats naturels considérablement modifiés par l’homme –
présents sur le territoire national, qui ont été reconnus comme ayant une valeur de
patrimoine à travers un processus officiel de sélection et identifiés
et enregistrés séparément.

Les inventaires de patrimoine culturel immatériel national ou local : désigne les


inventaires qui sont le résultat d’un processus d’identification et de définition des
éléments de patrimoine culturel immatériel présents sur un territoire
donné impliquant les communautés, groupes et ONG pertinentes, et qui sont
reconnus comme des mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel. Ces inventaires décrivent un ou plusieurs éléments
spécifiques du patrimoine culturel immatériel présents dans leur propre contexte et
les distinguent des autres. Les Etats peuvent adopter des approches différentes de
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l’inventaire du patrimoine immatériel sur leur territoire : ils peuvent créer un


inventaire unique et global ou alors un ensemble d’inventaires plus petits, plus
restreints.
Note : Les inventaires font partie intégrante de la sauvegarde du patrimoine culturel
immatériel, car ils peuvent sensibiliser sur le patrimoine culturel immatériel et son
importance pour les identités individuelles et collectives. Le processus d’inventaire
du patrimoine culturel immatériel, et de mise à disposition des ces inventaires au
public, peut également encourager la créativité et le respect parmi les individus et
les communautés d’où sont originaires les expressions et les pratiques du patrimoine
culturel immatériel. Les inventaires peuvent également fournir une base pour
l’élaboration de plans concrets pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
concerné.

Un plan de gestion du patrimoine : désigne un document qui définit les aspects


importants du patrimoine d’un lieu ou d’un site, et détaille les politiques appropriées
de gestion de ce patrimoine afin que ses valeurs soient conservées pour une
utilisation et une appréciation futures. Bien que les modalités de gestion doivent être
adaptées au lieu, un plan de gestion va en général :
a) identifier les valeurs patrimoniales du bien ;
b) identifier les contraintes et opportunités que ses valeurs patrimoniales imposent
pour une future utilisation ;
c) identifier ce que le propriétaire doit ou veut faire concernant son utilisation ;
d) équilibrer ces informations et mettre en place des politiques et des stratégies en
vue d’atteindre des résultats compatibles.
Dans l’idéal, tous les lieux figurant sur la liste des lieux de patrimoine doivent avoir
un plan de gestion détaillant comment les valeurs patrimoniales du lieu seront
conservées. Dans certains cas,il faudra peut-être plus d’un plan pour répondre à la
gamme complète des valeurs d’un lieu.
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Un centre de documentation du patrimoine : désigne les institutions publiques ou


privées qui collectent, traitent, codent, stockent et diffusent les connaissances,
informations, et résultats enregistrés concernant le patrimoine, utilisant diverses
techniques pour donner à l’information documentaire une accessibilité et des
possibilités d’utilisation maximales. Ce genre de centre pourra couvrir tous les types
de patrimoine ou être spécialisé dans certains types particuliers de patrimoine :
patrimoine naturel, culturel, matériel, immatériel, ou mobile.
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Aperçu historique

 La notion de patrimoine au sens culturel est apparue avec la Révolution


française, mais surtout avec l’idée de nation, le patrimoine jouant un rôle
majeur dans la construction des identités nationales aux XIXe et XXe siècles.
 A partir du siècle des Lumières et de la Révolution française, le changement
de légitimité des Etats, du droit divin à la souveraineté nationale ou populaire,
a impliqué la nécessité de donner un sens à la grande famille qu’est la Nation.
 Un ensemble d’œuvres (châteaux, églises etc.) est alors désigné comme le
bien commun, hérité des Pères, représentatif de l’âme ou du génie de la
nation, notamment par le truchement du classement au titre des Monuments
Historiques. Le patrimoine culturel participe ainsi à la production ou encore à
la mise en sens de la collectivité nationale, en l’inscrivant dans le Temps.
Idéel ou matériel, le patrimoine – parce qu’il se traduit par des artefacts tels
que cartes, musées, monuments – inscrit également la Nation dans l’Espace
en la territorialisant.
 Elément de production et de légitimation des identités nationales aux XIX e et
XXe siècles, le patrimoine s’est popularisé et sociologisé, notamment avec la
fin des paysans et le déclin des industries traditionnelles. En effet, depuis les
années 1970 mais surtout 1980, la notion de patrimoine culturel s’est
fortement élargie et de nouveaux acteurs privés, publics et associatifs,
interviennent toujours plus nombreux dans ce champ des politiques
culturelles. Châteaux, églises, chapelles, ponts, mais aussi pigeonniers,
granges, fontaines, usines font l’objet de restauration ou de réhabilitation,
tandis que des musées en tous genres ouvrent leurs portes et que fromages,
savoir-faire culinaires, paysages sont l’objet de mesures de protection.
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 Présenté comme un outil du développement local, urbain comme rural, le


patrimoine est perçu, aujourd’hui, comme dépolitisé, c’est-à-dire dépourvu
d’enjeux identitaires et de pouvoir.
 L’engagement dans le domaine du patrimoine culturel des collectivités
publiques à tous les niveaux – des petites communes aux grandes villes
jusqu’à l’Union Européenne – interroge néanmoins les enjeux politiques de la
territorialisation de ce champ des politiques culturelles. Fruit de choix de la
mémoire, le patrimoine culturel est un construit politique et social
territorialisable et territorialisant à géométrie variable qui transforme la valeur
des objets, d’une valeur d’usage à une valeur culturelle et permet de penser la
collectivité dans une temporalité longue.
 L’investissement de l’Union Européenne dans l’action publique patrimoniale
questionne la stratégie de production et de valorisation d’un patrimoine
commun dans la perspective d’une légitimation culturelle de l’Union
Européenne.
 Comme les pouvoirs locaux anciens chargés de nouvelles compétences
(communes, départements) et les nouveaux territoires issus des
regroupements de communes, l’U.E. apparaît, en effet, confrontée à la
question de sa légitimation. Celle-ci est analysée sous différents angles par les
observateurs : efficacité, identité, citoyenneté, intégration économique,
approches néo-institutionnelle et microsociologique.
 Tous s’accordent sur les difficultés de légitimité de l’UE. Cette dernière
souffrirait d’un déficit d’identification et de légitimité lié d’une part à la
complexité de ses institutions, et d’autre part à son processus même de
construction. Les élargissements successifs de l’Union (dont le dernier
épisode réside dans la question de l’entrée de la Turquie dans l’UE) posent, à
chaque fois, le sens politique de cet « Objet Politique Non Identifié », de sa
légitimité ou encore de sa légitimation. La fin de la guerre froide a mis en
évidence de manière indiscutable ce qui était déjà vérifiable depuis quelques
17

décennies : la dimension tout à fait régionale, et non globale, de l’expérience


européenne. Retranchés dans les limites d’une sorte de provincialisme
international, les Européens ont alors été confrontés à l’énigme de leur
identité ».
 Dans cette perspective d’un déficit d’identité et de légitimité, on peut
s’interroger sur les modalités, pour le projet européen, de l’imposition de son
ordre politique, et la manière dont est envisagée l’acceptation plus ou moins
intériorisée de sa domination politique. Deux grandes perspectives peuvent
être avancées :
 la première – post-nationale – est celle du « patriotisme constitutionnel ».
L’acceptation de la domination politique de l’Union européenne résulterait
d’une volonté, d’un pacte rationnel envers un ensemble de valeurs et de
normes politiques et économiques qui rassembleraient les différentes
composantes de l’Union.
 Dans la seconde perspective, celle de la construction des Etats-nations au
XIXe siècle, la domination est, acceptée au nom d’une histoire, d’une culture,
d’une identité communes qui fondent la communauté imaginaire ici nationale.
L’Union européenne étant en quête de légitimation, et la construction des
identités nationales aux XIXe et XXe siècles s’étant fortement appuyée sur des
processus de patrimonialisation culturels, on peut émettre l’hypothèse d’un
investissement de l’Union dans le patrimoine culturel à des fins de production
pragmatique d’un récit culturel européen.
 Le champ du culturel, bien que pris en compte dans différentes actions de
l'Union, ne fait pas expressément l'objet d'une politique particulière, mais a
néanmoins été progressivement investi par l’Union. Malgré les processus de
régionalisation et de décentralisation ou de dévolution et d’européanisation,
les Etats-nations européens sont campés sur des positions culturelles fortes,
notamment dans le domaine du patrimoine, les Etats centraux déléguant
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volontiers la gestion et la restauration des monuments historiques aux entités


infra-étatiques, mais conservant la prérogative de leur désignation.
 Néanmoins, en 1974, une première résolution du Parlement européen
mentionne la nécessité d’entreprendre des actions communautaires dans le
domaine culturel, en particulier dans le secteur de la sauvegarde du
patrimoine (résolution du Parlement européen du 13 mai 1974 sur la
sauvegarde du patrimoine culturel européen).
 A partir de 1977, la Commission européenne met en œuvre un premier plan
d'action culturelle. Mais, c'est avec le Traité de Maastricht, en 1992, que la
Communauté se voit conférer des compétences dans le domaine de la culture.
Selon l’article 151 du Traité de l’Union « la Communauté contribue à
l’épanouissement des cultures des Etats membres dans le respect de leur
diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l’héritage culturel
commun ».
 La politique patrimoniale européenne trouve ici une assise claire, mais qui
doit être comprise dans une logique de subsidiarité, l’action culturelle
européenne ne pouvant se concevoir qu’en termes de plus-value ou de valeur
ajoutée.
 Dans le domaine du patrimoine culturel, on peut relever plusieurs résolutions,
conclusions ou décisions comme la « Résolution des ministres responsables
des affaires culturelles réunis au sein du Conseil du 13 novembre 1986
relative à la conservation du patrimoine architectural européen ou les
« Conclusions du Conseil du 17 juin 1994 relatives à l'élaboration d'un plan
d'action communautaire dans le domaine du patrimoine culturel ou encore le
projet du Musée de l’Europe. Nous avons choisi ici volontairement de côté
l’action « directe » et éminemment symbolique de l’Union européenne à
travers l’édification d’un Musée de l’Europe pour une approche « au
microscope du local » de l’intégration communautaire, avec une exploration
des processus de patrimonialisation dans les programmes européens
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transfrontaliers dans une perspective constructiviste et cognitive. A l’aune de


l’analyse de projets alpins, la collaboration transfrontalière entre des
collectivités publiques locales et l’UE se présente comme un laboratoire de la
recomposition des identités politiques sur le territoire européen, avec la
promotion, par l’Union, de processus d’identifications collectives et
territoriales alternatives à celles des Etats-nations.
 Le patrimoine culturel est une réalité complexe et vivante, qui éclaire notre
rapport à la citoyenneté comme nos existences individuelles. Il nous faut
aujourd’hui en Europe assumer la responsabilité de préserver l’héritage que
nous avons reçu des générations qui nous ont précédés.
 À la suite de l’incendie de Notre-Dame de Paris, une discussion s’est ouverte
sur de nouvelles formes de financement de la sauvegarde du patrimoine
culturel, pour prévenir les destructions et reconstruire ce qui est en danger.
 Mais il faut créer également des réseaux d’institutions de la société civile
pour assurer un partage des responsabilités en matière de défense du
patrimoine, et affirmer le choix d’une mémoire ouverte et créatrice.

Le patrimoine culturel n’est pas un thème du passé, mais une question du présent
et du futur, qui considère les dynamiques sociales dans leur complexité. On ne peut
ainsi parler d’une identité européenne unique, mais d’une réalité plurielle, où se
conjuguent différences et singularités. L’identité culturelle doit être ouverte et
enrichie par le dialogue. Une identité nationale figée est condamnée d’emblée à la
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désuétude. Il faut avoir une attitude médiatrice, cohérente avec la subsidiarité, où le


respect de ce qui est singulier doit permettre d’accueillir ce qui est différent

et complémentaire.

La préservation de la mémoire, dans le débat européen, doit être comprise


comme un facteur de compréhension de l’autre.

Le patrimoine culturel considère ainsi les monuments, les documents, les villes,
l’architecture et l’archéologie, c’est-à-dire le patrimoine matériel ; mais aussi les
traditions, les mœurs, les langues, les modes de vie, c’est-à-dire le patrimoine
immatériel ; et enfin la nature, les paysages, aussi bien que l’émergence des
nouvelles technologies numériques et la création contemporaine. Il s’agit bien de
mettre en perspective la complexité du présent : la préservation de la mémoire, dans
le débat européen, doit être comprise comme un facteur de compréhension de

l’autre.

Le rôle des arts

La dangereuse fragmentation européenne est le résultat de l’incompréhension de la


notion de patrimoine commun. La peur de la différence, l’illusion économique,
l’égoïsme, le primat du court terme, le désintérêt pour les ressources internes de la
société et de la citoyenneté (notamment le rôle des fondations et des organisations
de la société civile dans une conception élargie de la philanthropie) conduisent aussi
à la déconsidération du patrimoine et de la mémoire, en tant qu’œuvres ouvertes.

Les problèmes contemporains, depuis les émissions de CO2 et la destruction


environnementale jusqu’à la peur des réfugiés, exigent une conscience claire de la
culture et du patrimoine en tant que réalités humaines.

Des valeurs communes


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La sauvegarde du patrimoine culturel n’est donc pas un thème théorique ou


rétrospectif, mas un chemin concret de défense des valeurs communes à travers la
reconnaissance de la mémoire, en tant que facteur actif et créatif de cohésion, de
qualité de vie et de paix. Partage de valeurs et solidarité sociale sont ainsi des
facteurs de consolidation démocratique – assurant la liaison entre la légitimité
d’origine et d’exercice, le vote et la responsabilité, la participation des citoyens, le
respect pour leur voix et une affirmation d’humanité et de justice.

Patrimoine à préserver ou à exploiter ? Ces choix ne s’opposent pas, car préserver


revient à assurer la valeur pour la société d’un monument ou d’une œuvre. Exploiter
signifie créer les conditions pour que le public puisse bénéficier de cette valeur, sans
que la qualité et les conditions de préservation ne soient affectées. Il y a un équilibre
fondamental à garantir entre la protection et sauvegarde du patrimoine culturel, d’un
côté, et son rôle économique, de l’autre. Pensons au cas d’œuvres d’art très
populaires auxquelles le grand public veut avoir accès : préserver et exploiter sont
des réalités naturellement complémentaires. C’est au fond la conséquence de leur
valeur pour la société contemporaine.

Prenons l’exemple du palais et monastère de Mafra, au Portugal, qui vient d’être


intégré à la liste du patrimoine de l’humanité de l’Unesco, après une campagne
civique appuyée par Europa Nostra, qui a permis l’investissement de l’État pour
sauver le système de carillons du XVIIIe siècle, qui est absolument unique.

On a obtenu ainsi la reconnaissance au plus haut niveau d’un monument baroque


extraordinaire en Europe – palais, église, bibliothèque, orgues et carillons –, qui, de
plus, a inspiré le roman Le Dieu manchot (Memorial do Convento) de José
Saramago, prix Nobel de littérature.

En 2019, les Journées européennes du patrimoine se sont développées autour du


thème « Arts et divertissements » fixé par le Conseil de l’Europe et la Commission
européenne et repris par les États signataires de la Convention culturelle
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européenne. Il s’agit d’un appel pour que la culture, l’éducation et la science soient
des facteurs d’enrichissement de la démocratie, en liant la création artistique,
l’histoire et l’humanisme, le divertissement étant envisagé comme disponibilité
d’esprit et sauvegarde de la liberté. Parler d’Europe et construire une société ouverte
fondée sur la liberté et la dignité humaine universelle aujourd’hui signifie bâtir la
paix et la démocratie, mobiliser les citoyens, faire comprendre que la mémoire doit
aider la compréhension mutuelle et la création d’une société consciente du primat de
la loi et du droit, de la légitimité citoyenne et de la justice. La Paix, la Concorde et la
Sécurité de Lorenzetti sont à l’ordre du jour !

La culture européenne : son fondement historique

Des limites difficiles

 L'Europe n'est pas véritablement un continent (péninsule du continent eurasiatique)


et la géographie est impuissante à la définir.
 A l'Ouest et au Sud, des limites naturelles
qui paraissent évidentes : Atlantique, Méditerranée. Mais la Méditerranée n'est pas
une barrière infranchissable : forte immigration clandestine en provenance d'Afrique
et problème desenclaves espagnoles au Maroc ( Ceuta et Melilla ).
 Question du Royaume-Unis tournée vers l'océan et les États-Unis...
 Problème le plus net : à l'Est, limiteconventionnelle fixée aux monts Oural mais
c'est un choixgéopolitique et pas géographique (Oural facilement franchissable).

Une identité aux multiples facettes

 Europe riche de sa diversité : richesselinguistique, plus de 40 langues pour la plupart


rattachées à 3ensembles linguistiques : roman, germanique et slave. Diversité
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religieuse ( poids de l'Islam croissant ) mais prépondérance du


Christianisme. Athéisme important.

Une identité commune par la culture et l'histoire

 L'Europe est davantage une constructionculturelle que géographique. Elle a acquis


une certaine unité parapports successifs tout au long de son Histoire.
 Diffusion de la civilisation gréco-romaine: influence politique ( Grèce : patrie de la
démocratie ),philosophique, juridique ( droit romain ), scientifique.
 Rôle du christianisme, socle spirituel del'Europe.
 L'Humanisme, la Renaissance, les Lumières ont diffusé des valeurs qui représentent
un aspect essentiel de l'identité européenne : la liberté, les droits de l'homme, la
démocratie... (idéaux à portée universelle ). Ils ont aussienrichi le patrimoine
artistique, intellectuel commun.
 Importance de l'État-nation en Europe :modèle politique de référence.
 Ces dénominateurs communs n'occultent pasune histoire européenne marquée par
des conflits. L'Europe asouvent bafoué les valeurs qu'elle avait créées.

Tous les apports de l'Histoire donnent un fond culturel commun à l'Europe. C'est sur
ces bases que repose aujourd'hui une construction européenne qui, imaginé à l'Ouest
du continent, ne cesse de s'élargir vers l'Est.

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