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from 125 Agriculture du Maghreb février 2020


by AGRICULTURE du MAGHREB
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from '125 Agriculture du Maghreb février 2020'

Oussama Hamza Consultant externe, Caliplant-Pomgenesis

Conduite adaptée aux nouvelles


variétés
Al’échelle mondiale, la culture de la grenade a connu un véritable boom ces deux dernières
décennies. Cette expansion s’est aussi accompagnée par l’essor de nouvelles variétés issues de
programmes d’hybridation, appelées à répondre à diverses problématiques à savoir
l’amélioration du rendement, de la qualité interne et externe des fruits, de la qualité
organoleptique… Cet engouement pour la grenade en tant que produit est le fruit d’une
campagne de recherche et de Marketing qui a été financée par une multinationale
mondialement connue et qui a fait du produit grenade son emblème. En effet les maintes
propriétés anti cancérigènes découlent des recherches entreprises, ses propriétés bénéfiques
continuent à faire l’objet de découvertes et de publications. Choix variétal Il existe
actuellement deux marchés de commercialisation de la grenade : - Le premier est celui des
variétés classées comme « sucrées ». Ce marché répond à la demande du consommateur du
sud du bassin méditerranéen et a eu tendance à se stabiliser en termes de volume et de valeur
au cours des deux dernières décennies. - Le second marché est celui des variétés rouges
considérées comme semi-acides ou acides. Ce marché ne pouvant être délimité
géographiquement, il continue de croître au fil des années. L’un des points forts de la grenade
est son important taux d’exploitation du produit ainsi que de ses sous produits. En effet les
fleurs sont utilisées dans l’industrie cosmétologique afin d’en extraire les huiles essentielles,
les fruits peuvent être vendus pour le marche du frais ou pour l’industrie (jus, arilles) et en fin
l’écorce des fruits peut être utilisée dans l’industrie pharmaceutique. Le choix variétal doit
être conditionné en premier lieu par le marché vers lequel l’agriculteur désire écouler sa
production. Ce marché doit être compatible avec le terroir dans lequel il se trouve, c’est pour
cela que dans les zones arides ou semi arides la tendance est de privilégier des variétés
précoces alors que dans les zones littorales ou en altitude il serait préférable d’opter pour des
variétés de saison et/ou tardives. Comme évoqué précédemment l’avènement de nouvelles
variétés issues d’hybridations naturelles ont permis de répondre aux exigences du
consommateur final et ce en déplaçant progressivement les variétés classiques qui sont dans la
plupart des cas des variétés populations et dont il existe plusieurs dizaines ou centaines de
clones. Le grenadier en tant qu’espèce commerciale demeure une variété qui est utilisée
comme franc de pied. Jusqu’à présent l’usage de variétés Cultivée depuis l’antiquité et
mondialement connue pour ses vertus médicinales et anti cancérigènes, la grenade, fruit du
grenadier (Punica granatum, famille des Lythracées anciennement Punicaceae) se place en
deuxième position en termes de concentration en composés antioxydants derrière le Goji et
devant la myrtille.

greffées demeure marginal pour la simple raison qu’il n’existe qu’un seul porte greffe
officiellement recensé et patenté en Israël, sa principale vertu étant de réduire
considérablement l’émission de rejets. Dans des pays comme l’Iran ou la Turquie, les instituts
de recherche agronomique se sont attelés à trouver des solutions concrètes face aux
contraintes édapho-climatiques. Ceci a été réalisé en utilisant les caractéristiques
génotypiques de certaines variétés recensées qui ne produisent pas des fruits de bonne qualité
mais dont les traits de résistance aux contraintes abiotiques sont toutes avérées (résistance à la
sécheresse, moindre sensibilité à la chlorose ferrique, résistances à certaines maladies
telluriques…). ainsi sa très forte sensibilité aux attaques de Phytophtora (une des
problématiques majeures sur grenadier). C’est pour cette raison que l’on recommande d’éviter
la création d’un milieu
humide avoisinant à la zone du tronc qui est en contact avec la superficie du sol. La
démocratisation de l’irrigation localisée a permis de réduire considérablement cette
problématique. Néanmoins

Conduite technique du grenadier L’expression du potentiel génétique variétal requiert une


gestion culturale qui répond aux spécificités intrinsèques de la variété mais aussi aux
conditions edapho-climatiques. La conduite culturale du grenadier n’est pas aussi aisée que
certains peuvent le penser, l’obtention d’une production de qualité implique l’adoption de
techniques culturales bien définies.

La fertirrigation Le grenadier est une espèce dont les besoins en eau sont assez conséquents.
Les besoins hydriques de la grenade varient de 5.000 à 6.500 m 3 /ha/an et peuvent dépasser
ce chiffre dans des zones désertiques à semi-désertiques. Cependant la gestion des apports
hydriques sont déterminants quand à la pérennité commerciale du verger en premier lieu mais
aussi par rapport à la qualité des fruits obtenus. En effet le grenadier est une espèce qui est
plantée franc de pied (dans 99% des cas), expliquant
Différents systèmes de palissage du Grenadier il est fortement recommande d’éloigner les
porte rampes des la première année afin de favoriser l’enracinement mais aussi d’éviter
l’installation du champignon. Les apports hydriques doivent être également bien rationnalisés
afin d’éviter les déficits (plus forte sensibilité au sunburn) ou les excès (attaques de
phytophtora) ou l’alternance des deux phénomènes (recrudescence du phénomène de
cracking). L’optimisation de la ressource hydrique peut aussi s’effectuer à travers la mise en
place de la toile hors sol, le grenadier s’y adaptant d’une manière remarquable. L’usage de la
toile hors sol peut être considéré comme faisant partie intégrante de l’agriculture de
conservation. Elle consiste en le déploiement sur la ligne de plantation d’une membrane
géotextile poreuse permettant l’aération, l’oxygénation et les échanges gazeux. On réduit ainsi
considérablement l’évapotranspiration mais aussi la concurrence entre l’espèce exploitée et
les plantes adventices pour l’eau et les éléments nutritifs apportés, en d’autres termes grâce à
cette technique on optimise les apports hydriques et nutritifs. On estime que dans ce cas,
l’économie d’eau et en engrais est de l’ordre de 30 à 40 % surtout lorsque la gestion de
l’irrigation est accompagnée par la mise en place de tensiomètres ou de sondes. En termes
nutritionnels, le calcium et le potassium jouent un rôle de premier ordre afin de réussir un fruit
dont le calibre est conforme aux normes mais surtout réduire les problèmes liés au sunburn et
au cracking, le sunburn pouvant être un catalyseur du cracking.
L’éclaircissage Un taux de nouaison élevé peut être considéré comme une contrainte pour le
grenadier dans la mesure où son bois est élastique et qu’il a tendance à se rompre facilement
sous le poids des fruits. Par ailleurs, et afin d’obtenir des fruits en adéquation avec le calibre
commercial recherché mais aussi afin qu’ils soient dépourvus de défauts esthétiques (forme
parfaite, absence de cicatrices …), il est primordial de recourir à l’éclaircissage.
L’éclaircissage peut aussi être un moyen de diminuer l’impact de la principale contrainte
physiologique chez cette espèce à savoir le coup de soleil ou sunburn et ce en éliminant les
fruits exposés au rayonnement direct ou ceux dont l’exposition est la plus à risque (exposition
directe en deuxième moitie du jour durant les mois de fort rayonnement solaire). Ceci
permettra l’obtention d’un calibre qui répond le mieux aux critères commerciaux mais aussi
de maintenir un équilibre entre la végétation et le grossissement des fruits. L’éclaircissage
concerne aussi les fleurs, le grenadier étant une espèce dont le nombre de vagues florifères est
compris entre trois et quatre (en fonction de l’âge du verger et de la charge des arbres). Les
fruits de qualité sont issus de la première et deuxième floraison, les fruits issus des floraisons
suivantes se distinguent par une mauvaise qualité et l’impossibilité de leur commercialisation.
C’est pour cette raison qu’il est primordial de supprimer la troisième et quatrième vague
florifère et ne pas permettre qu’elle noue étant donné que les fruits qui en découleront
constitueront une concurrence directe avec les fruits en cours de maturité mais aussi que le
cout énergétique qui en découle peut être très élevé pour l’arbre.

Le palissage Comme mentionné précédemment, la typologie du bois du grenadier implique


une grande fragilité. C’est pour cette raison que cette espèce requiert une structure de support
qui peut être de plusieurs types (en bambous, en V, en T…). La mise en place d’une structure
métallique permet d’amplifier la masse foliaire de l’arbre et par conséquent induire un plus
grand nombre de structures fructifères. La structure permet l’ouverture de l’arbre à un angle
déterminé et la mise en place des étages fructifères qui faciliteront aussi les opérations
culturales telles que l’éclaircissage, la taille ou la récolte. On compte généralement 3 étages
fructifères, le troisième pouvant être utilisé comme «parapluie » et
ainsi créer l’ombrage nécessaires aux deux étages inferieurs et ce afin de minimiser l’impact
du sunburn sur les fruits. La taille d’un verger conduit avec une structure de palissage diffère
de celle d’un verger classique dans le sens ou l’objectif recherché est l’obtention d’un
maximum de superficie foliaire qui garantira une floribondité plus importante ainsi qu’un
nombre de fruits final. Pour cela lors de la taille certains gourmands pourront être arqués et ce
dans le but de les leur induire la mise à fruit.

Culture sous filet Largement diffusée sur d’autres espèces, la culture du grenadier sous filet a
fait son apparition afin de répondre à deux principales problématiques à savoir le sunburn et
l’obtention d’un calibre commercial convenable pour les variétés extra précoces.
Le choix des caractéristiques du filet est crucial dans la mesure où il doit être capable de
filtrer les longueurs d’ondes nocives pour la plante mais aussi pour le fruit. Le filet fait
également office de protection anti-grêle dans les zones pouvant être considérées comme à
risque. A l’intérieur du filet se crée un microclimat caractérisé par une température moyenne
inferieure à la température extérieure, permettant à l’arbre de maintenir une activité soutenue
sans souffrir d’aucun type de stress qui pourrait résulter des conditions climatiques.

Le maintien d’une activité physiologique optimale durant la phase de grossissement du fruit


permet au végétal de canaliser toute son énergie au profit de l’organe fructifère et de réussir à
obtenir le calibre commercial recherché.
Protection Phytosanitaire Le grenadier est sujet à divers ravageurs et maladies, on citera
principalement :

Les ravageurs - Pucerons (Aphis punicae Passerini, Aphis gossypii Glover) - Thrips -
Acariens (Tenuipalpus punicae Prit. And Baker, Eriophyes granati Canestrini ) - Cicadelles -
Certaines espèces de lepidoptères (Cryptoblables gnidiella Milliere Ectomyelois ceratoniae
Zelle) - La cochenille australienne (Planococcus citri Risso ) - La cératite (Ceratitis capitata
wied) - Nématodes (Meloidogyne spp; Helicotylenchus spp)

Les maladies - Alternaria spp. - Phytophtora spp.

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