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MINISTERE DE LA CONSTRUCTION,

DU LOGEMENT ET DE L’URBANISME

THEME:

LE PROCESSUS LEGAL DE CONSTRUCTION

Présenté par :
M. MESSOU OI Messou Augustin,
Architecte urbaniste, Directeur Général de la Construction, de la
Maintenance et de l’Architecture

ECOLE D’ARCHITECTRURE D’ABIDJAN – Mercredi 29 Novembre 2023


PLAN DE LA PRESENTATION

I. INTRODUCTION

II. LES TEXTES REGLEMENTAIRES

III. LES ACTEURS CLES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE


CONSTRUCTION

IV. CONCLUSION
I- INTRODUCTION

Durant ces dernières années, nous avons assisté à l’effondrement de


certains bâtiments dans le District d’Abidjan. On dénombre, de 2013
à 2023 une vingtaine d’immeubles effondrés comptabilisant plusieurs
morts, de nombreux blessés, ainsi que d’importants dégâts matériels.
Ces effondrements qui concernent essentiellement quelques
bâtiments privés, sont dus à l’inobservation des règles en
matière de construction qui peuvent se résumer à la
mauvaise exécution des travaux, la mauvaise qualité des
matériaux ou à une méconnaissance de la capacité portante
du sol qui accueille le bâtiment.

Il apparaît clairement sur le terrain, une première catégorie de


citoyens construisant sans la moindre autorisation préalable,
notamment le permis de construire.
I- INTRODUCTION

Une deuxième catégorie de citoyens, après l’obtention de


l’autorisation de construire, s’associent les services de tacherons très
souvent peu qualifiés pour l’exécution des travaux, en violation
flagrante de la règlementation en vigueur. Ils s’associent
rarement les services de bureaux d’études et de contrôle.

L’Etat a pourtant règlementé l’acte de bâtir qui obéit à un processus


bien précis et soumis l’exécution des travaux de bâtiment à
l’obtention préalable d’une autorisation de construire.

 Quel est donc le processus légal de construction et


quels sont les acteurs clés qui interviennent dans la
chaine de production des bâtiments?
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

1. LOI N°2019-576 du 26 juin 2019, instituant Code de la


Construction et de l’Habitat
 Article12 : Le permis de construire est exigé pour :
– La construction de tout bâtiment ;
– Toute extension d’un bâtiment ;
– Les travaux exécutés sur les constructions existantes, lorsqu’ils
ont pour effet d’en changer la destination, d’en modifier la
structure, l’aspect extérieur, le volume ou la distribution
intérieure ;
– Les reprises de gros œuvres ;
– Les clôtures ;
– Tout ouvrage ayant un impact sur le paysage urbain.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

 Article 13 : L’obligation d’obtention préalable du permis de


construire s’impose à toute personne physique ou morale.
 Article 18 : Tout projet de construction doit être dressé par un
architecte agréé selon les modalités définis par décret pris en
Conseil des Ministres sur proposition du Ministre chargé de
l’Urbanisme.
 Article 31 : La politique et les objectifs en matière de police de la
construction sont mis en œuvre par le Ministre de tutelle.
 Article 32 : Le ministre de tutelle s’appuie sur une plateforme
chargée du contrôle et l’investigation, dans le cadre d’une synergie
d’actions avec les collectivités décentralisées.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

Les modalités de création, d’organisation et de fonctionnement de


cette plateforme sont précisées par décret.

 Article 33 : Le contrôle des constructions, après l’obtention du


permis de construire, est effectué, par les ingénieurs-conseils,
dénommé « le contrôleur des constructions ».
Le contrôleur des constructions est commis par le maître d’ouvrage.

 Article 219 : Sur le chantier de construction, des dispositions


appropriées doivent être prises pour assurer la sécurité des
travailleurs et celle des personnes étrangères présentes à
l’intérieur et aux abords du périmètre des travaux.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

 Article 229 : Le maître d’ouvrage est tenu de s’attacher les


services d’un constructeur. Leur collaboration est matérialisée par
un contrat.
 Article 231 : L’architecte est responsable de la conception de
l’ouvrage, de sa fonctionnalité, de son esthétique, de l’harmonie
des formes et des couleurs.
 Article 232 : L’ingénieur est responsable de la stabilité de l’édifice
des spécifications techniques.
 Article 233 : L’entrepreneur est responsable de l’exécution des
ouvrages sous le contrôle de l’architecte et de l’ingénieur. Il a la
responsabilité de la bonne exécution et de la finition des ouvrages.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

 Les Article 519 à 546 consacrent les différentes sanctions


relatives aux infractions en matière de construction.
Il s’agit de:
 Des démolitions partielles ou totales;
 d’amendes administratives (12 500 FCFA / m² à 25 000 FCFA/m²);
 de peines privatives de liberté (03 mois à 03 années) doublées
d’amendes de 100 000 FCFA à 10 000 000 de FCFA.
les Architectes, Ingénieurs conseils, Entrepreneurs, bénéficiaires des
travaux ou autres responsables de leur exécution sont concernés par
ces sanctions susmentionnées.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

2. LOI N°2018-868 du 19 novembre 2018 relative à la


profession d’architecte
 Article 5 : Quiconque désire entreprendre des travaux soumis à
une autorisation de construire, doit obligatoirement fait appel à un
architecte agréé, inscrit au tableau de l’Ordre National des
Architectes, pour élaborer les documents relevant de sa
compétence, quels que soient le montant et la surface cumulée de
planchers de l’ouvrage.
 Article 6 : La conception des œuvres architecturales tient compte
des impératifs de développement durable.
Les projets architecturaux s’élaborent dans le respect des principes
d’intégration dans le site, de préservation de l’environnement et
d’efficacité énergétique.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

3. DECRET N°2019-219 du 13 mars 2019 modifiant le DECRET


N°2015-195 du 24 mars 2015 portant création, attributions,
composition et fonctionnement du Guichet Unique du Permis
de Construire.

 Article 7 nouveau : Outre les sous directions et services


nécessaires à son fonctionnement, le GUPC dispose des organes
suivants :
– La Commission du Permis de Construire ;
– La Cellule de Contrôle des Constructions.
La Cellule de Contrôle des Construction est chargée de
veuille au respect des règles de constructions et
d’urbanisme.
II- LES TEXTES REGLEMENTAIRES

La Cellule de Contrôle des Construction dispose d’un personnel


composé :
– de représentants des services compétents du Ministère en charge
de la Construction et de l’Urbanisme ;
– d’un représentant de la Direction chargée de l’Assainissement et
du Drainage ;
– d’un représentant du Ministère en charge de la Ville ;
– d’un représentant du District Autonome d’Abidjan ;
– de représentants de chacune des communes du District d’Abidjan.
Il est également désigné un suppléant pour chaque représentant.
III- LES ACTEURS CLES DU PROCESSUS DE CONSTRUCTION

1. L’Administration (notamment le MCLU);


2. L’Architecte (Le Cabinet d’architecte);
3. L’Ingénieur (le Bureau d’études);
4. L’Entreprise (le Constructeur);
5. Le Bureau de contrôle;
6. Le contrôle administratif sur le terrain;
7. La réception des travaux;
8. Le Certificat de Conformité.
III. 1- L’ADMINISTRATION (notamment le MCLU);

L’Administration est chargée de la réception des demandes d’actes


administratifs, de leur traitement, ainsi que de leur délivrance (Titres
de propriété, Permis de construire, Certificat de conformité,...)
 Le titre de propriété est l'acte officiel qui permet de démontrer que
l'on est propriétaire d'un bien. Le titre de propriété constate un droit
de propriété. Il fait le lien entre une personne privée ou morale et la
parcelle.
Aujourd’hui, le seul et unique titre de propriété qui est délivré est
l’arrêté de concession définitive (ACD).
III. 1- L’ADMINISTRATION (notamment le MCLU);

 Le Permis de Construire est une autorisation


administrative préalable et obligatoire qui permet à une
personne morale ou privée, l’exécution des travaux de
bâtiments.
A travers cette autorisation de construire, l’administration s’assure du
respect des règles d’urbanisme en vigueur, des normes
architecturales, d’assainissement et de sécurité. C’est par le Permis
de Construire que l’Etat contrôle la mise en valeur des terrains
urbains.
Il permet à l’Etat d’éviter non seulement la détérioration du paysage
urbain mais également dans une certaine proportion, la mise en péril
de la sécurité des biens et des personnes.
III.2- L’ARCHITECTE (Le Cabinet d’Architecte)

 L’architecte est un artiste, un technicien qui conçoit un bâtiment.


Répondant au besoin de son client, il traduit en plan une réflexion
sur l’espace, la lumière, les volumes et les matériaux, puis conduit
le chantier.

 Professionnel de haut niveau, les architectes sont des conseillers


fiables qui assument un rôle holistique alliant diverses exigences
et diverses disciplines en un processus créatif, et ce, tout en
servant l’intérêt public et en tenant compte des questions de
santé et de sécurité.
III.2- L’ARCHITECTE (Le Cabinet d’Architecte)

 Il est le chef d’orchestre, à ce titre, il est chargé de la


coordination des actions de toutes les parties prenantes
dans la mise en œuvre du projet.

Cette gestion des interfaces métiers induit la notion d’auto-contrôle


des entreprises.
III. 3- L’INGENIEUR (Le Bureau d’études)

 Sur la base de l’étude architecturale, faite par un architecte


agréé, le bureau d’études, sous la responsabilité de l’architecte,
confectionne les différents plans d’exécution pour
l’ensemble des corps d’état. Ces plans permettront aux différents
constructeurs d’exécuter les travaux.

 Le bureau d’études tient compte naturellement, dans la


conception desdits plans, des caractéristiques du sol
consignés dans le rapport d’étude géotechnique.
III.4- L’ENTREPRISE (Le constructeur)

 Il est tout indiqué de procéder au choix d’une entreprise


qualifiée, ayant donc la compétence requise pour la construction
du bâtiment dans les règles de l’art. Il est bon de confier
l’exécution des travaux du bâtiment à des professionnels afin de
garantir la qualité des travaux et par ricochet la stabilité de
l’ouvrage.

 L’entreprise prendra toutes les dispositions constructives


pour assurer la sécurité des ouvriers et du voisinage du
chantier de construction.
III.5- LE BUREAU DE CONTRÔLE/INGENIEUR CONSEIL

 Le bureau de contrôle est chargé de la validation des plans


d’exécution, du suivi et contrôle des travaux, notamment la
qualité du matériel utilisé, des matériaux de construction et
leur mise en œuvre;
 Il est tenu de s’assurer de l’exécution des travaux dans les
règles de l’art. Il prend en lien avec l’entreprise des précautions
techniques pour la sécurisation du voisinage du chantier ainsi
que des ouvriers;
 En somme, le bureau de contrôle, imposé par la règlementation
en vigueur doit s’assurer, à travers les laboratoires d’essais, de
la bonne qualité des matériaux de construction et veiller
à la bonne mise en œuvre des travaux.
III.6- LE CONTRÔLE ADMINISTRATIF SUR LE TERRAIN

 L’administration est tenue pour le bien de tous, de faire respecter la


règlementation en vigueur.

A ce titre, elle doit se donner tous les moyens pour un contrôle


efficace sur le terrain, au besoin, sanctionner tout contrevenant aux
dispositions réglementaires en la matière.

Cette approche permet de dissuader tous ceux qui s’avisent à


entreprendre des travaux de construction de bâtiment au mépris de la
règlementation en vigueur.
III.6- LE CONTRÔLE ADMINISTRATIF SUR LE TERRAIN

 Le contrôle administratif doit s’assurer de la légalité du chantier à


travers, notamment, la disposition d’un permis de construire et
du panneau de chantier.

 Il doit s’assurer d’une exécution des travaux conforment aux


prescriptions du permis de construire (la présence sur le chantier
des différents acteurs en lien avec les exigences règlementaires,
notamment le bureau de contrôle).
III.7- LA RECEPTION DES TRAVAUX

a- La réception provisoire

 La réception provisoire doit être demandée par l’entrepreneur si


tôt son travail terminé ou dès que le bien est considéré comme
habitable ou exploitable.

 Une visite approfondie du bâtiment est effectuée par


l’entrepreneur, l’architecte et le maître d’ouvrage afin de vérifier
que tous les travaux ont bien été réalisés dans les conditions de
qualité requises. Cette visite fait l’objet d’un procès-verbal signé
par les différentes parties.
III.7- LA RECEPTION DES TRAVAUX

b- La réception définitive

 En général, un an après la réception provisoire, il y a lieu de


procéder à la réception définitive qui sera accordée si les
éventuelles réserves émises lors de la réception provisoire sont
devenues sans objet et si aucun vice caché n’est apparu dans
l’intervalle.
IV- LE CERTIFICAT DE CONFORMITE
 Il permet à l’administration de vérifier la conformité de l’exécution
des travaux du bâtiment en rapport avec le Permis de Construire.
 C’est un outil important qui permet à l’administration de contraindre
les maîtres d’ouvrage et les constructeurs au respect de la
règlementation en matière de construction.
Le conseil des Ministres en sa séance du mercredi 24 mars 2021 a
arrêté des mesures pour rendre obligatoire la délivrance du certificat
de conformité. Il s’agit de:
 La délivrance préalable du certificat de conformité avant tout
raccordement aux circuits de distribution de l’eau et de
l’électricité;
 L’arrêt et la démolition systématique des constructions illégales
dès leur initiation;
IV- LE CERTIFICAT DE CONFORMITE
 L’obligation pour tout maitre d’ouvrage de souscrire à une
assurance contre les défauts de construction avant la mise en
exploitation d’un bâtiment;

 Le renforcement des procédures d’homologation des cabinets de


contrôle et de certification des matériaux de construction;

 Le MCLU travaille actuellement à l’opérationnalisation de cette


mesure en collaboration avec les ministères impliqués,
IV- CONCLUSION

 L’acte de bâtir obéit à un processus réglementaire bien précis. Le


respect de ce processus permet de construire dans les règles de
l’art et de garantir, non seulement, la stabilité de l’ouvrage mais
également la sécurité des biens et des personnes.

 Construire un bâtiment suppose la maîtrise de contraintes


règlementaires, administratives, architecturales et techniques
pour un développement harmonieux de la ville.
IV- CONCLUSION

 Il convient pour la pérennité des bâtiments exécutés, de veiller au


strict respect de ce processus qui consiste notamment, au choix
d’un bureau de contrôle, pour garantir non seulement, la bonne
qualité des matériaux de construction mais également leur bonne
mise en œuvre.

 Un bon produit n’apporte pas la performance attendue s’il est mal


posé ou non pertinent. Pour les assureurs par exemple, l’analyse
de risque comprend non seulement le produit mais également sa
mise en œuvre. Cette interface produit-mise en œuvre doit faire
l’objet d’un vrai travail de professionnels.
IV- CONCLUSION

 En ce qui concerne le certificat de conformité, il sera, après


l’aboutissement de la reforme, rendu obligatoire pour
contribuer, notamment, à garantir la stabilité des bâtiments.

 Il convient de poursuivre et accentuer la communication dans


le cadre de la sensibilisation de la population pour qu’elle
comprenne que l’acte de bâtir n’est pas un acte banal et que
faire recours aux professionnels qualifiés est une exigence
réglementaire ;
IV- CONCLUSION

 Il faut enfin indiquer que si la foi n’a pas suffit, il faut


systématiquement appliquer la loi. D’où la nécessité de
sanctions exemplaires pour dissuader tous ceux qui s’avisent à
construire au mépris de la règlementation en vigueur en
matière de construction.
MERCI DE VOTRE ATTENTION

ECOLE D’ARCHITECTRURE D’ABIDJAN – Mercredi 29 Novembre 2023

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