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Acteurs et analystes d’une Afrique en pleine mutation, dans son rapport à elle-même, à la France, à
l’Europe et au monde, Achille Mbembe et Rémy Rioux proposent, dans un dialogue inédit, une série
de réflexions sur plusieurs grandes questions de notre époque : finance et développement, mémoire et
réparation, crise environnementale et numérisation du monde, réinvention des institutions
démocratiques. Au fur et à mesure de leur discussion avec Séverine Kodjo-Grandvaux, sont
esquissées des propositions sur les conditions de la transformation du monde, dans l’esprit d’une
nouvelle action internationale conçue comme une diplomatie du vivant.
ACHILLE MBEMBE, RÉMY RIOUX
ET SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX
Achille Mbembe
De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique
contemporaine, Karthala, 2000 ; rééd. La Découverte Poche, 2020
Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, La Découverte,
2010 ; rééd. Poche, 2013
Critique de la raison nègre, La Découverte, 2013 ; réed. Poche, 2015
Politiques de l’inimitié, La Découverte, 2016 ; rééd. Poche, 2018
Brutalisme, La Découverte, 2020
Rémy Rioux
Finances Publiques, Dalloz, 2018
Réconciliations, Débats Publics, 2019
EAN 978-2-330-16219-1
ACHILLE MBEMBE
ET RÉMY RIOUX
Pour un monde
en commun
Regards croisés
entre
l’Afrique et l’Europe
Séverine Kodjo-Grandvaux7
1.
L’AFRIQUE ET LE BASCULEMENT
DU MONDE
Achille Mbembe, Rémy Rioux, vous êtes tous deux historiens de formation
mais vos parcours sont très différents. Rémy Rioux, vous avez fait le choix
d’une carrière administrative et politique. Vous êtes l’une des voix de la
France à l’étranger. Tandis que vous, Achille Mbembe, vous avez opté pour
une vie de chercheur et d’universitaire et vous êtes l’un des plus grands
spécialistes des sociétés postcoloniales. Qu’est-ce qui a motivé cette
rencontre ? Et qu’attendez-vous l’un l’autre de cette discussion ?
RÉMY RIOUX : Même si Achille Mbembe et moi avons initialement tous deux
suivi des études d’histoire, nous avons emprunté des chemins bien
différents. Achille a fait le choix de l’enseignement et de la recherche. Le
choix de la critique des sociétés politiques contemporaines, marquées par
les traumatismes de leur passé. Un choix exigeant et courageux qui ne
l’amène qu’aujourd’hui jusqu’aux parages directs des institutions établies et
du politique. Rien ne fut facile ni donné pour Achille Mbembe qui a
construit son parcours lui-même, un temps hors d’Afrique, loin de son point
de départ, avant de revenir s’installer en Afrique du Sud.
Quant à moi, j’ai fait le choix inverse, fuyant le monde universitaire
après l’avoir reniflé pour celui de la gestion publique, de la finance et des
allées du pouvoir. J’ai suivi pas à pas le cursus honorum de la République
française, passant par l’École normale supérieure de la rue d’Ulm,
Sciences Po, l’École nationale d’administration, la Cour des comptes, puis
quasiment tous les ministères régaliens de notre pays – l’Intérieur, les
Finances, le Quai d’Orsay et, d’un peu plus loin, la Défense. Je suis devenu,
après trente années d’expériences diverses, un spécialiste de l’État et de son
fonctionnement, attaché à ses missions et instruit aussi de ses lacunes et de
ses inadaptations aux bouleversements modernes, en France et ailleurs. La
réflexion et la critique ont toujours procédé de l’action et de ses
imperfections, dans mon cas. Et de la volonté constante de construire des
politiques publiques et des institutions plus efficaces et plus légitimes, qui
m’ont toujours semblé indispensables pour permettre l’émancipation et la
libre expression des talents des individus et des communautés. Rien d’un
conservateur et rien d’un anarchiste, en somme !
Tout au long de mon enfance, j’avais entendu parler d’histoire à la
maison, celle de mon propre pays d’abord, mais aussi celle de l’Afrique,
à l’époque coloniale puis de la décolonisation. Ma mère, Hélène Rioux,
enseignait ces questions en khâgne aux lycées Claude-Monet, Fénelon puis
Henri-IV où elle fut mon maître. Mon père, Jean-Pierre Rioux, en a écrit
l’histoire contemporaine, sous la IVe République en particulier. Il fut le
premier historien à organiser un colloque et à publier sur la mémoire de la
guerre d’Algérie1, avant notamment de consacrer plusieurs ouvrages de
synthèse à l’histoire coloniale2. J’ai eu aussi le grand bonheur de bien
connaître le grand-père de mon épouse, Marcel Faure, administrateur des
colonies et compagnon de la Libération. Il nous a raconté et il a écrit dans
des mémoires inédites sa remontée émerveillée du fleuve Congo à l’âge de
vingt-deux ans – “où, le croira-t-on, on ne voit plus à l’horizon, dans
certaines directions, que la nappe liquide, comme en mer, tant la distance
est grande3” – et la vie d’un commandant de cercle à Olioli – “un territoire
de l’ordre d’un département français mais très peu peuplé, 25 000 à 30 000
habitants, à peine le tiers de mon désert lozérien” –, à Carnot puis à Boda
où est né mon cher beau-père. Ayant entendu fin août 1940 que le
gouverneur Félix Éboué avait rallié la France libre, il vint avec quelques
amis démettre de ses fonctions l’administrateur de Bozoum voisin, dans
“une réaction d’un romantisme pas toujours exempt de ridicule”, avant de
faire toute la campagne d’Afrique, la Tunisie, l’Italie, et de s’illustrer dans
la prise héroïque du mont Redon à Toulon. Passé par le parti communiste –
et ostracisé comme tel par Marius Moutet, ministre de la France
d’outremer, après avoir été condamné à mort par contumace par le régime
de Vichy ! –, il retourna plus tard, avec d’autres compagnons, dans le Mali
nouvellement et fièrement indépendant pour servir la banque populaire puis
la banque centrale du pays. Et puis, après avoir eu l’honneur de déjeuner
avec Léopold Sédar Senghor retiré à Verson lors de mon stage de préfecture
de l’ENA, j’ai été envoyé à Cotonou en ambassade, où devait se tenir en
décembre 1995 le sixième Sommet de la Francophonie, en présence de
Jacques Chirac et en pleines grandes grèves en France. L’occasion de
croiser la Caisse française de développement4, déjà, et surtout de découvrir
enchanté la richesse culturelle et historique inouïe du “Quartier latin de
l’Afrique”, les danses des masques gélédés, Ouidah, le palais d’Abomey,
les tata somba du Nord et les photos de Pierre Verger.
Rétrospectivement, je me rends compte à quel point ces expériences
précoces ont aiguisé ma curiosité et formé mon jugement. Elles m’ont
fourni des points de référence si singuliers qu’ils ont installé en moi le goût
du contrepoint et du décentrement. Cette “conversion du regard”, auquel le
président Emmanuel Macron nous invitait tous dans son discours de
Ouagadougou du 27 novembre 2017, est devenue naturelle et systématique
chez moi. C’est un viatique précieux pour prendre conscience des
stéréotypes qui nous constituent et pour questionner ses propres référentiels.
Ce séjour africain m’a fait notamment comprendre que, mutatis mutandis,
je venais moi aussi d’un territoire, la Corrèze, d’émigration massive, de
remises de fonds et de grands mariages. Un territoire spécialisé
économiquement dans l’élevage et la forêt, relégué – colonisé ? –, lui aussi,
et dont les populations les plus pauvres ont été condamnées dans les années
1930 à migrer en ville pour assurer leur subsistance et leur avenir.
J’ai l’impression que jusqu’en 2016, Achille Mbembe et moi, nous avons
comme cheminé en parallèle. Tandis qu’il traçait son profond sillon
intellectuel, livre après livre, j’enchaînais les expériences professionnelles
nationales et internationales, mais avec l’Afrique moi aussi toujours en fil
rouge. Coïncidence, nous décidions de retenir en 2016 comme nouvelle
devise de l’AFD “Pour un monde en commun”, ou “en-commun” aurions-
nous dû plus précisément dire si nous avions eu pleine conscience de ce que
nous devions à la pensée d’Achille dont c’est l’un des concepts
fondamentaux ! Et puis, en 2019, j’ai rassemblé mes réflexions dans un
ouvrage que j’ai intitulé Réconciliations, à la recherche déjà d’un concept
disponible, susceptible d’exprimer la richesse du travail de l’agence que je
dirige et de remplacer le mot “développement” dont je sentais déjà
l’obsolescence. J’y proposais, face au processus de fracturation généralisé
qui caractérise les sociétés contemporaines, d’opposer le travail patient,
concret et dans la durée, des acteurs de terrain du développement, en lui
donnant enfin sa pleine puissance symbolique et politique, au-delà de la
discrétion technique dont ils ont préféré jusqu’à présent s’entourer. Notre
travail au ras du sol des “projets de développement”, dans tant de territoires,
nous a en effet appris la subtile “revanche des contextes5” qui se joue des
prétentieux et des généralistes lorsqu’ils prétendent arriver avec des
réponses toutes faites. L’urgence environnementale, sociale et politique
dans laquelle nous sommes plongés suppose pourtant de trouver rapidement
la martingale permettant de passer à une tout autre échelle le travail sérieux
et prudent des développeurs, pour remettre en cohérence le macro et le
micro et redonner de l’espoir.
Achille Mbembe, dont j’admire la très grande rigueur et honnêteté
intellectuelle, a eu la gentillesse et la bienveillance de s’intéresser à cet
essai et accepté de débattre publiquement avec moi. Le travail que nous
avons alors engagé pour caractériser les défis qui se présentent à nous
aujourd’hui s’est trouvé subitement ravivé par la force de l’interpellation
des jeunes acteurs qui ont participé au Nouveau Sommet Afrique-France,
qui s’est tenu le 8 octobre 2021 à Montpellier. Après le Sommet et la
publication du rapport d’Achille, il nous a semblé que ce dialogue pourrait
permettre de poursuivre l’effort d’élucidation engagé, de faire vivre le bel
esprit de Montpellier et de proposer nos propres analyses. En essayant de
saisir le moment où nous sommes de remise en question profonde des
modèles de développement et de leurs fondements théoriques, où les
mondes académiques et universitaires et ceux de l’action publique et de la
finance, habituellement si éloignés les uns des autres, en particulier en
France, ont conscience de leurs limites respectives et aspirent à un travail
commun.
Même si nos points de vue semblent très différents, nous partageons, l’un
comme l’autre, une préoccupation commune, celle de lier d’une façon
nouvelle le local et le global. Achille Mbembe est un penseur-monde, mais
il a choisi de vivre à Johannesburg, d’où il pense et s’exprime. Et de mon
côté, si je suis tourné depuis longtemps vers l’international, j’ai veillé à
rester en lien avec l’avenir de mon propre pays. Je suis convaincu qu’action
nationale et action internationale doivent être pensées et articulées
ensemble, alors même que nos organisations et nos façons de raisonner, de
décider et d’administrer les séparent très strictement et systématiquement.
Jusqu’à opposer souvent, dans une dichotomie caricaturale que je crois
profondément fausse, le repli sur soi national et la fuite en avant
multilatérale. La crise de la Covid-19 est venue nous rappeler
douloureusement que nous avions besoin de ces deux dimensions. Il faut
bien sûr protéger ses proches et sa communauté, comme l’ont fait tous les
gouvernements du monde. Mais cette seule réponse nationale ne suffit pas
si elle n’est pas complétée par une réponse mondiale pour assurer la
protection de tous. L’une ne va pas sans l’autre. C’est vrai pour cette
pandémie comme c’est vrai pour le climat, qui m’avait conduit en 2015 à
proposer une alliance d’un genre inédit entre notre banque nationale de
développement, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), et notre
banque internationale de développement, l’AFD6. Ce projet a conservé tout
son sens. Il nous faut apprendre à penser et à articuler les dimensions
multiples de notre action, comme nous y invitait déjà Édouard Glissant dans
une très belle formule “agis dans ton lieu, pense avec le monde”. Il nous
faut exprimer, mettre en débat et partager la nécessaire circulation des
expériences de développement de chacun de nos pays. Autour d’un
ministère des Affaires internationales, car ces affaires ne nous sont pas du
tout étrangères ! Je crois que nous partageons tous les deux cette intuition et
cette recherche.
RR : Achille Mbembe a été un des premiers à mettre des mots, et des mots
durs, au tournant des années 2010 sur notre “hiver impérial”. Le débat, dont
lui et d’autres ont tracé les termes, est aujourd’hui extrêmement vivant,
peut-être plus que jamais. Les autorités françaises elles-mêmes le suscitent,
de diverses manières, notamment en lui confiant la rédaction d’un rapport
important sur “les nouvelles relations France-Afrique2”, en demandant à
Benjamin Stora de réfléchir sur “les questions mémorielles portant sur la
colonisation et la guerre d’Algérie3”, ou en invitant les acteurs des sociétés
africaines et les représentants des diasporas en France à prendre la parole,
comme ce fut le cas si brillamment lors du Nouveau Sommet Afrique-
France de Montpellier. Le débat est également très actif dans l’outre-mer
français.
Lorsque l’on aborde des questions aussi profondes et douloureuses, il
faut savoir précisément d’où l’on parle et être conscient de ses propres
déterminismes. Dans ma carrière au sein de l’État, j’ai vu et compris la part
croissante qu’a prise l’Europe dans nos vies. Mais j’ai également découvert
que toutes les institutions publiques françaises ont aussi en leur sein une
part de notre histoire commune avec l’Afrique. Une histoire régalienne et
de projection de soi, de puissance et d’affirmation, souvent, dans le
prolongement de la fonction que ces institutions jouent en France. Mais une
histoire faite aussi de réformes successives, de parcours individuels et
d’amitiés profondes. Je dois toutefois reconnaître que dans mon parcours
public et hormis ma curiosité personnelle, je n’ai été que très peu instruit de
la violence du fait colonial et de la part que les institutions françaises y ont
prise. Je n’ai pas non plus le souvenir d’avoir entendu beaucoup parler de la
colonisation dans mes années d’études, hormis de la guerre d’Algérie. Sans
doute faut-il y voir en effet la trace d’un phénomène de refoulement
collectif.
J’ai plus fortement conscience de cela encore depuis que je suis à la tête
d’un établissement public si atypique, né du fracas de la Seconde Guerre
mondiale, et non de l’histoire coloniale comme on le croit trop souvent, et
où, avec mes collègues, nous travaillons à établir de nouvelles relations
entre la France, l’Europe, l’Afrique et les autres continents pour accélérer
notre marche conjointe vers les objectifs de développement durable (ODD)
des Nations unies. Une institution où nous cultivons le respect et le sens de
l’entraide internationale. Une institution qui, par nature, est du côté de
l’écoute, de l’empathie, de l’ouverture à tous les vivants, de la prise en
compte de l’histoire et des particularités des autres.
Historien de formation, je sais que le mort tient encore le vif et que cette
histoire doit désormais être reconnue, enseignée et respectée jusqu’aux plus
hauts niveaux de l’État. C’est le cas depuis 2017 et je m’en réjouis
vivement car c’est la seule façon d’ouvrir et d’écrire une page nouvelle.
L’étape suivante, c’est de revivifier notre part d’Afrique et d’approfondir
encore la recherche scientifique et sa diffusion. L’histoire, bien
évidemment, mais aussi toutes les autres disciplines. Il faut par exemple
créer des chaires de philosophie africaine en France. L’accueil réservé
aujourd’hui aux pensées africaines dans nos universités est encore
extrêmement faible. Il faut mobiliser toutes les sciences pour comprendre ce
que sont la force et la spécificité des enjeux de l’Afrique et en quoi ils nous
concernent. Dans toutes les institutions françaises, il y a une expérience de
l’Afrique qui peut revivre, mais qui doit être explicitée et retravaillée de
façon urgente, si nous ne voulons pas la voir définitivement disparaître.
Les liens avec l’Afrique francophone en particulier ne sont pas rompus
mais ils se sont ossifiés, asséchés. Cette situation en France contraste
d’ailleurs fortement avec la contestation vive dont ils font l’objet en
Afrique. Et si la “Françafrique”, c’était au fond la forme qu’a prise naguère
notre relation, une forme rigide qui nous gêne aujourd’hui, en Afrique
comme en France ? Et dont les opposants ne font que perpétuer
paradoxalement le pli, celui-là même qu’il nous faut pourtant enfin défaire
car notre vie commune s’en est retirée et aspire à une nouvelle expression ?
J’ai senti cela très fortement à l’occasion du Nouveau Sommet Afrique-
France, en prenant connaissance des commentaires qui l’ont précédé – pour,
souvent, le disqualifier avant même qu’il n’ait eu lieu !
Il nous faut à présent identifier les moyens institutionnels et politiques de
prendre en charge ce débat et de le dépasser avec tous les acteurs de bonne
volonté, ceux d’une Afrique autonome et ceux d’une France réconciliée, qui
doivent se re-lier les uns avec les autres comme au monde dans une
nouvelle configuration. J’ai le sentiment que nous avons désormais une
base pour le faire. Le travail de trois ans accompli avec tant de précision par
les présidents Macron et Kagame l’atteste. Et je suis fier que l’agence que
je dirige, en reprenant ses activités au Rwanda dès juin 2019, ait contribué,
à sa mesure, à ce travail de réconciliation. En reconnaissant l’altérité, la
domination et la violence, et en engageant un travail concret pour changer
la réalité et s’inscrire dans un calendrier de long terme, nous pouvons
arriver à repartir de l’avant. C’est un travail mutuellement bénéfique et un
grand projet de nature politique, dont l’écho en France a été significatif et
qui ne s’arrêtera pas au seul Rwanda. Je suis persuadé qu’il se poursuivra
en Algérie bientôt, avec l’Afrique francophone dans son ensemble et aussi
dans les outre-mers français.
L’histoire des outre-mers français a en effet connu deux grandes phases
depuis 1945. La première, pour le développement, selon la conception qui
s’est fixée en 1946. Les efforts engagés dans ce cadre nouveau ont été
significatifs et ont infléchi positivement les trajectoires économiques de ces
entités insulaires ou enclavées comme la Guyane, par rapport à celles de
leurs voisins immédiats, prolongés ultérieurement avec le relais substantiel
offert par l’Europe et ses fonds structurels et de développement. Avant de
buter sur un palier commun à tous les pays et territoires d’outre-mer de
l’Union européenne, que l’approche communautaire a en quelque sorte
naturalisés en les conceptualisant en termes d’ultra-périphéricité. Ceci a
conduit, à partir de la loi d’orientation de 2001, à promouvoir la
coopération régionale. Mais, vingt ans après, les liens entre ces entités et les
pays voisins restent insuffisants. Une approche nouvelle, plus fédératrice,
est indispensable. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé de
recentrer notre focale sur le patrimoine commun à ces territoires, français
ou étrangers, leur insertion dans des espaces océaniques, et les enjeux de
développement durable qui les caractérisent. Notre département dit des trois
océans, loin d’être un simple héritage historique, a pour mandat de
rapprocher très concrètement les territoires ultramarins de la République
française avec les pays voisins d’un même bassin océanique, comme autant
de laboratoires où se croisent les institutions de la France et de l’Europe
avec les enjeux naturels et culturels de la zone intertropicale. Il s’agit de
renverser les perspectives pour faire de notre action dans les outre-mers non
pas la butte-témoin d’un passé révolu mais l’avant-garde des
transformations que rendent indispensables les mutations sociales et
environnementales en cours. Pour remettre au premier rang et redonner
toute notre attention à celles et ceux qui se sentent aujourd’hui trop souvent
relégués dans la République, alors qu’ils détiennent une part essentielle de
sa richesse et de sa diversité.
C’est pour toutes ces raisons que je suis convaincu que ce qu’on a appelé
jusqu’à aujourd’hui la politique de développement porte en elle une clé
pour nos réconciliations nationales et internationales, pour peu qu’on la
libère, qu’on la passe à l’échelle et qu’elle achève de se transformer en
politique du respect, en politique concrète de transformation et de long
terme, qu’elle intègre pleinement la culture et qu’elle devienne la première
politique irrévocablement et indubitablement “du côté des autres”, compris
comme nos frères et sœurs.
“Repenser le droit en direction d’un droit qui va au-delà des droits humains
entendus comme réservés à une seule espèce”, dites-vous. Cela rejoint les
initiatives sud-américaines, océaniennes ou asiatiques qui ont élargi la
sphère du droit pour y intégrer des entités naturelles et reconnaître une
personnalité juridique à des rivières ou à des montagnes. Et les débats qui
invitent à penser l’humain dans son interdépendance avec l’ensemble du
vivant et à en faire justement “un diplomate du vivant” (Baptiste Morizot).
Une diplomatie que les écologies africaines, les écologies animistes,
pratiquent. Quelles leçons tirer de ces écologies premières ?
AM : Ainsi que je le faisais valoir, nous sommes témoins de l’émergence
d’une nouvelle conscience planétaire. Celle-ci n’est l’équivalent ni de
l’universalisme ni du cosmopolitisme. Il s’agit de la prise de conscience du
fait que la planète est partout, qu’elle est à la fois globale, unique et finie. Il
s’agit aussi des relations d’interdépendance que les êtres humains
entretiennent avec les milieux naturels. La représentation du monde comme
une planète devrait entraîner une refondation du droit. La plupart des
régimes juridiques contemporains tiennent leur légitimité du fait qu’ils sont
territorialisés. Sur chaque territoire distinct, chaque entité souveraine
impose sa propre loi. Il ne s’agit pas d’invalider entièrement le découpage
des frontières étatiques, mais le moment est peut-être venu d’imaginer une
autre construction juridique du monde, capable de transcender les ordres
juridiques territoriaux et d’ouvrir la voie à un espace juridique planétaire.
Les imaginaires dits animistes pourraient, de ce point de vue, constituer
de riches ressources. Dans les cosmogonies africaines anciennes, par
exemple, les vivants non humains disposaient de certains droits. Ceux-ci ne
leur étaient pas accordés par les humains. Ces droits existaient
préalablement à, et en dehors de toute intervention humaine. De telles
entités n’avaient pas seulement une identité physique ou technique, mais
aussi morale. Cette plasticité et les logiques de conversion et de
métamorphose qui la sous-tendaient s’appliquaient aussi aux humains. En
tout cas, certaines choses et certains objets, que l’on a confondus avec les
fétiches, participaient de ces systèmes de relations. Certains animaux aussi
qui, ce faisant, ne pouvaient guère être consommés. L’on reconnaissait qu’il
y avait une diversité de relations aux choses et que tous, nous formions une
communauté, la communauté des habitants des milieux que nous
fréquentions.
Si, par ailleurs, il était admis qu’il y avait plusieurs voies pour agir sur les
choses, le plus efficace était, chaque fois, d’agir avec elles. Le discours
environnementaliste n’a pas encore totalement intégré en son sein les
apports pourtant originaux des cosmogonies africaines. Pour moi, une
dimension capitale de ces apports, c’est la possibilité inscrite dans le
principe du droit lui-même de ce que l’on pourrait appeler des “territoires
d’inaliénabilité”. C’est l’idée même de l’incalculable et de l’inappropriable.
Il n’y avait pas que les humains, les personnes physiques, les groupements
d’humains et les personnes morales qui pouvaient prétendre à
l’inaliénabilité, à l’inappropriabilité et à l’inconsommabilité. Certains
minéraux, végétaux, animaux, et certains artefacts produits par les humains
le pouvaient aussi. Je doute d’ailleurs que dans ces cosmogonies, la notion
de “libre volonté”, si chère à nombre de philosophies classiques de l’action,
ait existé en tant que telle. Aucun des matériaux de l’univers n’était
entièrement manipulable. La division entre les choses et les personnes était
toujours relative. Les éléments extérieurs aux humains ne pouvaient donc
pas être traités n’importe comment. Leur destruction n’était concevable que
sous certaines conditions.
Les colonnes vertébrales du droit n’ont donc jamais été les mêmes
partout. Je ne suis pas opposé au mouvement de personnification de la
nature. Mais l’idée selon laquelle la personne, c’est ce au nom de quoi une
autre personne parle, n’est pas universelle. Dans l’Afrique ancienne, il ne
serait venu à l’idée de personne de parler au nom de la nature. Au sens
occidental du terme, la personne est ce au nom de quoi une autre personne
parle, ou qui parle en son nom, ou au nom d’une autre personne. En
Afrique, certaines montagnes, certaines rivières ou certains animaux
disposaient de droits, mais on n’avait pas besoin de les personnifier. Ils
avaient des droits précisément parce qu’ils n’étaient pas des personnes ;
parce qu’ils étaient plus que des personnes. En fait, ce sont les humains qui
étaient des mineurs. Ce sont eux qui avaient besoin de tuteurs et de
représentants, dont, par exemple, les ancêtres. Ce sont eux qui avaient
besoin d’intermédiation et, celle-ci, ils allaient la chercher hors espèce.
Il y a donc lieu de partir de postulats autres que la personnification de la
nature. Les métaphysiques africaines anciennes considèrent la personne
comme une entité fondamentalement poreuse et plastique. C’est parce qu’à
la place de l’être, elles privilégient la relation et une approche en termes de
milieux, de séjours et d’habitats. Ce qui est en jeu, c’est la faculté d’habiter
et, par-delà, de durer. Car les humains vont et viennent. Ils naissent et
meurent. Ils sont en transit. D’autres entités, en revanche, se tiennent et
demeurent. Ils participent de l’inaliénable et de l’inappropriable. Telle est la
grande distinction entre ce qui dure et ce qui est provisoire et éphémère. Car
seul ce qui dure rend possible une solidarité écologique, une sorte de
solidarité qui a une dimension à la fois communautaire et
intergénérationnelle.
Sur la base de ce que je viens d’esquisser, il est possible d’imaginer un
droit qui aille au-delà des seuls vivants humains. L’humain fait partie d’un
tout. Les écosystèmes fixent les limites et l’horizon normatif indépassable.
Ils doivent faire l’objet de protection, et tout préjudice écologique doit
nécessairement faire l’objet de réparation. L’urgence est donc de forger de
nouveaux outils pénaux propres à répondre aux enjeux planétaires actuels et
futurs. Pour y parvenir, il faut élargir notre conception de la justice
écologique. Elle devrait être fondée sur les concepts de devoirs, de droits
collectifs. Cela implique une nouvelle architecture institutionnelle, un
nouvel appareil judiciaire. Mais aussi la fin de l’impunité face à la
criminalité environnementale aussi bien nationale que transfrontalière. Face
aux diverses formes de délinquance écologique organisée et face à tout ce
qui met en péril la sûreté de la planète, il est urgent de changer de
paradigme juridique. En l’occurrence, le droit pénal environnemental doit
être réorganisé.
RR : Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en Afghanistan on n’a pas
déployé une diplomatie des vivants ! On estime que les dépenses des États-
Unis se sont élevées à 1 000 milliards de dollars en vingt ans et que moins
de 10 % de ces montants seulement seraient allés à ce qu’on appelle le
développement. Une grande partie de ces programmes a même été gérée
directement par le ministère de la Défense américain et non par l’Agence
des États-Unis pour le développement international (USAID) et a été mise
en œuvre via des structures dédiées et étroitement contrôlées qui, in fine,
ont concurrencé et détruit les fragiles administrations locales, à de rares
exceptions près. Cette diplomatie de guerre n’a à l’évidence pas permis de
réconciliation durable, comme l’a montré la chute du régime à l’été 2021.
Je ne veux pas donner de leçons a posteriori car ces situations sont
évidemment les plus complexes du monde, mais je crois qu’il aurait fallu un
autre équilibre. Et un effort pour accompagner l’affirmation de l’État afghan
d’une tout autre ampleur et surtout d’une tout autre exigence – contre la
corruption d’abord –, en partant d’une posture moins en surplomb et
s’appuyant sur une compréhension très fine des formes politiques préalables
à l’intervention internationale. C’est très difficile et personne ne peut le
faire de l’extérieur et à la place des Afghans eux-mêmes, mais c’est ce que
pourrait contribuer à apporter dans des situations de ce type une capacité
d’action clairement positionnée “du côté des autres”.
Et l’autre leçon de l’Afghanistan – mais nous l’avions déjà appris en
Haïti –, c’est qu’il existe des situations d’une telle fragilité, notamment d’un
point de vue politique, qui rendent très spécifiques les situations de certains
pays, dans lesquels l’aide extérieure doit être utilisée avec beaucoup de
précision et de précaution pour ne pas atteindre l’inverse des effets
recherchés. Pour l’éviter, une connaissance approfondie des contextes, un
investissement dans la longue durée et le renforcement patient des circuits
officiels des États, au-delà des seules réalisations physiques, sont
indispensables.
Au Sahel, il faut éviter de tomber dans les mêmes pièges, qui guettent
bien sûr toutes les opérations extérieures. C’est ce que nous essayons de
faire en adaptant régulièrement le dispositif international. Il faut être ici
aussi très modeste car la crise continue de s’étendre. Mais les sociétés
sahéliennes ont connu de longues périodes de paix et de coexistence entre
leurs différentes communautés. Des communs y ont existé, dont les modes
de gestion sont à présent très fortement déstabilisés. Les djihadistes
s’insèrent aujourd’hui toujours plus avant dans des zones où l’État est
défaillant, délivrant leurs services de vie au profit d’une œuvre de mort.
Évitons ici de plaquer des modèles et des structures exogènes à l’expérience
des communautés locales. Dans les projets que nous accompagnons
aujourd’hui, nous nous efforçons ainsi de nous appuyer sur des formes de
service public bâties avec les communautés elles-mêmes, qui ne
correspondent évidemment pas à des services publics comme nous les
entendons en France mais qui cherchent à être fidèles à l’histoire et aux
situations locales.
La grande complexité de la reconstruction d’un commun sahélien, c’est
qu’il y a aujourd’hui à l’œuvre à la fois des forces endogènes, ravivées par
la crise, mais perturbées simultanément par des interventions exogènes
nouvelles. En 2004, quand j’ai commencé à travailler en Afrique, tout le
monde s’accordait à dire qu’il s’agissait de la seule région du monde
préservée du terrorisme ! Cela n’a pas duré hélas et cette violence importée
doit être intégrée dans nos analyses, avec sa capacité à libérer et à se
combiner avec des forces de rébellion endogènes jusqu’alors maîtrisées. Le
terrorisme est une violence qui libère d’autres violences, latentes, mais
aussi des contre-violences par la réaction des autorités, directement ou via
des milices privées, elles-mêmes souvent faiblement contrôlées. Il est
impossible d’ignorer ces logiques néfastes quand on cherche à ce que des
dynamiques positives se remettent en place. C’est la raison pour laquelle
dès que je suis arrivé à la direction de l’AFD en 2016, j’ai tenu à
m’entretenir avec le chef d’état-major des armées françaises. Il ne s’agissait
pas du tout de nous engager dans des projets de développement pour que les
militaires français soient mieux acceptés par les populations locales. Il
s’agit, tout au contraire, de bien distinguer nos interventions respectives et
les rendre commensurables, de telle sorte que le développement, un jour,
l’emporte sur la destruction, le long terme sur le court terme, la vie sur la
mort. Nous n’avons jamais été aussi actifs dans les pays sahéliens
qu’aujourd’hui et j’espère qu’un jour prochain une bascule interviendra.
Elle dépend des acteurs sahéliens, bien entendu. Nous espérons y contribuer
utilement, en finançant et en appuyant les preuves concrètes qu’une vie
meilleure est possible. Elle suppose la conciliation politique d’intérêts qui
sont jusqu’à présent opposés et que cesse la lutte. J’espère qu’un grand
projet collectif – comme celui de la Grande Muraille verte, peut-être ? –
avec des points d’application multiples pourra inverser la tendance. Et faire
grandir très significativement les capacités de réconciliation, aujourd’hui
encore insuffisantes. La lutte, c’est l’affirmation de soi, de son combat et de
sa cause, en opposition aux autres. La réconciliation, c’est l’inverse, c’est la
capacité de comprendre et de se placer du côté de l’autre et de commencer à
transformer la réalité dans laquelle on est enfermés.
Achille Mbembe, la Maison des mondes africains dont vous avez proposé la
création pourrait être l’une de ces institutions tournées à la fois vers le
passé et vers le futur, qui en réinscrivant l’histoire des mondes africains
dans l’histoire mondiale aide à travailler à cette conscience planétaire
évoquée précédemment. Quel peut être l’apport de la culture et de l’art, du
sensible, dans une écologie du vivant qui favorise les relations
émancipatrices ?
4. On pense notamment aux rapports de Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sur la restitution du patrimoine culturel africain,
de la commission présidée par Vincent Duclert sur la France, le Rwanda et le génocide des Tutsis (1990-1994), et de
Benjamin Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
7. Séverine Kodjo-Grandvaux est philosophe, chercheuse associée au laboratoire des logiques contemporaines de la
philosophie à l’université Paris 8. Elle est l’autrice de Devenir vivants (Philippe Rey, 2021) et de Philosophies africaines
(Présence africaine, 2013). Elle est également journaliste pour Le Monde.
Notes
1. Jean-Pierre Rioux (dir.), La Guerre d’Algérie et les Français, Fayard, Paris, 1990.
2. Jean-Pierre Rioux, Dictionnaire de la France coloniale, Flammarion, Paris, 2007 ; Jean-Pierre Rioux, La France
coloniale sans fard ni déni, André Versailles Éditeur, Paris, 2011.
3. Marcel Faure, La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie, Mémoires inédites, 1976.
4. Voir mon témoignage dans François Pacquement, Les Passeurs du développement. Récits de 80 ans de partenariat entre
l’AFD et le Bénin, Karthala, Paris, 2021.
6. Voir www.vie-publique.fr/rapport/35442-rapprocher-afd-et-cdc-pour-developpement-et-solidarite-internationale.
7. Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, collection “Poche”, La Découverte, Paris,
2010, 2013.
8. Voir Achille Mbembe, “Traditions de l’autoritarisme et problèmes de gouvernement en Afrique sub-saharienne”, Africa
Development, vol. 17, no 1, 1992, p. 37-64. Voir également Achille Mbembe, “Pouvoir, violence et accumulation”,
Politique africaine, no 39, 1990, p. 7-24, et Achille Mbembe, “Désordres, résistance et productivité”, Politique africaine,
no 42, 1991, p. 2-8.
10. Achille Mbembe et Felwine Sarr (dir.), Politique des Temps. Imaginer les devenirs africains, Philippe Rey/Jimsaan,
Paris/Dakar, 2019.
11. Voir Nadia Yala Kisukidi, “L’universel dans la brousse”, Esprit, janvier-février 2020.
12. Voir mon récit de la COP21 “Finance climat : retrouver l’esprit de la COP21”, AFD – Agence française de
développement.
13. François Gemenne et Aleksandar Rankovic, Atlas de l’anthropocène, Presses de Sciences Po, Paris, 2019.
15. Franck Pasquale, “From Territorial to Functional Sovereignty: the Case of Amazon”, LPE, 2017.
https://lpeblog.org/2017/12/06/from-territorial-to-functional-sovereignty-the-case-of-amazon. Et Niels van Doorn, Adam
Badger, “Platform Capitalism’s Hidden Abode: Producing Data Assets in the Gig Economy”, Antipode, vol. 52, no 5, 2020,
p. 1475-1495.
16. Arjun Appadurai, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, traduit de l’anglais par
Françoise Bouillot, Payot, Paris, 2001 ; Payot, “Petite Bibliothèque Payot”, Paris, 2015.
17. Voir “Une politique de l’humanité, conversation avec Souleymane Bachir Diagne”, Grand Continent, 5 février 2020.
18. Voir European Commission Directorate-General for Internal Market, Industry, Entrepreneurship and SMEs, Study on
the Review of the List of Critical Raw Materials: Final Report, Publications Office, 2017.
19. www.oecd.org/development/financing-sustainable-development/Framework-for-SDG-Aligned-Finance-OECD-
UNDP.pdf.
20. Le “Network of Central Banks and Supervisors for Greening the Financial System (NGFS)” pour les banques centrales
depuis 2017, le “Finance in Common Summit (FiCS)” pour les banques publiques de développement depuis 2020 et la
“Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ)” pour les institutions financières privées depuis 2021.
Notes
1. Voir Simone Weil, Œuvres choisies, collection “Quarto”, Gallimard, Paris, 1999, p. 419-420.
2. Voir “Les nouvelles relations Afrique-France : relever ensemble les défis de demain” (elysee.fr).
3. Voir Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie (elysee.fr).
4. Atlas de l’Afrique AFD. Pour un autre regard sur le continent, Armand Colin, Paris, 2020.
5. Voir www.financeincommon.org.
2. Bertrand Badie, Quand le Sud réinvente le monde. Essai sur la puissance de la faiblesse, La Découverte, Paris, 2018.
5. Jean-Marie Guéhenno, Le Premier XXIe Siècle. De la globalisation à l’émiettement du monde, Flammarion, Paris, 2021.
7. Richard Davies, Extreme Economies. Survival, Failure, Future. Lessons from the World’s Limits, Penguin Books,
Londres, 2020.
8. Voir Philippe Sands, Retour à Lemberg, Albin Michel, Paris, 2017. L’auteur est d’ailleurs l’un des promoteurs actuels de
la notion d’écocide.
10. Bertrand Badie, Les Puissances mondialisées. Repenser la sécurité internationale, Odile Jacob, Paris, 2021.