Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
l’industrie circulaire
QUELS MODÈLES ? COMMENT ACCÉLÉRER ?
OPEO-CONSEIL.FR
INSTITUT-ECONOMIE-CIRCULAIRE.FR
PRÉFACE
N
otre industrie vit un moment charnière La France peut compter sur le savoir-faire de nom-
de son histoire avec les transformations breuses entreprises de la filière du recyclage et de
numériques et écologiques qui vont pro- la régénération. Plus généralement, l’ensemble des
fondément changer nos manières de produire. Dans entreprises industrielles contribueront au change-
ce contexte, le Gouvernement investit massive- ment. L’étude OPEO-INEC présente six modèles
ment pour accompagner notre industrie afin de lui économiques pour les aider à pivoter vers l’indus-
faire intégrer notamment les enjeux de la préser- trie circulaire.
vation de l’environnement et de la biodiversité. Sur
les 100 milliards d’euros du plan France Relance, 35 Nous portons cette évolution d’autant plus que
sont consacrés à l’industrie, notamment pour finan- circulariser nos chaînes de valeur, c’est aussi amé-
cer cette évolution. Notre objectif est de construire liorer notre résilience en nous dotant d’un accès
dès maintenant une économie plus résiliente et aux matières premières clés. L’année passée a
moins carbonée. Pour répondre à ce double objectif, montré le caractère fondamental de cet appro-
l’économie circulaire est un bon levier. Elle permet visionnement, en lien avec la volonté de renforcer
de moins dépendre des importations et des fluc- notre autonomie stratégique. L’économie circulaire
tuations de prix des matières premières. Elle a par permettra ainsi la localisation de nouvelles activités
ailleurs une empreinte carbone plus faible, tout en de production, partout en France. Elle est un atout
permettant la relocalisation de chaînes de valeur et pour les PME et ETI qui font le dynamisme industriel
d’emplois industriels. de nos territoires.
L’économie circulaire n’est pas un thème nouveau. L’économie circulaire est centrale dans la politique
Mais c’est un sujet d’actualité car nous n’avons d’écologie volontariste mais aussi pragmatique et
plus le luxe du temps. Si nous voulons continuer à protectrice des emplois et de l’activité que nous
consommer sans abîmer l’environnement, nous menons. Je remercie OPEO et l’Institut national de
devons révolutionner la façon dont nous produi- l’Économie circulaire pour ce travail prospectif, qui
sons en nous intéressant à l’amont et à l’aval de la contribue à démontrer qu’en matière d’environne-
production. France Relance comporte à cet égard ment, l’industrie c’est 100% des solutions.
500 millions d’euros pour favoriser le recyclage, le
réemploi et la réduction des plastiques. C’est une
opportunité pour renforcer la compétitivité de
notre industrie, conviction que partagent 85% des Agnès Pannier-Runacher
industriels interrogés dans cette analyse. Ministre déléguée auprès du ministre
de l’Économie, des Finances et de
L’économie circulaire, c’est une économie plus sobre la Relance, chargée de l’Industrie
et plus efficace dans l’utilisation des ressources.
Au-delà du soutien économique, la réglementation
appuiera la transition engagée. Le Gouvernement
veille à la mise en application progressive des ambi-
tions portées par la récente loi Antigaspillage pour
une Économie Circulaire (AGEC) du 10 février 2020.
L’objectif est de tendre vers 100% de plastique
recyclé d’ici 2025. Pour cela, nous avons introduit
dès 2020 un système de bonus-malus pour l’incor-
poration de plastiques recyclés dans les emballages,
et nous avons mis en place, parmi les premiers
dispositifs du plan de relance, un soutien à l’in-
vestissement des acteurs de la plasturgie pour le
réemploi et le recyclage des plastiques.
R
ien ne se perd, rien ne se crée, tout se trans- Ces structures de l’ESS mobilisées pour l’écono-
forme. La célèbre maxime d’Antoine Lavoisier, mie circulaire ont une approche transversale qui
chimiste du XVIIIe siècle pourrait être celle de participe à la préservation des ressources et à la
l’économie circulaire, et plus précisément, celle de réduction des déchets, tout en renforçant leurs
l’industrie circulaire, dès demain, si les préconisa- atouts socioéconomiques, en créant du lien social
tions de l’ouvrage qu’ouvre cette préface trouvent et une dynamique positive dans un grand nombre
rapidement une traduction concrète, ce que j’ap- de territoires. Elles favorisent la création d’emplois,
pelle de mes vœux. souvent au bénéfice de personnes en réinsertion
professionnelle ou en situation de précarité. Elles
Cette étude est le fruit d’un considérable travail de aident des familles ayant peu de moyens à s’équiper
terrain – auprès de plus de 60 industriels de toutes en offrant une seconde vie aux produits.
tailles et de tous secteurs –, d’analyse et de réflexion.
Je tiens donc en premier lieu à féliciter l’Insti- Dans le cadre de France Relance, je souhaiterais
tut national de l’économie circulaire et OPEO, qui aussi rappeler que ce sont 350 millions d’euros
ont eu l’initiative de ces recherches. Ils ont produit qui ont été provisionnés pour soutenir l’économie
un document de qualité pour nourrir les réflexions circulaire, notamment à travers des mesures d’ac-
sur le futur circulaire de l’industrie, en identifiant compagnement financier des ressourceries, pour
notamment les bons leviers permettant un véritable recruter de nouveaux réparateurs ou investir dans
passage à l’échelle. ses infrastructures, mais plus largement pour
toute la filière, qui regorge d’idées et d’innovations.
Oui, le futur de l’industrie doit se conjuguer au cir- Accompagner ces bonnes idées dans leur passage
culaire, dans la lignée de tout un pan de l’économie à l’échelle, c’est aussi ce qui nous a guidés dans la
d’aujourd’hui qui a déjà su accomplir des avancées mise en place des premiers contrats à impact « Éco-
significatives grâce au principe de la circularité. nomie circulaire », financés par l’ADEME et opérés
par Bercy. L’engouement des candidats désireux de
Nous sommes nombreux à être engagés depuis des conclure des contrats à impact a conduit à un tri-
années pour favoriser la réutilisation et le recyclage, plement, de l’enveloppe initiale, portée à 30 millions
encore plus depuis le vote de la loi relative à la lutte d’euros.
contre le gaspillage et à l’économie circulaire. L’effort
continue, à l’heure où vous me lisez. Le travail inédit 85% des industriels interrogés considèrent l’éco-
qui a cours pour écrire une loi à ciel ouvert, grâce au nomie circulaire comme une véritable opportunité
concours de la Convention citoyenne pour le climat, pour l’industrie d’améliorer sa compétitivité et de
trouvera bientôt son aboutissement à l’issue des développer de nouveaux marchés. Parions sur ces
débats au Parlement. Plusieurs dispositions viennent éclaireurs !
bien sûr soutenir le développement de l’économie
circulaire, en particulier en matière industrielle, avec Je suis convaincue que les structures de l’industrie
l’élargissement de l’obligation de mise à disposition sauront s’inspirer des réussites de leurs cousines de
de pièces détachées à de nouvelles catégories de l’ESS. C’est ce à quoi je m’emploie d’ailleurs depuis
produits. mon arrivée à Bercy : créer des passerelles entre
l’économie sociale, solidaire et responsable, et l’éco-
Au titre du Secrétariat d’État à l’économie sociale, nomie conventionnelle. Si je veux être iconoclaste, je
solidaire et responsable dont j’ai la charge, c’est dirais même que la raison d’être de mon secréta-
bien sûr l’une de mes priorités de faire en sorte que riat d’État, c’est de ne plus être indispensable : le jour
le Gouvernement soit entièrement mobilisé pour où on fera plus le distinguo entre l’économie res-
soutenir les acteurs de l’ESS, et notamment ceux ponsable et « le reste de l’économie », j’aurai gagné
qui agissent au quotidien pour répondre aux défis mon pari. Au même titre que lorsqu’il ne sera plus
environnementaux. Je prête une attention particu- question de qualifier différemment l’industrie et l’in-
lière aux dispositions qui viennent encourager les dustrie circulaire… vous aurez gagné le vôtre !
acteurs de l’économie circulaire. C’est un vrai mar-
ché en croissance et pourvoyeur d’emplois, dans
lequel les acteurs de l’économie sociale et soli-
daire, au premier rang desquels les ressourceries et Olivia Grégoire
les recycleries, sont bien identifiés et soutenus pour Secrétaire d’État auprès du ministre
accélérer les transitions. de l’Économie, des finances et de
la relance, chargée de l’économie
sociale, solidaire et responsable
A
u regard des défis environnementaux et
économiques actuels, l’industrie du futur L’industrie du futur doit
doit être et sera circulaire. La crise sanitaire
est venue réaffirmer la nécessité d’une transition être et sera circulaire.
du tissu industriel vers plus de robustesse et de
sobriété. Constitutive d’une plus grande résilience
face aux chocs, l’économie circulaire s’impose
comme boussole pour la (ré)industrialisation pro- Ces initiatives vertueuses et inspirantes ne peuvent
mue dans le Plan de Relance. rester disséminées : il s’agit maintenant de passer
à l’échelle.
Le modèle de l’industrie actuelle est linéaire. Il
consiste à « extraire, produire, consommer et jeter », Sur la base d’une étude combinant interviews et
avec comme principe directeur la recherche d’une enquêtes auprès de plus de 60 industriels de toutes
croissance infinie. Or, les ressources sur lesquelles tailles et de tous secteurs, l’Institut National de
se fonde cette croissance ne le sont pas et les l’Économie Circulaire et OPEO ont travaillé conjoin-
impacts environnementaux de notre modèle de tement à la définition des modèles de l’industrie
société se font de plus en plus alarmants. circulaire et à l’identification de leviers pour en per-
mettre la mise en œuvre et le passage à l’échelle.
Des évolutions en cœur d’usine, permises par l’in- L’objectif de cette étude est d’accélérer le pivot de
dustrie 4.0 et une optimisation du recyclage et des l’industrie vers l’industrie circulaire et de faciliter
flux énergétiques, ont réduit l’impact environne- l’engagement des acteurs vers un modèle à même
mental et amélioré la compétitivité des industries. de répondre aux enjeux économiques, environne-
Toutefois, le cœur d’usine représente rarement plus mentaux et sociaux.
de 5% de leur empreinte environnementale. Ces
progrès demeurent donc parcellaires. Le modèle L’étude est composée de 3 parties. La première
qui prédomine dans l’industrie reste fragile et la partie, « Comprendre », réaffirme la nécessité et l’in-
transformation engagée jusqu’à présent inadaptée térêt d’engager une transition systémique vers une
pour faire face aux contraintes, non pas à venir mais industrie circulaire. La deuxième partie, « Repenser »,
actuelles. décrit comment repenser la circularité des modèles
économiques, le design des produits et les modèles
Face à ces constats, de plus en plus d’industriels ont industriels. Enfin, la troisième partie « Accélérer »,
engagé leur transition. Bien en amont du recyclage, recense les freins rencontrés et les leviers de mise
leur approche consiste à pivoter vers 6 modèles en mouvement et d’accélération pour les acteurs
économiques circulaires, de la durabilité des res- industriels et institutionnels.
sources à l’allongement de l’usage des produits et
leur régénération. Les bénéfices sont nombreux et L’industrie reste une startup. Elle n’a pas encore
répondent à des objectifs économiques, environ- trouvé son modèle pour effectuer ce passage à
nementaux et sociaux. L’industrie circulaire valorise l’échelle et répondre aux évolutions des 50 pro-
et optimise la gestion des ressources sur un terri- chaines années. Une transition est en cours. Des
toire, au plus près de la demande. Elle minimise ses améliorations cantonnées au cœur d’usine aux
impacts sur l’environnement et crée de l’emploi transformations systémiques, les industriels s’en-
local, en intégrant toute la chaîne de valeur dans des gagent dans cette transformation et saisissent
leviers de circularité. l’opportunité que représente l’économie circulaire.
Le passage à l’échelle de l’industrie circulaire pourra
Pivoter vers l’industrie circulaire est donc source advenir grâce à la constitution d’un cadre structurel
d’innovations et ouvre des opportunités vers incitatif, relevant à la fois du réglementaire, de l’éco-
de nouveaux marchés aux approvisionnements nomique et du changement de comportement. Tous
sécurisés. Cela permet également d’anticiper les ces leviers doivent donc être actionnés afin de faire
contraintes réglementaires et les évolutions de la émerger une industrie du futur circulaire.
demande, qui affirme de plus en plus une préfé-
rence pour des offres responsables.
Emmanuelle Ledoux
Directrice générale de l’INEC
Grégory Richa
Associé chez OPEO
Comprendre Repenser
01. Du linéaire au circulaire : 18 03. Pivoter vers les modèles 38
la nécessité de changer de modèle économiques circulaires
Pivoter et sortir d’un modèle linéaire inadapté 19 Pivoter vers de nouvelles formes de valeur 39
La circularité, un modèle «win win win» 22 Les 6 modèles économiques de l’industrie circulaire 42
2021, l’année du changement de trajectoire 27 Des bénéfices différenciants pour les entreprises 46
Voir grand, commencer petit, aller vite 50
Une approche systémique qui dépasse le cœur d’usine 32 Designer les produits pour la circularité 55
L’émergence de modèles et le besoin d’accélération 36 L’écoconception comme approche intégrée 58
Designer pour de nouveaux modèles économiques 64
L’emballage, un composant symbolique à fort impact 66
Accélérer Conclusion
06. Les freins rencontrés 84 Une fenêtre de 3 ans 120
pour amorcer le pivot
Les typologies de freins rencontrés 85
Les freins à l’émergence des modèles 87
Les freins à l’accélération du passage à l’échelle 90
Les freins à l’investissement et à la pérennisation 92
L’originalité de l’étude
Un contexte inédit Une approche
Cette étude constitue la première étude sur l’indus- multi-secteurs
trie circulaire, réalisée dans un contexte global de
transformation des comportements et des organi- et territoriale
sations. L’étude adresse des sujets mis en lumière
par la crise : diversification des sources d’approvi- L’objectif est de rendre compte des réalités
sionnement, relocalisation de la création de valeur, différentes des territoires et des secteurs d’acti-
nécessité de soutenir l’emploi local et les savoir- vités dans une transition vers l’économie circulaire.
faire dans les territoires. Le plan de relance, qui L’INEC et OPEO se sont donc adressés à plusieurs
place les Régions en chefs de file de la reconstruc- industries, de tailles, de secteurs et de localisation
tion économique et de la gestion des ressources, a géographique variés dans le but d’enrichir l’étude
confirmé l’importance d’interroger la notion d’« éco- de points de vue pluriels et spécifiques.
nomie du PIB local ».
DES INDUSTRIELS CONVAINCUS, MAIS DES FREINS À LEVER POUR ACCÉLÉRER LA TRANSITION
85%
des industriels considèrent
6
Modèles économiques
36%
des industriels
3
Axes pour réinventer
l’industrie circulaire comme identifiés pour pivoter vers ont intégré la circularité un cadre structurel :
une opportunité économique l’industrie circulaire dans leur stratégie réglementation, soutien
économique et portage
politique
La méthodologie
18 entreprises de référence CHIFFRES CLÉS DE L’ENQUÊTE
18 63 15 12
triels avancés dans leur transition vers le circulaire, et
diverses (taille, secteur, localisation géographique),
l’étude s’appuie sur des retours d’expériences
concrets. entreprises répondants secteurs régions
référentes à un représentés représentées
Les démarches plurielles mises en place par les questionnaire
industriels permettent de recenser les freins et quantitatif
leviers à toutes les étapes de la mise en place d’une
stratégie d’économie circulaire. Conduits auprès
des directions générales, RSE, développement
durable ou financières et de postes opérationnels,
les entretiens ont apporté différentes visions de 2 ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME INDUSTRIEL
l’économie circulaire dans l’industrie. Ces entretiens
irriguent les différentes parties de l’étude.
1 enquête quantitative
59+24+107P
31% Filières industrielles*
7% 17% Bâtiments et travaux publics
ETI 14% Construction technique**
10% Électronique, informatique, bureautique
10% 10% Fabrication de biens et outils
Startup 59% 8% Gestion eau-énergie-déchets
PME
8% Services
24% 2% Autres
Groupe
1 1
16 9
6
2
3 1
1
Entreprises enquête
Entreprises de référence
1
9 6
9
3 1 4
ARECO ETNISI
SA3I VALRHONA
Benjamin Canaguier
Chef de projets Ecodesign et
Environnemental Assessment
PARTIE 4
L’INEC et OPEO
en quelques mots
Lorsque j’ai fondé l’Institut national de l’économie INEC
circulaire en 2013, le concept était encore relati-
vement récent. Certes, les questions de recyclage
étaient déjà largement prises en compte par les L’INEC est un think-tank qui fédère près
politiques publiques mais on était encore loin d’avoir de 150 membres divers (acteurs publics,
une vision globale de l’économie des ressources, et privés, universités) dans le but de
des risques aussi bien environnementaux qu’éco- réunir les savoirs et d’accélérer la
nomiques liés à la raréfaction de celles-ci. transition vers l’économie circulaire.
8 ans plus tard, après un chapitre entier et une défi- La diversité des membres de l’Institut
nition de l’économie circulaire dans la loi relative à permet de nourrir une vision historique
la transition énergétique en 2015 puis une loi dédiée de l’économie circulaire, prenant
en 2020, la prise de conscience est bien réelle. La en compte les enjeux économiques,
crise sanitaire a mis en exergue les fragilités de nos sociaux, et environnementaux.
économies notamment les risques d’approvision-
nement en ressources stratégiques. Au-delà de la Les actions de l’Institut s’articulent
conviction, il s’agit désormais d’agir fermement et principalement autour de 4 axes :
rapidement pour faire pivoter notre modèle indus- réflexion, plaidoyer, mise en œuvre et
triel linéaire vers un modèle circulaire, plus robuste sensibilisation à l’économie circulaire.
et ancré dans les territoires.
institut-economie-circulaire.fr
C’est à ce titre que L’INEC et OPEO ont co-réa-
lisé cette étude, pour proposer un chemin, une
méthode. Identifier les meilleurs pratiques et les
freins, afin d’être en mesure de proposer des leviers
de transformation susceptibles de faire vraiment la La crise sanitaire a mis en
différence et de répondre à cet enjeu majeur : ces-
ser de vivre à crédit sur la planète en adaptant nos exergue les fragilités de
modèles aux ressources dont nous disposons. For-
midable pari que nous gagnerons en misant sur nos économies notamment les
l’intelligence collective.
risques d’approvisionnement
en ressources stratégiques.
François-Michel
Lambert
Député des Bouches-du-Rhône
et président de l’INEC
CO2
transports transports
GISEMENTS / fin
USAGE
EXTRACTION de vie
sous-traitants rang n distribution rang n
Recyclage
des déchets
Déchets Rejets Rejets Déchets Rejets
• Extraction des ressources = 80% • Cœur des transformations • Usage des produits • Recyclage
de l'empreinte environnementale industrielles des 10 = 80% de l’empreinte inopérant pour
des secteurs amont (textile, dernières années de environnementale compenser
agro, luxe, chimie...) • Mais seulement des secteurs aval (auto, l’empreinte amont
• Stress non soutenable 1 à 5% de l’empreinte électrotechnique...) des chaines
sur les ressources naturelles environnementale • Augmentation de la de valeur
• Rigidité et fragilité demande non soutenable
des supply chains • Perte de création de valeur :
• Non traçabilité des chaînes l’usage et la régénération des
de valeur produits ne sont pas valorisés
Enfin, d’après l’IPBES, d’ici à 2050, 38% à 46% des D’ICI À 2050, DANS LA TRAJECTOIRE ACTUELLE
espèces animales et végétales pourraient dispa-
raître de la planète. La dégradation des terres et le
+20%
changement climatique, provoquant la baisse des
rendements agricoles et l’instabilité socio-écono-
mique, pourraient en effet pousser entre 50 et 700
millions de personnes à migrer d’ici le milieu du de la population
siècle.
x4
04. Perte d’attractivité pour les équipes
Sans changement, les entreprises ne sont plus en
mesure de répondre aux attentes des jeunes diplô-
més. En témoigne le « Manifeste pour un réveil échanges
écologique », signé en 2019 par plus de 30 000 économiques
jeunes issus de grandes écoles. Selon une étude du
BCG, en 2019, l’environnement est le secteur d’ac-
tivité le plus attractif pour les étudiants (76% le
+52%
classent en première position), 6 étudiants sur 10
sont même prêts à refuser un poste dans une entre-
prise qui manque d’engagement11. Enfin, le 7 janvier
2021, plus de 1 900 étudiants et diplômés d’HEC, de GES
ont signé une lettre ouverte demandant une refonte
complète des programmes pour intégrer les enjeux
environnementaux.
+450%
possible taxe carbone aux frontières européennes
et sortie des énergies fossiles… Les politiques
publiques environnementales s’étoffent et la régle-
mentation se renouvelle rapidement. En témoigne de consommation en eau
la présentation du projet de loi portant lutte contre pour l’industrie
le dérèglement climatique en conseil des ministres,
un an après la promulgation de la loi Anti-Gaspillage
pour une Économie Circulaire (AGEC) le 10 février
90%
2020.
La circularité, un modèle
« win, win, win »
La circularité dans l’industrie L’innovation au cœur de l’émergence
de l’industrie circulaire
L’objectif de l’économie circulaire est de parvenir à
découpler la croissance économique de l’épuise- De nombreux industriels, quels que soient leur taille
ment des ressources naturelles par la création de et leur secteur d’activité, ont engagé une trans-
produits, de services, de modèles d’affaire et de formation vers l’industrie circulaire fondée sur
politiques publiques innovantes. l’innovation et la réinvention des modèles.
Il s’agit par exemple de rallonger les flux de matières Bien en amont du recyclage, l’industrie circulaire est
(réemploi, recyclage) et de produits (écoconception créatrice de nouvelles propositions de valeur. L’in-
sans substance toxique ni obsolescence program- tensification et le renouvellement de l’usage de la
mée, réparation, réutilisation puis recyclage) tout au matière permettent de créer de nouveaux modèles
long de la vie du produit ou du service. économiques et de repenser les modèles indus-
triels et le design des produits.
Ce modèle repose sur la création de boucles
de valeur positives à chaque utilisation ou réu- Pour les industriels, les gains sont significatifs et la
tilisation de la matière ou du produit avant sa ré-orientation des modèles économiques permet
destruction finale. Il met notamment l’accent sur de une différenciation gagnante sur les marchés. Quant
nouveaux modes de conception, de production et aux équipes, elles sont ré-engagées dans un projet
de consommation, sur le prolongement de la durée porteur de sens. Leur engagement est d’autant plus
d’usage des produits, sur l’usage plutôt que sur la fort que la prise de leadership sur la résolution des
possession de bien, sur la réutilisation et le recy- problèmes environnementaux est réelle.
clage des composants.
FOCUS
Les modèles circulaires existent depuis les débuts de l’ère industrielle. Ils ont progressivement disparu
avec l’évolution de nos modes de consommation, pour réapparaître dans les années 1970.
Jusqu’aux années 1960, les Patagonia, fondée en 1972 La symbiose industrielle, une autre forme de circularité
masques dans les hôpitaux avec le slogan « If it’s broke, appliquée à l’industrie, s’est également développée
étaient tous réutilisés fix it » est un exemple à partir de l’expérience de la zone industrielle de
après avoir été stérilisés. d’entreprise précurseur. Kalundborg au Danemark à partir des années 1970. Par
L’avènement de la fibre Aujourd’hui plus de 45000 la complémentarité de leurs activités et leur proximité
synthétique peu chère, la articles sont réparés géographique, les entreprises valorisent entre elles les
recherche d’économies et chaque année et une flux de sous-produits comme l’énergie et les matières
la production industrielle à plateforme en ligne permet (vapeur, biomasse, eau froide etc.). Les déchets des uns
grande échelle ont permis de vendre des produits de deviennent les matières premières des autres. À la clé,
d’imposer en moins de seconde main provenant gains de productivité pour les entreprises, réduction de
10 ans le masque jetable directement des clients. l’empreinte environnementale et création d’emplois locaux.
comme nouveau standard.
ENGRAIS
FERMES eau LAC TISSO eau
(H2SO4)
biomasse souffre
eau
vapeur
NOVO vapeur STATOIL
NORDISK RAFINERIE
RÉSERVOIR
eau
ASNAES
gaz
CENTRALE
THERMIQUE eau usée
BIOTEKNISK chaleur
GYPROC
JORDRENS résiduelle
cendres
boues
MUNICIPALITÉ chaleur
CIMENTIERS DE KALUNDBORG AQUA-CULTURE
résiduelle
01 02 03
Innovation de l’offre Optimisation des coûts Réduction des empreintes
et création de valeur et sécurisation des opérations matières et carbone
De nouvelles propositions de valeur sont La circularité diminue la consomma- Les modèles économiques circu-
créées pour les clients, par la mise en tion de matières premières « primaires » laires permettent une réduction des
place de boucles de circularité à chaque permettant la sécurisation des appro- empreintes matières et carbone par la
étape du cycle de vie des produits (dura- visionnements et une indépendance circulation locale des matières et par
bilité des ressources, allongement de la accrue vis-à-vis de la fluctuation des un découplage plus efficace entre l’uti-
durée de vie, vente d’un usage, réemploi prix. Les supply chain ne sont plus glo- lisation des ressources et la fabrication
etc.). Le co-développement d’offres et la bales mais multi-locales, dans des des produits et services. L’allongement
collaboration sur le long terme favorisent territoires qui permettent une plus des cycles d’utilisation de la matière
la création de nouveaux partenariats, grande résilience et adaptabilité. L’agilité réduit fortement la quantité de déchets
permettant ainsi aux industriels de rede- est renforcée et les partenariats déve- produits en amont du recyclage, étape
venir compétitifs et de gagner des parts loppés localement sont plus nombreux, ultime dans les modes de traitement des
de marché grâce à des offres différen- augmentant par la même les synergies et déchets et non centrale de la circularité.
ciantes (vente d’usage ou de produits le partage de valeur dans les territoires. Enfin, en développant des pratiques
réemployés). La réduction des flux de déchets et leur d’exploitation durable des ressources
réintégration dans des cycles de pro- (comme l’agroforesterie et l’approvi-
duction permettent de réaliser des gains sionnement en produits biosourcés par
de productivité en phases de fabrication. exemple), les modèles économiques cir-
culaires sont à l’origine d’une plus grande
préservation, restauration et régénéra-
tion des sols et de la biodiversité.
04 05
Création d’emplois Réengagement des équipes
locaux pérennes La transformation profonde des pro-
La nécessité de se rapprocher des gise- duits et des modèles industriels tirée
ments de matières et de développer par l’adoption de modèles économiques
les services liés à des modèles écono- circulaires est porteuse de sens. Le
miques fondés sur l’allongement de la changement est réel et plus l’impact
durée de vie ou la vente d’usage implique recherché est ambitieux et mesuré pour
de relocaliser l’empreinte industrielle. la planète plus les équipes retrouvent un
Cette dernière s’inscrit alors à proximité engagement pour l’entreprise.
des ressources et de la demande. Les
nouvelles activités associées (logistique
inversée, réparation etc.) sont créatrices
d’emplois locaux, non délocalisables et
difficilement automatisables du fait de
la variabilité des flux entrants. Les pro-
duits et pièces de seconde main remis
sur le marché sont plus compétitifs en
termes de prix, ce qui permet, d’un point
de vue sociétal, d’ouvrir ces marchés aux
ménages à revenus modérés.
L’industrie circulaire
81% comme opportunité
50%
49%
Notre enquête confirme la tendance.
40%
L’économie circulaire est vue par 81% des
30% 32% industriels comme une opportunité. Pour
20%
plus de 85% la circularité permettrait
15% de mieux répondre à la demande, de
10% développer de nouveaux marchés et de
0% 3% réaliser des économies, tout en répondant
aux enjeux environnementaux actuels.
1 2 3 4
Avec 70% des réponses, la contrainte
réglementaire apparait comme une raison
PAS DU TOUT TOUT À FAIT
secondaire d’engager sa transformation.
PRISE DE CONSCIENCE
ET PERFORMANCE
ENVIRONNEMENTALE 5% 7% 25% 63%
STRATÉGIE POUR
DÉVELOPPER DE NOUVEAUX
MARCHÉS 0% 15% 31% 54%
RÉPONSE À LA DEMANDE
DES CLIENTS
3% 12% 31% 54%
LEVIER DE PERFORMANCE
ÉCONOMIQUE
2% 14% 33% 46%
CONFORMITÉ
RÈGLEMENTAIRE
7% 24% 19% 51%
de grandes infrastructures sur la base d’un grand industriel pour lequel nous
Schneider Electric a pivoté il y a de solutions « Energy as a Service » à avons proposé une offre complète, com-
plus de 15 ans vers l’efficience grande échelle. Nous avons également binant neuf et rénové, avec la garantie de
énergétique. Nouveaux business remporté un projet de rénovation des prolonger la durée de vie des produits
modèles, réengagement des infrastructures de l’aéroport JFK, pour jusque 10-20-30 ans et de garder des
équipes, recomposition des lequel tous les équipements électriques pièces de rechange sur la durée. Nous
chaînes de valeur, économie intégrés seront circulaires « by design » : avons proposé une approche à plus forte
du PIB local, la vision du groupe produits connectés, durée de vie éten- valeur ajoutée, moins chère que celles de
permet de prendre la mesure due au maximum, boucles de circularité nos concurrents, tout en restant compé-
des enjeux liés à la transition sur toute la durée de vie, baisse de la titifs et avec la promesse de nouer une
vers une économie circulaire. consommation d’énergie de 30% et de relation sur le long terme avec ce client.
passer à 100% d’énergies renouvelables. Une analyse du cycle de vie de nos
Nous faisons également du leasing de projets nous permet de mesurer que
produits électriques (transformateurs, l’offre circulaire et l’amélioration des
ENTRETIEN variateurs etc.) et disposons de sites performances énergétiques que nous
de reconditionnement et de remanu- proposons a un impact positif sur l’en-
facturing partout dans le monde. Nous vironnement, permettant ainsi une
2021, l’année du
changement de trajectoire
Économie circulaire : un pivot Les 2 études citées montrent également que
au potentiel élevé l’atteinte de ces objectifs demande une transfor-
mation profonde de nos modes de consommation,
La crise sanitaire et économique provoquée par de nos modèles industriels, de nos infrastructures
la pandémie du COVID-19 plonge l’industrie dans et de nos formations. Le pivot vers l’industrie circu-
une situation inédite : recul du PIB de 9% en 2020 laire n’est donc possible qu’en étant au cœur des
et perte de 500 000 emplois au 1er trimestre de stratégies et des politiques industrielles françaises
la même année. D’après les prévisions des ana- et européennes.
lystes économiques13, la France sortira de la crise au Or, plus que jamais, l’alignement entre la demande,
mieux mi-2022. Par l’ampleur du choc et des fragi- la politique et la finance laisse espérer un change-
lités révélées, cette crise a réaffirmé l’urgence d’une ment de trajectoire.
transformation des modèles. Après une décennie
de transition vers l’industrie 4.0 et la quête d’une
compétitivité retrouvée, la prégnance des enjeux CROISSANCE DU PIB EUROPÉEN
de réindustrialisation et de transition écologique
est d’une ampleur inégalée. Après l’industrie 4.0,
48+52+Y 83+17+Y
pourrait également permettre une réduction de modèle circulaire
48% des émissions de CO2 d’ici à 2030 et de 83%
d’ici à 2050 (secteurs de la mobilité, des systèmes
alimentaires et de l’environnement bâti). Enfin, un tel
modèle de développement pourrait aboutir à une +48% +83%
en 2030 en 2050
réduction de la consommation des ressources pri-
maires de 32% d’ici à 2030 et de 53% d’ici à 2050
(calculée sur la base des matériaux utilisés dans l’in- 13. Projections
dustrie automobile et la construction, des terrains macroéconomiques,
immobiliers, des engrais artificiels, des pesticides, RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION Banque de France,
de l’utilisation de l’eau en agriculture, des carbu- DES RESSOURCES PRIMAIRES décembre 2020.
rants et de l’électricité non renouvelable)14. 14. L’économie
circulaire : pour une
32+68+Y 53+47+Y
Une autre étude, réalisée par l’INEC en 2012, indique modèle circulaire Europe compétitive,
que le potentiel d’emplois liés à l’économie circu- Fondation Ellen
laire serait compris à terme entre au moins 440 000 MacArthur, SUN,
et 550 000 en France, en développant significati-
vement les activités de recyclage, remanufacturing,
+32% +53% McKinsey & Co, 2015.
15. Quel potentiel
en 2030 en 2050
réemploi et réutilisation. Ce potentiel est sous-es- d’emplois pour une
timé puisqu’il n’inclut pas la création d’emplois lié économie circulaire,
aux nouveaux modèles d’économie de la fonction- Institut National
nalité et de la transition énergétique15. de l’Économie
Circulaire, 2015.
61%
la réglementation et la finance
Managing Partner sommes qu’au début du processus mais Pour résumer, il y a une forte conviction
chez Yotta Capitals il est bien engagé et il y a de quoi être de notre part mais en amont une exigence
optimiste. des investisseurs qui demandent de plus
en plus à intégrer dans les mandats de
Comment faire pour que la crise de la gestion des critères extra-financiers,
COVID et ses répercussions écono- sociaux ou environnementaux. Il faut le
miques ne deviennent pas un point saluer et souligner qu’une évolution dans
d’arrêt pour cet élan de transforma- ce sens se fait sentir depuis 18 mois. On
tion en profondeur ? peut désormais affirmer haut et fort que
l’orientation vers des options de gestion
Cette crise présentera quoi qu’il arrive est un argument qui compte beaucoup
l’intérêt d’une prise de conscience mas- pour les investisseurs institutionnels.
sifiée autour des enjeux de souveraineté
industrielle, de relocalisation et de cir-
cuits-courts. Soutenir cet élan malgré
la crise relève d’une responsabilité col- Cette crise
Comment la crise de la COVID a-t- lective que nous portons tous. Nos
elle changé les perspectives, a-t-elle gouvernants la porte sur le plan régle- présentera quoi
accéléré la prise du virage vers une mentaire afin d’éviter des distorsions de
transition écologique, notamment au concurrence, notamment créées par des qu’il arrive
sein des PME ? productions étrangères qui ne seraient
pas soumises aux mêmes contraintes l’intérêt
On voit très clairement un mouvement, vertueuses. Les consommateurs la porte
qui ne date pas de la crise du COVID, via l’acte d’achat, et nous, en tant que d’une prise
et qui est un mouvement de fond qui bailleurs de fonds la portons également.
s’observe depuis une dizaine d’an- de conscience
née. Le COVID va surement accélérer le Il faut aussi se poser la question de
phénomène mais il y a avant tout une qui se cache derrière les investisseurs. massifiée
pression qui vient de nous tous en tant Les investisseurs gèrent l’argent des
que consommateurs. Peu importe que épargnants, à savoir nous tous. Dans autour des
cela provienne des nouvelles généra- l’assurance vie, il y a 1 800 milliards
tions, d’associations militantes ou de la d’encours qui, pour la grande majo- enjeux de
force médiatique, les critères et le actes rité, « dorment » sur des fonds euros.
d’achats de plus en plus axés vers la Si seulement 10% de cette épargne souveraineté
cause environnementale sont révéla- était réorientée vers des produits qui
teurs. D’ailleurs les grands groupes ne favorisent le made in France ou la tran- industrielle, de
s’y trompent pas, on le voit bien avec le sition énergétique, nous trouverions une
made in France par exemple. manne de 180 milliards d’euros pour relocalisation
financer cet élan. C’est un choix que peut
Les industriels ont-ils enclenché une assumer chacun des épargnants. La res- et de
transformation de fond, ou en restent- ponsabilité collective que nous portons
ils à des actions d’image souvent tous c’est finalement la somme de res- circuits-courts.
jugées superficielles ? ponsabilités individuelles.
64+36+Y 86+14+Y
tout « green-washing », c’est-à-dire le
verdissement des activités à la marge. La
reconnaissance d’une activité vertueuse
doit donc être facilitée par ce dispositif.
64% 86%
La crise du COVID, une opportunité
d’accélération
Sur les 3 Sur les 3
La réindustrialisation en France est au cœur du dernières années prochaines années
programme de relance. La crise sanitaire a accen-
tué les fragilités actuelles des systèmes industriels,
à l’échelle mondiale et à l’échelle nationale. Si la
relocalisation peut permettre de recomposer des IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE SUR LA
chaînes de valeur stratégiques, l’enjeu est de mettre TRAJECTOIRE CIRCULAIRE DE L’ENTREPRISE
au centre des politiques industrielles et de relance
l’émergence de nouveaux modèles industriels
circulaires, résilients, favorisant l’emploi local et AUCUN 39%
compatibles avec les enjeux liés au climat, la rareté FAIBLE 36%
des ressources et la préservation de la biodiversité.
FORT 14%
L’enquête réalisée montre que plus de 64% des TRÈS FORT 12%
industriels ont engagé des actions en faveur de
l’économie de la circularité sur les 3 dernières
années. Ces efforts vont aller en s’accentuant
puisque ce chiffre va monter de 86% dans les 3
prochaines années. Par ailleurs, pour 75% des indus-
triels interrogés la crise liée au COVID n’aura pas
d’effet sur cette dynamique.
Une approche
systémique qui dépasse
le cœur d’usine
Moins de 5% : c’est en général l’empreinte envi- groupe souhaite étoffer les bases de données de
ronnementale des cœurs d’usine. Les mesures calcul des émissions de GES pour différencier les
d’accompagnement et les actions réalisées par les parcelles par pays et selon le mode d’exploitation
industriels pour moderniser les usines, réduire les (biologique, raisonnée, conventionnelle etc.). En
déchets et évoluer vers une industrie bas carbone parallèle le groupe s’est lancé dans une certification
sont essentielles et doivent être saluées. Toutefois, B-Corp incitant les équipes à évaluer leur impact.
afin de réduire ses impacts, une industrie doit consi- Tous les 3 ans, les critères s’étoffent ce qui permet
dérer l’ensemble de sa chaîne de valeur. Un pivot vers à l’entreprise de progresser en continu et de déve-
la circularité intègre donc des actions qui dépassent lopper l’engagement des collaborateurs. « Faire du
le cœur d’usine. bien avec du bon » n’est plus qu’un slogan, c’est une
approche déclinée à tous les niveaux dans les projets
Dans l’industrie, les impacts majeurs résident dans stratégiques et les processus de l’entreprise. Un suivi
des activités autres que la seule « production ». Pour des objectifs et un reporting sont effectués grâce
les industries en amont (chimie, agroalimentaire, luxe à des indicateurs permettant ainsi de donner de la
etc.), 80 à 90% de l’empreinte environnementale transparence à la démarche.
provient des modes d’extraction des ressources.
Pour les industries en aval (automobile, électro- Sans forcément devenir B-Corp, certaines entre-
technique, électroménager etc.), jusqu’à 80% de prises placent les Objectifs de Développement
l’empreinte environnementale provient de l’usage Durable20 au cœur de leurs stratégies. À ce titre,
des produits. Il est donc nécessaire de repenser Schneider Electric a lancé l’initiative « The Climate
l’usage des ressources et des produits, et de déve- Pledge » avec d’autres grands acteurs industriels,
lopper des boucles de circularité sur l’ensemble de la dont l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone
chaîne de valeur : la transition se fera au moyen d’une sur l’ensemble de sa chaîne de valeur pour 2040, soit
approche systémique et globale. 10 ans avant l’objectif de 2050 fixé par l’Accord de
Les entretiens réalisés dans l’étude montrent que, Paris. Les étapes sont détaillées de façon transpa-
plus que le déploiement d’outils, c’est la mise en rente et sont fondées sur des données scientifiques
œuvre d’une approche systémique autour de 3 pour sortir du greenwashing. Schneider Electric
cercles et 7 dimensions qui permet de pivoter. innove également en 2020 en publiant l’évaluation
de l’empreinte sur la biodiversité de l’ensemble de sa
chaîne de valeur, avec une stratégie de « zéro perte
Le cercle 1 permet de repenser nette de biodiversité ».
l’intention de l’entreprise
Comment les entreprises non engagées sur les pro-
L’industrie est responsable de près de 40% (industrie blématiques environnementales feront-elles pour
manufacturière et production de chaleur et d’électri- recruter demain ? La transformation doit s’opérer
cité) des émissions de gaz à effet de serre. C’est une dès maintenant. Pour tenir ses engagements et être
chance pour se réinventer et apporter des solutions. attractif, le modèle opérationnel des industries doit
Face à ce constat, certaines entreprises vont même être révisé pour devenir circulaire, avec une ambition
jusque redéfinir leur mission. affichée et un impact mesuré et prouvé.
L’entretien avec Cyrille Roget, Directeur de la com-
Michelin, par exemple, n’est plus uniquement fabri- munication scientifique et de l’innovation chez
cant de pneus, mais travaille au développement Michelin montre à quel point le changement de l’ADN
d’une mobilité durable. Le champ des possibles de l’entreprise peut être total.
s’ouvre et Michelin prévoit de développer 30% de
son chiffre d’affaires hors du pneus, via l’hydrogène
d’ici à 2030. Valrhona lance un vaste projet d’agro- 20. https://www.un.org/
foresterie, la culture du cacao représentant 80% de sustainabledevelopment/fr/
son impact environnemental. Pour aller plus loin, le objectifs-de-developpement-durable/
S 04 CERCLE 2
UE -M
IQ OD UN MODÈLE CIRCULAIRE
OM
02 • Un pivot vers les 6 modèles
ÈL
ON
E
ÉC
01 03
S T R IE L S
ON
03
-C T
EX
UI
TI
ONC
EPTION PROD
ÉC
VA
IO
UT
NO
N N CERCLE 3
-I
07 3 ACCÉLÉRATEURS DE
CHANGEMENT D’ÉCHELLE
05 • Une agilité d’exploration des modèles
et d’exécution de la transformation,
par un processus et une culture du
changement itératif et permanent, des
organisations décloisonnées et une
capacité à essaimer rapidement les
nouveaux standards industriels.
06 • Un ancrage territorial écologique en terme
de ressources, de métiers et de filières.
Le développement d’un écosystème
« levier » pour passer à l’échelle :
investisseurs, institutionnels,
chercheurs, startup, industriels,…
07 • Un apport du 4.0 et de l’hybridation
technologique au service de la circularité :
nouveaux matériaux, hybridation
produit/data, circularité de la donnée,
innovations techniques et cleantech
pour accélérer la bascule du système.
L’émergence de nouveaux
modèles et le besoin
d’accélération
L’enquête réalisée montre que si de nombreux L’industrie circulaire est donc encore affaire de pion-
industriels ont mené des actions liées à l’économie niers. Pour la plupart, ils ont embrassé le tournant vers
circulaire, la performance circulaire reste encore l’industrie 4.0, en hybridant les nouvelles technolo-
limitée. gies avec des modèles circulaires. Or, le découplage
entre la création de valeur et la réduction de l’impact
environnemental est urgent et doit concerner l’en-
ENQUÊTE semble des acteurs industriels. Il est donc essentiel
de décrire, sur la base des succès des entreprises les
La plupart des actions menées par les plus avancées, les leviers pour repenser les modèles
industriels se focalisent sur la gestion des industriels ainsi que ceux permettant d’accélérer la
déchets et les économies d’énergie. Ainsi mise en mouvement.
la part des déchets gérée de manière
circulaire atteint presque les 60%. À Pour Guido Locatelli, Directeur Général d’Envie Rhône
contrario, les actions structurantes touchant Alpes, les pionniers devenus champions du circulaire
aux modèles économiques, aux produits feront de leurs modèles les nouveaux standards
et aux modèles industriels, reflétées industriels et permettront, par effet d’entraînement,
dans la part de produits écoconçus ou de transformer l’industrie dans son ensemble.
la circularité des produits sont faibles. Le moment est favorable mais tout peut redeve-
2 populations d’entreprises semblent nir comme avant. C’est pour cela que chacun à son
apparaitre, celles qui ont des performances niveau doit s’engager pour changer les choses.
globales en-dessous de 20% (entreprises
linéaires) et d’autres au-dessus de 80%
(entreprises nativement circulaires).
a b c
44% 14% 8% 10% 24%
Part de CA circulaire
TRÈS FAIBLE : PERFORMANCE ENTRE [0-20%] a. Modèle linéaire dominant dans l’industrie
FAIBLE : PERFORMANCE ENTRE [20%-40%] b. Part des entreprises en transition
MOYEN : PERFORMANCE ENTRE [40%-60%] c. Entreprises visionnaires et pionnières
AVANCÉ : PERFORMANCE ENTRE [60%-80%] de l’industrie circulaire
TRÈS AVANCÉ : PERFORMANCE ENTRE [80%-100%]
ENTRETIEN pas être accessoire mais bel et bien au rationnel des opérateurs et opératrices
centre de notre système de production et dans des contextes industriels pour créer
de consommation. Il y a une vraie réflexion de la valeur. Enfin, l’économie circulaire
Président taux. Un partage équitable des ressources Vous êtes un acteur historique du sec-
d’ENVIE Rhône Alpes devrait se coupler d’un partage équitable teur, voyez-vous un changement, que
des richesses. Se soucier des ressources, ce soit sur la demande ou le position-
c’est se soucier de l’humanité. nement des acteurs traditionnels de
l’économie linéaire ?
Quels leviers avez-vous mis en place
pour faire fonctionner ce modèle circu- La demande évolue dans le bon sens. On
laire ? observe un véritable point d’inflexion
au niveau des citoyens. Il y a un énorme
Nous accordons une attention particulière marché potentiel pour les produits issus
à la coopération et à la collaboration avec du réemploi dans le secteur d’ENVIE. De
des réseaux déjà en place. Il est préfé- plus, les jeunes manifestent de plus en
rable, pour être efficace, de ne pas faire les plus d’intérêt pour ces démarches, ce qui
choses « dans son coin ». Nous menons un constitue un vivier important à la fois pour
travail avec des éco-organismes, en parti- booster la demande et pour recruter !
culier ecosystem, un qui est chargé de la
Pourriez-vous nous décrire les activités collecte et du recyclage des déchets dits De votre point de vue, quels sont les
et la philosophie d’ENVIE Rhône Alpes ? D3E. Nous animons également des pôles leviers pour accélérer le passage à
d’économie circulaire urbains. L’objectif l’échelle ce type de modèles ?
Envie est un réseau d’entreprises qui place est de créer des « hub de déchets » pour
l’économie circulaire et l’humain au cœur mieux valoriser les déchets encombrants L’objectif est de faire de l’économie cir-
de son modèle, avec la recherche d’un à l’échelle d’une métropole par exemple. culaire le modèle dominant. Pour cela, il
impact sociétal positif. Notre vocation Pour cela il faut réunir bailleurs sociaux, faut faire changer d’échelle ceux qui sont
n’est pas lucrative. Nous cherchons à créer collectivité, industriels du déchet etc. Les déjà lancés, les pépites, pour en faire
de la valeur ailleurs en limitant les déchets compétences d’intelligence collective et des champions qui vont entraîner tout le
tout en favorisant le retour à l’emploi de de collaboration sont très importantes système par un effet boule de neige. Sur
personnes en difficulté avec 2 300 salariés pour l’économie circulaire. Des pôles L’électroménager par exemple, moins de
en insertion au niveau national. Notre pre- sont en création à Lyon, à Grenoble, et 1% des appareils sont rénovés et remis
mière activité est la rénovation et la remise nous sommes partie prenante d’un pôle sur le marché. Lorsque 15% des appa-
en vente avec garantie d’équipements à Roanne. Pour se déployer, l’économie reils vendus seront issus du réemploi, les
électroménagers. Les entreprises Envie circulaire a aussi besoin de vraies com- constructeurs n’auront plus d’autre choix
collectent, rénovent et revendent dans pétences industrielles. Supply chain des que de s’engager dans l’éco-conception.
leurs propres magasins des équipements déchets aux magasins, optimisation des Il est très important de construire un
électriques et électroniques (gros et petit processus de démantèlement et de répa- cadre budgétaire et fiscal favorable aux
électroménager, multimédia…). Les équi- ration, gestion de production, amélioration démarches d’économie circulaire, parti-
pements collectés sont réparés, nettoyés continue,… Il faut savoir suffisamment maî- culièrement le réemploi. La réduction de la
puis revendus à un coût accessible (entre triser nos procédés de réparation, très TVA sur les biens réemployés pour être un
40 et 60% moins cher que l’équipement variables par définition, pour trouver en vrai accélérateur par exemple.
neuf), avec une garantie au minimum de permanence l’équilibre économique. Par
1 an. Avec près de 125 000 équipements exemple pour le démantèlement d’écrans Quel est l’impact de la crise actuelle sur
électroménagers rénovés chaque année plats, nous devons concevoir des lignes votre secteur ? Cela va-t-il plutôt accé-
Envie est le leader français et européen sur flexibles et agiles pour valoriser au maxi- lérer ou ralentir la transition ?
cette activité. mum les matériaux, en préservant leur
intégrité, avec un mix produit en entrée La crise actuelle a eu l’avantage de montrer
Quels sont pour vous les enjeux sociaux non maîtrisé, 4 ou 5 technologies diffé- que tout était possible, que nous pouvons
et sociétaux de l’économie circulaire, rentes et des tailles diverses. Le lean est imaginer des changements inimaginables
comment le réseau Envie adresse-t-il une approche qui nous aide beaucoup jusqu’à présent. C’est un vraiment tour-
ces enjeux ? dans cette démarche. Dans nos métiers nant à prendre. Il ne faut pas être naïf :
d’insertion, l’excellence RH est également le moment est favorable mais tout peut
Il n’y a pas de circulaire sans social. Se fondamentale : bien recruter, bien enca- redevenir comme avant. C’est pour cela
soucier des ressources c’est se soucier drer, lever les freins à l’emploi… Il s’agit que chacun à son niveau doit s’engager
de l’humain. L’économie circulaire ne doit d’être capable de former et de rendre opé- pour changer les choses.
Dans l’industrie, les modèles économiques clas- L’industrie redevient une start-up
siques sont linéaires. Ils consistent à extraire des
ressources, produire et vendre des produits et ser- L’industrie a besoin de réinventer ses modèles
vices associés, avec un design centré sur un usage économiques. À l’image des startups, l’industrie
unique du produit et sur une rentabilité donnée. doit entrer dans une nouvelle phase d’exploration
Ces modèles ne sont plus réplicables du fait de la et d’innovation pour créer des formes de valeur qui
criticité grandissante des ressources, des impacts tiennent compte des limites planétaires. L’écono-
environnementaux liés à l’extraction et au traite- mie circulaire représente une opportunité de créer
ment des déchets, de la rigidité des supply chains, des propositions de valeur innovantes, permettant
de l’évolution des réglementations et de l’évolution de se différencier sur son marché, d’anticiper les
de la demande. contraintes réglementaires et de réduire son impact
environnemental.
Les standards industriels (expérience client, pro-
duits et modèles opérationnels) ainsi générés ne Les ressources utilisées par l’industrie sont
sont pas adaptés aux enjeux actuels. Tous les sec- sous-valorisées. Les modes d’extraction et de
teurs vont en effet voir leurs modèles économiques production sont à l’origine d’un appauvrissent des
linéaires fragilisés dans les prochaines années. Dans sols et dégradent la biodiversité sans valoriser les
l’industrie, selon les contraintes techniques de richesses locales. Le prix des matières premières
l’entreprise et la maturité du marché, le passage vierges est en constante augmentation et les com-
de l’idée au modèle économique peut prendre 5 posants des technologies sont souvent volatiles ou
ans. Le modèle industriel a alors fait la preuve de critiques. Dans les usines, une part encore infime
son concept et est donc prêt à être essaimé. Pour des rejets et des pertes d’énergie est récupérée
répondre à des objectifs de moyen terme, il faut et revalorisée. Pour la vente d’un produit donné, les
donc adresser les problématiques de production cycles d’usage sont courts et ne permettent pas
dès maintenant. d’offrir des services et de la durabilité au client
pourtant souvent prêt à en payer le prix. Le potentiel
de création de valeur dans une économie circulaire
est immense.
DÉFINITION
90 à 99% de l’impact environnemental des activités
« Une start-up est une organisation industrielles sont générés par l’extraction des res-
temporaire à la recherche d’un sources et l’utilisation des produits jusqu’à leur fin
modèle économique scalable de vie. La création de nouveaux usages de la matière
et rentable » Steve Blank et des ressources permettrait de réduire puissam-
ment l’empreinte environnementale de l’industrie.
81% 68%
des consommateurs prévoient En 2020, avec une forte En 2050 la population urbaine
d’acheter des produits plus croissance de la demande et représentera 68% de la
responsables dans les 5 ans. 5 producteurs mondiaux, les population mondiale, contre 55%
constructeurs automobiles aujourd’hui et 30% en 195025.
et de téléphones mobiles ont
dû reporter des lancements Les systèmes urbains futurs,
de nouveaux produits suite plus larges, plus denses et plus
à la pénurie de semi- connectés, seront les grands
conducteurs et l’inflation consommateurs de matière et les
des prix de +20 à +40%. sources premières de pollution.
Une opportunité pour créer Ils sont au cœur de l’innovation
Les téléphones portables sont de nouvelles technologies et de la création de nouvelles
composés de plus de 70 matériaux de substitution ou de formes de valeur : intensification
différents. L’extraction de filières de réemploi.23 des usages (transports…),
matière pour les produire est gisements de déchets pour des
principalement réalisée en Asie, modèles économiques régénératifs
Afrique et Amérique du Sud. En (réemploi et upcycling des biens
pratique, les téléphones sont de consommation, réutilisation
abandonnés en moins de 2 ans des eaux usées, déchets…),
bien que leur durée d’utilisation nouvelles infrastructures
soit supérieure. Environ 88% des plateformes d’usage (bâtiments
français changent leur téléphone support de l’agriculture
alors que celui-ci fonctionne En Europe, une voiture est garée urbaine, revalorisation
encore et plus de 100 millions en moyenne 92% du temps, les énergétique, système énergétique
de téléphones dorment dans un bureaux sont exploités seulement à impact positif…), etc.
tiroir, pour environ 25 millions 35 à 50% en moyenne, même pendant
de téléphones neufs vendus par les heures ouvrables, et 31%
an. Autant d’opportunités pour des aliments sont gaspillés le
lancer de nouveaux modèles long de la chaine de valeur
économiques basés sur une vente ouvrant ainsi la porte à une
d’usage et le réemploi.21 économie du partage.24
Créer des nouveaux modèles économiques repose Créer des nouveaux modèles
sur 2 principes : augmenter les cycles d’utilisation
de la matière et réduire les externalités négatives économiques repose sur
résiduelles.
2 principes : augmenter
Cette démarche, de nombreux industriels l’ont
entamée : SEB avec des gammes de produits répa- les cycles d’utilisation
rables pendant 10 ans, Blackstar et une offre de
pneus rechapés, Vicat avec une offre « circulère » de la matière et réduire
de réemploi de matériaux de déconstruction pour
de nouveaux chantiers, Soft’In avec la vente de les externalités
chaussures composées de matières 100% recy-
clées et recyclables, Schneider Electric avec des négatives résiduelles.
produits éco-conçus et une vente de performance
plutôt que de produits, Veja qui fonde son modèle
sur des matières éco-sourcées et équitables, Envie
qui rénove de l’électroménager pour le remettre sur
le marché avec une offre garantie, BatiRIM qui pro-
pose un BIM inversé qui augmente de plus de 20%
le réemploi de matériaux de déconstruction, etc. Le
point commun de ces entreprises réside dans le
fait de repenser l’usage des produits ou l’usage des
matériaux. Leur objectif est d’augmenter la valeur
de l’offre proposée aux clients, tout en réduisant les
externalités négatives de leur activité.
DÉFINITION
02
01 MATIÈRE UTILISATION
03
01. DURABILITÉ DES RESSOURCES 02. EXTENSION DE LA DURÉE DE VIE 03. VENTE D’UN USAGE PLUTÔT
Ce modèle permet de générer de La durée de vie des produits est augmen- QUE D’UN PRODUIT
façon éthique et durable des matières tée par un design permettant d’améliorer Le modèle « product as a service »
premières non recyclées. Dans le cas la fiabilité et la réparabilité. Les entre- consiste à vendre un usage plutôt qu’un
de matière premières renouvelables prises qui adoptent ces business produit, sur la base de fonctionnalités ou
l’exploitation respecte les cycles de modèles peuvent vendre des produits de garantie de performances. Le design
régénération et la biodiversité. Le en valorisant une meilleure qualité. Les du produit, centré sur l’usage et une
bio-sourcing permet de substituer des coûts sont potentiellement réduits sur le durabilité accrue, permet d’augmen-
matières non renouvelables ou géné- long terme pour les clients. L’entreprise ter l’expérience client tout en assurant
rer de nouveaux usages. Les matières développe des services différenciants une rentabilité du modèle. En gardant la
générées sont non toxiques et conçues de garantie et de maintien en conditions propriété du produit, le producteur peut
pour être réintégrées dans des cycles opérationnelles. Les informations récu- créer de la valeur sur l’ensemble des
biologiques ou techniques en fin d’usage. pérées grâce aux services permettent de boucles de circularités du cycle de vie et
L’exploitation de ressources non renou- mieux comprendre l’usage des clients et amorcer un découplage entre création
velables est progressivement réduite. d’améliorer continuellement les produits. de valeur et usage des ressources. L’éco-
La valeur créée permet de se démar- nomie du partage rentre également dans
quer sur le marché, de répartir la valeur cette catégorie, puisque le fait de mettre
avec les producteurs et de proposer en commun un bien revient à distribuer
des ressources sur le long terme (fibres les coûts sur les différents co-proprié-
textiles, encres, produits du quotidien, taires avec une répartition généralement
biomatériaux…) proportionnelle à l’intensité d’usage de
chacun.
Par la transformation des modèles économiques, des boucles de circularité sont créées à chaque étape du cycle
de vie des produits : matière, utilisation des produits et régénération. Le cycle matière est transformé
pour assurer un usage durable des matières vierges et la création de matières permettant la circularité à
chaque étape du cycle de vie des produits Le cycle d’utilisation des produits est allongé par rapport aux
cycles linéaires classiques par la modification des usages. Le cycle de régénération peut alimenter les
précédents en produits, composants ou matériaux, réduisant ainsi l’utilisation de matières vierges et les
gaspillages liés aux besoins de refabrication. La circularité ne peut être parfaite. Des modèles économiques
sont ainsi générés pour réduire à chaque étape les externalités négatives résiduelles, en termes de
déchets, rejets et énergie. La puissance du modèle circulaire repose sur la combinaison de l’ensemble des
modèles économiques circulaires pour un produit donné. Une même entreprise peut combiner plusieurs modèles
économiques. Des entreprises peuvent également couvrir chacune une étape et constituer ainsi un écosystème
circulaire. Si une étape n’est pas couverte, la circularité est partielle et le flux produit non durable.
ALLONGEMENT
DU CYCLE
D’UTILISATION
04 DE LA MATIÈRE
RÉGÉNÉRATION 06
TRAITEMENT
DES EXTERNALITÉS
NÉGATIVES
RÉSIDUELLES
05
04. RÉEMPLOI DES PRODUITS 05. RÉEMPLOI DES COMPOSANTS 06. OPTIMISATION DE L’EMPREINTE
Le réemploi produit consiste à augmen- ET MATÉRIAUX ENVIRONNEMENTALE
ter les cycles d’utilisation des produits Le réemploi appliqué aux composants et Chaque étape de la chaîne de valeur
avec la mise sur le marché de seconde aux matériaux permet de transformer de même avec des boucles circulaires
main des produits et biens industriels potentiels déchets en nouveaux semi-fi- génère des externalités négatives en
à des prix parfois 30% moins cher que nis ou intrants. Ce réemploi peut être terme d’énergie, de rejets et de déchets.
du neuf et des performances garanties. opérée dans des cycles techniques de Ces modèles centrent leurs propositions
Selon l’état du produit, il peut être remis remanufacturing (pièces de rechanges, de valeur sur l’optimisation de l’em-
sur le marché avec ou sans activité de matières recyclées,…) ou des cycles preinte environnementale : performance
réparation et de remanufacturing, via biologiques (combustibles, engrais,…). matière et énergétique, amélioration des
des marketplace ou dans des réseaux Il nécessite des produits éco-conçus procédés, cleantechs, valorisation des
de distributions physiques. Grâce à permettant une séparation simple déchets par des démarches d’EIT (Éco-
des retrofits l’usage des produits peut et une réutilisation fonctionnelle des logie Industrielle Territoriale)…
même être augmenté. Ces modèles constituants du produit. Des industriels Certaines entreprises fondent même
nécessitent, une réparabilité accrue des réussissent à créer des produits basés leurs modèles sur la résolution des pro-
produits, une interopérabilité des don- 100% sur des matériaux recyclés, recy- blématiques environnementales : crise
nées et la mise en place de logistiques clables à l’infini. D’autres se fournissent climatique, déchets plastiques, tech for
inversées directes ou via des filières pièces détachées ou matériaux recy- good…
de collecte. Ils sont créateurs de valeur clés moins chers et volatiles que des
ajoutée locale liée à la réparation proche matières premières vierges émergent et
des lieux d’usage. apportent de nouvelles solutions pour
des produits plus durables.
EXEMPLES
MATIÈRE UTILISATION
01. DURABILITÉ DES RESSOURCES 02. EXTENSION DE LA DURÉE DE VIE 03. VENTE D’UN USAGE PLUTÔT
QUE D’UN PRODUIT
• VEJA (chaussures) • SEB (petit électroménager)
Exploitation de coton durable, Proposition d’un service de réparation • MFLS (outils de découpe)
production et commerce équitable garantie possible sur 10 ans Vente d’un droit d’usage pour l’usage
de scies industrielles haut de gamme
• VALRHONA (chocolat) • SCHNEIDER ELECTRIC
Essaimage de pratiques d’agroforesterie (appareils de puissance) • MICHELIN (pneumatiques)
en partenariat avec les exploitants Vente de produits pour des durées Vente de pneus au km parcouru
d’usage étendues de 10 à 40 ans dans (poids lourds), ou au nombre
• ONET (services) le bâtiment et les infrastructures d’atterrissages (avions)
Utilisation de produits nettoyants
concentrés et éco-responsables • FRANCE MANUFACTURE (textile) • ARECO (agroalimentaire)
Fabrication de costumes haut de Solution technologique pour améliorer
gamme réparables en France la performance en temps réel des
étal de fruits & légumes (fraîcheur,
• SUPERSONIC IMAGINE prix, informations, idées recettes…)
(matériel médical)
Extension de la durée de vie de
systèmes d’échographie
04. RÉEMPLOI DES PRODUITS 05. RÉEMPLOI DES COMPOSANTS 06. OPTIMISATION DE
ET MATÉRIAUX L’EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE
• CEV / SA3i
(transformateurs électriques) • PAPREC (transformation déchets) • EVEROAD
Réparation et maintien en condition Usine de transformation PVC en joint (market place gestion logistique)
opérationnelle de transformateurs venture avec Gerflor pour production de Mise en place d’une plateforme
électriques (remanufacturing) revêtements de sols à base de recyclé web pour l’optimisation des
transports logistiques
• ENVIE (électroménager) • ECTOR (chaussures)
Rénovation et remise sous garantie Conception à partir de polyéthylène • FGWRS
d’appareils électroménagers recyclé issu de la collecte des (cleantech - gestion de
chaussures en fin de vie l’eau des bâtiments)
• BLACKSTAR (pneumatiques) Mise au point et commercialisation de
Rechapage après rachat de pneus • LA POSTE (réseaux logistiques) solution de recyclage des eaux grises
usagés dont la structure reste saine Collecte en fin de vie de
papiers, cartons, mais aussi • SCHNEIDER ELECTRIC
• ARMOR (cartouches d’encre) EEE, capsules de café... (energy as a service) Energy as
Collecte et reconditonnement a service, efficacité énergétique
de cartouches d’encre • VICAT (construction) et réduction de l’empreinte
Construction/réaménagement carbone de ses clients
à partir de déchets locaux
• ETNISI (décoration)
Création d’objets de decoration B2B
et B2C à partir de déchets recyclés
Des bénéfices
différenciants pour
les entreprises
Les 4 principaux bénéfices des modèles économiques circulaires
01 02
Compétitivité de l’offre Fidélisation et partenariats
En combinant les modèles économiques circulaires, avec les clients
la proposition de valeur augmente et permet de L’augmentation de la durée de vie des produits et
gagner en compétitivité par rapport à des offres la vente d’usage permettent de créer des relations
« standards » et une demande en pleine évolution. de long terme avec le client. Le développement de
Proposer des produits neufs comme de seconde ce type d’offre passe par une compréhension plus
main, des pièces de rechanges issues du réem- fine des usages client, le développement d’offres de
ploi, une offre servicielle de la location à un contrat services et une relation de partenariat.
de performance ou encore des produits avec des Les contacts avec le client sont également mul-
matériaux recyclés ou bio-sourcés… Les possibilités tipliés naturellement dans le temps. Les équipes
sont nombreuses et sources d’innovations. marketing ont ainsi l’opportunité de développer une
L’acquisition des données sur l’usage des produits relation de long terme avec les clients.
et leurs performances permet également de créer
des boucles d’amélioration continue, plus avan-
cées que des retours SAV classiques. L’acquisition
et l’analyse de ces données donnent aussi la pos-
sibilité de faire évoluer les produits dans les phases
d’usage client.
03 04
(Ré)engagement des équipes Anticipation des disruptions
Les changements vers des modèles économiques réglementaires et de l’évolution
circulaires sont transformationnels. Ils impliquent de la demande
la refonte du design des produits et des modèles En réalisant un pivot, l’entreprise transforme un
industriels (approvisionnements, fabrication, risque en opportunité. Le potentiel de création de
flux logistiques,…). Ils nécessitent également de nouveaux usages à toutes les étapes de la chaîne de
convaincre les équipes commerciales et marketing. valeur offre une capacité de résilience inédite pour
C’est donc l’ensemble de l’entreprise qui se met en les industriels.
mouvement avec un projet économique bénéfique Par l’exploration et l’innovation, l’entreprise anticipe
pour l’environnement et la société. Plus l’intention les évolutions réglementaires, a la possibilité d’in-
de l’entreprise et les moyens entrepris sont forts et fluer sur la demande et prend le leadership sur des
engagés, plus les équipes trouvent une source d’en- problématiques environnementales et sociétales.
gagement puissante. Elle devient pionnière dans son secteur, quelle que
soit sa taille et peut être à l’origine de nouveaux
standards industriels innovants et différenciants.
Maturité des entreprises PART DES ENTREPRISES SELON LE NOMBRE DE MODÈLES ÉCONOMIQUES
CIRCULAIRES DÉVELOPPÉS EN PARALLÈLE
L’enquête réalisée montre que 84% des entreprises
ont travaillé sur des modèles économiques circu-
laires mais que seulement 38% ont mis en œuvre
% entreprises
24%
plus de 3 modèles en parallèle. La maîtrise du cycle 38%
22%
de vie des produits des industriels est donc partielle
et laisse la place à un potentiel complémentaire de
création de valeur. 16%
14%
La comparaison PME/Groupe révèle la complémenta-
rité des acteurs : les PME se positionnent davantage 8% 8%
sur des modèles de réparation/réemploi produit 6%
alors que les grandes entreprises elles, se penchent
sur les modèles de réemploi matière. Par exemple, le 2%
groupe SEB a la masse critique pour négocier l’ou-
verture de filières de recyclage en traitant avec les
0 1 2 3 4 5 6 7
groupes spécialisés sur ce segment. Mais il s’appuie
sur un réseau de plus petits acteurs pour la répara-
tion locale de ses produits. Autre point constater : # modèles économiques circulaires en parallèle
100% des ETI/Groupes ont au moins 1 modèle écono-
mique circulaire, contre 76% côté PME/Startup.
Parmi les modèles économiques circulaires, le moins DÉVELOPPEMENT DES MODÈLES ÉCONOMIQUES CIRCULAIRES :
développé est celui de l’économie de la fonction- INFLUENCE DE LA TAILLE DE L’ENTREPRISE
nalité (moins de 19%). C’est aussi le plus complexe
en termes de développement produit et d’accep-
17% 32% Vente de produits d’occasion/déclassés
tabilité client. 39% des entreprises interrogées ont
22% 32% Vente de produits remanufacturés
développé des modèles autour du sourcing/achat de
28% 15% Économie de la fonctionnalité
matières recyclées. 35% ont développé des modèles
44% 32% Vente de services support/maintenance/entretien/réparation
économiques autour de la valorisation de la durée
28% 37% Valorisation durée d’usage accrue
de vie et des services associés. Enfin, environ 28%
56% 32% Sourcing et intégration de matières recyclées
d’entre elles se sont positionnées sur la vente de
50% 34% Production et vente de matière première recyclée
produits de seconde main ou remanufacturés.
0% 24% Aucun
% ETI_groupe % PME_startup
Regénération
Utilisation
Matière
ENTRETIEN du fait du coût de la réparabilité (coût de facile de trouver des filières de recyclage
la réparation, pièces en Asie…). Pour que dans tous les pays. L’approvisionnement
cela fonctionne, nous ne margeons pas matière est un sujet qui peut devenir
Voir grand,
commencer petit,
aller vite28
Innover sur les modèles économiques demande de
prendre en compte un réseau complexe de facteurs Commencer petit.
(concurrents, technologiques, réglementaires) et ce,
dans des contextes accrus d’incertitude. Pour commencer, l’objectif est d’identifier les pro-
blèmes et les besoins non satisfaits des clients
Les entreprises qui innovent sur les modèles éco- utilisateurs, dans une phase d’exploration « sur
nomiques sont celles qui réussissent à (ré)-intégrer le terrain », pour ensuite expérimenter des solu-
des modes d’organisation de start-up, c’est-à-dire tions en boucles itératives et collaboratives. Ainsi,
à adopter un mode d’organisation temporaire qui émergeront les premières fonctionnalités produits
cherche à développer des modèles scalables et ren- et la réflexion sur leur mise sur le marché. SA3i,
tables. Cela requiert l’application d’une démarche PME spécialisée dans la réparation d’onduleurs
de questionnement itérative, dont la rigueur d’exé- multi-marques a, par exemple, intégré dans son
cution permet de créer un maximum de valeur avec processus de développement autant d’innovations
un minimum de risques financiers. L’émergence des techniques que d’innovation sur les modèles éco-
modèles est confirmée par la preuve des nouveaux nomiques. Celles-ci sont conçues et testées avec
concepts sur le marché. des clients proches et partenaires, afin de co-dé-
velopper une offre qui maximise la valeur créée. Une
La difficulté pour les industriels est de retrouver, fois le concept validé, les équipes commerciales
voire de créer, ces modes d’organisation, alors qu’ils sont formées et les processus industrialisés.
sont habitués à gérer des modèles économiques
établis. Pour réussir, il est donc nécessaire de « voir
grand, commencer petit, aller vite ». Aller vite.
Plus les itérations sont rapides, plus l’innovation est
Voir grand. intense. La vitesse permet d’acquérir de nombreux
retours d’expériences, de tester plus d’hypothèses,
Plus la vision est grande, plus les équipes sont de fonctionnalités et d’usages. La vitesse permet de
capables d’innover. Faire évoluer la « mission » d’en- pivoter un plus grand nombre de fois, c’est-à-dire
treprise permet cette ouverture, tout en guidant d’abandonner rapidement ce qui ne marche pas. La
les équipes vers une vision commune. C’est le cas vitesse d’exécution nécessite une grande autono-
de Michelin qui passe d’une activité de « vente de mie des équipes, des compétences-métiers et des
pneus », à une activité de « création de solutions capacités de leadership importantes. Une gouver-
durables pour la mobilité ». En se basant sur une nance spécifique peut ainsi être mise en place pour
méthodologie agile et rigoureuse, l’exploration de favoriser cette vitesse d’exécution.
nouveaux modèles économiques, technologiques,
industriels et de collaboration peut alors démarrer.
ENTRETIEN Quelle a été la vision de Vicat sur la cir- gisements de déchets. Cela peut se
cularité ces dernières années ? faire soit par des acquisitions ou des
partenariats, soit par le déploiement de
01 04
établies sans tenir compte des cycles d’usage
potentiels, l’approche « design to cost » est une
approche nécessaire mais minimale. Elle ne per-
met pas d’intégrer de façon systémique les enjeux Sécurisation des Intensification de l’usage des
nécessaires pour créer de nouveaux modèles opé- approvisionnements par un produits par une meilleure prise
rationnels circulaires et d’en explorer toutes les redesign ciblé des produits ; en compte des utilisateurs ;
opportunités.
02 05
Repenser le design des produits est central pour
permettre à l’industrie de pivoter vers l’économie
circulaire et repose sur 5 dimensions : le choix des
matériaux, l’usage des produits, leur durabilité, les Réduction de l’empreinte matière Amélioration des effets
consommations de ressources et leur traçabilité. et énergie sur l’ensemble de d’utilisation des produits sur
la chaîne de valeur, pouvant la santé par l’élimination des
Ces dimensions sont prises en compte sur l’in- aller jusqu’à des principes composants potentiellement
tégralité du cycle de vie du produit : ressources, régénératifs (amélioration toxiques et polluants.
transports, fabrication, usage du produit, maintien de la qualité des sols…);
en condition opérationnelle, réemploi et fin de vie.
La rentabilité résultante des choix de design est
03
mesurée à chaque choix critique et étape du projet.
Son pilotage, tout au long du cycle de développe-
ment, est nécessaire pour garantir la pérennité des
modèles circulaires. Compétitivité de l’offre par
l’amélioration de la valeur
perçue par le client : vente de
performance, services liés à la
durée de vie des produits, qualité
des produits, impact prix, image
de l’entreprise, expérience client
augmentée (histoire et empreinte
environnementale du produit) ;
Designer les produits au prisme de l’économie cir- 01. CHOIX DES MATÉRIAUX
culaire nécessite de faire un focus sur 5 dimensions • Intégration de matériaux gérés
dans la conception amont du produit. Ce design durablement ou bio-sourcés.
intègre l’ensemble du cycle de vie du produit. • Choix/substitution des matières critiques (sensibilité
prix, rareté, mono sourcing pays à risque…).
Les choix de design sont conditionnés par la straté- • Non toxicité des matériaux pour les phases de
gie de l’entreprise, l’acceptation client, la rentabilité fabrication, d’usage, de réemploi et de fin vie.
et la faisabilité technique.
04. RÉDUCTION
RESSOURCES
DES CONSOMMATIONS
(AMONT)
• Substitution des matériaux/
composants permettant un
sourcing local ou bas carbone.
• Réduction des quantités de matières
nécessaires à la fabrication du produit.
• Réduction des rejets, déchets
FABRICATION et consommations (énergie,
eau, consommables,…) en phase
de fabrication et d’usage.
• Réduction/élimination/
réemploi des emballages.
TRANSPORTS &
EMBALLAGE
05. TRAÇABILITÉ
DE BOUT EN BOUT
• Traçabilité de bout en bout :
matière, fournisseurs, sous
USAGE PRODUIT traitants, réemploi, composants…
• Intégration risque réemploi
de pièces critiques par
d’autres acteurs (sécurité,
image de marque…).
• Interopérabilité des données
(plans, composition des
MAINTIEN EN 04. RÉDUCTION matériaux, recyclabilité…).
CONDITION DES CONSOMMATIONS
OPÉRATIONNELLE (AVAL)
• Réduction des besoins et ressources
liées à l’entretien et à la maintenance.
• Utilisation du 4.0 : IA pour améliorer
l’efficacité d’utilisation…
RÉEMPLOI
FIN DE VIE
L’écoconception comme
approche intégrée
Principes de l’écoconception ENTRETIEN
Pouvez-vous nous présenter l’entre- le modèle autour en intégrant l’en- Quels sont les défis à relever pour
prise Soft’in, votre parcours jusqu’à semble des contraintes : marché, design, mettre en œuvre votre modèle
sa création et en particulier la gamme matières, procédés. circulaire ?
Ector ?
Quelles forces et quels leviers vous ont Pour commencer il reste un défi tech-
J’ai toujours travaillé dans la chaussure. permis de développer ce modèle ? nique. Pour Ector ce qu’on propose c’est
Il y a 10 ans, j’ai décidé de créer une de séparer la semelle de la partie textile.
structure qui propose une offre intégrant D’abord nous avons une expertise forte Il nous faut encore mettre en œuvre le
innovation, conception et respect de dans le milieu de la chaussure. Nous procédé le plus complexe : recycler la
l’environnement. En termes d’activités la avons commencé l’aventure avec ce partie textile. Nous sommes toujours en
structure réalise à la fois des études, de bagage métier et une capacité à réali- développement sur ce point. Mais nous
la sous-traitance pour d’autres marques ser des développements très pointus. sommes confiants et quoi qu’il arrive
et la réalisation de gammes en propre. Personnellement j’ai appris à faire des nous saurons à minima recycler le fil vers
Nous avons commencé par un produit chaussures entièrement à la main d’autres usages via le format de granu-
simple mais déjà inscrit dans l’économie lorsque j’étais jeune ! Nous continuons lés. Sur ce développement nous sommes
circulaire : des chaussons monomatière. d’ailleurs à valoriser cette expertise accompagnés par Eco-TLC.
Puis nous avons développé d’autres en direct en réalisant des études pour Un autre défi de taille, c’est le sourcing
gammes : chaussures en cuir, Ector. En d’autres marques. de fournisseurs locaux. Par exemple pour
2017 nous avons lancé ce dernier modèle la sélection d’un filateur nous n’avons
basé sur un procédé de tricotage. Ce Ensuite nous avons pu capitaliser sur un pas pu en trouver en France bien qu’il y
n’est pas le procédé qui est innovant certain benchmark technologique. Avant ait un projet en cours près de Lyon. On
(des grandes marques comme NIKE, de nous lancer nous avions déjà déve- en trouve maintenant en Espagne ou
ADIDAS l’ont déjà fait). La nouveauté loppé pour de nombreuses marques, et en Italie. Mais ce n’était même pas le
c’est de le faire en France. L’autre diffé- des segments produits très divers, par- cas il y a 7 ans… Il y a bien sûr d’autres
renciation c’est que le fil est tissé à partir fois sur des usages exigeants (sports sujets fournisseurs : il n’y a pas non plus
de plastiques recyclés et que ce fil est extrêmes) qui amènent à innover tech- de fabriquant de formes français par
détricotable et pourra donc être recyclé, nologiquement. Nous avons pu voir ce exemple.
rendant ainsi la chaussure… recyclable. qui se faisait dans d’autres pays (Europe,
Asie) et nous sommes restés curieux de Enfin notre principal défi… c’est le recru-
Quelle est votre vision de la circularité ? l’évolution des technologies. tement. On est sollicité tous les jours
pour produire. Les magasins sont venus
La circularité repose beaucoup sur le Un levier clef a aussi été d’aller chercher vers nous depuis le début et aujourd’hui
principe d’éco-conception. On aura des partenaires technologiques, certes ils nous demandent les bornes de col-
réussi quand tous les composants du locaux, mais qui initialement n’étaient lecte pour s’inscrire comme véritable
produit seront renouvelables et/ou pas dans le milieu de la chaussure (dans partenaires. Mais l’atelier ne peut pas
recyclables. La circularité c’est aussi le médical en l’occurrence). suivre car nous avons du mal à recruter,
une affaire de local : l’enjeux pour nous Et puis nous sommes restés exigeants former et conserver des collaborateurs
ça a été de monter un atelier en France sur le design. Pour réussir il fallait pro- spécialisés sur nos métiers. Notre métier
et d’adapter des procédés en trouvant poser un produit de mode et un produit est proche de la maroquinerie. Et nous
des partenaires locaux pour fabriquer et confortable. On ne peut pas faire un collaborons donc avec des acteurs
recycler en France. produit en revendiquant simplement comme le centre technique du cuir basé
l’aspect circulaire. Il faut avant tout qu’il à Lyon. Mais ça consomme un temps
Suivant les gammes nous agissons sur plaise. C’est ce qui nous permet un considérable. Récemment nous avions
différentes boucles de circularité. Il y positionnement juste sur le marché, qui fortement contribué à un cursus mul-
a un premier effort sur la durée de vie équilibre notre modèle économique. ti-entreprises pour former 12 piqueuses.
des produits (elle est au-dessus de la Sur la cohorte seulement 4 sont restées,
moyenne pour nos chaussons). Nous Enfin nous avons conçu notre produit et la nôtre est partie. Il y a une concur-
favorisons aussi la réparation (pour nos en pensant d’entrée de jeu à la solu- rence certaine avec des acteurs de la
chaussures en cuir le choix d’une semelle tion industrielle. L’éco-conception est maroquinerie qui bénéficient d’une meil-
plate permet le ressemelage). Et enfin la aussi là pour simplifier les process ce leure image auprès des collaborateurs
gamme Ector pour laquelle on ne peut qui nous permet de maitriser les coûts. (secteur du luxe, taille des groupes). En
pas ressemeler, s’appuie sur le recyclage. Pour le concept de recyclage nous avons plus de l’aspect financier, il y a bien la
Quant à la dynamique, aujourd’hui il pu éprouver en amont la faisabilité question de valorisation de notre métier
nous semble capital d’avancer ! Dans technique dans le cadre d’un projet de et des métiers de production en général.
des groupes, il est parfois difficile de ne développement avec Eco TLC (éco-or-
pas être freiné par les aspects marke- ganisme des textiles d’habillement) dont
ting, commercial et en général l’aversion l’objet était de concevoir la première
au risque sur la rentabilité. C’est pour ligne de recyclage de chaussures en
ça que nous avons lancé notre propre Europe.
marque. Nous sommes partis d’une
vision sur la circularité et avons monté
69+31+Y 31+69+Y
Les démarches d’écoconception s’appuient sur
l’analyse du cycle de vie des produits (ACV). L’ACV
est une méthode d’évaluation des impacts d’envi-
ronnementaux d’un produit ou d’un service. L’analyse
inclut l’ensemble des activités, de l’extraction des
matières premières au dépôt et traitement des
69% 31%
déchets, en intégrant les flux physiques de matière
et d’énergie associés aux activités humaines.
L’ACV permet de comparer plusieurs solutions ACV non réalisée ACV réalisée
entre elles afin de choisir la moins coûteuse d’un
point de vue environnementale grâce à une ana-
lyse multicritères. L’ACV permet également de tenir
compte de transferts de pollution potentiels dans la TAUX D’UTILISATION DE L’ACV
comparaison de 2 scénarios alternatifs. SELON LA TAILLE DES ENTREPRISES
21+79+Y 44+56+Y
Par exemple, SEB réalise des analyses de cycles de
vie pour 75% des familles produits définies comme
significatives en termes d’impact environnemental.
21% 44%
Les ACV permettent d’établir des profils environ-
nementaux des produits en mesurant les différents
impacts des produits (étape du cycle de vie avec
le plus d’impact, ressources nécessaires pour faire
fonctionner le produit, leviers pour réduire l’im-
pact sur le climat et les ressources). Cela permet
d’orienter les recherches afin de réduire l’empreinte Startup & PME ETI & Groupes
écologique des produits.
20%
0%
1 2 3 4
Une approche connue mais encore peu DEGRÉ D’APPLICATION DES LEVIERS DE L’ÉCOCONCEPTION
étendue dans les entreprises PAR ENTREPRISE
au sein des équipes marketing et commerciales 44% Intégration de matières issues du recyclage
37% Intégration de matières non polluantes
(épure de l’emballage pour permettre un recyclage
17% Substitution de matières non renouvelables et/ou rares
maximum en fin de vie), et la garantie d’une renta- 22% Intégration de matières exploitées de manière durable
bilité industrielle.
3
ronnementaux dans les jalons de développement, la
formation, le décloisonnement de l’entreprise, une Durabilité des produits
approche « open data » et l’interopérabilité des Réduction des consommations
données produits, sont les principaux facteurs clés Choix des matériaux
de succès. Ils permettent d’intégrer le design des
produits au cœur de la stratégie de circularité des
entreprises.
+122461P
ENQUÊTE
Inspiration de recettes
ENTRETIEN aboutis que nous mettons sur le mar- Le Groupe a donc décidé d’élaborer un
ché s’inscrivent dans cette lutte contre modèle d’économie de fonctionnalité
le gaspillage alimentaire, via des écrans en 2018. Son objectif était d’allonger
L’emballage,
un composant symbolique
à fort impact
L’emballage est une composante essentielle de Agromousquetaires innove également en commer-
l’empreinte des industriels. Si l’emballage pèse sou- cialisant une bouteille en 100% PET (PET recyclé)
vent moins de 5% dans le bilan carbone, son impact opaque, démontrant la possibilité d’un recyclage
matière est significatif. En effet, la performance de en boucle fermée du contenant. Une bouteille
recyclage des matériaux est encore variable. Par triée redevient une bouteille. Le projet est réalisé
exemple le taux de recyclage est d’environ 70% pour avec la Laiterie saint-Père (unité de production
les cartons et de 24% pour les plastiques en France, d’Agromousquetaires). Côté emballage, un procédé
d’après les chiffres Citeo 2019. Les conséquences permet de supprimer le suremballage plastique du
sur l’environnement sont non-négligeables : d’après produit ainsi que la barquette en plastique, rempla-
Veolia, moins de 10% des déchets plastiques sont cée par une barquette composée à 75% de carton
recyclés dans le monde et 8 millions de tonnes labellisé FSC (label environnemental qui certifie que
finissent dans l’océan chaque année, avec des le bois provient de forêts ou des plantations gérées
conséquences néfastes pour la biodiversité. de manière responsable et durable), dont 70% de
Par ailleurs, l’emballage véhicule l’image de marque carton recyclé. Cette technologie réduit de moitié
et les valeurs de l’industriel. Il a donc une valeur l’utilisation de plastique vierge. L’enseigne s’engage
symbolique importante. Agir en amont sur la chaîne à atteindre 100% d’emballages recyclables, réutili-
de valeur pour être plus responsable sans agir sur sables ou compostables à domicile d’ici fin 2025.
son emballage peut être contreproductif.
Quant à Valrhona, l’entreprise a lancé en 2020 un
Plusieurs leviers sont possibles pour inclure l’embal- projet « come bac », dont le principe est de rem-
lage dans les démarches de circularité. Parmi eux : placé les emballages à usage unique de ses produits,
en aluminium et en plastiques, par une livraison en
• L’élimination des emballages tout en préservant vrac dans des bacs réutilisables grâce la mise en
l’expérience client et les besoins de protection et place d’une logistique inversée.
de transport des produits (réduction des quantité
d’emballage, élimination du polystyrène,…).
• La réutilisation des emballages (recharges, bacs Agir en amont sur la chaîne
réemployables…).
• L’amélioration de la recyclabilité des emballages et de valeur pour être plus
des matériaux (plastiques translucides ou bio-sour-
cés, matériaux compostables, élimination des colles responsable sans agir sur
et des colorants).
son emballage peut être
Leur réalisation dépend notamment de la faisabilité
technique (coût, sourcing, contraintes sanitaires) contreproductif.
et marketing. Par exemple, passer à des bouteilles
translucides pour augmenter leur recyclabilité pré-
sente encore des freins liés à la perception client.
L’analyse de cycle de vie est indispensable pour
éviter des transferts d’impact. Selon les filières,
le remplacement de matériaux par d’autres
matériaux peut générer de nouveaux impacts
environnementaux.
ENTRETIEN viandes où depuis des générations, l’on perçues par le grand public. Elles pour-
cherche toujours à valoriser la matière raient pourtant constituer un critère
avec un savoir-faire très riche et une différenciant pour nos clients en quête
Principes et composantes
des modèles industriels
circulaires
L’étude réalisée auprès des entreprises les plus avancées dans leur transition montre que les modèles
industriels circulaires reposent sur 2 grands principes : la création de chaînes de valeur multi-locales et la
nécessité d’ouvrir son modèle sur toute la chaîne de valeur par la mise en place d’écosystèmes collaboratifs.
Les chaînes de valeur globales et clusterisées sont repensées Pour pouvoir faire circuler la matière au maximum et déployer
pour faire circuler le plus localement possible la matière grâce les modèles à grande échelle, la mise en place d’écosys-
à 3 composantes. tèmes collaboratifs est nécessaire et repose également sur 3
composantes.
1 - Flux industriels circulaires & décarbonés
Les flux industriels sont circulaires. Ils sont découplés de 4 - Interfaces étendues
l’usage de matière première vierge au maximum. Ils permettent L’industrie circulaire s’inscrit dans des territoires qui per-
l’intégration de matières recyclées ou bio sourcées et le réem- mettent de recomposer les chaînes de valeur (filières de
ploi des produits, des composants et des matériaux grâce à la réemploi, demande locale, savoirs faire,…). Elle s’appuie sur le
mise en place de logistiques inversées. Les ressources natu- développement d’interfaces étendues avec des fournisseurs,
relles utilisées sont gérées durablement. clients, partenaires,… pour réaliser son modèle et avec qui elle
partage la valeur créée.
2 - Empreinte locale
Les flux circulaires ainsi créés trouvent un équilibre dans une 5 - Open data et interopérabilité
empreinte locale, qui dépend des gisements, de leurs coûts de Les données sont ouvertes sur l’ensemble de la chaîne de
traitement et du marché. Il peut être très local (une ville) ou valeur pour permettre l’interopérabilité des boucles de réem-
très étendu (plusieurs régions). ploi et le ramp up du modèle, du local au multi-local.
• Les flux permettent à chaque • L’empreinte industrielle du modèle industriel • Le modèle « unitaire » de flux
étape de la chaîne de valeur de unitaire correspond au périmètre minimal circulaires et décarbonés est pensé
créer des boucles de circularité. nécessaire pour collecter les gisements by design pour être répliqué.
• La création de valeur est découplée au et monter une unité de transformation • Plutôt que s’étendre pour devenir un
maximum de l’utilisation de matières vierges. rentable, le tout dans un marché donné. flux global multi-pays, il est répliqué dans
• Par une refonte de la stratégie • La taille du « cercle » de réalisation d’autres régions et devient multi-local.
d’approvisionnement, voire du du modèle peut se limiter à une micro- • Pour réussir, les conditions de réalisation
design des produits, les flux sont usine sur des approvisionnements des flux (demande client, existence de
sécurisés et décarbonés. « 0 km » ou s’étendre sur plusieurs pays, filières locales de gisement, réglementation,
• L’usine est exemplaire dans une selon les flux matières et produits. savoir faires…) sont réétudiées
approche de symbiose industrielle. • Le modèle circulaire trouve un équilibre (adaptation du modèle) ou développées
• Les opérations sont étendues jusqu’au local et résilient de fonctionnement. localement (création du modèle).
client pour proposer des services et • La gouvernance est également
développer la logistique inversée. distribuée pour favoriser l’agilité. Les
R&D sont proches des gisements et de
l’industrialisation des capabilités, les
équipes marketing se rapprochent des
clients pour capter les spécificités locales.
Ecosystèmes collaboratifs
• Les interfaces étendues de • La traçabilité des matières, composants et • L’innovation est au cœur du
collaboration sont développées produits est mise en œuvre pour permettre design des nouveaux modèles :
sur toute la chaîne de valeur. la gestion des flux plus complexes. connaissance des matériaux, éco-
• Des partenariats sont établis en amont • Les données techniques sont conception, procédés industriels…
pour développer la renouvelabilité des partagées (mise à disposition des plans, • La « dé-R&D » permet d’industrialiser
ressources et ré-intégrer des matières composition, recyclabilité…) et les boucles les flux de réparation et de « dé-
recyclées dans les processus. de circularité sont rendues possible fabrication » des équipements.
• Des symbioses industrielles sont par l’interopérabilité des données. • L’expertise technique et matière est
développées localement pour valoriser les • Les produits sont connectés et permettent capitalisée et valorisée. Les savoir-faire
matières et énergies issues de la fabrication. par le partage des données clients de manuels reviennent dans les cœurs d’usine.
• Les produits sont co-développés avec développer l’économie de fonctionnalité, la Plus largement, l’industrie locale devient
les clients et le modèle industriel tisse maintenance prédictive... La durée de vie des polyvalente à l’échelle des flux circulaires
des liens étendus jusqu’aux utilisateurs. produits et leur performance est augmentée. créés. L’industrie n’est plus clusterisée.
• Compétences, flux matières, • Les nouveaux modèles économiques
commande publique… les flux sont et industriels sont enseignés et les
ancrés dans les territoires. acteurs industriels comprennent le
potentiel lié au changement.
COMPOSANTE 1
4
Diagnostic et
réparation des
En parallèle l’onduleur FILIÈRE CEV onduleurs sur
3 est envoyé sur le site de RECYCLAGE SITE DE PRIVAS le site de
Privas pour être réparé Privas
Stock
onduleurs R&D GROUPE
à réparer
PLM –
RÉPARATION RÉPARATION RETROFIT
CARTE ONDULEUR
PRODUIT*
SITE CLIENT ÉLECTRONIQUE
1 1ère boucle de FILIÈRE
réparation sur site RECYCLAGE
par une équipe locale
REMONTAGE
ET TEST
Stock
onduleurs
réparés
EMBALLAGE PEINTURE
Si la réparation n’est
2 pas concluante un
onduleur déjà réparé est
envoyé pour garantir la
continuité d’exploitation
au plus tôt * Ajout des évolutions « critiques » (ex.
sécurité) manquantes entre la version client
et la dernière version de l’onduleur.
PLM = Product Lifcycle Management
Les réparateurs nous permettent éga- Ensuite nous capitalisons sur les
lement de beaucoup mieux connaître gammes de réparation, nomenclatures
nos produits. Ils nous remontent l’en-
semble des pannes rencontrées. Cela
représente 550 000 pannes par an.
Nicolas des composants et bibliothèques tech-
niques. Ceci nous permet de gagner en
efficience et agilité sur des prestations
Grâce aux campagnes réalisées, nous
avons pu augmenter le nombre réel de
pannes réparées. En baissant le prix de
Reyre qui couvrent plus de 25 000 références
(onduleurs et pièces).
Gérer la compétence pour réaliser ces
nos pièces de rechange, nous avons pu Directeur général SA3i gammes est également clef. Notre
augmenter les ventes. Enfin, nous avons équipe d’une trentaine de techniciens
tenons compte des retours des répa- Sur quels chantiers êtes-vous actifs est recrutée et formée en continu pour
rateurs pour faire des modifications sur aujourd’hui pour proposer une offre couvrir l’ensemble toujours plus grand
nos lignes de production. Le nombre toujours plus circulaire/verte ? des opérations possibles. En pratique
d’amélioration apporté a été multiplié par nous disposons d’une hotline pour aiguil-
2 et nous a permis d’allonger la durée de Premièrement nous continuons à agir sur ler chaque opération vers les experts
vie de nos produits et de rétro-conce- notre métier cœur en nous organisant adéquats. Et sous la forme d’un « SA3i
voir nos produits, en apportant de vraies pour aller plus loin dans les réparations. Lab » nous améliorons, étoffons et diffu-
améliorations sur les nouveaux produits. Typiquement sur les cartes électroniques sons en continu le REX sur les gammes.
Grâce à des indicateurs et une vraie visi- nous avons dédié un espace « Écono- Sachant qu’il faut entre 2 et 3 ans pour
bilité, nous mesurons réellement notre mie Circulaire » dans l’atelier avec une former un expert !
impact. personne dédiée experte dans la répa-
Pour que cela fonctionne, nous conce- ration de cartes et le reconditionnement
vons notre réseau de réparateurs d’onduleurs.
comme une filière intégrée. Nous les for- Pour le volet reconditionné l’effort
mons régulièrement, nous partageons principal porte aujourd’hui sur la com-
nos vues éclatées, nous avons un logiciel munication de l’offre et ses avantages
commun. Nous ne faisons pas d’échange, auprès de nos clients : moins cher et
nous réparons les appareils. Cela per- plus éco-responsable. Il s’agit de former
met de garder une compétence locale, nos commerciaux, convaincre et com-
réduire notre empreinte carbone et de muniquer sur le terrain.
réduire les délais. Le délai de réparation Un autre axe est l’intégration dans nos
est de 5 jours environ et nous nous enga- offres de machines « Green Premium »
geons à livrer les pièces de rechange en Schneider Electric vers plus d’effica-
24h. Pour cela nous développons une cité énergétique et la limitation de notre
vraie stratégie de stockage et utilisons impact Carbone et de celui de nos
des technologies d’impression 3D pour clients.
certaines pièces. Enfin nous cherchons à développer un
mode d’économie de la fonctionna-
Comment procédez-vous pour répli- lité. Le leasing est une porte d’entrée.
quer votre modèle à l’international ? Grace notamment à la cellule de finan-
cement du groupe nous soutenons en
Les boucles d’économie circulaire ne ce moment ce projet. La durée de vie
sont pas possibles dans tous les pays, d’un onduleur est de 10 à 20 ans. L’enjeu
on doit recréer les écosystèmes locaux à pour nos clients sera de lisser cet inves-
chaque fois. Cela fait le charme du métier tissement. Malheureusement ils ne sont
mais c’est aussi une limite pour accélérer pas encore tous structurés en termes de
une mise à l’échelle mondiale de notre budget pour répondre à ce genre d’offre…
modèle. Monter des filières REP (Res-
ponsabilité Élargie des Producteurs) de Quels sont les forces déterminantes
façon volontaire est parfois impossible. de votre modèle industriel pour garan-
tir une offre reconditionnée ?
Isabelle
03 04 Ribis
Une sécurisation Un modèle industriel Directrice du Développement
des approvisionnements plateforme de modèles Commercial de l’Unité
• La traçabilité permet de connaître pré- économiques d’Affaires Économie
cisément sa supply chain amont. Les • La capacité à produire localement et de Circulaire de la Branche
performances environnementales et façon décarbonée devient un avantage Services-Courrier-Colis
sociétales des fournisseurs sont connues compétitif, en B2B comme en B2C. chez Le Groupe La Poste
et l’entreprise peut commencer à « déris- • La maîtrise du recyclage de matériaux
quer » ses approvisionnements. permet de proposer une offre moins
• La relocalisation des approvisionne- chère aux clients par rapport à un usage
ments permet de raccourcir les flux et les de matières premières vierges dont les
délais. La proximité avec les partenaires prix sont volatiles.
permet une collaboration accrue pour • L’intégration de la réparation et du recy-
améliorer la qualité et la rentabilité et clage dans la chaîne de valeur permet
développer de nouveaux modèles. d’étoffer les gammes produits et d’expé-
• Le réemploi, le recyclage et l’introduction riences client.
matériaux bio-sourcés permettent de • Le réseau physique de proximité avec
lever le risque sur des matières premières les clients permet de multiplier les
devenues critiques (rareté, risque géopo- boucles de logistique inversée et donc
litique, monopole). les opportunités de nouveaux modèles
économiques.
Quelle est votre vision de la circularité ? tailles sur l’ensemble du territoire et en logistique de proximité est clé pour
Quels moyens d’action déployez-vous l’étendant aux 5 flux (papier, métal, plas- déployer l’économie circulaire. Or elle a
pour la mettre en œuvre ? tique, verre et bois). Cela a conduit à la un coût, d’autant plus lorsqu’elle porte
création de la filiale Recygo. Une seconde sur des petites quantités éparses, et avec
La question des ressources, et plus lar- filiale, Nouvelle Attitude, travaille de pair des besoins de contenants adaptés (par
gement la transition écologique et avec Recygo en s’occupant du tri des exemple pour les cartouches d’encre
énergétique, est donc un enjeu essentiel papiers de bureaux (par exemple à l’As- usagées). Pour s’intégrer dans les sys-
pour le Groupe La Poste. C’est même une semblée Nationale ou dans les bureaux tèmes logistiques avec un bon équilibre
des quatre transformations sociétales de la région Sud-Ouest). C’est une entre- économique, on ne peut pas développer
stratégiques (avec la transition territoriale, prise d’insertion : en 2019, 124 personnes un contenant pour chaque type d’objet :
la transition démographique et sociale et ont été accompagnées. il faut trouver des contenants standards.
la transition numérique) qui sous-tend la Et cette capacité de reverse logistique, Les difficultés actuelles de la filière
stratégie du Groupe. Étant donné notre nous la mettons au service d’autres opé- papier montrent bien que la viabilité de
maillage territorial extrêmement dense rateurs de l’économie circulaire :
La Poste l’économie circulaire est clé dans son
et notre statut d’entreprise au service de preste par exemple pour les éco-or- déploiement. D’une part, les entreprises
l’intérêt général, c’est une transition qui ganismes des filières REP déchets et collectivités souhaitant s’approvision-
simultanément nous oblige à être exem- d’équipements électriques et électro- ner en papier recyclé en France, font face
plaire, voire précurseur, dans l’impact de niques (DEEE). Ainsi, les particuliers à une quasi-absence d’offre. La loi AGEC
nos activités historiques, mais c’est aussi peuvent poster simplement leurs anciens introduit un pourcentage d’utilisation
une formidable opportunité de mettre téléphones mobiles pour qu’après dia- de matériaux recyclés, d’une part dans
cette présence territoriale humaine et gnostic ils soient réemployés ou recyclés. les achats publics, d’autre part dans les
logistique au service de la transforma- Nous intégrons aussi les prestations de produits. Nous nous interrogeons sur la
tion de nos clients et de chaque territoire, reverse logistique dans nos offres de capacité du marché européen à répondre
pour transformer le Groupe La Poste et logistique urbaine, en récupérant auprès à l’augmentation de la demande que
répondre aux enjeux de la baisse struc- des commerçants de centre-ville, qui cette évolution réglementaire induira.
turelle des volumes de courrier. rencontrent des problématiques de En parallèle, vu la tension sur le marché de
place très fortes, leurs emballages de la filière papetière en France, les débou-
Comment la reverse logistique est un livraisons (exemple de la filiale Urby). En, chés en aval de la collecte de papier
élément de développement pour le nous sommes aussi partenaires de Nes- usagé sont de plus en plus restreints.
Groupe ? presso pour organiser la récupération La fermeture de papeteries a obligé nos
des capsules usagées chez ses clients filiales Recygo et Nouvelle Attitude à
À l’échelle du groupe, beaucoup d’ap- entreprises ou d’autres opérateurs de la trouver de nouveaux débouchés pour les
plications de l’économie circulaire sont grande consommation pour l’échange de matières qu’elles collectent et trient. La
déployées. Elles sont de formats diffé- consommables (cartouches d’air com- fabrication d’ouate de cellulose est par
rents. Parfois, il s’agit d’expérimentations primés...) au domicile des particuliers et exemple une voie de recyclage de ces
conduites localement et dont la durée faciliter leur réemploi. matières, naissante, qui a besoin d’être
est limitée dans le temps, parfois les À noter aussi, nous accompagnons des mieux connue. Faire émerger et soutenir
expérimentations sont déployées à une start-ups comme Capillum qui pro- des filières industrielles résilientes est clé
large échelle. pose la récupération de cheveux auprès pour continuer à proposer des presta-
Un des éléments clés de la circularité de coiffeurs et coiffeuses pour diverses tions de collecte du papier usagé à coût
est la logistique, et plus particulièrement formes de recyclage. Les pratiques de acceptable, tout en maintenant et créant
la reverse logistique que nous mettons consommation évoluent et nous tâchons des emplois locaux dans les activités de
au service de nos clients. Et comme par de nous y adapter. Par exemple, les collecte, tri, et recyclage.
l’ensemble de nos tournées de distri- consommateurs sont de plus en plus
bution, de collectes, de livraison, nous désireux de louer du matériel électro-
passons et nous arrêtons presque tous ménager. Nous étudions la possibilité de
les jours sur les sites des entreprises, des réaliser un POC avec le groupe SEB, qui
commerçants, des artisans. Et il nous propose des offres de location, dans le
a semblé naturel et évident de mettre cadre de notre conciergerie de quar-
à disposition ces moyens logistiques tier « Place des Services ». Les matériels
pour développer le recyclage de ces pourraient être déposés dans des
entreprises. consignes automatiques La Poste, pour
Nous avons donc développé dès 2012 faciliter la logistique.
un service de collecte par le facteur de
papiers et de cartons de bureaux usagés, Justement, la contrainte économique
pour alimenter les filières de recyclage est-elle forte pour déployer l’économie
de ces matériaux. Depuis 2018, le Groupe circulaire ?
s’est associé à Suez pour déployer plus
encore le service en combinant le savoir- L’application de l’économie circulaire
faire industriel de Suez et notre expertise doit être viable économiquement. La
à collecter des entreprises de petites logistique et plus particulièrement la
FOCUS
pratiquent le investissent dans adressent
Évolution du cadre réglementaire recyclage des la performance la question
déchets énergétique des rejets
Depuis 10 ans, des réformes viennent
encadrer la gestion des flux, notamment
énergétiques et des déchets. Par le levier de
la contrainte réglementaire, les entreprises LEVIERS CŒURS D’USINE MIS EN PLACE
industrielles ont donc largement amélioré leurs
pratiques, en termes de gestion des déchets
et d’efficience énergétique. Par exemple : 86% Recyclage des déchets
61% Performance énergétique
1972 : adoption du principe fondateur de 54% Prévention des déchets
« pollueur-payeur », par l’OCDE (Organisation 49% Réduction/traitement des rejets
de coopération et de développement 34% Valorisation énergétique
économique) qui vise aussi à faciliter la
récupération des matériaux, éléments
ou formes d’énergie réutilisables ; Cœur d’usine
1976 : création du principe d’ICPE
(Installations Classées pour la
Protection de l’Environnement) ;
1992 : parution de la loi imposant le
recyclage des déchets désormais
considérés comme un gisement d’énergie
et de matières premières que l’on n’a plus
le droit de gaspiller, ni de détruire ;
2005 : mise en place du dispositif des
certificats d’économies d’énergie (CEE) ;
2015 : parution de la loi relative à la transition
énergétique pour la croissance verte
adoptée et décret dit « 5 flux» qui impose
aux acteurs économiques d’organiser
la collecte séparée des déchets.
En travaillant à la fois sur la performance matière AU-DELÀ DES CŒURS D’USINE, TRANSFORMATION DES CHAÎNES DE VALEUR
et la performance énergétique, les industries ont
dégagé des leviers de rentabilité et réduit leur
impact sur l’environnement. Indispensables, ces 47% Réduction des stocks en maitrisant les délais
46% Changement de sous-traitants/fournisseurs
actions permettent également de rendre l’industrie
25% Intégration matière/énergie durable
attractive dans les territoires. 22% Relocalisation de la chaine de valeur
27% Empreinte industrie distribuée, proche des clients
En intégrant l’environnement à son programme 10% Mise en place de logistique inversée
d’excellence opérationnelle appelé WCM (World
Class Manufacturing), le groupe Saint-Gobain a pu
réaliser près de 310 millions d’euros de réduction Amont
des coûts par rapport à 201829, tout en réduisant Aval
ses émissions de CO2 de 14,5%, ses prélèvements
de matières premières (sable, gypse) de plus de 8
millions de tonnes et ses déchets non valorisés de
11,5% (par rapport à 2010). Chez Michelin, la consom-
mation d’énergie par tonne de produits finis a été
diminué de 17,2% et les émissions de CO2 des sites
industriels réduites de 24,8% sur la période 2010-
2019, tout en réalisant des gains de compétitivité de Les industriels ne sont pas encore dans une
260 millions d’euros en 2019 par rapport à 201830. approche de supply chain « multi-locale » :
Valrhona a beaucoup œuvré pour réduire son • 22% se lancent dans la relocalisation
impact carbone. Depuis 2013, les émissions ont de leurs chaînes de valeur,
été réduites de 60% grâce à des projets de gestion • 27% ont une empreinte distribuée à proximité des client.
de la chaîne du froid, la mise en place d’une chau-
dière biomasse chauffée avec les coques de cacao,
le changement des systèmes d’éclairage et des LIEN ENTRE IMPACT DES LEVIERS DE CIRCULARITÉ
actions de changement de comportement à desti- ET PÉRIMÈTRE DE TRANSFORMATION
nation des collaborateurs. L’objectif est maintenant
d’atteindre la neutralité carbone sur les scope 1, 2 et
3, en dépassant le cœur d’usine. Mise en place
62%
de stratégie de
logistique inversée 14%
Pour la plupart des entreprises les bénéfices pla-
fonnent car les transformations du cœur d’usine
demeurent des optimisations d’un modèle linéaire. Relocalisation de
46%
la chaine de valeur
L’enquête révèle qu’une très faible proportion
d’entreprises active des leviers de reconfiguration 14%
Les typologies
de freins rencontrés
Organisation, chaîne logistique, réglementation, Parmi ces freins, certains touchent tous les indus-
demande et rentabilité : les freins rencontrés par les triels interrogés, quand d’autres n’en concernent
industriels pour pivoter vers l’économie circulaire qu’une frange. En effet, selon leur taille et leur niveau
et l’inscrire dans leur stratégie sont de plusieurs de maturité, les industries sont plus ou moins sen-
natures. Organisation et chaîne logistique ont trait sibles à certains effets.
à la structure interne de l’entreprise, tandis que
la réglementation et la demande sont des freins
externes et liés au cadre systémique. Enfin, la ren- ENQUÊTE
tabilité est un frein de nature à la fois interne et
externe : influencé par le modèle économique de Organisation, chaîne logistique, réglementation, demande,
l’industrie mais également conditionné par les sou- rentabilité : les freins rencontrés par les industriels pour pivoter
tiens comme des financements privés ou encore la vers une industrie circulaire sont de 5 natures. Si certains freins
commande publique. sont rencontrés par tous les industriels, d’autres sont plus
sensibles à la taille des industriels et leur degré de maturité.
Part des entreprises qui considèrent le sujet <20% 20-40% 40-60% >60%
comme un frein fort ou un point bloquant :
• Manque de débouchés
des sous-produits
ENTRETIEN sommes certifiés ISO 14.001. Nous avons fréquents. Ce modèle existe pour les
conçu notre 2ème plateforme technique machines de tests sanguins en revanche,
avec une approche d’écoconcep- avec des volumes de dizaines de milliers
Les freins
à l’investissement
et à la pérennisation
• Capacité d’investissement • Rentabilité de l’offre
insuffisante et risques financiers
Après avoir maintenu 200 emplois à Privas en
Le pivot vers la circularité est freiné par des risques transformant une usine de fabrication d’onduleurs
liés aux financements. Pour déployer une offre -vouée à être délocalisée - en un centre mondial de
d’économie de fonctionnalité par exemple, Super- réparation, CEV tente de répliquer cette transfor-
sonic Imagine doit faire preuve de flexibilité. En effet, mation. Or, un frein majeur réside dans la rentabilité
la vente d’un usage demande de financer en amont de la main d’œuvre liée au diagnostic et à la répa-
le produit avant de bénéficier de revenus répar- ration. Activités intensives en main d’œuvre, le coût
tis dans le temps. L’entreprise doit donc disposer du travail pour les opérations de diagnostic et de
d’un capital financier important (une capacité d’in- réparation peut en effet constituer un frein à l’em-
vestissement suffisante) et/ou travailler avec des bauche de collaborateurs. Ainsi, des équipements
partenaires financiers fiables. techniquement réparables en France ne peuvent
l’être, faute d’un modèle rentable, et des équipe-
ments neufs sont produits à la place, dans des pays
• Difficulté à engager des investisseurs low cost.
Pour Etnisi, startup en pleine croissance, l’accès Supersonic Imagine rencontre le même type de
à l’investissement est complexe. La capacité de frein, que peuvent partager les autres industries. Il
financement est limitée par un profil d’investis- concerne la rentabilité du modèle économique d’un
sement évalué « à risque ». Cet effet est renforcé paiement unitaire : l’usage de leur plateforme écho-
par l’accumulation de facteurs négatifs : l’industrie graphique n’est pas assez fréquent pour garantir
est peu valorisée (par opposition à des initiatives une bonne couverture des frais.
dans la « tech ») en général, l’entreprise est jeune,
la preuve que le produit circulaire sera plus perfor-
mant que l’existant doit être amenée.
Pour permettre un passage à l’échelle des modèles circulaires et exploiter le plein potentiel
de leurs bénéfices, il est nécessaire pour les entreprises de trouver des voies
de mise en mouvement.
Mise en mouvement en interne d’une part, qui permet de prendre conscience des
risques et des potentiels et de s’engager dans une transformation de l’entreprise. Mise
en mouvement du cadre environnement d’autre part, par une adaptation des cadres
réglementaires et fiscaux, une transformation des comportements et un accompagnement
des entreprises. Objectif : permettre aux entreprises de réaliser un pivot, en tenant compte
de la rentabilité de l’opération et des externalités négatives des modèles linéaires.
Directeur du développement blocages opposés à la diffusion de la Quels leviers déployer dans les pro-
chez FGWRS (Firmus Grey technologie ? chaines années ?
Water Recycling System)
À ce jour, FGWRS a installé un démons- Jouer sur les différents leviers d’action
trateur de son procédé dans un hôtel publique pour amorcer un véritable
monégasque, au sein duquel sont récu- changement de modèle autour de la res-
pérées les eaux grises de 4 chambres source en eau.
qui sont traitées et renvoyées vers un Tout d’abord mieux informer utilisateurs
condenseur de vapeur. Le Ministère de la et maîtres d’ouvrage sur les bénéfices
Santé monégasque fait pleine confiance liés à la réutilisation des eaux grises.
à la technologie FGWRS et suit le projet Environ 80% des eaux grises des bâti-
pour le documenter. FGWRS va égale- ments peuvent être récupérées (seules
ment équiper le pavillon monégasque les eaux de cuisine et les eaux vannes
pour l’exposition universelle à Dubaï en sont évacuées). Après traitement, cela
2021 et 2022. représente une économie d’environ
En France, FGWRS a récemment équipé 50% d’eau potable. Des communica-
les vestiaires d’entrainement des ten- tions ciblées doivent être menées pour
Pourriez-vous nous décrire en nis Jean Bouin pour le tournoi de Roland démontrer l’intérêt de la technologie,
quelques mots quelles sont les activi- Garros. Les eaux grises ont été récupé- notamment dans les zones de stress
tés de FGWRS ? rées pour alimenter les chasses d’eau. hydrique. L’eau est trop souvent un sujet
La réglementation française actuelle oublié, notamment en ce qui concerne la
Entreprise monégasque créée en 2017, ne permet pas de procéder à une réu- durabilité des bâtiments.
FGWRS déploie une solution de trai- tilisation des eaux grises au sein des Les acteurs publics ont souvent un rôle
tement et de réutilisation in-situ des bâtiments, c’est la raison pour laquelle d’exemplarité à faire valoir à travers la
eaux grises à l’échelle du bâtiment. Nous cette dernière opération a nécessité une commande publique. La solution pourrait
utilisons une technologie déjà éprou- autorisation spécifique. ainsi être déployée au sein de bâtiments
vée, développée par l’entreprise Firmus FGWRS travaille de concert avec les publics ou d’écoquartiers. À l’image
France pour l’Agence Spatiale Euro- autorités publiques, et également avec de l’opération pilote conduite à Roland
péenne (ESA) et notamment déployée des associations influentes telles que Garros, FGWRS peut équiper certaines
depuis une quinzaine d’années au sein l’INEC, pour convaincre du bien-fondé installations des JO 2024, dans la lignée
de de la Station de Recherche Fran- de sa démarche, et faire évoluer positi- de leur politique résolument durable.
co-Italienne Antarctique Concordia. vement la réglementation. La technologie a également vocation à
Le modèle que nous proposons intègre L’aspect économique est souvent cité être intégrée au sein de dispositifs de
pleinement les principes de l’écono- par les donneurs d’ordre comme un financement et d’incitation préexistants
mie circulaire. Les eaux grises usées frein au développement. La techno- (fonds chaleur/économie circulaire, cer-
sont traitées par le biais d’un procédé logie FGWRS bénéficie d’un temps de tificats d’économie d’énergie, crédits
membranaire de haute performance et retour sur investissement qui n’entre pas d’impôts, etc.).
peuvent être réutilisées pour tout type toujours dans les critères actuels d’in- Bien sûr, dans une approche dynamique
d’usage. Les calories des eaux grises vestissement immobilier. et sans attendre l’impulsion de la puis-
traitées sont également valorisées par Le prix actuel de l’eau, qui ne prend pas sance publique, FGWRS échange d’ores
transfert thermique. Elles servent en nécessairement en compte les coûts de et déjà avec des investisseurs et par-
premier lieu au préchauffage de l’eau renouvellement nécessaire des réseaux tenaires d’envergure, pour lesquels la
chaude sanitaire. ou de pompage dans des réserves de solution FGWRS s’inscrit dans le sens de
Au-delà des démonstrateurs existants, plus en plus limitées, ne facilite pas l’équi- l’histoire. La crise de la COVID a, semble-
FGWRS a la volonté affirmée de diffuser libre économique. Il faut donc prendre t-il, marqué un tournant en provoquant
largement ce modèle. En effet, la raré- en compte les économies futures sur une évolution plus rapide des mentalités
faction de la ressource hydrique dans une ressource qui ne sera pas toujours et des façons d’être dans la responsabi-
certaines régions déjà soumises aux aussi disponible et dont le prix risque de lité citoyenne environnementale.
sécheresses récurrentes et l’adapta- varier, mais aussi les gains énergétiques
tion au réchauffement climatique nous liés. À ce titre, la vigilance est de mise
poussent collectivement à revoir nos vis-à-vis de technologies low-cost ou de
modèles de gestion de l’eau. solutions « biologiques » non maitrisées,
Transformer la valeur /
Créer la valeur
Comment faire face aux nombreux freins rencontrés, Pour les entreprises nativement circulaires, souvent
qu’ils soient internes à l’entreprise, ou liés à la régle- des startups ou des PME, l’enjeu est de faire émer-
mentation et la structuration de la demande ? Afin ger et de confirmer leurs modèles.
d’anticiper les évolutions des réglementations et de
la demande, les industriels peuvent dès à présent Souvent positionnées sur des niches en terme de
se mettre en mouvement et inventer les modèles demande ou sur un marché local, ces entreprises
de demain. doivent réussir à lever leurs contraintes et dévelop-
per progressivement leurs ventes, sur un premier
La réussite d’un pivot du linéaire au circulaire est segment (type de client, zone géographique…), puis
fondée sur 4 étapes. Comprendre l’apport de la cir- en essaimant leur modèle sur d’autres segments.
cularité pour son entreprise, designer les nouveaux
modèles, les confirmer par la preuve sur le marché, Les témoignages d’Etnisi et d’ONET permettent de
et enfin passer à l’échelle. comprendre de l’intérieur la dynamique de trans-
formation, de l’idée au passage à l’échelle, vers des
2 types d’entreprises se distinguent. Les entre- modèles circulaires.
prises linéaires, amenées à se transformer, et les
autres, nativement circulaires, amenées à créer de
nouveaux modèles
2 types d’entreprises
Les entreprises linéaires doivent changer progres-
sivement de modèle. Pour ce faire, elles peuvent se distinguent. Les
explorer et créer une première proposition de
valeur circulaire, en parallèle ou en remplacement entreprises linéaires,
de l’offre classique. De façon incrémentale, l’entre-
prise peut étendre son offre à d’autres produits ou amenées à se transformer,
d’autre chaînes de valeur en lien avec son activité.
Plusieurs leviers sont à disposition des entreprises et les autres, nativement
pour réaliser cette transformation :
• Nouer des joint-ventures pour faire évoluer son circulaires, amenées à
positionnement ;
• Investir dans des acteurs apporteurs de solution, créer de nouveaux modèles.
comme les start-ups ;
• Innover techniquement pour créer de nouveaux
modèles ;
• Innover dans les modèles économiques en se
basant des modèles industriels et des produits
« plateformes »
Transforming
value 1 2 3
Organisation
native linéaire
+
Création d’un modèle Abandon du modèle
économique circulaire linéaire initial et
en parallèle du modèle passage à l’échelle du
initial nouveau modèle circulaire
Exemples de leviers
• Création d’une Joint Venture • Co-investissements de • Innovation technique • Prise d’appui sur le réseau
entre Paprec et Gerflor, pour Michelin et Faurecia dans de Schneider Electric de distribution physique pour
la création de revêtements la startup Symbio et pour par l’écoconception et développer la logistique inversée
de sol en PVC recyclé développer une filière hydrogène développement de nouveaux et de nouveaux modèles
modèles économiques économiques par La Poste
intégré dans les processus
d’innovation par SA3i
Creating
value 1 2 3
Augmentation
Organisation
du flux sur
native
le périmètre
circulaire
initial
OU
Passage du modèle
Duplication du
à l’échelle et synergie
modèle initial
entre les entités
Exemples de leviers
• FGWRS : recherche de • Areco : co-développement du • Etnisi : concept de micro • Soft’In : redéveloppement
solution pour lever les barrières modèle «vente de performance» usine pouvant s’adapter aux des filières de compétences
réglementaires et déployer avec des enseignes partenaires gisements locaux et permettre perdues en partenariat avec
les innovations techniques de pour valider les fonctionnalités ainsi l’essaimage du modèle les acteurs du territoire pour
traitement des eaux usées produits et la rentabilité de l’offre soutenir la croissance
ENTRETIEN Quels ont été les facteurs clefs de suc- Quel a été l’apport du développement
cès pour initier votre approche ? technologique et comment l’avez-vous
réalisé ?
Changer l’ADN
de l’entreprise
Les leviers de passage à l’échelle sont donc pluriels. LIEN ENTRE DÉCLINAISON DE LA VISION ET IMPACT
La déclaration d’intention ne suffit pas pour trans- DES LEVIERS POUR LA CIRCULARITÉ
former l’industrie et les démarches «green» doivent
dorénavant s’assortir d’une transparence totale :
Inscription 4
pratiques, contenu des produits, impact environne- dans la stratégie
mental sur l’ensemble du cycle de vie de la matière, 3
engagements à moyen terme etc. Les entreprises Communication
2
Définition
doivent engager une transformation complète et externe 1 d’objectifs
communiquer sur leurs démarches pas à pas, afin
0
d’inspirer le changement auprès d’autres acteurs. À Déclinaison dans
cet égard, les résultats de l’enquête révèlent que les Département/ une feuille de
entreprises qui réussissent le mieux leur transition personnel dédié route
sont celles qui « changent d’ADN ». Gouvernance et
pilotage
La capacité à inscrire le circulaire dans la stratégie
de l’entreprise puis à la décliner en objectifs ambi- TOUT À FAIT PAS DU TOUT
tieux, mesurables et mesurés permet d’enclencher Moins avancées
véritablement le pivot. 4 3 2 1 Plus avancées
La capacité circulaire
Part énergies
2
1 Part de produits/
services écoconçus
à inscrire le renouvelables 0
Part de matière
Circularité des
circulaire dans produits/services
première durable
27% 19% 19% 36%
Inscription dans la stratégie
b+4821+32 b+5744+
DES PME AVEC UN RÔLE ASSUMÉ
Définition d’objectifs
Gouvernance et pilotage
48% 57%
32% 44% Prise de position externe
21%
44%
01 02
Comprendre Repenser
Comprendre sa chaîne de valeur et son empreinte Questionner la mission de l’entreprise et son modèle
environnementale sur l’ensemble de ses activités. opérationnel. Décloisonner l’entreprise, sensibili-
Comprendre le potentiel de création de valeur lié à ser et mobiliser les équipes dans la démarche de
la circularité et le risque à ne rien faire. réflexion. Envisager de nouveaux modèles écono-
miques, design de produits et modèles industriels
en amont et en aval des chaines de valeur.
03 04
Se mettre en mouvement Accélérer le passage à l’échelle
Par une approche itérative avec les clients et hori- Une fois la viabilité du modèle prouvée auprès d’un
zontale avec les équipes, explorer de nouveaux premier cercle d’utilisateurs, industrialiser le modèle
modèles économiques. Envisager la création d’une opérationnel et le design des produits. Puis essaimer
organisation temporaire ayant pour fonction de faire le modèle à une plus grande échelle, en s’appuyant
émerger de nouveaux modèles tournés vers l’usage sur une organisation agile (passage du local au
client et la circularité par une approche itérative. multilocal), un écosystème étendu et l’apport des
nouvelles technologies. Selon la vision, l’entreprise
peut aller jusqu’à accompagner le renouveau de la
demande et tenter de rediriger le secteur.
Plutôt que des approches « cycle en V » classiques, risquées en CAPEX, peu créatrices de valeur pour
les clients et dont les premiers résultats apparaissent sur un temps long, il est préférable d’adopter
des démarches agiles, comme le « lean startup ». Ces dernières minimisent les risques CAPEX à chaque
étape du projet, en cherchant des voies à coût marginal réduit. Autre avantage, elles permettent des
itérations multiples avec les clients pour créer progressivement une valeur d’usage plus grande.
APPROCHE CLASSIQUE
VERSUS
Investissements (CAPEX)
VALEUR
CLIENT
Go to market
Risques multiples :
inequation usage
client, potentiel de
développement limité
et ROI négatif
Prototype
Peu de boucles
itératives
CAPEX importants
Étude de marché entre chaque étapes
Temps
• Délais long avant exploration directe avec les utilisateurs des prototypes et produits.
• En général, plusieurs projets sont portés en parallèle par
les entreprises qui allongent encore plus les délais
• Étude de marché «hors sol», sans «user research»
Investissements (CAPEX)
Lean
Passage à l’échelle
CAPEX
Temps
• Exploration agile et “low cost” des problèmes utilisateurs et des solutions possibles
• Design itératif des produits en co-développement avec les clients
• Exécution rapide
CERCLE 1 CERCLE 2
UNE INTENTION FONDÉE UN MODÈLE CIRCULAIRE
SUR L’IMPACT
01. L’empreinte environnementale 01. L’entreprise peut-elle 01. Redesigner des produits permet-il
de l’entreprises est-elle connue proposer des technologies de réduire l’empreinte carbone
au-delà du cœur d’usine ? La et savoir-faire permettant de l’entreprise ? De sécuriser en
vision de circularité dépasse- de répondre aux enjeux amont les approvisionnements
t-elle le cœur d’usine ? environnementaux actuels ? sur des composants critiques
02. La prise de leadership par 02. Utiliser des matériaux bio (volatilité des prix, rareté) ?
l’entreprise peut-elle avoir un sourcés ou recyclés peut-il être 02. L’impact sur l’environnement
impact sur l’environnement différenciant sur le marché ? est-il pris en compte à travers
et l’emploi local ? Cet impact 03. L'augmentation de la durabilité l’évaluation de critères tout au long
peut-il être différenciant ? permet-elle de se démarquer du process de développement ?
03. Les équipes sont-elles sensibilisées de la concurrence et d’offrir 03. Les ressources non renouvelables
et impliquées dans la vision et sa plus de services ? sont-elles systématiquement
réalisation à tous les niveaux ? 04. La relation client pourrait-elle remplacées par des ressources
04. La vision est-elle déclinée dans être meilleure en vendant un renouvelables, biosourcées,
des projets avec des impacts service plutôt qu’un bien ? ou recyclées ?
mesurés ? L’entreprise peut- 05. Est-il possible de créer des 04. Les coûts de production et de
elle rendre compte de son fonctionnalités produits transports peuvent-ils être réduits
engagement publiquement ? qui permettent de faciliter par un autre design des produits
05. Une gouvernance des projets les usages pour le client ? et des process de fabrication ?
circulaires et de décarbonation Est-il possible de créer 05. Le design des produits est-il
est-elle en place ? Si oui, se de nouvelles formes de réalisé pour allonger le cycle de
réunit-elle à une fréquence partenariat avec le client ? vie et permettre le réemploi ?
mensuelle avec des prises d’action 06. La circularité permet-elle 06. Les équipes marketing ont-
pour accélérer la transition ? de valoriser les produits, elles exploré avec les clients
06. Ouvrir la mission de l’entreprise composants ou matériaux de leurs problèmes réels et
permet-il de réengager les équipes l’entreprise après leur 1ère vie ? leurs besoins d’usage ?
et d’impulser des innovations ? Cette valeur peut-elle être 07. La toxicité peut-elle être
07. L’entreprise peut-elle influencer réalisée par l’entreprise plutôt réduite tout au long du
la demande par son offre ? que par d’autres acteurs ? cycle de vie du produit ?
07. Comment l'entreprise fait face
aux évolutions de la demande,
de la réglementation ou de la
concurrence et aux risques
que représente l'inaction ?
MODÈLES INDUSTRIELS
01. La chaîne de valeur est-elle multi-localisée par région pour faire circuler la
matière localement ? Les risques fournisseurs sont-ils connus et maîtrisés ?
02. Réduire les délais d’approvisionnement permet-il de gagner
en compétitivité ? De décarboner la chaîne de valeur ?
03. La proximité avec les clients permet-elle de
développer de nouveaux services ?
04. Les pratiques d’exploitation des ressources sont-
elles durables et équitables ?
05. Des boucles de logistiques inversées permettent-elles de faire recirculer
les produits, composants ou matériaux pour en capter la valeur ?
06. La compétence technique est-elle un atout différenciant sur le marché ?
07. Les déchets, l’énergie et les rejets peuvent-ils être valorisés
dans des boucles internes ou avec d’autres entreprises ?
CERCLE 3
3 ACCÉLÉRATEURS DE CHANGEMENT D’ÉCHELLE
01. La gouvernance de l’entreprise 01. La R&D est-elle étendue en 01. L’interopérabilité est-elle rendue
permet-elle de développer amont avec les producteurs de possible par le digital ?
des modèles circulaires locaux ressources et en aval avec les 02. Intégrer de nouvelles technologies
cohérents avec la stratégie clients ? Des partenariats sont- aux produits permettrait-il
et d’en accompagner le ils établis pour innover sur les de développer leur durabilité,
passage à l’échelle rapide ? procédés et les matériaux ? des fonctionnalités améliorant
02. Les indicateurs de circularité 02. L’entreprise s’inscrit-elle dans la performance des clients
existent-ils ? Sont-ils déclinés des filières de réemploi ? et de réduire l’empreinte
jusque terrain, en amont et en 03. Les investisseurs ont-ils de leur utilisation ?
aval de la chaîne de valeur ? une attention au temps long 03. L’IA et l’IoT permettent-
03. Les centres de décisions R&D et et au besoin d’évoluer vers ils de réduire l’empreinte
marketing sont-ils multi-localisés des modèles durables ? environnementale des processus
proches des ressources, des 04. Des partenaires financiers de fabrication ? Des procédés issus
clients et de la fabrication ? sont-ils trouvés pour pivoter des cleantech ont-ils été testés ?
04. Des équipes peuvent-elles vers des modèles d’économie 04. Les produits, depuis l’extraction
explorer et développer de de la fonctionnalité ? des ressources jusqu’à la fin
nouveaux modèles économiques 05. Des liens sont-ils établis avec de vie, sont-ils traçables ?
avec vitesse et autonomie ? les institutions pour que les 05. L’innovation en termes de procédés
05. Les compétences standards industriels circulaires et de matériaux est-elle orientée
environnementales et circulaires alimentent les futures normes vers des applications circulaires ?
sont-elles développées et réglementations ?
en interne pour réaliser la
vision de l’entreprises ?
SYSTÈMES ÉTENDUS
E CO
S MO
DÈ
UE LE
CERCLE 3 IQ
OM
S
ON
IN
ÉC
DU
CERCLE 2
ST
MODÈLES
R I EL S
INTENTION
CERCLE 1
& IMPACT
AGILI
OGIE
TÉ
NOL
D’E
CH
TE
XÉ
CO
NCE IT
CU
PTION PRODU
N
IO
TI
N
AT
O
V
NO
IN
Accélérer et porter
les nouveaux modèles
Jusqu’où aller dans le pivot ? Les industriels peuvent également participer à
l’établissement d’un cadre global plus favorable à
Les industriels ont ainsi la possibilité de prendre l’économie circulaire. Ce cadre inclut des soutiens
le leadership pour accompagner l’émergence de réglementaires, financiers et comportementaux. À
nouveaux comportements et d’une demande plus ce titre, la réglementation a une double fonction :
responsable. Leur vision est de provoquer par un elle vient à la fois soutenir (permettre des inno-
effet boule de neige la transformation de l’ensemble vations, garantir des assurances...) et initier (créer
de leur chaîne de valeur. de nouvelles filières REP...) les démarches de pivot
industriel.
Selon plusieurs industries interviewées, il existe un De nombreux dirigeants ont commencé à le faire
seuil (15%) au-delà duquel l’effet d’entraînement avec leurs équipes. Être le leader des nouveaux
fera émerger un nouveau standard industriel. Ce modèles, sur la base d’un engagement sincère et
seuil peut, par exemple, s’appliquer aux emballages prouvé par la mesure d’impact, ouvre de nouvelles
translucides : si 15% de l’offre en grande surface voies pour entraîner les collaborateurs et les éco-
proposait un emballage translucide, un point de systèmes vers une industrie renouvelée et intégrant
bascule pourrait s’opérer dans la création d’un l’habitabilité de la planète dans ses modèles.
nouveau standard industriel. Cette réflexion s’ap-
plique à d’autres cas : 15% de l’offre de produits Pour permettre aux industriels d’innover et de réa-
électroménagers issu du réemploi, 15% des pneus liser ces modèles, l’étude montre qu’un nouveau
tourismes utilisés rechapés, 15% des voitures en cadre réglementaire, économique et comporte-
usage partagé... mental doit être également inventé.
De plus, dans un contexte de crise économique
et de baisse du pouvoir d’achat, le seconde main,
la location, le partage des usages, moins chers à
l’achat, peuvent potentiellement devenir des modes
de consommation dominants.
Nouvelles
Entreprise entreprises
pionnière suiveuses
3 champs à investiguer
01 02 03
Le levier réglementaire : Au regard des Les soutiens économiques : le pivot Le changement de comportements
progressions des pratiques des indus- vers la circularité ne doit plus être perçu doit se renforcer pour acculturer acteurs
triels en quinze ans, suite à l’adoption comme un coût mais comme un inves- industriels et consommateurs à l’oppor-
de réglementations sur la gestion des tissement sur le long terme pour les tunité et à la nécessité que représente
déchets (exemples : Directive REACH32, acteurs industriels. Plusieurs échelles l’industrie circulaire.
Directive-cadre relative aux déchets33) sont mobilisables : le national qui permet
ou la gestion de l’énergie34, la récente loi de repenser un cadre budgétaire et fis-
AGEC est porteuse d’importants chan- cal facilitant (TVA circulaire, incitations
gements. Toutefois, il est primordial que sur le coût du travail…) mais également
cette réglementation ne souffre d’au- les territoires qui disposent de fonds
cune lacune et offre visibilité, suivi et particuliers, qu’il serait intéressant de
assurances aux industriels. Ces recom- flécher pour soutenir une transformation 31. Loi n° 2020-105 du 10
mandations sont valables pour toutes les industrielle. février 2020 relative à la
réglementations environnementales. lutte contre le gaspillage et
à l’économie circulaire.
32. Règlement n°1907/2006.
33. Directive 2008/98/
CE relative aux déchets et
abrogeant certaines directives.
34. Directive (UE) 2018/2001
du 11 décembre 2018 relative
à la promotion de l’utilisation
de l’énergie produite à partir
de sources renouvelables.
Un pivot global vers l’industrie circulaire ne pourra advenir qu’avec la structuration d’un cadre favorable.
2021, une année charnière pour le climat et la résilience, selon le projet de loi issu de la Convention Citoyenne
pour le Climat (CCC) ? Seulement si l’industrie est soutenue, y compris dans la loi afférente, dans une transition
vers la circularité. Le levier réglementaire est effectivement central : la loi AGEC a posé des bases mais souffre
de certaines lacunes et doit assurer une véritable visibilité sur le long terme pour les acteurs.
De plus, d’autres leviers importent et doivent être parallèlement activés pour enclencher une transition
dès maintenant : les soutiens économiques et les outils de changement de comportement.
ENTRETIEN La France et l’Europe ont d’ores et déjà Il est temps d’aller de l’avant avec une
reconnu la nécessité d’un Green Deal, et divulgation transparente de la per-
la Sustainable Taxonomy qui émerge a formance ressources des produits et
Adapter la réglementation
La France est l’un des premiers pays à adopter une
loi spécifique sur l’économie circulaire. Après des FOCUS
avancées sur la gestion des déchets et les éco-
nomies d’énergie, une dimension « économie de la Un cadre plus abouti pour les
ressource » plus avancée pourrait alors advenir avec industries à l’échelle européenne ?
la loi AGEC. Cependant, la crise sanitaire n’a pas
facilité l’application rapide de cette loi, promulguée Le plan d’action de la commission européenne
en février 2020. En effet, un rapport d’information publié en avril 2020 apporte quelques
du gouvernement soulignait en septembre 2020 clarifications car l’intégration de l’économie
que seules 5% des mesures pour lesquelles la loi circulaire dans le tissu industriel en Europe fait
AGEC prévoyait un texte d’application pour leur partie de ses priorités. Ainsi, sa déclinaison
applicabilité effective bénéficiaient de la publica- à l’échelle nationale pourra apporter plus
tion du décret ou de l’arrêté correspondant. De plus, de cadrage et visibilité que ne le permet la
certains manquements dans les dispositions régle- loi AGEC pour les industries françaises.
mentaires actuelles ont été relevés par les acteurs 5 moyens d’action sont retenus dans cette
auditionnés. La réglementation peut ainsi aller plus stratégie, qui s’intègre plus largement dans
loin. le Pacte Vert européen, ou « Green Deal »,
annoncé par Ursula Von der Leyen. Il s’agit
notamment de : réviser la directive 2017/75/
Une réglementation qui adresse EU sur les émissions du secteur industriel ;
et accompagne les industriels faciliter les procédés de symbiose industrielle ;
soutenir la bioéconomie ; valoriser les
La loi AGEC dispose de nombreuses mesures, dont techniques de suivi et de cartographie des
les premières applications ont pris effet le 1er jan- ressources via des logiciels ; promouvoir les
vier 2021 (indice de réparabilité par exemple qui technologies vertes et leur certification.
porte sur 5 catégories de biens de produits élec-
troménagers et électroniques. Si des progressions
importantes vont notamment être perceptibles
pour certains industriels – les secteurs concernés
par l’établissement ou l’élargissement des missions Une visibilité et des suivis à garantir
des filières REP, les industries utilisant du plastique,
concernées par l’interdiction du plastique à usage Certains acteurs comme Blackstar, Schneider Elec-
unique (article 7) et les mesures relatives aux pertes tric ou Seb par exemple pointent également le fait
et fuites de granulés de plastique dans l’environ- que les dispositions de la loi ne sont pas forcé-
nement (article 83) – la majorité des dispositions ment assorties de mesures de suivi, assurant à la
de la loi concernent principalement les biens de fois de la visibilité et une bonne application sur le
consommation et n’adressent pas l’industrie au long terme. En effet, ils soulignent le fait que « de
sens propre. nouveaux contournements sont à chaque fois trou-
vés (…) » et insistent donc sur la nécessité d’assurer
Le plan d’action de la Commission européenne sur des contrôles pour pérenniser les démarches ver-
l’économie circulaire va plus loin et traite direc- tueuses et éviter les comportements de passager
tement des procédés industriels : les moyens clandestin.
d’actions retenus constituent à ce titre une oppor-
tunité pour dégager des pistes d’amélioration à
l’échelle nationale.
Des vides juridiques à combler Pour conclure sur le levier réglementaire, la promul-
gation de la loi AGEC marque un premier pas vers
Enfin, certains points dans la loi doivent faire l’ob- l’établissement d’un cadre structurel favorable à
jet d’un traitement par le législateur afin de combler l’économie circulaire, bien que souffrant de lacunes.
les « vides juridiques ». Nous pensons ici aux ques- Pour rendre le pivot vers l’industrie circulaire plus
tions assurantielles qui entourent les enjeux de immédiat, il faut adresser 3 points : traitement plus
réemploi (de matériaux dans le BTP par exemple) approfondi de l’économie circulaire à l’aune des
ou le déploiement d’offres de fonctionnalité. Pour problématiques industrielles par le législateur, visi-
construire des modèles assurantiels incitatifs, il bilité et suivi, vides juridiques à combler.
serait possible de s’inspirer de ce qui existe pour
d’autres secteurs/biens : par exemple, pour l’éco-
nomie de fonctionnalité, s’inspirer des offres
« locatives » P1, P2, P3 ou P4 pour les appareils ther- Le « Test & Learn », plus
modynamiques dans les bâtiments collectifs.
pratiqué dans les pays
anglo-saxons, peut aussi
Pour rappel, l’offre P1 correspond à
l’offre de fourniture d’énergie, l’offre P2 à être plus largement déployé.
l’entretien des installations, l’offre P3 au
renouvellement du matériel et enfin, l’offre
P4 au financement pour gros travaux de
rénovation. À partir de ces offres, plusieurs
types de contrat d’exploitation existent.
Un contrat (P1, P2, P3, P4) constitue une
offre locative aboutie, puisque sont pris en
charge les gros travaux de rénovation, de
mise en conformité etc. par le prestataire.
Ce contrat s’apparente alors à une offre
d’économie de fonctionnalité, dans laquelle
le bien reste la propriété du prestataire
qui prend en charge toutes les étapes de
son cycle de vie, jusqu’à la rénovation.
ENTRETIEN Quelle place occupe l’économie circu- asiatiques, le droit de la concurrence est
laire dans les différentes activités du moins prégnant et les cartouches rema-
Groupe Armor ? nufacturées peuvent apparaître comme
Structurer l’économie
pour le circulaire
L’économie circulaire est présente dans les plans Une autre suggestion serait de créer une taxe plus
de relance économiques soutenus par la Commis- globale sur les externalités, à l’image de la taxe car-
sion européenne et le gouvernement français, qui bone en discussion à l’échelle européenne. Une taxe
font état de l’importance d’une transition vers une carbone aux frontières ne fait pas encore consensus
économie bas carbone et sobre en ressources. Tou- parmi les acteurs industriels ; toutefois, les argu-
tefois, si le plan de relance national dédie un tiers ments en faveur d’une telle mesure se concentrent
de son budget à la transition écologique et éner- sur la relocalisation d’activités qu’elle permettrait
gétique, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) alerte et sur la possibilité de créer des chaînes de valeur
sur des investissements jugés « à risque » : si le plan « locales » (sourcing par exemple). La crise sani-
« rapproche la France de la trajectoire » qui lui per- taire a amené à réfléchir à l’idée d’une souveraineté
mettraient d’atteindre les objectifs climatiques, il industrielle, qu’il s’agirait de réinvestir pour les pro-
reste « insuffisant » pour enclencher une rupture à duits dits « critiques » ou stratégiques.
court terme.
Cet effort conjoncturel, salué par les acteurs Orienter la commande publique
industriels, doit donc être doublé d’une réflexion et les investissements privés
et d’actions plus structurelles. Cela implique une
évolution du cadre budgétaire et fiscal qui oriente Des soutiens économiques publics et privés peuvent
et flèche les pratiques des acteurs économiques accompagner le déploiement d’offres circulaires.
sur du long terme. La transition vers l’économie
circulaire est insuffisamment perçue comme un Premièrement, la commande publique, qui repré-
« investissement » nécessaire et opportun. Il semble sente 10% du PIB français, doit être utilisée pour
non-rentable pour les acteurs industriels, qui ne favoriser le mieux-disant. Son poids lui confère un
voient pas nécessairement les retours sur inves- rôle majeur pour soutenir le pivot vers l’industrie
tissement à court terme. Quels sont les leviers circulaire, à l’échelle nationale et à l’échelle des ter-
économiques à activer ? ritoires. La demande que représentent les achats
publics est motrice pour déployer une offre répon-
dant aux critères de circularité : approvisionnement
Orienter la fiscalité vers l’économie en matières et en énergie durable, biens réutilisés ou
circulaire réemployés, location plutôt qu’achat… Les acteurs
auditionnés ont donc pointé le fait que le levier de
La fiscalité recouvre différents outils, que les pou- la commande publique est à utiliser de matière
voirs publics peuvent activer pour faciliter la volontariste pour soutenir le pivot de l’industrie vers
transition des acteurs vers l’économie circulaire. le circulaire. Il s’agirait par exemple de créer un cri-
Ces outils sont les taxes, les subventions, les crédits tère TCO (coût total de possession) dans les appels
d’impôts, les réductions et déductions d’impôts etc. d’offres publics, en lien avec les enjeux circulaires et
Historiquement à vocation budgétaire, la fiscalité de localisation des chaînes de valeur. Les Pays-Bas
environnementale n’est pas suffisamment incitative. ont par exemple mis en place un indicateur sur le
De plus, elle s’adresse essentiellement aux activi- volet GES, avec l’intégration dans les appels d’offre
tés de gestion des déchets et aux flux énergétiques, d’un label de performance CO2 à hauteur de 15% des
délaissant les ressources matières. critères d’évaluation, incluant les scope 1, 2 et 3.
De ce fait, les acteurs industriels soulignent l’impor- Les investisseurs privés, ensuite, manifestent le
tance de construire un cadre fiscal et budgétaire besoin de pouvoir être accompagnés dans ces
facilitant l’application de l’économie circulaire, en opérations, afin de valoriser le mieux-disant. La
valorisant les produits vertueux. Cela peut passer construction d’indicateurs pour flécher les investis-
par exemple, par la mise en place d’une TVA mino- sements privés vers des biens et services circulaires
rée qui s’appliquerait à l’ensemble de la famille des est essentielle.
produits issus des filières de l’économie circulaire.
Des crédits d’impôt pour les investissements de
transformation des équipements de production sont
également envisageables.
Changer
les comportements
Le changement de comportements recouvre Les outils : actions de sensibilisation
différents outils dont l’objectif est d’influencer dura- et formations
blement les comportements des acteurs. Actions
de sensibilisation, offre de formations initiales et Parmi les outils de changement de comportements
continues, portage politique… Plusieurs typologies applicables, nous relevons premièrement la sen-
d’acteurs sont visées par ces outils. sibilisation. La loi AGEC dispose de nombreuses
mesures en matière d’information du consomma-
teur : nous évoquions l’indice de réparabilité mais
Les publics-cibles : consommateurs, des signalétiques de tri ou des informations sur les
industriels et acteurs territoriaux perturbateurs endocriniens seront aussi déployées
ces prochaines années sur différents produits de
Premièrement, les citoyens-consommateurs : la consommation. Les campagnes de sensibilisation
demande en produits circulaires vient stimuler le pourraient s’intensifier et venir valoriser les projets
déploiement d’une offre plus vertueuse. Plusieurs de transition industrielle vers le circulaire, pour sou-
industriels évoquent la nécessité que celle-ci soit tenir les champions et inspirer le changement.
suffisante et rende le développement d’offres cir-
culaires rentables. Force est de constater que La formation des acteurs est également essentielle
l’économie circulaire souffre d’un manque de visi- pour que se diffusent les pratiques d’économie cir-
bilité, à la fois chez les citoyens-consommateurs culaire et que l’accès à des compétences métier
et chez les industriels. L’objectif de politiques de ne soient plus un frein majeur au pivot industriel. À
changement de comportements (exemple : cam- cet égard, certaines fédérations professionnelles se
pagnes de sensibilisation, nudges, défi ville zéro saisissent de l’enjeu : c’est le cas du GIMELEC, syn-
déchets...) est d’ancrer les pratiques collectives de dicat professionnel de la filière électro-numérique,
consommation dans cette transition. qui prépare des formations à destination de ses
membres par exemple. Il est essentiel de s’adres-
Toutefois, ce déficit de notoriété est également pré- ser à tous les professionnels des industries et de
gnant chez les acteurs industriels eux-mêmes. Les faire circuler l’information : un projet d’économie
bénéfices liés à une transition circulaire s’avèrent circulaire a plus de chances d’aboutir si les diri-
méconnus et donc peu convaincants en interne, geants et opérationnels partagent le même niveau
notamment chez les dirigeants pourtant souvent de connaissances et de convictions.
présentés comme des acteurs moteurs du chan-
gement dans nos entretiens. Il faut donc s’adresser La loi AGEC s’est grandement positionnée sur cet
aux étudiants (futurs industriels), en passant par les aspect, en favorisant l’essaimage de formations pour
jeunes stagiaires jusqu’aux dirigeants, en intégrant les étudiants (BTP, architecture) et les membres des
des éléments de langage spécifiques qui facilitent collectivités territoriales. Néanmoins, ces formations
l’adhésion de chacun. ne sont pas obligatoires. Pour aller plus loin, davan-
tage d’écoles pourraient également être ciblées. En
Enfin, les outils de changement de comportements effet, ingénieurs généralistes, étudiants en écoles
doivent cibler les acteurs des collectivités territo- de commerce ou sciences politiques doivent être
riales. Ainsi, les soutiens économiques territoriaux connaisseurs des principes d’économie circulaire
précédemment évoqués seront plus facilement tant la transition apparaît nécessaire.
déployés. L’objectif est notamment de créer une Une autre proposition concerne la formation conti-
culture territoriale commune, propice aux échanges nue, qui pourrait intégrer plus de modules sur
et à la fluidité dans les projets de de pivot industriel. l’économie circulaire. C’est le cas des programmes
de formation, notamment régionaux, comme
« Industrie du futur » ou les programmes d’accom-
pagnements des entreprises.
M
oins de 5%. C’est l’empreinte environne- L’étude émet également des recommandations
mentale des cœurs d’usine. C’est pourtant à l’égard des institutions pour instaurer un cadre
là que se sont concentrées les transfor- structurel favorable à un pivot industriel circulaire.
mations industrielles des 10 dernières années. En effet, réinventer le cadre dans lequel les activités
industrielles s’insèrent est essentiel. Cela implique
Pour faire face aux enjeux de ressources, l’industrie d’activer à la fois le levier réglementaire, les sou-
du futur ne doit pas seulement intégrer le 4.0 et se tiens économiques et les outils de changement de
centrer sur le cœur d’usine : elle doit également comportement. Plus qu’un simple soutien, ce cadre
transformer l’ensemble des chaînes de valeur, en doit accompagner et privilégier sur le long terme les
intégrant l’amont (les ressources) et l’aval (l’usage pivots vers l’industrie circulaire et favoriser dès à
des produits). présent les innovations en ce sens.
Cette transformation requiert une réinvention des Avec le Plan de Relance et les différentes lois sur
modèles économiques vers la circularité. l’environnement aux échelons national (loi Énergie
& Climat, loi AGEC, projet de loi Climat et Résilience)
Source d’innovation, l’économie circulaire est un vrai et européen (Green Deal), une fenêtre d’opportu-
levier pour créer de nouvelles formes de valeur. À nité s’ouvre. Elle doit être investie pour enclencher
la clé pour les entreprises, de nombreux bénéfices : une véritable transition structurelle sous les 3 ans.
création de nouvelles formes de valeur, optimisa- Tel est le chemin que, collectivement, nous devons
tion des coûts, augmentation de la résilience face prendre pour réinventer nos modèles et construire
aux chocs, réduction des empreintes matières et une industrie du futur circulaire.
carbone, création d’une « économie du PIB local »
pérenne.
Contacts Contacts
e.ledoux@institut-economie-circulaire.fr gregory.richa@opeo-conseil.fr
a.vaz@institut-economie-circulaire.fr paul.bobin@opeo-conseil.fr
n.poignant@institut-economie-circulaire.fr simon.ratival@opeo-conseil.fr
Remerciements
Les auteurs et autrices souhaitent L’INEC et OPEO remercient également
remercier Olivia Grégoire, Ministre chargée les 63 entreprises qui ont accepté de répondre
de l’Économie sociale, solidaire et responsable à notre enquête et qui ont d’apporté
et Agnès Pannier-Runnacher, Ministre chargée un témoignage complémentaire et
de l’Industrie pour leur participation et leur soutien. riche aux entretiens réalisés.
L’INEC et OPEO tiennent également à remercier Enfin, et non des moindres, les auteurs et autrices
tout particulièrement les 29 témoins qui qui remercient l’ensemble des équipes de l’INEC et
ont accepté de partager leurs modèles et leurs d’OPEO pour leur aide durant l’élaboration, la
approches de transformation vers la circularité : rédaction et la relecture de l’étude, Sébastien
Armelle Balvay, Deborah Bevengut, Marion Bahors et Jacques Perrochat de Schneider Electric
Bouthors-Plenier, Hortense Brunier, Pierre Buin, pour leur soutien et l’ensemble des portes qu’ils
Benjamin Canaguier, François Cathelineau, nous ont ouvertes, Emilia Capitaine et Raphaël
Fannie Derenchy, Muriel Dugay, Alice Dux, Haddad de l’agence de communication Mots-Clés
Espérance Fenzy, Xavier Herrmann, Julia Holiday, et Jean-Luc Gehres pour le design de l’étude.
Xavier Houot, Thierry-Martin Lassagne, Guido
Locatelli, Pierre Magnes, Patrick Mainguene,
Xavier Paillard, Thomas Paricard, Patrice Perrot,
Jean-Baptiste Pieret, Nicolas Reyre, Isabelle
Ribis, Sébastien Ricard, Frédéric Richard, Cyrille
Roget, Stéphane Rutkowksi, Joël Tronchon.
• ISBN 978-2-9577266-0-8
• Achevé d’imprimer en avril 2021
• Dépôt légal : avril 2021