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Il n’est pas possible de comprendre l’intérêt et la nécessité de l’économie circulaire si
l’on a pas une vision globale du contexte planétaire. En effet la problématique n’est pas
franco-français ni même européenne elle est mondiale.
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L’évolution de la population mondiale est le premier élément déterminant.
Une évolution variable suivant les régions du monde. En 2030 l’Inde et la Chine
représenteront chacun autant que l’ensemble des pays développés soit 1,45 milliards
d’habitants. A la fin du siècle le Nigéria devrait avoir une population proche de la Chine.
La population européenne devrait diminuer de 14% d’ici la fin du siècle. Ceci imposera
une évolution des centres de décision et des poids politiques.
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Il convient de différencier les ressources des matières premières ces deux termes étant
souvent confondus dans la littérature. Les ressources représentent l’air, l’eau, le sol (en
tant que support mais aussi comme surface) et les matières premières. Ces dernières ne
sont qu’une partie des ressources mais sont parfois qualifiées du terme générique de
ressources.
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Comme nous venons de le voir, la croissance de la population, l’augmentation du niveau
de vie, le développement de l’urbanisation auquel s’ajoute un autre facteur:
l’augmentation de la technicité des produits.
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Depuis 100 ans l’ensemble des acteurs a été habitué à une baisse tendancielle des
matières premières hors depuis 10 ans la courbe s’est fortement inversée avec un point
de rupture sous l’effet conjugué de l’accroissement de la demande et celui des
placements spéculatifs sur les matières premières. Cette tendance ne peut que
continuer fasse aux tensions et pénuries attendues.
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Quelles perspectives pour la consommation de matières premières dans le futur?
Les Nations Unies dans leur rapport de 2011 sur le découplage de la consommation des
ressources et des impacts environnementaux de la croissance économiques regardent
trois scénarios typés.
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arriver à une consommation par habitant de 6 tonnes par habitant et par an.
Par comparaison ou pour référence la France était à quasi stable depuis 20 ans à 14
tonnes par habitant et par an. L'Amérique du nord étant à 25 tonnes par habitant et par
an.
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Depuis les siècles précédents différents auteur se sont interrogés sur la compatibilité de
la croissance de la population et des besoins à satisfaire avec les capacités de notre
planète à fournir les ressources. Certains auteurs ont jalonné la construction du concept
de l’économie circulaire.
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Voyons les principaux jalons
Kenneth Boulding, économiste et philosophe américain, lors d’une conférence en 1966
publie un article qui fonde le principe d’exploiter les ressources en ayant conscience que
la terre est comme un vaisseau spatial avec un stock limité dont on ne peut infiniment
accroitre les flux de consommation. Il est en quelque sorte le père de la notion
d’économie circulaire.
En 1976 Walter Stahel d’origine suisse et Geneviève Reday remettent un rapport à la
commission européenne sous le titre « The potential for substituting manpower for
energy” qui sera publié en 1981 dans un ouvrage intitulé “Jobs for Tomorrow” !
Dans ce document l’analyse est basée sur un bouclage des flux de matière illustré
par un schéma. Ce travail est à la base de toutes les réflexions qui conduiront au
développement du concept d’économie circulaire. Il a créé l’Institut de la Durée
(The Product-life Institute).
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Le terme de « circular econmy » apparaît pour la première fois dans la littérature dans
un ouvrage académique de deux américains David Pearce et Kerry Turner sur les
relations entre l’économie des ressources naturelles et environnement ou ces deux
auteurs américains développent le principe du retour dans l’économie des déchets.
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Si l’on parle d’économie circulaire c’est pas opposition à l’économie linéaire qui s’est
développée depuis plus de 100 ans.
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L’économie linéaire consiste à extraire les ressources, à les transformer pour fabriquer
des produits qui sont ensuite commercialisés puis consommés ce qui génère des
déchets qui sont jetés. Certes le recyclage existe mais d’une part il n’est pas le mode de
gestion le plus répandu sur terre et d’autre part nous verrons un peu plus loin que celui-
ci ne peut satisfaire tous les besoins. Ceci a deux conséquences que nous avons déjà
évoqué avant.
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La clé de l’économie circulaire peut être empruntée à Kenneth E Boulding, économiste et
philosophe en résumant un passage d’un article qu’il a rédigé en 1966 ainsi : Il faut
passer d’une économie de cow-boy à une économie de cosmonaute. En d’autres terme
le temps est fini ou après avoir exploité une zone il est possible d’aller exploiter des
territoires vierges. Aussi notre planète est un vaisseau spatial qui a des stocks limités
qu’il faut utiliser avec parcimonie et à bon escient sans rien jeter.
Dit autrement, en terme de modèle économique, il ne faut plus penser à augmenter les
flux consommés mais à gérer des stocks finis dont certains sont très faibles. Il s’agit aussi
de passer d’une productivité du travail à une productivité des ressources.
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Il n’existe pas dans la littérature de définition de l’économie circulaire. Les travaux du
CND (Conseil national des déchets) ont essayé de préparer une définition mais elle
s’avère plus être une description. Sur cette base nous proposons la définition suivante :
« Système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle
de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation
des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement ». Il convient de
préciser que ce système économique doit viser à améliorer le bien être humain
comme l’indiquent les travaux des Nations Unies.
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Il convient avant d’aller plus loin de mieux comprendre les limites du recyclage.
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Si le recyclage est à l’origine du concept d’économie circulaire en s’inspirant du
fonctionnement des systèmes naturels on pourrait penser que le seul développement du
recyclage permet de faire de l’économie circulaire c’est-à-dire de ne quasiment plus
avoir de prélèvement sur les ressources naturelles ou pour le moins avoir un
prélèvement modéré. Comme ici dans une boucle parfaite. Hors ce n’est pas le cas pour
plusieurs raisons.
En effet à tous les stade du cycle de vie des produits il y a des pertes.
Ceci commence à l’extraction des minerais par exemple car en dessous d’une certaine
teneur en minerais, dite teneur de coupure, on laisse celui-ci dans la mine et compte
tenu de cette très faible teneur il est peu probable qu’il soit prochainement rentable de
l’extraire. Lors de l’extraction des métaux objets de l’extraction minière d’autres métaux
ne sont pas extraits et restent dans les déchets.
De même la production génère des déchets complexes qu’il n’est pas possible de
recycler techniquement ou pour le moins à des coûts économiques raisonnables.
L’usage des biens, et s’est souhaitable, fait qu’ils sont immobilisés dans nos
environnements les spécialistes disent dans la « technosphère ».
Ensuite la collecte et le recyclage des déchets est souvent incomplet notamment du fait
de l’impossibilité de séparer totalement les matières et de pertes à différentes étapes.
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Quelques illustrations concrètes des limites du recyclage.
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pour assurer la fabrication des nouveaux alliages.
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Si l’on regarde l’évolution de la consommation du cuivre dans le monde, dans un passé
lointain au début du 18 ième siècle nous consommions 2 100 t d’après les historiens de
la chose. Nous avons passer 1 million de tonnes par an en 1912 et nous sommes
actuellement à 17 millions de tonnes par an. La croissance des tonnages extraits est de
2,83% par an de 1960 à nos jours. Ceci peut paraître un faible taux, c’est un taux que les
économistes aimeraient avoir au minimum pour la croissance du PIB en France, mais il
faut se méfier des croissances exponentielles.
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Ce tableau montre en fonction du taux de croissance la durée qui conduit à un
doublement de la consommée. 70 ans avec un taux de 1% mais 15 ans avec un taux de
5%. Ayez en tête les taux de croissance de la chine. A 2,83 il y a doublement tous les 25
ans environ. Pour revenir au cuivre à ce rythme de doublement nous atteindrons plus de
200 millions de tonnes par an alors que les réserves actuelles connues sont de 500
millions de tonnes.
Ces éléments doivent nous inciter à réfléchir sur les perspectives.
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Pour avancer dans notre raisonnement sur le recyclage il convient d’estimer le temps
moyen d’immobilisation du cuivre dans la technosphère.
Bien entendu ce temps varie suivant les usages. D’après cette estimation d’un spécialiste
américain des matières premières elle varie en moyenne de 50 ans dans les
infrastructures à 10 ans pour les équipements grand public. Nous aboutissons ainsi à
une moyenne pondérée de 35 ans.
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Si l’on regarde la situation à aujourd’hui la demande est à un niveau dans une croissance
exponentielle figurée par cette courbe.
Ainsi à un moment donner, dans une situation de croissance continue qui plus est
exponentielle le recyclage ne peut satisfaire qu’une partie limitée de la demande qui
doit être comblée par l’exploitation de matières premières primaires.
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Prenons maintenant l’exemple d’une substance quelconque avec une durée
d’immobilisation moyenne dans la technosphère de 10 ans et un taux de croissance de
la consommation de 3% par an figurée par la courbe rouge. Il en résulte qu’à tout
moment, pour un taux de recyclage de ce qui est disponible de 80% ce qui est très élevé,
la courbe verte montre que la demande de matière première vierge diminue avec un
décalage de constant de 31 ans et en abaissant la demande à 40% de ce qui serait
nécessaire sans le recyclage.
Dans ces conditions de croissance le recyclage ne peut satisfaire qu’une partie, certes
importante et indispensable, mais limitée de la demande.
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Voyons concrètement ce qui se passe pour le cuivre.
Ceci démontre parfaitement que l’économie ne peut être circulaire qu’en agissant
seulement sur la performance du recyclage.
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Voyons un peu plus ce qu’est l’économie circulaire
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Quels sont les principaux objectifs de l’économie circulaires ?
la valorisation des déchets en tant que ressources qui est à la base du développement
originel du concept d’économie circulaire;
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L’économie circulaire est à la croisée de différents concepts.
Ils sont multiples et le tableau peut paraître confus. Nous allons en avoir une lecture
ordonnée.
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Tout d’abord à la base se tient la gestion efficace des ressources qui est à la base de tout.
Dans le domaine de la conception des produits gravite trois concepts. L’éco-conception
qui est maintenant connue de nombreux acteurs, le cradle to cradle (du berceau au
berceau) défini par deux auteurs l’un chimiste allemand et l’autre architecte américain
qui vise à concevoir des produits sans substance toxique et dont tous les composants ou
constituants intermédiaires sont recyclables. Enfin le biomimétisme qui est souvent
rattaché à l’économie circulaire et qui vise à s’inspirer des modèles naturels efficaces,
l’exemple historique en est le velcro inspiré par la configuration des certaines graines qui
s’accrochent aux tissus.
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de maintenance. Rejoints aujourd’hui par Tarkett qui vend de l’usage de revêtement de
sol ou Philips qui vend la fonction éclairage. Ceci conduit les dit fabricant à avoir intérêt à
ce que les produits durent plus longtemps et à les réemployer, les remanufacturer et
enfin à les recycler. L’économie d’usage est de même nature et correspond à une nuance
que font certains auteurs.
Dans le domaine de la consommation se place aussi l’économie collaborative comme
l’autopartage, la location entre particuliers et d’autres aspects. Attention dans ce
domaine en pleine évolution il n’est pas certain que toutes les pratiques soient
bénéfiques pour l’environnement. Par exemple l’autopartage en réduisant les coûts peut
induire une augmentation des déplacements.
Nous entrons ici dans des politiques plus anciennes sur les déchets. Le zéro déchets est
un concept créé par deux américains l’un contre la mise en décharge l’autre contre
l’incinération des déchets. Ce concept plutôt développé dans des villes anglo-saxonne
vise à développer le recyclage et à limiter la production de déchets.
La prévention des déchets est elle bien connue en France et en Europe avec la publication
du 2ième plan pour la France
Pour terminer deux concepts la responsabilité élargie des producteurs qui vise à
renforcer le recyclage et améliorer la conception des produits largement développée en
France. Et l’économie bleue, concept développé par un industriel belge qui s’apparente à
l’économie circulaire et est définie en 21 points.
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Voyons maintenant comment ceci intervient sur les flux de déchets.
Dès le début du cycle l’extraction des matières premières génère des déchets qu’il faut
collecter et trier.
Il en va de même pour tous les stades du cycle de vie suivants de la fabrication des
composants à l’utilisation en passant par l’assemblage, la distribution et l’achat.
Une première possibilité est d’éliminer purement et simplement ces déchets par mise en
centre de stockage ou par incinération simple
La valorisation énergétique est une autre possibilité qui est à envisager lorsqu’il n’y a pas
d’autres possibilités de valorisation car ce n’est possible qu’une fois et la matière est
perdue.
Pour en sortir la première étape est d’entretenir et de réparer pour faire durer les biens.
Ensuite si ce n’est pas possible parce que l’on a plus l’usage du bien il convient
d’envisager de le réemployer ou de le réutiliser (en France la réglementation fait que l’on
réemploi des produits et que l’on réutilise des déchets)
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Lorsqu’il n’est plus possible d’envisager une utilisation en l’état il est envisageable de
rénover le bien ou de refabriquer (remanufacturing) un bien à partir de plusieurs et de
pièces neuves éventuellement. Ceci existe depuis longtemps pour les démarreurs,
alternateurs et moteurs automobiles.
Lorsque enfin le biens ne peut plus servir il convient d’en recycler ses composants si
possible en boucle fermée c’est-à-dire dans le même usage (une cannette en aluminium
en cannette aluminium) ou à défaut en boucle ouverte (une cannette aluminium en
carter automobile)
Mais avant tout intervient l’éco-conception qui doit permettre toutes les boucles en
favorisant les boucles les plus basses ou internes.
Ainsi l’économie circulaire vise à favoriser les étapes en vert sur ce schéma pour diminuer
de façon sévère tous les éléments en jaune.
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Dans le monde des politique d’économie circulaire ou apparentées se développent.
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4 pays sont engagés dans de telles politiques.
Le Japon au début des années 2000 a développé une politique nationale autour de la
notion des 3R Reduce, Reuse, Recycle pour une société basée sur le recyclage.
La Chine promulgue en 2008 sa loi sur l’économie circulaire. Les problémes
environnementaux en Chine sont importants et deviennent un enjeu social et politique
tels qu’ils nécessitent des politiques structurantes d’envergure.
Les Pays Bas développent des approches autour du concept Cradle to Cradle.
L’Allemagne a transformé sa loi sur les déchets en loi sur l’économie circulaire.
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Si l’Union Européenne n’a pas à proprement parlé à ce jour une politique
d’économie circulaire elle s’en rapproche au travers des réflexions sur les
ressources.
Ainsi en 2005 elle publie sa stratégie sur l’utilisation durable des ressources
naturelles;
En 2008 elle prend une initiative sur les matières premières au travers d’un
document de référence;
En 2009 elle publie sa feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation
des ressources. Ce document constitue la base des travaux actuels de la
commission européenne et intègre une réflexion sur l’économie circulaire.
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Voyons comment s’organisent les actions de développement de l’économie circulaire.
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L’économie circulaire s’organise en 3 domaines et 7 piliers.
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fortement l’obsolescence dite programmée ou accélérée des produits.
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Voyons trois dimensions ou aspect importants de l’économie circulaire.
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Deux approches totalement complémentaires, entre autres, doivent être
envisagées.
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Le chiffrage des impacts économiques et sociaux est délicat, peu d’études existent sur ce
sujet en Europe et aucune en France. Aucune étude ne brasse l’ensemble des domaines
et pilier de l’économie circulaire car s’agissant d’un nouveau modèle économique les
facteurs sont multiples et les effets induits aussi. Il est cependant possible de donner
quelques éléments.
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L’élément principal de l’action qui est devant nous consiste à gérer une évolution.
Des habitudes et des métiers vont décroitre voir disparaître. Ainsi nous
pouvons citer la problématique posée à La Poste pour les facteurs du fait de la
décroissance importante des courriers papiers qui renchéri la distribution.
Ainsi la question est posée de ne plus distribuer le courrier tous les jours ou en
tous les points.
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qui relève le compteur électrique des résidences secondaires lorsque
l’habitation est ouverte. La Poste expérimente aussi l’offre de service
d’imprimantes 3D dans quelques bureaux de poste.
Le plus difficile n’est pas de se fixer des objectifs du type division par un facteur
2 de la consommation des matières premières mais de gérer la transition.
Il convient d’être optimiste et volontaire face des enjeux vitaux pour le futur de
l’humanité et à une tâche immense.
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