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Il n’est pas possible de comprendre l’intérêt et la nécessité de l’économie circulaire si
l’on a pas une vision globale du contexte planétaire. En effet la problématique n’est pas
franco-français ni même européenne elle est mondiale.

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L’évolution de la population mondiale est le premier élément déterminant.

De 2 milliards d’habitants en 1900 nous sommes actuellement 7 milliards. Le dernier


rapport des Nation Unies estime, dans un scénario moyen, que nous serons 11 milliards
d’êtres humains sur la terre à la fin de ce siècle. Autant de demande nouvelle à prendre
en compte. Pour avoir une bonne analyse il convient de prendre en compte 3 facteurs
liés à la population.

Une évolution variable suivant les régions du monde. En 2030 l’Inde et la Chine
représenteront chacun autant que l’ensemble des pays développés soit 1,45 milliards
d’habitants. A la fin du siècle le Nigéria devrait avoir une population proche de la Chine.
La population européenne devrait diminuer de 14% d’ici la fin du siècle. Ceci imposera
une évolution des centres de décision et des poids politiques.

Une augmentation des classes moyennes. De 1,8 milliards d’individus appartenant à


cette classe en 2009 l’OCDE estime qu’ils seront 3,2 milliards en 2020 et 4,9 milliards en
2030, essentiellement en Asie. Cette classe joue un rôle politique, social et économique
déterminant tout en reforçant la demande en ressources.

Une population de plus en plus urbaine. De 30% de population urbaine en 1950 le


monde est passé à 50% aujourd'hui et devrait passer à 60 en 2030. Si les centres urbains
génèrent 80% de la croissance mondiale, leur croissance est un consommateur
important de ressources pour la construction des infrastructures et leur fonctionnement.

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Il convient de différencier les ressources des matières premières ces deux termes étant
souvent confondus dans la littérature. Les ressources représentent l’air, l’eau, le sol (en
tant que support mais aussi comme surface) et les matières premières. Ces dernières ne
sont qu’une partie des ressources mais sont parfois qualifiées du terme générique de
ressources.

Les matières premières sont constituées de 4 familles :


La biomasse alimentaire et non alimentaire;
Les énergies fossiles;
Les minerais et minéraux industriels
Les matériaux de construction (hors bois qui sont comptés dans la biomasse)

Au total nous sommes passés de 7 milliards de tonne de consommation annuelle en


1900 à 70 milliards de tonne actuellement soit une multiplication par 10 en 100 ans.

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Comme nous venons de le voir, la croissance de la population, l’augmentation du niveau
de vie, le développement de l’urbanisation auquel s’ajoute un autre facteur:
l’augmentation de la technicité des produits.

En effet si au début du 19 ième siècle il fallait 6 éléments chimiques, 6 atome du tableau


de Mendeleiev pour les chimistes, pour construire un moulin à vent, actuellement il faut
46 éléments pour une éolienne et 60 pour un ordinateur. Qui plus est ce sont souvent
des matières premières rares.

Ceci induit une double conséquence : un impact sur l’environnement conduisant à la


dégradation voir à la saturation des exutoires que sont l’air, l’eau ou les sols. Mais aussi
une tension voir une pénurie sur des ressources et notamment des matières premières
dont on dit qu’elles se raréfient.

Les travaux de certains chercheurs notamment ceux du MIT (Masachusetts Institiut of


technology) dont les travaux ont été publiés dans le rapport Meadows du nom de son
auteur rapport dit aussi du Club de Rome montrent que si l’on ne change pas les modes
de développement sur l’ensemble de la planète le bien-être humain décroitrait d’ici la
fin du siècle. Le rapport a été publié pour la première fois en 1972 et a été réactualisé en
2004 en confirmant les prévisions précédentes. Les travaux récents de chercheurs
montrent que l’essentiel des indicateurs étudiés suivent dans la réalité les prévisions du
modèle.

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Depuis 100 ans l’ensemble des acteurs a été habitué à une baisse tendancielle des
matières premières hors depuis 10 ans la courbe s’est fortement inversée avec un point
de rupture sous l’effet conjugué de l’accroissement de la demande et celui des
placements spéculatifs sur les matières premières. Cette tendance ne peut que
continuer fasse aux tensions et pénuries attendues.

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Quelles perspectives pour la consommation de matières premières dans le futur?
Les Nations Unies dans leur rapport de 2011 sur le découplage de la consommation des
ressources et des impacts environnementaux de la croissance économiques regardent
trois scénarios typés.

Vous retrouvez sur le graphique de gauche la consommation totale en milliards de


tonnes par habitant de matières premières de 1900 à nos jours d’une graphique
précédent. Sur le graphique de droite les mêmes données mais rapportées en tonnes
par habitant qui montre que nous sommes passés de moins de 5 tonnes par habitant et
par an en 1900 à 10 tonnes aujourd’hui

Le premier scénario est celui de « business as usual », à savoir la consommation par


habitant des pays développés reste identique à aujourd’hui et la consommation par
habitants des autres pays rejoint la notre. Ceci fait passer la consommation mondiale de
70 milliards de tonnes en 2010 à 150 milliards de tonnes en 2050 soit plus qu’un
doublement de notre rythme actuel;
Le second scénario consiste à ce que les pays développés diminuent par 2 leur
consommations par habitant tandis que les autres pays rejoignent ce niveau ceci conduit
globalement à une stabilisation de la consommation par habitant autour de 9 tonnes par
habitant. Cette situation conduirait toutefois à accroitre la demande totale d’environ
40% par rapport à aujourd’hui.
Le troisième scénario conduit à en rester à la consommation globale actuelle (60
milliards de tonnes en 2005 dans le rapport). Ceci conduit les pays développés à réduire
des deux tiers leur consommation et les autres pays à rester à leur niveau actuel pour

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arriver à une consommation par habitant de 6 tonnes par habitant et par an.

Par comparaison ou pour référence la France était à quasi stable depuis 20 ans à 14
tonnes par habitant et par an. L'Amérique du nord étant à 25 tonnes par habitant et par
an.

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Depuis les siècles précédents différents auteur se sont interrogés sur la compatibilité de
la croissance de la population et des besoins à satisfaire avec les capacités de notre
planète à fournir les ressources. Certains auteurs ont jalonné la construction du concept
de l’économie circulaire.

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Voyons les principaux jalons
Kenneth Boulding, économiste et philosophe américain, lors d’une conférence en 1966
publie un article qui fonde le principe d’exploiter les ressources en ayant conscience que
la terre est comme un vaisseau spatial avec un stock limité dont on ne peut infiniment
accroitre les flux de consommation. Il est en quelque sorte le père de la notion
d’économie circulaire.
En 1976 Walter Stahel d’origine suisse et Geneviève Reday remettent un rapport à la
commission européenne sous le titre « The potential for substituting manpower for
energy” qui sera publié en 1981 dans un ouvrage intitulé “Jobs for Tomorrow” !
Dans ce document l’analyse est basée sur un bouclage des flux de matière illustré
par un schéma. Ce travail est à la base de toutes les réflexions qui conduiront au
développement du concept d’économie circulaire. Il a créé l’Institut de la Durée
(The Product-life Institute).

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Le terme de « circular econmy » apparaît pour la première fois dans la littérature dans
un ouvrage académique de deux américains David Pearce et Kerry Turner sur les
relations entre l’économie des ressources naturelles et environnement ou ces deux
auteurs américains développent le principe du retour dans l’économie des déchets.

Michael Braungart, chimiste allemand et William Mc Donough architecte américain


développe le principe de « cradle to cradle » littéralement « Du berceau au berceau »
qui sera publié dans un livre en 2002. Ils mettent en place le label privé C2C. Il s’agit de
concevoir les produits en supprimant les produits toxiques et en faisant que tous les
déchets puissent être recyclés. Cette première mise en œuvre pratique fera école et est
à la base de nombreux développements actuels.

La célèbre navigatrice anglaise Ellen MacArthur créé le 2 septembre 2010 la fondation


Ellen MacArthur dédiée au développement de l’économie circulaire. A partir de ses
rapports publiés courant 2011 la fondation est à la base de développement important de
cette approche d’un nouveau modèle économique en mobilisant notamment les grands
industriels. Cette fondation organise et participe à de nombreux travaux.

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Si l’on parle d’économie circulaire c’est pas opposition à l’économie linéaire qui s’est
développée depuis plus de 100 ans.

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L’économie linéaire consiste à extraire les ressources, à les transformer pour fabriquer
des produits qui sont ensuite commercialisés puis consommés ce qui génère des
déchets qui sont jetés. Certes le recyclage existe mais d’une part il n’est pas le mode de
gestion le plus répandu sur terre et d’autre part nous verrons un peu plus loin que celui-
ci ne peut satisfaire tous les besoins. Ceci a deux conséquences que nous avons déjà
évoqué avant.

La consommation excessive de ressources et entre autre de matières premières conduit


à des difficultés d’approvisionnement et à des pénuries face à des matières plus difficiles
à extraire voir qui se raréfient au regard des possibilités d’extraction.
Il y a aussi les dommages sur l’environnement comme le montre la photo de droite qui à
été prise en plein jour le 31 octobre 2013 dans la ville de Harbin secteur très industriel
du Nord Est de la Chine. Il s’agit du jour ou les centrales de chauffage au charbon ont été
rallumées! Des photos similaires existent sur Pékin en janvier 2014.

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La clé de l’économie circulaire peut être empruntée à Kenneth E Boulding, économiste et
philosophe en résumant un passage d’un article qu’il a rédigé en 1966 ainsi : Il faut
passer d’une économie de cow-boy à une économie de cosmonaute. En d’autres terme
le temps est fini ou après avoir exploité une zone il est possible d’aller exploiter des
territoires vierges. Aussi notre planète est un vaisseau spatial qui a des stocks limités
qu’il faut utiliser avec parcimonie et à bon escient sans rien jeter.

Dit autrement, en terme de modèle économique, il ne faut plus penser à augmenter les
flux consommés mais à gérer des stocks finis dont certains sont très faibles. Il s’agit aussi
de passer d’une productivité du travail à une productivité des ressources.

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Il n’existe pas dans la littérature de définition de l’économie circulaire. Les travaux du
CND (Conseil national des déchets) ont essayé de préparer une définition mais elle
s’avère plus être une description. Sur cette base nous proposons la définition suivante :
« Système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle
de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation
des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement ». Il convient de
préciser que ce système économique doit viser à améliorer le bien être humain
comme l’indiquent les travaux des Nations Unies.

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Il convient avant d’aller plus loin de mieux comprendre les limites du recyclage.

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Si le recyclage est à l’origine du concept d’économie circulaire en s’inspirant du
fonctionnement des systèmes naturels on pourrait penser que le seul développement du
recyclage permet de faire de l’économie circulaire c’est-à-dire de ne quasiment plus
avoir de prélèvement sur les ressources naturelles ou pour le moins avoir un
prélèvement modéré. Comme ici dans une boucle parfaite. Hors ce n’est pas le cas pour
plusieurs raisons.

En effet à tous les stade du cycle de vie des produits il y a des pertes.

Ceci commence à l’extraction des minerais par exemple car en dessous d’une certaine
teneur en minerais, dite teneur de coupure, on laisse celui-ci dans la mine et compte
tenu de cette très faible teneur il est peu probable qu’il soit prochainement rentable de
l’extraire. Lors de l’extraction des métaux objets de l’extraction minière d’autres métaux
ne sont pas extraits et restent dans les déchets.

De même la production génère des déchets complexes qu’il n’est pas possible de
recycler techniquement ou pour le moins à des coûts économiques raisonnables.

L’usage des biens, et s’est souhaitable, fait qu’ils sont immobilisés dans nos
environnements les spécialistes disent dans la « technosphère ».

Ensuite la collecte et le recyclage des déchets est souvent incomplet notamment du fait
de l’impossibilité de séparer totalement les matières et de pertes à différentes étapes.

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Quelques illustrations concrètes des limites du recyclage.

Le stockage dans la technosphère que nous évoquions précédemment, en effet l’acier


dans un bâtiment ne sera disponible pour le recyclage que 50, 75 ou 100 ans après sa
construction. Et globalement chaque année ce stockage augmente.
La fibre de papier ne peut faire que 5 boucles de recyclage en moyenne car à chaque
phase de recyclage elle se coupe et perd les propriétés qui sont nécessaires pour une
bonne tenue du papier. Lors qu’elle est trop courte elle est éliminée par le procédé. Il
faudra donc toujours du papier issu de bois.
Lors de la préparation des ferrailles par électro aimant de nombreux moteurs électriques
sont captés avec les ferrailles car s’ils contiennent du cuivre ils contiennent aussi des
métaux ferreux. Hors les propriétés de l’acier diminue avec sa teneur en cuivre qui est
considéré comme un poison. Ainsi une bonne partie des ferrailles servent à faire du rond
à béton et pas des tôles automobiles qui demandent des caractéristiques très
spécifiques.
La peinture de cette pièce (il est rare de ne pas être dans une pièce avec de la peinture
au murs et/ou au plafond) est constituée d’oxyde de titane, très blanc et principale
charge des peintures, qui est ensuite coloré. Ceci représente 80% du titane extrait dans
le monde, hors il est peu vraisemblable que nous parvenions à le recycler.
Les métaux sont sous forme d’alliage, il y a par exemple 5000 nuances d’acier dans le
monde. Ces alliages sont obtenus en ajoutant d’autres métaux comme le molybdène, le
vanadium et bien d’autres. Hors il n’est plus possible ensuite de les extraire aussi le
recyclage, sauf tri précis des alliages, ne permet que de réaliser un cocktail dont les
propriétés sont différentes. Ainsi il est a nouveau nécessaires de prendre des minerais

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pour assurer la fabrication des nouveaux alliages.

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Si l’on regarde l’évolution de la consommation du cuivre dans le monde, dans un passé
lointain au début du 18 ième siècle nous consommions 2 100 t d’après les historiens de
la chose. Nous avons passer 1 million de tonnes par an en 1912 et nous sommes
actuellement à 17 millions de tonnes par an. La croissance des tonnages extraits est de
2,83% par an de 1960 à nos jours. Ceci peut paraître un faible taux, c’est un taux que les
économistes aimeraient avoir au minimum pour la croissance du PIB en France, mais il
faut se méfier des croissances exponentielles.

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Ce tableau montre en fonction du taux de croissance la durée qui conduit à un
doublement de la consommée. 70 ans avec un taux de 1% mais 15 ans avec un taux de
5%. Ayez en tête les taux de croissance de la chine. A 2,83 il y a doublement tous les 25
ans environ. Pour revenir au cuivre à ce rythme de doublement nous atteindrons plus de
200 millions de tonnes par an alors que les réserves actuelles connues sont de 500
millions de tonnes.
Ces éléments doivent nous inciter à réfléchir sur les perspectives.

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Pour avancer dans notre raisonnement sur le recyclage il convient d’estimer le temps
moyen d’immobilisation du cuivre dans la technosphère.
Bien entendu ce temps varie suivant les usages. D’après cette estimation d’un spécialiste
américain des matières premières elle varie en moyenne de 50 ans dans les
infrastructures à 10 ans pour les équipements grand public. Nous aboutissons ainsi à
une moyenne pondérée de 35 ans.

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Si l’on regarde la situation à aujourd’hui la demande est à un niveau dans une croissance
exponentielle figurée par cette courbe.

Par ailleurs le potentiel maximal théorique pour le recyclage est fonction de la


consommation à une année qui correspond à la aujourd’hui moins la durée de vie
moyenne de la matière considérée dans les produits concernés. Soit 35 ans comme nous
l’avons vu précédemment et beaucoup moins par exemple pour le papier, probablement
environ deux ans.

Ainsi à un moment donner, dans une situation de croissance continue qui plus est
exponentielle le recyclage ne peut satisfaire qu’une partie limitée de la demande qui
doit être comblée par l’exploitation de matières premières primaires.

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Prenons maintenant l’exemple d’une substance quelconque avec une durée
d’immobilisation moyenne dans la technosphère de 10 ans et un taux de croissance de
la consommation de 3% par an figurée par la courbe rouge. Il en résulte qu’à tout
moment, pour un taux de recyclage de ce qui est disponible de 80% ce qui est très élevé,
la courbe verte montre que la demande de matière première vierge diminue avec un
décalage de constant de 31 ans et en abaissant la demande à 40% de ce qui serait
nécessaire sans le recyclage.
Dans ces conditions de croissance le recyclage ne peut satisfaire qu’une partie, certes
importante et indispensable, mais limitée de la demande.

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Voyons concrètement ce qui se passe pour le cuivre.

La consommation de cuivre a augmenté de 2,83 % en moyenne sur les 50 dernières


années, rappelons que la durée moyenne de stockage dans la technosphère est de 35
ans. Le taux de récupération estimé du cuivre est de 53%. Ainsi le cuivre de recyclage ne
pourra couvrir que 20% de la demande.

Actuellement les statistiques montrent un taux de couverture de 15 à 17%

En gardant les mêmes hypothèses de départ (2,83% de croissance et 35 ans de stockage)


et avec un taux de récupération de 100% très peu probable le recyclage ne couvrirait au
mieux qu’un peu plus de 37% de la demande.

Ceci démontre parfaitement que l’économie ne peut être circulaire qu’en agissant
seulement sur la performance du recyclage.

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Voyons un peu plus ce qu’est l’économie circulaire

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Quels sont les principaux objectifs de l’économie circulaires ?

l’utilisation modérée et la plus efficace possible des ressources non renouvelables ;

une exploitation efficace des ressources renouvelables respectueuse de leurs conditions


de renouvellement ;

l’éco-conception des biens et services

une production plus propre ;

une consommation plus respectueuse de l’environnement ;

la valorisation des déchets en tant que ressources qui est à la base du développement
originel du concept d’économie circulaire;

le traitement des déchets avec le minimum de nuisance.

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L’économie circulaire est à la croisée de différents concepts.

Ils sont multiples et le tableau peut paraître confus. Nous allons en avoir une lecture
ordonnée.

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Tout d’abord à la base se tient la gestion efficace des ressources qui est à la base de tout.
Dans le domaine de la conception des produits gravite trois concepts. L’éco-conception
qui est maintenant connue de nombreux acteurs, le cradle to cradle (du berceau au
berceau) défini par deux auteurs l’un chimiste allemand et l’autre architecte américain
qui vise à concevoir des produits sans substance toxique et dont tous les composants ou
constituants intermédiaires sont recyclables. Enfin le biomimétisme qui est souvent
rattaché à l’économie circulaire et qui vise à s’inspirer des modèles naturels efficaces,
l’exemple historique en est le velcro inspiré par la configuration des certaines graines qui
s’accrochent aux tissus.

Dans le domaine du fonctionnement des zones d’activité se place l’écologie industrielle


aussi appelée symbiose industrielle de sa traduction anglaise. Elle vise à faire que les
différents acteurs mutualisent des services mais surtout qu’ils s’échangent des
ressources, déchets, chaleur, eau afin de ne plus jeter. Il s’agit d’une symbiose
industrielle, autre nom, qui veut calquer le fonctionnement des éco-systèmes naturels.
L’écologie industrielle est actuellement appelée en France écologie industrielle et
territoriale (EIT pour les familiers)

A la frontière entre la conception des produits et la consommation se trouve l’économie


de la fonctionnalité qui consiste pour une entreprise fabricante à ne plus vendre un bien
mais à en vendre le service. Deux exemples historiques sont maintenant rejoints par
d’autres entreprise. Xerox pour les photocopieurs qui ne sont plus vendus mais c’est le
service d’impression qui est vendu. Michelin avec Fleet Solution pour les flottes de
transport qui ne vend plus des pneus mais qui vend du kilomètre parcouru avec service

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de maintenance. Rejoints aujourd’hui par Tarkett qui vend de l’usage de revêtement de
sol ou Philips qui vend la fonction éclairage. Ceci conduit les dit fabricant à avoir intérêt à
ce que les produits durent plus longtemps et à les réemployer, les remanufacturer et
enfin à les recycler. L’économie d’usage est de même nature et correspond à une nuance
que font certains auteurs.
Dans le domaine de la consommation se place aussi l’économie collaborative comme
l’autopartage, la location entre particuliers et d’autres aspects. Attention dans ce
domaine en pleine évolution il n’est pas certain que toutes les pratiques soient
bénéfiques pour l’environnement. Par exemple l’autopartage en réduisant les coûts peut
induire une augmentation des déplacements.

Nous entrons ici dans des politiques plus anciennes sur les déchets. Le zéro déchets est
un concept créé par deux américains l’un contre la mise en décharge l’autre contre
l’incinération des déchets. Ce concept plutôt développé dans des villes anglo-saxonne
vise à développer le recyclage et à limiter la production de déchets.
La prévention des déchets est elle bien connue en France et en Europe avec la publication
du 2ième plan pour la France

Pour terminer deux concepts la responsabilité élargie des producteurs qui vise à
renforcer le recyclage et améliorer la conception des produits largement développée en
France. Et l’économie bleue, concept développé par un industriel belge qui s’apparente à
l’économie circulaire et est définie en 21 points.

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Voyons maintenant comment ceci intervient sur les flux de déchets.

Dès le début du cycle l’extraction des matières premières génère des déchets qu’il faut
collecter et trier.

Il en va de même pour tous les stades du cycle de vie suivants de la fabrication des
composants à l’utilisation en passant par l’assemblage, la distribution et l’achat.

Une première possibilité est d’éliminer purement et simplement ces déchets par mise en
centre de stockage ou par incinération simple

La valorisation énergétique est une autre possibilité qui est à envisager lorsqu’il n’y a pas
d’autres possibilités de valorisation car ce n’est possible qu’une fois et la matière est
perdue.

Au cours de ce cycle l’on cumule les impacts environnementaux, il s’agit de l’économie


linéaire.

Pour en sortir la première étape est d’entretenir et de réparer pour faire durer les biens.

Ensuite si ce n’est pas possible parce que l’on a plus l’usage du bien il convient
d’envisager de le réemployer ou de le réutiliser (en France la réglementation fait que l’on
réemploi des produits et que l’on réutilise des déchets)

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Lorsqu’il n’est plus possible d’envisager une utilisation en l’état il est envisageable de
rénover le bien ou de refabriquer (remanufacturing) un bien à partir de plusieurs et de
pièces neuves éventuellement. Ceci existe depuis longtemps pour les démarreurs,
alternateurs et moteurs automobiles.

Lorsque enfin le biens ne peut plus servir il convient d’en recycler ses composants si
possible en boucle fermée c’est-à-dire dans le même usage (une cannette en aluminium
en cannette aluminium) ou à défaut en boucle ouverte (une cannette aluminium en
carter automobile)

Ainsi au fur et à mesure que l’on remonte la valeur économique et environnemental de la


matière diminue. Une tonne d’inox à plus de valeur lorsqu’il est dans une machine à laver
que lorsqu’il est recyclé en mélange avec d’autres dans une nuance bas de gamme.

Mais avant tout intervient l’éco-conception qui doit permettre toutes les boucles en
favorisant les boucles les plus basses ou internes.

Ainsi l’économie circulaire vise à favoriser les étapes en vert sur ce schéma pour diminuer
de façon sévère tous les éléments en jaune.

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Dans le monde des politique d’économie circulaire ou apparentées se développent.

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4 pays sont engagés dans de telles politiques.

Le Japon au début des années 2000 a développé une politique nationale autour de la
notion des 3R Reduce, Reuse, Recycle pour une société basée sur le recyclage.
La Chine promulgue en 2008 sa loi sur l’économie circulaire. Les problémes
environnementaux en Chine sont importants et deviennent un enjeu social et politique
tels qu’ils nécessitent des politiques structurantes d’envergure.
Les Pays Bas développent des approches autour du concept Cradle to Cradle.
L’Allemagne a transformé sa loi sur les déchets en loi sur l’économie circulaire.

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Si l’Union Européenne n’a pas à proprement parlé à ce jour une politique
d’économie circulaire elle s’en rapproche au travers des réflexions sur les
ressources.

Ainsi en 2005 elle publie sa stratégie sur l’utilisation durable des ressources
naturelles;

En 2008 elle prend une initiative sur les matières premières au travers d’un
document de référence;

En 2009 elle publie sa feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation
des ressources. Ce document constitue la base des travaux actuels de la
commission européenne et intègre une réflexion sur l’économie circulaire.

Différentes actions en sont issues dont notamment le partenariat européen pour


l’innovation sur les matières premières initié par la DG entreprises;

Ou la plateforme européenne sur l’efficacité des ressources qui est un groupe


d’appui à la DG environnement pour définir les orientations.

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Voyons comment s’organisent les actions de développement de l’économie circulaire.

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L’économie circulaire s’organise en 3 domaines et 7 piliers.

Les trois domaines :

En agissant sur l’offre au travers des acteurs économiques;


En agissant sur la demande et le comportement des consommateurs qu’ils soient
citoyens ou entreprises;
En intervenant sur la gestion des déchets;

Voyons les 7 piliers d’action.

Le premier domaine vise à développer l’approvisionnement durable, l’éco-


conception et l’écologie industrielle et territoriale. Et à la frontière du domaine
suivant l’économie de la fonctionnalité qui relève de l’offre mais aussi de la
demande.

Le second domaine vise à développer la consommation responsable au travers


des achats raisonnés et performant ainsi qu’une utilisation conforme à l’usage
normal du produit. Il s’agit aussi de prolonger la durée d’usage par le réemploi, la
réparation et la réutilisation.

Globalement ces deux domaines intègrent notamment les politiques de


prévention des déchets dans une politique plus large et vise à réduire très

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fortement l’obsolescence dite programmée ou accélérée des produits.

Le troisième domaine, plus anciens vise à recycler le maximum de déchets.

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Voyons trois dimensions ou aspect importants de l’économie circulaire.

Tout d’abord il n’y a pas d’échelle spécifique pour développer l’économie


circulaire. L’économie circulaire commence au niveau individuel et peut se
développer au niveau du quartier, de la ville comme le font les chinois, de la
région, du pays ou du continent.

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Deux approches totalement complémentaires, entre autres, doivent être
envisagées.

D’une part une approche intra ou interprofessionnelle au sein des secteurs


économiques induisant une mise en mouvement de l’ensemble des acteurs d’un
secteur par une mise en comment des approches et des techniques. C’est ce qui
doit se développer au travers des accords volontaires initiés par la conférence
environnementale de septembre 2013. Ainsi chaque chacune des 14 filières,
ayant chacune un comité stratégique de filière et relevant du Conseil National de
l’Industrie devra avant fin 2014 intégrer dans son contrat stratégique de filière
des engagements et des objectifs d’économie circulaire.

D’autre part une approche territoriale permettant de rassembler les différents


acteurs du territoire pour engager collectivement une dynamique d’économie
circulaire. La aussi la conférence environnementale de septembre 2013 invite les
Régions, sur une base volontaire, à engager une stratégie régionale d’économie
circulaire. Il est prévu que 4 régions soient engagées d’ici fin 2014, dont deux en
phase de mise en œuvre. Puis 10 régions engagées à fin 2015.

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Le chiffrage des impacts économiques et sociaux est délicat, peu d’études existent sur ce
sujet en Europe et aucune en France. Aucune étude ne brasse l’ensemble des domaines
et pilier de l’économie circulaire car s’agissant d’un nouveau modèle économique les
facteurs sont multiples et les effets induits aussi. Il est cependant possible de donner
quelques éléments.

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L’élément principal de l’action qui est devant nous consiste à gérer une évolution.

Jeremy Rifkin, consultant américain parle même de troisième révolution


industrielle. En effet après la révolution liée à l’avènement de la vapeur puis
celle liée au pétrole et à l’électricité se prépare celle de l’énergie produite de
façon décentralisée et gérée par les réseaux intelligents. Jeremy Rifkin a
travaillé avec la Région Nord Pas de Calais pour produire le « Master Plan » qui
s’il n’est pas centré sur l’économie circulaire montre l’ampleur des
changements qui peuvent être envisagés.

Nous sommes que nous le désirons ou non dans un monde en métamorphose


comme le dit le philosophe Edgar Morin

Des habitudes et des métiers vont décroitre voir disparaître. Ainsi nous
pouvons citer la problématique posée à La Poste pour les facteurs du fait de la
décroissance importante des courriers papiers qui renchéri la distribution.
Ainsi la question est posée de ne plus distribuer le courrier tous les jours ou en
tous les points.

A l’inverse des habitudes, des métiers vont apparaître et se développer. Ainsi


la poste propose à ses clients professionnels des petites entreprises un service
de reprise des papiers usagés. De même en zone touristique c’est le facteur

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qui relève le compteur électrique des résidences secondaires lorsque
l’habitation est ouverte. La Poste expérimente aussi l’offre de service
d’imprimantes 3D dans quelques bureaux de poste.

Le plus difficile n’est pas de se fixer des objectifs du type division par un facteur
2 de la consommation des matières premières mais de gérer la transition.

Il convient d’être optimiste et volontaire face des enjeux vitaux pour le futur de
l’humanité et à une tâche immense.

Passage dia suivante.

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