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SEMINAIRE DE

FORMATION SUR
LE DEVELOPPEMENT
DURABLE .

KOUTO, LE 28 JANVIER 2015.


PARTICIPANTS:

- LE CORPS PRÉFECTORAL;
- LES ELUS;
- LES DIRECTEURS ET CHEFS DE
SERVICE;
- LES LEADERS D’OPINION.

INTERVENANT: KOUAME BI KALOU CLÉMENT,


PRÉFET DU DÉPARTEMENT DE
KOUTO.
PLAN DE L’EXPOSÉ:
INTRODUCTION

I/ L’HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE


A) LA PENSEE CARTESIENNE, SUPPORT IDEOLOGIQUE
DE LA TOUTE PUISSANCE DE L’HUMAIN
B) LA PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE

II/ LES CARACTÉRISTIQUES DU DÉVELOPPEMENT DURABLE


A) L’EFFICACITE ECONOMIQUE
B) L’EQUITE SOCIALE
C) LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

III/ LES CONDITIONS D’UN DEVELOPPEMENT DURABLE POUR LA


COTE D’IVOIRE
A) LA VOLONTE POLITIQUE
B) LA PRISE EN COMPTE DES ERREURS DU PASSE

CONCLUSION
INTRODUCTION
Le développement durable est une conception du bien commun développée
depuis la fin du XXe siècle. C’est donc une conception récente, mais légitime
et raisonnable pour tout pays soucieux d’offrir à ses populations
d’aujourd’hui et aux générations futures les meilleures conditions de vie
possibles. C’est donc une notion qui vise à prendre en compte, outre
l’économie, les aspects environnementaux et sociaux qui sont liés à des
enjeux de long terme.
La Côte d’Ivoire, qui a de grandes ambitions (faire de notre pays, un Etat
émergent à l’orée de l’an 2020), s’inscrit dans cette vision, en atteste la
création d’un Ministère chargé du développement durable.
Aussi, la présente formation vise-t-elle à nous familiariser avec le terme de
« développement durable », ce qui implique de connaître son histoire (I), ses
caractéristiques (II) et les conditions de son application dans le contexte
ivoirien(III).
I/ HISTOIRE DU DEVELOPPEMENT
DURABLE
Si, au milieu du XVIIIe siècle, la poussée de la pensée
cartésienne a consacré la toute puissance de l’humain (A),
une prise de conscience collective va s’opérer au milieu du
XXe siècle (B) pour introduire la question éthique au cœur
des préoccupations des Etats.
A/ LA PENSÉE CARTÉSIENNE, SUPPORT
IDÉOLOGIQUE DE LA TOUTE PUISSANCE DE

L’HUMAIN

1) L’approche philosophique
Le développement actuel prend ses racines dans la
conception du développement héritée de la Révolution
industrielle. Le développement s’entend de la relation de
l’homme avec la nature. Cette relation évolue en fonction
des croyances et progresse selon les civilisations. Ainsi, le
XVIIIe siècle a vu s’affronter deux courants de pensées
incarnées par deux écoles :
●L’école de l’adaptation prônée par le penseur anglais
Francis BACON pour qui « on ne commande à la
nature qu’en lui obéissant ». Il recommande donc à
l’homme de s’adapter à cette nature s’il veut
arriver à la maîtriser;

●L’école de la lutte, défendue par le Français René


Descartes qui considère « l’homme (comme)
possesseur et maître de la nature » et qui doit, par
conséquent, lutter contre cette nature pour la dominer.
C’est la pensée cartésienne qui s’impose. Elle va
impulser le « siècle des Lumières » qui va être celui de la
confiance aveugle en la raison et conduire, du fait des
avancées scientifiques, à la première Révolution
industrielle.
2) L’approche historique

Cette Révolution industrielle s’appuie sur:


- Une source d’énergie puissante (la force humaine, la force animale
bientôt suppléée par le charbon de bois) ;
- Des moyens de communication (technologie de la communication,
imprimerie, bateaux, chemins de fer), qui donnent lieu à une
internationalisation des échanges, prémices à la mondialisation.

Elle permet la création d’usines manufacturées dont les produits servent


à l’économie ou à d’autres industries, mais cette Révolution ne change
pas les conditions de vie car elle ne génère pas de biens de
consommation courante.
La deuxième Révolution industrielle, celle du XXe siècle, se produit lorsque le pétrole remplace le charbon de bois. Elle
continue et accélère le modèle précédent pour aboutir à une société de consommation caractérisée par l’exploitation à
outrance des ressources naturelles imposée par les pays industrialisés qui sont tournés vers des critères de croissance
essentiellement économiques dont le principal, aisément mesurable est le PIB
(Produit Intérieur Brut).

Toutefois, au milieu du XXe siècle, commence à poindre une sourde contestation, qui va s’amplifier et donner lieu à une
prise de conscience collective.
B/ LA PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE
Elle est d’abord le fait de la société civile, puis celui
de la Communauté des Etats.

1)La société civile

Initiée par des groupes hippies et quelques mouvements de jeunesses


américains la contestation va s’accélérer
sous l’effet conjugué d’une double fracture
sociale et humaine et écologique.
a) La fracture sociale et humaine

Pour une partie de l’opinion, la croissance engendrée par la


société de consommation ne profite qu’à une infime partie
de la planète, c’est-à-dire aux pays industrialisés, à
l’exclusion de ceux du Tiers-Monde. Cette exclusion se vit à
l’intérieur d’un même continent avec la part belle faite à
l’Europe occidentale par rapport à l’Europe de l’Est. Enfin,
elle se constate à l’intérieur
d’un même Etat quand tous les biens sont accaparés par
quelques individus au détriment
de la grande masse.
b) La fracture écologique
Elle se caractérise par :
- l’épuisement des ressources naturelles (matières premières, énergies fossiles.
Exemple : les chocs pétroliers de 1973 et 1979 qui ont fait prendre conscience
aux pays développés que leur prospérité matérielle était fondée sur
l’utilisation intensive de ressources naturelles finies);
- la pénurie des ressources en eaux douces susceptibles d’affecter l’agriculture;
- la destruction et la fragmentation des écosystèmes, notamment la déforestation
qui se manifeste par la destruction des forêts tropicales;
- la diminution de la biodiversité;
- le changement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre ;
- la pollution;
- les catastrophes naturelles et industrielles (exemple : centrale nucléaire de
Tchernobyl).
Parallèlement, un groupe de réflexion, composé d’industriels,
de chercheurs et de diplomates, connu sous l’appellation
« Club de Rome », produit un rapport (Halte à la
croissance ? ») dans lequel il critique cette société de
consommation et ce mode de développement. La société civile
a émis suffisamment de préoccupation pour que la
Communauté des Etats soit amenée à se pencher sur la
question environnementale.
2) La Communauté des Etats

A l’instigation des Nations-Unies, une première conférence mondiale sur


l’environnement se tient à Stockholm en Suède, en 1972.
A l’issue de ce sommet, est créé le Programme des Nations-Unies pour
l’Environnement (PNUE) chargé notamment de la mise en œuvre d’un système de
surveillance internationale dans le domaine écologique. Le PNUE met sur pied la
CMED (Commission Mondiale pour l’Environnement et le Développement), un
groupe de travail présidé par le Premier Ministre suédois de l’époque, Madame GRO
HARLEM BRUNTDLAND, qui produit en 1987, un rapport connu sous le nom de
rapport « BRUNTDLAND ». Ce rapport conceptualise pour la première fois le terme
de développement durable qu’il définit comme « un développement qui répond aux
besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations
futures à satisfaire leurs propres besoins ».
Le développement durable apparaît donc comme la réponse de
tous les acteurs sociaux (Etats, acteurs économiques, société
civile) à la crise écologique et sociale mondialisée.

De manière plus simple, le développement durable est un


mode de développement qui a pour but de produire des
richesses tout en veillant à réduire les inégalités, sans pour
autant dégrader l’environnement. Ainsi apparaissent
clairement les caractéristiques du développement durable.
II/ LES CARACTERISTIQUES
DU
DEVELOPPEMENT
DURABLE

Le développement durable est à la


confluence de trois préoccupations, dite les
trois piliers du développement durable.
A/ L’EFFICACITÉ
ÉCONOMIQUE

Traditionnellement, la notion d’efficacité économique dans une économie de


marché est liée à l’analyse microéconomique de la production. La production
d’une unité de bien est considérée économiquement efficace lorsque son coût
de production est le plus faible. L’efficacité économique se distingue de
l’efficacité technologique qui survient lorsqu’il n’est pas possible
d’augmenter l’output sans augmenter les inputs. L’efficacité technologique
fait alors intervenir les connaissances scientifiques et l’innovation, et indique
ce qui est techniquement faisable pour la production d’un bien. En revanche,
l’efficacité économique dépend des prix des facteurs de production. Dans
notre cas, l’efficacité économique est traitée à travers l’analyse de la
croissance.
B/ L’ÉQUITÉ
SOCIALE
Outre l’efficacité économique, le développement durable suppose
également un développement socialement équitable. La dimension
sociale du développement durable traduite par le principe d’équité
sociale repose sur l’accès équitable de tous les hommes aux ressources
disponibles de la Terre.
Elle vise à assurer le développement présent sans compromettre celui
des générations futures.
L’équité peut être envisagée comme l’égalité des chances, des droits
ou des niveaux de bien-être. Il signifie, dans ce cas un accès
transparent et garanti du plus grand nombre aux services sociaux
(santé, éducation, logement, etc.), à la justice, aux droits de l’homme,
etc. Elle traduit aussi une solidarité intragénérationnelle et
intergénérationnelle.
C/ LA PROTECTION DE
L’ENVIRONNEMENT
Le Développement nécessite certes des investissements physiques et
humains. Cependant, il est nécessaire d’encrer dans le rendement
économique l’appréciation du capital naturel car le PIB, censé mesurer la
croissance économique sur le long terme prend mal en compte la
variation du capital naturel qui est un effet de long terme. Il est désormais
admis que la qualité de l’environnement et la sauvegarde du stock des
ressources naturelles ont de l’importance pour le bien-être présent et futur
de l’homme. Ces trois piliers du développement durable (social,
économique, écologique) doivent être en équilibre car, selon la théorie du
« baquet » il ne sert à rien d’avoir un niveau d’excellence sur l’un des
piliers, si un autre élément est dégradé. Quand on en fait un diagramme il
se présente de la manière suivante:
d
III/ LES CONDITIONS D’UN DEVELOPPEMENT
DURABLE POUR LA COTE D’IVOIRE

A) LA VOLONTE POLITIQUE

L’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent transparait dans


le PND (Plan National de Développement) 2012-2015 dont les grandes
lignes, qui se veulent un équilibre entre les trois composantes du
développement durable,
sont porteuses d’espoir et une grande partie en cours
de réalisation; ces grandes lignes sont :
- Pilier social :
●Combattre la pauvreté en puisant dans les traditions et valeurs
de la société africaine;
●Assurer une meilleure répartition des richesses en commençant
par les agriculteurs;
●Mettre en œuvre une politique d’aménagement du territoire
permettant le désenclavement des villages et zones de
productions agricoles, accès à l’eau potable et à l’électricité;
●Raffermir la cohésion sociale à travers la création d’emplois,
en particulier pour les jeunes.
- Pilier environnemental :

● Rendre participative et transparente la gestion du


secteur de l’environnement et du développement
durable;

● Restaurer les différents écosystèmes et améliorer la


gestion des ressources naturelles (eau, faune, flore);

● Exploiter les potentiels nationaux des énergies


renouvelables (énergie éolienne, énergie solaire).
- Pilier économique :

Le PND a listé quatre (04) marches à franchir sur le plan


économique pour atteindre l’émergence. Ce sont :
● L’exploitation des matières premières ;
● La contribution aux échanges internationaux
des produits manufacturés;
● L’exportation de capitaux;
● L’exportation de connaissances.

Il est heureux que les Autorités actuelles aient tiré des


leçons des erreurs du passé.
B) LA PRISE EN COMPTE DES ERREURS DU PASSE
De 1960, année de son accession à l’indépendance jusqu’au début de l’ année 1980,
notre pays a connu une relative prospérité. Sans expressément évoquer le terme de
développement durable, on peut considérer que les différents programmes nationaux
de développement avaient pour but d’y parvenir. Les « perspectives décennales
1960-1970 » et les « plans quinquennaux »1971-1975 et 1976-1980 avaient fait le
choix d’une économie libérale avec un recours massif aux investissements privés et
publics combinés à une main d’œuvre étrangère. L’accent était mis sur l’agriculture
(café, cacao), les infrastructures (routières et portières) et l’industrie du bois. Cette
période de prospérité a été qualifiée de « miracle économique » au vu des
ressources naturelles quasiment inexistantes du pays. Mais cette économie
essentiellement extravertie, portait en elle les germes de sa propre décadence car, au
regard des trois piliers du développement durable, elle présentait de grosses lacunes :
-Pilier environnemental :

La Côte d’Ivoire a établi des « cadres stratégiques de lutte contre la


pauvreté », sortes de plans nationaux qui résumaient la vision politique des
dirigeants de l’époque avec comme secteurs prioritaires les infrastructures et
les secteurs dits sociaux que sont l’Education et la Santé. Ce sont des choix
qui paraissaient sensés pour un Etat jeune et où tout était à construire. L’effet
induit de ces choix a été que la préservation de l’environnement a été reléguée
au second plan. Or l’un des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) recommande de mettre fin à l’épuisement des ressources naturelles.
En 1960, la Côte d’Ivoire comptait moins de trois millions d’habitants et
jouissait d’une couverture forestière de 16 millions d’hectares. Le climat
fournissait un écosystème favorable au maintien de la biodiversité.

Aujourd’hui, l’action de l’homme a réduit le patrimoine forestier à 2,5


millions d’hectares pour plus de 20 millions d’habitants.
- Le pilier économique :

L’Ivoirien a un désir de richesse mais une préférence


accordée à la consommation immédiate, à
l’investissement productif mais intensif au détriment du
travail acharné, de l’accroissement des capacités
productives du futur lointain.
- Le pilier social :
L’équité sociale est une notion dynamique qui
concerne la distribution des fruits de la croissance.
La redistribution des fruits de la croissance, notamment ceux de
l’agriculture (70%) a été mal faite et a
contribué à appauvrir les planteurs. On ne peut donc pas parler de
solidarité intragénérationnelle. Quant à la solidarité
intergénérationnelle, elle est, pour l’heure,
une vue d’esprit quand on pense que le massif
forestier est pratiquement inexistant.
CONCLUSION:

Le Président de la République nous a fixé un cap.


L’espoir est permis mais ce serait un leurre de penser
qu’il n’appartient qu’aux pouvoirs publics de nous y
conduire.
Chaque citoyen doit jouer sa partition afin que le
développement que nous envisageons soit durable.
JE VOUS REMERCIE.

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