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I. GENERALITES SUR LES FACTEURS DE PRODUCTION
Dans une économie de subsistance, il n'y a pas possibilité d'effectuer une véritable analyse
économique : les points de référence n'existent pas car en fait la famille n'a pas d'objectif de
production mais cherche simplement à satisfaire des besoins vitaux.
II est difficile, voire impossible, de définir une unité économique qui n'a pas de limites spatiales
(agriculture itinérante), qui consomme peu de moyens humains et matériels, qui utilise des
techniques et des outils rudimentaires : cette unité de subsistance fait appel essentiellement aux
potentialités naturelles et de ce fait se rapproche plus de la cueillette que des systèmes de
production.
En économie de marché par contre, l'amélioration de la production ne peut s'envisager sans une
analyse préalable. Il faut donc mettre en place des indicateurs qui permettront de mesurer
l'utilisation des moyens mis en oeuvre : terrains, main d'oeuvre, matériels, approvisionnements,
monnaie etc... Comme nous le voyons il s'agit de tous les facteurs que l'on combine pour obtenir la
production. Par convention on fera apparaître trois facteurs de production qui sont :
LA TERRE (ET SES AMÉLIORATIONS) ;
LE TRAVAIL ;
LE CAPITAL D'EXPLOITATION.
Il ne s'agit pas là d'une classification au sens strict du terme, ni sur le plan comptable, ni sur le plan
économique, mais de trois centres d'intérêt technique sur lesquels se concentrera l'action du
gestionnaire.
Nous décrirons d'abord ce que chacun de ces trois termes regroupe, proposerons ensuite les
éléments permettant de les mesurer et analyserons enfin leur combinaison.
II. LA TERRE
1. Définition.
L'agriculture se singularise par l'utilisation de la TERRE. Aussi a-t-on cherché à étudier ce bien
isolément, en l'individualisant par rapport aux autres biens dont dispose l'exploitant. On lui rattache
cependant les autres éléments difficilement dissociables qui concernent certaines actions
d'amélioration du terrain naturel. Par convention, ces autres éléments sont ceux qui sont faits à
demeure et peuvent être en quelque sorte considérés comme définitifs. C'est le cas de toutes les
opérations indispensables à la mise en valeur (défrichement, défonçage, nivellement etc.) ou
d'opérations nécessaires à un système de production et dont l'implantation est permanente (gros
travaux d'irrigation et/ou drainage définitifs, banquettes et terrasses, bassins piscicoles etc.).
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Comme il arrive souvent en gestion, la limite entre "permanent" et "de longue durée" n'est pas
toujours très nette et il appartient donc au chef d'exploitation de faire son choix pour classer telle ou
telle amélioration dans le facteur terre.
Nous proposons la définition suivante :
La TERRE, richesse caractéristique de l'agriculture, est une partie des biens dont dispose
l'exploitant, qui se compose de la TERRE proprement dite et des améliorations permanentes
(améliorations foncières) qu'on lui a apportées'.
Du point de vue de son appropriation il faut distinguer la terre et ses améliorations foncières
appartenant à l'exploitant qui sont donc en faire valoir direct et constituent le capital foncier. Il s'agit
des domaines bornés soit en propriété soit en location emphytéotique avec l'Etat. A ce capital
foncier s'ajoutent les superficies exploitées selon un mode de faire valoir indirect (fermage et
métayage).
Pour le gestionnaire c'est l'ensemble des terres qui importe et pour en maîtriser l'utilisation, il faut
pouvoir l'analyser. Mais au préalable, et c'est l'objet du chapitre suivant, il convient de rappeler les
caractéristiques sociologiques, techniques et économiques de la terre.
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à qui appartient la terre, et qui l’utilise ?
y a t il des interdits d'ordre sociologique ?
De par leur caractère irréversible, ces aménagements fonciers, tout comme la terre, orientent le
choix des spéculations et du système de production.
c) L'aspect économique.
Ce que nous appelons ici aspect économique de la terre se borne à caractériser sa valeur; nous
verrons au chapitre suivant son analyse micro économique.
La terre possède-t-elle une valeur ? Certainement, mais cette valeur ne se traduit pas toujours de
façon monétaire. C'est d'abord une valeur affective qui relève plus du domaine sociologique que de
l'économie.
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Mais c'est aussi une valeur intrinsèque liée à la fertilité naturelle et pouvant s'extérioriser par un
certain potentiel de production. On dit qu'une terre a plus de valeur qu'une autre, si on l'estime plus
fertile, c'est à dire si elle donne de meilleurs rendements dans des conditions de culture identiques.
Mais le marché de la terre est presque inexistant en Côte d'Ivoire et si on se place d'un point de vue
purement économique on ne peut établir un coût ; il n'y a pas de valeur marchande. Ce n'est pas la
terre elle même qui fait l'objet de tractations monétaires mais plutôt ce qu'elle porte (essentiellement
des cultures pérennes).
Les améliorations foncières, par contre, ont acquis de par les dépenses qu'on y a effectuées une
véritable valeur commerciale : ce sont elles qui donnent au facteur terre sa réelle valeur. Le montant
de celle-ci est essentiellement calculé en fonction du coût des aménagements permanents auquel
s'ajoutent les divers frais d'établissement en relation avec la terre (purge des droits coutumiers, levés
topographiques, bornages etc...). Notons enfin que la valeur ainsi attribuée à la terre n'est pas
forcément exactement le coût des aménagements augmenté des frais d'établissement, mais qu'elle
sera corrigée par les diverses considérations énumérées précédemment.
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De quoi dispose l'exploitant pour ses activités agricoles?
Parmi les terrains dont dispose l'exploitant (S.C.), une partie est utilisée à des fins n'ayant aucun
rapport avec l'agriculture, essentiellement pour des carrières ou des terrains à bâtir. Nous
désignerons cette superficie comme la SURFACE HORS EXPLOITATION (S.H.E.).
Le reste utilisé par les activités proprement agricoles (productions végétales et animales) ou para-
agricoles (cueillette, chasse, pêche) s'appelle la SURFACE AGRICOLE TOTALE (S.A.T.).
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La S.A.U. est-elle la superficie cultivée chaque année ?
On constate que pendant une année, on peut, sur une même sole faire deux, voire plusieurs cycles
culturaux. On peut par exemple faire après un premier cycle de maïs, un second cycle de mais ou de
coton, i Avec une bonne maîtrise de l'eau on peut faire du riz irrigué également en r deux cycles.
Quant aux cultures maraîchères, le plus souvent elles se « succéderont à un rythme rapide sur une
même planche.
L'aire géographique représentée par la S.A.U ne change bien évidemment pas alors que la surface
cultivée dans l'année lui est < supérieure. On appelle cette augmentation d'emploi de la terre la
SURFACE AGRICOLE DEROBEE (S.A.D.).
Une des cultures sera choisie arbitrairement comme culture principale faisant partie de la S.A.U.
L'autre culture, ou les autres, constitueront la surface dérobée. Les critères de distinction seront, par
exemple, la chronologie, la durée des cycles, l'importance relative accordée à l'une ou à l'autre des
spéculations etc. Leur somme constitue la SURFACE CULTIVEE DANS L'ANNEE (S.C.A.).
Donc S. C. A. = S. A. U. + S. A. D.
En rajoutant la Surface Agricole Indirecte à cette surface cultivée dans l'année on obtient ce qui est
effectivement utilisé par les productions pendant un exercice. On l'appelle la SURFACE
AGRICOLE NETTE (S.A.N.).
Donc S. A. N. = S.A.U. + S.A.D. + S.A.I.
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Les différents termes que nous venons d'étudier permettent une classification des terres d'un point
de vue spatial et nous aide à sérier progressivement la part prise par l'agriculture dans l'occupation
des surfaces. Qu'en est-il de cette occupation par les cultures ?
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Quelles productions doivent être considérés comme pérennes ?
Toute culture qui n'intervient pas dans la rotation est pérenne. C'est le cas de toutes les plantations
et de beaucoup des productions de la zone forestière.
Font partie de cette catégorie les pâturages (à l'exclusion des parcours) s'ils n'entrent pas dans le
plan de rotation. On parle parfois de Surface Toujours en Herbe (S.T.H.) pour les désigner.
Dans les plantations nous distinguerons, toujours dans un souci de gestion, les plantations à récoltes
successives et régulières (palmier, hévéa, fruitiers etc.) et les plantations à récolte unique et
définitive (essentiellement l’essence forestière cultivée). Après une période d'investissement, dans
les deux cas, il faut faire face à des frais annuels : mais si les unes produisent régulièrement tout au
long du cycle, les autres ne donneront leur production principale qu'avec l'abattage de la plantation.
La notion de pérennité n'a pas le même sens aux plans économique et agronomique. Des plantes
annuelles ou bisannuelles telles que l'ananas et la canne à sucre se succédant à elles mêmes sur une
même sole peuvent être assimilées à des monocultures pérennes par l'agronome. Pourtant
l'économiste considérant le renouvellement régulier de la plantation les définira comme des cultures
assolées. :
En fait la notion de pérennité est indissociable de celle de temps d'occupation des sols.
Cultures intercalaires
Il s'agit de cultures implantées dans l'interligne laissé entre les rangs réguliers d'une culture
principale. C'est le cas, par exemple, des bananiers plantains intercalés entre les rangs de jeunes
palmiers. C'est une façon d'augmenter la productivité du sol, en particulier pour attendre la
production d'une plantation. Dans ce cas la répartition de la S.A.U. entre les deux cultures est
relativement aisée et peut se faire en fonction du degré d'occupation respectif de chacune d'elle.
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Cultures mélangées
C'est le cas inverse puisqu'il s'agit de cultures semées, conduites et récoltées ensemble pour obtenir
un mélange. Tout se passe comme si il n'y avait qu'une culture de plusieurs espèces. C'est le cas,
souvent des prairies ensemencées conjointement en légumineuses et graminées. La distinction des
parts de S.A.U. pour chaque espèce n'offre aucun intérêt.
Cultures associées
L'association représente en fait toutes les formes de cultures hétérogènes intermédiaires entre les
deux précédentes. Le cas le plus typique se trouve couramment en savane où les paysans
complantent sur une même butte igname et gombo, manioc et mais, etc. La répartition de la S.A.U.
entre les diverses cultures est très complexe, et son calcul ne se justifie pas. Le gestionnaire
considérera l'ensemble comme mixte.
Le cas du Pueraria planté sous palmeraie mérite une attention particulière. S'il n'est pas exploité, les
frais qui le concernent sont affectés directement au palmier. Par contre s'il sert de fourrage pour des
animaux, il sera considéré comme une culture intercalaire.
En fait la répartition entre cultures associées et cultures intercalaires n'est pas aussi simple que cela
peut paraître. Il appartient au paysan de faire son choix et même parfois de considérer qu'il y a
culture principale et culture dérobée. Dans ce cas la S.A.U. ne se trouve pas partagée, mais au
contraire augmentée (S.A.D) d'autant.
Conclusion partielle
Les classifications et répartitions énumérées dans les paragraphes précédents ne doivent pas être
prises comme des données mathématiques immuables. I1 importe de les utiliser de la façon la plus
souple qui soit, en gardant toujours à l'esprit qu'elles permettent de guider notre réflexion. L'objectif
n'est pas, en effet, de répartir les surfaces pour une simple satisfaction intellectuelle ; il importe que
le gestionnaire puisse analyser le "facteur Terre" de façon à ce qu'il puisse être utilisé de façon
optimale.
De cette analyse, à laquelle s'ajouteront d'autres critères (climatiques, pédologiques, techniques,
sociologiques etc.), pourront se dégager des solutions à proposer à l'agriculteur pour effectuer ses
choix.
Car en fin de compte, c'est l'exploitant qui doit décider, comme toujours en gestion ; sa volonté, ses
contraintes, ses potentialités lui sont propres et lui seul est à même d'utiliser des données technico-
économiques pour en tirer le meilleur parti.
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III. LE TRAVAIL
1) Définition.
Parmi l'ensemble des activités de l'homme, le travail occupe une place essentielle. Cette activité a
pour objet de réaliser des transformations et d'obtenir des résultats. Ce qui nous intéresse ici se
limite au travail agricole, ce qui exclue toute activité de cueillette, chasse, pêche, artisanat etc..
Comme tout ce qui touche à l'homme, c'est une notion difficilement cernable qui a un caractère plus
subjectif qu'objectif. Le travail dépend de phénomènes psychiques et physiologiques qui ne le
rendent pas aisément maîtrisable : il n'est déjà pas évident d'être conscient de sa propre capacité de
travail, il est illusoire de penser pouvoir cerner celle des autres (même en cas d'esclavage ou de
dictature !). A la différence des autres facteurs de production, le travail n'est pas une propriété.
Et pourtant on ne peut s'en passer : sans travail, pas de transformation, pas de production, pas de
résultat, pas même de satisfaction des besoins vitaux.
Bien que la notion de travail soit difficile à appréhender, nous proposons la définition
suivante :
"Le TRAVAIL (agricole) est l'ensemble des actions intellectuelles et physiques réalisées par
l'homme en vue d'obtenir des productions par une transformation des potentialités
naturelles".
Remarque : certains auteurs font du travail intellectuel un facteur de production à part entière.
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certain de donner un cadre précis pour l'ensemble du pays et donc de permettre une certaine
cohérence. Aussi est-il indispensable de connaître les droits et devoirs des travailleurs, les durées
légales de travail, les conditions de contrat et de rémunération.
Par ailleurs 11 faut connaître, d'un point de vue social les différentes habitudes régionales qui
existent : travail familial ou salarié, temporaire ou permanent, entraide etc.. A cela il convient de
relier les phénomènes migratoires et plus particu1ièrement les migrations saisonnières. Tous les
facteurs de production ont des caractéristiques sociales marquées mais le travail, dès lors qu'il est
une activité humaine, y est plus sensible ; c'est ce qui fait dire à certains que "social" et
"économique" sont opposés : cette affirmation est dangereuse. La gestion n'a pas pour but de lutter
contre des réalités sociales. Elle doit induire une amélioration de la qualité de vie. Or le maintien de
certaines coutumes fait partie de la qualité de vie souhaitée par le paysan. Il faut donc les prendre en
compte et ne pas les combattre systématiquement.
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L'amélioration des techniques
L'évolution des techniques apporte de nouvelles formes de travail. Ainsi par exemple la
mécanisation change fondamentalement le type du travail, le rendant en général moins pénible mais
demande des aptitudes différentes de celles requises en travail manuel. Elle permet également
d'augmenter le champ d'action et homogénéise en partie la qualité du travail puisqu'elle réduit
l'impact de la force physique et tend vers un résultat plus régulier. Cette régularité du résultat est
également ce qui est recherché par l'irrigation qui étale la production dans le temps et rend le travail
moins dépendant de la pluviométrie. De nombreuses autres améliorations des techniques ont une
répercussion sur le travail, tels ces autres exemples : utilisation de variétés précoces ou tardives
pour étaler les calendriers culturaux, utilisation de variétés résistantes à des maladies pour
supprimer des traitements, calibrage de semences pour éviter le démariage, etc.
L'organisation du travail
C'est un volet essentiel de la gestion. Elle doit permettre au chef d'exploitation de programmer les
activités et donc de limiter, autant que faire se peut les à-coups. L'organisation du travail, même si
elle ne peut être efficace face à certaines contraintes naturelles, reste un moyen raisonnable de
combattre. la plupart des difficultés inhérentes au travail et en particulier de résoudre les problèmes
de concurrence entre spéculations. Elle doit en outre rechercher la meilleure adéquation possible
entre les compétences du travailleur et les caractéristiques des tâches.
La formation
Puisqu'elle améliore les capacités et les aptitudes, il faut qu'elle tende à rendre le travail moins
difficile et si possible même attractif. En tout cas, elle a pour but d'en améliorer la qualité.
c) L'aspect économique
Parce qu'en économie de subsistance, le travail ne coûte rien (ce n'est pas un facteur de production),
on en oublie trop souvent son prix.
Pourtant, dans une exploitation, le travail représente toujours une certaine valeur. C'est évident
lorsqu'il s'agit de travail salarié : son coût est dans ce cas la somme des salaires, charges sociales,
avantages, etc. Mais c'est également vrai pour le travail familial qui a, un coût, qu'elle qu'en soit la
forme. Celui-ci est au moins constitué par tous les prélèvements qu'effectue la famille : nourriture
produite sur l'exploitation, hébergement, utilisation des recettes de l'exploitation pour des dépenses
familiales etc. Nous verrons plus avant qu'il est toujours très difficile de mesurer ce coût et
d'attribuer une valeur. En général, on ne calculera pas précisément le coût du travail familial et on
essaiera de le comparer au travail salarié en lui affectant, des rémunérations fictives.
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3) Décomposition du travail
a) Approche qualitative
Quelles sont les caractéristiques du travail en agriculture ?
Le travail en agriculture se caractérise surtout par l'aspect saisonnier des activités et par la pénibilité
de certaines tâches.
Les saisons entraînent une irrégularité des besoins en travail : par exemple, la culture du coton
occupe le terrain pendant 4 à 5 mois et la récolte demandera à elle seule, en quelques jours, plus de
main d'oeuvre que toutes les autres opérations antérieures réunies. D'une façon plus générale, en
savane, on constatera des pointes de travail importantes pendant la saison des pluies et en fin de
cycle pour la récolte alors que durant la morte saison, les activités sont réduites, voire nulles.
La climatologie est aussi un frein à l'organisation du travail : des pluies espacées, peu abondantes,
tardives retardent la mise en place des cultures et perturbent le fonctionnement. Au contraire, un
excès de pluie peut obliger à tout recommencer, rendant les efforts antérieurs nuls.
II n'est guère besoin d'insister sur la pénibilité des tâches manuelles qui, le climat aidant, fatigue les
travailleurs et rend difficile une programmation des activités. On comprend aisément que par des
méthodes appropriées (façons culturales, mécanisation etc.) et en choisissant les heures les plus
fraîches, on peut améliorer sensiblement les conditions de travail.
On notera enfin que pour beaucoup d'activités agricoles, et notamment pour l'élevage et le
maraîchage, s'ajoute la nécessité de présence continue qui empêche l'agriculteur de s'éloigner de son
lieu de travail : certaines contraintes techniques l'obligent même à rester sept jours sur sept sur son
exploitation. L'alimentation et la traite des bovins, la surveillance du potager et son entretien
quotidien interdisent des absences prolongées du responsable.
Quelles sont les différentes formes de travail ?
Au niveau d'une exploitation, il y a en fait deux grandes catégories de travail : le travail de
direction et le travail d'exécution.
Chacune de ces catégories renferme plusieurs formes, complémentaires les unes aux autres.
II est évident que l'essentiel du temps est réservé au travail d'exécution ; même si sa réussite est
conditionnée par la bonne réalisation des travaux de direction, il n'en reste pas moins vrai que c'est
de la quantité et de la qualité du travail technique que dépendront les résultats finaux. D'ailleurs on
ne doit jamais perdre de vue qu'un bon gestionnaire est avant tout un bon technicien et praticien.
L'agriculture est un métier. Contrairement à des opinions malheureusement répandues en
agriculture n'importe qui ne peut pas faire n'importe quoi. Ce métier est une somme de savoir-faire ;
certes ceux-ci sont difficiles à maîtriser compte tenu du caractère aléatoire de l'agriculture mais à
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fortiori ils exigent des capacités et compétences d'autant plus importantes et spécifiques. Nul ne
saurait nier les conséquences désastreuses de mauvaises préparations de sol, de modes opératoires
inadaptés, de produits phytosanitaires mal dosés, de rations alimentaires mal raisonnées etc.
Ces considérations sont admises en théorie mais la réalité quotidienne est là pour apporter une
multitude de contre-exemples. Il est trop facile d'accuser la fatalité, les irrégularités climatiques ou
l'environnement économique pour expliquer des échecs dus tout simplement à un mauvais travail. Il
faut en être conscient.
Sous le vocable "direction" nous comprendrons tout ce qui a trait à la comptabilité, à la gestion de
l'exploitation, aux fonctions de commercialisation et d'approvisionnement, à la mise en exécution
des décisions (commandement) et aux différentes actions de formation. Tous ces aspects restent
subordonnés à l'exécution effective des tâches techniques. Le travail de direction est un travail
supplémentaire qui ne sous-entend pas une dichotomie entre exécution et direction; le chef
d'exploitation est un praticien maîtrisant lui même les savoir faire nécessaires à son exploitation.
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travaillent pas durant tout l'exercice mais dès lors qu'ils perçoivent une rémunération régulière
pendant une certaine période, même sans effectuer de tâches, ils sont permanents pour la durée de la
période considérée. On les appelle en fait des semi permanents. Par analogie on considérera la Main
d'Oeuvre Familiale comme permanente pour la durée de sa présence au sein de l'exploitation.
Par contre, certains travailleurs ne sont employés que pendant un temps limité pour réaliser des
tâches précises et ponctuelles. Il s'agit alors de Main d'Oeuvre Temporaire (H.O.T.) ou Main
d'Oeuvre Occasionnelle.
Cette main d'oeuvre temporaire est le plus généralement constituée d'individus embauchés
directement. Mais on doit rapprocher de cette catégorie les diverses prestations de service et travaux
faits à l'entreprise (labour mécanisé, égrenage de mais, transports de produits) qui apportent du
travail à façon à l'exploitation. Le cas de l'entraide mérite d'être signalé puisqu'il s'agit d'un apport
de main d'oeuvre temporaire dont la particularité est d'être "payée" en nature, c'est à dire en travail.
On notera que parfois la limite entre Main d'Oeuvre Permanente et Main d'Oeuvre Temporaire reste
assez floue. Il arrive en particulier que pour être sûr de disposer d'une Main d'Oeuvre Temporaire
l'exploitant soit amené à la loger bien qu'elle soit payée en fonction des travaux réalisés. En tout état
de cause, le gestionnaire s'efforcera cependant de classer chaque travailleur dans une catégorie
précise.
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Remarque : Dans le cas où l'habitat n'est pas proche de l'exploitation, cas d'ailleurs à éviter, on ne
doit pas compter les temps de trajets comme temps disponible : il s'agit de déplacements
improductifs, à supprimer ou tout au moins limiter.
L'unité la plus couramment employée est l'Unité Travailleur Agricole Annuel (U.T.A.)
qui correspond à la capacité de travail d'un homme adulte et valide travaillant pendant; (300
journées) de 8 heures. Cette norme est sujette à caution mais c'est cette durée de 2400 heures par an
qui est notifiée dans l'article 98 du Code du Travail en Côte d'Ivoire. En fait il n'est guère possible
de considérer un travailleur agricole à plus de 0,8 U.T.A., soit environ 260 journées de 7h 30, ce qui
est déjà conséquent eu égard aux conditions du travail agricole.
On utilise aussi la Journée de Travail Humain, J.T.H., qui représente la capacité de travail
d'un homme adulte valide pendant une journée dont la durée moyenne est à définir pour chaque
exploitation. Cette unité n'est pas précise mais suffit souvent au gestionnaire.
Enfin on pourra faire appel à la notion d'Actif Agricole qui est encore plus floue et qui ne
représente pas à proprement parler une capacité mais plutôt une présence. C'est celle d'un homme
valide vivant sur l'exploitation pendant une année.
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Dans tous les cas, et en fonction des paramètres énoncés ci-dessus, la mesure du Travail dans
l'exploitation doit être raisonnée dans les calculs en fonction des réalités.
Dans ce qui va suivre on emploiera plus fréquemment le terme de temps dont le sens est purement
quantitatif et fait référence à des unités connues (années, jours, heures etc.), alors que le terme
travail recouvre un aspect qualitatif non mesurable. (voir le schéma de la page 15 pour suivre les
explications).
Les temps dont il va être question sont liés aux travailleurs humains et non à la motorisation.
En effet pour les engins motorisés il existe des compteurs qui mesurent les heures moteurs qui ne
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correspondent pas aux temps réels et dont l'intérêt réside dans la gestion du matériel et non dans
celle du personnel.
Dans tous les cas, la tâche du gestionnaire sera, au plan du travail, de rechercher l'adéquation la plus
fine possible entre le Temps Nécessaire et le Temps Disponible augmenté du travail temporaire.
Ceci nous amène à définir le Temps Disponible Inutilisé (T.D.I.)
C'est la partie du temps dont dispose l'exploitation en permanence et qui, pour des raisons diverses,
n'a pu être utilisé. Ces raisons sont souvent d'ordre qualitatif. Outre les exemples vus ci-dessus,il se
peut aussi que les permanents n'aient pas les capacités pour effectuer certains travaux et soient alors
remplacés par de la Main d'Oeuvre Temporaire spécialisée.
Dans tous les cas il apparaît que la tâche du gestionnaire est très complexe car tant quantitativement
que qualitativement, il est difficile d'assurer l'emploi optimal du facteur Travail. C'est pourquoi,
pour affiner l'analyse, on aura recours à des unités de mesure du travail.
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l'affouragement affectés à l'activité lait etc. Y sont inclus aussi les temps mis pour se rendre de
l'exploitation aux champs et ceux de préparation du matériel.
C'est à ce niveau, lorsque le T.A.N. est supérieur au T.A.U., qu'on doit ajouter le temps de Main
d'Oeuvre Temporaire, du moins celui qui est de même catégorie (directement affectable aux
activités).
Nous appellerons Temps d'Activités Direct, ce temps affecté spécifiquement aux productions, plus
précisément réparti en Temps d'Activités Direct des Permanents (T.A.D.p.) et Temps
d'Activités Direct des Temporaires (T.A.D.t.).
Par contre, les temps consacrés aux tâches communes concernent l'ensemble de l'exploitation.
Entrent dans cette catégorie les temps consommés pour l'entretien des immobilisations, pour la
conception, la formation, la commercialisation et l'approvisionnement, lorsque ces travaux ne sont
pas propres à une activité isolée. Ces tâches sont généralement peu compressibles mais, à l'inverse
des T.A.D., sont différables ou transférables. Il faut profiter des périodes creuses où les activités ne
présentent pas d'urgence pour réaliser ce type de travail.
Tous ces temps imputables indirectement sont appelés Temps d'Activités Indirect, et comme
précédemment on peut distinguer les Temps d'Activités Indirect des Permanents (T.A.I.p.) et
Temps d'Activités Indirect des Temporaires (T.A.I.t.).
La somme de tous ces Temps d'Activités, qu'ils soient directs ou indirects, des permanents ou des
temporaires, constituent ce dont l'exploitation a véritablement besoin pour fonctionner, et s'appelle
le Temps Agricole Nécessaire (T.A.N.).
Donc T.A.N. = T.A.D.p. + T.A.I.p. + T.A.D.t. + T.A.I.t.
Conclusion partielle
Le facteur travail est le plus difficile à cerner alors qu'il est essentiel pour réussir l'exploitation et
qu'il dépend fondamentalement de 1'homme.
Toute l'analyse que nous venons de mener est importante puisqu'elle prend en compte les aspects
quantitatifs et qualitatifs. Elle peut paraître complexe alors qu'elle ne relève que d'une analyse
objective en dehors de laquelle il n'est pas possible d'organiser les activités, de mettre en
correspondance les calendriers agricoles, de rechercher le plein emploi de la main d'oeuvre, bref de
faire de la gestion. Encore faut-il que l'exploitant et ceux qui le conseillent soient conscients que le
travail en quantité et qualité est directement proportionnel à la réussite.
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IV. LE CAPITAL D’EXPLOITATION
1. Définition.
L'exploitant agricole dispose de terres et utilise du travail. Cela ne suffit pas car il lui faut d'autres
moyens. C!est cet ensemble que l'on regroupe sous le terme de CAPITAL D'EXPLOITATION. Il
s'agit donc des bâtiments, du matériel et des installations, des animaux, des produits et matières en
stock, des disponibilités monétaires etc.
Le capital d'exploitation n'est donc pas un ensemble homogène, mais plutôt une juxtaposition de
richesses variées à l'exception de celle caractéristique de l'agriculture : le capital foncier. D'ailleurs,
selon les auteurs et leurs différentes préoccupations, la composition du capital d'exploitation n'est
pas toujours identique.
Nous proposons la définition suivante :
"Le capital d’exploitation est l'ensemble des biens monétaires et/ou non monétaires» ne
comprenant pas le capital foncier, mais devant permettre d'améliorer les résultats en faisant
produire la terre grâce au travail".
Le capital d'exploitation apparaît clairement comme le facteur complémentaire des deux autres. Son
hétérogénéité entraîne nécessairement une diversité des aspects qui s'y rattachent et qui feront
l'objet des paragraphes suivants.
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b) Les aspects techniques.
Les aspects techniques du capital d'exploitation sont très variés, ne serait-ce que du fait de sa
complexité.
Les plantations.
C'est la partie du capital d'exploitation la plus liée à la terre, ce qui conduit certains auteurs à
intégrer les plantations au capital foncier.
La création d'une plantation demande un certain temps qui le plus souvent dépasse l'année. Les
performances de la plantation dépendent des actions techniques de création (préparation du terrain
et matériel végétal) et d'entretien. Rappelons que ces plantations concernent toutes les plantes
pérennes c'est-à-dire aussi bien des cultures telles que café ou hévéa que les cultures fourragères et
l'arboriculture qu'elle soit fruitière ou forestière.
Les bâtiments.
Certains auteurs les classent également dans le capital foncier.
On considérera comme faisant partie du capital d'exploitation, tous les bâtiments présents sur
l'exploitation (y compris les habitations de l'exploitant et des ouvriers) qui sont nécessaires à la mise
en valeur de la terre.
Les bâtiments doivent être adaptés aux besoins des activités qu'ils abritent (élevage, stockage,
remisage etc.); cependant on ne doit si possible pas trop accentuer la spécificité car elle serait un
frein à d'éventuelles évolutions et réorientations ultérieures.
Nous rattacherons aux bâtiments les diverses installations fixes pouvant exister sur l'exploitation :
silos, cribs à maïs, râteliers d'étable, clôtures etc. On en fait parfois une rubrique spéciale
(installations spécialisées)
Notons enfin que la durée de vie réelle d'un bâtiment dépend du respect des normes de construction
et des entretiens : site, orientation, choix des matériaux, soin des travaux etc.
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Par ailleurs la mécanisation et la motorisation amplifient les actions de l'homme sur le milieu et
donc, sur la production. Sur le plan qualitatif, cette amplification influe aussi sur les erreurs
techniques qui deviennent de ce fait plus dangereuses qu'en travail manuel. De telles conséquences
néfastes pourraient: le plus souvent être évitées si la mécanisation s'accompagnait d'une adaptation
des autres techniques, c'est à dire si on ne le considérait pas comme un simple travail manuel
amélioré. Par exemple, le buttage manuel des ignames se fait sur un terrain non labouré : il ne crée
pas de lignes préférentielles de ruissellement et conserve des débris végétaux qui protègent le sol.
Dans la technique du billonnage mécanisé, on réalise des billons dans une terre meuble et si ceux-ci
sont faits dans le sens de la pente, le sol se dégrade gravement dès les premières pluies. Il faut donc
repenser les formes de travail (façon culturales en courbes de niveaux, aménagements anti-érosifs
etc.).
Sur le plan quantitatif, la mécanisation s'accompagne logiquement d'une augmentation des surfaces
travaillées sur l'exploitation dans son ensemble mais également au niveau des parcelles dont les
formes doivent aussi être adaptées. On crée ainsi des déséquilibres que seules des techniques
intelligemment raisonnées peuvent faire disparaître : labour assez profond plutôt que superficiel,
semis perpendiculaires aux pentes,, rotations judicieuses etc.
Le choix d'un matériel obéit à des considérations techniques qui ne sont pas seulement relatives à
l'usage qu'on peut en faire mais qui doivent également tenir compte de l'entretien qu'on peut assurer
(par soi-même ou par l'extérieur).
En conclusion l'acquisition de cheptel mort, puisqu'il implique un changement des techniques, doit
induire obligatoirement un changement des raisonnements et des comportements.
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Nous les citons ici pour mémoire, et leur étude relève de la comptabilité :
créances, c'est-à-dire ce que les clients doivent à l'entreprise ;
avoirs, c'est-à-dire ce que les fournisseurs doivent à l'entreprise ;
portefeuille agricole, c'est-à-dire les parts sociales de GVC et de coopératives ;
liquidités en banque et en caisse.
L'inventaire qui vient d'être fait; des divers éléments composant le capital d'exploitation n'est pas
suffisant pour en assurer la gestion. On verra par la suite comment ils sont très solidaires et
comment le manque de l'un d'entre eux se répercute immédiatement sur les autres. Là également des
méthodes graphiques notamment sur la trésorerie peuvent être intéressantes.
Il ne peut être question en raison de l'hétérogénéité du capital d'exploitation d'en analyser une
quelconque décomposition. On se reportera pour cela aux différentes unités telles que nombre
d'arbres à l'hectare, puissance en chevaux d'un tracteur, valeur en francs d'un stock etc.
Par ailleurs nous ne traiterons pas ici de l'aspect économique du capital d'exploitation dont la
valorisation est essentiellement vue en comptabilité (inventaires, bilan).
Conclusion partielle
Le capital d'exploitation, complément des deux autres facteurs n'est pas une fin en sol : c'est lui qui
permet une valorisation optimale de la terre? et du travail. C'est le facteur le plus complexe et qui
plus est, dépendant largement de l'extérieur. Non seulement il est extrêmement difficile d'en
maîtriser tous les paramètres mais encore l'ensemble de ces éléments est généralement coûteux à
l'exploitant, notamment au plan monétaire. C'est pourquoi son acquisition doit toujours être
progressive et circonspecte.
De nombreux échecs enregistrés en agriculture sont dus à l'obtention inconsidérée de capital
d'exploitation que l'on croit devoir se substituer au facteur travail alors qu'il n'en est que le
complément.
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V. LA COMPBINAISON DES FACTEURS DE PRODUCTION
1. Définition.
Nous venons de voir que chaque facteur de production pris isolément peut, s'analyser
individuellement ce qui dans un premier temps offre un intérêt certain. La réalité de l'agriculture est
complexe puisqu'à de rares exceptions près, les trois facteurs existent sur l'exploitation 1. L'analyse
va donc devoir porter sur les facteurs de production un à un, mais aussi sur leurs articulations entre
eux : complémentarités et antagonismes. Nous avons vu en particulier que le capital d'exploitation
apparaissait bien comme le facteur complémentaire de la terre et/ou du travail. Il est évident
également que certaines contraintes relatives à un facteur sont étroitement liées à celles relatives à
un autre facteur. C'est ainsi, par exemple, que les aspects sociologiques liés à la terre sont souvent
de même type que ceux liés au travail. Autre exemple, les modes opératoires utilisant un certain
type de matériel sont fonction de la qualité du sol et du travail potentiel.
C'est donc bien l'imbrication des facteurs de production entre eux qu'il nous faut à présent étudier si
nous voulons pousser notre analyse plus avant. Nous appellerons cette imbrication la
COMBINAISON des FACTEURS de PRODUCTION pour laquelle nous proposons la définition
suivante :
"La combinaison des facteurs de production est la façon dont ces facteurs sont assemblés en
quantité et en proportion en vue d'obtenir une production sur une exploitation".
En fait les choix de l'exploitant sont orientés par la combinaison des facteurs entre eux et en
particulier sur les possibilités de les utiliser avec plus ou moins de souplesse les uns par rapport aux
autres.
Dans la pratique il apparaît qu'on ne peut parfois évoluer en raison de la rigidité d'un des facteurs.
Par exemple, même lorsqu'on dispose de très grandes surfaces, on ne saurait augmenter
inconsidérément les emblavements en coton compte tenu du fort besoin en main d'oeuvre à la
1
Même dans les élevages hors sols le facteur terre existe ne serait-ce que pour supporter les bâtiments de l'exploitation
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récolte. Tout le monde sait également combien un manque de trésorerie limite la volonté de
s'agrandir.
Raisonnons sur un exemple : un exploitant dispose d'une grande quantité de terre et d'une main
d'oeuvre familiale importante; n'ayant que de faibles moyens monétaires il ne peut utiliser la terre et
le travail-disponible qu'en partie. L'obtention d'un prêt lui permet d'acquérir un capital d'exploitation
(mécanisation, semences, trésorerie etc.) adapté à une plus grande exploitation de son terrain. Dés
lors le travail devient le facteur limitant aussi bien quantitativement que qualitativement.
Pour une campagne agricole donnée on peut distinguer dans les facteurs limitants ceux qui sont
fixes et ceux qui sont variables : les premiers, ceux que l'on ne peut pas modifier à court terme,
constituent l'appareil de production (terre, travail permanent, plantations etc.); les seconds, peuvent
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être modulés en cours d'exercice (quantité d'engrais utilisation du matériel, alimentation des
animaux, main d'oeuvre temporaire etc.). On peut en ajuster plus facilement la quantité aux besoins.
Cette distinction est importante en gestion puisqu'elle permet d'analyser les limites entre lesquelles
on peut opérer et faire la part entre les décisions à long terme et celles à court terme.
On qualifiera les contraintes dues aux facteurs fixes de structurelles puisqu'elles sont liées à la
structure de l'exploitation. On qualifiera les contraintes dues aux facteurs variables
d’opérationnelles puisque liées aux opérations d'une campagne agricole donnée.
Rappelons qu'il faut être très prudent avec certaines contraintes notamment celles d'ordre psycho-
socJologique : il s'agit souvent de les considérer comme des paramètres réels avec lesquels il faut
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composer et ne pas chercher à les gommer systématiquement dans un esprit de technocratie peu
réaliste.
c) Les contraintes opérationnelles.
Elles sont, par essence même, liées aux activités d'une campagne agricole. On pourrait penser en
théorie qu'il y a proportionnalité entre les apports en facteurs variables de production et les résultats
escomptés. Si l'on embauche 10 manoeuvres occasionnels pour récolter 1 ha de coton ils mettront
en principe deux fois moins de temps que ne mettrait une équipe de 5 manoeuvres. Pourtant la
réalité est bien différente puisque nous allons voir que tant au plan technique qu'au plan
économique il n'y a pas proportionnalité entre les apports de facteurs de production et les résultats.
Au plan technique, les apports successifs d'unité de facteurs variables ne correspondent pas à des
augmentations régulières de rendement. Les apports initiaux engendrent toujours des améliorations
spectaculaires, mais au fur et à mesure que les doses augmentent les effets se font de moins en
moins sentir. A la limite des excès peuvent; même provoquer des dégradations voire la disparition
des productions. C'est le cas typique des engrais qui améliorent sensiblement les rendements dès
lors que les doses restent de l'ordre de faible à moyenne et qui n'ont plus d'effet à partir d'un certain
seuil au-delà duquel on assiste à une baisse de rendement puis, dans certains cas, à la mort des
plantes par empoisonnement.
C'est, ce qui a été mis en évidence par MITSCHERLICH par la loi des rendements non
proportionnels.
"Quand on augmente régulièrement la quantité d'un facteur variable de production, sans augmenter
les autres, l'accroissement de production provoqué par chaque nouvel apport d'une unité du facteur
en question n'a pas chaque fois le même effet.
Dans un premier temps l'accroissement de production est plus que proportionnel à l'augmentation
des doses du facteur. Puis l'effet dévient moins que proportionnel jusqu'à un maximum au-delà
duquel tout apport supplémentaire n'entraîne plus d'augmentation de la production et peut même
être nocif".
On appelé ce seuil l'optimum technique. Il correspond, en théorie au maximum de ce que peut
apporter l'agriculteur pour obtenir les meilleurs rendements.
Cette loi est illustrée par la courbe ci-dessous. Elle s'applique à tous les facteurs variables qu'il
s'agisse d'alimentation du bétail, d'irrigation, de densité de semis etc.
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En fait, pour le gestionnaire, ce11e 1oi n'a q u 'un intérêt limité puisqu'au plan économique il n'est
pas évident que toute augmentation technique de production soit rentable.
En effet, pour être rentable, il faut que l'apport de 1 franc do facteur variable engendre au moins 1
franc de production supplémentaire, sinon plus. Le prix d'un facteur variable étant fixe, le coût des
apports augmente linéairement en fonction des doses et la représentation graphique est une droite.
Concrètement cela veut dire que l'augmentation de production rentable est celle qui se situe sur une
courbe dont la pente est supérieure à la droite représentant la valeur des apports de facteur variable.
Sur le graphique ci-dessous on voit que c'est dans la première partie de la courbe rouge qu'il est
intéressant d'augmenter les doses de facteur variable ; à partir du point E (point de tangence de la
parallèle à la droite), la pente de la courbe devient plus faible que celle de la droite et il n'y a donc
plus intérêt à apporter des doses de facteur variable supplémentaires.
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On a déterminé ainsi un optimum économique qui se situe toujours en deçà de l'optimum
technique.
Cette démonstration graphique, si elle est pratique pour expliquer le processus, ne saurait être
considérée comme une méthode très réaliste.
Il serait en effet utopique de croire que l'on pourrait bâtir pour chaque facteur variable une telle
courbe, dans les conditions particulières de chaque exploitation. Le pourrait-on que cela n'aurait
aucun intérêt du fait de la multitude de facteurs variables.
L'intérêt de ce graphique est de mettre en évidence l'existence d'un optimum économique
singulièrement différent de l'optimum technique : il appartient au gestionnaire de rechercher les
solutions les plus rentables en gardant à l'esprit ce principe.
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productions ovines peuvent être obtenues par différents types de spéculations ; parcours de savane
ou zéro pâturage par exemple.
Cette notion de spéculation ou activité qui combine production et technique d'obtention est plus
utile que le seul concept de production puisqu'elle prend en compte l'utilisation des facteurs de
production. L'analyse en est donc plus réaliste et opérationnelle. Cependant les spéculations sont
liées entre elles sur une exploitation et s'il est intéressant de les étudier isolément pour leur apporter
des améliorations, il est essentiel de les analyser dans leur g1obalité avec leurs interactions. C'est
cet ensemble spéculations-facteurs de production qui constitue le système de production.
Prenons le cas d'une production de viande bovine : Si l'on dispose de grandes voire très grandes
superficies de savane on peut par un système de ranching valoriser cette superficie en y faisant
pâturer les animaux. Utilisant des parcours naturels voire améliorés, point n'est besoin de choisir
des races très performantes. Les investissements sont donc moindres, d'autant plus que les
infrastructures sont légères (abri, points d'eau, etc.).Il y a donc relativement peu de capital
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d'exploitation surtout si on le rapporte à l'unité bétail, peu de travail (essentiellement de la
surveillance) mais également peu de rendement. La production sera d'autant plus élevée qu'on aura
plus de terres et plus d'animaux.
Avec peu de terre on est obligé d'améliorer très sensiblement les techniques d'élevage (plantes
fourragères, animaux sélectionnés bâtiments et matériels spécifiques etc.) de façon à obtenir des
performances technico-économiques optimales. Cela induit obligatoirement un accroissement
important du travail qualitativement et quantitativement et un apport de capital d'exploitation
conséquent.
Cela montre bien qu'au niveau du conseil, des solutions ne peuvent être proposées qu'à partir d'une
connaissance précise des facteurs de production.
b) Modernisme et rentabilité.
D'une façon générale la modernisation d'une exploitation agricole s'accompagne presque
obligatoirement d'une augmentation du capital d'exploitation par rapport aux autres facteurs pour
mieux les utiliser. Il est utopique de penser que la modernisation est un synonyme de rentabilité.
Bien des exemples prouvent le contraire.
La mécanisation de la récolte ne se justifie que sur de grandes productions, et on ne promène pas
des animaux de race améliorée sur des parcours de savane naturelle.
La modernisation apparaît donc comme la recherche d'une utilisation technico-économique
optimale des facteurs de production c'est avant tout la maîtrise de techniques et technologies
élaborées pour lesquelles on ne peut plus se contenter des savoir faire traditionnels. Ces derniers en
effet correspondent à des équilibres éprouvés et donnent des résultats peu performants certes mais
en rapport avec la recherche de la qualité de vie des paysans et avec le peu de moyens mis en
oeuvre.
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Dès lors qu'on veut augmenter le degré de technicité dans le cadre d'une modernisation, cela ne peut
être qu'en s'assurant que l'on est capable de cerner et contrôler les nouveaux paramètres mis en jeux,
et que l'on ne va donc pas à 1'encontre des objectifs de production recherchés par l'utilisation
irrationnelle des nouveaux moyens.
Par exemple l'emploi de la motorisation pour préparer les sols est susceptible d'augmenter très
sensiblement les potentialités de la production : pourtant; mal conduit, ce type de travail motorisé
accélère la dégradation des sols entraînant à coup sûr des rendements inférieurs à ceux obtenus en
milieu traditionnel.
Dans le même ordre d'idée le potentiel génétique des semences sélectionnées ne pourra s'exprimer
qu'avec des façons culturales bien conduites (lit de semences, défense des cultures etc.). Dans le cas
contraire les résultats seront pires que ceux des paysans traditionnels alors même qu'on aura
augmenté les coûts de production.
En fait il apparaît qu'en voulant combiner les facteurs de production entre eux pour en obtenir un
résultat optimum on est conduit à analyser aussi précisément que possible les nouvelles données car
les problèmes deviennent de plus en plus complexes. On ne peut plus se contenter de raisonner
essentiellement sur un plan technique qui risquerait d'entraîner des graves déboires économiques.
Le producteur doit devenir conscient que s'il veut valoriser au mieux sa terre, son travail et son
capital d'exploitation, il doit admettre que ses véritables résultats sont en réalité la différence entre
ce qu'il produit et tout ce qu'il utilise pour produire. 11 ne sera par conséquent "gagnant:" que si
cette différence est positive et cela d'autant plus au plan monétaire. Même des productions élevées
n'auront aucun intérêt si la valeur des coûts de production leurs est supérieure.
Nous verrons plus tard que la valeur de la production s'appelle le PRODUIT que tout ce que l'on
consomme pour produire s'appelle les CHARGES et que la différence est un RESULTAT appelé
revenu ou marge.
PRODUIT - CHARGES = RESULTAT
Que l'on soit producteur ou cadre la méconnaissance de ce type de raisonnement va non seulement à
l'encontre de la modernisation mais encore elle ne peut, que conduire à l'échec.
C'est pourquoi 11 nous apparaît utile d'insister sur 1 'importance de la gestion ; dans la mesure ou
celle-ci est l'art de combiner les facteurs de production, les productions et les techniques de
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production pour une amélioration sensible de la qualité de vie des producteurs. Dans cet état d'esprit
la modernisation de l'agriculture c'est avant tout être capable de gérer rationnellement 1'exploitation
agricole.
CONCLUSION GENERALE.
L'agriculture au sens large du terme est un métier dont, la maîtrise est rendue difficile par les
interactions biologiques et socio-économiques qui la caractérisent* Comme tout métier dans
l'acception moderne du terme il nécessite au-delà des savoir faire une réflexion minutieuse de toutes
ses composantes. Dans un premier temps cela suppose une analyse approfondie et réaliste des
paramètres qui permettent à l'exploitation de fonctionner c'est à dire de ses trois facteurs de
production que sont la TERRE, le TRAVAIL et le CAPITAL d'EXPLOITATION. Aucune solution
d'amélioration ne saurait être proposée aux producteurs sans que ce préalable ne soit réalisé.
La démarche d'un gestionnaire est d'abord de mesurer les facteurs de production replacés dans leur
environnement de façon à aboutir à un diagnostic faisant apparaître les points forts et les points
faibles. C'est à partir de ces derniers que se bâtiront les solutions aptes à offrir aux agriculteurs la
satisfaction de Leurs objectifs.
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