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ECONOMIE TERRITORIALE

Acteurs Publics de soutien


économique
2023
Camille BROU
camille.brou12@em-normandie.fr
Déroulement du cours et objectifs
3 séances (10h)
1 évaluation finale (1h30)

Objectifs :
- Comprendre les sources et le développement du développement
économique et de l’économie territoriale
- Identifier les concepts, les cadrages théoriques et les notions clés
- Analyser les jeux d’acteurs
- Appréhender les enjeux de l’économie territoriale : gouvernance,
emploi, innovation, compétitivité, développement durable…
Plan de la séance
Introduction
1.Cadrages théoriques
1.1 Des théories qui évoluent au fil du temps
1.2 Fonctionnement de l’économie de marché
1.3 De l’économie productive à l’économie présentielle
1.4 De l’espace au territoire
2. Une évolution des modèles de développement territorial
2.1 Un couple mondial/local qui bouscule le développement territorial
2.2 Un nouvel équilibre entre l’Etat et les Territoires
2.3 Un jeu d’acteurs complexe
3. De nouvelles formes d’organisation territorialisées
3.1 Exemples d’organisations territorialisées
Introduction
La vie quotidienne est remplie d’actes économiques

L’analyse économique permet de réfléchir à la manière dont la société produit


des richesses et les répartit

La recherche en économie développe des méthodes d’analyse pour expliquer et


comprendre des phénomènes économiques

L’objectif est d’aider, de conseiller les décideurs publics et privés à légiférer, à


réagir, à corriger des disfonctionnements éventuels

=> Eclairer des choix de société


Introduction
2. Faire une analyse
économique du territoire
Impacts des activités implantés sur le territoire :
emploi, croissance éco, recettes fiscales,
1. Diagnostiquer attractivité, externalités négatives/positives..
Identification des activités économiques
présentes sur un territoire. Quelles
activités peut-on/veut-on attirer ?

3. Proposer des actions, une stratégie


de développement du territoire
Politique de développement économique,
outils mis en place, marketing territorial,
aménagement..
1. Cadrages théoriques
1.1 Des théories et des concepts qui évoluent au fil du temps

Source : economie.gouv.fr
• Une distinction macro/micro
La microéconomie s’intéresse au comportement des individus, des
entreprises et au fonctionnement des marchés
La macroéconomie traite des phénomènes économiques globaux et
cherche à expliquer l’évolution et l’interdépendance d’agrégats
économiques : consommation, emploi, produit national, etc..
1. Cadrages théoriques

• Quelques textes clés

- Traité de l’économie politique, Antoine de Montchrestien, 1615


- Théorie de la main invisible, Adam Smith, 1776
- Traité de l’économie politique et de l’impôt, David Ricardo, 1819
- Traité d’économie politique, Jean-Baptiste Say, 1823
1. Cadrages théoriques
• De la science des richesses à la science des échanges

- Les richesses ne sont plus seulement constituées par les


ressources naturelles et les biens manufacturés.

- Nouvelle définition des richesses : la valeur des biens ne peut


être connue qu’à travers l’échange.

- La société est composée d’agents économiques libres et


rationnels qui recherchent leur intérêt personnel.
1. Cadrages théoriques
1.2 Le fonctionnement de l’économie de marché
Les consommateurs et les producteurs confrontent leurs intérêts sur des marchés

Sur le marché des matières premières se déterminent les prix et les quantités échangées (ex : pétrole)

Marché du travail : confrontation entre une offre de travail (individus) et une demande des entreprises ;
le prix du travail = salaire

Marché des capitaux : offre des épargnants vs. demande des entreprises ou ménages qui investissent

Marché des biens et services : s’y déterminent les prix et les quantités échangées (ex : blé)

L’Etat ne doit pas intervenir, seul le libre jeu des marchés permet d’atteindre l’optimum économique
1. Cadrages théoriques

• Critiques du courant néoclassique L’Etat

Marché du
L’état intervient dans l’économie notamment travail
lorsqu’il y a des disfonctionnements dans le
Ménages Entreprises
circuit économique.
Marché
des biens
A côté de l’économie concurrentielle, alimentair
es
productrice de biens et de services
marchands, importance de l’économie « hors Marché du
logement
marché ».
Marché
des loisirs
Etc…
1. Cadrages théoriques
1.3 De l’économie productive à l’économie résidentielle

Concept de géographie économique mis en avant dans les années 80/90’ par
Laurent Davezies et Christophe Terrier.

Remise en cause de l’analyse économique classique basée sur le système


productif uniquement

Importance de l’économie « hors marché »

Objectif : décrire l’économie de proximité fondée sur la population présente sur


un territoire et qui génère une activité économique
1. Cadrages théoriques
1.3 De l’économie productive à l’économie résidentielle

Définition

« L'économie résidentielle peut être définie comme l'ensemble des activités


économiques majoritairement destinées à satisfaire les besoins des populations
résidant sur un territoire. S'appuyant sur la consommation locale, elle s'oppose aux
activités économiques dont l'existence dépend majoritairement d'une demande
extérieure au territoire et qui sont soumises à la concurrence des activités
économiques identiques présentes sur d'autres territoires. L'économie résidentielle a
pour caractéristique de ne pas être soumise à une forte concurrence extérieure,
même si, au sein du territoire concerné, la concurrence entre les activités
résidentielles existe. Répondant aux besoins locaux des populations, elle n'est
donc pas sujette à délocalisation. » source : sénat.fr
1. Cadrages théoriques
1.3 De l’économie productive à l’économie résidentielle

• Les emplois publics


• Les transferts sociaux (retraites, allocations chômage, familiales, santé)
• La consommation d’origine publique (consommation des fonctionnaires et des
retraités + services privés aux ménages)
• Economie du tourisme et des résidences secondaires -> économie présentielle

Davezies, Laurent. « Il y a économie résidentielle et économie résidentielle... », Pour,


vol. 199, no. 4, 2008, pp. 50-52.
1. Cadrages théoriques
1.4 De l’espace au territoire

Les territoires sont vus comme des espaces de développement économique et social
La théorie de l’économie territoriale se structure : l’espace devient actif -> territoire
acteur
Une économie en rapport avec l’espace = économie territoriale
Le territoire devient un des éléments de la performance économique
Le développement économique et social d’une population s’inscrit dans un espace
singulier
Etudier les relations entre les territoires : dépendance, coopération, concurrence,
complémentarité
Rôle des politiques publiques entre les acteurs territoriaux
1. Cadrages théoriques
1.4 De l’espace au territoire
• Territoire, de quoi parle t-on ?

“Le territoire est un système complexe évolutif qui associe un emble d’acteurs d’une part, l’espace
géographique que ces acteurs utilisent, aménagent et gèrent d’autre part”.
Moine, A. (2006). Le territoire comme un système complexe : un concept opératoire pour l'aménagement et
la géographie. L’Espace géographique, 35, 115-132. https://doi.org/10.3917/eg.352.0115

- Différentes postures d’analyse : Territoire culture, territoire physique, territoire acteur,


territoire vécu
- Un système complexe : Le territoire est un construit social, un système complexe dans
lequel interagissent différents éléments : le sol, les ressources naturelles, l’habitat, les
infrastructures, les individus, les institutions…
- Un ensemble de ressources à activer
2. Une évolution des modèles de développement territorial

Le territoire intéresse l’économie car :


il joue un rôle de « générateur » des relations entre acteurs
il participe à l’ancrage des activités économiques et sociales

=> Un développement exogène « par le haut » vs. un développement


endogène, « par le bas », appelé aussi développement local
2. Une évolution des modèles de développement territorial

2.1 Un couple mondial/local qui bouscule le développement territorial

« La mondialisation multiplie les interdépendances à large échelle, et rend la vie des économies
locales plus dangereuse, plus incertaine. Mais l’omniprésence des rythmes et des contraintes de
l’économie globale ne conduit pas à un monde où le territoire serait neutralisé, annulé. Car cette
économie de plus en plus ouverte est aussi une économie de plus en plus « relationnelle ». Les effets
d’interaction entre les firmes et les institutions locales voient leur importance croître dans la
dynamique économique.(…)La mondialisation coexiste ainsi avec la renaissance de ce qu’on peut
appeler des « économies-territoires », dont la compétitivité repose largement sur les formes de
coopération localement enracinées ».

Pierre Veltz, Des territoires pour apprendre et innover, 1994.


2. Une évolution des modèles de développement territorial

2.1 Un couple mondial/local qui bouscule le développement territorial

Quels effets de la mondialisation sur les territoires ?


Délocalisation et désindustrialisation ?
Crainte d’une baisse de la compétitivité
Création d’outils financiers pour accompagner le développement des
territoires
Montée en puissance des enjeux de cohésion
De nouveaux enjeux liés au développement durable
2. Une évolution des modèles de développement territorial

2.2 Décentralisation : un nouvel équilibre entre l’Etat et les autorités locales

Source : vie-publique.fr
2. Une évolution des modèles de développement territorial
2.1 Décentralisation : un nouvel équilibre entre l’Etat et les autorités locales

La décentralisation en quelques dates

• 1982 / 1986 : Acte 1 de la décentralisation -> Volonté de décentralisation de l’administration


française
2/03/1982 : loi Deferre relative aux « droits et liberté des communes, départements et
régions »
26/01/1984 : création de la fonction publique territoriale

• 2002/2010 : Acte 2 de la décentralisation -> nouvelle répartition des compétences


20/03/2003 : loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la
République
13/08/2004 : loi relative aux libertés et responsabilités locales
16/12/2010 : réforme des collectivités territoriales
2. Une évolution des modèles de développement territorial
2.1 Décentralisation : un nouvel équilibre entre l’Etat et les autorités locales

• 16/12/2010 : Acte 3 -> Réforme des collectivités territoriales visant à réduire le millefeuille administratif
Rationalisation de la carte intercommunale, création des communes nouvelles, des métropoles et
des pôles métropolitains

• 27/01/2014 : loi sur la modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles
(MAPTAM)
Clarifier les compétences des collectivités territoriales

• 07/01/2015 : loi sur nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe)


Redécoupage des régions et nouvelles compétences confiées aux Régions
2. Une évolution des modèles de développement territorial
2.3 Un jeu d’acteurs complexe

• La décentralisation et les différentes politiques d’aménagement du territoire ont conduit


à faire entre entrer de nombreux acteurs dans le jeu du développement territorial :
différents échelons de collectivités locales, opérateurs de l’Etat, entreprises,
aménageurs..

• La multiplicité des acteurs entraine un manque de lisibilité sur le rôle chaque acteur et
peut complexifier les relations entre les acteurs
2. Une évolution des modèles de développement territorial
2.3 Un jeu d’acteurs complexe : Quelles compétences pour quelle collectivité ?

• Les communes bénéficient de la clause de compétence générale leur permettant de régler par
délibération toutes les affaires relevant de leur niveau : urbanisme, logement, environnement,
gestion des écoles préélémentaires et élémentaires. La loi NOTRe a renforcé les compétences
optionnelles et obligatoires transférées de la commune à la communauté de communes ;
• Les départements : action sociale (enfance, personnes handicapées, personnes âgées, revenu de
solidarité active), infrastructures (ports, aérodromes, routes départementales), gestion des
collèges, aide aux communes ;
• Les régions : développement économique, aménagement du territoire, transports non urbains,
gestion des lycées, formation professionnelle.
• Les trois niveaux de collectivités se partagent les compétences sport, tourisme, culture,
promotion des langues régionales, éducation populaire.
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées

La figure de l’archipel : représentation récurrente du fonctionnement de


l’entreprise, de l’espace urbain, de la société.
Disparition de nombreuses frontières
Apparition simultanée d’autres découpages fonctionnels et organisations
territoriales
De nouvelles organisations fonctionnelles qui traduisent la difficulté de
respecter des réalités institutionnelles, l’éparpillement des territoires
d’usages.
Quelles formes nouvelles d’organisation ?
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
1. Les technopôles
• Apparition du terme dans les années 70 à l’initiative de la DATAR (cf. modèle américain de la Silicon Valley)
Contexte de crise économique, de dépendance de plus en plus importante des activités industrielles par rapport à
la recherche, de la forte concurrence sur les marchés internationaux. L’amélioration de la compétitivité est un
enjeu majeur.
• Objectif : favoriser l’innovation en développant les relations entre les mondes de l’entreprise, la recherche,
l’enseignement supérieur. Permettre la création d’entreprises innovantes, promouvoir le territoire, faciliter la mise en
réseau des compétences
• Pratiquer la « fertilisation croisée » pour décloisonner
• Concentration d’établissement de haute technologie, de laboratoires, de centres de recherche d’institutions de recherche
technique, d’établissement d’enseignement supérieur …sur des aires urbanisées.
• Plusieurs caractéristiques du technopôle (cf. Castells et Hall) : force de travail avec de très hautes compétences, capacité à
prendre des risques et à innover, accès à des informations technologiques de valeur
• Intensification des relations recherche/industrie qui favorise la mise en place d’un « micro-système innovant »
• Distinction à faire avec le district industriel
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
1. Les technopôles

• En 2015, on dénombre 47 technopôles réunis au sein du réseau RETIS.


• Sophia-Antipolis, le pionnier, regroupait, en 2008, sur 2 300 ha : 4 000 chercheurs
du secteur public, 5 000 étudiants, 1 414 entreprises (dont 40 % ont une activité
de R&D) générant 30 000 emplois. Les entreprises à capitaux étrangers sont au
nombre de 140, représentant 25 % des emplois. Les technologies de l'information
y représentent 45 % des emplois. Mais on y observe une croissance plus modérée
ces dernières années, selon une enquête du Symisa, syndicat rassemblant les
acteurs institutionnels du parc.
• Depuis les années 2000, les efforts publics ont davantage porté sur les pôles de
compétitivité, qui sont moins circonscrits spatialement que les technopôles.
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
1. Du technopôle à la technopole

Relations entreprises/recherche/enseignement à l’échelle d’une agglomération


entière, dans le cadre d’un projet global de développement régional, voire national.
=> Exemple de la ville de Montpellier

Technopole vs. métropole ?


Les principales technopoles s’identifient aux grandes métropoles.
La dimension technologique étant une dimension des métropoles parmi d’autres.
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
2. Le district industriel marshallien

• 1920 : Marshall utilise la notion de district industriel pour qualifier une forme
d’organisation industrielle observée en Angleterre

• Pour lui, la proximité et la spécialisation géographiques créent des avantages


économiques dans le cadre d’une production à grande échelle

• Confiance, savoir-faire et culture industrielle (« atmosphère industrielle ») au


cœur des relations entre les entreprises.

• Système de valeurs partagées, soutenues et diffusées par un corpus d’institutions


et de règles communes.
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
3. Les Systèmes Productifs Locaux (SPL)

• Concept développé par les chercheurs français du GREMI (Groupe de Recherche


sur les Milieux Innovateurs)
• Les SPL se caractérisent par :
• Une concentration géographique des entreprises
• Une spécialisation poussée autour d’un métier et/ou d’un produit
• Des coopérations inter entreprises = mutualisation des moyens, outils et/ou
des savoir-faire mis en œuvre par les PME

• Objectif : favoriser la territorialisation des activités productives (ressemble au


district industriel)
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
3. Les Systèmes Productifs Locaux (SPL)
Comme dans le district industriel, les relations interentreprises représentent des liens de
coopération fortement ancrés à la région ou à la communauté locale en dépit d’une concurrence
entre les entreprises.

Un SPL est également un construit historique ; il n’apparaît donc pas de façon immédiate.

Difficultés et limites : faible disponibilité des informations et identification des SPL complexe:

- repérage des établissements à partir des nomenclatures d’activités

- repérage des relations interfirmes, des solidarités autour d’un métier, du jeu des
acteurs et des institutions.

- Le travail d’identification ne peut pas se réaliser instantanément et impose des


investigations s’opérant dans la durée.
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
4. Les clusters
Réseaux d’entreprises, souvent d’un même secteur d’activités, interconnectées,
fortement compétitives, avec un réel ancrage territorial, et tournées vers l’innovation.
Dimension cognitive, organisationnelle et territoriale.
Objectif: apporter une réponse au cloisonnement des acteurs.

2 types de cluster (distinction principalement française)


- Cluster de PME/PMI axés sur la production (cf. districts industriels, SPL,
grappes d’entreprises..)
- Clusters de R§D autour de grandes entreprises et d’organismes publics (pôles
de compétitivité)
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
5. Les pôles de compétitivité

• Politique lancée en 2004 à l’initiative de la DATAR


• « Un pôle de compétitivité rassemble sur un
territoire bien identifié et sur une thématique
ciblée, des entreprises, petites et grandes, des
laboratoires de recherche et des établissements
de formation. Les pouvoirs publics nationaux et
régionaux sont étroitement associés à cette
dynamique. Les forces en présence au sein d’un
pôle de compétitivité sont multiples. Toutes sont
nécessaires à l’essor d’écosystèmes dynamiques
et créateurs de richesse. » (source :
entreprises.gouv.fr)

Source : entreprises.gouv.fr
3. De nouvelles formes d’organisations territorialisées
5. Les pôles de compétitivité

• Soutenir l’innovation en favorisant le développement de projets collaboratifs


de R§D innovants
• Accompagner le développement et la croissance
4. Analyse de textes
Synthèse à réaliser en groupe

Guillaume, Régis. « Des systèmes productifs locaux aux pôles de compétitivité : approches
conceptuelles et figures territoriales du développement », Géographie, économie, société, vol.
10, no. 3, 2008, pp. 295-309.

Duez, Philippe. « La place de l'économie des territoires dans la construction d'une théorie
générale intégrant l'espace », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, vol. , no. 4, 2011, pp.
735-764.

Pecqueur, Bernard. « L'économie territoriale : une autre analyse de la


globalisation », L'Économie politique, vol. no 33, no. 1, 2007, pp. 41-52.

Courlet, Claude. Du développement économique situé. Critique économique, 2006, no 18.

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