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ENVIRONNEMENT

ÉCONOMIQUE DES
ORGANISATIONS
Par: Dr. Sara AMSASSAN
Objectifs du cours:

• Assurer une ouverture des étudiants sur les problèmes économiques.


• Apporter les connaissances et le vocabulaire économique de base.
• Former le citoyen, le producteur, le consommateur en leur permettant une maîtrise
des rouages de l’environnement économique et social.
Plan du cours:
◦ Chapitre I: Introduction à l’étude de la science économique
◦ Chapitre II: Les agents et le circuit économiques.
◦ Chapitre III: Les actes économiques
◦ Chapitre VI: Les grands courants de la pensée économique
Chapitre I: Introduction à l’étude de la science économique

I. Définition de la science économique:


Etymologiquement, Le mot ECONOMIE provient de deux mots grecs :
Oikos  ECO : signifie maison, domaine
Nomos  NOMIE : signifie règles, loi
Ce qui traduit la gestion des affaires de la maison. Il a fallu attendre le début du
17ème siècle pour que Montchrestien ajoute le mot politique pour étendre
l’économie à l’ensemble de la cité.
Economie politique = gestion des affaires de la cité.
De nos jours, on utilise alternativement les termes la science économique, les
sciences économiques, l’économie, l’économie politique, l’analyse économique.
◦ Pour ARISTOTE, « l’économie est la science de l’activité en famille »
◦ « L’économie est la science des richesses »
Adam SMITH Recherche sur la nature et les causes de la
richesse des nations. 1776

◦ « La science économique est celle qui a pour objet la production, la consommation et
l’échange de biens et services rares »
J. FOURASTIE Pourquoi nous travaillons, PUF, 1959

◦ « L’objet de l’économie politique est la connaissance des lois qui président à la formation,
à la distribution et à la consommation des richesses »
Jean Baptiste SAY Traité d’économie politique, 1803

◦ « L’économie politique est la science de l’administration des ressources rares dans une
société; elle étudie les formes que prend le comportement humain dans l’aménagement
onéreux du monde extérieur, en raison de la tension qui existe entre les désirs illimités et
les moyens limités des sujets économiques »
Raymond BARRE Economie politique, PUF, 1959
◦ « L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares
sont employés pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en
société; elle s’intéresse, d’une part, aux opérations essentielles que
sont la production, la distribution et la consommation de biens et,
d’autre part, aux institutions et aux activités ayant pour objet de
faciliter ces opérations »
Edmond MALINVAUD Leçons de théorie microéconomique, Dunod , 1968
Synthèse:

 L’économie étudie la façon dont les individus ou les sociétés utilisent les
ressources rares en vue de satisfaire au mieux leurs besoins.
 L’économie est une science sociale qui étudie la manière dont les hommes
s’organisent pour produire, répartir, distribuer et consommer les biens et les services
destinés à satisfaire leurs besoins.
II. Eléments fondateurs de la science économique:

1. Principales difficultés de la science économique :


Problème de la rareté :
En général, les biens sont créés par des actes de production qui consistent à combiner les facteurs
de production, c’est à dire les ressources économiques rares (naturels, facteur travail et capital).
Les ressources étant rares les biens le sont également. Or les besoins humains sont illimités et
tendent à se développer avec les nouvelles possibilités technologiques et les nouvelles raretés dues
au développement industriel et urbain (le silence, les espaces verts, l’air pur etc..). Ces besoins
humains illimités font face aux biens rares par essence. Il subsiste donc un écart entre les besoins
humains illimités et les ressources économiques limitées : il en résulte un phénomène de rareté. La
conséquence est qu’il faut nécessairement faire un choix rationnel. Ainsi, la nécessité de faire des
choix vaut autant pour l’économie dans son ensemble (niveau macroéconomique) que pour chaque
individu pris isolement (niveau microéconomique).
La rationalité :
 

La rationalité est à la base des comportements individuels. En effet, les individus cherchent le
maximum de satisfaction et que, en conséquence, ils exploitent toujours une opportunité
d’améliorer leur situation. Dès lors, le comportement humain est étudié comme la solution d’un
problème de maximisation d’un objectif sous contraintes (temps, revenu, prix, connaissances,
facteurs de production,…).
 
Néanmoins, certains économistes rejettent ce postulat de rationalité qui n’est valable que dans le
cas de « l’homo-oeconomicus» c’est-à-dire un homme capable de faire des calculs coût-
avantages à la marge et dont le comportement est universel dans le temps et dans l’espace. Or,
les comportements humains, par delà leur diversité, sont pour l’essentiel irréfléchis, commandés
soit par l’instinct, soit par les comportements sociaux qui exercent une large influence sur les
décisions individuelles.
Ceci nous conduit à nous interroger sur le statut de la science économique : est- elle une science
positive ou normative ?
En économie, on distingue deux approches :
Une approche microéconomique ;
Une approche macroéconomique ;
Cette distinction trouve son origine dans une différence de points de vue et de centres d’intérêt.
L’analyse microéconomique cherche à expliquer les comportements individuels et leurs interactions.
Son niveau d’observation privilégié est celui de l’entreprise ou du marché d’un bien ou service
particulier. L’analyse microéconomique moderne a amorcé son développement à la fin du XIXème
siècle avec les économistes néoclassiques.
L’analyse macroéconomique s’intéresse à l’interaction entre les variables économiques agrégées au
niveau de l’économie nationale (produit intérieur, chômage, indices de prix, monnaie,
consommation,…etc.
 Il convient de souligner que tous les problèmes économiques sont macroéconomiques
(croissance, chômage, développement, inflation,…). Toutefois, la plupart des économistes
contemporains affirment que toute théorie macroéconomique sérieuse est fondée, explicitement ou
implicitement, sur une théorie microéconomique, c’est-à- dire des hypothèses quant aux
comportements individuels.
La science économique comporte deux volets essentiels :
 Le premier volet concerne l’analyse, l’observation et la mesure des
phénomènes économiques : économie positive
 Le deuxième volet est relatif aux mesures à prendre et la politique à suivre
pour réaliser le meilleur résultat et satisfaire au mieux les besoins
de l’homme : l’économie normative.
2. Le champs d’analyse de la science économique:

◦ Comme la science économique est amenée à expliquer les modalités selon


lesquelles la société affecte des moyens limités pour satisfaire les besoins
nombreux et illimités, elle s’appuie sur trois démarches différentes mais
complémentaires.
La microéconomie :

◦ Elle s’intéresse à l’analyse du comportement des agents économiques isolés. Elle traite dans le
détail les décisions individuelles portant sur des biens et des services particuliers. L’individu
est supposé être rationnel, c'est-à-dire son comportement est cohérent avec ses préférences et
la limite de ses possibilités matérielles. L’objectif du consommateur et de maximiser sa
satisfaction compte-tenu de son budget limité. L’objectif du producteur et de maximiser son
profit en fonction de la technologie disponible. Ainsi, ces décisions individuelles sont
représentées par des courbes dites d’offre et de demande qui se rencontrent sur les marchés. La
microéconomie montre que le comportement rationnel des individus, bien informés, fait
apparaitre pour l’ensemble de l’économie un état d’équilibre optimal de l’offre et de la
demande. La théorie microéconomique considère que l’Etat ne devrait intervenir que dans des
cas particuliers et devrait laisser les agents économiques se comporter rationnellement.
La macroéconomie :

◦ Elle s’intéresse au comportement d’un groupe d’agents, elle a pour objet d’analyser l’activité
économique de la nation. Elle repose sur une démarche globale centrée sur les fonctions
économiques fondamentales telles que : la consommation, l’épargne, la production, etc. Toutes
ces variables jouent un rôle important dans la politique économique. C’est une approche
fondée sur l’étude de quantités globales ou d’agrégats correspondant aux actes économiques
essentiels : production nationale, investissement, importation. Ainsi, la macroéconomie est une
représentation du fonctionnement de l’économie d’un point de vue global, qui privilégie les
relations d’interdépendance entre les agents et entre les opérations économiques de manière à
fournir des éléments permettant de guider les décisions de politique économique.
La mésoéconomie :

◦ Elle se situe à un niveau intermédiaire entre la microéconomie et la macroéconomie, elle


s’intéresse à l’étude de la branche d’activité et du secteur. Elle analyse les groupes qui, quelle
que soit leur taille, détiennent suffisamment de pouvoir pour peser, affecter voir influencer la
destinée de l’économie nationale, c’est l’économie de l’entreprise.
3. Les besoins illimités:

a. Définition:
◦ Le besoin est une sensation de manque.
◦ Le besoin est une exigence née de la nature ou de la vie sociale.
◦ Le besoin est économique, s’il peut-être satisfait par un bien ou un service
rare, càd disponible en quantités limitées.
b. Les caractéristiques des besoins:
• La diversité : il existe une multiplicité de besoins ; à côté des besoins
vitaux, apparaissent sans cesse de nouveaux besoins.
• La satiabilité : l’intensité d’un besoin diminue au fur et à mesure qu’il est
satisfait ; au-delà d’une certaine intensité de satisfaction, le besoin se trouve saturé.
• L’interdépendance : les besoins sont souvent substituables, certains sont
complémentaires.
• Evolution dans le temps et l’espace.
c. La classification des besoins:
• Besoins primaires : indispensables à la vie (manger, boire …)
• Besoins secondaires : nécessaires mais non indispensables à la survie (voyager, se
divertir …)
• Besoins tertiaires : concernent le superflu (gadgets, futilités …)
• Besoins individuels : à caractère subjectif, ils sont satisfaits par chaque individu en
fonction de son âge, ses goûts, culture …
• Besoins collectifs : ils sont satisfaits par l’Etat et correspondent à des besoins
ressentis par toute la population (sécurité, infrastructures collectives …)
Et selon Keynes, il existe des besoins à caractère absolu et des besoins à caractère
relatif:
◦ Besoins absolus: besoins que l’on ressent quelque soit la situation des autres
individus. Ils peuvent atteindre un seuil (exemple: boire, manger…)
◦ Besoins relatifs: besoins que l’on éprouve au contact des autres. Ils sont
généralement illimités(exemple: imitation/différenciation)
d. La
pyramide des
besoins de
Maslow:
Selon Maslow, les
motivations d’une
personne résultent
de l’insatisfaction
de certains de ses
besoins.
◦ Les travaux de Maslow (1954) permettent de classer les besoins humains par ordre
d’importance en 5 niveaux. Ce classement correspond à l’ordre dans lequel ils
apparaissent à l’individu ; la satisfaction des besoins d’un niveau engendrant les
besoins du niveau suivant.
◦ L’idée est qu’on ne peut agir sur les motivations "supérieures" d’une personne
qu’à la condition expresse que ses motivations primaires (besoins physiologiques
et de sécurité) soient satisfaites.
Les besoins physiologiques:

Les besoins physiologiques sont des besoins directement liés à la survie de


l’individu ou de l’espèce. Ce sont typiquement des besoins concrets (manger,
boire, se vêtir, se reproduire, dormir...).
 A priori ces besoins sont satisfaits pour la majorité d’entre nous, toutefois
nous ne portons pas sur ces besoins la même appréciation. Cette différence
d’appréciation peut engendrer une situation qui sera jugée non satisfaisante pour
la personne et à son tour le besoin à satisfaire fera naître une motivation pour la
personne.
Les besoins de sécurité:

Les besoins de sécurité proviennent de l’aspiration de chacun d’entre nous à être


protégé physiquement et moralement. Ce sont des besoins complexes dans la
mesure où ils recouvrent une part objective -notre sécurité et celle de notre
famille- et une part subjective liée à nos craintes, nos peurs et nos anticipations
qu’elles soient rationnelles ou non.
sécurité d’un abri (logement, maison) 
sécurité des revenus et des ressources 
sécurité physique contre la violence, délinquance, agressions ... 
sécurité morale et psychologique 
sécurité et stabilité familiale ou, du moins, affective 
sécurité médicale/sociale et de santé
Les besoins d’appartenance:
Les besoins d’appartenance correspondant à aux besoins d’amour et de relation des
personnes : 
◦ besoin d’aimer et d’être aimé (affection)
◦ avoir des relation intimes avec un conjoint (former un couple) 
◦ avoir des amis 
◦ faire partie intégrante d’un groupe cohésif 
◦ se sentir accepté 
◦ ne pas se sentir seul ou rejeté.
 Ce sont les besoins d’appartenance à un groupe qu’il soit social, relationnel ou
statutaire. Le premier groupe d’appartenance d’une personne est la famille.
Les besoins sociaux sont les besoins d’intégration à un groupe. Chaque personne
peut appartenir à plusieurs groupes identifiés.
Les besoins d’estime

Les besoins d’estime correspondent aux besoins de considération, de réputation et


de reconnaissance, de gloire ... de ce qu’on est pour les autres ou pour un groupe
d’appartenance. La mesure de l’estime peut aussi être liée aux gratifications
accordées à la personne.
 C’est aussi le besoin de respect de soi-même et de confiance en soi.
Les besoins d’accomplissement

Le besoin d’accomplissement correspond au besoin de se réaliser, d’exploiter et


de mettre en valeur son potentiel personnel dans tous les domaines de la vie.
Ce besoin peut prendre des formes différentes selon les individus.
Pour certains ce sera le besoin d’étudier, d’en apprendre toujours plus, de
développer ses compétences et ses connaissances personnelles ;pour d’autres ce
sera le besoin de créer, d’inventer, de faire ; pour d’autres ce sera la création
d’une vie intérieur...
 Un modèle à relativiser:
La pyramide de Maslow est l’une des théories de motivation les plus enseignées,
notamment en management. Cependant, la classification des besoins de manière
hiérarchique, qui impose de satisfaire un besoin avant d’atteindre le suivant
n’est aujourd’hui plus considérée comme valable, un individu pouvant, suivant
son caractère, être plus sensible à un besoin particulier, indépendamment de la
satisfaction ou non des besoins inférieurs.
4. Les biens rares:

a. Notion:
• Les biens et services permettent par leur consommation de satisfaire les
besoins.
• L’aptitude du bien à satisfaire le besoin est appelée utilité.
• Si certains biens sont libres càd existent en quantité illimitée (exp: l’air); la
majorité des autres biens sont le fruit du travail humain : on parle de biens
économiques (ou biens rares).
b. Classification des biens :
Selon l’aspect matériel :
On distingue :
- Un bien matériel : c’est un bien qui a une existence physique et qu’on peut
toucher. Il peut être consommé sur le champ ou ultérieurement (stocker).
Exemple : téléviseur, bureau, voiture,…
- Un bien immatériel (ou service) : c’est un bien qui n’a pas une existence
physique.
Il ne peut être stocké, il doit être consommé sur place.
Exemple : Services d’enseignement, de transport, d’hospitalisation,…
 Cependant, ce type de biens ne pourra être utilisé sans les biens matériels.
Selon la rareté :
On distingue :
- Un bien économique :
+ Pour la théorie libérale : Un bien économique doit être utile (valeur
d’usage), existe en quantité limitée et s’échange contre un prix (valeur
d’échange),
+ Pour la théorie marxiste : Un bien économique doit être utile et
reproductible (c'est-à-dire il a exigé un effort pour sa réalisation et peut être
reproduit),
 
- Un bien non économique (ou un bien libre) : C’est un bien qui se trouve en
nature de façon abondante et n’a exigé aucun effort pour sa réalisation.
Selon la nature :
 
On répartit les biens en :
- biens primaires : Sont des biens qui sont issus de la nature (produits
d’agriculture, de forêt, de pêche et des mines),
 
- biens secondaires : Sont des biens issus de l’industrie, c'est-à-dire des biens
qui ont subi une transformation,
 
- biens tertiaires : Sont les biens immatériels, c'est-à-dire les services.
Selon le degré de transformation :
On distingue :
- Un bien brut : Est un bien qui n’a pas été encore transformé.
Exemple : coton, fer, pétrole, blé,…
 
- Un bien semi-fini : Est un bien qui a été transformé mais qui est destiné à l’être
encore (non encore prêt à l’usage).
Exemple : fil de coton, barre de fer, caoutchouc, farine,…
 
- Un bien fini : Est un bien qui a été transformé et prêt à l’usage.
Exemple : vêtements, voiture, pneu, pain,…
Selon la destination :
On a :
- Le bien de consommation : c’est un bien qui est destiné à être utilisé pour satisfaire
directement les besoins,
 
Il peut être soit :
+ Un bien durable : Dont l’utilisation s’étale sur une durée longue.
Exemple : voiture, téléviseur, table,…
 
+ Un bien non durable : Dont l’utilisation se fait immédiatement, et disparaît après le
premier acte d’usage. Exemple : eau, pain,…
 
Le bien de production : c’est un bien qui est destiné à participer à la production pour
donner lieu à des biens de consommation.
Selon leur échange :
 
On a :
- Les biens marchands : sont des biens qui sont vendus par les entreprises, afin de réaliser un bénéfice.
 
- Les biens non marchands : sont des biens qui sont fournis gratuitement, ou quasi gratuitement. La
consommation non marchande porte sur des biens et services qui ne s’échangent pas sur un marché. Elle
peut prendre deux formes : l’autoconsommation et les consommations collectives qui correspondent aux
services collectifs non marchands fournis par l’Etat. Leur prix est nul ou inférieur au coût de revient.
 
On trouve :
 
+ Les services rendus par les administrations publiques,
+ Les services rendus par des organisations à but non lucratif: syndicats, parti politique,…
+ Les services domestiques,
 
Les biens collectifs:
 
Les biens publics sont des biens, services ou ressources qui bénéficient à tous, et
se caractérisent par deux éléments essentiels :
La non-rivalité : la consommation du Bien par un individu n’empêche pas sa
consommation par un autre.
La non-exclusion : personne ne peut être exclu de la consommation de ce Bien.
 Si ces deux conditions sont pleinement vérifiées, les Biens publics sont dits
purs. Lorsqu’une condition seulement est remplie, ils sont dits impurs.
Application :

Les phrases suivantes sont-elles vraies ou fausses :


- L’éclairage public de la ville de Casablanca est un exemple de bien
collectif pur ?
- Un scooter est un exemple de bien collectif impur ?

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