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Texten°1) Capitalisme et écologie sont incompatibles

01/12/2017 Alternatives Economiques n°374 Propos recueillis par Aurore Lalucq

Antonin Pottier lauréat du prix Veblen, dont les recherches portent sur l'intégration de l'environnement dans les
sciences économiques. Afin de soutenir le pluralisme de la recherche en économie et de faire émerger de jeunes
talents, l’Institut Veblen pour les réformes économiques a lancé le "prix Veblen" à destination des chercheurs et
chercheuses de moins de 40 ans. Alternatives Economiques s’est associé - ainsi que Mediapart, la revue Projet et
Peps-Economie - à ce prix, dont le premier lauréat est Antonin Pottier. Ancien élève de l’Ecole normale
supérieure, il est docteur en économie de l’environnement de l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Ses
recherches portent sur les aspects socio-économiques du changement climatique, ainsi que sur l’intégration de
l’environnement dans les sciences économiques.

Vous défendez la thèse selon laquelle capitalisme et respect des frontières écologiques sont incompatibles...

L’élément premier d’incompatibilité vient du fait que les calculs de rentabilité n’intègrent pas les dégradations
écologiques. Pour respecter les frontières écologiques, une intervention qui contrecarre la logique du calcul
capitaliste est nécessaire. L’Etat, souvent poussé par les mobilisations citoyennes, introduit des réglementations
afin de forcer les entreprises à "internaliser les externalités".

Zoom Point de vue d’André Orléan : "Saisir la question dans sa globalité"

La question écologique est devenue, pour l’humanité, une question de vie ou de mort. Nous savons dès
à présent que l’objectif fixé par l’accord de Paris en 2015 d’un réchauffement limité à 2 °C ne sera pas
atteint. L’augmentation de la température risque bien plutôt de se situer entre 3 et 5 °C. Or, face à la
catastrophe annoncée, les réactions des chercheurs et des intellectuels restent terriblement
insuffisantes. Je pense, tout particulièrement, aux sciences sociales et aux économistes.
Nos modes de vie sont à l’origine des désordres environnementaux. Ce sont donc eux qu’il faut
transformer et, pour ce faire, nous avons cruellement besoin d’idées mobilisatrices. Il serait
déraisonnable de s’en remettre exclusivement aux sciences dures dans l’espoir qu’elles découvrent des
remèdes technologiques miracles.
Antonin Pottier fait partie de ces trop rares jeunes économistes qui ont fait de la question écologique
leur priorité, qui plus est en s’écartant des sentiers battus. Le prix Veblen a salué, dans son travail, sa
volonté d’une mise à plat qui ne s’enferme pas a priori dans tel ou tel schéma, mais cherche à saisir la
question dans sa globalité, en prenant soin de souligner son caractère fondamentalement
multidimensionnel, à la fois économique, politique et social.
Pottier nous montre comment, avec le capitalisme contemporain, s’est constituée une logique
d’ensemble qui aggrave encore la tendance spontanée des sociétés humaines à sous-estimer les effets à
moyen terme de ses choix. C’est vrai des entreprises focalisées sur leurs profits, mais également de l’Etat
qui a perdu toutes ses capacités stratégiques et de la société civile des pays développés intoxiquée à la
consommation jusqu’à l’aveuglement.

Mais apparaît alors une autre incompatibilité : le décalage des temporalités. En effet, il faut du temps pour
identifier certains problèmes écologiques, définir et mettre en oeuvre les interventions adéquates. Pendant ce
temps de diagnostic, les capitalistes continuent d’innover pour optimiser leur profit et provoquent de nouvelles
externalités. Le système politico-administratif peut alors facilement se trouver pris en défaut.

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On trouve dans votre essai une bibliographie très riche et éclectique. Une nouvelle génération d’économistes
semble s’affranchir des codes, puisant à la fois dans la littérature écologique et hétérodoxe.

L’analyse des désordres écologiques et des moyens d’y faire face mêle plusieurs réalités. L’éclectisme est donc
dicté par la situation. Sa gravité nous oblige à aller au-delà des chapelles et des barrières disciplinaires. Comme
d’autres, je m’appuie sur des auteurs qui envisagent l’économie comme une science sociale, et mobilise les
travaux des sciences de la nature et d’autres sciences sociales. Cette ouverture fait le plus grand bien à la
discipline économique. Elle a trop eu tendance à négliger son impact sur la société.

Quelles sont à votre sens les recherches essentielles à mener aujourd’hui dans le domaine de l’économie ?

Alors que les recettes de l’économie standard semblent impuissantes à juguler les dégradations écologiques,
elles continuent à façonner notre imaginaire et nos actions. Il y a là comme un paradoxe. Il me paraît important
de comprendre comment gouvernements, entreprises ou individus s’approprient et utilisent les théories
économiques et comment celles-ci infléchissent ou non leurs pratiques.

Zoom Point de vue d’Éloi Laurent : "Une lecture des crises écologiques sous l’angle de la frontière"
L’article du collectif regroupé derrière Johan Rockström, "A safe operating space for humanity" ("un lieu
de vie sûr pour l’humanité"), dont une première mouture a paru dans la revue Nature en septembre 2009
et une seconde dans Science en février 2015, a connu un retentissement considérable (ses différentes
versions ont été citées à ce jour près de 10 000 fois dans la littérature académique). Il souffre pourtant
d’un défaut sérieux : les "limites" de la biosphère, considérées de manière isolée, y sont présentées
comme relevant de la physique ou de la chimie (les auteurs parlent de "seuils biophysiques" à ne pas
franchir).
Le grand mérite de l’essai d’Antonin Pottier est de proposer une lecture des crises écologiques non pas
sous l’angle de la limite mais de la frontière, une lisière écologique humanisée et même politisée, car la
frontière marque la borne géographique de la compétence juridique (comme le rappelle l’étymologie de
banlieue). Le cas du changement climatique illustre la pertinence de cette approche : les 1,5 ou 2 °C de
réchauffement mentionnés dans l’accord de Paris sont bien des frontières choisies et non des limites
subies, frontières dont le tracé humain déterminera le sort de centaines de millions de personnes. Les
crises écologiques étant des questions sociales, l’enjeu central consiste à comprendre quelles causes
sociales engendrent les crises écologiques et quelles conséquences sociales celles-ci engendrent en
retour.
C’est ce à quoi nous aide le texte d’Antonin Pottier. Il entretient à l’égard de la théorie économique
standard une saine méfiance et appartient à une nouvelle génération d’économistes de l’environnement
(parmi lesquels Alexandre Berthe, Louison Cahen-Fourot, Luc Elie et d’autres encore) dont les travaux
déjà visibles méritent une grande attention.

Il ne s’agit pas seulement de libérer l’imaginaire de l’emprise du discours économique, mais aussi de comprendre
comment les théories économiques se concrétisent dans des dispositifs sociotechniques qui contraignent notre
capacité à changer. Je crois que c’est une étape nécessaire dans la transition vers une société écologiquement et
socialement soutenable.

Le capitalisme manque de projets. Les entreprises rendent l'argent aux actionnaires plutôt que de l'investir là
où il serait utile de le faire. Seule la transition écologique pourrait le rassasier.

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Texte n°2) Seule l'écologie peut sauver le capitalisme

Jean-Marc Vittori / Editorialiste Le 10/07 à 09:12 : Les échos

Le capitalisme se mord la queue. Faute de projet, il en vient à dévorer son capital. Ce qui représente une vraie
menace sur l'avenir, car le capitalisme porte une formidable efficacité économique. Nous lui devons largement
la fabuleuse progression des conditions de vie depuis deux siècles. Même ses contempteurs les plus féroces,
comme le sociologue suisse Jean Ziegler , le concèdent. Le capitalisme a pourtant devant lui un magnifique
chantier. Mais il ne pourra s'en emparer tout seul. Il devra être sauvé par ses ennemis, comme il l'a déjà été à
plusieurs reprises dans le passé.

Pente naturelle : l'accumulation

Commençons par nous entendre sur les mots, car nous sommes ici dans le moulin à fantasmes. L'essayiste
anarchiste Pierre-Joseph Proudhon a donné une définition limpide du capitalisme il y a plus d'un siècle et demi :
« régime économique et social dans lequel le capital comme source de revenus n'appartient généralement pas à
ceux qui l'utilisent dans leur propre travail. » L'historien Fernand Braudel a ensuite dissipé la confusion fréquente
entre économie de marché, espace de concurrence (où la pente est la « baisse tendancielle du taux de profit »
pointée par Karl Marx), et le capitalisme, « étage supérieur » dominé par des monopoles (où la pente naturelle
est l'accumulation, aussi pointée par Marx et mise en évidence récemment par les travaux de Thomas Piketty).

Excès de pouvoir

Si le capitalisme est redoutablement puissant, c'est parce qu'il permet d'accumuler du capital, et que ce capital
est ensuite investi là où il est le plus efficace - machines, infrastructures de transport, recherche, etc. Il est
tellement puissant qu'il ne peut pas exister sans opposants - Etat, syndicats, intellectuels. « Sans cette présence
de contrepouvoirs, le capitalisme disparaîtrait dans son excès de pouvoir, par les déséquilibres de revenus, les
pertes de production et les révolutions qui en découleraient », explique Sébastien Groyer, qui est à la fois
philosophe et capital-risqueur, dans sa thèse passionnante . Or, aujourd'hui, le capitalisme a perdu le nord. Il ne
sait plus où aller. Pour être plus précis, les acteurs du capitalisme - dirigeants d'entreprise et grands investisseurs
- ne savent plus quoi faire des masses d'argent qu'ils font circuler. Ils n'ont plus de grands projets. Du coup, cet
argent revient aux actionnaires. Au lieu de lever de l'argent en émettant de nouvelles actions pour financer leur
essor, les entreprises rachètent leurs vieilles actions. A lui seul, le géant du numérique Apple a annoncé un « buy
back » de 100 milliards de dollars .

Entreprise sans projets

Les partisans de cette étrange pratique avancent deux arguments pour la justifier. D'abord, quand les taux
d'intérêt sont bas, une entreprise dégage davantage de rentabilité en empruntant pour racheter des actions.
C'est parfaitement exact. Mais elle pourrait espérer encore plus de profits si elle avait de beaux projets à financer.
Ensuite, il vaut mieux qu'une entreprise sans projets rende l'argent à ses actionnaires, mieux placés qu'elle pour
détecter des innovations prometteuses. C'est à nouveau exact... sauf que les actionnaires qui reçoivent cet
argent ne semblent pas le replacer dans d'autres firmes. Ils préfèrent notamment gonfler les bulles immobilières
qui se forment un peu partout.

Nanifié par la loi de Moore

La révolution numérique aurait bien sûr dû constituer une magnifique opportunité d'investissements. Dans sa
campagne pour l'élection présidentielle de 1992, Bill Clinton faisait d'ailleurs miroiter un ambitieux projet
d'« autoroutes de l'information ». Mais ce projet a absorbé trop peu d'argent. Il est devenu une banale
modernisation des réseaux de télécommunications. Au-delà, l'impact économique et financier des technologies
de l'information a été nanifié par la terrible loi de Moore qui divise par 1.000 tous les dix ans le prix de la brique
de base de cette révolution, la puce électronique.
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Or le capitalisme n'a jamais été aussi efficace que pour mobiliser d'énormes sommes d'argent destinées à
financer des projets colossaux. Expéditions maritimes vers les nouveaux mondes au XVIe siècle, villes et réseaux
de chemins de fer à partir du XIXe, infrastructures (électricité, routes, télécommunications) et grandes usines de
la production de masse au XXe... Aujourd'hui, rien ne semble à la hauteur. Le numérique coûte trop peu cher. La
révolution suivante, celle de la biologie, semble atteinte par le même virus - le prix du séquençage du génome
humain a été divisé par 10.000 en dix ans .

Croissance insoutenable

Rien... sauf le plus formidable défi de l'histoire de l'humanité : le sauvetage de la planète. On le sait au moins
depuis le rapport du Club de Rome publié en 1972, la croissance financée par deux siècles de capitalisme est
insoutenable dans le temps. Trop gourmande en ressources non renouvelables. Trop menaçante pour l'équilibre
biologique et climatique qui a permis l'éclosion de la vie et l'épanouissement de l'espèce humaine. Seul le
capitalisme est assez puissant pour financer la transition écologique et énergétique. Seule l'écologie est assez
ambitieuse pour donner un nouveau projet au capitalisme.

Mais le capitalisme est incapable de faire ce basculement tout seul. Comme toujours, il a besoin de normes,
d'impulsions, de contraintes pour réussir. Cette fois-ci, il lui faudra en plus un nouvel ingrédient, car la survie de
la planète n'est pas un revenu qui peut profiter à quelques-uns. C'est un bien commun. nous devrons donc créer
de nouveaux canaux financiers, un autre partage des risques et des revenus. Finalement, ça tombe bien : la
propriété la plus fascinante du capitalisme, c'est sa capacité à se réinventer.

Texte n°3) Idée reçue : « le capitalisme est anti-écologique »

Déchets By: Frédéric BISSON - CC BY 2.0 : https://www.contrepoints.org

Le système capitaliste, c’est mauvais pour la planète ? Au contraire, la propriété privée incite à mieux respecter
l’environnement. La rengaine est connue, notre société de consommation nous mènerait au désastre, le système
néo-ultra-turbo-libéral provoquerait des cataclysmes climatiques et écologiques sans précédent. Bref, le
capitalisme est mauvais pour la planète. C’est vite oublier que par essence le capitalisme est un système qui tend
à optimiser la gestion des ressources, y compris les ressources naturelles, et que malheureusement les désastres
écologiques ont plus souvent eu lieu sous des régimes collectivistes que sous des régimes capitalistes. Dans une
économie capitaliste, les droits de propriété sont respectés, les individus sont libres et l’intervention du
gouvernement est limitée. Un système collectiviste est l’exact opposé : la propriété privée est abolie, les individus
ne sont pas libres et l’État dicte la vie de ses citoyens.

Un petit exemple de gestion privée et de gestion publique

Maintenant que ces bases sont posées, prenons deux pays : la Capitalie et la Collectivie. Ces deux pays se
partagent une île où règne une grande forêt luxuriante abritant quantité d’animaux sauvages, arbres fruitiers et
sources d’eau fraîche. Néanmoins, au gré de leur histoire, la Capitalie et la Collectivie ont opté pour deux modèles
différents de société : la Capitalie a choisi le système capitaliste, la Collectivie, le système collectiviste.

En Collectivie, la forêt appartient à chacun puisque c’est un bien public. Dès lors chacun est libre de l’utiliser
comme il le souhaite, si c’est à tout le monde, c’est un peu à moi aussi. Certains individus commencent alors à
scier les arbres pour construire des maisons et se chauffer. D’autres en voyant que certains avaient pris la liberté
de scier les arbres de la forêt se disent : si eux le font, j’en ai aussi le droit puisque la forêt est un bien public.

En Capitalie, la forêt est découpée en portion qui sont la propriété des individus. Ces derniers, parce qu’ils sont
propriétaires effectifs d’une portion ont tout intérêt à ne pas abattre trop d’arbres au risque de perdre leur
portion de forêt. Cette dernière mettant beaucoup de temps à repousser, chacun est poussé à gérer au mieux sa
portion afin de ne pas détruire trop vite ses ressources en bois.

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En Collectivie, les animaux paissent dans un grand champ à l’extérieur de la ville principale. Chacun peut y amener
ses bêtes qui y broutent, il n’y a pas de limite à la taille du cheptel pouvant y brouter. Tous les habitants de la
Collectivie emmènent donc leurs bêtes dans ce grand champ. De toute façon qu’ils en emmènent un ou dix, cela
revient au même pour eux, alors autant en mettre le maximum.

En Capitalie, les champs sont privés. Les fermiers n’ont donc pas intérêt à faire paître trop d’animaux dans leur
champ au risque que ceux-ci n’aient plus d’herbe à brouter. Ils limitent donc le nombre d’animaux au nécessaire
pour préserver cette ressource que représente l’herbe.

En Collectivie, l’eau est un bien public également. Sans eau nous ne pouvons pas vivre, dès lors il faut que chacun
puisse avoir accès à l’eau. Tous les habitants peuvent donc se servir gratuitement à la source d’eau située au
milieu du pays. Sachant qu’il n’y a pas de limite, les individus pompent beaucoup d’eau pour leurs champs ou
leur hygiène, sans chercher à optimiser leurs systèmes d’irrigation ou d’alimentation en eau. C’est gratuit,
pourquoi s’en priver ?

En Capitalie, les habitants achètent de l’eau auprès des exploitants de différentes sources qui doivent gérer au
mieux la leur afin que celle-ci ne se tarisse pas et qu’ils soient forcés de mettre la clé sous la porte. Ils adaptent
donc les prix en fonction de l’offre (beaucoup de pluie ou pas) et de la demande. Les habitants sont donc poussés
à optimiser leur consommation d’eau s’ils ne veulent pas payer trop cher.

Nous pourrions continuer cette comparaison sur bien d’autres points, néanmoins, je pense que vous avez
compris l’idée sous-jacente. Un système collectiviste dilue la responsabilité si bien que personne ne se sent
responsable de rien et personne ne cherche à mieux gérer les ressources naturelles. À l’inverse, un système
capitaliste pousse les individus à mieux gérer leurs ressources, que celles-ci soient financières, humaines ou
naturelles.

La gestion des ressources dans la réalité

Le choix de ma comparaison n’est pas anodin. En effet, Haïti et la République Dominicaine sont deux pays situés
sur une même île. Haïti affiche un système plutôt collectiviste où les droits de propriété ne sont pas préservés,
la République Dominicaine est elle bien plus proche d’un modèle capitaliste. La frontière entre les deux pays
montre un résultat saisssant1.

Le blogueur québécois Le Minarchiste avait d’ailleurs cherché à voir s’il existait un lien entre l’interventionnisme
étatique et la protection de l’environnement. La corrélation entre taille du gouvernement, tel que calculée par
le Frazer Institute et l’Environmental Policy Index de Yale est assez nette. Il semblerait donc, contrairement à ce
que prétendent nos collectivistes, un système libéral tend à mieux protéger l’environnement.

Il n’est dès lors plus surprenant de voir que certains des plus grands désastres écologiques se sont produits dans
des pays communistes ou en tout cas qui ne respectaient pas les droits de propriété.

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Le cas de la mer d’Aral

Je voudrais m’arrêter un instant sur le cas de la mer d’Aral. La mer d’Aral est une mer située à la frontière entre
le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Au début des années 1960 cette mer constituait la 4ème plus grande surface
lacustre du monde avec ses 66 458m². En 1998, sa surface avait été réduite de plus de moitié. Que s’est-il passé
entre temps ? Le PCUS a décidé d’implanter autour de cette mer des champs de culture de coton bien que cette
culture soit totalement inappropriée au sol et au climat de la région.

Pendant trois décennies, l’URSS a donc pompé l’Amou-Daria et le Syr Daria, les deux affluents de cette mer. En
foulant aux pieds les droits de propriété des paysans ouzbeks et kazakhs, l’URSS a quasiment asséché une mer
de 66 000m².

Parce qu’il déresponsabilise les individus, le collectivisme encourage les individus à consommer plus qu’ils ne
l’auraient fait si les biens et services avaient appartenu à des personnes définies. Son aboutissement ne peut
donc être que la pénurie, y compris de ressources naturelles. Comme le disait Milton Friedman, « if you put the
Federal Governement in charge of the Sahara Desert, in 5 years there’d be a shortage of sand ».

Texte N°4) Apple prépare une série sur le réchauffement


climatique

Usbek & Rica /02/08/2018/ Annabelle Laurent

Une série sur le réchauffement climatique ? Apple est sur le coup, et ce grâce à l’acquisition
des droits d'une enquête, publiée le 5 août dans le New York Times Magazine, autour d’une
décennie décisive - ou qui aurait pu l’être : 1979-1989.

« Comprendre à quel point un petit groupe de scientifiques, activistes et politiques américains


avaient compris le problème (du réchauffement climatique, ndlr), et combien ils étaient
proches de le résoudre, devrait être une révélation - angoissante - pour beaucoup de lecteurs ».
Par ces mots, le New York Times Magazine, supplément du quotidien américain qui paraît les
dimanches et dédié au long format -, avertissait le 5 août son lectorat, en introduction d’une
longue enquête. Signée Nathaniel Rich, celle-ci s'intitule « Losing Earth : The Decade We
Almost Stopped Climate Change » et est intégralement disponible en ligne pour tout lecteur
courageux et agile du scroll.

Financé par le Pulitzer Center, publié à l'issue de 18 mois d'enquête et d'une centaine
d’interviews, l’article de Nathaniel Rich explore en 30 000 mots la période de 1979 à 1989,

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« décennie décisive au cours de laquelle l’humanité a pour la première fois compris les causes
et les dangers du réchauffement climatique ».

Les droits du texte étaient très convoités. C’est finalement Apple qui l’a emporté, afin
d'ajouter cette série au catalogue de plus en plus étoffé - nous évoquions en avril la
préparation d'une série autour du cycle de romans Fondation d’Isaac Asimov - de sa future
plateforme de VOD. Celle-ci est attendue pour 2019, et fait déjà trembler Netflix, car l'offre
proposée pourrait être moins chère.

Couverture du New York Times Magazine paru le 5 août 2018

La série dédiée au réchauffement climatique sera produite par Anonymous Content, société
connue pour avoir produit Spotlight ou des séries comme True Detective, Mr.Robot, The OA
et 13 Reasons Why, et le journaliste Nathaniel Rich sera producteur exécutif de la série.

Certains souligneront l'hypocrisie qu'il peut y avoir pour un géant de la tech à produire une
série écolo. Apple leur répondrait que c'est sans compter Daisy, son nouveau robot capable
de démonter 200 iPhone à l'heure, pour récupérer les matières premières et les réutiliser ou
les revendre... L'entreprise s'était en effet engagée en avril 2017 à viser la fabrication future
de smartphones entièrement à base d'éléments recyclés. Sur lesquels installer la nouvelle
plateforme de séries, donc, et pleurer en repensant au sursaut raté qui aurait pu, dans les
années 1980, empêcher les catastrophes actuelles et à venir.

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