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Antoine de Montchrestien, 1576-1621.
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1.2. L’économie, branche des sciences humaines et sociales
Microéconomie Macroéconomie
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faut donc pas s’étonner de la succession des écoles de pensée économique :
elle est, en grande partie, la conséquence de l’évolution historique des
sociétés.
• Enfin, l’économie n’est pas une science « froide » : il ne peut pas y avoir,
entre l’économiste et son objet d’étude, la distance qui existe entre
l’astronome et les étoiles, qu’il observe, ou le biologiste et la grenouille, qu’il
dissèque. L’économiste fait lui-même partie de l’objet qu’il étudie, puisqu’il
est d’une époque, d’une certaine société, d’une certaine classe sociale ; il a ses
affects et ses propres intérêts, dont il lui est difficile de se détacher.
L’économie est donc une science « passionnelle ».
Ces caractéristiques font que, d’une époque à une autre et d’un économiste à un
autre, en examinant un même problème, les hypothèses, les analyses et les
conclusions pourront être différentes. Ceci ne doit cependant pas conduire à
un relativisme qui renvoie chacun dos à dos : l’Histoire, bien que n’étant pas
véritablement un laboratoire scientifique, se charge de faire le tri entre les
théories qui se trouvent validées dans les faits et celles qui ne
correspondent pas à la réalité observée de manière objective.
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Depuis 1933, à la suite des propositions de l’économiste norvégien Ragnar
Frisch3, les sciences économiques se subdivisent en microéconomie et
macroéconomie :
• La microéconomie étudie le comportement des agents économiques tels
que, par exemple, les ménages et les entreprises qui se « rencontrent » sur
des marchés : marché du travail, marché des biens de consommation, etc.
L’approche microéconomique des phénomènes repose le plus souvent sur
l’hypothèse que les agents sont rationnels et utilitaristes (ils recherchent le
« meilleur rapport coût/efficacité » de leur action).
• La macroéconomie étudie l'économie d’une manière globale, à l’échelle
nationale ou internationale. Elle s’appuie sur des agrégats (le PIB, Produit
intérieur brut ; la FBCF, formation brute de capital fixe ; les exportations
et importations, etc.) afin de déceler leurs relations et anticiper, si
possible, leur évolution.
Il faut noter cependant que, de nos jours, la distinction entre les deux disciplines
n’est plus aussi nette : la macroéconomie contemporaine a fréquemment
tendance à s’appuyer sur des raisonnements de type microéconomique.
Dans les sciences « dures », le paradigme vaincu dans la bataille des idées se
retire, disparaît, n’est plus qu’une pièce de musée. Mais en économie, il peut en
être différemment.
Certes on y observe aussi des changements de paradigme (on parle, par
exemple de la « révolution keynésienne » au XXe siècle), mais, contrairement à
ce qui se passe dans les sciences de la nature, les paradigmes anciens ne
disparaissent pas nécessairement du débat scientifique. Keynes, par exemple,
réutilise certaines idées fondamentales des économistes dits mercantilistes des
XVIe et XVIIe siècles, idées que les analyses des classiques et néo-classiques
des siècles suivants semblaient avoir définitivement écartées. On voit même des
« contre-révolutions » apparaître, telle celle des « nouveaux classiques », anti-
keynésiens, des années 1970-1980. Ainsi, à mainte époque de l’histoire des
idées économiques, dont la nôtre, plusieurs paradigmes peuvent coexister et
s’affronter.
Du XVIe siècle aux années 1970, dans un ordre à peu près chronologique
(puisqu’il y a des chevauchements de paradigmes), six « écoles » ou familles de
théories se sont succédées: le mercantilisme, la physiocratie, l’école classique,
le marxisme, l’école néo-classique, le keynésianisme, auxquelles s’ajoutent à
l’époque contemporaines différentes théories « néo » quelque chose…, telles
que celles des nouveaux classiques, nouveaux keynésiens, nouveaux
institutionnalistes, etc. Très schématiquement la chronologie est la suivante :
XVIe siècle XVIIe siècle XVIIIe siècle XIXe siècle XXe siècle XXIe siècle
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2. Des classiques aux néoclassiques :
continuité ou rupture ?
2.1. Une terminologie à clarifier
C’est Karl Marx qui, le premier, en 1867, dans le livre I du Capital, a qualifié
de « classiques » les économistes tels qu’Adam Smith et Ricardo, qui avaient
adopté la théorie de la valeur-travail développée par l’Anglais William Petty
(1623-1687). Les autres, les adeptes de la valeur-utilité, étaient rejetés par lui
dans la catégorie des économistes « vulgaires ».
En 1936, une autre acception du terme est utilisée par Keynes, qui l’applique
aux auteurs ayant succédé à Ricardo tels que J.S Mill, A. Marshall,
F.Y Edgeworth et A.C Pigou, qui ont en commun la caractéristique de partager
la conception de Jean-Baptiste Say sur les crises formulée dans sa « loi des
débouchés », conception que Keynes conteste dans sa « Théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ».
L’usage qui prévaut de nos jours, et que nous adoptons, est d’utiliser le terme de
« classique » dans le même sens que Marx, en l’étendant toutefois à J.S. Mill et
de qualifier de « néo-classiques » les auteurs qui, de la fin du XIXe au premier
tiers du XXe siècle, séparent Marx de Keynes. L’école classique couvre donc le
dernier tiers du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe.
Les grands économistes classiques dont les œuvres paraissent entre 1776 et
1848 sont principalement Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-
1823), Thomas Robert Malthus (1766-1834), Jean-Baptiste Say (1767-
1832), Frédéric Bastiat (1801-1850), John-Stuart Mill (1806-1873).
Malgré un certain nombre de divergences et de nuances, tous ces auteurs
adhèrent aux mêmes idées centrales et s’interrogent sur les mêmes problèmes
économiques et sociaux. Ils étudient principalement cinq problèmes:
- la richesse, sa nature et ses causes (§ 2.2.1);
- la nature de la valeur des marchandises et la fixation de leur prix (§ 2.2.2);
- la répartition du revenu et les implications de la démographie dans cette
répartition (§ 2.2.3) ;
- l’accumulation du capital, ses relations avec les débouchés, ses limites
éventuelles (§ 2.2.4);
- la nature et le rôle du commerce extérieur (§ 2.2.5).
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