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5. Accents nouveaux. Sur certains points, le pape met des accents nouveaux ou plus
forts, comparés aux documents plus anciens.
5.1. Environnement, la nature : c’est le milieu de vie, donné par le Créateur. L’homme
doit garder et cultiver cet environnement naturel. Ni en abuser, ni croire qu’elle est
intouchable. A utiliser avec sagesse. Ne pas ignorer les génération à venir, fonder la
solidarité sur la justice intergénérationnelle… Insistance nouvelle sur ce point.
Introduction d’une nouvelle dimension de la justice : la justice intergénérationnelle (faire
droit aux besoins des générations futures).
5.2. Le développement durable : avec une citation implicite de la définition classique
du dd : « devoir que nous avons de laisser la terre aux nouvelles générations dans un état
tel qu’elles puissent elles aussi l’habiter décemment et continuer à la cultiver. L’une des
tâches de l’économie est l’utilisation la plus efficace des ressources et non leur abus… »
(& 50).
5.3. Pour cela, il nous faut changer nos styles de vie. Ce n’est pas nouveau, mais il y a
insistance ici (thème présent déjà dans Sollicitudo Rei Socialis, 1987).
5.4. Réflexion sur la mondialisation : une humanité de plus en plus interconnectée.
Doit servir le développement. Ses dysfonctionnements doivent être corrigés. L’intégration
planétaire doit favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire,
ouverte à la transcendance. Phénomène multidimensionnel et polyvalent, la
mondialisation doit orienter l’humanité vers plus de relationnalité, de communion et de
partage (& 42).
5.5. Quelques dénonciations de dérives actuelles (lors de la crise récente) : c’est fort,
pas forcément original. Contre les délocalisations pour cause de recherche de profit
excessif. Contre la prise en compte des seuls intérêts des propriétaires dans la gestion des
entreprises et non de toutes les parties prenantes. Contre une perspective court termiste,
contre la recherche du profit maximum à court terme. Contre les dérives de la finance.
5.6. Ce qui est nouveau, c’est l’économie sociale dont la nécessité est fortement
affirmée (& 34, 36, 37, 38, 46).
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profit, et des divers types d’entreprises publiques, il est opportun que des organisations
productrices qui poursuivent des buts mutualistes et sociaux s’implantent et se
développement… » (& 38). Cette expérience du don et de la gratuité ne doit pas se vivre
simplement « en marge » de la vie économique, ou « après » ou « en plus »… mais il faut
trouver les formes institutionnelles pour que l’économie sociale puisse se développer
(fondations, associations, coopératives de consommateurs ou nouveaux circuits de
commercialisation, explicitement cités, etc) voir & 38.
7. Cette encyclique est une illustration de l’effort considérable accompli actuellement par
le Magistère romain pour montrer l’unité entre l’enseignement social et
l’enseignement en matière de bioéthique. Plusieurs fois cette encyclique tente
d’illustrer cette unité. Aussi lorsqu’on parle d’écologie, on dit écologie humaine, pour
dire que qu’on défend la vie (des pauvres, des plus vulnérables, qu’il faut vivre en
harmonie y compris avec l’environnement naturel…) et que c’est la même écologie
qui amène à défendre la vie de la conception jusqu’à la mort naturelle.
Le Magistère a pris conscience que les « deux morales » - en matière sociale et en matière
de bioéthique- enseignées par l’Eglise catholique fonctionnent selon deux méthodologies
assez différentes : légaliste, rigoriste, à coup d’interdits, ne faisant quasi aucune place à la
conscience individuelle d’un côté ; et de l’autre une morale appliquant le principe de la
progressivité, désignant l’idéal, reconnaissant la pluralité des interprétations, consciente
des limites des interprétations, du caractère non contraignant mais incitatif des
enseignements, et de la place importante donnée à la conscience individuelle (y compris
celle du croyant chrétien).
Pour illustrer l’unité des deux morales, on introduit les concepts assez nouveaux
d’écologie humaine et de développement humain intégral dans la charité et la vérité. La
lutte contre la pauvreté devient la défense de la vie (des pauvres), et cette même défense
de la vie est aussi l’argument majeur pour condamner l’avortement.
Tout ceci peut se résumer ainsi : Populorum Progressio a dit que la question sociale est
devenue mondiale ; pour Benoît XVI, la question sociale ou du développement est
devenue une question anthropologique (voir & 75).
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le Magistère. L’encyclique ne cite pas les statistiques des Nations Unies comme le faisait
Sollicitudo Rei Socialis.
Il me semble que Populorum Progressio n’utilise pas le mot de charité (à vérifier) mais
celui de solidarité, de développement, de progrès…
Conclusion en résumé :
- la question du développement est une question anthropologique.
- une réaffirmation de thèmes classiques : la régulation de l’économie de marché par l’Etat,
l’Etat social, le rôle de la société civile, des syndicats, les principes de solidarité et de
subsidiarité, la justice est toujours la première étape, etc…
- une innovation en matière d’enseignement social : la justice intergénérationnelle
- deux mises en application : le développement durable, l’économie sociale