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Introduction générale
Economie Sociale et Solidaire : Une vision renouvelée des liens entre économie, entreprise et société.
Objectif : Répondre à un intérêt général, un besoin d’utilité générale + Changer le monde.
Cela représente 10% du PIB en France et regroupe 221 136 établissements pour 2,3 millions
de salariés. L’ESS intervient dans tous les secteurs économiques.
1ère raison : On est dans une période de mutation, notre monde change, et Luycks Ghisi
explique que le monde est au croisement de deux situations. On a d’un côté une crise de la
société patriarcale avec ses valeurs de domination, de contrôle, de compétition, et on connaît
d’autre part le surgissement d’une nouvelle société, porteur d’un paradigme post-moderne
avec ses valeurs de collaboration, de coopération, et de bien-être, impactant le monde des
organisations.
2ème raison : La crise actuelle demande aux agents économiques (entreprises, consommateurs,
épargnants…) d’être innovants et d’avoir une culture économique large pour réformer en
profondeur notre économie. Le monde de demain ne peut être un retour au monde d’hier.
Qu’est-ce qu’une culture économique large ? Être très à l’aise sur les théories économiques
néoclassiques (= orthodoxes) et les théories économiques hétérodoxes (keynésiens,
postkeynésiens, nouveaux keynésiens, courants de l’ESS dont le marxisme, l’approche de K.
Polanyi), connaître le fonctionnement de l’économie de marché, etc.
4ème raison : L’ESS est innovante car ses entreprises entendent répondre à la crise en
proposant un autre modèle d’entreprise, un autre modèle de développement plus local basé
sur la construction de circuits économiques courts : circuits financiers, circuits
commerciaux, circuits monétaires.
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5ème raison : L’ESS aide les agents économiques (consommation responsable, épargne
responsable, investissement responsable) à devenir des agents de transformation sociale
aussi au niveau individuel.
Exemples :
- Les mutuelles de santé ou d’habitation, de biens
- Les coopératives
- Les associations
- Les fondations
- Les sociétés commerciales d’utilité sociale
° Acteurs
Organisations impulsées par des citoyens, des chefs d’entreprises, pour démocratiser
l’économie et les institutions politiques. Ces initiatives ont vu le jour au 19 ème siècle (1830).
Depuis les années 80, elle est reconnue par les pouvoirs publics nationaux (Olivia Grégoire :
Secrétaire d’Etat à l’économie sociale, solidaire et responsable rattachée au ministre
d’économie et des finances) + Conseils régionaux + Communes + Le réseau des territoires
de l’ESS + Europe + Réseau international de promotion de l’ESS (RIPESS).
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Dans quels domaines interviennent les entreprises de l’ESS ?
Les entreprises de l’ESS portent une vision politique de l’économie pour inventer un partage
plus équitable des richesses et de l’affectation des profits. Le profit est un moyen, le profit
n’est pas le but.
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1. L’économie classique
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II- Impacts des courants économiques traditionnels sur l’ESS et apport de
l’ESS à la science économique
2. Le courant marxiste
Les acteurs de l’ESS reprennent la théorie de l’exploitation du travailleur par le capital, par le patron.
On retrouve l’idée que les travailleurs créent la richesse mais n’en reçoivent qu’une petite partie. Les
économistes de l’ESS vont reprendre le fait que l’économie est hiérarchisée.
3. Le courant néoclassique
Les auteurs de l’ESS vont mettre en évidence l’importance des ressources disponibles et de leur
affectation (science de la bonne utilisation des richesses disponibles et de leur affectation, notion de
rareté du facteur travail qu’il faut soigner).
La notion d’utilité : pour produire un bien ou un service, il doit correspondre à une demande et être
utile.
4. Le courant keynésien
Comme Keynes, ils vont critiquer la loi des débouchés et rejoignent l’approche de Keynes concernant
l’analyse du chômage (le chômage n’est pas volontaire). Les économistes de l’ESS abordent
l’économie sous forme de circuit économique (niveau territorial/local et niveau macroéconomique),
comme Keynes.
5. Le courant néokeynésien
Le chômage n’est pas uniquement dû à une insuffisance de la demande comme le disait Keynes :
insuffisance de l’offre et insuffisance de la demande. Le marché connaît une insuffisance
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d’informations aux agents économiques pour se déterminer, il y a ce que l’on appelle une asymétrie
d’informations.
6. Le courant postkeynésien
Les postkeynésiens sont plus critiques, et notamment les auteurs de l’ESS sont plus proches d’eux. Les
économistes de l’ESS partagent avec eux l’intervention publique expansionniste au niveau de leur
politique monétaire et au niveau de leur politique budgétaire. Pour eux, la croissance économique n’est
pas une finalité en soi, ce n’est qu’un moyen et ils abordent tous les deux une approche commune
concernant l’entreprise comme lieu de pouvoir : les rapports sociaux ne sont pas égalitaires, les
patrons dominent.
8. Le courant néolibéral
Il a inspiré 2 courants de l’ESS :
- Un courant qu’est le libéralisme social, qui donne aux associations un rôle de prise en charge de
l’intérêt général, permettant à l’Etat de se désengager.
- Une critique la politique néolibérale en disant que non seulement ils veulent que l’économie de
marché se développe sans intervention de l’Etat, mais qu’on construise une société de marché (tout
serait marchand et basé sur l’intérêt).
On veut réduire le déficit public, la dette publique…
11 défaillances sur lesquelles l’ESS va travailler et apporter une réponse. Elles ne sont pas
hiérarchisées, elles sont à prendre en fonction des besoins sociaux que l’ESS veut traiter.
Cette approche s’appuie sur une critique de l’agent économique maximisateur (homo economicus).
Cela porte sur une critique des rapports sociaux « dominant/dominé », et fait référence aux travaux de
T. Hobbes. Face à cette approche restrictive de l’Homme, l’ESS propose l’approche kantienne de
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l’Homme (« Tout Homme est égal à un autre » Chaque personne a des ressources et des manques).
L’ESS propose aussi une approche en termes d’homo situs (H. Zaoual).
La notion d’homo situs (opposition d’homo economicus) est une notion très intéressante qui renvoi à
plusieurs choses :
L’Homme est mû d’une pluralité de motivations. Il est un être complexe animé par un
intérêt personnel, mais il est aussi capable de prendre en compte l’intérêt de l’organisation
(intérêt général). Il est également capable de prendre en compte l’impact de sa décision sur
autrui, de faire des choix éthiques.
L’Homme est déterminé par son milieu (milieu familial mais aussi le milieu de l’entreprise).
Il est déterminé mais en même temps, il surdétermine lui-même le milieu, l’entreprise.
L’Homme est un acteur qui agit sur son milieu.
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En 2018, les 10% les plus pauvres ont un niveau de vie inférieur à 934 € par mois, tandis que les 10%
les plus riches ont 3 260 €. Depuis 10 ans, les 10% les plus pauvres ont connu une baisse de 3% de
leur pouvoir d’achat, et les plus riches une hausse de 8%.
- Inégalités salariales (avant prestations et avant impôts). Les 10% les plus riches touchent par mois
4 686 €, et les plus pauvres 698 €.
- Inégalités patrimoniales. Elles sont encore plus importantes que les 2 autres inégalités. Les 10% les
plus fortunés détiennent plus de la moitié du total du patrimoine des ménages français. Les 50% les
moins riches détiennent 8% du patrimoine des Français. Les 10% les plus riches possèdent 1,25
millions d’euros de patrimoine. Les 10% les moins riches détiennent 2 000.
Quand on veut analyser les problèmes d’inégalités, on peut mesurer ce que l’on appelle l’insécurité
sociale. L’insécurité sociale, c’est de voir l’évolution du taux d’emplois précaires. On voit que ce taux
augmente. En 2018, on était à 13,6%. Le taux de chômage diminue au prix d’un mal emploi. Le
développement du salarié précaire est lié à la politique néolibérale.
9. La concurrence imparfaite
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La thèse développée par les économistes néoclassiques explique que les agents économiques
n’interviennent pas directement sur la formation des prix. Dans la réalité, certaines entreprises ont une
taille suffisante pour peser sur les prix, entraînant un manque à gagner pour le consommateur.
Dans l’ESS on va travailler sur la question du juste prix (prix raisonnable qui prend en compte les
besoins des entreprises et le pouvoir d’achat du consommateur). On va définir un prix raisonnable.
L’ESS va créer des circuits économiques courts locaux, et il va y avoir, par exemple, un
rapprochement des agriculteurs et des consommateurs qui vont décider ensemble du prix dans l’intérêt
des 2. Aristote (4 siècles avant notre ère) a dit des choses qui sont d’actualité au XXIème siècle.
Il y a 6 défaillances.
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3. Crise financière avec le déficit public et la dette publique
En 2020, le déficit public a explosé avec la pandémie (3% à 11% du PIB de déficit public). La dette
publique est passée à 120% du PIB. Remboursement progressif sur 50-60 ans.
6.
Introduction :
L’ESS, en France et dans le monde, joue un rôle majeur dans l’économie et dans la société. Selon les
pays, elle a des appellations différentes : on parle de third secteur aux Etats-Unis, de sector non-
profit au Canada, d’économie populaire en Amérique latine, et d’économie lucrative en Asie. L’ESS
se développe dans tous les pays et avec des appellations différentes.
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C’est une économie qui se veut performante, surtout sur le plan qualitatif parce qu’elle propose aux
entreprises de faire du business et en même temps d’intégrer l’impact social et environnemental. Elle
inclus la RSE tout en la dépassant.
I- Panorama de l’ESS
a) L’économie sociale
L’économie sociale fait référence à des statuts juridiques qui sont : les coopératives, les mutuelles, les
associations et les fondations.
Les coopératives sont très diverses : coopératives d’entrepreneurs (artisans, taxis, pêcheurs…),
coopératives d’utilisateurs (clients, habitants), coopératives de salariés, coopératives d’épargnants
(banques), etc. Le but de ces coopératives est d’assurer une solidarité entre les membres, c’est lié à un
intérêt collectif.
Les mutuelles : de santé, de personnes, de biens. Le but des mutuelles et de se protéger contre un
risque (protection sociale). Les mutuelles se sont développées dès 1830 en France.
Les associations (1901) ont une vocation très large et il est très facile d’en créer une. On a permis à la
société civile de créer une organisation pour prendre en charge un sport, pour défendre une cause, une
maladie. Les associations interviennent dans bon nombre de secteurs. La loi de 1901 est très libre, si
ce n’est que le but doit être autre que le partage des bénéfices.
Dans les fondations, on va avoir celles qui ont une vocation d’intérêt général.
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Le secteur marchand : coopératives et les entreprises de l’ESS définies par la loi de 2014.
L’ESS, dans le monde, se limite au secteur non-marchand. En France, on va être en compétition avec
les entreprises du secteur marchand.
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4ème catégorie : Les entreprises sociales et solidaires qui relèvent de l’insertion par
l’activité économique (IAE) Ceux qui sont dans la finance solidaire et dans le commerce
équitable.
Concernant les fondations, leur nombre augmente d’année en année. Il y a 474 fondations en France.
Concernant le secteur coopératif, il y a 26 000 établissements coopératifs et 8 600 entreprises
coopératives. Dans le monde des coopératives, une partie est en pleine expansion : ce sont les
coopératives d’activité d’emplois (CAE), les sociétés coopératives participatives (SCOP), les sociétés
coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Ces 3 catégories de coopératives se développent dans tous les
territoires en France, elles sont innovantes.
Une CAE est une nouvelle forme juridique qui a vu le jour en 2014 (Hamon). Ceux qui créent
l’entreprise sont des entrepreneurs/salariés. Les CAE permettent à des créateurs de tester leur projet de
création dans le cadre d’une CAE qui leur donne la possibilité d’être salariés.
SCOP (2 salariés minimums) : Les salariés sont leur propre patron.
SCIC : Les associés vont être une SCOP + Autre : on va donner le pouvoir au salarié/patron, au
client. Elle va donner le pouvoir aux associés-fondateur.
Ce sont les 3 formes d’entreprises les plus innovantes et les plus créatives.
Dans les familles de coopératives, on a aussi les coopératives d’utilisateurs. Les associés vont être les
consommateurs. Cela peut-être :
o Coopératives de consommateurs,
o Coopératives scolaires,
o Coopératives d’habitants,
o Coopératives d’entreprises : les entrepreneurs vont être associés (on peut avoir des
commerçants, des artisans, des entreprises). Ces coopératives d’entrepreneurs mutualisent un
intérêt commun (centrale d’achat, par exemple),
o Coopératives de crédits : banques coopératives (Crédit Agricole, Caisse d’Epargne, Crédit
Mutuel, Banque Populaire, Crédit Coopératif).
Il y a 813 mutuelles en France qui interviennent dans le secteur de la santé et de l’assurance des
personnes.
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L’action sociale correspond à 15% des entreprises de l’ESS. 12% sont dans les activités financières et
d’assurance. 16% dans le sport. 10% dans la culture et 10% dans l’enseignement.
L’ESS peut se développer dans tous les secteurs économiques mais a des secteurs phares (assurance,
action sociale, finance, culture, enseignement et sport). L’ESS est riche d’une biodiversité sectorielle.
Cela veut dire que l’ESS se développe dans l’agriculture par exemple biologique (AMP, jardins de
cocagne), dans le commerce équitable (Ethicable, Ecocup, Enercop…), dans la finance solidaire
(A.D.I.E., N.E.F.). L’ESS est également sur des secteurs classiques, mais aussi sur des secteurs
innovants.
L’ESS est souvent le 1 er employeur dans les zones rurales désertifiées. C’est là où l’activité
économique persiste (= les gens se regroupent ensemble). Les entreprises d’IAE s’installent souvent
dans des quartiers en difficulté.
Mutuelles
Associations
Fondations
Coopératives
Sociétés commerciales et d’utilité sociale
Entreprises solidaires d’utilité sociale (ESUS) 4 acteurs historiques + sociétés
commerciales
Entreprises du secteur de l’IAE
Entreprises du commerce équitable
Entreprises de finance solidaire
Caractéristiques
o 1ère caractéristique :
Ce sont des entreprises privées indépendantes des pouvoirs publics.
o 2ème caractéristique :
Ces entreprises ont une approche large de l’activité de production, certaines entreprises sont
dans le secteur non-marchand, et d’autres sont dans le secteur marchand.
o 3ème caractéristique :
Les entreprises offrent des biens et des services dans la durée en mobilisant des salariés et des
bénévoles.
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o 4ème caractéristique :
Elles constituent une activité risquée. Ce risque est mutualisé entre les financeurs, les salariés
et les bénévoles.
o 5ème caractéristique :
Ce sont des entreprises privées non-lucratives ou à lucrativité encadrée. Un pourcentage du
bénéfice doit être mis en réserve impartageable et un pourcentage du bénéfice doit être mis
dans l’objet social.
o 6ème caractéristique :
Elles se caractérisent par la liberté d’entrée et par la liberté de sortie.
o 7ème caractéristique :
Ce sont des entreprises qui intègrent la solidarité. Cela peut être une solidarité entre les
membres, qui ont des intérêts communs. Ou cela peut être une solidarité pour tiers (pour la
collectivité au sens large). Ou bien, cela peut être une solidarité qui combine les 2 (à la fois
pour les membres et à la fois pour tiers).
o 8ème caractéristique :
La démocratie économique. On va donner le pouvoir à chaque personne (membre) : 1
personne = 1 voix. On met sur un même pied d’égalité ceux qui apportent du capital, ceux qui
y travaillent, et les clients. On donne le pouvoir à toutes les parties prenantes de l’entreprise.
On donne le pouvoir à d’autres personnes que les propriétaires du capital.
o 9ème caractéristique :
Ces entreprises collaborent avec l’économie publique.
a) Elles partagent la fonction d’allocation des ressources, notamment quand elles produisent
des biens et des services d’intérêt collectif ou d’intérêt général.
b) La fonction de redistribution des ressources, notamment quand elles mobilisent le
bénévolat et des dons (pour offrir des biens et des services gratuitement pour les publics
en difficulté).
c) Une fonction de régulation de la vie économique, en proposant la création d’un marché du
travail transitoire.
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o Bénévolat
o Apport des associés
o Subventions
Gouvernanc o Modèle hiérarchisé o Modèle démocratique
e
RH o Salariés o Salariés
o Salariés en insertion
o Bénévoles
Critère o Profit dégagé (bénéfice net / o Valeur économique
réussite CA HT) o Utilité sociale
o Utilité environnementale
e) Les interfaces de l’ESS avec les autres secteurs de l’économie (H. Desroche)
L’approche d’H. Desroche (en 1983) va nous montrer que l’ESS est au carrefour de 2 économies et
entretien des liens d’interdépendance.
Une première interface est l’ESS et le secteur public. Les mutuelles sont conventionnées
avec les administrations de sécurité sociale pour assurer la protection sociale.
Lien d’interdépendance.
Au niveau communal ou même départemental, la commune va déléguer une partie de leur
gestion du social à des associations (= associations gestionnaires).
L’ESS partage les mêmes prérogatives que l’économie publique.
Une deuxième interface est l’ESS et le secteur privé lucratif, notamment les fondations par
les fondations d’entreprises. Au travers de leur volet RSE, ces grandes entreprises capitalistes
veulent financer des structures d’intérêt général (à travers la création de fondations).
Des acteurs économiques privés vont se regrouper sous forme de coopératives pour gérer
ensemble une centrale d’achats (= coopératives de commerçants). Exemples : Leclerc,
Système U.
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Chapitre 3 : Atouts et limites des associations : approche
économique et juridique
Objectifs de ce chapitre :
Montrer que les associations ou les organisations sans but lucratif (OSBL) ont été victimes,
pendant longtemps, d’une discrimination économique. Peu de travaux, en sciences sociales,
portaient sur cette forme d’entreprise. Mais depuis les années 80, partout dans le monde, des
économistes anglosaxons et francophones ont comblé ces lacunes. Leurs travaux ont montré
que non seulement les associations répondaient aux échecs du marché et de l’Etat (approche
économique néoclassique), mais les associations participaient également à la consolidation
d’une économie soucieuse de l’impact social et environnemental de son activité (approche
économique hétérodoxe développée par les francophones : français, belges, québécois…).
Rappeler les caractéristiques juridiques et économiques des associations.
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Montrer qu’aujourd’hui en France les associations sont à la croisée de chemins. Bon nombre
d’entre-elles connaissent une double crise : une crise de gouvernance et de gestion (en interne
et en externe). Seule une partie est porteuse d’innovations.
Introduction :
Les associations sont les premières formes juridiques des entreprises de l’ESS. 94% des structures de
l’ESS sont de type associatif. Cela a été la première forme historique. Les associations ont émergé de
manière expérimentale en France à partir de 1830 et elles se sont beaucoup développées jusqu’en 1848
sous un terme que l’on appelait à l’époque l’associationnisme ouvrier. Cet associationisme ouvrier
développait une activité économique (entreprises où les artisans créaient une association de production
(= coopératives aujourd’hui), une association de commerce, les premières sociétés de secours mutuel).
L’asso a été combattu par les pouvoirs publics, mis de côté et marginalisé. En 1851, Bonaparte a
emprisonné/tué les leaders de ces organisations. Il a fallu attendre 1901 avec Waldeck Rousseau pour
que les associations soient reconnues et que le droit de s’associer en dehors de tout contrôle de la
puissance publique le soit également. L’esprit de la loi de 1901 est relatif à la liberté d’association et a
pour but de permettre aux personnes d’unir leurs forces autour d’un objet commun et de leur donner le
pouvoir de faire vivre ce projet collectivement.
Les associations sont des sociétés de personnes et doivent respecter les principes fondamentaux de
l’ESS. Ces principes sont : l’adhésion est libre, le pouvoir est démocratiquement organisé dans le
cadre des statuts, la finalité est non-lucrative (= tous les excédants sont réinvestis dans l’objet social et
son impartageables entre les membres de l’association).
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Ce n’est qu’à partir des années 80 aux Etats-Unis que des économistes néoclassiques comme Nelson
ou James Young vont reconnaître l’existence de ce modèle entrepreneurial.
En France, les atouts des associations ont été reconnus par Jean-Louis Laville et d’autres auteurs,
mais également les limites. Jean-Louis Laville, au travers de la théorie sur l’économie solidaire, a
théorisé les innovations socioéconomiques et organisationnelles (définition Chapitre 2).
Ces structures interviennent à 29% dans le sport, 28% dans la culture et le loisir, 23% dans l’action
sociale et 14% dans la défense des droits.
Ces associations renvoient à différents modèles économiques (3 grands modèles) :
1) Le premier modèle dépend de la quasi-totalité des financements publics.
2) Un deuxième modèle reçoit à la fois un soutien public, des dons privés et du bénévolat
(Secours Populaire, Restos du Cœur).
3) Un troisième modèle retrouvé dans les associations d’économie solidaire et notamment dans la
finance solidaire et le commerce équitable concerne des associations qui vont mixer du CA,
des subventions et du bénévolat.
Ce troisième modèle est le modèle d’avenir.
Les associations de faits : regroupement de personnes qui n’a pas envie de se déclarer. La loi
autorise un regroupement informel. La non-déclaration ne permet pas d’être une personne
morale et d’avoir une capacité juridique (pas de cotisations, pas de subventions, pas
d’ouverture d’un compte bancaire, pas d’embauche et pas d’agissements en justice).
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L’association déclarée : capacité juridique dès qu’elle est publiée au Journal Officiel (JO).
L’association reconnue d’utilité publique : il y a des critères exigeants à respecter => but
d’intérêt général, rayonnement dépassant le cadre local, avoir 200 adhérents minimum, 46 000
€ de fonds propres (l’activité économique doit générer des ressources économiques liés à la
production et à la vente de produits et de services à hauteur de 46 000 €), résultat positif sur
les 3 dernières années.
L’association agréée : des secteurs comme l’éducation, la jeunesse, le sport, la santé, le
handicap, l’IAE nécessitent une autorisation (agréments) pour ouvrir un établissement. Il faut
montrer que des professionnels ayant des compétences puissent gérer la structure.
Les ressources sont plurielles pour une association. Elle peut avoir :
- Des cotisations (contrepartie d’un droit moral qui permet de participer à des organes de gouvernance
(participation au fonctionnement démocratique de la structure)).
- Des apports mobiliers ou immobiliers. Quelqu’un (membre ou tiers) peut donner un meuble ou un
immeuble à une association. Le donateur doit spécifier, au travers d’une lettre, qu’il donne à cette
association pour tel objet social.
- Des dons manuels. Un particulier ou une entreprise qui fait un don à une association a droit à une
réduction d’impôts sur le revenu équivalent à 66% du montant du don dans la limite de 20% du revenu
imposable. Exemple : Revenu imposable de 20 000. Don jusqu’à 4 000 €. Réduction de 2 460 €.
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III- Les théories économiques néoclassiques et hétérodoxes des associations : des
approches différenciées des atouts
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- Le statut juridique associatif rassure les familles (les associations sont des organisations à but
non-lucratif : rendre service et non dégager un profit).
- Les familles, en rentrant dans le Conseil d’Administration, demandent qu’on évalue les
performances au travers de contrats procéduraux.
- Les salariés ont des valeurs pros sociales et elles ont un point d’honneur à réaliser un travail
de qualité et de défendre les valeurs de l’association.
- Théorie de la demande excédentaire des biens et des services publics (Burton Weisbrod) :
Cette théorie a été élaborée par Burton Weisbrod. Il dit que la fonction des associations consiste à
répondre à des demandes auxquelles le marché et l’Etat restent sourds, notamment dans la production
de biens publics collectifs.
Exemples : Gestion de pathologies (autisme), de maladies invisibles/spécifiques…
Mais il est généralement reconnu que les failles du marché provoquées par ces biens collectifs laissent
place à l’action étatique. Weisbrod explique que l’Etat lui-même est en échec en prenant en compte
que les préférences de l’électeur médian (= celui qui se situe au milieu). Les citoyens insatisfaits par la
production publique préfèrent financer des associations (demande hétérogène).
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- Le profil professionnel : le professionnel respecte scrupuleusement les normes et les standards de la
profession.
- Le convaincu : celui qui est développé corps et âme pour une cause.
- Le chasseur de revenus : motivé par des gains.
Edouard James va expliquer la création d’une association par la volonté de maximiser la foi des
adhérents. Il va montrer que les entrepreneurs associatifs ne veulent pas forcément maximiser les gains
financiers, mais veulent convaincre des gens (maximiser la foi des adhérents).
Pour Henri Anheir, le but des entrepreneurs est de maximiser un profit non-monétaire.
S. Rose Ackerman va montrer que ce sont des motivations altruistes.
- Théorie des entrepreneurs mus par des gains financiers (théorie du passager clandestin)
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Chapitre 4 : Approche économique et juridique des coopératives
Introduction :
La loi de 1867, sous Napoléon III, a créé les sociétés anonymes qui pouvaient être sous forme
coopérative.
En 1947, l’évolution du droit coopératif va définir les principales caractéristiques des coopératives.
Les 1ères formes étaient des sociétés ouvrières de production (SCOP). Aujourd’hui, ce sont les
sociétés coopératives participatives (SCOP).
Entre 1867 et 1947, les coopératives se sont développées dans tous les domaines économiques.
En 2001, il y a une loi du 31 juillet qui va créer une nouvelle forme de coopérative qui va s’appeler
« société coopérative d’intérêt collectif ». Cette loi est fondamentale, parce que l’on va passer d’une
logique du mono sociétariat à une logique du multi sociétariat.
Il y a 13 familles de coopératives. Avant 2001, les coopératives étaient créées pour satisfaire les
besoins des associés propriétaires.
Une coopérative sert les intérêts d’une catégorie (mono sociétariat). Avec les coopératives d’intérêt
collectif, on va pouvoir prendre en compte jusqu’à 3 intérêts (multi sociétariat).
En 2012, la loi Hamon a légalisé les coopératives d’activité et d’emploi (CAE).
Aujourd’hui, les coopératives se développent dans tous les secteurs économiques.
Exemples : Inter Sport, Groupe Up, Super U, Yoplait, Francine, Chris, Ethiquable, Enercoop, Fabrique
du Sud, 1336 (Thé Lipton)…
Banques coopératives : Crédit Agricole, Banque Populaire, Crédit Mutuel, Caisse d’Epargne, Crédit
Coopératif, La Nef.
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Les lois de 1947 et de 1967 reconnaissent les spécificités du modèle entrepreneurial de la coopérative,
fondé sur des valeurs de démocratie, solidarité, responsabilité et pérennité.
Définition de la loi cadre de 1947 : La coopérative est une société constituée par plusieurs personnes
volontairement réunies en vue de satisfaire leurs besoins économiques ou sociaux par leurs efforts
communs et la mise en place des moyens nécessaires.
Cette forme entrepreneuriale articule 2 dimensions : une association de personnes ayant des besoins et
une entreprise commune qui est le moyen de réaliser le projet.
8 principes fondamentaux définis par la loi de 1947 :
- L’adhésion volontaire.
- Le pouvoir démocratique (chaque associé possède une voix).
- La participation économique des membres.
- L’indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics, excepté pour les SCIC ou les CAE (les pouvoirs
publics vont aider les coopératives à prendre en charge des publics qui ne peuvent pas payer).
- L’éducation et la formation.
- La coopération avec les autres coopératives (se développent dans un cadre territorial).
- L’engagement vis-à-vis de la communauté.
- Le travail avec des tiers non-associés n’est autorisé que si une disposition légale spéciale le prévoit et
si la coopérative l’inscrit dans ses statuts.
J. Stiglitz explique (économise néoclassique) que le modèle coopératif est un modèle résiliant parce
qu’il permet de répondre aux défaillances des entreprises privées lucratives qui connaissent la
gouvernance des actionnaires et qui étouffent le modèle productif. Le modèle coopératif est un modèle
résiliant pour les pays du Nord et les pays du Sud du fait de son souci de répondre à des échanges
plus justes. Ce modèle s’inscrit sur du long terme grâce aux réserves impartageables. Il prend en
compte le bien-être social Gouvernance démocratique. Ces entreprises ont la capacité de
construire des filières commerciales, financières, culturelles, courtes…
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1) L’analyse juridique des SCOP
a) Gouvernance salariale
Une SCOP est créée par des individus qui veulent mettre en commun leurs capacités professionnelles
pour développer leurs outils de travail et leurs moyens de subsistance économique. Chaque sociétaire
doit soutenir financièrement leurs outils de travail, c’est-à-dire que chaque sociétaire devra apporter un
peu d’épargne personnelle. Les salariés doivent détenir 51% du capital pour avoir 65% des droits de
vote.
La loi Hamon de 2014 a donné la possibilité au salarié de mettre 10 ans pour obtenir les 51% (= SCOP
d’amorçage).
b) Mutualisation des risques
Le collectif va être là pour minimiser le risque financier s’il y en a un.
c) Variabilité du capital
Chaque nouvel associé va prendre une part sociale. Les parts sociales sont nominatives et ne peuvent
pas être échangées sur les marchés financiers. Ceux qui partent doivent être remboursés de leur apport
initiale. Les parts sociales ne font l’objet d’aucune plus-value (rachat à la valeur nominale).
e) Gestion démocratique
1 homme = 1 voix quel que soit le montant acheté en parts sociales. Cette gestion démocratique est
particulièrement poussée puisque ce sont les salariés qui désignent eux-mêmes leur propre patron.
Dans les statuts, le gérant est nommé pour 3 ans, reconductible autant de fois qu’il le souhaite sauf
éviction.
f) Limitation de la lucrativité
Les bénéfices sont encadrés par la règle des 3 tiers :
=> Bénéfice net comptable : une partie va servir à verser ce que l’on appelle la part travail, une partie
va en réserve impartageable et une autre partie va en part capital.
g) Solidité financière
Plusieurs éléments :
- Tous les mois, un prélèvement est fait sur les résultats de l’entreprise.
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- Une SCOP a une solidité financière grâce à une réserve impartageable.
- La part travail et la part capital ne sont pas versées en numéraire mais en parts sociales.
h) Fiscalité
Comme toute entreprise, elle est redevable des impôts commerciaux et de la TVA, mais pas de la
contribution territoriale.
i) Indemnisation chômage
Les associés salariés et les dirigeants, en cas de faillite, auront droit au chômage.
2) Atouts des SCOP selon les économistes hétérodoxes
a) Stabilité de l’emploi
Bonin et Putterman constatent au travers d’études empiriques (= enquêtes de terrain) que l’objectif
majeur d’une SCOP est l’emploi (conserver l’emploi de l’ensemble des salariés, en baissant les
rémunérations).
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3) Les points faibles des SCOP selon le courant économique néolibéral
a) Faiblesse de l’emploi
Cette première théorisation a mis en évidence une courbe de demande de travail inverse. En cas de
hausse du prix de vente du bien ou du service, la SCOP aura intérêt à licencier le travailleur marginal
dont la productivité en valeur n’atteint plus le revenu moyen net.
b) Faiblesse de l’investissement
Pejovich et Furubotn Théorie des droits de propriété : aborder l’entreprise comme étant un bien
privé appartenant aux actionnaires.
Ils vont regarder les SCOP avec cette approche-là.
Ces auteurs disent que les salariés-associés ne sont pas incités à autofinancer des investissements car
ils n’ont aucun droit individuel de propriété sur les actifs de l’entreprise. En effet, ils possèdent des
parts sociales (parts de capital), mais celles-ci ne sont remboursables qu’à leur valeur nominale.
La solution est de mettre en place une organisation hiérarchique contrôlée, où l’expert va imposer
sa vision aux autres.
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Renouveau lié à :
- L’effondrement économique de certains pays et notamment l’Argentine, le Chili, le
Venezuela.
- L’émergence de nouveaux secteurs économiques, notamment :
La diffusion des coopératives d’habitation du Québec vers la France, la Suisse.
Les coopératives dans le domaine du tourisme en Angleterre.
Les coopératives de femmes agricultrices au Japon.
- De nouveaux statuts juridiques dans le commerce coopératif qui ont émergé partout dans le
monde, où les coopératives vont concilier de nouveaux objectifs sociaux et économiques.
Jusqu’alors les coopératives n’étaient que dans la satisfaction d’une clientèle qui pouvait
payer. Secteur marchand (clientèle solvable) et secteur non-marchand (pour ceux qui ne
peuvent pas payer).
Les coopératives vont développer le multi sociétariat (donner le pouvoir à plusieurs catégories
d’associés).
1) SCIC
Elles sont nées le 17 janvier 2001. Aujourd’hui, il y a environ 1 000 SCIC en France. Dans les
Pyrénées-Orientales il y a Catener et O’Vrac.
Les SCIC sont des sociétés régies par le Code du commerce. La loi encadre le but de ces SCIC,
puisqu’on est à cheval sur 2 secteurs. Elles ont pour objectif la production ou la fourniture de biens et
de services d’intérêt collectif. Elles doivent présenter une utilité sociale. Cela veut dire qu’elles vont
prendre en charge des besoins sociaux pas pris en charge par les entreprises classiques ou les pouvoirs
publics. Pendant longtemps, il fallait demander l’agrément du préfet pour ouvrir une SCIC.
Pourquoi créer une SCIC ? Une SCIC est une transformation d’une association. Cette association
rencontrait des difficultés de démocratie interne, notamment, c’était les salariés qui travaillaient et les
usagers qui voulaient exprimer leurs attentes et leurs besoins, mais la structure associative refusait de
leur donner une place dans la gouvernance.
La loi de 2001 impose 3 collèges différents : 1 collège salarié (donner le pouvoir aux salariés), 1
collège usagers/bénéficiaires/clients et 1 collège autres (choix).
La structure va développer une activité d’intérêt général (dans n’importe quel secteur économique).
La SCIC permet de donner le pouvoir à des financeurs. Les pouvoirs publics peuvent donner des
subventions de fonctionnement.
La loi de 2001 impose aux SCIC que 57% des bénéfices doivent être affectés en réserve
impartageable.
Le multi sociétariat est à la fois une force et en même temps une fragilité.
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2) CAE
Les CAE accueillent des porteurs de projet d’activité et sécurisent leurs démarches entrepreneuriales
par la mutualisation de ressources. La CAE va offrir à ces porteurs de projet un hébergement juridique,
un numéro de TVA, un enregistrement au registre du commerce, une prise en charge de la
comptabilité, un contrat de travail à durée illimité et un accompagnement individuel et collectif à la
création d’entreprise.
La CAE est un mélange d’une SCOP et d’une coopérative d’artisans. C’est une coopérative de
salariés-associés. L’équipe de salariés va jouer le rôle de formateur et les salariés entrepreneurs
(ceux qui sont en création et qui sont salariés de leur propre activité). La CAE est cogérée par
l’ensemble de ces salariés. Il y a à l’intérieur une coopérative d’artisans dans le sens où les créateurs
mutualisent des moyens de production ensemble.
Les CAE accueillent des porteurs de projet d’activité et sécurisent leurs démarches entrepreneuriales
par la mutualisation de ressources. La CAE va offrir à ces porteurs de projet un hébergement juridique,
un numéro de TVA, un enregistrement au registre du commerce, une prise en charge de la
comptabilité, un contrat de travail à durée illimité et un accompagnement individuel et collectif à la
création d’entreprise.
Quels sont les avantages pour un créateur d’aller dans ce type de structure ? Les créateurs vont être
dans une démarche où ils apprennent leur métier tout en l’exerçant. Surtout, on leur permet de
développer toute leur énergie sur la recherche de clients. Toutes les autres fonctions sont prises en
charge par la CAE.
Dispositif CAD : Maintenir ses droits sociaux tout en testant son activité, jusqu’à tant que le CA soit
suffisant.
Il est possible de retourner au chômage si l’activité ne marche pas.
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Chapitre 5 : Différents courants économiques et sociopolitiques de
l’ESS
Introduction :
Comment les auteurs ont-ils pu intégrer les questions de solidarité et de justice sociale dans
l’entreprise ?
Durant une période, les associations étaient contrôlée par l’Etat et par l’Eglise. En Angleterre, au
XVIIIème, on a vu au travers des friendly societies un mouvement qui va vouloir défendre une
nouvelle approche de l’économie et de la société (= mouvement plus émancipateur). Avant les
premiers courants de l’ESS, il y avait un mouvement associationniste qui a toujours existé.
Il y a 9 manières de penser l’économie sociale et solidaire :
- L’école du socialisme associationniste. A l’intérieur de cette école, on a eu une sous-tendance :
c’est ce que l’on appelle le socialisme utopique, qui va se développer de manière complémentaire
entre l’Angleterre (Owen, King) et la France (Saint-Simon et Charles Fourier). Il y a également
l’associationnisme ouvrier (Proudhon, Buchez et Leroux). Ce sont des courants qui permettent de
comprendre les nouvelles entreprises qui se développent.
Socialisme utopique
En Angleterre :
Owen était un patron philanthropique. Il avait sa propre entreprise et a fait fortune. Il souhaitait que sa
fortune aide à l’émancipation de ses ouvriers. Il leur disait qu’une des raisons de l’injustice provenait
de l’accumulation du capital et de la propriété privée des moyens de production. + Le fait que les
salariés ne soient pas payés à leur juste valeur. Pour aider les ouvriers à améliorer leur sort, il a
proposé de créer des coopératives de consommation. En permettant à la classe ouvrière d’accéder à
une catégorie de produits à des prix abordables, on peut résoudre un problème de pauvreté. Il a
expérimenté ça en Angleterre. Ces coopératives de consommation se sont exportées aux Etats-Unis
entre le XIXème et le XXème siècle. Cette approche de l’économie sociale, par l’approche des
coopératives de consommation, se fera bien plus tard.
King (1786-1865) était inspiré par Owen (1871-1858). William King est connu pour 2 éléments. Il
défend l’idée que l’excédent dans les coopératives doit être mis en réserve impartageable. Cela sera
repris, en France, en 1867 dans le droit des coopératives et en 1947 sur la loi sur les coopératives. Une
autre idée est l’autodétermination des salariés en mettant en avant le rôle central du travail par rapport
au capital. C’est-à-dire que, dans une entreprise, ceux qui créent le plus de richesse sont les salariés, ils
peuvent donc administrer l’entreprise. Au travers de ces propos, King va être à l’origine des SCOP,
qui vont notamment intervenir à partir de 1830 en France de manière expérimentale.
En France :
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Saint-Simon (1760-1829) remet en question la domination d’une élite riche et introductive. Il
préconisait l’association comme moteur. Il a œuvré pour favoriser l’association comme un mode
d’organisation des activités économiques.
Charles Fourier (1772-1837) a écrit un ouvrage qui s’appelle l’« Harmonie sociale ». Il a voulu
démontrer qu’il y avait des lois sociales qui permettaient le bon fonctionnement d’une entreprise (=
lois de l’harmonie sociale). Pour lui l’homme est bon, il est doté de talents naturels et il est important
d’avoir une organisation qui valorise ces talents. Il va préconiser une forme d’organisation
économique qui est ce que l’on appelle le « phalanstère ». Cela s’est développé au XIXème en France
et aujourd’hui on peut dire que les dispositifs publics relèvent de la même logique. L’idée du
phalanstère, c’est un territoire qui va appartenir aux sociétaires : on va développer plusieurs
coopératives (production, consommation, loisirs, industrielles). Les idées de Fourier ont été appliquées
par un chef d’entreprise nommé Godin.
Associationnisme ouvrier
Proudhon (1809-1865) était très en avance au niveau de son temps. Il va préconiser, sur le plan
économique, une forme d’organisation qui s’appelle le mutualisme. Il va proposer que la propriété
privée soit restituée aux salariés. C’était le défenseur des coopératives de production. Pour lui,
l’entreprise doit fonctionner selon un contrat réciproque où les salariés s’engagent dans le
fonctionnement de l’entreprise (= échanges réciproques). L’idée est que chaque salarié doit donner le
meilleur de lui-même. Il doit porter un apport en capital. En échange, les salariés ont le droit de
récupérer la totalité des fruits de leur travail. Sur le plan politique, il va être novateur et critiquait la
démocratie représentative en disant que cela n’entretenait pas la capacité politique des gens à définir la
société dont ils ont besoin. Il disait que les citoyens élisent des représentants qui ne respectent pas les
programmes pour lesquels ils sont élus et gèrent les affaires de l’Etat pour leurs propres intérêts. Il
proposait de redonner la capacité politique à chaque citoyen et de créer des pactes sociaux au niveau
d’un quartier, au niveau d’une commune…
Buchez (1796-1865) était un médecin et un autodidacte éclairé en économie. Il intervenait pour
soigner et aider les gens. Ils a voulu participer à la création d’une économie sociale à Paris et en
France. Il va dire que les Hommes associent leur travail et leur capital et doivent constituer un capital
commun qui sera inaliénable (= notion de réserve impartageable mise en avant). Les gens doivent unir
leurs forces pour faire valoir ce capital.
Leroux (1797-1871) préconisait une forme de solidarité nouvelle qui n’aura rien à voir avec la
solidarité organique préconisée par les libéraux ni avec la solidarité mécanique que l’on retrouve dans
les sociétés précapitalistes. Il va développer un concept qui s’appelle la solidarité relationnelle
intersubjective. La solidarité est un fait naturel et nous avons été créés pour être solidaires les uns avec
les autres. Leroux dit qu’il faut créer un groupe de travail et où chacun exprime sa vision des choses,
puis essayer de construire une vision partagée qui prenne en compte l’ensemble des visions
individuelles.
Déclin de l’associationnisme ouvrier à partir de 1848 parce que Napoléon III a souhaité
marginaliser ce mouvement économique en le combattant politiquement et physiquement.
- 2ème courant : Marxisme (à partir de 1870-1880)
La réponse du marxisme à la question sociale va être une réponse très différente, violente, où le
marxisme va proposer que le prolétariat prenne le pouvoir politique afin de supprimer les rapports de
force entre le travail et le capital dans les entreprises. L’objectif est de mettre en place une économie
planifiée centrale. C’est un modèle descendant qui est proposé, c’est l’Etat qui imposera ces modèles
d’entreprises, les types de biens à produire, les prix des biens et services mais aussi les salaires.
- 3ème courant : Catholicisme social (à partir de 1880)
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On ne veut plus remplacer le capitalisme mais le réformer. Le chef de file du catholicisme social est F.
Leplay et son ouvrage « Nouvelle constitution de l’humanité ». Il va proposer aux chefs d’entreprises
et aux ouvriers 2 principes : le principe de la moralité selon les 10 commandements et le principe du
respect de l’autorité. Il a défini une forme de solidarité qu’il appelle le patronage. Ce patronage est un
contrat qui va lier les patrons et les ouvriers. Ils s’engageait à construire des logements pour fixer la
main d’œuvre, mais aussi des écoles, des épiceries… En échange l’ouvrier s’engageait à respecter
l’organisation du travail.
- 4ème courant : Raiffeisen et coopératives de crédit
Il préconisait, pour mettre fin à la pauvreté, de permettre aux personnes (ouvriers) d’accéder à des
prêts bancaires. A l’époque, les prêts bancaires étaient uniquement pour les riches. Raiffeisen a
proposé aux gens d’unir leurs forces et de créer une caisse d’épargne collective gérée par eux-mêmes.
L’idée est de pouvoir offrir des prêts bancaires à des taux les plus bas possibles.
- 5ème courant : Pape Léon XIII
L’Eglise, en 1891, au travers du Pape Léon XIII, offre son soutient à l’économie sociale. Les prêtres
de terrain vont être à l’origine du développement de l’économie sociale.
- 6ème courant : Libéralisme social
Certains des économistes libéraux ont été en faveur, à côté de l’économie de marché, du
développement de l’économie sociale.
Léon Bourgeois abordait l’approche de la solidarité sous l’angle légal et institutionnel. Il va réhabiliter
la thèse de Leroux qui disait que la solidarité est un fait naturel. Chaque personne reçoit de la société
et échange elle doit rendre. Il va dire que l’Etat va pouvoir garantir ces quasi-contrats entre les
individus. Il va être à l’origine de dire que l’Etat va faire des prélèvements obligatoires qui permettront
de développer des dépenses publiques.
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- 8ème courant : Tradition philanthropique
Cela a été porté par l’Eglise au travers de la charité, mais également par les grands patrons français.
Aujourd’hui, la philanthropie se développe beaucoup parce que l’Etat se désengage. Il y a 20 ans, les
subventions publiques étaient 36% des ressources d’une association, aujourd’hui c’est 20%.
- 9ème courant : Georges Fauquet et Claude Vienney
Ils vont dire que els entreprises de l’ESS sont des entreprises complémentaires aux entreprises
classiques. Ils sont spécialistes des coopératives et vont dire qu’elles sont complémentaires. On voit
l’économie sociale comme un secteur qui va accompagner les 2 autres.
- 10ème courant : Retour de l’ESS comme visée transformationnelle
A partir des années 60 et jusqu’en 1980, Henri Desroche va réhabiliter et va être à l’origine du retour
du concept d’économie sociale. Depuis Gide on ne parlait plus d’économie sociale. Il va convaincre
Michel Rocard de créer un ministère de l’économie sociale. De 1990 à nos jours, ce sont les travaux
des économistes et sociologues de l’économie solidaire. Ces travaux sont regroupés sous le terme
économie solidaire. L’ESS est réhabilitée comme étant une troisième économie à part entière pouvant
inspirer les deux autres économies.
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