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FACULTE SIDI MOHAMMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES FES

Licence professionnel : DMDD Professeur : Mme A. MAGDOUD


Fondamentaux de l’économie sociale et solidaire « FESS »

Aujourd’hui, le modèle du « capitalisme » dominant est battu en brèche par la société civile qui sait
être inventive et constructive en exprimant sa vitalité via l’économie sociale et solidaire.

L’économie sociale et solidaire a connu son développement, il y a plus d’un siècle, par la prise en compte des
exigences de solidarité. Pourtant, à la fin du XX e siècle, l’effondrement des systèmes de production
collectivistes dans les pays communistes est apparu comme le triomphe d’une économie capitaliste seule
capable de fournir aux citoyens les instruments de la consommation. Les premières années du XXI e siècle
marquent un retour vers des valeurs plus anciennes de respect des communautés et de la nature.
Les organisations de l’économie sociale et solidaire, qui apparaissaient comme une survivance du passé,
constituent vraisemblablement une des formes organisationnelles les plus adaptées pour répondre aux
exigences de développement durable formulées par nos sociétés.

La notion de « développement durable » repose en effet sur une double dimension, celle de la nature et celle
des communautés. Si les débats actuels, avec notamment le protocole de Kyoto en 1997 et les discussions de
Bali en 2007, portent principalement sur la problématique du réchauffement climatique, le développement
durable ne se limite pas à cette seule dimension. Le respect des communautés dans lesquelles les entreprises
sont implantées constitue également un enjeu majeur, bien que moins médiatique, du développement
durable.

L’économie sociale et solidaire repose sur le postulat que la croissance n’est pas un objectif en soi mais qu’elle
doit être évaluée par rapport aux objectifs qu’une société recherche. C’est également le postulat des
organisations qui composent cette économie sociale et solidaire.

1. Définition de l’économie sociale :

L’économie sociale définit l’ensemble des coopératives, mutuelles, associations et fondations partageant des
particularités qui les distinguent des entreprises individuelles, des entreprises publiques et des sociétés de
capitaux. Ces entreprises d’économie sociale se distinguent des entreprises individuelles par leur caractère
collectif. Elles se distinguent des sociétés de capitaux parce qu’elles réunissent des personnes avant de réunir
des capitaux et sans chercher en priorité la rémunération du capital, principe de « l’acapitalisme ». Enfin, par
leur caractère privé elles sont différentes des entreprises publiques.

De plus, le choix du terme « entreprise » plutôt que celui d’« organisme » permet d’inclure une dimension
projective, d’une part, car l’économie sociale est une économie au service de l’Homme, et de ne pas exclure la
dimension commerciale de l’entreprise, présente en particulier dans la majeure partie des coopératives,
d’autre part.

L’économie sociale regroupe toutes les initiatives qui placent la personne humaine au centre du
développement économique.

2. Définition de l’économie solidaire :

Le concept d’économie solidaire est né dans les années 1980 dans un contexte marqué par la crise
économique et le chômage. L’économie solidaire repose sur une combinaison des trois économies
(marchande, non marchande et non monétaire), à partir de dynamiques de projet. Celles-ci articulent une
dimension de réciprocité et la référence à des principes de justice et d’égalité. En cela, l’économie solidaire se
rapproche de l’économie sociale. Mais, l’économie solidaire se définit plutôt par ses finalités : assurer
l’insertion, renforcer le lien social, produire autrement. Le secteur solidaire rassemble un ensemble diversifié
de pratiques économiques comme, par exemple, l’insertion par l’activité économique, l’épargne solidaire, le
commerce équitable, les structures en faveur du développement durable. Le terme « tiers secteur » est
également employé pour définir cet ensemble.

L’économie solidaire : est une économie reposant sur la redistribution et la réciprocité

"Composante spécifique de l’économie aux côtés des sphères publique et marchande, l’économie solidaire
peut être définie comme l’ensemble des activités économiques soumis à la volonté d’un agir démocratique où
les rapports sociaux de solidarité priment sur l’intérêt individuel ou le profit matériel ; elle contribue ainsi à la
démocratisation de l’économie à partir d'engagements citoyens. Cette perspective a pour caractéristique
d’aborder ces activités, non par leur statut (associatif, coopératif, mutualiste,…), mais par leur double
dimension, économique et politique, qui leur confèrent leur originalité." Définition donnée par Jean-Louis Laville,
sociologue, économiste et spécialiste de l’économie sociale et solidaire.

L’économie solidaire se caractérise par un ensemble de critères socio-économiques :

• l’implication des usagers dans la conception et dans le fonctionnement des services,

• l’hybridation des ressources (ressources marchandes obtenues par le produit des ventes, ressources
non marchandes émanant de la redistribution assurée par l’État, ressources non monétaires de l’engagement
de personnes bénévoles ou de prêts en nature),

• les circuits courts favorisant les échanges directs entre producteurs et consommateurs,

• l’identité éthique proche des grandes valeurs auxquelles se rattache l’économie sociale.

3. Définition du tiers secteur :

Le tiers secteur présuppose l’existence de deux autres secteurs : le secteur privé (ou concurrentiel dont le but
est la rentabilité des investissements par la recherche de profit) et le secteur public (ou étatique dont l’activité
cherche à satisfaire l’intérêt général). Ces deux secteurs n’ont jamais organisé totalement ni même
principalement le travail de la société pour elle-même. Historiquement domine ce que les anthropologues
appellent le principe de réciprocité : l’idée que l’on doit travailler pour la communauté, non par obligation
légale, ni pour en recevoir un revenu, mais au nom de la conscience qu’appartenant à une société, on lui doit
quelque chose et qu’elle assurera vos besoins. Ce principe gouverne depuis toujours la famille élargie ou ces
très grandes familles que sont les Églises. Il s’agit de la solidarité qui définit le tiers secteur : le but, l’éthique
commune à ses participants.

L’économie sociale et solidaire est définit selon un certain nombre de critères :

– la libre adhésion : nul n’est contraint d’adhérer et de demeurer adhérent d’une structure de
l’économie sociale, c’est le principe de la porte ouverte ;

– la non-lucrativité individuelle : ce principe n’exclut pas de constituer des excédents financiers, mais il
en interdit l’appropriation individuelle ;

– la gestion démocratique : les décisions se prennent en assemblée générale selon le principe « une
personne = une voix » ;

– l’utilité collective ou l’utilité sociale du projet : une structure de l’économie sociale est au service
d’un projet collectif et non pas conduit par une seule personne, ce collectif peut être un territoire, un groupe
social, un collectif de travail ;
– la mixité des ressources : les ressources de ce secteur sont privées ou mixtes, il est indépendant des
pouvoirs publics tout en étant reconnu comme interlocuteur privilégié et recevoir des subventions dans la
mise en œuvre des politiques d’intérêt général.

Historique de l’Economie Ssociale et Solidaire :


- L’origine de l’économie sociale remonte au moyen âge.
- Cependant au XIXeme siècle avec l’impact social de la révolution industriel que l’économie social suscite
d’intérêt de certain courant. Particulièrement par les socialistes qui cherchent une alternative du
capitalisme.
- Les pionniers et inspirateurs des premières idées de l’ES :
 JJ ROUSSEAU comme le véritable précurseur de la doctrine de l’ES.
 SAINT SIMON
 CHARLES FOURRIER
 PROUDHON le précurseur du système mutualisé.
 Les grandes familles socialistes (UTOPIQUES) en France, Angleterre et Allemagne.

Les structures de l’économie sociale sont classées en quatre grandes familles :

• Les coopératives Ce sont des groupements de personnes poursuivant des buts économiques, sociaux ou
éducatifs communs. Elles sont gérées par leurs propres membres, à leurs risques et sur la base de l’égalité des
droits et obligations entre chaque sociétaire.

• Les mutuelles Elles regroupent des personnes qui choisissent de répartir collectivement les coûts de la
prévention et de la réparation des risques auxquels elles sont soumises. Leur principe fondateur est donc la
solidarité. Les mutuelles sont constituées de deux branches : les mutuelles d’assurances et les mutuelles de
santé.

• Les associations sont définit comme étant "une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes
mettent en commun de façon permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de
partager des bénéfices". Les associations représentent la majorité des établissements du domaine de
l’économie sociale. Elles sont présentes partout, dans le monde sportif, culturel, éducatif, familial, sanitaire et
social, environnement...

• Les fondations est définit comme " l'acte par lequel une ou plusieurs personnes physiques ou morales
décident l'affectation irrévocable de biens, droits ou ressources à la réalisation d'une œuvre d'intérêt général
et à but non lucratif.

La relation ESS ET Développement Durable


L'objectif est de s'interroger sur le lien évident entre l'Economie Sociale et Solidaire (ESS) et le Développement
Durable (DD). Les deux partagent la même vision de l'économie, ou plutôt réfutent la pertinence de définir
l'économie comme obéissant à ses propres lois. L'adoption de la définition substantive s'apparente facilement
au choix d'un modèle de développement intégrant les préoccupations sociales et environnementales. Et en
pratique comme en terme de pensée, tout semble les réunir; on a des principes et des actions qui apparaissent
bien plus qu'en conjonction.
L’ESS génère des ressources réinvesties dans le développement des villes et des territoires et dans
l’adaptation face aux changements climatiques.

1. 1. Comment l’ESS mobilise et génère les ressources révélant les potentiels de développement des
territoires?

L’ESS comme moteur du développement au sein des territoires s’exprime comme la réponse aux besoins
locaux, la résilience, la mobilisation et la création des liens entre les acteurs économiques, les pouvoirs locaux,
les citoyens. La référence territoriale se situe au confluent des modèles entrepreneuriaux, des politiques
publiques et des mobilisations socio-territoriales. Les organisations de l’Economie Sociale et Solidaire
présentent un apport significatif quant aux mécanismes de gouvernance multi-partie prenante, mobilisant le
gouvernement local, les entreprises de l’ESS et les fournisseurs de services financiers.

Les financements solidaires font leur chemin en offrant des produits solidaires tant dans la proximité qu’à
l’échelle macro ainsi que le prouvent les banques coopératives, les investissements socialement responsables,
les mini-banques et les émissions obligataires. A l’instar des processus et innovations liées à la budgétisation
participative, quels processus liés à la décentralisation et aux financements solidaires, peuvent jouer un rôle
important dans l’amélioration de la politique de la ville et le soutien aux organisations de la communauté
urbaine ? Quelles efficacités et durabilité des différentes initiatives de financements solidaires ?

La coopération et la proximité au sein des territoires et entre les territoires est porteuse d’innovations.

La contribution de l’ESS à la régulation du territoire et aux innovations qui émergent concerne la coordination
des activités, des emplois et des revenus et des flux de capitaux. Des figures comme les pôles territoriaux se
fondent sur une intercommunalité ou solidarité des territoires qui se définissent par leur vocation et leur
potentiel de développement. Cette proximité laisse une place privilégiée aux circuits courts des produits
agricoles, du traitement des déchets, des énergies renouvelées. L’ESS peut également favoriser les liens
bénéfiques entre zones urbaines et rurales, par le biais par exemple des chaines de valeur agricoles et les
systèmes alimentaires, les réseaux de commerce, les transports et d'autres services. Quels circuits de
proximité et nouvelles figures de coopérations territoriales et économiques pour la construction de projets
intégrés de développement durable ?

Les organisations de l’Economie Sociale et Solidaire créent, transmettent et diffusent des savoirs et des
pratiques et sont créatrices de liens sociaux.

Les principes de collaboration amènent des projets et des créations inédites. Pour faire naître ces innovations,
les vieilles méthodes de gouvernances (top down) sont-elles encore appropriées, permettent-elles de
rapprocher les innovations techniques et sociales pour le développement durable ? Grâce à l'analyse des
données issues de systèmes complexes (tels les transports, les liens sociaux dans des groupes organisés etc...)
il est de plus en plus possible d'anticiper l'évolution de ces réseaux, en analysant la part d'auto-organisation de
ces réseaux.

1.2. Les enjeux des changements climatiques.

Comment l’ESS permet de faire face pour construire des établissements humains durables ?

Les effets des changements climatiques seront inégalement répartis. Les pays et les territoires du sud, les
zones côtières, les ressources halieutiques les terres cultivables seront particulièrement affectées, amplifiant la
pauvreté, les crises et l’insécurité alimentaire. Les villes seront affectées de manière collatérale, devant faire
face simultanément aux problèmes de la qualité de l’air, de la sécurité alimentaire, de l’habitat, de l’énergie,
les flux de populations, etc. Ces effets asymétriques et exponentiels des changements climatiques
représentent l’opportunité de faire face aux défis en insistant sur les réductions des inégalités et sur les
synergies entre les territoires et sur les capacités de développement à la fois des zones urbaines et rurales.
Comment les projets et les initiatives de l’ESS encouragent et renouvellent les relations rural-urbain ?
L’aménagement du territoire et les rapports à la nature au sein des villes ?

L’ESS porte des projets de développement social des populations vulnérables, un aspect important et parfois
oublié du développement durable et écologique.

L’ESS porte des projets, comme le tourisme durable, qui contribuent à l'emploi des jeunes, à l'autonomisation
des femmes des zones rurales et présentent des apports en termes de développement économique,
écologique et social. Comment valoriser les apports de l’ESS à la mobilisation et à l’adaptation face aux
changements climatiques, à travers ses projets qui favorisent à la fois la conservation des aires protégées,
l'inclusion sociale, le renforcement des capacités des populations ?

Dans le domaine des énergies renouvelables, comment consommer mieux l’énergie, dans le respect de
l’environnement, tout en permettant une création suffisante de richesses partageables ? Quelles énergies
produire dont l’empreinte écologique est soutenable ? A quel stade l’ESS peut jouer son rôle : la production
d’énergies nouvelles, la coopération entre filières, les mutuelles et coopératives de distribution ? Comment
l’ESS permet de rendre les énergies accessibles ?

L’ESS pour l'inclusion sociale, la justice sociale et environnementale et les politiques de développement
équitables

2.1. Comment stimuler l’entreprenariat collectif et social et la participation ascendante pour réduire
les inégalités ?

Inclure signifie partager, participer. Cela entraîne le passage de la marginalisation vers la capacité d’être un
sujet actif et intégré et, du sujet vers un citoyen souverain. L'inclusion sociale ne peut avoir lieu que sur la base
de la reconnaissance formelle de l'égalité des chances de participer à des moments décisionnels et
opérationnels. Les liens entre initiatives ESS s’intègrent dans les dynamiques citoyennes qui contribuent à
élargir les espaces de participation ascendante et de dialogue avec les politiques publiques. Les
entrepreneurs collectifs et sociaux s’inscrivent dans des logiques de co-construction du modèle économique
au niveau national. Les initiatives de l’ESS peuvent également être une source de contestation et de promotion
de la politique favorable à la réduction de la pauvreté et la réduction des inégalités en matière de logement,
d’infrastructures et de services. Comment élaborer ces nouveaux modèles de partage à la fois financièrement
viables et inclusifs sur le plan opérationnel ?

L’ESS est championne de l’entreprenariat collectif et social.

Importantes à cet égard sont des activités qui favorisent la culture locale, les services de proximité (y compris
les soins de santé, l'éducation et la formation), l'agriculture urbaine et péri-urbaine, et les réseaux alimentaires
alternatifs, l’alimentation scolaire en milieu urbain, l’accès à un logement abordable, les biens communs, les
énergies renouvelables, la gestion des déchets et du recyclage, la production et de la consommation faibles en
carbone, la sécurité des moyens de subsistance etc. Les coopératives d’habitants se rassemblent autour de la
propriété collective et démocratique de l’habitat. Les coopératives d’habitants se rassemblent autour de la
propriété collective et démocratique de l’habitat. Quels secteurs et activités doivent être impliqués pour la
construction de villes et établissements humains durables ? Quelles synergies entre filières ? Comment rendre
les services accessibles ? Il est bien admis que la voie la plus efficace vers la solidarité inclusive est la
promotion du travail décent pour tous les travailleurs dans tous les secteurs de l'économie, y compris
l'économie informelle. Les coopératives dans les zones urbaines sont également actives dans la mobilisation
des travailleurs de l’économie informelle, comme les ramasseurs de déchets. Certaines organisations de l'ESS
urbaines ont également mené le recensement des quartiers informels et rendu possible un dialogue efficace
avec les autorités locales et le gouvernement.

L’ESS est formatrice. La politique éducative devant intégrer l’ensemble des formes d’apprentissage, l’ESS
participe à former une approche communautaire qui donne aux citoyens le moyen d’agir sur la qualité du
capital humain. Il en est ainsi de l’orientation en faveur de la priorité pour la demande dans le domaine de la
santé. L’émergence de la couverture – maladie universelle redonne un rôle considérable pour la mutualité en
santé. C’est toute l’associativité qui est appelée à la rescousse et à la réhabilitation de la santé publique de
qualité et équitable. Comment favoriser l’éducation et la santé pour le développement humain en s’appuyant
sur l’ESS ? Quels autres politiques et solutions doivent être stimulés pour un nouvel agenda de l’innovation
sociale ?

Il est donc crucial de considérer le rôle de l'ESS dans la promotion de l'inclusion sociale, la justice sociale et
environnementale. Les entreprises sociales et les organisations communautaires peuvent jouer un rôle clé
dans la construction des villes durables et des établissements humains en général. Du système artisanal de
collecte des déchets en Asie à la création de bornes fontaines collectives en Afrique, quelles solutions les
habitants « souffrant » des villes ont-ils développé pour pallier le manque d’infrastructures et de politiques
urbaines efficaces ? A l’instar des financements coopératifs, quels peuvent être les apports de l'économie
sociale et solidaire dans la construction d’une ville démocratique, citoyenne, solidaire et durable ? Une
synergie est à trouver, des interfaces sont à identifier afin que l’ESS déploie ses potentialités en faveur du
développement urbain.

L’ESS offre un cadre d’insertion urbaine plus inclusif tant les emplois crées sont massifs et territorialisés. Le
pari sera de s’étendre encore plus dans la production d’emplois verts, des emplois de qualité pour le grand
nombre de jeunes qui arrivent massivement sur le marché de l’emploi en raison du dividende démographique
devenu favorable pour les pays du sud et d’Afrique particulièrement. Comment renforcer les capacités des
femmes et des jeunes ? Quelles sont les nouvelles visions et outils pour les futures villes démocratiques,
durables et pour la défense du droit à la ville ?

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