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MEMOIRE DE RECHERCHES APPLIQUEES

Présenté et soutenu par Julie Rogeon

L’économie sociale en France

Année 2010/2011

Pilote de mémoire : Audrey ALCIM DUONG

1
2
REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier particulièrement les personnes suivantes :

Mon pilote de mémoire Audrey Alcim Duong

Toutes les personnes qui m’ont aimablement accordé de leur temps pour la réalisation de
mon étude empirique

Mes correcteurs Catherine Rogeon et Adrien Van Eynde

3
4
SOMMAIRE

Introduction _______________________________________________________________ 7

Partie 1 - Revue de littérature : L’économie sociale et solidaire, fondements et pratiques _ 9

I. Des coopératives ouvrières à l’économie sociale et solidaire _______________________ 9


II. Comprendre et appréhender l’économie sociale ________________________________ 21
III. L’économie sociale aujourd’hui _____________________________________________ 36

Partie 2 : Etude empirique ___________________________________________________ 52

I. Formulation des hypothèses de recherche _____________________________________ 52


II. Démarche de la recherche et choix méthodologiques ____________________________ 53
III. Analyse thématique _______________________________________________________ 56

Conclusion _______________________________________________________________ 85

BIBLIOGRAPHIE ____________________________________________________________ 87
Table des matières _____________________________________________________________ 90
ANNEXES ___________________________________________________________________ 92
RESUME ___________________________________________________________________ 153
ABSTRACT _________________________________________________________________ 153

5
6
INTRODUCTION

Qu’est ce que l’économie sociale en France ? L’économie sociale est un phénomène


qui a émergé il y a plus de 150 ans, mais le terme et ce qu’il recouvre demeurent aujourd’hui,
d’après Eric Bidet, peu connus du grand public et des économistes. Selon Jean-François
Draperi, « l’économie sociale définit l’ensembles des entreprises coopératives, mutualistes et
associatives. Ces entreprises partagent des traits communs qui les distinguent à la fois des
entreprises individuelles, des entreprises publiques et des sociétés de capitaux : elles émanent
de personnes, physiques ou morales, et ont pour finalité de répondre aux besoins et aux
attentes collectives de ces personnes. Ces membres établissent entre eux des formes de
solidarité : mutualisation des risques, mise en commun des produits de l’activité, constitution
d’une épargne commune, échanges réciproques, etc. Groupements de personnes, les
entreprises de l’économie sociale fonctionnent selon les principes d’engagement volontaire,
d’égalité des personnes, de solidarité entre membres et d’indépendance économique ».

Depuis les années 1970, l’économie sociale est revenue sur le devant de la scène
économique française. Cette appellation renvoie aujourd’hui à ce qui est communément
appelé « le secteur de l’économie sociale ». Si tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un
secteur à part dans notre économie, chacun lui donne un périmètre et un sens différents. Cette
confusion est probablement due au fait que depuis son émergence, l’économie sociale n’a
cessé de subir des mutations en s’adaptant à la société française et à ses évolutions.

Bien que la France soit un des pays les plus développés du monde 1, les inégalités
s’accroissent davantage de jour en jour2, touchant une population de plus en plus vaste3. Ces
inégalités s’étendent notamment aux domaines de l’emploi, de la santé, du logement et de
l’alimentation. L’État français semble démuni face à ce phénomène qui se répercute à
l’échelle locale, et qui vise certains groupes sociaux.

1
Selon Le Figaro.fr, la France se trouve depuis 2008 au 5ème rang des puissances mondiales
2
D’après l’Observatoire des inégalités, les inégalités de revenus se sont accrues au cours des dix dernières années. Le revenu annuel moyen des 10 % les plus modestes s’est
élevé de 970 euros entre 1998 et 2008, celui des 10 % les plus riches de 11 530 euros. D’après l’Insee, les inégalités face au prix du logement se sont creusées entre 1996 et
2006.
3
D’après Le Monde.fr, le chômage de longue durée s’est accru de près de 20 % en 2010 par rapport à 2009. Selon le rapport 2011 sur l’état du mal logement en France
réalisé par la fondation Abbé Pierre, 10 millions de personnes sont touchées par la crise du logement.

7
Face au développement des inégalités, au désengagement de l’Etat, et à
l’affaiblissement des valeurs démocratiques au sein de la puissance publique, de plus en plus
d’individus s’investissent pour construire une économie différente alliant des valeurs telles
que le volontariat, l’égalité, ou encore la solidarité. Ces aspirations traduisent les valeurs
républicaines qui sont celles de l’économie sociale.

L’économie sociale entend aujourd’hui mettre en place un modèle plus juste, moins
sujet aux soubresauts des marchés, en opposition à une praxis économique principalement
fondée sur le capitalisme financier. Elle constitue un vecteur de changement pour la société,
ouvre une voie nouvelle à la citoyenneté et au développement économique et social.

L’économie sociale revêt tout son sens dans une société plurielle où différentes
logiques économiques peuvent se déployer. À une période où les sociétés de capitaux sont de
moins en moins bien perçues par l’opinion publique, l’économie sociale met l’accent sur la
constitution d’un patrimoine collectif, au détriment du retour sur l’investissement privilégié
par l’économie capitaliste.

Ce mémoire a pour objectif d’appréhender les moteurs du développement de


l’économie sociale en France.

Quels sont aujourd’hui les enjeux de l’économie sociale, ses limites et ses possibilités
d’évolutions ? Dans un contexte économique où domine le capitalisme financier, quels
facteurs peuvent impulser l’essor de l’économie sociale en France?

Pour appréhender l’économie sociale, il est nécessaire de retracer son évolution à


travers le temps, de connaître ses acteurs et leurs pratiques, et d’en évaluer la place dans
l’économie française.

Après avoir identifié les facteurs déterminants du développement de l’économie


sociale en France, il s’agira de les comprendre en profondeur. Ces éléments seront testés
grâce à une étude qualitative composée d’entretiens semi-directifs.

8
PARTIE 1 - REVUE DE LITTERATURE : L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE, FONDEMENTS
ET PRATIQUES

I. Des coopératives ouvrières à l’économie sociale et solidaire

a. 1791-1848 : Les sociétés de secours mutuel, une alternative face à la montée du


modèle capitaliste

Au lendemain de la Révolution française, l’économie de marché 4 et le capitalisme5 ont


détrôné l’organisation économique de l’Ancien Régime. La proclamation des grandes libertés
économiques - liberté d’entreprise, liberté de commerce et liberté du travail – a bouleversé le
paysage économique cédant la place à un nouveau modèle. Pour respecter le principe
d’égalité des citoyens, tout intermédiaire entre l’individu et l’Etat est supprimé. Les coalitions
et corporations6 sont interdites - décret Allarde puis la loi Le Chapelier de 1791. Les ouvriers
ne peuvent plus se regrouper sous forme de confréries7 et compagnonnages8, et n’ont plus le
droit de résister grâce aux manifestations et aux grèves.

Dans ce contexte d’ouverture à la concurrence, la classe ouvrière s’appauvrit et ses


conditions de vie s’amoindrissent. De nouvelles formes de résistance s’organisent à
l’initiative des ouvriers qualifiés qui se regroupent selon leurs métiers. Ils créent alors des
sociétés de secours mutuels. Ces organisations sont à la fois des sociétés de prévoyance, de

4
Système économique dans lequel les mécanismes naturels tendent à assurer seuls, à l'exclusion de toute intervention des monopoles ou de l'État, l'équilibre de l'offre et de
la demande.
5
Systèmeéconomiqueetpolitiquecaractériséparlalibertéd'échangeetlaprédominancedescapitauxprivés.
6
Association d'artisans exerçant une même activité professionnelle ou artistique.
7
Ensemble de personnes unies par un lien professionnel, corporatif ou autre.
8
Association entre ouvriers d'un même corps d'état à des fins d'instruction professionnelle, d'assurance mutuelle et de moralisation.

9
bienfaisance et de résistance, remplissant des fonctions de protection sociale, et de défense
syndicale.

Dès 1830, certains ouvriers organisent leurs activités économiques à travers deux
types d’associations :
- L’association de consommation, qui est un groupement d’achats de
produits de première nécessité,
- L’association de production, qui est une sorte d’entreprise possédée et
gérée par les adhérents.

Ces organisations sont nombreuses dans les quartiers populaires des grandes villes où
se développent des magasins ou des sociétés de secours mutuels, des bibliothèques ou des
clubs ouvriers.

Ces modèles d’associations se diffusent grandement dès 1840 grâce à la presse et au


journal L’atelier9 (1840-1850). Ce journal prêche pour l’association ouvrière sous toutes ses
formes. D’après Henri Desroche, dans les associations de production « le capital
appartiendrait à l’association qui deviendrait insoluble, non point parce que les individus ne
pourraient point s’en détacher, mais parce que cette société serait rendue perpétuelle par
l’admission continuelle de nouveaux membres. Ainsi, ce capital n’appartiendrait à personne
[en particulier] et ne serait point sujet aux lois sur l’héritage ».

Michel Derrion10, négociant lyonnais très marqué par les révoltes et les grèves des
canuts, cherche également à inciter à la création d’associations ouvrières. D’après ses propres
mots, il cherche « à établir un ordre social nouveau qui garantisse au producteur de toute
richesse une part plus équitable dans le bénéfice social » (Henri Desroche). En 1834, il publie
un manifeste qui plaide en faveur d’une « vente sociale d’épicerie » pour créer un
« commerce véridique et social » (Henri Desroche).

9
Le journal L'Atelier est fondé en septembre 1840 par le socialiste utopique et socialiste chrétien Philippe Buchez (1796-1865).
10
Michel-Marie Derrion est entre 1835 et 1838 l’initiateur de la première coopérative de consommation ou première « vente sociale d’épicerie ».

10
La Révolution de 1848 marque un réel tournant pour ce mouvement de création
d’associations ouvrières. Le gouvernement provisoire11 en place reconnaît le droit
d’association, supprime le marchandage et diminue la durée du travail. Cependant, seuls les
ateliers nationaux12 seront développés, délaissant les ateliers sociaux. Leurs fermetures
rapides déclencheront en juin 1848 une nouvelle révolte populaire qui sera bridée par le
pouvoir. L’espoir de remplacer le modèle de manufactures capitalistes par un modèle collectif
de production et de distribution s’évanouit.

De 1791 à 1848
Révolution française Large ouverture à la concurrence (liberté
d’entreprise, liberté de commerce et liberté du
travail). Les coalitions et les corporations sont
interdites.
Création d’un nouveau modèle En réaction, un nouveau modèle est mis en place
et développé ; les sociétés de secours mutuels.
Organisation des ouvriers Les ouvriers s’organisent grâce à des associations
de consommation et de production.
Révolution de 1848 Les associations sont reconnues. Seuls les ateliers
nationaux sont développés au détriment des
ateliers sociaux.

b. 1850-1900 : Le temps des coopératives et des mutuelles

Sous le second Empire, Napoléon III autorise la formation de sociétés de secours


mutuels13, à condition que celles-ci soient présidées par des notables. Dans la seconde phase
de l’Empire, il va même chercher à s’appuyer sur les ouvriers urbains, reconnaissant ainsi le
droit de grève. Tout au long de cette période, qui est marquée par une industrialisation

11Gouvernement constitué à l'issue de la révolution de février 1848 (24 février- 10 mai 1848) et présidé par Dupont de l'Eure et composé de républicains modérés
(Lamartine, Arago, Garnier-Pagès, Crémieux, Marie) et de socialistes (Louis Blanc, Albert).
12
Institution créée en 1848 par le gouvernement provisoire pour occuper les ouvriers sans travail. Les ouvriers étaient employés à des travaux de terrassement ou de voirie.
13
Associations de prévoyance qui, en l’échange d’une modeste cotisation, assurent à leurs membres des prestations en cas de maladie (indemnités journalières,
remboursements médicaux et pharmaceutiques).

11
importante, le mouvement associationniste ouvrier se divise en organisations plus spécialisées
que sont les syndicats, les mutuelles et les coopératives.

L’avènement de la IIIème République permet la renaissance du mouvement ouvrier.


Celui-ci est cependant rapidement déchiré entre deux courants de pensées formant deux clans,
celui des proudhoniens et celui des marxistes. Ce sont les marxistes qui, derrière Jules
Guesde, finissent par s’imposer. D’après Henri Desroche, ils prônent « la prise du pouvoir
politique par le prolétariat pour supprimer l’antagonisme entre les classes sociales ».

Le terme d’association, qui fait référence à une certaine soumission de l’individu au


groupe, s’efface peu à peu pour laisser place à celui de coopération qui valorise le libre choix
et le contrat. Au cours des années 1860, les coopératives de production sont nombreuses ; les
coopératives associant ouvriers et patrons, les coopératives socialistes, les coopératives
chrétiennes, les coopératives patronales… Le nombre de coopératives passe de 70 en 1885 à
174 en 1895. La coopération de production se développe particulièrement dans les secteurs à
forte intensité de main d’œuvre et à main d’œuvre qualifiée comme la mécanique, le bâtiment,
ou encore l’imprimerie. La coopérative de consommation se développe également, mais avec
plus de mal. En 1888, on compte près de 800 coopératives. Cependant, elles restent dispersées
et subissent la concurrence des grands magasins comme Le Bon Marché. Des conflits
idéologiques opposent les deux grandes formes de coopératives que sont les coopératives de
production et les coopératives de consommation. Des divergences d’opinions se font ressentir
quant à l’émancipation des travailleurs. De son côté, la coopération de crédit ne parvient pas à
s’imposer. La plupart disparaissent dans les premières années.

Autre fait marquant, la promulgation d’une loi en 1884 crée un fossé et une coupure
entre les mouvements ouvriers et coopératifs. Celle-ci reconnaît la liberté syndicale mais
cantonne les syndicats dans une action de défense professionnelle en leur interdisant de gérer
directement les activités économiques. Plus tard, le législateur reconnaît les autres formes
d’organisations collectives en leur assignant des spécificités fonctionnelles :

- Les mutuelles de santé avec la charte de mutualité datant de 1898. Elle distingue les
sociétés « libres », les sociétés « approuvées » et les sociétés « reconnues d’utilité
publique ».

12
- Les coopératives de consommation, de production ou de crédit, intégrées dans la loi
sur les sociétés commerciales de 186714.
- Les organisations non professionnelles avec la loi de 190115.

L’insertion de l’agriculture dans le marché s’opère à la fin du XIXème siècle par


l’économie sociale agricole. L’ouverture à la concurrence, ainsi que les grandes crises
agricoles, poussent les agriculteurs à entrer dans l’économie de marché. L’agriculture est alors
majoritairement structurée par les organisations de l’économie sociale.

Les Expositions universelles jouent un rôle important dans l’expression d’une identité
commune des coopérations :

- Après l’Exposition de 1867, le rapport de Frédéric Le Play16 présente l’économie


sociale comme la « science de la vie heureuse ».
- A la suite de l’Exposition de 1889, les institutions créées pour améliorer la condition
matérielle, intellectuelle et morale des classes ouvrières sont mises en exergue.
- A partir de l’Exposition de 1900, Charles Gide17 décrit les institutions de progrès
social comme améliorant la prévoyance, l’indépendance, le confort, et les conditions
de travail.

Le terme d’ « économie sociale » tend cependant à disparaître à cause de l’intervention


économique croissante de l’Etat qui masque le rôle des organismes de l’économie sociale.

De 1850 à 1900
Second Empire Les sociétés de secours mutuels sont autorisées et
le mouvement associationniste se développe
grandement.
Troisième République Renaissance du mouvement ouvrier et expansion
des associations ouvrières.
Actions du Législateur Reconnaissance des organisations collectives
(mutuelles de santé, coopératives de
consommation, organisations non
professionnelles).
Expositions Universelles Rôle marquant pour l’identité commune des
coopérations.

14
La loi du 24 juillet 1867 sur les sociétés commerciales est considérée comme la base juridique du capitalisme en France, en permettant la réunion des moyens financiers
nécessaires aux entreprises de grande envergure sous forme du capital social des sociétés anonymes.
15
La loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août de la même année constituent les deux textes fondamentaux sur lesquels repose le fonctionnement des associations.
16
Sociologue et économiste aux fortes convictions chrétiennes, Frédéric Le Play (1806-1882) est le premier à s’être penché sur la condition ouvrière.
17
Charles Gide fut l’un des principaux théoriciens de l’économie sociale (1847-1932).

13
c. 1901-1945 : La naissance des associations et l’envolée des coopératives et
mutuelles

Le XXème siècle débute avec la promulgation de la loi de 1901 sur les associations non
professionnelles. Celle-ci autorise « la création de tout groupement (hors cadre professionnel)
conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs, mais réglemente plus strictement la création
de congrégations » (extrait de la loi de 1901). Cette loi, dite « de la liberté », permet une
accélération des créations d’associations. Leur nombre passe ainsi de 5 000 en 1908 à 10 000
en 1938. Le mouvement ouvrier se mobilise alors autour de thématiques telles que l’insécurité
et le prix de la vie. Les travailleurs indépendants se regroupent quant à eux pour structurer
leurs activités et organiser les marchés.

Cette période de pleine expansion se termine dans les années 1930 avec la Grande
crise. L’Etat, qui détient un pouvoir d’intervention économique important, transforme la place
de la coopération, de la mutualité et des associations dans l’économie.

La IIIème République, très influencée par la doctrine socialiste, cherche une voie entre
le libéralisme18 et le socialisme19. Elle affirme ainsi clairement son soutien aux mutualités. En
1902, la Fédération Nationale de la Mutualité Française est créée. Cette organisation connaît
un franc succès avec 10 millions de membres en 1938. La mutualité se mobilise ensuite en
faveur des lois instituant les assurances sociales en 1928.

Le mouvement coopératif connaît quant à lui un développement significatif, et jouit


rapidement d’une importante reconnaissance. Les coopératives de consommations sont
estimées à 4 500. De 1913 à 1920, leur nombre de sociétaires et leur chiffre d’affaire
18
Doctrine économique qui privilégie l'individu et sa liberté ainsi que le libre jeu des actions individuelles conduisant à l'intérêt général.
19
Doctrine politique et économique qui vise, à l'inverse du modèle libéral, à réformer le système de propriété privée des moyens de production et d'échange et à
l'appropriation de ceux-ci par la collectivité.

14
progressent rapidement, puis se consolident jusqu’en 1939. Les coopératives ouvrières de
production connaissent, elles, un développement limité, contrairement aux coopératives
agricoles qui sont 7 420 en 1939. A noter que les transformations majeures des modes de vie
durant l’entre-deux-guerres ont induit le développement de ces coopératives, et donc de
l’économie sociale.

De 1901 à 1945
Loi de 1901 Accélération des créations d’associations
(thèmes : insécurité et coût de la vie)
Troisième République Affirme son soutien aux mutualités + voit se
développer grandement le mouvement associatif
qui se fait également reconnaître.

d. 1945-1975 : L’impulsion d’un nouveau modèle au lendemain de la Seconde


Guerre Mondiale

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le Conseil national de la Résistance20


aspire à la démocratie économique et sociale. De grandes réformes sont ainsi mises en place
dont les plus marquantes sont :

- Des nationalisations21 avec une gestion tripartite des entreprises publiques par les
salariés, les usagers et l’Etat.
- Un programme ambitieux de Sécurité Sociale22 géré par les syndicats et les
associations familiales.

20
Organisme formé de représentants de huit mouvements de résistance, créé en 1943, dont l'action aboutit en particulier à l'établissement d'un programme de réformes à
effectuer après la Libération sous la présidence de Jean-Moulin.
21
Ensemble d'opérations par lesquelles une ou plusieurs entreprises privées sont soustraites par voie d'autorité au régime capitaliste, déclarées propriétés de la nation et
dotées d'une structure et d'une organisation nouvelles.
22
Ensemble de mesures qui permettent de garantir les individus et les familles contre certains risques, appelés risques sociaux.

15
C’est dans ce contexte de changement qu’est voté en 1947 une loi sur la coopération 23 qui
rassemble l’ensemble des règles communes aux coopératives ; double qualité des sociétaires,
droits égaux dans la gestion, statut de société civile ou commerciale, capital fixe ou variable,
parts nominatives et cessibles sous condition, appropriation collective des bénéfices,
dévolution désintéressée à l’actif net.

La seconde décision politique et culturelle marquante pour l’économie sociale est le


développement des politiques publiques de l’Etat. Celui-ci ouvre une large voie aux mutuelles
et aux associations. Les pouvoirs publics réglementent leurs activités et financent une partie
de leurs activités économiques.

Contrairement à l’époque précédente, les entreprises collectives d’après-guerre ne


s’inscrivent pas dans un mouvement contestataire du capitalisme, mais davantage dans une
perspective de partage des fruits de la croissance.

Avec l’institution de la Sécurité Sociale en 1945, on aurait pu croire que les mutuelles
disparaîtraient. Mais bien au contraire, la mutualité voit son nombre d’adhérents passer de 11
millions en 1945 à 25 millions fin 1970. C’est dans cet élan que se forment également des
mutuelles d’assurance à vocation nationale pour couvrir les risques liés notamment au
logement et à l’automobile.

Les coopératives agricoles subissent des bouleversements liés à la fin de la guerre et à la


modernisation de l’agriculture. L’Etat joue également un rôle dans ces changements en
réduisant progressivement les avantages financiers consentis aux coopératives. A partir des
années soixante dix, les coopératives se transforment en agents du productivisme24. Les règles
ont changé, la défense de leur chiffre d’affaires les pousse à vendre toujours plus. La question
de solidarité entre agriculteurs est alors posée.

Les banques coopératives subissent le même sort. Après avoir été soutenues par le Trésor
public, celui-ci les met en concurrence les unes avec les autres. La coopération semble alors
s’aligner sur un modèle industriel de grande entreprise.

23
La loi du 10 septembre 1947 sert de cadre législatif de référence à l’ensemble des coopératives.
24
Tendance à rechercher systématiquement l'amélioration ou l'accroissement de la productivité.

16
Les coopératives de consommations sont elles, de plus en plus fortement concurrencées
par les chaînes de magasins populaires et les sociétés de supermarchés dès les années
soixante. Elles rencontrent des difficultés d’adaptation face aux modes de gestion et de
financement de la concurrence capitaliste.

En total contraste avec l’évolution des coopératives, le secteur associatif est lui en plein
essor. Naissent alors des associations très militantes, des associations d’entraide, des
associations gestionnaires d’équipements socioculturels,… Ces initiatives sont à la fois
locales ou instrumentalisées par les politiques publiques.

Les entreprises collectives n’ont pas disparu pendant ce qui est appelé la « croissance
fordiste », fondée sur la production et la consommation de masse. Cependant, leur rôle a été
largement occulté, et ce pour deux raisons :

- Leur organisation divisée en une multitude d’activités, a induit une technicité qui a
affaibli le processus démocratique.
- Leur dépendance vis-à-vis des politiques publiques en termes de financement et de
réglementation a masqué leur rôle novateur.

De 1945 à 1975
Conseil national de la Résistance 1947 : loi sur la coopération et développement
des politiques publiques de l’Etat (grande voie
pour les mutuelles et les associations).
Evolution des mutuelles Grand élan et fort développement. Les mutuelles
d’assurance apparaissent.
Evolution des coopérations agricoles Changement des objectifs de production, la
question de la solidarité est posée.
Evolution des banques coopératives Mise en rude concurrence les unes avec les
autres.
Evolution des coopératives de consommation Forte concurrence des chaînes de magasins et des
sociétés de supermarchés.
Evolution du secteur associatif Plein essor et grand développement dans divers
domaines.
Evolution des entreprises collectives Pas de disparition, mais un rôle quasiment
occulté.

17
e. 1975-1990 : Entre élan institutionnel et crise économique

Dans les années soixante dix, les mouvements associatifs, les coopératives et les mutuelles
qui s’étaient développés de façon autonome, se réunissent pour affirmer une identité
commune. S’ouvre alors un débat sur l’identité de l’économie sociale, solidaire ou non, et sur
le sens de ses initiatives.

En 1970, le Comité national de liaison des activités mutualistes, coopératives et


associatives voit le jour (CNLAMCA) devenu aujourd’hui le Conseil des Entreprises et
Groupements de l’Economie Sociale (CEGES). En 1977, ses responsables estiment leurs
organisations comme des organisations à but non lucratif, et adoptent la référence à
l’économie sociale. Le terme d’entreprise d’économie sociale devient un terme couramment
utilisé. Il devient également une référence dans la charte de l’économie sociale publiée en
1980 qui affirme sa nature démocratique et humaniste, allant jusqu’à affirmer que
« l’économie sociale est au service de l’homme ».

A l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981, Michel Rocard, alors ministre du Plan et de
l’Aménagement du territoire, crée une délégation interministérielle à l’économie sociale. Le
décret définit institutionnellement pour la première fois l’économie sociale : « ensemble des
coopératives, mutuelles et associations dont les activités de production les assimilent à des
organismes ». Cette initiative répond à un besoin bien précis de l’économie sociale qui est
d’avoir un interlocuteur administratif unique pour faciliter son développement. Est également
créé un comité consultatif mixte pour étudier les questions transversales liées au statut, au
financement, ou encore à la formation. Une des premières réalisations de ces deux nouvelles
institutions est la création de l’Institut de développement de l’économie sociale.

18
Face à la montée en puissance de la concurrence mettant en péril leur survie, les
entreprises de l’économie sociale ont besoin de s’affirmer et d’être reconnues.
L’augmentation du chômage, de la pauvreté et des inégalités, les demandes d’action sociale se
multiplient. Ce phénomène engage des actions nouvelles dans l’action caritative avec les
Restaurants du cœur et les Banques alimentaires, et dans l’insertion professionnelle avec des
associations qui innovent contre le chômage de longue durée.

De 1975 à 1990
1970 Naissance d’une identité collective entre les
différentes organisations avec un comité.
1977 La Référence à l’économie sociale est adoptée.
1981, arrivée du pouvoir socialiste L’économie sociale est définie
institutionnellement + un comité consultatif
mixte est créé + mise en place de l’Institut de
développement de l’économie sociale.
Accroissement de la concurrence Naissance d’actions nouvelles avec un grand élan
caritatif.

f. De 1991 à aujourd’hui : Un ensemble de pratiques sociales, alternatives et


solidaires très variées

L’histoire de l’économie sociale est en perpétuel mouvement. En deux siècles, les


entreprises associatives sont passées de l’associationnisme ouvrier à un ensemble
d’organisations très diversifiées. La profusion actuelle de l’économie sociale dont les limites
sont parfois difficiles à cerner, peut paraître confus. Ce phénomène est dû au fait que cette
économie cherche sans cesse de nouvelles formes d’organisation pour répondre au mieux aux
problématiques contemporaines. L’économie sociale est fermement implantée au niveau local
car les organisations sont capables de relier différentes dimensions ; économiques, sociales et
environnementales. Cette capacité permet d’élaborer une vision globale et donc d’améliorer le

19
développement et l’application de politiques et de programmes efficaces pour le
développement local. Cela permet également de promouvoir l’insertion sociale25.

Il existe aujourd’hui une infinité de pratiques se revendiquant de l’économie sociale. Ces


pratiques sont de nature marchande et non marchande, et se déclinent grâce à des formes
organisationnelles diversifiées. Elles constituent de réelles alternatives au modèle capitaliste
dominant.

L’économie sociale actuelle est très largement ancrée dans le secteur associatif,
contrairement à l’économie sociale historique qui était représentée par les entreprises
coopératives et mutualistes. Ces associations sont essentiellement concentrées dans les
services sociaux, culturels et sportifs. Les mouvements coopératifs et les mutuelles
interviennent quant à eux dans des secteurs d’activités diversifiés tels que l’agriculture, le
crédit, la consommation de biens et services, l’habitat… Le mouvement associatif a pris son
essor dans un « creux » juridique avec des règles très souples.
L’économie sociale s’inscrit aujourd’hui comme un troisième secteur en France aux côtés
du secteur privé capitaliste et du secteur public étatique.

De 1991 à aujourd’hui
Problématiques contemporaines L’Economie sociale est en perpétuelle mutation
cherchant à s’adapter. Elle recherche sans cesse
de nouvelles formes d’organisation.
Principe commun/fédérateur L’économie sociale a la même finalité : une
finalité sociale
Economie sociale actuelle Ancrée dans le secteur associatif et considérée
comme le troisième secteur.

25
Action ayant pour objectif de faire évoluer une personne isolée ou marginale vers un état où les échanges avec son environnement social sont considérés comme
satisfaisants.

20
II. Comprendre et appréhender l’économie sociale

a. Recueil des origines théoriques de référence

Les racines de l’économie sociale se trouvent dans des pratiques très anciennes datant
du Moyen-âge (guildes, confréries, compagnonnages, associations ouvrières, patronages).

Plus récemment, elle puise ses racines dans des écoles de pensées appartenant à une
tradition socialisante et à un socialisme utopique. Les auteurs de cette école ont tous pour
préoccupation d’améliorer les conditions de vie des travailleurs. Parmi ces auteurs, on
retrouve Claude-Henri de Saint-Simon, Charles Fourier, Jean-Baptiste Godin ou encore
Philippe Buchez (source Encyclopaedia Universalis).

Aristocrate et inspirateur des socialistes, il est le premier


socialiste français de l’ère industrielle. Il prône une théorie des
classes sociales en mettant l’accent sur l’exploitation d’une
immense majorité de travailleurs par une minorité. Ainsi d’après
lui, « en accord avec la masse, une élite des Lumières, à la fois
Claude-Henri intellectuelle et professionnelle, issue pour la plus grande part du
de Saint- monde des chefs d'entreprise, délivrera de cette exploitation la
Simon société tout entière et organisera progressivement le règne de
(1760-1825) l'abondance et du travail. ». Il met en avant la vertu de l’Homme
au travail et présente l’association comme un moyen de
socialisation des citoyens. Au-delà de l’industrialisme
progressiste de Saint-Simon ouvrant une voie à un socialisme
moderne, les saint-simoniens apportent à l’œuvre de leur maître
un contenu collectiviste et planificateur.

21
Il est l’inspirateur du solidarisme. Il analyse à travers ses
nombreuses publications écrites entre 1830 et 1850, les
contradictions du système capitaliste, et des conceptions de
l’organisation du travail. Il y affirme également sa volonté de
résoudre le conflit entre l’individu et la société, ce qui fait de lui
Charles
un précurseur du socialisme français. Il défend l’idée que
Fourier
l’Homme naturellement bon, est corrompu par la civilisation. Il
(1772-1837)
revendique une société qui s’auto organise grâce au
développement d’associations, de mutuelles et de phalanstères
(regroupement des producteurs au sein de communautés de vie
où la répartition des biens se fait selon le travail, le capital, et le
talent).

Convaincu par l’idée de la redistribution des richesses aux


ouvriers, crée à Guise un familistère après avoir découvert les
Jean-Baptiste théories de Charles Fourier. Ce familistère est considéré
Godin aujourd‘hui comme précurseur des coopératives de production.
(1817-1888) L’objectif premier de Jean-Baptiste Godin était de fournir aux
ouvriers des conditions de vie décentes dans un environnement
communautaire.

Après s’être déclaré comme Saint-simonien, édifie une synthèse


entre le Christianisme, le Socialisme, et des idéaux de la
Révolution française. Dès 1840, il développe un plan de réforme
de la société française basé sur l’association des ouvriers. Selon
lui, « Ces associations, qui sont des coopératives ouvrières de
Philippe production formées sur la base d'un capital inaliénable et
Buchez indissoluble, doivent en se propageant, permettre de rassembler
(1796-1865) un « capital ouvrier » global sur lequel la classe laborieuse pourra
s'appuyer ; leur généralisation poserait les fondements d'une
rénovation de la société par l'associationnisme ». Philippe
Buchez est aujourd’hui connu comme un défendeur de
l’association ouvrière, et un opposant de la concurrence et des
entrepreneurs qu’il qualifie de « parasites ».

22
L’économie sociale puise également ses origines au sein d’une tradition sociale chrétienne
fondée sur la doctrine de l’Eglise qui prône les corps intermédiaires et le principe de
subsidiarité. Cette tradition est portée par les valeurs de la charité chrétienne qui constituent
pour les chrétiens le plus grand commandement social, impliquant le respect d’autrui et de ses
droits. Elle repose également sur la solidarité des fortunés envers les plus défavorisés. Les
figures les plus marquantes de cette tradition sont Frédéric Le Play et Friedrich Wilhelm
Raiffeisen.

Frédéric Le Play est perçu comme le penseur catholique de l’économie


sociale. Il examine la religion, la propriété, la famille, le travail,
l'association, les rapports privés et le gouvernement. Pour chacun de
ces éléments, il propose des mesures pouvant conduire à la prospérité
sociale. Il va notamment prôner « l'institution du régime dit du
Frédéric Le Play
patronage volontaire où patrons et ouvriers sont liés par des intérêts et
(1806-1882)
des devoirs réciproques ». Frédéric Le Play va ainsi défendre le
patronage contre le libéralisme qui génère selon lui de nombreuses
inégalités sociales. Mais il va surtout en 1867 à l’Exposition
Universelle introduire le principe d’économie sociale après avoir créé
une société d’économie sociale en 1856.

Friedrich Wilhelm Raiffeisen est le fondateur de la mutualité de crédit.


Réagissant à la disette de 1846-1847, ce fils de pasteur crée une
Friedrich Wilhelm
association charitable et un fournil coopératif communal en Prusse. Ces
Raiffeisen
caisses s’étendent jusqu’en Alsace-Lorraine en 1882. A sa mort,
(1818-1888)
Friedrich Wilhelm Raiffeisen aura jeté les bases et les principes de
fonctionnement des caisses locales.

L’économie sociale est aussi portée par une idéologie libérale inspirée par des auteurs
notables tels que John Stuart Mill, Frédéric Bastiat, et Léon Walras.

23
Il représente la pensée libérale et l’attirance vers le socialisme utopique.
John Stuart Mill Il voit dans l'association de production « un moyen de rationaliser le
(1806-1873) système économique, d'augmenter la productivité et, en matière sociale,
d'associer tous les travailleurs aux résultats de l'entreprise ».

Economiste reconnu comme l’un des plus talentueux du courant libéral


Frédéric Bastiat
français, introduit le concept « d'association progressive et volontaire »
(1801-1850)
dans la pensée libérale.

L’un des fondateurs de l’économie néo-classique, il écrit en en 1896


ses Études d'économie sociale. Cet œuvre présente une nouvelle façon
Léon Walras de faire de l’économie politique en prenant en compte les problèmes
(1834-1910) sociaux. Des économistes appartenant au courant libéral, c’est lui qui
apporte la contribution la plus intéressante à l’économie sociale.

L’économie sociale est également inspirée d’un quatrième courant qui est celui du
solidarisme, doctrine selon laquelle il faudrait « remplacer la charité du christianisme par la
solidarité humaine » (Encyclopaedia Universalis). Cette école est construite autour de l’œuvre
de Charles Gide (1847-1932).

Il se place dans la continuité du socialisme français associationniste de


Charles Fourier. Cette école puise ses origines dans ce qui est appelé
« l’école de Nîmes » qui débouche en 1885 à la création de la première
Charles Gide
Fédération française des coopératives de consommation. Celle-ci
(1847-1932)
intègre des principes qui seront ceux de l’économie tels que l'égalité et
le contrôle démocratique, la liberté d'adhésion, la justice économique,
l'équité, la neutralité religieuse et politique, et l'éducation des membres.

Dans les années 1930, la formalisation théorique d’un secteur coopératif sera opérée par
Georges Fauquet avec son ouvrage Le secteur coopératif publié en 1935.

24
Dans on ouvrage Le secteur coopératif publié en 1935, il définit « les
rapports sociaux entre les sociétaires dans l’association » et « les
Georges Fauquet
rapports économiques entre chacun d’entre eux et l’entreprise ». La
(1873-1953)
démocratie coopérative est d’après lui le trait essentiel de l’institution
coopérative (Jean-François Draperi).

Les dernières influences contemporaines pour l’économie sociale sont celles d’Henri
Desroche et Claude Vienney qui ont chacun mené des réflexions différentes sur les
organisations de cette économie (source Jean-François Draperi).

Il démontre que les coopératives constituent une forme spécifique


d’organisation car elles comportent des caractéristiques communes.
Cette forme est d’après lui « la combinaison d’un groupement de
personnes et d’une entreprise réciproquement liés par un rapport
d’activité et un rapport sociétariat ». Claude Vienney va élargir la
Claude Vienney théorie de Georges Fauquet à toutes les entreprises coopératives,
(1929-2001) mutualistes et associatives définissant ainsi un secteur de l’économie
sociale. D’après lui, les organisations de l’économie sociale sont celles
qui réalisent une aide mutuelle entre les personnes dans le cadre de
l’activité d’une entreprise. L’économie sociale se distingue ainsi de
l’économie pure au sens orthodoxe car elle donne la priorité à l’utilité
sur la rentabilité.

Il s’intéresse aux créativités coopératives (ou projet coopératif). Pour


lui, il existe une constante dans le processus de la création coopérative :
il y aurait une rupture entre le projet des fondateurs et sa réalisation.
Henri Desroche
Pour Henri Desroche, l’économie sociale est un objet de pensée avant
(1914-1994)
d’être une organisation. Concernant les coopératives, elles constituent
pour lui un outil de développement d’une société locale et se
définissent par l’animation des groupes sociaux.

25
Tous ces penseurs ont contribué à dessiner les contours de l’économie sociale. Malgré
leurs divergences, ces doctrines ont en commun la recherche du bonheur, l’épanouissement
individuel et collectif, et la maîtrise de l’économie au bénéfice de l’Homme. Ce sont
cependant les diverses tentatives et expériences menées sur le terrain qui permettront la
formalisation de ces concepts en règles et principes de fonctionnement.

Théories de référence

Socialisme et socialisme utopique : améliorer Claude-Henri de Saint-Simon, Charles Fourier,


les conditions de vie des travailleurs Jean-Baptiste Godin, Philippe Buchez
Tradition sociale chrétienne : valeurs de Frédéric Le Play et Friedrich Wilhelm Raiffeisen
charité chrétienne
Idéologie libérale associée à l’idée de Stuart Mill, Frédéric Bastiat, et Léon Walras
socialisme
Courant du solidarisme : la solidarité humaine Charles Gide et Georges Fauquet

Influences contemporaines : réflexions sur les Henri Desroche et Claude Vienney


organisations

b. Valeurs fondatrices, utilité sociale et dimension éthique

Les valeurs fondatrices de l’économie sociale se sont construites et pérennisées à travers


plus de 150 ans d’histoire coopérative et mutualiste. Ces valeurs cardinales sont d’après Jean-
François Draperi, Nicolas Bàrdos-Féltoronyi, Danièle ou encore Philippe Chanial et Jean-
Louis Laville:

- L’initiative ou le volontariat : Les coopératives, les associations, et les mutuelles sont


fondées par des ouvriers, des agriculteurs, des consommateurs, des employeurs, ou
parfois tout simplement par des citoyens. Ces individus font le choix, librement
consenti, de s’associer. Les organisations de l’économie sociale sont ainsi le fruit de
d’initiatives diverses et variées telles que celles des agriculteurs (coopératives et
mutuelles agricoles), des instituteurs (mutuelle d’assurance MAIF), ou encore des
syndicalistes (SCOP Chèque Déjeuner).

- L’égalité : L’initiative collective est développée assez naturellement sur un pied


d’égalité. Au sein des personnes morales de l’économie sociale, la notion de pouvoir
est déconnectée de la propriété d’un capital. Cette valeur est un des éléments

26
fondateurs de l’économie sociale. Cette règle peut ainsi être retranscrite par
l’expression « association de personnes » ou encore « groupement de personnes ».

- La solidarité : Plus qu’un principe, c’est un des fondements de l’économie sociale. La


solidarité explique aussi bien les actions des premières confréries que des fonds de
solidarité mutualistes ou des associations d’insertion actuelles. Le terme de solidarité a
été utilisé par de nombreux mouvements où la solidarité est aussi bien interne entre les
membres, qu’externe, soit par destination, soit par l’ouverture à de nouveaux
membres, par l’inter coopération, ou encore la création de dispositifs et d’outils
juridiques permettant de dépasser le cercle des membres.

- L’autonomie : L’indépendance vis-à-vis de l’Etat ou de toute collectivité publique est


un principe qui a une importance considérable. Il ne suffit pas de créer une personne
morale, il faut également garantir que celle-ci n’est pas une sorte «d’excroissance » de
l’Etat. En France, ce principe a été rappelé lors du centenaire de la loi de 101 dans le
but de mettre fin à la création d’associations accusées d’être des prolongations des
administrations étatiques.

Ces quatre valeurs de l’économie sociale constituent des références incontournables. Elles
consacrent la primauté de l’Homme sur l’économie et confèrent à l’économie sociale une
sorte de dimension sociétale. Les entreprises de l’économie sociale doivent être en
permanence vigilantes à poursuivre leurs activités et leur développement sans perdre leurs
valeurs.

L’initiative
ou le
volontariat

La solidarité Valeurs L’autonomie

L’égalité

27
La référence à la création du lien social apparaît souvent dans le discours des acteurs.
L’économie sociale se donne comme objectif de contribuer à la création ou au renforcement
du lien social. Cette valeur est connexe avec les références humanistes26 qui sont la
prééminence de l’Homme par rapport à des considérations purement économiques, la qualité
des prestations qui ne sont pas évaluées par des critères d’efficacité et de rentabilité, et la
soumission à des principes éthiques du respect et de la dignité des personnes. En plaçant
l’Homme au centre de ses préoccupations, l’économie sociale prend clairement une position
économique divergente de l’économie classique.

La question du lien social comporte une dimension éthique27 qui porte sur la manière de
traiter certaines activités au regard du modèle de société. La façon dont est pratiquée l’activité
doit être en corrélation avec sa nature. Les rapports entre les dimensions éthiques,
économiques et politiques constituent un réel enjeu. Des questions se posent ainsi, telles que
faut-il marchander la relation à la mort et aux mourants ? Ou encore existe-t-il des natures
d’activités qui ne peuvent pas se réclamer de l’économie sociale ?

Valeurs fondatrices, utilité sociale et dimension éthique


Valeurs fondatrices L’initiative ou le volontariat, l’égalité, la
solidarité, l’autonomie
Utilité sociale Création d’un lien social
Dimension éthique Prééminence de l’Homme par rapport à des
considérations économiques

c. Principes communs

D’après la charte de l’économie sociale datant de 1981 (réactualisée par la suite en


1995), l’économie sociale est basée sur le respect de sept articles (Alternatives Economiques):

Article 1 : Les entreprises de l'économie sociale fonctionnent de manière démocratique, elles


sont constituées de sociétaires solidaires et égaux en devoirs et en droits.

26
Relatif à l'humanisme philosophique ; qui met l'homme au centre de ses préoccupations.
27
Qui concerne la morale.

28
Article 2 : Les sociétaires, consommateurs ou producteurs, membres des entreprises de
l'économie sociale, s'engagent librement, suivant les formes d'action choisies (coopératives,
mutualistes ou associatives), à prendre les responsabilités qui leur incombent en tant que
membres à part entière des dites entreprises.

Article 3 : Tous les sociétaires étant au même titre propriétaires des moyens de production, les
entreprises de l'économie sociale s'efforcent de créer, dans les relations sociales internes, des
liens nouveaux par une action permanente de formation et d'information dans la confiance
réciproque et la considération.

Article 4 : Les entreprises de l'économie sociale revendiquent l'égalité des chances pour
chacune d'elles et affirment leur droit au développement dans le respect de leur totale liberté
d'action.

Article 5: Les entreprises de l'économie sociale se situent dans le cadre d'un régime particulier
d'appropriation, de distribution ou de répartition des gains. Les excédents d'exercice ne
peuvent être utilisés que pour leur croissance et pour rendre un meilleur service aux
sociétaires qui en assurent seuls le contrôle.

Article 6 : Les entreprises de l'économie sociale s'efforcent par la promotion de la recherche et


l'expérimentation permanente dans tous les domaines de l'activité humaine, de participer au
développement harmonieux de la société dans une perspective de promotion individuelle et
collective.

Article 7 : Les entreprises de l'économie sociale proclament que leur finalité est le service de
l'homme.

Outre ces sept articles, l’économie sociale est basée sur cinq grands principes que doivent
respecter les organisations sociales :

- La non-lucrativité28 individuelle - La finalité des services doit profiter aux membres


ou à la collectivité. Le dégagement d’excédents29 constitue un moyen de réaliser un

28
Correspond à l’impartageabilité des bénéfices et des réserves.
29
Valeur ajoutée, diminuée des frais de personnel et des impôts liés à la production (sauf T.V.A.).

29
service, et non l’objectif majeur de l’activité. La recherche du profit30 nécessaire pour
que l’entreprise puisse survivre, mais elle n’est pas l’objectif principal de la structure.
D’après le CNCRES, « les entreprises de l’économie sociale et solidaire ont pour
principe fondateur de s’associer, de coopérer et de mutualiser au service de l’homme
et de la société, et non celui de faire fructifier des capitaux ». Les entreprises sociales
peuvent constituer des excédents financiers, mais il est formellement interdit aux
individus se les approprier. Cette règle est absolue dans les associations où aucun
dividende ne peut être versé aux adhérents. Elle est plus souple dans les coopératives
où les salariés peuvent se voir attribuer une part du bénéfice réalisé (participations ou
dividendes). De manière plus globale, les personnes et l’objet social priment sur le
capital dans la répartition des excédents (rémunération limitée du capital, répartition
des excédents entre travailleurs et membres usagers sous forme de ristournes, mise en
réserve de bénéfices pour le développement de l’activité ou affectation immédiate à
des fins sociales...)

- La liberté d’adhésion et l’autonomie de gestion- sont le ressort essentiel dans la


dynamique associative. D’après ce principe, personne ne peut être contraint et forcé à
adhérer à une structure de l’économie sociale. Chaque individu est libre de rester au
sein de cette structure, ou de la quitter. Ce principe est un des piliers pour la gestion
des associations. Il a également une grande importance pour les coopératives dont les
salariés doivent pouvoir vendre leurs parts dans le cas où ils voudraient la quitter. Cela
fait des coopératives des sociétés à capital variable31.

- Le contrôle démocratique par les membres – La gestion par les membres est
théoriquement renvoyée à la règle « une personne-une voix », ou du moins à une
limitation du nombre de voix par membre dans les organes souverains. Chaque
association coopérative est une démocratie. Chaque membre a une voix, quelque soit
son apport en capital. Tous les membres sont égaux. Les décisions relevant de la
stratégie de la structure se prennent en assemblée générale avec la consultation de
l’ensemble des membres.

30
Gain réalisé sur une opération ou dans l'exercice d'une activité.
31
Une société à capital variable a pour caractéristique de disposer d’un capital susceptible d'augmenter ou de diminuer constamment par l'effet soit de nouveaux versements
effectués par les associés anciens ou nouveaux, soit de reprises d'apport consécutives à des retraits d'associés.

30
- La double qualité qui apparaît comme le principe central des entreprises de
l’économie sociale. Les acteurs sociaux sont les sociétaires de l’entreprise. Ainsi, dans
une coopérative de production, les salariés sont des sociétaires, dans une mutuelle, les
mutualistes sont à la fois des assurés et des assureurs, dans une association, les
bénéficiaires peuvent être également des membres. A noter qu’une entreprise de
l’économie sociale est nécessairement au service d’un projet collectif et non d’un
projet individuel.

- La mixité des ressources – Les ressources de l’économie sociale sont privées


(coopératives, mutuelles, et fondations), ou mixtes (associations). Les entreprises
sociales sont des structures indépendantes des pouvoirs publics. Elles peuvent
cependant être reconnues comme des interlocuteurs privilégiés dans la mise en place
de politiques d’intérêt général et obtenir ainsi des subventions, des aides, ou des
avantages fiscaux.

contrôle
démocratique
par les
membres

non-
, la mixité des
lucrativité
ressources
individuelle

Principes

liberté
d’adhésion et double
l’autonomie qualité
de gestion

Les entreprises de l’économie sociale n’ont pas pour objectif l’enrichissement individuel.
Ces entreprises sont collectives et leurs valeurs sont communes à celles de la République
« liberté, égalité, fraternité ». L’adhésion est libre et volontaire et sa gestion est démocratique,
elles appliquent un principe de non-lucrativité ou de lucrativité réduite. Elles guident leurs
actions sur des principes de solidarité et de responsabilités sociales et environnementales.

31
Principes communs
Institutionnels = charte de l’économie sociale 7 articles ; fonctionnement démocratique, libre
adhésion, égalité des membres, liberté d’action,
juste redistribution des bénéfices, participation au
développement, finalité au service de l’Homme.
5 grands principes informels La non-lucrativité individuelle, la liberté
d’adhésion et l’autonomie de gestion, le contrôle
démocratique par les membres, la double qualité,
la mixité des ressources.

d. Divers types de structures juridiques

Les organisations d’économie sociale sont de plus en plus nombreuses. Ces structures
prennent des formes organisationnelles différentes. Les environnements culturels,
sociopolitiques, les circonstances économiques et le degré de développement, déterminent en
partie les formes d’organisation des entreprises à but non lucratif. Les entreprises sociales
regroupent des individus exclus du marché du travail, ou des individus motivés par leurs
convictions. Ces derniers sont à la recherche d’alternatives collectives. Ces organisations
développent leurs activités dans des secteurs de la production ou de la prestation de services,
de la commercialisation et du crédit. Les entreprises de l’économie sociale se définissent
comme des regroupements de personnes et non de capitaux.

Les principales formes légales des organisations à but non lucratif ne constituent que des
outils indispensables de réalisation d’un projet. Ces outils se comptent au nombre de quatre :

- Les associations 78.2%; les structures associatives sont créées à l’initiative de groupes
de personnes qui décident de se regrouper pour œuvrer autour d’un but commun. Leur
cadre légal est régi par la loi du 1er juillet 1901. Les associations peuvent être d’intérêt
général si les bénéficiaires sont différents des fondateurs. Elles peuvent également
être des organisations d’intérêt commun quand la solidarité entre les parties prenantes
est décisive. Ces associations se sont, ces dernières années, transformées en
fournisseur d’assistance sociale, par exemple dans la fourniture de services sociaux et
services de soins. Les associations sont régies par la loi de 1901, qui propose le statut
juridique le plus flexible et le plus libéral de toute la législation française.

- Les fondations et trusts 2.8%; ces types de structures existent grâce à des dotations
provenant d’un individu ou d’un groupe d’individus. Ces organisations sont également

32
souvent financées par des organisations publiques ou des entreprises privées. Les
fondations et trusts se doivent d’atteindre des objectifs fixés par les donateurs visant
un profil de groupe d’individus, ou une communauté. Elles sont particulièrement
investies dans le parrainage d’activités sociales, religieuses, éducatives, et d’intérêt
général. Les fondations se scindent en deux groupes : les fondations opérationnelles
qui poursuivent leurs objectifs en s’impliquant directement dans des activités, et les
fondations de soutien qui se consacrent au soutien des activités d’autres organisations.
Les fondations ont pour cadre légal des lois très récentes : la loi du 23 juillet 1987 sur
le développement du mécénat qui a institué le régime même de la fondation, et la loi
du 4 juillet 1990 sur les fondations d’entreprises qui visent à entraîner la construction
de fondations privées à l’image des grandes fondations américaines et allemandes
(Fondations Ford, Rockefeller, IBM, Mercedes, ou BMW).

- Les coopératives 13.7%; les coopératives sont des entreprises qui appartiennent à une
catégorie d’agents qui ne sont pas des investisseurs, à des groupements de personnes.
Celles-ci s’associent sur une base égalitaire pour réaliser une activité économique et
partagent les bénéfices éventuels en fonction de l’activité de chaque membre. Ce sont
des consommateurs, des travailleurs, ou des producteurs. Les coopératives se déclinent
sous la forme de coopérative agricoles, d’épargne et de crédit, de consommation,
d’assurance, de distribution, de travailleurs, d’habitation…

- Les sociétés de secours mutuel 5.3%; La mutualité a pour objectif de contribuer au


développement de la protection sociale, notamment dans le domaine de la santé et des
retraites sur la base de principes démocratiques. Sa vocation est de réunir des
personnes dans une structure qui va gérer des risques auxquelles elles sont exposées.
Les mutuelles de santé et de prévoyance ont un rôle important, tout comme les
mutuelles d’assurance.

Les fondations et
Les associations 78.2%
trusts 2.8%

Types de structures
juridiques

Les Les sociétés de secours


coopératives 13.7% mutuel 5.3%

33
Divers types de structures juridiques
Les associations 78.2% Elles sont créées à l’initiative de groupes de
personnes qui décident de se regrouper pour œuvrer
autour d’un but commun.
Les fondations et trusts 2.8% Elles existent grâce à des dotations provenant d’un
individu ou d’un groupe d’individus dans le but
d’atteindre des objectifs fixés par les donateurs.

Les coopératives 13.7% Groupement de personnes qui s’associent pour


réaliser des activités économiques et qui s’en
partagent les bénéfices en fonction de leur
implication.
Les sociétés de secours mutuel 5.3% Groupement d’individus au sein d’une structure qui
va gérer des risques auxquelles ils sont exposés.

e. Une économie ancrée dans le territoire

L’économie sociale est par essence une économie profondément ancrée dans le territoire.
Elle privilégie les relations directes dans les échanges, délaissant parfois leur contenu. Elle
impose une proximité entre les acteurs. L’économie sociale produit une cohésion sociale et
territoriale. Elle renforce les rapports sociaux de solidarité, contribue à la construction ou à la
pérennisation d’identités collectives, renforçant ainsi le lien social. Elle prend ainsi le contre-
pied de l’individualisme32 contemporain en créant du lien social33 entre les acteurs et les
individus.

Les organisations de l’économie sociale et le développement local sont deux éléments qui
sont étroitement liés depuis une quarantaine d’années. Depuis les années 1970, le
développement local allant de la délocalisation à la participation, est nettement valorisé. Ce
phénomène pousse les organisations à se renouveler et à se créer. Cette évolution correspond
à l’émergence des services à la personne qui nécessitent une dimension relationnelle.
L’ancrage de l’économie sociale dans les territoires est donc dû à la nature et à l’émergence
de nouveaux services, ainsi qu’à une volonté de privilégier la participation d’organisations
privées collectives non lucratives au développement du territoire. Les organisations
deviennent des acteurs du territoire à part entière.

32
Attitude favorisant l'initiative individuelle, l'indépendance et l'autonomie de la personne au regard de la société.
33
Ensemble des relations qui unissent des individus faisant partie d'un même groupe social et/ou qui établissent des règles sociales entre individus ou groupes sociaux
différents.

34
Cette implantation locale s’explique notamment par le fait que les projets qui font naître
les organisations se formalisent grâce à des relations interpersonnelles. Il s’agit de relations
affinitaires et identitaires. C’est entre autre grâce à la relation avec le futur usager que le
projet peut être pensé. L’organisation entre alors dans l’espace public et participe à
l’amélioration de la vie sociale en créant du lien social.

Les apports de l’économie sociale au territoire sont multiples d’après Danièle Demoustier,
Nadine Richez-Battesti:
- Mobilisation d’acteurs sociaux autour d’un entrepreneuriat collectif qui conduit à
accroître le capital social du territoire,
- Construction collective de besoins,
- Valorisation du patrimoine local qui permet de conserver la mémoire locale,
- Drainage de l’épargne locale qui conduit à redéfinir les rôles des banques coopératives
et mutualistes,
- Création de nouveaux services à la personne ou à la collectivité,
- Création de nouveaux emplois et dynamisation du marché du travail local.

Une économie ancrée dans le territoire


Notions clés - Proximité avec les individus
- Lien social – amélioration de la vie
sociale
- Développement local
- Apports significatifs dans la vie locale

35
III. L’économie sociale aujourd’hui

a. Place de l’économie sociale dans l’économie actuelle : chiffres et constats

En décembre 2008, l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire a été


créé par le CNCRES (Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale et
solidaire). Cet institut a publié le premier Panorama de l’économie sociale et solidaire en
France et en régions. Cette initiative permet aujourd’hui de mesurer la place ainsi que le
poids de l’économie sociale et solidaire. Ce panorama permet d’appréhender certaines
données et caractéristiques liées à l’emploi et aux rémunérations en croisant les activités
économiques des établissements et les catégories juridiques des entreprises sociales. Cet
observatoire permet également de répondre aux questions suivantes ; Qui sont ces
entreprises ? Combien sont-elles ? Combien d’emplois créent-elles ? Quel est leur chiffre
d’affaires ?

D’après de le CNCRES, « il est [en effet] indispensable d’avoir des données fiables,
pertinentes et régulières pour rendre compte de l’activité de ces entreprises, pour mesurer leur
dynamisme, et pour orienter les choix stratégiques des entrepreneurs et de l’action publique ».
Le bilan de l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire, également publié par
l’INSEE en octobre 2010, indique que l’économie sociale et solidaire représente une part non
négligeable de l’emploi en France. Voici les chiffres clés :
- 9.9% de l’emploi français ;
- 2.3 millions de salariés ;
- Plus de 100 000 emplois créés chaque année ;
- 215 000 établissements employeurs ;
- 53.1 milliards d’euros de rémunérations brutes.

Chaque année, près d’un emploi sur cinq est créé par l’économie sociale et solidaire.
D’après l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire, la croissance moyenne de
l’emploi dans l’économie sociale et solidaire suit une progression sensiblement supérieure à
celle des autres entreprises privées et des organisations publiques.

Les entreprises de l’économie sociale et solidaire ont un encadrement majoritairement


féminin et 66% des salariés sont des femmes contre 40% dans les entreprises privées hors

36
économie sociale et solidaire. Ces taux résultent de la forte implication de l’économie sociale
et solidaire dans les domaines d’activité où les emplois féminins sont traditionnellement
importants (éducation, santé, social, finance). Un cadre sur deux est une femme (56% des
cadres), alors que dans l’économie privée hors économie sociale et solidaire, seul 30% des
cadres sont des femmes.

Autres faits marquants, les salariés de l’économie sociale et solidaire sont en moyenne
nettement plus âgés que les salariés du secteur privé hors économie sociale et solidaire avec
335 000 salariés de plus de 55 ans. C’est donc près d’un salarié sur sept qui devrait partir à la
retraite d’ici 2018. Ce phénomène touche davantage les cadres qui sont 20% à avoir plus de
55 ans. Quand l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire prend en compte
dans ses prévisions les salariés de 50 à 54 ans, ce sont 658 00 individus, dont 97 000 cadres,
qui devraient partir à la retraite d’ici 2018.

En France, les employeurs de l’économie sociale et solidaire sont pour 77.1% des
micro-entreprises. Toutefois, la part des entreprises ayant plus de 50 salariés est deux fois plus
importante que dans l’économie privée hors économie sociale et solidaire. Le nombre de
salariés dans l’économie sociale et solidaire est de 11 en moyenne par entreprise, contre 8
dans le reste de l’économie privée.

A noter que l’économie sociale est essentiellement une économie de services. D’après
l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire, l’économie sociale et solidaire est
massivement présente dans les secteurs de l’action sociale (6 salariés sur10, majoritairement
dans les associations) ainsi que dans celui des activités financières et d’assurance (1salarié sur
10 dont 2/3 sous forme coopérative et 1/3 mutualiste). Si le secteur tertiaire regroupe une
majorité des effectifs salariés de l’économie sociale et solidaire, les coopératives exercent
essentiellement dans des activités de production : industrie, construction, agriculture.

37
Place de l’économie sociale
Bilan de l’Observatoire - 9.9% de l’emploi français ;
- 2.3 millions de salariés ;
national de l’ESS
- Plus de 100 000 emplois créés chaque année ;
- 215 000 établissements employeurs ;
- 53.1 milliards d’euros de rémunérations brutes.
Faits marquants - Un emploi sur cinq en France a été créé par l’ESS
- L’encadrement est majoritairement féminin avec 66% de
femmes salariées.
- Les salariés sont nettement plus âgés que dans le reste du
secteur privé avec 335 000 personnes de plus de 55 ans.
- Le nombre de salariés moyen dans une entreprise de l’ESS
est de 11, contre 8 pour les autres entreprises ;
- L’économie est essentiellement une économie de services.

b. L’économie sociale face à la crise économique

La crise que nous vivons depuis septembre 2008 est une crise très complexe. Cette
crise puise ses origines dans le secteur de la finance, elle s’est ensuite étendue à d’autres
domaines pour créer d’autres crises connexes. Parmi celles-ci, la crise des subprimes et
produits structurés, celle des assureurs de crédit, celle qui a fait chuter les grandes banques
comme Lehman Brothers et engendrée des pertes considérables sur les marchés financiers et
les places boursières. Ce sont les excès du capitalisme financier et de l’ultralibéralisme qui ont
provoqué cette crise, doctrines qui se trouvent aux antipodes de la doctrine de l’économie
sociale. D’après les plus grands économistes contemporains, la crise actuelle est en quelque
sorte une mise à nu des limites de l’économie libérale et capitaliste, et une valorisation des
principes de l’économie sociale.

D’après Jean-François Draperi cette crise favorise les attentes que les individus ont de
l’économie sociale. Cette tendance est liée aux excès de la mondialisation, aux inquiétudes
grandissantes face aux menaces écologiques, à la perte de sens de l’économie, et aux excès de
la concurrence qui touchent la plupart des individus dans leur quotidien. Parmi les éléments
concrets qui témoignent de cette demande à se diriger davantage vers un modèle d’économie
sociale : le doublement du nombre de création de SCOP34, la création de filières universitaires
dédiées à l’économie sociale, l’engouement des jeunes diplômés pour se faire embaucher dans
le secteur, l’intérêt fleurissant des épargnants pour la finance solidaire, l’engagement des

34
La Société Coopératives Ouvrière de Production est une société commerciale de type SARL ou SA, dont les associés majoritaires sont les salariés de l’entreprise.

38
collectivités locales pour l’économie sociale, l’intérêt grandissant des medias pour ce secteur
et ses activités…

Cependant, même si cette attente et cette demande d’économie sociale est forte, elle ne
peut pas se développer à la hauteur des espérances car l’offre n’est pas suffisante dans tous les
domaines d’activités. En effet, nous nous trouvons actuellement dans un système économique
lié à l’offre et non à la demande. Ainsi, il y a des secteurs et des activités sur lesquels
l’économie sociale pourrait en théorie se positionner, mais s’en voit privée en pratique. Cela
vaut pour l’éducation où ce sont des groupes côtés en bourse qui conquiert le marché scolaire,
ou encore celui de la santé où les cliniques privées se voient racheter par des fonds de
pension.

La problématique actuelle de l’économie sociale face à la crise est de réussir à saisir sa


chance, se faire reconnaitre et obtenir une place importante dans le paysage économique. La
difficulté de ce secteur est également de se trouver une place à côté de l’interventionnisme de
l’Etat, même si il se désengagement de plus en plus des questions sociales. L’ensemble de ses
difficultés semblent résulter de trois causes :

- Les banques coopératives ont été touchées par la crise financière, créant le trouble au
sein même de l’économie sociale. La crise remet ainsi en cause la non-application des
principes coopératifs.

- Les clivages internes se sont accrus entre les entreprises sociales de marché et celles
davantage tournées vers l’intérêt général. Ils se traduisent entre autre par de fortes
tensions au sein des organisations représentatives de l’économie sociale.

- L’absence de politique publique et de portage politique de l’économie sociale n’aide


pas le secteur à réaliser des propositions concrètes pour sortir de la crise et à affirmer
un projet politique de sortie de crise.

L’économie sociale doit se positionner, d’après des auteurs comme Jean-François Draperi,
comme une alternative crédible en mettant en œuvre son projet politique et sociétal. Pour cela,
elle doit respecter et appliquer les principes qui lui sont propres pour éviter qu’ils se voient
réduits au rôle d’oriflammes. Elle est plus que jamais appelée à être un modèle d’innovation

39
et de créativité en se rapprochant des milieux universitaires, des chercheurs, des créateurs et
de politiques.

La crise actuelle mondiale remet littéralement en cause le système capitaliste prédominant


et fait naître de nouvelles inspirations civiques, sociales et environnementales auxquelles
répond l’économie sociale. Sans vouloir se positionner comme un nouveau modèle unique,
l’économie sociale est aujourd’hui une alternative potentielle au capitalisme ambiant.

L’économie sociale face à la crise économique

Les effets de la crise Les attentes d’économie sociale augmentent


fortement, mais l’économie sociale a du mal à y
faire face car le marché ne le permet pas.
Les difficultés de l’économie sociale face à la - Les banques coopératives ont été
crise touchées de plein fouet par la crise.
- L’augmentation des clivages internes des
entreprises de l’économie sociale.
- L’absence de politiques publiques.

c. Enjeux contemporains et défis de l’économie sociale

Selon Jean-François Draperi et Thierry Jeantet, l’économie sociale est actuellement


tiraillée par différents enjeux essentiels en termes de transformation sociale :

- Renforcer l’organisation nationale représentative de l’économie sociale pour que


cette dernière puisse s’exprimer d’une seule voix. Cela nécessite la rédaction d’un
texte de référence à l’échelle nationale, et l’affectation de moyens essentiels pour
mener des actions de représentation et de lobbying. L’économie sociale doit, selon ses
acteurs, s’affirmer et se faire connaître et reconnaître.

- Rassembler et fédérer les acteurs de l’économie sociale en s’appuyant sur des


dynamiques territoriales et entrepreneuriales, ce qui permettrait de donner au secteur
davantage de cohérence et de visibilité. L’économie sociale doit avoir une image à la
hauteur de son poids dans l’économie française.

40
- Ouvrir les discussions concernant la gouvernance et les pratiques de l’économie
sociale. La notion de démocratie économique spécifique à l’économie sociale doit être
approfondie en mettant à jour les statuts et les pratiques en vigueur.

- Se pourvoir d’outils communs de développement et de financement. Il serait ainsi


probable de voir émerger des banques d’affaires du secteur, des outils communs entre
les fondations des entreprises de l’économie sociale…

- Réaliser des évolutions quant aux formes juridiques qui ne forment pas actuellement
un bloc immuable. L’économie sociale doit poursuivre ses recherches et ses efforts
pour, avec l’aide du législateur, améliorer constamment ses modes de fonctionnement
en fonction des évolutions et tendances sociétales. L’un des principaux chantiers
juridiques à venir est celui de l’élaboration d’un droit des groupes d’économie sociale
au niveau national permettant de dresser des passerelles entre les familles de
l’économie sociale. Aujourd’hui seules les mutuelles peuvent se regrouper sous
l’impulsion du Groupement des Entreprises Mutuelles d’Assurance. Il apparaît
nécessaire d’élaborer dès à présent un véritable droit des groupes de personnes
morales d’économie sociale.

- Influencer l’ensemble des acteurs économiques pour les rapprocher de l’économie


sociale. Cette approche pourrait donner par exemple naissance à des sortes d’alliances
avec des acteurs qui ont des points communs comme la gouvernance participative, le
développement social, ou encore le réinvestissement des excédents.

La crise économique et financière qui touche actuellement la France remet en partie en


cause le système économique dominant. Dans cette période de forte tension, l’économie
sociale se doit de réfléchir sur son rôle à venir, ainsi que sur les défis qu’elle doit relever. Pour
cela, elle doit selon Jean-François Draperi:

- Tendre à modifier la donne économique et financière, notamment en rendant des


produits et des services émanant du commerce équitable plus accessibles, ou encore en
développant un financement davantage coopératif.

41
- Contribuer à remodeler la mondialisation en développant une économie sociale
transnationale, en faisant un nouveau trait d’union entre le Nord et le Sud. L’économie
sociale française pourrait être le moteur d’une économie mondiale plus juste en
transplantant son modèle au-delà des frontières.

- Oser l’innovation en s’ouvrant aux jeunes, ou en formant de nouvelles alliances. Pour


se développer et trouver sa place dans l’économie française, l’économie sociale doit
être audacieuse et dynamique.

- Confirmer son ancrage sociétal en se modernisant, en réalisant de nouveaux pactes


sociaux pour consolider ses liens, en développant une nouvelle approche du temps de
vie ou encore en démocratisant la communication avec des modes de communication
virtuels.

Enjeux et défis de l’économie sociale


Enjeux - Renforcer l’organisation nationale représentative de l’économie sociale
- Rassembler les acteurs de l’économie sociale
- Réaliser des évolutions quant aux formes juridiques
- Se pourvoir d’outils communs de développement et de financement
- Ouvrir les discussions concernant la gouvernance et les pratiques
- Influencer l’ensemble des acteurs économiques pour les rapprocher de
l’économie sociale
Défis - Tendre à modifier la donne économique et financière
- Contribuer à remodeler la mondialisation
- Oser l’innovation
- Confirmer son ancrage sociétal

d. Limites « externes » et « internes » de l’économie sociale

L’économie sociale se retrouve, d’après Jean-François Draperi et Danièle Demoustier,


aujourd’hui confrontée à deux types de limites, limites internes et limites externes.

Les limites dites externes concernent les entreprises qui adoptent seulement une partie
des principes de l’économie sociale. A titre d’exemple, les syndicats, les sociétés d’économie
mixtes, les associations caritatives, ou encore les comités d’entreprises, peuvent être incluses
dans l’économie sociale au sens large alors que ces organisations ne font pas partie de

42
l’économie sociale instituée. Cette tendance correspond à un isomorphisme de l’économie
sociale qui tend à s’accroitre, et à une banalisation du terme et du concept.

Les limites dites internes concernent quant à elles les entreprises ayant des statuts
d’économie sociale. Parfois, ces organisations prennent des décisions qui s’éloignent des
principes et des valeurs fondatrices de l’économie sociale. Le principe le plus concerné par
ces limites est l’a-capitalisme qui est menacé par la rémunération limitée au capital, la
filialisation des sociétés anonymes par croissance externe et la cotation en bourse.

Ces deux types de limites amènent à se poser une question identitaire. Si la tendance
veut que les entreprises d’économie sociale et les entreprises d’économie capitaliste évoluent
vers un modèle commun, quand peut-on affirmer qu’une entreprise sociale quitte le
mouvement. Le statut juridique qui est actuellement le seul critère pour caractériser
l’entreprise d’économie sociale, ne semble plus être suffisant. Il faudrait également prendre en
compte les principes qui guident l’appropriation des valeurs. Pour définir si une organisation
appartient au mouvement d’économie sociale, il faudrait prendre en compte les valeurs de
référence, les principes, les règles juridiques, le projet et les pratiques réellement mises en
place.

Limites de l’économie sociale


Limites externes Certaines entreprises n’adoptent qu’une partie des principes de l’économie
sociale.
Limites internes Certaines organisations prennent des décisions qui s’éloignent des principes
et des valeurs fondatrices de l’économie sociale.
Réflexion La question identitaire se pose, des changements doivent-ils être opérés pour
affirmer qu’une organisation appartient au mouvement de l’économie
sociale ?

e. L’entrepreneuriat social

L’entrepreneuriat social fait de plus en plus parler de lui en se développant dans


l’Hexagone, comme le témoigne la montée du Mouvement des entrepreneurs sociaux.
L’entrepreneuriat social serait défini suivant les critères économiques suivants (Jean-François
Draperi, 2009) :
- Une activité continue de productions de biens et/ou de services
- Un degré élevé d’autonomie par rapport aux pouvoirs publics

43
- Un niveau significatif de risques sur le marché
- Un niveau minimum d’emplois rémunérés

L’entrepreneuriat social serait également défini par les critères sociaux suivants (Jean-
François Draperi, 2009) :
- Un objectif de services à la communauté
- Une initiative émanant des citoyens
- Un pouvoir de décision non basé sur la détention du capital
- Une dynamique participative et une limitation de la distribution des bénéfices

En 2008, l’Agence de valorisation des initiatives économiques (AVISE) a défini


l’entrepreneuriat social selon trois grands critères : modèles économiques de marché, finalité
sociale et gouvernance participative (Jean-François Draperi, 2009). Le 6 mars 2009, la
Confédération Européenne des Coopératives de Production(CECOP) a approuvé cette
définition en insistant toutefois sur la composante participative, c'est-à-dire le contrôle de
l’entreprise par les sociétaires, la gouvernance démocratique et la valorisation du patrimoine
de la collectivité locale (Jean-François Draperi, 2009).

Selon Philippe Frémeaux (Alternatives économiques n°296, 2010), « l'entrepreneuriat


social n'est qu'un terme pour désigner ce que les associations réalisent depuis plus d'un siècle :
produire, avec plus ou moins de subventions publiques, des services à forte utilité sociale dans
de multiples domaines - santé, social, culture, loisirs, éducation populaire, etc. Mais
l'utilisation d'un nouveau mot n'est jamais innocente et traduit ici la volonté de secouer le
cocotier associatif. Les entrepreneurs sociaux portent une double exigence : innover dans la
manière de répondre aux besoins sociaux et gérer efficacement, parce qu'être dans le social ne
justifie pas d'être moins performant. Au final, l'objectif est d'améliorer le rapport qualité/coût
des services rendus aux usagers, à la manière de ce que promeut, par exemple, le Groupe
SOS, une entreprise sociale qui emploie désormais 3 000 salariés et est présente dans tous les
champs de la solidarité (santé, social, éducation, insertion, environnement...). »

Selon le degré de respect de ces règles, les entrepreneurs sociaux appartiennent ou non à
l’économie sociale.

44
Accent mis sur les
Accent mis sur la statuts, la dimension
contribution à l’intérêt démocratique (1
général , statuts Homme, 1 voix), et la
différents (ex : S.A. propriété collective
d’insertion) (réserve impartageable)
(ex : SCOP)

Entrepreneuriat Economie
social sociale

Espace commun :
sociétés de personnes et
finalité de contribution à
l’intérêt général (
ex : SCIC ou CAE)

Figure : Entrepreneuriat social et économie sociale (Jean-François Draperi, 2009)

Entrepreneuriat social
Critères - Une activité continue de productions de biens et/ou de services
- Un degré élevé d’autonomie par rapport aux pouvoirs publics
économiques
- Un niveau significatif de risques sur le marché
- Un niveau minimum d’emplois rémunérés
Critères sociaux - Un objectif de services à la communauté
- Une initiative émanant des citoyens
- Un pouvoir de décision non basé sur la détention du capital
- Une dynamique participative et une limitation de la distribution des
bénéfices

f. L’émergence de l’économie solidaire

Le terme d’économie solidaire a fait son apparition en France dans le domaine


académique autour des années 1980 avec les travaux de François Roustang, philosophe
français, et de Jean-Louis Laville, sociologue et économiste. Le terme est institutionnalisé
avec la création d’un Secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire en 2000.

45
Ce concept a été construit autour de principes en rapport direct avec la proximité :

- En 1996, Cette, Héritier et Singer donnent la définition suivante « services fournis aux
personnes pour améliorer la qualité de la vie ou de l’environnement local et
correspondant autrefois à des fonctions remplies par la sphère familiale élargie».

- Le concept est par la suite davantage formalisé avec trois principes qu’identifie Karl
Polanyi, historien de l’économie. Il s’agit de réciprocité, de marché et de
redistribution. Il désigne ainsi par ce biais l’ensemble des initiatives reposant sur
l’implication des usagers et combinant des ressources marchandes, non marchandes
(dons et subventions), et non monétaires (bénévolat).

- Par la suite, de nouvelles appellations voient le jour comme la nouvelle économie


sociale, le tiers secteur d’utilité sociale, ou encore le terme d’entreprise sociale.

D’après Geneviève Azam, les origines de l’économie solidaire sont avant tout puisées
dans les formes de l’exclusion sociale et l’échec politique de l’économie sociale au sens
traditionnel du terme. L’augmentation du chômage, l’aggravation de la précarité et le recul de
l’Etat providence ont poussés l’économie solidaire à prendre corps pour constituer un outil
« d’insertion par l’activité économique ». L’économie solidaire se pose en résistance à la
logique dominatrice marchande. Elle entend réinstaurer un équilibre entre Etat, marché et
réciprocité.

Les approches de l’économie solidaire marquent un regain essentiel d’intérêt pour la


dimension politique de l’économie sociale. En effet, d’après Geneviève Azam la dimension
politique de l’économie sociale a été rapidement minimisée par rapport à la sphère
économique en passant d’un niveau macro-économique35 à un niveau micro-économique36.
Les acteurs ont davantage mis l’accent sur les règles de fonctionnement que sur le projet
économique en lui-même. En prenant en compte cette dimension politique, l’économie
solidaire remet au goût du jour une problématique qui a été celle de l’économie sociale.
Comme l’a écrit Jean-Louis Laville en 2000, l’économie solidaire « cherche à articuler le
champ politique et le champ économique » alors que « la théorie de l’économie sociale, par sa

35
Science qui ne considère que les phénomènes économiques globaux
36
Science qui étudie les comportements économiques individuels

46
référence à un paradigme de l’intérêt, occulte par construction la dimension intersubjective de
l’action organisée ». Encore d’après Jean-Louis Laville, « À la fois socio-économique et
politique, la problématique de l’économie solidaire est susceptible d’engendrer une critique
subjective des pratiques de l’économie sociale au regard des enjeux de société majeurs. ».
Ainsi, l’économie solidaire tend davantage à s’intéresser au projet politique autour de l’égalité
et la justice, qu’à l’objet économique défini par la rentabilité et la compétitivité. L’économie
sociale et l’économie solidaire partagent les mêmes valeurs de référence, mais l’économie
solidaire ne les classe pas de la même façon. Le concept de solidarité est pris en compte au
sens plus large, entre les acteurs, mais aussi vis-à-vis des autres. Elle complète également les
valeurs de l’économie sociale en y introduisant les valeurs de réduction de la désaffiliation, et
la préoccupation environnementale. L’économie solidaire se place comme une alternative
aux structures de l’économie sociale qu’elle accuse d’isomorphisme en s’éloignant de ses
principes originels. Ainsi, l’économie solidaire renouerait avec « l’être associatif » et mettrait
« au cœur du passage à l’action économique la notion de solidarité ». D’après Jean-Louis
Laville, l’économie solidaire « réintroduit des problématiques à l’origine de l’économie
sociale : celle de la combinaison des formes de travail et d’économie, celle de la contribution
à un débat pluraliste sur les institutions pertinentes de la démocratie ». L’économie solidaire
cherche à l’heure actuelle à promouvoir des activités qui répondent aux attentes sociales, tout
en redonnant de l’importance aux valeurs pionnières de l’économie sociale. L’économie
solidaire apparaît donc comme une économie sociale émergente.

L’économie solidaire
1980 L’économie solidaire fait son apparition avec les travaux de François Roustang et
de Jean-Louis Laville.
2000 Le terme est institutionnalisé avec la création d’un Secrétariat d’Etat à l’Economie
solidaire.
Origines Les origines sont puisées dans les formes de l’exclusion sociale et l’échec
politique de l’économie sociale au sens traditionnel.
Spécificités La naissance de l’économie solidaire témoigne d’un regain essentiel d’intérêt pour
la dimension politique de l’économie sociale. Cette économie entend s’intéresser
au projet politique autour de l’égalité et la justice.

47
g. D’une approche sociale à une approche sociétale, la RSE

D’après Thierry Jeanet, depuis quelques années, nous assistons à des changements de
préoccupations quant à l’appréhension de l’économie. Il ne s’agit plus de concevoir
l’économie par des volets commerciaux et financiers, il s’agit également de prendre en
compte des éléments tels que les normes éthiques, la responsabilité sociale37 et la croissance
durable38. Cette nouvelle tendance a été et est inspirée par des syndicats, des consommateurs,
des organisations non gouvernementales, des actionnaires ou encore des entrepreneurs. Elle se
traduit par davantage de considérations sociales, écologiques et même civiques, comme le
respect des salariés, des fournisseurs, des sous-traitants, et le respect de l’environnement.

Ces nouvelles préoccupations donnent naissance à de nombreuses initiatives dont les


personnes morales de l’économie sociale constituent des parties-prenantes. En effet, les
critères qu’elles appliquent sont aujourd’hui classés dans le champ du développement durable
et de la responsabilité sociale et environnementale. Les organisations de l’économie sociale
ont un rôle d’inspirateur et de pionnier dans le débat actuel.

La responsabilité sociale des entreprise (RSE) est définie par la Commission


européenne de la façon suivante ; « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et
écologiques des entreprises à leur activités commerciales et leurs relations avec les parties
prenantes ». Le déploiement d’une démarche de RSE par les entreprises témoigne d’une
volonté de progrès. Afin d’être visible du grand public, ces entreprises n’hésitent pas à publier
des chartes ou des codes de bonne conduite, ou à diffuser un rapport relatant les mesures
mises en œuvre et les progrès accomplis conformément aux engagements pris. Pour
renouveler leurs démarches, les entreprises sociales ont elles-mêmes élaboré ce type de
chartes avec des recommandations et engagements. L’économie sociale produit également des
documents communs aux représentants et aux entreprises de forme traditionnelle comme La
charte du développement des assureurs publié en 2009 par l’Association française de
l’assurance.

37
La responsabilité sociale renvoie à des dimensions marchandes et non marchandes dans la gestion et à la prise en compte des effets externes positifs et négatifs des
entreprises sur la société.
38
Théorie économique selon laquelle il faut créer un environnement saint où les citoyens du pays en question pourront s’épanouir et atteindre l’excellence. Il s’agit donc, par
le biais de l’environnement, de créer les stimulants qui rendront l’économie stimulante et qui attirera les capitaux.

48
La publication de rapports annuels qui vise à mesurer la mise en place d’engagements,
est obligatoire pour les entreprises cotées de plus de 200 salariés d’après la loi sur les
nouvelles régulations économiques. Les entreprises d’économie sociale ne sont pas soumises
à cette obligation. Pourtant, elles sont nombreuses à publier des rapports annuels.

La RSE semble aujourd’hui s’inspirer grandement des valeurs et des principes de


l’économie sociale. Il est possible de voir dans la prise de conscience grandissante des
entreprises pour la responsabilité sociale et environnementale, une incursion de l’économie
sociale en leur sein. Banalisation, vulgarisation, ou expansion de l’économie sociale, les avis
divergent.

La RSE
Le rôle de l’économie sociale Les organisations de l’économie sociale ont un rôle d’inspirateur
et de pionnier dans le débat actuel concernant du développement
durable et de la responsabilité sociale et environnementale (RSE).
L’économie sociale prise - L’économie sociale produit des documents communs aux
comme modèle représentants et à des entreprises de forme traditionnelle.
- La RSE semble aujourd’hui s’inspirer grandement des
valeurs et des principes de l’économie sociale.

49
Tableau de synthèse permettant de mieux appréhender les points de concordance et de
divergence entre l’économie sociale, l’économie solidaire et la RSE.

Economie sociale

Points communs Points divergents

• Motivation conduite par • Origines puisées dans les formes


l’aggravation de la précarité, le d’exclusion sociale
recul de l’Etat providence et
l’augmentation du chômage • Naissance du mouvement en
opposition à l’échec de l’économie
• Résistance face à la logique sociale au sens classique du terme
dominatrice marchande
• Regain important pour la dimension
• Valeurs de référence politique de l’économie sociale
Economie (égalité et justice) en opposition à
solidaire l’objet économique qui est privilégié
par l’économie sociale.

• Classement des valeurs de référence ;


le concept de solidarité est pris en
compte au sens plus large.

• Inspiration puisée dans les valeurs • Concerne les entreprises qui


et les principes de l’économie n’appartiennent pas au mouvement de
sociale l’économie sociale

• Prise en compte d’éléments tels que • Déploiement de la démarche réalisée


les normes éthiques, la pour être visible du grand public, et
responsabilité sociale et la non par conviction
croissance durable
• Publication obligatoire de rapports
• Considération sociale, écologique annuels pour certaines entreprises
RSE et civique ; le respect des salariés,
des fournisseurs, des sous-traitants,
et de l’environnement

• Publication de rapports et chartes


avec recommandations et
engagements

50
h. Bilan : Pourquoi développer l’économie sociale

Ces figures ont été réalisées avec des éléments abordés dans la revue de littérature.

Figure1 : Pourquoi développer l’économie sociale

Figure 2 : Les effets attendus du développement de l’économie sociale

51
PARTIE 2 : ETUDE EMPIRIQUE

I. Formulation des hypothèses de recherche

Hypothèse 1 : La création d’instances spécialisées favorise l’essor de l’économie sociale.

Hypothèse 2 : La reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale favorise


l’essor de l’économie sociale.

Hypothèse 3 : L’instauration d’un gouvernement de gauche favorise l’essor de l’économie


sociale.

Hypothèse 4 : La mise en place d’avantages fiscaux en faveur des structures de l’économie


sociale favorise l’essor de l’économie sociale.

Hypothèse 5 : Le manque d’encadrement des structures de l’économie sociale joue en


défaveur de l’essor de l’économie sociale.

Hypothèse 6 : Le développement de la RSE dans les entreprises favorise l’essor de l’économie


sociale.

Hypothèse 7 : La mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire
favorise l’essor de l’économie sociale.

52
Hypothèse 8 : La diffusion d’informations sur l’économie sociale par le gouvernement et par
les acteurs de l’économie sociale favorise l’essor de l’économie sociale

II. Démarche de la recherche et choix méthodologiques

a. Choix d’une étude qualitative

Selon Morse, pour réaliser une étude empirique, il convient de commencer par
imaginer ce que l’on va trouver. Comme l’explicite Raymond-Alain Thietart, « projeter le
type de résultat attendu, voire le résultat souhaité lui-même, permet […] de trouver plus
facilement les différentes méthodes envisageables pour parvenir à la réponse ». Le type de
méthode retenu dépend donc de la problématique centrale et du résultat souhaité. Il existe une
multitude de méthodes d’analyse de données ayant toutes une finalité différente.

D’après Raymond-Alain Thietart, « on appelle monde empirique l’ensemble des


données que l’on peut recueillir ou utiliser sur le terrain. Ces dernières peuvent être des faits,
des opinions, des attitudes, des observations, des documents. Dans le domaine de la recherche
en management, le chercheur délimite par son intérêt et son attention, un cadre au sein de ce
monde empirique. […] De plus, le chercheur peut délimiter ce cadre par dans le temps par sa
présence effective sur le terrain. »

L’étude empirique de ce mémoire a pour objectif de répondre à la problématique


suivante : quels facteurs peuvent impulser l’essor de l’économie sociale en France ? D’après
Marco Caramelli, « les données qualitatives sont nécessaires pour répondre à des questions de
type qui, pourquoi, comment, quand où. » Selon lui, les données qualitatives sont en partie
nécessaires pour comprendre des processus et mécanismes en profondeur, ainsi que pour
explorer un domaine dont les informations existantes sont limitées voire inexistantes. C’est
donc ce mode de collecte de données qui sera retenu pour cette étude car il paraît être le plus
adapté.

53
b. Entretiens individuels semi-directifs

Les principaux modes de collecte de données primaires en recherche qualitative selon


Raymond-Alain Thietart, sont l’entretien individuel, l’entretien de groupe, et l’observation
participante, ou non participante. L’entretien est une technique destinée à collecter des
données discursives dans l’objectif de les analyser par la suite. Selon Raymond-Alain
Thietart, l’entretien individuel est une situation de face à face entre un enquêteur et un sujet.
Ainsi, la notion d’entretien est fondée sur la pratique d’un questionnement du sujet avec une
attitude plus ou moins marquée de non-directivité de l’enquêteur vis-à-vis du sujet. Deux
types d’entretiens individuels se démarquent ; l’entretien non directif, et l’entretien semi-
directif. Au cours de l’entretien non-directif, l’enquêteur se contente de définir un thème
général sans intervenir sur l’orientation du sujet. Au cours de l’entretien semi-directif, appelé
également entretien « centré », le chercheur applique, selon Raymond-Alain Thietart, les
mêmes principes que pour l’entretien non-directif, à la différence qu’il utilise un guide
structuré pour aborder une série de thèmes préalablement définis. C’est cette démarche qui
correspond le mieux à l’étude empirique de ce mémoire. Une étude qualitative menée grâce à
des entretiens individuels semi-directifs permettra d’aboutir aux résultats escomptés. En effet,
si les grands thèmes abordés correspondent aux facteurs pouvant influencer l’essor de
l’économie sociale, les entretiens permettront d’infirmer ou d’affirmer les hypothèses
formulées, et même de les enrichir. Il s’agira également de savoir dans quelle mesure ces
facteurs influent sur l’essor de l’économie sociale.

c. Taille de l’échantillon

Pour déterminer la taille de l’échantillon d’individus sollicités, il faut appréhender la taille


minimale qui permettra d’obtenir une confiance satisfaisante des résultats. D’après Glaser et
Strauss, l’échantillon ne doit pas comporter d’ordre de grandeur du nombre d’unités
d’observation. D’après eux, la taille adéquate est celle qui permet d’atteindre une saturation
théorique qui arrive lorsqu’on ne trouve plus d’information supplémentaire capable d’enrichir
la théorie. Il est donc a priori impossible de connaître à l’avance quel sera le nombre d’unités
d’observation nécessaire lors de l’étude empirique. De plus, personne ne peut réellement avoir
la certitude qu’il n’existe plus d’information supplémentaire. Il revient donc au chercheur de
prendre la décision d’arrêter la collecte des données lorsque les dernières unités
d’observations n’ont pas apportées d’éléments nouveaux. C’est cette démarche qui sera

54
retenue dans ce mémoire car c’est celle-ci qui permet semble-t-il d’optimiser la qualité des
résultats souhaités.

d. Population ciblée et individus sollicités

La population ciblée sera composée d’individus travaillant, ou ayant travaillé dans le


secteur de l’économie sociale, de l’économie solidaire et de l’entrepreneuriat social. Ces
personnes travailleront donc ou auront travaillé dans une structure œuvrant dans l'économie
sociale, solidaire ou dans une entreprise sociale : associations, fondations, mutuelles et
coopératives. Un panel relativement complet permettrait d’obtenir des résultats satisfaisants et
représentatifs. Les individus contactés auront au préalable été repérés grâce à des revues et à
des organismes spécialisés, mais également grâce à mon propre réseau relationnel.

e. Elaboration du guide d’entretien

Selon Marco Caramelli, l’utilisation d’un guide d’entretien est une exception nécessaire
au principe de neutralité et de non-directivité de l’entretien. Il convient donc d’en élaborer un
avant de débuter la collecte de données primaires. Ce guide se compose de la liste des thèmes
qui permettront de collecter des données attendues et d’une trame de questions semi-
directives à administrer lors des entretiens avec des professionnels.

f. Limites de la démarche globale

La démarche retenue comprend certaines limites :


- L’arrêt de la conduite d’entretiens individuels semi-directifs est une décision
subjective. Celle-ci peut être juste, mais elle ne pourra pas être indiscutable, et aucune
méthode ne pourra valider de manière certaine cette décision. Pour pallier à ce
problème, les entretiens prendront fin lorsque les résultats obtenus arriveront à
saturation sémantique.

- La contrainte de temps pour mener ces entretiens constitue un frein compte tenu de
l’échantillon. Le nombre d’entretiens qu’il va falloir réaliser pour arriver à une
saturation sémantique est un élément totalement inconnu. Il est probable que le temps
imparti ne soit pas suffisant pour arriver au résultat escompté. Une rigueur
méthodologique s’impose pour remédier à cette limite : bonne gestion du temps, prise
de contacts rapide, optimisation de la disponibilité.

55
- Le fait de viser des populations spécifiques travaillant dans le domaine de l’économie
sociale n’est pas aisé à tenir. Il se peut que peu de personnes veuillent accorder du
temps à une étudiante réalisant son mémoire de recherche de fin de scolarité. Pour
surmonter ce risque, le nombre de demande d’entretiens sera multiplié.

III. Analyse thématique

Cette analyse thématique a été établie sur la base d’entretiens réalisés avec des
professionnels travaillant dans l’économie sociale (retranscription en annexes). Le terme
économie sociale englobe les structures de l’économie sociale et de l’économie solidaire, ainsi
que les entreprises sociales. Cette définition est valable pour l’ensemble de l’analyse. Pour
chaque thème abordé, la réflexion s’articulera autour des arguments allant dans le sens de la
validation, puis autour de ceux allant à son encontre.

a. Thème 1 : La création d’instances spécialisées favorise l’essor de l’économie


sociale

D’après les interviews menées, l’hypothèse est validée. La création d’instances


spécialisées favoriserait l’essor de l’économie sociale. Les individus interrogés évoquent deux
types d’instances : celles créées par les acteurs de l’économie sociale et celles créées par la
puissance étatique.

 Les organes existants

Il existe un grand nombre d’instances qui chapeautent le mouvement de l’économie


sociale en France. Chaque type de structures dispose d’un organe représentatif : FNMS39 pour
les mutuelles ou la COORACE40pour les entreprises d’insertion. D’autres organismes

39
La Fédération nationale de la Mutualité Française rassemble 700 mutuelles de santé qui protègent 38 millions de personnes. Les mutuelles sont des organismes à but non
lucratif. Elles font vivre un système de solidarité, d'entraide et de prévoyance. Elles combattent l'exclusion et la discrimination.

40
D’après le site institutionnel de la COORACE, « la COORACE est née en 1985. La fédération COORACE réunit aujourd'hui près de 500 entreprises de l'économie sociale
et solidaire. Elle se caractérise par la diversité des entreprises qu'elle fédère, permettant une réflexion et des actions transversales au service de l'emploi, de l'insertion et du
développement de territoires solidaires. Ses adhérents sont principalement des Structures de l'Insertion par l'Activité Economique (SIAE). Il s'agit également d'Organismes
agréés Services à la Personne (OASP) regroupés sous la marque commerciale Proxim'Services. L'ensemble de ces entreprises salarie annuellement près de 100 000 personnes
dont 83 000 dans le cadre de parcours d'insertion. »

56
occupent déjà le paysage comme le CEGES41, le CRES42, la Direction Générale de la
Cohésion Sociale, ou encore le Conseil Supérieur de l’Economie Sociale43qui est un organe
consultatif placé sous la tutelle du Ministère de la Santé et de la Solidarité. D’autres acteurs
sont également présents sous forme de fédérations très spécifiques comme le Mouvement des
entrepreneurs sociaux44 (MOUVES) qui a pour finalité de fédérer les entrepreneurs sociaux
ou encore le CJDES45. L’économie sociale est valorisée par des mesures telles que celle du
fond jeun’ESS46 qui vise à développer l’économie sociale et solidaire chez les jeunes.

 Création d’instances par les acteurs de l’économie sociale

Les individus interrogés ont émis des suggestions qui pourraient permettre l’essor de
l’économie sociale grâce à la volonté des acteurs du mouvement :

41
D’après le site institutionnel du CEGES, « Le Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l’Economie Sociale (CEGES) regroupe les entreprises, employeurs
et organisations de l’économie sociale et solidaire. En tant que mouvement, l’Association a pour mission de fédérer les acteurs de l’économie sociale et solidaire, de les
représenter dans le dialogue avec les pouvoirs publics et la société civile et de promouvoir leur modèle entrepreneurial. »

42
Conseil National des Chambre Régionales de l’Economie Sociale - D’après le site institutionnel du CNCRES, « Les CRES(S) sont des associations représentatives et
transversales qui ont vocation à réunir les acteurs de l’économie sociale (et solidaire) de leur région : les associations, les coopératives, les fondations d'entreprise de l'ESS,
les mutuelles, les syndicats employeurs de l’économie sociale et dans la plupart des régions, les réseaux d'économie solidaire et de développement local. »

43
En 2006, dans le cadre de la redéfinition d’une nouvelle délégation à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale, le CEGES a demandé au
gouvernement, la création d’un Conseil Supérieur de l’Economie Sociale (qui se substitue au Comité Consultatif antérieur, lequel n’avait plus été réuni depuis 2002). Créé
par décret (n° 2006 – 826) le 10 juillet 2006, il est présidé par La Ministre de l’Economie, de l’Industrie et des Finances, Mme Christine Lagarde. Un arrêté du 28 septembre
en a nommé les membres (35 titulaires, dont 15 proposés par le CEGES, et 3 par la Conférence nationale des Chambres régionales de l’économie sociale), et son installation
a eu lieu le 6 décembre 2006.Trois groupes de travail sur les thèmes suivants : L’innovation sociale, sous l’impulsion d’Hugues Sibille, La mesure de l’impact social, animé
par Thierry Sibieude, ESSEC, La question d’un label pour l’économie sociale et solidaire, animé par Claude Alphandéry, président du Labo de l’ESS.

44
D’après le site institutionnel du MOUVES, « Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (MOUVES) est un mouvement de personnes qui se retrouvent sur des valeurs, des
pratiques et la volonté de construire une économie humaine qui réponde efficacement aux besoins de la société : emploi, santé, éducation, dépendance, logement,
alimentation, etc. Le MOUVES veut fédérer et représenter les entrepreneurs sociaux. Des entrepreneurs qui portent une vision, prennent des risques, développent et innovent,
managent des équipes. Des entrepreneurs motivés avant tout par l’intérêt général, pour qui le profit est un moyen et pas une fin en soi. Des entrepreneurs qui partagent
équitablement les richesses qu’ils créent. »

45
D’après le site institutionnel du CJDES, « Le CJDES est né en 1985 de la volonté de dirigeants de l’économie sociale de mettre en commun les expériences et
compétences. Le CJDES est soutenu par des entreprises, des institutions publiques et des adhérents engagés autour d’une conception moderne, pragmatique et solidaire de
l’économie sociale. Son rôle d’observateur et de créateur d’émergences solidaires le conduit à veiller au renouvellement des générations. Le CJDES est un lieu ouvert à la
réflexion collective en-dehors des mandats et des fonctions représentatives de chacun. Il réunit des profils aussi divers qu’enrichissants : jeunes, dirigeants et acteurs de
l’économie sociale, Pouvoirs publics… Son Conseil d’Administration, est constitué de personnalités issues de tous les horizons : mutuelles, associations, coopératives,
entreprises d’insertion… etc. »

46
D’après secteurpublic.fr, « A l’occasion du forum national des associations et des fondations, Marc-Philippe Daubresse a signé avec les grandes entreprises de l’économie
sociale et solidaire la création d’un fonds dénommé « Jeun’ESS » destiné à développer l’économie sociale et solidaire chez les jeunes. Ce fonds, financé à 50 % par une
subvention du ministère de la Jeunesse et des solidarités actives et à 50 % par la Fondation MACIF, la Fondation Crédit Coopératif, la MAIF, la Fondation Groupe Chèque
Déjeuner, la Fondation AG2R La Mondiale et La MGEN, sera doté d’1,2 million d’euros dès sa création. Ce fonds sera piloté par l’Agence de Valorisation des Initiatives
Socio-Economiques (AVISE). Il visera à répondre à la quête de sens des jeunes qui souhaitent s’investir par le biais de leur travail ou d’une action bénévole au service d’un
projet de société réconciliant l’homme et la planète. Selon un sondage CSA (janvier 2010), l’économie sociale et solidaire bénéficie d’une forte attractivité chez les jeunes :75
% d’entre eux estiment que le fait qu’une entreprise soit une « entreprise sociale », les inciterait à postuler et 62 % seraient prêts à créer une « entreprise sociale » ».

57
- La mise en place d’un label par le MOUVES ayant pour objectif d’identifier les
entreprises appartenant à l’entrepreneuriat social d’une part pour les aider à se financer
et d’autre part pour créer une visibilité pour le grand public.
- La création d’un organe qui concentre les organisations professionnelles qui sont
actuellement 4 ou 5. Cette association interprofessionnelle doit être l’émanation des
structures de l’économie sociale et solidaire, et non de l’Etat. Il y a eu des progrès
récemment avec la présentation de listes communes lors des élections prud’homales.
Cependant l’économie sociale est encore loin de parler d’une seule voix. Il serait
également nécessaire qu’il y est une reconnaissance de l’USGERES47.
- La nécessité que des personnes créent des liens, des ponts entre les structures
existantes pour qu’il y ait à terme des porte-parole et des instances représentatives de
tout le secteur. Il faut des instances de dialogue et d’échange dans un monde où il y a
des rivalités entre les membres originels et les nouveaux acteurs.
- Les instances comme les CRESS pourraient voir évoluer leur statut vers un statut
consulaire. Le CEGES pourrait lui aussi évoluer dans le même sens.
- La mise en place d’outils serait sans doute plus utile que des instances qui existent
déjà. Ces outils pourraient rendre les acteurs davantage autonomes et favoriseraient
leur développement. Le soutien par le biais d’outils concrets tels que les clauses
favorisant les acteurs de l’économie sociale dans l’attribution de marchés publics
serait plus bénéfique que la création d’instances spécialisées.
- Création d’une formation spécifique au sein des organismes de formation visant à
préparer des individus à développer une entreprise de l’économie sociale.
- La création d’instances doit être une volonté française mais aussi européenne.

Cependant, la création d’instances spécialisées par les acteurs de l’économie sociale reste
aujourd’hui une utopie en raison de blocages dus à des luttes de personnes et des désaccords
d’ordre politique. Pour créer de nouvelles instances, il faudrait qu’il y ait un renouveau et
qu’une nouvelle dynamique s’installe au sein des structures déjà existantes. Dans le contexte
actuel, il très difficile de fédérer des acteurs dont les natures sont diverses. Au lieu d’être une
richesse, cette diversité est un frein au regroupement des acteurs sous une même bannière en
raison de conflits d’intérêt, de divergences politiques et de la trop grande disparité des statuts.
Il existe actuellement trop d’instances, il y a un foisonnement avec des regroupements

47
Union de Syndicats et Groupements d’Employeurs Représentatifs dans l’Economie Sociale

58
d’acteurs plus ou moins spécialisés. Il y en a beaucoup pour un ensemble peu visible et peu
lisible. Il faudrait rationaliser les instances déjà existantes qui manquent d’efficacité.

Mais le problème majeur de l’économie sociale aujourd’hui est qu’elle n’est pas
réellement définie. Ce terme regroupe des structures très diverses qui ne s’entendent pas sur la
définition du mouvement. Les premières barrières visibles sont celles liées à la sémantique et
aux vocables utilisés. Les acteurs emploient tous des termes différents et ne définissent pas le
mouvement de la même façon. Certains plaident pour une ouverture, alors que d’autres
privilégient un cloisonnement. Ce débat qui anime les acteurs engendre actuellement l’inertie
du mouvement. Avant de créer des instances, il faut que l’ensemble des parties prenantes
opère une cohésion qui leur permettra d’avoir davantage d’influence.

Malgré ces disparités, une volonté de regroupement émane de la part des différents acteurs
de l’économie sociale. Cet effort de synergie semble prendre forme à travers des initiatives
telles que les Etats Généraux de l’Economie Sociale et Solidaire les 17, 18 et 19 juin 2011
organisés par le Labo de l’Economie Sociale et Solidaire.

 Création d’instances par la puissance étatique

La plupart des personnes interviewées ont également évoquée la nécessité de


l’implication de l’Etat, mais en dehors des instances créées par les acteurs de l’économie
sociale. Cette démarche de l’Etat peut se manifester de différentes façons :

- Création d’un organe public de consultation avec les pouvoirs publics et les structures
de l’économie sociale.

- La création d’un secrétariat d’Etat48 rattaché au ministère de l’économie. Cet


affichage pourrait ouvrir des portes. Entre 1999 et 2002 il y a eu un secrétariat d’Etat
solidaire, mais il a disparu. La mise en place d’un organe décisionnaire relevant du
pouvoir exécutif constituerait une force d’impact sur l’administration et sur les
ministères. Cette création permettrait également de donner à l’économie sociale une
meilleure visibilité externe, et ainsi de lui allouer davantage de poids en faisant
ressortir un enjeu transversal et qui touche beaucoup de ministères.

48
Un secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire a été créé en 2000, disparu depuis l’arrivée du gouvernement Raffarin.

59
- L’instauration d’une banque publique d’investissement49 ayant pour objectif d’aider
les PME et PMI et donc par ce biais les structures de l’économie sociale (idée figurant
dans le programme du Parti Socialiste).

- La mise en place d’une structure qui formerait les fonctionnaires de la direction du


travail qui ne connaissent pas les IAE. En effet, la Direction du Travail est chargée
d’allouer ou non des subventions aux IAE en fonction des résultats du dialogue de
gestion.

En mettant en place cette démarche, l’Etat impulserait le mouvement sans pour autant le
créer, ce qui n’est pas de son ressort. L’Etat est un catalyseur (financement et lois), mais il
reste avant tout un partenaire qui n’a pas les moyens de réunir tous les acteurs de l’économie
sociale, notamment à cause de querelles intestines. La mise en place de mesures en faveur de
l’économie sociale permettrait aux acteurs d’acquérir un poids politique plus important et
d’avoir une visibilité politique conséquente. A noter que le rapport du député
Vercamer50présenté en octobre 2010 a permis d’engendrer une prise de conscience importante
et d’entamer une réflexion de la part des politiques. Depuis février 2010, le gouvernement
évoque l’idée d’un « label » des entreprises sociales qui s’inspirerait du modèle britannique de
la Social Enterprise Mark qui distingue environ 400 entreprises au Royaume-Uni. Cependant,
le bilan français est différent. Il existe aujourd’hui 230 000 entreprises de l’économie sociale,
ce qui représente environ 10% du produit intérieur brut (PIB) (cahier du « Monde », n°20 614,

49
La banque publique d'investissement est une proposition issue du programme économique du Parti Socialiste. Ce pôle piloterait et financerait la politique industrielle, selon
le porte-parole du PS Benoît Hamon.

50
D’après Francis Vercamer, « Ce rapport vient conclure un travail de réflexion et d’élaboration de préconisations qui a duré 6 mois, et pour lequel j’ai souhaité associer très
largement l’ensemble des acteurs de ce secteur intéressés par cette démarche. L’économie sociale et solidaire constitue un secteur économique dont l’activité est très ouverte
et portée aux questions de solidarités et plus généralement aux enjeux de société. Elle est un pan de notre économie qui est très dynamique, créateur de richesses et ce faisant
qui n’oublie pas d’être créateur d’emplois. C’est un secteur très présent dans notre économie, puisqu’il contribue à hauteur de 7 à 8% à la formation de notre PIB, qu’il
représente 10% de l’emploi salarié, que la création d’emplois y est plus dynamique que dans le secteur privé (+ 2,6% en moyenne de 2001 à 2006 contre une augmentation de
1,1% dans le secteur privé). Trois grands constats peuvent être dressés : tout d’abord, et corollaire de la grande diversité de l’économie sociale et solidaire, une difficulté à
appréhender l’ampleur du périmètre exact du secteur, qui se sent insuffisamment reconnu. Ensuite, une aspiration forte des acteurs de l’ESS à voir leurs spécificités et leurs
préoccupations mieux prises en compte par les pouvoirs publics. Enfin, troisième constat, le secteur est riche d’atouts et de potentiels qu’il estime insuffisamment reconnus et
sollicités. Face à ce constat, la mission a déterminé les axes d’une approche d’une politique globale de développement de l’ESS, à travers quatre grandes orientations
générales qu’illustrent 50 propositions concrètes. Ces orientations visent en particulier à :favoriser une meilleure visibilité ainsi que la prise en compte des enjeux, en
particulier européen, de l’économie sociale et solidaire, permettre aux structures et entreprises de ce secteur d’accéder à des dispositifs de droit commun qui facilitent leur
croissance, promouvoir une politique active d’aide et d’accompagnement qui tienne compte des spécificités de ce secteur, mieux prendre en compte le secteur de l’économie
sociale dans l’élaboration des politiques publiques. Les 50 propositions que vous trouverez dans le rapport visent à donner une impulsion nouvelle au développement de
l’économie sociale et solidaire et dessinent les contours d’une politique globale qui permette aux acteurs de l’ESS de prendre toute leur place dans l’économie nationale. Ce
rapport n’est qu’une étape dans un processus d’élaboration de cette politique qui me paraît essentielle, et qui, j’insiste sur ce point, doit être élaborée en partenariat avec les
acteurs de ce secteur. Laurent Wauquiez s’est engagé à réunir rapidement le Conseil supérieur de l’économie sociale pour travailler sur ces propositions, et d’apporter des
réponses concrètes pour aider celles et ceux qui sont convaincus de pouvoir entreprendre autrement pour la croissance et la création d’emploi. »

60
mardi 3 mai 2011). Mais ce décompte n’intègre pas des entreprises sociales n’ayant pas le
statut de l’économie sociale (coopératives, mutuelles et associations) : insertion par l’activité,
maintien de l’agriculture paysanne, commerce équitable, microcrédit… Ces entreprises qui
ont résisté à la crise et créé deux fois plus d’emplois que le secteur privé sont source
permanente d’innovation et contribuent à la cohésion sociale (cahier du « Monde », n°20 614,
mardi 3 mai 2011). L’idée du Label constitue une très bonne piste pour reconnaître
l’ensemble de ces entreprises, mais il est extrêmement difficile, voire illusoire, de regrouper
sous la même bannière des entreprises aussi diverses.

Suite aux préconisations du rapport Vercamer, un plan de développement de l’économie


sociale a été mis en place :

- Renforcer la concertation entre les acteurs et le Pouvoirs Publics : cet axe de travail
sera engagé avec la réforme du Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire.

- Accélérer la mise en œuvre des préconisations du rapport Vercamer : sensibilisation


aux métiers de l’économie sociale dans l’enseignement, soutien de l’entrepreneuriat
social, appui du développement des entreprises sur un pilotage local.

- Développer l’ancrage territorial de l’économie sociale avec des territoires tests :


Rhône-Alpes, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Nord-Pas de Calais.

- Développer l’innovation sociale : création de micro franchises solidaires,


développement de « pépinières » de l’entrepreneuriat social, réalisation de deux guides
pour favoriser l’accès des entreprises de l’économie sociale aux dispositifs de droit
commun pour la création d’entreprises et d’innovation, soutien à la rencontre
mondiale des entrepreneurs sociaux en juin 2011.

Les acteurs de l’économie sociale souhaitent s’unifier pour peser plus lourd dans la sphère
politique et économique notamment en améliorant leur visibilité. Cependant, ce regroupement
s’avère difficile, mais la volonté des acteurs et la naissance d’initiatives laissent présager un
avenir florissant pour l’économie sociale. L’intervention de l’Etat pourrait aider le
mouvement sans pour autant le supplanter. La création d’un Secrétariat d’Etat lui conférerait
une légitimité économique et politique.

61
Par les acteurs de l’économie sociale:
• organe qui concentre les organisations professionnelles
• personnes qui créent des liens
• évolution de certains statuts
• mise en place d'outils
• création d’une formation spécifique
• la création d’instances doit être une volonté française mais
aussi européenne
Création
d'instances
spécialisées
Par l'Etat :
• création d’un organe public de consultation
• création d’un secrétariat d’Etat
• instauration d’une banque publique d’investissement
• mise en place d’une structure qui formerait les
fonctionnaires

b. Thème 2 : La reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale


favorise l’essor de l’économie sociale

Aux vues des réponses données lors des entretiens, l’hypothèse selon laquelle la
reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale favoriserait l’essor de
l’économie sociale est valable. Cette reconnaissance permettrait à l’économie sociale de jouir
d’une meilleure visibilité et d’une plus grande lisibilité.

 Voies privilégiées pour la reconnaissance de l’économie sociale

La question est de savoir par quelles voies pourrait se concrétiser cette reconnaissance.
Voici les suggestions des personnes interviewées :

- Instauration de critères : La liberté de l’économie sociale est à la fois une force et une
faiblesse. L’établissement de critères pourrait constituer une reconnaissance officielle
mais cette option est à double tranchant. Si les critères sont flous, il risque d’y avoir
des dérives, si au contraire ils sont trop restrictifs, les initiatives diminueront.

62
- Label représenté par un logo : La question du label est extrêmement importante. Elle
constitue un enjeu majeur et une étape intéressante, bien que compliquée à mettre en
œuvre. Le lancement d’un label permettrait de faire coïncider différentes logiques
pour dégager davantage de visibilité et de clarté. Il y a actuellement un débat au
Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire autour de l’instauration d’un
label. Il faut néanmoins faire attention aux critères qui vont être retenus, ils pourraient
être trop limitatifs. La diversité de l’économie sociale est une richesse, trop
d’exigences formelles et contraignantes pourraient la desservir. On pourrait imaginer
une labellisation, qui pourrait se fonder sur des critères éthiques par exemple. En
France, les acteurs économiques et politiques apprécient de pouvoir situer les
structures avant de les rencontrer, avant de s’engager dans un éventuel partenariat par
exemple. Pour cela, l’existence d’un label permettrait de « rassurer » les contacts
éventuels, les prospects, voire d’élargir les cibles potentielles. Mais la question du
label ne fait pas l’unanimité et ne parvient pas à convaincre tout le monde car il paraît
difficile d’y réunir l’ensemble des acteurs. Certains craignent que les critères choisi
desservent une partie du mouvement et freine les initiatives. Si par exemple le critère
du statut est retenu, une partie des entrepreneurs se verront exclus du mouvement. Il
faut noter qu’il existe déjà une reconnaissance par des labels qui appartiennent à
différents réseaux comme celui « d’entreprises solidaires ». Cependant, ces labels ne
permettent pas une visibilité du mouvement dans sa globalité.

- Définition commune : Il est nécessaire que la puissance publique, les politiques et le


grand public puissent identifier les entreprises qui sont sociales ; quel est leur poids et
combien sont-elles. Pour cela il faut identifier leur statut mais surtout leur finalité et
leur utilité. La multitude de termes employés dessert le secteur. Il n’y a pas de
définition réelle. Aujourd’hui, nous assistons à un changement de culture et de
perspective dans lequel interviennent les entreprises sociales qui sont décriées par une
partie du mouvement. Il faudrait qu’il y ait une reconnaissance commune du fer de
lance de l’économie sociale et solidaire qui est le but non lucratif des activités, ce qui
n’exclut pas la rentabilité. L’économie sociale pourrait alors tenir un discours efficace
et uni. Il y a une trop grande volonté d’unifier et de gommer la diversité de l’économie
sociale. La construction d’une identité commune est nécessaire, mais il faut prendre
garde de ne pas occulter la diversité sociale qui est une occupation qui bloque le
mouvement. Il faudrait une action commune autour d’enjeux, de pratiques et de

63
valeurs communes qui correspondent aux fondamentaux de l’économie sociale. Il faut
reconnaitre les spécificités de l’économie sociale qui se différencie de l’économie au
sens classique pour que la législation soit adaptée.

- Représentations syndicales : Des efforts doivent être menés concernant des aspects
plus institutionnels tels que la représentation des syndicats de l’économie sociale dans
les négociations paritaires. Les organisations patronales de l’économie sociale doivent
également être reconnues. L’USGERES ainsi que des syndicats de salariés pourraient
être reconnus comme des interlocuteurs de l’Etat et au même titre que le MEDEF51, la
CGPME52 ou l’UPA53.

- Statuts spécifiques : L’instauration de statuts spécifiques pourrait permettre aux


structures de l’économie sociale d’être identifiées par le grand public, le label ne
suffisant pas. Le grand public a quant à lui besoin de communication et de relation de
proximité pour mieux appréhender l’économie sociale. La mise en place d’un statut
permettrait que l’économie sociale se renforce et se développe. Pour les mutuelles, ce
statut serait un statut particulier qui ne les mette pas en concurrence avec les
assurances pour que ces deux entités aient la même réglementation.

- Volonté politique : Les structures de l’économie sociale ne sont pas suffisamment


reconnues, mais elles ne sont pas pour autant combattues. Une volonté politique
pourrait apporter cette reconnaissance dans la mesure où l’économie sociale peut
répondre à un besoin des individus de se retrouver dans ce type d’organisations. Il est
nécessaire qu’il y ait une reconnaissance de l’utilité de gestion, et donc d’abolir la
mesure du dialogue de gestion. Cette reconnaissance politique interviendrait dans un
contexte où les associations constituent un secteur oublié par l’Etat qui leur verse de
moins en moins d’argent.

- Législation : La reconnaissance officielle de l’économie sociale doit passer par la


législation et donc s’effectuer par voix législative.

- Secrétariat d’Etat : La reconnaissance au sein de la puissance publique doit passer par


une place dans les instances officielles. L’Etat peut reconnaître l’économie sociale à
travers la mise en place d’un Secrétariat d’Etat lui étant dédié. Mais les critères de

51
Mouvement des entreprises de France
52
Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises
53
Union Professionnelle Artisanale

64
reconnaissance demeurent difficiles à définir ; est-ce l’objet social, la présence
d’actionnaires, et de quel type ?

- Ouvrir le débat : Aujourd’hui il faut essayer de faire reconnaître le secteur à l’échelle


européenne. En France il existe des textes et une législation, le même travail doit être
reproduit au niveau européen.

La question de la reconnaissance de l’économie sociale est étroitement liée avec la


question d’une identité commune des acteurs du mouvement. Les idées foisonnent pour que
cette reconnaissance devienne une réalité, mais elle ne sera pas réalisable tant que les acteurs
du mouvement ne seront pas à l’unisson.

 Instauration de critères
 Label représenté par un logo
 Définition commune
 Représentations syndicales
 Statuts spécifiques Reconnaissance de
 Volonté politique l’économie sociale
 Législation
 Secrétariat d’Etat
 Ouverture du débat au niveau
européen

c. Thème 3 : L’instauration d’un gouvernement de gauche favorise l’essor de


l’économie sociale

Les personnes interviewées estiment majoritairement que l’instauration d’un


gouvernement de gauche favoriserait l’essor de l’économie sociale.

 La gauche plus sensible aux thèmes de l’économie sociale

La gauche a de manière générale une plus grande propension à favoriser l’économie


sociale ; il y a une porosité entre les deux : réseaux militants et valeurs. La gauche accorde
une grande attention à la société civile et à l’économie sociale : sensibilité envers la cohésion
sociale. En effet, la dimension philosophique de la gauche se rapproche davantage de
l’économie sociale que celle de la droite. La gauche a besoin en vue des élections de 2012 de

65
s’appuyer sur la société. L’économie sociale va donc être une des préoccupations, mais cela
est davantage lié à un contexte particulier de sortie de crise durant laquelle le capitalisme
financier a montré ses limites. En outre, la gauche recherche un nouveau moteur de
développement économique, elle pourrait s’inspirer du modèle de l’économie sociale. La
notion d’économie sociale est davantage portée par la gauche que par la droite, surtout par le
biais des collectivités et des régions. La droite reconnaît l’intérêt de l’économie sociale et
solidaire, mais elle est davantage influencée par des entreprises qui pensent que l’économie
sociale et solidaire est déjà trop avantagée.

 Les mesures que la gauche pourrait mettre en place

La question est également de savoir quelles mesures pourraient être mises en place par un
gouvernement de Gauche. Les interviews ont permis de donner des pistes :

- Favoriser les petites structures - L’économie est aujourd’hui dominée par les
entreprises du CAC 40 qui demandent toujours plus de rendement externalisé et de
production. C’est la finance qui dirige plutôt que les managers d’entreprise. Pour
contrebalancer cette situation, la gauche pourrait développer les petites structures qui
sont moins exposées à la concurrence dans les services ou la technologie de pointe.
Ces actions favoriseraient donc l’essor de l’économie sociale.

- Financement et fiscalité - Un gouvernement de gauche pourrait intervenir dans le


financement et la fiscalité des entreprises de l’économie sociale.

- Soutenir la création de coopératives - Le gouvernement pourrait favoriser le rachat par


les salariés des entreprises qui ferment et qui sont délocalisées. Ces structures
pourraient se transformer en coopératives. Les politiques pourraient jouer en faveur
des rachats par des mesures telles que l’emprunt à taux 0. Cela permettrait à des
entreprises traditionnelles de pouvoir survivre par les volontés des salariés.

- Améliorer sa connaissance – Un gouvernement de gauche pourrait introduire des


modules de l’économie sociale dans l’éducation nationale.

- Soutenir le mouvement – Un gouvernement de gauche pourrait encourager le


lancement d’un Grenelle de l’économie sociale autour d’un plan de développement sur
le modèle du Grenelle de l’environnement.

66
- Développement européen – Un gouvernement de gauche épaulerait la création d’un
statut européen pour les associations, comme c’est déjà le cas pour les mutuelles.
L’idée est de développer la diffusion de l’économie sociale dans les pays où elle n’est
pas encore présente.

- Soutien de l’IAE - L’instauration d’un gouvernement de gauche favoriserait


notamment les chantiers d’insertion qui dépendent des subventions de l’Etat. Il
pourrait faire abolir la mesure qui oblige les associations d’insertion à présenter un
bilan quantifié de leurs activités : nombre de personnes en CDI, en CDD, nombre de
sorties, nombre de personnes suivies… Il pourrait également allouer davantage de
subventions pour les formations des personnes en insertion : alphabétisation, CAP
(aujourd’hui que très peu de places)…

- Secrétariat à l’économie sociale - Un gouvernement de gauche pourrait instaurer un


Secrétariat à l’économie sociale faisant ainsi avancer la reconnaissance politique du
mouvement.

- Mise à disposition d’outils - La gauche pourrait assurer un soutien à l’économie


sociale sur le long terme en soutenant par exemple les contrats aidés. Elle pourrait
mener une politique pérenne grâce à des outils concrets. Pour le mutualisme, cela
passerait par l’instauration d’une Sécurité Sociale qui prendrait en charge 100% des
soins.

Cependant, un gouvernement de gauche pourrait défendre l’économie sociale à condition


que la gauche porte une rupture avec le capitalisme. Le travail récemment mené avec le Parti
Socialiste n’a pas réellement abouti. Le programme du parti pour les élections présidentielles
de 2012 n’accorde que très peu de place à la question de l’économie sociale en étant trop
timide. La droite semble actuellement plus sensible aux questions de l’entrepreneuriat social
et serait davantage porteuse d’actions.

 Favoriser les petites structures


 Financement et fiscalité
 Soutenir la création de coopératives
Mesures  Améliorer sa connaissance
envisageables  Soutenir le mouvement
 Développement européen
 Soutien de l’IAE
Secrétariat à l’économie sociale
Mise à disposition d’outils
67
 L’économie sociale, un mouvement apolitique

Finalement, ce n’est pas la couleur politique qui joue un rôle majeur pour l’économie
sociale, mais l’opinion publique qui est elle davantage entendue par les politiques : la
frontière gauche/droite n’est pas absolue. Le principal frein sont les limites budgétaires, et ce
pour tous les gouvernements. Le secteur n’est pas réellement dépendant de la couleur
politique, bien que le sujet soit mis en avant avec plus d’aisance par la gauche que par la
droite. L’économie sociale n’a pas de réelle logique politique, ce sont les moyens mis en
œuvre et la volonté qui va à priori compter. Il y a cependant des tenants de l’économie sociale
à gauche comme à droite. C’est à l’économie sociale de se rendre visible et lisible auprès des
politiques, et ce avec tous les bords politiques.

Le monde de l’économie sociale est apolitique et ne se reconnaît pas dans l’Etat, une sorte
de troisième secteur. La question de l’économie sociale ne se règle pas avec l’aspect politique,
mais sur le terrain. Tous les politiques devraient cependant être sensibles à l’attrait de leurs
contemporains pour les valeurs que porte l’économie sociale. La sensibilité aux valeurs de
partage, de respect mutuel, d’entraide et de solidarité ne dépend pas seulement d’une
appartenance politique.

d. Thème 4 : La mise en place d’avantages fiscaux en faveur des structures de


l’économie sociale favorise l’essor de l’économie sociale

La majorité des personnes interrogées estime que la mise en place d’avantages fiscaux
favoriserait l’essor de l’économie sociale. Ils doivent néanmoins être compris par l’opinion
publique et par les autres acteurs.

 Les avantages fiscaux envisageables

- Modifier l’impôt sur les bénéfices - Les grandes entreprises payent 8% d’impôt sur
leurs bénéfices, alors que les PME et PMI y contribuent de façon plus importante. Il
s’agit d’inverser cette tendance : que les grandes entreprises payent davantage cet
impôt et que les petites entreprises soient aidées en participant moins. Cette mesure
favoriserait l’économie sociale. Il s’agirait également de moduler l’impôt sur les
sociétés en fonction du dynamisme des entreprises. Cette mesure impacterait

68
directement les entreprises de l’économie sociale qui sont caractérisées par leur
dynamisme.

- Ne pas appliquer de nouvelles taxes - Avant d’envisager des exonérations de


cotisations, il s’agit de faire en sorte que les structures de l’économie sociale ne soient
pas accablées par les nouvelles taxes, comme c’est le cas pour les mutuelles qui ont vu
leurs taxes se multiplier depuis plusieurs années. Le poids du financement de la
protection sociale est important alors que les grandes entreprises se voient exonérées
de charges patronales. Les mutuelles doivent depuis peu verser la taxe sur les
conventions d’assurance54 qui les pénalise beaucoup. Il faudrait retirer cette taxe.

- Rétablir un équilibre entre les entreprises - Il faudrait corriger l’application de


mesures fiscales et rétablir un équilibre entre les structures de l’économie sociale et les
structures d’économie capitaliste. Par exemple, l’ensemble des agences de voyages,
telles que Pierre et Vacances, ont en tout chaque année des avantages fiscaux qui les
exonèrent de près de 6 millions d’euros par an, alors que l’Etat ne verse que 2 millions
d’euros par an aux organisations du tourisme social. Il faudrait corriger cette tendance.

- Favoriser le crédit impôt recherche - La mise en place de réformes fiscales telles que
les crédits d’impôt recherche favoriserait l’innovation au sein des structures de
l’économie sociale. Ce type de mesure pourrait avoir un effet levier.

- Défiscalisation - La défiscalisation de certaines entreprises en fonction de leur finalité


sociale pourrait également constituer un atout pour les structures de l’économie
sociale.

- Exonération - La mise en place d’une exonération de charges serait une mesure utile
pour les structures de l’économie sociale étant donné que le coût du travail est très
élevé. Les exonérations de la TVA sur certaines activités réduiraient également les
charges des structures de l’économie sociale. A savoir qu’il existe déjà des avantages

54
D’après le site Fiscalonline, « Depuis le 1er octobre 2002, l’article 995 du CGI prévoit une exonération de taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) pour les
contrats d’assurance maladie complémentaire dits « solidaires » qui respectent certaines conditions. Il s’agit des contrats qui respectent certaines conditions relatives à
l’absence de prise en compte de l’état de santé de l’assuré pour la tarification des primes et cotisations pour les opérations individuelles et collectives à adhésion obligatoire
ou facultative et à l’absence de questionnaire médical pour les opérations individuelles et collectives à adhésion facultative. Depuis le 1er janvier 2006, le champ
d’application de l’exonération a été restreint aux seuls contrats d’assurance maladie solidaires également qualifiés de « responsables ».Les contrats d’assurance maladie qui
ne répondraient pas aux conditions de l’article 995 du CGI restent soumis à la TSCA selon le tarif de 7%. »

69
fiscaux pour les associations intermédiaires avec une déduction de 50% du prix des
prestations sur les impôts des clients. Les associations intermédiaires également sont
exonérées de certaines taxes. Pour les mutuelles, il faudrait mettre en place des
avantages fiscaux pour les assurés. Cette mesure inciterait les personnes qui cherchent
à se couvrir à adhérer à une mutuelle. Cet avantage peut se faire sur le modèle des
adhésions aux associations avec une déduction fiscale.

Ne pas
appliquer de
nouvelles taxes

Modifier
l’impôt sur les Défiscalisation
bénéfices

Mesures fiscales
envisageables

Rétablir un
équilibre entre Exonération
les entreprises

Favoriser le
crédit impôt
recherche

 Les avantages fiscaux, une mesure à double tranchant

Cependant, pour certaines personnes interrogées, la mise en place d’avantages fiscaux


n’apparaît pas comme réaliste car il y a trop de diversité au sein du secteur. Ce type de
mesures pourrait ouvrir le champ au social washing et engendrerait des difficultés quant à sa
mise en place. Ces dispositifs pourraient en effet être perçus comme déloyaux vis-à-vis des
entreprises classiques, à l’image des IAE55.La mise en place d’avantages fiscaux ne serait
donc pas dans l’air du temps en partie en raison du fait que les organisations se veulent

55
D’après Camille Dorival, journaliste à Alternatives Economiques, rédactrice en chef de La lettre de l’insertion par l’activité économique, « Les associations et les
entreprises du secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) permettent à des personnes exclues du marché de l’emploi de se (re)familiariser avec le monde du travail,
tout en bénéficiant d’une formation et d’un accompagnement adaptés. L’objectif, au terme de ce parcours d’insertion, est qu’elles aient en main tous les atouts pour retrouver
un emploi convenable sur le marché « ordinaire » du travail. »

70
autonomes et indépendantes de l’Etat. Les avantages fiscaux ne sont pas forcément
responsables et crédibles.

Le problème réside également dans le fait que l’économie sociale se situe à la fois dans un
champ concurrentiel et dans un champ non concurrentiel. Si des aides fiscales sont allouées, il
faut qu’il y ait une certaine transparence et que ces avantages soient alloués en raison de
contraintes inhérentes au secteur pour ne pas soulever l’accusation de concurrence déloyale.
Tant au niveau européen qu’au niveau national, l’instauration d’avantages fiscaux ne sera pas
autorisée au nom de la concurrence. La question aujourd’hui est davantage de conserver les
avantages fiscaux légitimes.

e. Thème 5 : Le manque d’encadrement des structures de l’économie sociale joue


en défaveur de l’essor de l’économie sociale

La plupart des individus interrogés pense que le manque de contrôle de l’ensemble des
structures de l’économie sociale joue en défaveur de l’économie sociale. L’économie sociale
est aujourd’hui confrontée à quelques dérives qui desservent le secteur en renvoyant une
mauvaise image du mouvement. Il faut que l’économie sociale soit exemplaire et
irréprochable pour être synonyme d’excellence. S’l doit y avoir un contrôle, la question serait
de savoir qui serait en mesure de le réaliser, avec quels dispositifs et selon quels critères. Une
chose est certaine, c’est qu’il faut que ce soit une instance qui ait l’aval de l’ensemble du
mouvement et qui soit strictement indépendante de l’Etat.

 Le renforcement de l’encadrement du mouvement

Ce contrôle pourrait être réalisé grâce à l’attribution d’un label dont il faudrait
déterminer les critères. L’instauration d’un label ou d’un statut commun, comme évoqué
précédemment pourrait permettre la mise en place de dispositifs d’exception favorisant
l’économie sociale (dispositifs légaux spécifiques). Les structures et les salariés pourraient
également s’investir dans une organisation transversale (structures issues de l’économie
sociale, avec un mode de fonctionnement spécifique et en accord avec les valeurs). Cette
organisation constituerait un moyen de favoriser la démocratie transversale et d’associer un
maximum de personnes. Elle serait une garantie pour le projet de l’économie sociale, pour les
salariés, et pour le maintien des valeurs. Pour cela, il faudrait créer une émulation visant à

71
aboutir à un travail commun à l’ensemble des structures regroupant les acteurs de l’économie
sociale autour des questions et thèmes communs. Il faudrait créer une organisation qui
représenterait le mouvement d’une seule voix. Cette instance indépendante des pouvoirs
publics pourrait s’appuyer sur des réseaux de coordination comme le CEGES et les chambres
régionales. Le manque de capacité à agir dessert l’économie sociale. Il faut essayer d’agir
ensemble, sans pour autant tuer la richesse. Pour mener à bien la création d’une instance
commune à l’ensemble du mouvement qui aurait la légitimité d’avoir un droit de regard sur
les faits et agissements des membres, il faudrait rajeunir la gouvernance de l’économie sociale
qui semble en partie réticente à cette instauration. Il s’agit de renouveler la gouvernance avec
des personnes compétentes ayant des capacités. Il y a un enjeu de formation dans l’économie
sociale. Il est également envisageable de mettre en place des modèles de certification comme
une charte d’engagement des acteurs. Seulement, tout cela a un coût pour les acteurs.

Comment renforcer
l’encadrement du
mouvement ?

 Attribuer un label
 Créer une organisation transversale
 Rajeunir la gouvernance de l’économie sociale
 Mettre en place une charte d’engagement des acteurs

 Le manque d’encadrement, un atout pour le mouvement

Pour certaines personnes interrogées, la faiblesse de l’encadrement des structures de


l’économie sociale permet de libérer des énergies et de développer davantage de projets.
Globalement, l’économie sociale ne souffre pas du manque d’encadrement et la perception
des initiatives de l’économie sociale est positive. Le problème majeur résiderait davantage
dans le fait que le terme d’économie sociale n’est pas très parlant pour les citoyens lambda.
Ils ne perçoivent pas l’économie sociale alors qu’un grand nombre s’y confronte
régulièrement (en étant sociétaires de mutuelles par exemple). Il s’agit de mettre en avant les
enjeux, d’insister sur la finalité de l’économie sociale. Pour cela, il faut impérativement

72
qu’elle soit bien dirigée et managée, c’est une condition sine qua non. Ce sont les dirigeants
qui doivent créer une culture de transparence et initier les projets. S’il y a des dérives, c’est
que ces personnes ne partagent pas les valeurs de l’économie sociale. Le problème relève
donc en ce sens d’un manquement de la part des dirigeants.

f. Thème 6 : Le développement de la RSE dans les entreprises favorise l’essor de


l’économie sociale

Les avis sont partagés sur la question ; les uns pensent que la RSE est un bienfait qui
favorise l’essor de la RSE, alors que les autres affirment que la RSE dessert l’économie
sociale.

 La RSE, un bon support pour l’économie sociale

Pour les premiers la RSE est une bonne chose car c’est un sujet de préoccupation pour les
français. Elle valide le discours de l’économie sociale ainsi que ce qu’elle porte (aux niveaux
économique et social). L’objectif final de la RSE est de faire respecter les valeurs et les
besoins sociaux au sein des entreprises, ce qui est le fer de lance des entreprises sociales. La
responsabilité sociale des entreprises favorise la propagation des valeurs de l’économie
sociale, mais il faut prendre garde à ce que la RSE ne soit pas assimilée à l’économie sociale.
Les interactions et les ponts entre la RSE et l’économie sociale sont très intéressants, mais il
faut prendre garde à ce qu’ils ne créent pas de confusion. Cependant l’amalgame que fait
l’opinion publique entre la RSE et les entreprises sociales ne constitue pas un problème. Cette
méconnaissance permet de créer un dialogue et d’ouvrir des portes.

La RSE soulève un enjeu crucial qui est de montrer que les entreprises qui l’appliquent ne
sont pas nécessairement des entreprises sociales. Une communication appuyée sur un label
pourrait permettre de clarifier la situation et d’éviter tout amalgame La RSE peut favoriser la
diffusion des pratiques responsables concernant l’écologie et l’économie. La RSE fait évoluer
les entreprises sur un certain nombre d’enjeux. Les dirigeants peuvent imposer des choses aux
actionnaires, ce qui était impossible auparavant. La sensibilisation se fait progressivement.
Les cadres des entreprises prennent conscience de l’aberration de certaines pratiques.

73
Aujourd’hui la RSE émane d’une volonté des entreprises. La législation les oblige
seulement à publier un rapport annuel sur le sujet. Il faudrait passer à une obligation légale.
Actuellement, la RSE est du ressort du bon vouloir des entreprises. La RSE permet une
grande progression de pratiques vertueuses qui émane d’une volonté réelle des entreprises. Il
y a une prise de conscience des DRH et des dirigeants qui prennent en compte des enjeux qui
aujourd’hui dépassent la notion de marché de l’économie capitaliste.

La notion de RSE est intéressante car elle permet aux entreprises de servir de modèle et
d’inspirer les entreprises classiques. Ces entreprises ont parfois des difficultés à sortir du
modèle qu’elles connaissent et n’y parviennent que grâce à l’aide des entreprises sociales. La
RSE permet un travail commun entre ces deux types d’entreprises en favorisant notamment la
création de partenariats. Ce type d’association est bénéfique aussi bien pour les entreprise
classiques que pour les entreprises sociales. La RSE crée un lien entre les deux mondes.
Cependant, la RSE est plutôt un habillage qu’un réel mouvement de fond, tout en restant une
porte d’entrée pour l’économie sociale.

 La RSE, un phénomène qui dessert l’économie sociale

Néanmoins, une part des individus interrogés pense au contraire que la RSE constitue
une façade car ce sont en réalité les lois du marché qui dominent la logique des entreprises.
La RSE n’est dans ces conditions pas compatible avec le capitalisme tel qu’il existe
aujourd’hui. Il faudrait pour que la RSE influence l’essor de l’économie sociale au sein des
entreprises un autre capitalisme, davantage soucieux de la répartition du capital en fonction du
travail, un capitalisme contrôlé, régulé dans lequel la place du secteur public domine. Il
faudrait également que des moyens plus importants soient accordés aux syndicats.

Il semble intéressant que quelques principes de l’économie sociale se diffusent,


néanmoins, les questions de gouvernance, d’application de normes, ou encore de
réinvestissement du profit qui sont des questions centrales, nécessitent beaucoup plus de
travail que l’application de quelques principes. La RSE constitue davantage une contrainte
politique plutôt qu’une volonté réelle de la part des entreprises. La RSE s’inscrit dans un
contexte où la société exerce une forte pression56. La RSE constitue davantage une contrainte

56
Ainsi, un article (n° 116, ) dans la loi sur les Nouvelles régulations économiques (NRE) votée en 2001 demande que les entreprises cotées en bourse indiquent dans leur
rapport annuel une série d’informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités.

74
politique plutôt qu’une volonté réelle de la part des entreprises. La RSE s’inscrit dans un
contexte où la société exerce une forte pression57.

La RSE crée un phénomène de banalisation par les entreprises car elle engendre de la
confusion dans l’esprit du grand public alors que l’économie sociale doit se différencier
surtout en mettant en évidence son mode de gouvernance démocratique. Les structures de
l’économie sociale ont également un meilleur taux de rentabilité et une dimension
démocratique qui répond à l’attente des français qui souhaitent une économie différente, des
entreprises qui ont du sens, et une démocratie au sein de la sphère économique. A ce jour,
aucune des sociétés qui se sont engagées dans la RSE ont voulu changer de modèle pour
devenir des sociétés de l’économie sociale et solidaire.

Pour une entreprise, se situer dans une démarche RSE, c’est d’une part être beaucoup plus
attractive pour des consommateurs pour qui cela entre en ligne de compte dans leur choix
d’achat (c’est une tendance croissante), pour les fournisseurs (au niveau des clauses
d’insertion dans les marchés publics, au respect environnemental…). Cela joue également
pour attirer de nouveaux salariés (ou les fidéliser), soucieux de participer à un projet
d’entreprise pas uniquement tourné vers le profit. La RSE devient très tendance même si c’est
une préoccupation majeure pour l’opinion. La RSE s’apparente davantage au green washing.

La notion d’entreprise citoyenne se répand, les effets de diverses innovations récentes


s’ajoutent les uns aux autres : l’aide aux associations par les pouvoirs publics, la Charte de la
Diversité, la Halde, le service civique, le nombre d’appels à projets innovants au plan social,
lancés ou soutenus par les instances publiques comme la Région Ile-de-France par exemple,
ou bien encore l’Etat via les ministères concernés qui s’y mettent à leur tour.

La RSE peut banaliser le discours de l’économie sociale. La RSE aujourd’hui ne favorise


pas l’essor de l’économie sociale. C’est une nouvelle source d’information et un nouveau
positionnement qui brouille l’image de l’économie sociale. La RSE pourrait être bénéfique
dans un deuxième temps si elle pouvait pousser l’économie sociale à clarifier son discours :
ses différences, ses fondamentaux.

57
Ainsi, un article (n° 116, ) dans la loi sur les Nouvelles régulations économiques (NRE) votée en 2001 demande que les entreprises cotées en bourse indiquent dans leur
rapport annuel une série d’informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités.

75
Quand la RSE s’applique à des petites entreprises, la question se discute car le dirigeant
n’a pas la même relation avec ses salariés et peut avoir une fibre sociale et davantage de
marge de manœuvre s’il n’y a pas d’actionnaires externes majoritaires.

La RSE

Support intéressant pour l’économie Phénomène desservant l’économie


sociale sociale
 Diffuse le discours de l’économie  Constitue une façade ; ce sont en
sociale ainsi que ce qu’elle porte réalité les lois du marché qui
 Favorise la propagation des valeurs dominent la logique des entreprises
de l’économie sociale  Constitue davantage une contrainte
 Sert de modèle pour inspirer les politique plutôt qu’une volonté
entreprises classiques réelle de la part des entreprises
 Crée un lien entre les deux mondes  Crée un phénomène de banalisation
car elle engendre de la confusion
dans l’esprit du grand public

g. Thème 7 : La mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur


tertiaire favorise l’essor de l’économie sociale

Pour une minorité des personnes interviewées, la mise en place d’une stratégie globale
tournée vers le secteur tertiaire favorise l’essor de l’économie sociale. Pour la majorité, il ne
faut pas que l’économie sociale se cloisonne à se développement que dans le secteur tertiaire.

 La mise en place d’une stratégie tournée vers le tertiaire

Pour certains, le secteur tertiaire est le secteur qui a le plus de poids dans la société
française et suscite une réelle vocation chez les jeunes. Les entreprises fleurons de l’économie
sociale se trouvent dans ce secteur, quand on parle d’économie sociale, le terme évoque les
entreprises de services. Les entreprises de l’économie sociale produisant des biens n’ont pas
réussi à s’imposer comme des leaders dans leur filière. Mais elle devrait se développer
davantage dans des secteurs porteurs tels que la dépendance et l’économie verte.

Pour certaines structures comme les IAE, il est quasiment impossible de développer une
autre stratégie que celle tournée vers le tertiaire. Les personnes suivies par des IAE sont

76
orientées vers des métiers peu qualifiés : ménage, bricolage, travaux publics… Le travail dans
d’autres secteurs d’activité s’avère impossible pour ces personnes car ce sont des postes trop
qualifiés.

 Adopter une stratégie tournée vers l’ensemble des secteurs d’activités

Pour la majorité des personnes interviewées, la France a besoin de produire et donc de


développer son secteur productif. Si toute l’économie sociale était axée sur les services, la
production à bas coûts serait laissée aux autres pays. La France a besoin d’un secteur
productif de biens de hautes technologies et de biens de l’économie durable. Il vrai qu’il est
plus facile pour l’économie sociale de se spécialiser dans les services, mais ce serait dommage
de laisser de côté la production de biens alors qu’elle est tout à fait réalisable.

Le secteur tertiaire a tendance à plus se développer mais la crise économique a rebattu les
cartes sur ces aspects car les pays qui ont le mieux résisté sont les pays développés les plus
industrialisés. L’industrie doit permettre le changement. Aujourd’hui, il y a une absence de
politique industrielle en France, alors que nous ne pouvons pas nous le permettre. Il faut
arriver à produire localement et éviter les délocalisations. Une politique de ré-industrialisation
initiée par l’Etat pourrait avoir en partie pour vocation de soutenir l’activité des coopératives
ouvrières.

L’implantation de l’économie sociale dans tous les domaines de l’économie favorise


l’innovation et le lien social. Cet ancrage permet d’inventer une nouvelle économie sociale et
de créer une identité. Le volet tertiaire est très important, mais il ne faut pas pour autant
négliger les autres secteurs. Il ne faut pas délaisser le secteur primaire qui doit être une force
pour la France. Le pays doit rétablir sa souveraineté alimentaire en développant notamment
l’agriculture de proximité. Le secteur industriel est lui aussi trop faible, il faudrait le
développer davantage à l’image de l’Allemagne.

Le secteur doit se tourner vers une stratégie qui vise à entreprendre autrement, et ce dans
tous les secteurs. C'est la manière de faire qui compte et non le secteur. Il faut partir du besoin
social et voir la façon dont il est possible d'y répondre. La logique ne doit pas être sectorielle,
elle doit se focaliser sur la finalité des projets .La stratégie doit être tournée vers le besoin de
la collectivité, des clients et des employés.

L’économie sociale et solidaire a un mode d’organisation industriel qui vaut pour toutes
les activités. Il est cependant plus difficile à concevoir si les besoins de capitaux sont élevés.

77
Les compagnies industrielles à capitaux légers peuvent plus facilement appartenir à
l’économie sociale et solidaire. Il y a également une difficulté avec la dimension
internationale quand les entreprises doivent s’internationaliser. Pour lever des fonds, les
entreprises créent des sociétés sous des statuts qui ne font pas partie de l’économie sociale et
solidaire.

Le secteur tertiaire
 Secteur qui a le plus de poids dans la société
 Suscite une réelle vocation chez les jeunes
 Pour certaines structures comme les IAE, il est quasiment
impossible de développer une autre stratégie que celle tournée
vers le tertiaire
Stratégie
tournée
vers :
Tous les secteurs d’activités
 Favorise l’innovation et le lien social
 Permet d’inventer une nouvelle économie sociale et de créer
une identité
 Encourage le secteur primaire et le secteur industriel
 Opte pour une stratégie qui vise à entreprendre autrement, et
ce dans tous les secteurs
 Prendre en compte le besoin social et voir la façon dont il est
possible d'y répondre
 La logique ne doit pas être sectorielle, elle doit se focaliser
sur la finalité des projets

h. Thème 8 : La diffusion d’informations sur l’économie sociale par le


gouvernement et par les acteurs de l’économie sociale favorise l’essor de
l’économie sociale

Toutes les personnes interrogées s’accordent à dire que la diffusion d’informations sur
l’économie sociale est indispensable. Il s’agit de communiquer sur les valeurs et les piliers de
l’économie sociale. La diffusion d’informations donnerait une meilleure visibilité à
l’économie sociale en lui créant une identité vis-à-vis de l’opinion publique. Les acteurs de
l’économie sociale seraient alors à même de faire peser leurs revendications grâce à leur
reconnaissance par l’opinion publique. C'est aujourd'hui l'enjeu principal. Pour cela, il faut
utiliser toutes les voies possibles. Si cette diffusion n’existe pas, les médias et l’opinion
publique ne peuvent pas reconnaître le secteur en tant que tel.

78
A l’évidence, toute mesure visant à accroître ou bâtir une notoriété, et donc favoriser
un accroissement de l’activité est une bonne initiative. Plus généralement, après la crise
majeure qui a impacté nos économies, l’émergence de valeurs sociales est incontestable et
porteuse de sens aux yeux de beaucoup de responsables d’entreprises.

 Voies et canaux de diffusion de l’information

Cette diffusion de l’information pourrait se faire via les medias, Internet, et également via
les structures de formations professionnelles et la filière éducative. Cela permettrait
d’influencer les producteurs, les créateurs, les jeunes actifs et les entrepreneurs. Le
premier public qu’il faut viser sont les jeunes car d’ici quelques années beaucoup de
départs à la retraite vont être opérés dans les structures de l’économie sociale. L’économie
sociale devra dès lors se renouveler.

- La télévision pourrait jouer un rôle considérable en diffusant des émissions montrant


la réussite d’entreprises de l’économie sociale. Elle pourrait également diffuser une
campagne financée par les acteurs de l’économie sociale comme celle de l’artisanat.
Ce type de diffusion d’information aurait un impact certain sur l’opinion publique.
Elle pourrait être financée par les acteurs et par des subventions. Internet pourrait
également jouer un rôle important en mettant en relation des individus ayant des idées
et des personnes prêtent à investir.

- L'organisation de grands évènements et de mouvements qui regroupent les acteurs se


développent de plus en plus. L'objectif est de faire passer un message unifié envers
l'Etat et l'opinion publique. Les acteurs doivent communiquer et éduquer les
populations via des actions comme les Etats Généraux de l’ESS les 17 et 18 juin 2011.

- L’Education Nationale a un rôle important à jouer dans le secondaire et dans le


supérieur. L’économie y est enseignée mais peu de place est laissée aux alternatives de
l’économie libérale. L’éducation, devrait dispenser un enseignement qui ne prône pas
qu’un seul modèle économique à l’image de quelques universités. La diffusion
d’information passe en effet par la sensibilisation des étudiants. Pour cela, il faut faire
intervenir des professionnels dans le secondaire et dans les universités.
L’enseignement de l’économie sociale dans les programmes scolaires constitue une
nécessité et cela passer par la prise en compte des pouvoirs publics. Un programme a
déjà été lancé : Jeun’ESS. Il comprend trois volets : favoriser la connaissance par les
79
jeunes de l’ESS, favoriser l’émergence des entreprises de l’ESS par les jeunes et
rajeunir l’ESS.

- Les cercles de dirigeants doivent davantage faire la promotion de l’économie sociale


et faire de la pédagogie autour du grand public. L’important est de convaincre
notamment les politiques grâce à la parole d’ambassadeurs de l’économie sociale.

- L’instauration d’un label et la réalisation d’une campagne de communication


favorisant les produits de l’économie sociale pourraient développer l’activité de
l’économie sociale. Elle pourra également se faire quand celui-ci sera opérationnel.

- Les militants constituent de bons vecteurs pour diffuser de l’information sur


l’économie sociale. Cependant, ils doivent faire attention au discours qu’ils tiennent et
garder un certain esprit critique envers l’économie sociale, tout n’est pas
nécessairement vertueux.

- Une autre voie à envisager pour diffuser de l’information sur l’économie sociale est
celle des clients et des membres de l’économie sociale et solidaire qui sont satisfaits.
Ils peuvent relayer une bonne image du mouvement.

- Mais il ne faut pas se limiter à la communication. Il faudrait associer des structures


comme les syndicats pour instaurer un rapport de force. Cependant, peu de choses
avancent car l’économie sociale ne parle pas d’une seule et même voix face aux
décideurs politiques. L’économie sociale a une aura mais elle ne l’utilise pas.

 La télévision
 L'organisation de grands évènements et de mouvements
 L’Education Nationale
 Les cercles de dirigeants
Voies de diffusion  L’instauration d’un label et la réalisation d’une
de l’information campagne
 Les militants
 Les clients et les membres de l’économie sociale et
solidaire
Les syndicats pour instaurer un rapport de force

80
A l’heure actuelle, il y a déjà beaucoup trop de sources d’information. L’information
est mal diffusée et manque d’efficacité. Il y a un réel besoin de clarification. Les gens ne
voient pas ce qu’il y a derrière l’économie sociale alors que la plupart sont en accord d’un
point de vue philosophique. Cette méconnaissance est liée au fait que le secteur est
extrêmement diversifié, qu’il ne s’exprime pas d’une seule voix et ne forme pas une unité.
L’économie sociale doit parler d’une même voix et véhiculer les mêmes concepts. Cela
pourrait passer par l’institution d’un label. Le débat théorique est fatiguant, il faut passer à des
actions concrètes.

i. Synthèse de l’analyse thématique

D’après l’analyse thématique réalisée au préalable, les facteurs susceptibles de pouvoir


impulser l’essor de l’économie sociale en France sont les suivants :

 La création d’instances spécialisées par les acteurs de l’économie sociale et par l’Etat
 La reconnaissance officielle de l’économie sociale
 L’instauration de mesures phares par un gouvernement de gauche
 La création d’un encadrement chapeautant le mouvement
 La mise en place d’avantages fiscaux pour des entreprises qui se trouvent dans un
environnement non-concurrentiel
 La mise en place d’une stratégie tournée vers le besoin sociétal, et non orientée vers un
secteur
 La diffusion d’informations sur l’économie sociale à destination du grand public, des
acteurs économiques, et des politiques

La question du développement de la RSE dans les entreprises classiques et capitalistiques


est controversée ; d’un côté des professionnels pensent que l’arrivée de la RSE dans ces
entreprises permet la diffusion des valeurs propres à l’économie sociale, et de l’autre les
professionnels qui au contraire pense que la RSE est un phénomène « de mode » qui dessert
l’économie sociale en créant un amalgame dans l’opinion publique.

81
Cependant, l’ensemble de ces constatations ne font pas l’unanimité, les opinions sont
encore très diverses quant aux actions et outils à mettre en œuvre pour favoriser l’essor de
l’économie sociale. Cette diversité d’opinions témoigne des difficultés que rencontre le
mouvement pour se rassembler autour d’enjeux communs. L’économie sociale semble être
tiraillée entre des luttes de personnes et des luttes d’opinions. Cette situation serait en partie
due à l’émergence des entreprises sociales qui sont décriées par certains des membres de
l’économie sociale et l’économie solidaire. Les professionnels interrogés s’accordent pour la
majorité à dire que le mouvement doit davantage se préoccuper des finalités de l’ensemble de
ses structures, plutôt que de se préoccuper par exemple des questions de statuts. Mais encore
une fois, ce point de vue n’est pas partagé par tous. Certains pensent au contraire qu’il faut se
concentrer sur les questions de statut qui est un des piliers de l’économie sociale et de
l’économie solidaire.

Aussi, pour que l’économie sociale au sens large58 puisse connaître un réel essor dans les
années à venir, elle doit avant tout se rassembler autour d’enjeux et objectifs communs. Elle
ne doit pas gommer sa diversité, mais au contraire se servir de cette richesse qui peut faire sa
force. Ce rassemblement passe en premier lieu par l’adoption d’un terme englobant économie
sociale, économie solidaire et entreprises sociales. Actuellement, la tendance serait de
désigner le mouvement par le terme « économie sociale et solidaire », reste à savoir si celui-ci
recueillera l’unanimité.

j. Tour d’horizon européen

Les quatre pays pionniers de l’économie sociale en Europe sont la Belgique,


l’Espagne, la France et l’Italie. Ce sont des moteurs de l’économie sociale depuis des années
et leurs actions permettent à la fois de la développer et d’attirer l’attention des politiques.

Cependant, l’économie sociale au niveau européen est confrontée au même problème


que l’économie sociale en France : l’absence d’une définition commune satisfaisant
l’ensemble des acteurs. L’économie sociale européenne reste en effet marquée par sa
diversité. En Espagne les entreprises faisant partie de l’économie sociale sont des entreprises
réalisant des bénéfices. L’accent est donc mis sur l’économie, excluant de facto les
associations et les ONG. La définition de l’économie sociale en France est plus large car elle

58
Economie sociale, économie solidaire et entreprises sociales

82
inclut un nombre de structures plus important, dont les associations. Celle de la Belgique, qui
s’apparente dans les grandes lignes à celui de la France, est également différente. Les pays du
Nord de l’Europe (pays scandinaves et Royaume-Uni) ont une autre conception de l’économie
sociale ; leur modèle s’apparente davantage au social business59. Quant aux pays d’Europe de
l’Est, ils témoignent d’une réticence à utiliser le terme « social » qui fait référence au passé
communiste encore présent dans les esprits. Même si les pratiques sont aujourd’hui disparates
selon les pays, un grand nombre d’acteurs sont présents sur le terrain.

Les acteurs européens se retrouvent régulièrement pour évoquer la difficulté qu’ils


éprouvent à trouver un consensus autour d’une définition, ce qui ralentit la réalisation
d’actions. Une grande confusion réside autour de l’appellation « économie sociale », qui peut
être interprétée de manière différente selon les aspirations. Ce problème de définition brouille
la visibilité de l’économie sociale et sa lisibilité pour les politiques. En effet, il n’y a
actuellement pas de statut commun aux pays européens, ni de reconnaissance officielle.

Selon Social Economy Europe60, qui représente l’économie sociale auprès des
institutions communautaires depuis 2000, l’économie sociale en Europe est définie de la façon
suivante : « Les entreprises et organisations d’économie sociale sont des acteurs économiques
et sociaux présents dans tous les secteurs de la société, elles se constituent pour répondre aux
besoins des citoyens. Elles se caractérisent avant tout par leur finalité, une façon différente
d’entreprendre qui associe en permanence intérêt général, performance économique et
fonctionnement démocratiques. […] Les domaines d’activité des entreprises et organisations
de l’économie sociale sont : la protection sociale et les services sociaux de santé, les services
d’assurance, les services bancaires, les services de proximité, l’éducation, la formation et la
recherche, les domaines de la culture, du sport et des loisirs, le tourisme social,
l’énergie, la consommation, la production industrielle et agricole, l’artisanat, et l’habitat. »

59
Terme désignant les entreprises sociales

60
Social Economy Europe est l’organisation qui représente l’Économie Sociale au niveau européen. Elle a été créée en novembre 2000, sous le nom de CEP-CMAF. Social
Economy Europe a pour but de promouvoir l’apport tant économique que social des entreprises et organisations de l’économie sociale, de promouvoir le rôle et les valeurs
des acteurs de l’économie sociale au sein de l’Europe et de renforcer la reconnaissance politique et juridique de l’économie sociale et des coopératives, mutuelles,
associations et fondations (CMAF) au niveau européen.

83
Malgré cette question de définition, les acteurs de l’économie sociale européens font
de plus en plus entendre leur voix. La crise de 2008 a donné un élan au mouvement qui
suscite désormais davantage l’intérêt des acteurs européens, notamment de la Commission
européenne. La crise a permis aux acteurs de faire parler d’eux et de mettre en avant un autre
modèle économique. Ainsi, depuis un an et demi, de plus en plus d’évènements autour de ce
sujet ont lieu, mettant en exergue les bonnes pratiques de l’économie sociale.

L’Europe a fait le choix de regrouper toutes les pratiques sociales. Le terme privilégié
par la Commission européenne pour nommer cet ensemble est « innovation sociale ». Cette
appellation vient du Canada, l’Europe souhaite aujourd’hui la transposer. L’Europe est en
train de mettre en place des programmes conçus par la Commission pour financer des actions
et des projets concrets liés à l’innovation sociale. Grâce à la crise et au terme « d’innovation
sociale », les choses vont certainement avancer.

Selon Social Business Europe, l’Europe met en place un certain nombre d’outils visant à
promouvoir l’économie sociale :
- L’intergroupe « Economie Sociale » du Parlement Européen permet d’entretenir un
dialogue riche entre tous les acteurs de l’économie sociale et avec les parlementaires
européens et de s’inscrire ainsi dans le débat politique européen.
- La catégorie « économie sociale » du Comité Économique et Social Européen, qui
rassemble des membres issus de coopératives, de mutuelles, d’associations, de
fondations et d’ONG à vocation sociale.
- Les conférences européennes de l’économie sociale permettent une forte
reconnaissance du travail effectué par des femmes et des hommes dans les entreprises
et organisations de l’économie sociale, moteurs économiques de l’Union, engagés
dans le renforcement des solidarités et des cohésions, locales, nationales, européennes
et internationales.

84
CONCLUSION

L’objectif de ce travail de recherche était de mettre en évidence les facteurs pouvant


influencer l’essor de l’économie sociale. Pour atteindre cet objectif, des entretiens semi-
directifs d’une demi-heure ont été réalisés auprès de professionnels de l’économie sociale.

Il faut tout de même noter qu’aucune personne faisant partie d’instances supervisant
une partie de l’économie sociale n’a été interviewée (CEGES, CRESS, CJDES, Conseil
Supérieur de l’économie sociale et solidaire…). Ne pas avoir pris en compte l’opinion de ces
professionnels peut constituer un manque quant au travail de recherche accompli.

Ces interviews ont néanmoins permis de tester les hypothèses de recherche formulées
à la suite de la revue de littérature. Afin de dégager les grandes tendances, l’analyse de leur
contenu a été réalisée autour de huit grandes thématiques :

 la création d’instances spécialisées


 la reconnaissance officielle de l’économie sociale
 l’instauration d’un gouvernement de gauche
 le manque d’encadrement du mouvement
 la mise en place d’avantages fiscaux
 la RSE vecteur de diffusion des valeurs de l’économie sociale
 la mise en place d’une stratégie tournée vers le tertiaire
 la diffusion d’information sur l’économie sociale

D’après cette analyse, les facteurs pouvant impulser l’économie sociale en France
sont :
 la création d’instances spécialisées (instances créées par les acteurs de l’économie
sociale et instances crées par l’Etat)
 la reconnaissance officielle de l’économie sociale
 l’instauration d’un gouvernement de gauche dans certaines mesures,
 la mise en place d’un encadrement du mouvement
 la mise en place d’avantages fiscaux pour les structures se trouvant dans un champ
non concurrentiel
 la mise en place d’une stratégie tournée vers le besoin social et sociétal

85
 la diffusion d’informations sur l’économie sociale à destination du grand public, des
acteurs économiques, et des politiques.

Quant à la question de la RSE, les avis divergent ; certains pensent que la RSE est le reflet
d’un phénomène de mode et non d’une réelle prise de conscience, alors que d’autres affirment
que le RSE permet la diffusion des valeurs et principes de l’économie sociale au sein des
entreprises capitalistiques.

Tous les facteurs énoncés devraient être pris en compte par les acteurs de l’économie
sociale. Cependant, pour que tous ces éléments puissent avoir un réel impact il est nécessaire
que ce « troisième secteur » se réunisse pour harmoniser son discours. La cohésion des
acteurs est une condition sine qua non à l’émancipation du secteur. Sans cette avancée,
l’économie sociale s’empêtrera probablement dans une inertie entraînant son immobilisme et
desservant ses intérêts. Il ne s’agit pas de gommer les disparités qui constituent la richesse du
mouvement, mais de faire en sorte qu’elles cohabitent autour d’enjeux et objectifs communs.

La question légitime qui se pose aujourd’hui est de savoir comment amener les acteurs
de l’économie sociale en France à se fédérer. Pour répondre à cette interrogation et proposer
des pistes viables, il faudrait mener une étude auprès de tous les acteurs de l’économie sociale
au sens large afin de dégager un consensus commun. Cette question peut aussi être posée à
l’échelle européenne. La France, où l’économie sociale est ancrée dans le paysage
économique, peut-elle être le moteur de la construction d’une économie sociale européenne ?

86
BIBLIOGRAPHIE

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politique d’un développement durable, Monde en développement n°150

Thietart Raymond-Alain (2007) Méthodes de recherche en management, Dunod

89
Table des matières

Introduction ............................................................................................................................... 7

Partie 1 - Revue de littérature : L’économie sociale et solidaire, fondements et pratiques ... 9

I. Des coopératives ouvrières à l’économie sociale et solidaire ................................................ 9

a. 1791-1848 : Les sociétés de secours mutuel, une alternative face à la montée du modèle capitaliste 9
b. 1850-1900 : Le temps des coopératives et des mutuelles_________________________________ 11
c. 1901-1945 : La naissance des associations et l’envolée des coopératives et mutuelles __________ 14
d. 1945-1975 : L’impulsion d’un nouveau modèle au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ___ 15
e. 1975-1990 : Entre élan institutionnel et crise économique _______________________________ 18
f. De 1991 à aujourd’hui : Un ensemble de pratiques sociales, alternatives et solidaires très variées _ 19

II. Comprendre et appréhender l’économie sociale ................................................................. 21

a. Recueil des origines théoriques de référence __________________________________________ 21


b. Valeurs fondatrices, utilité sociale et dimension éthique _________________________________ 26
c. Principes communs _____________________________________________________________ 28
d. Divers types de structures juridiques ________________________________________________ 32
e. Une économie ancrée dans le territoire ______________________________________________ 34

III. L’économie sociale aujourd’hui ............................................................................................ 36

a. Place de l’économie sociale dans l’économie actuelle : chiffres et constats __________________ 36


b. L’économie sociale face à la crise économique ________________________________________ 38
c. Enjeux contemporains et défis de l’économie sociale ___________________________________ 40
d. Limites « externes » et « internes » de l’économie sociale _______________________________ 42
e. L’entrepreneuriat social __________________________________________________________ 43
f. L’émergence de l’économie solidaire _______________________________________________ 45
g. D’une approche sociale à une approche sociétale, la RSE ________________________________ 48
h. Bilan : Pourquoi développer l’économie sociale _______________________________________ 51

Partie 2 : Etude empirique ...................................................................................................... 52

I. Formulation des hypothèses de recherche ........................................................................... 52

II. Démarche de la recherche et choix méthodologiques ......................................................... 53

a. Choix d’une étude qualitative _____________________________________________________ 53


b. Entretiens individuels semi-directifs ________________________________________________ 54
c. Taille de l’échantillon ___________________________________________________________ 54
d. Population ciblée et individus sollicités ______________________________________________ 55

90
e. Elaboration du guide d’entretien ___________________________________________________ 55
f. Limites de la démarche globale ____________________________________________________ 55

III. Analyse thématique ................................................................................................................ 56

a. Thème 1 : La création d’instances spécialisées favorise l’essor de l’économie sociale __________ 56


B. Thème 2 : La reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale favorise l’essor de
l’économie sociale ___________________________________________________________________ 62
c. Thème 3 : L’instauration d’un gouvernement de gauche favorise l’essor de l’économie sociale __ 65
d. Thème 4 : La mise en place d’avantages fiscaux en faveur des structures de l’économie sociale
favorise l’essor de l’économie sociale ____________________________________________________ 68
e. Thème 5 : Le manque d’encadrement des structures de l’économie sociale joue en défaveur de
l’essor de l’économie sociale ___________________________________________________________ 71
F. Thème 6 : Le développement de la RSE dans les entreprises favorise l’essor de l’économie sociale 73
g. Thème 7 : La mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire favorise l’essor
de l’économie sociale ________________________________________________________________ 76
H. Thème 8 : La diffusion d’informations sur l’économie sociale par le gouvernement et par les acteurs
de l’économie sociale favorise l’essor de l’économie sociale __________________________________ 78
i. Synthèse de l’analyse thématique __________________________________________________ 81
j. Tour d’horizon européen _________________________________________________________ 82

Conclusion ............................................................................................................................... 85

BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................... 87
Table des matières ........................................................................................................................... 90
ANNEXES ....................................................................................................................................... 92

Annexe 1 : guide d’entretien ___________________________________________________________ 92


Annexe 2 : entretiens _________________________________________________________________ 95

RESUME ....................................................................................................................................... 153


ABSTRACT ................................................................................................................................... 153

91
ANNEXES

Annexe 1 : guide d’entretien

Guide d’entretien

1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Question : Selon vous, la création d’instances spécialisées dans l’économie sociale peut-elle favoriser
l’essor de l’économie sociale ?
Pourquoi ?
Comment ?

Question de reformulation : Pensez-vous que la mise en place de structures dédiées à l’économie


sociale puisse influencer le développement de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc selon vous la création d’instances spécialisées dans l’économie sociale
influence/n’influence pas le développement de l’économie sociale ?

Définir instances spécialisées si besoin : ministère, conseil général de l’économie sociale, commission
nationale, assises…

2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Question : Pensez-vous que la reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale


puisse favoriser l’essor de l’économie sociale ?
A quel type de reconnaissance pensez-vous ?
Par quelles voies ? Quels moyens ?
Si non, pourquoi ?

Question de reformulation : Pensez-vous que la reconnaissance de l’économie sociale comme secteur


à part entière puisse influencer l’essor de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc pour vous cette reconnaissance peut/ne peut pas favoriser l’essor de
l’économie sociale ?

3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Question : A votre avis, est-ce que l’instauration d’un gouvernement de gauche peut favoriser l’essor
de l’économie sociale ?
Pourquoi ?
Comment ?

Question de reformulation : L’élection d’un président de gauche favorise-t-il à votre avis le


développement de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc selon vous, l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche peut/ne
peut pas favoriser l’essor de l’économie sociale ?

Définition d’un gouvernement de gauche : un gouvernement qui favoriserait le juste et l’égalité –

92
l’écart se creuse entre les plus riches et les plus pauvres (reconnu publiquement) + réduire cet écart –
le partage du profil + la reconnaissance de l’individu qui est écrasé par les structures.

4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Question : Selon vous, la mise en place d’avantages fiscaux en faveur des structures de l’économie
sociale peut-elle favoriser l’essor de l’économie sociale ?
Si oui, à quels types d’avantages pensez-vous ?
Si non, pourquoi ?

Question de reformulation : Une diminution des charges fiscales pour les structures de l’économie
sociale serait-elle susceptible selon vous de favoriser le développement de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc selon vous, la mise en place d’avantages fiscaux en faveur des
structures de l’économie sociale peut/ne peut pas favoriser l’essor de l’économie sociale ?

5 – Manque d’encadrement des structures

Question : Pensez-vous que le manque d’encadrement des structures de l’économie sociale joue en
défaveur de l’essor de l’économie sociale ?
Pourquoi ?
Si oui, comment pensez-vous y remédier ?

Question de reformulation : Pensez-vous que le manque de contrôle de l’ensemble des structures de


l’économie sociale puisse porter préjudice à l’essor de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc selon vous, ce manque d’encadrement peut/ne peut pas défavoriser
l’essor de l’économie sociale ?

6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Question : A votre avis, le développement de la RSE dans les entreprises favorise-t-il l’essor de
l’économie sociale ?
Pourquoi ?
Si oui, dans quelle mesure la RSE favorise cet essor ?

Question de reformulation : Pensez-vous que la généralisation de la RSE dans les entreprises puisse
favoriser le développement de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc selon vous, le développement de la RSE peut/ne peut pas favoriser
l’essor de l’économie sociale ?

Définir RSE si besoin : « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des
entreprises à leur activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes » selon la
commission européenne.

7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Question : Pensez-vous que la mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire
puisse favoriser l’essor de l’économie sociale ?
Pourquoi ?

93
Si oui, comment imaginez-vous cette stratégie ?

Question de reformulation : Pensez-vous que si l’ensemble des structures de l’économie sociale


optent pour une stratégie de développement orientée vers les activités du secteur tertiaire puisse
influencer l’essor de l’économie sociale ?

Question de recentrage : Donc selon vous, la mise en place d’une stratégie orientée vers le secteur
tertiaire peut/ne peut pas influencer l’essor de l’économie sociale ?

8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Question : Selon vous, la diffusion d’informations sur l’économie sociale par le gouvernement et par
les acteurs de l’économie sociale peu-elle favoriser l’essor de l’économie sociale ? Pourquoi ?
Si oui, comment pourrait être réalisée cette diffusion ? Quels canaux ?

Question de reformulation : Pensez-vous que la mise en place d’une campagne de communication


émanant du gouvernement et des acteurs de l’économie sociale peut influencer l’essor de l’économie
sociale ?

Question de recentrage : Donc pensez-vous qu’une campagne de communication diffusant des


informations à propos de l’économie sociale peut influence le développement de l’économie sociale ?

94
Annexe 2 : entretiens

Entretien n°1

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Des mesures quant à l’organisation et au financement de
l’économie sociale s’avèrent nécessaires.

- Il faudrait créer une banque publique d’investissement61 ayant


pour objectif d’aider les PME et PMI et donc par ce biais les
structures de l’économie sociale (idée figurant dans le
programme du Parti Socialiste).
Que faut-il mettre en
place ? - Il faudrait également créer une formation spécifique au sein
des organismes de formation visant à préparer des individus à
développer une entreprise de l’économie sociale.

- Le rôle du Ministère de l’économie est important ; il pourrait


favoriser l’économie de façon globale, avec une branche
dédiée à l’économie sociale.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les structures de l’économie sociale ne sont pas suffisamment
reconnues, mais elles ne sont pas pour autant combattues. Une
volonté politique pourrait apporter cette reconnaissance dans la
mesure où l’économie sociale peut répondre à un besoin des
Quelle peut être la individus de se retrouver dans ces types d’organisations.
nature de cette
reconnaissance? - Un discours d’ensemble sur l’économie en général, aussi bien
sur les entreprises du CAC 40 que sur les petites structures
telles que les PME, PMI, et celles de l’économie sociale,
pourrait également apporter une reconnaissance officielle.

61
La banque publique d'investissement est une proposition issue du programme économique du Parti Socialiste. Ce pôle piloterait et financerait la politique industrielle,
selon le porte-parole du PS Benoît Hamon.

95
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- L’économie est aujourd’hui dictée par les entreprises du CAC
40 qui dominent et qui demandent toujours plus de rendement
externalisé et de production et qui créent de plus en plus de
chômage. C’est la finance qui dirige plutôt que les managers
d’entreprises. Pour contrebalancer cette situation, il faudrait
Comment peut-il développer les petites structures qui sont moins exposées à la
influencer l’essor de concurrence dans les services ou la technologie de pointe. Ces
l’économie sociale ?
actions favoriseraient donc l’essor de l’économie sociale.

- Un gouvernement de gauche peut également intervenir dans le


financement et la fiscalité des entreprises de l’économie
sociale.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les grandes entreprises payent à hauteur de 8% de leurs
bénéfices l’impôt sur les sociétés, alors que les PME et PMI y
contribuent de façon plus importante. Il s’agit d’inverser cette
tendance : que les grandes entreprises payent davantage cet
impôt et que les petites entreprises soient aidées en payant
Quels types moins. Cette mesure favoriserait l’économie sociale.
d’avantages fiscaux ?
- Il s’agirait de moduler l’impôt sur les sociétés en fonction du
dynamisme des entreprises. Cette mesure impacterait
directement les entreprises de l’économie sociale qui sont
caractérisées par leur dynamisme.

96
Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
Quels types - Mise en place d’un label dont il faut déterminer les critères.
d’encadrement ?

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- La RSE constitue une façade car ce sont en réalité les lois du
marché qui dominent la logique des entreprises. La RSE n’est
pas compatible avec le capitalisme tel qu’il existe aujourd’hui.
Il faudrait, pour que la RSE influence l’essor de l’économie
sociale au sein des entreprises, un autre capitalisme davantage
Pourquoi ?
soucieux de la répartition du capital en fonction du travail ; un
capitalisme contrôlé, régulé dans lequel la place du secteur
public domine. Il faudrait également que des moyens plus
importants soient accordés aux syndicats.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- La France a besoin de produire et donc de développer son
secteur productif. Si toute l’économie sociale était axée sur les
services, la production à bas coûts serait laissée aux autres
pays. La France a besoin selon lui d’un secteur productif de
biens de hautes technologies et de biens de l’économie durable.
Pourquoi ?
- Il vrai qu’il est plus facile pour l’économie sociale de se
spécialiser dans les services, mais ce serait dommage selon lui
de laisser de côté la production de biens alors qu’elle est tout à
fait réalisable.

97
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La diffusion de l’information pourrait se faire via les medias,
Internet, et également via les structures de formations
professionnelles et la filière éducative. Cela permettrait
d’influencer les producteurs, les créateurs, les jeunes actifs et
Comment peut se les entrepreneurs.
faire cette diffusion
- La télévision pourrait jouer un rôle considérable en diffusant
d’information ?
des émissions montrant la réussite d’entreprises de l’économie
sociale. Internet pourrait également jouer un grand rôle en
mettant en relation des individus ayant des idées et des
personnes prêtes à investir.

98
Entretien n°2

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui car aujourd’hui l’économie sociale est un terme abstrait pour les
l’hypothèse étudiants qui ne sont pas en mesure d’appréhender les ressors de cette
économie, le potentiel des usagers, ou encore de mesurer le climat
social.
- L’économie sociale mérite d’être valorisée avec des mesures
telles que celle du fond jeun’ESS62 qui vise à développer
l’économie sociale et solidaire chez les jeunes. Il s’agit de
cibler principalement les jeunes pour faire progresser
l’économie sociale au sein de la société.

Que faut-il mettre en - Création de structures comme le CJDES63 (Centre des Jeunes
place ? Dirigeants et Acteurs de l’Economie Sociale).

- Le financement des structures doit être réalisé par l’Etat et par


les entreprises.

- Création d’un organe public de consultation avec les pouvoirs


publics et les structures de l’économie sociale.

62
D’après secteurpublic.fr, « A l’occasion du forum national des associations et des fondations, Marc-Philippe Daubresse a signé avec les grandes entreprises de l’économie
sociale et solidaire la création d’un fonds dénommé « Jeun’ESS » destiné à développer l’économie sociale et solidaire chez les jeunes. Ce fonds, financé à 50 % par une
subvention du ministère de la Jeunesse et des solidarités actives et à 50 % par la Fondation MACIF, la Fondation Crédit Coopératif, la MAIF, la Fondation Groupe Chèque
Déjeuner, la Fondation AG2R La Mondiale et La MGEN, sera doté d’1,2 million d’euros dès sa création. Ce fonds sera piloté par l’Agence de Valorisation des Initiatives
Socio-Economiques (AVISE). Il visera à répondre à la quête de sens des jeunes qui souhaitent s’investir par le biais de leur travail ou d’une action bénévole au service d’un
projet de société réconciliant l’homme et la planète. Selon un sondage CSA (janvier 2010), l’économie sociale et solidaire bénéficie d’une forte attractivité chez les jeunes :75
% d’entre eux estiment que le fait qu’une entreprise soit une « entreprise sociale », les inciterait à postuler et 62 % seraient prêts à créer une « entreprise sociale » ».

63
D’après le site institutionnel du CJDES, « Le CJDES est né en 1985 de la volonté de dirigeants de l’économie sociale de mettre en commun les expériences et
compétences. Le CJDES est soutenu par des entreprises, des institutions publiques et des adhérents engagés autour d’une conception moderne, pragmatique et solidaire de
l’économie sociale. Son rôle d’observateur et de créateur d’émergences solidaires le conduit à veiller au renouvellement des générations. Le CJDES est un lieu ouvert à la
réflexion collective en-dehors des mandats et des fonctions représentatives de chacun. Il réunit des profils aussi divers qu’enrichissants : jeunes, dirigeants et acteurs de
l’économie sociale, Pouvoirs publics… Son Conseil d’Administration, est constitué de personnalités issues de tous les horizons : mutuelles, associations, coopératives,
entreprises d’insertion… etc. »

99
Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Non
l’hypothèse
- Le contrôle strict et l’attribution d’un label par l’Etat
pourraient freiner des initiatives qui ne seraient pas
Quelle peut être la nécessairement vues d’un bon œil par l’Etat.
nature de cette
- Néanmoins, il faudrait établir un nombre de critères publics de
reconnaissance?
l’économie sociale. Ainsi, via ses critères l’économie sociale
jouirait d’une reconnaissance officieuse.

Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Non, pas automatique.


l’hypothèse
- La gauche de manière générale a effectivement une plus
grande propension à favoriser l’économie sociale. Mais la
Gauche a bien souvent une tradition étatiste qui peut desservir
l’économie sociale.
Comment peut-il
influencer l’essor de - La gauche a cependant besoin en vue des élections de 2012 de
l’économie sociale ? s’appuyer sur la société. L’économie sociale va donc être une
des préoccupations, mais cela est davantage lié à un contexte
particulier de sortie de crise durant laquelle les entreprises
capitalistes ont été écornées.

100
Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Avant d’envisager des exonérations de cotisations, il s’agit de
faire en sorte que les structures de l’économie sociale ne soient
pas accablées par les nouvelles taxes, comme c’est le cas pour
Quels types les mutuelles qui ont vu leurs taxes se multiplier depuis
d’avantages fiscaux ? plusieurs années. Le poids du financement de la protection
sociale est important alors que les grandes entreprises se voient
exonérées de charges patronales.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Non
l’hypothèse
- La faiblesse de l’encadrement des structures de l’économie
sociale permet de libérer des énergies et de développer
davantage de projets. Globalement, l’économie sociale ne
souffre pas du manque d’encadrement et la perception des
Quels types initiatives de l’économie sociale est positive.
d’encadrement ?
- Le problème majeur réside dans le fait que le terme
d’économie sociale n’est pas très parlant pour les citoyens
lambda. Ils ne perçoivent pas l’économie sociale alors qu’un
grand nombre s’y confronte régulièrement (ex. mutuelles).

101
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- Il est intéressant que quelques principes de l’économie sociale
se diffusent, néanmoins, les questions de gouvernance,
d’application de normes, ou encore de réinvestissement du
profit qui sont des questions centrales, nécessitent beaucoup
plus de travail que l’application de quelques principes.
Pourquoi ?
- La RSE constitue davantage une contrainte politique plutôt
qu’une volonté réelle de la part des entreprises. La RSE
s’inscrit dans un contexte où la société exerce une forte
pression64.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Oui
l’hypothèse
- Le secteur tertiaire est le secteur qui a le plus de poids dans la
société française.

- Le secteur tertiaire suscite une réelle vocation chez les jeunes.

Pourquoi ? - Les entreprises fleurons de l’économie sociale se trouvent dans


ce secteur, quand on parle d’économie sociale, le terme évoque
les entreprises de services. Les entreprises de l’économie
sociale produisant des biens n’ont pas réussies à s’imposer
comme des leaders.

64
Ainsi, un article (n° 116, ) dans la loi sur les Nouvelles régulations économiques (NRE) votée en 2001 demande que les entreprises cotées en bourse indiquent dans leur
rapport annuel une série d’informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités.

102
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui, c’est même le premier pas à réaliser.


l’hypothèse
- Il s’agit de diffuser les valeurs et les piliers de l’économie
sociale.

- Le premier public qu’il faut viser est les jeunes car d’ici
quelques années beaucoup de départs à la retraite vont être
opérés dans les structures de l’économie sociale. L’économie
sociale devra dès lors se renouveler.

- Les acteurs doivent communiquer et éduquer les populations


via des actions comme les Etats Généraux de l’ESS les 16, 17
et 18 juin 2011.
Comment peut se
faire cette diffusion - Les pouvoirs publics doivent financer les acteurs de
d’information ? l’économie sociale pour qu’ils aient les moyens de
communiquer.

- L’Education Nationale a un rôle important à jouer dans le


secondaire et dans le supérieur. L’économie y est enseignée
mais peu de place est laissée aux alternatives de l’économie
libérale.

- Les cercles de dirigeants doivent davantage faire la promotion


de l’économie sociale et faire de la pédagogie autour du grand
public.

103
Entretien n°3

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui car l’économie sociale doit s’organiser pour défendre ses intérêts.
l’hypothèse

- Pourquoi pas la création d’un secrétariat d’Etat65 rattaché au


Que faut-il mettre en ministère de l’économie. Cet affichage pourrait ouvrir des
place ? portes.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La liberté de l’économie sociale est à la fois une force et une
faiblesse. L’établissement de critères pourrait constituer une
reconnaissance officielle mais cette option est à double
Quelle peut être la tranchant. Si les critères sont flous, il risque d’y avoir des
nature de cette dérives, si au contraire ils sont trop restrictifs, les initiatives
reconnaissance? diminueront. Il faudrait tout de même opter pour l’instauration
de critères restrictifs car nous assistons à une inertie de
l’économie sociale qui est due à la recherche d’un consensus.

65
Un secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire a été créé en 2000, disparu depuis l’arrivée du gouvernement Raffarin.

104
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui, mais tout dépend du gouvernement, du rapport de force, du


l’hypothèse contexte et de la volonté de progrès du gouvernement.
- Le gouvernement pourrait favoriser le rachat par les salariés
des entreprises qui ferment et qui sont délocalisées. Ces
structures pourraient se transformer en coopérative. Les
politiques pourraient jouer en faveur des rachats par des
Comment peut-il
influencer l’essor de mesures telles que l’emprunt à taux 0. Cela permettrait à des
l’économie sociale ? entreprises traditionnelles de pouvoir survivre par la volonté
des salariés.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui, le conditionnement des aides de l’Etat peut favoriser l’essor de


l’hypothèse l’économie sociale.
- Aides sur la politique salariale.
Quels types
d’avantages fiscaux ? - Exonération d’impôt, mais solution à éviter.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il y a à gagner du point de vue légal à avoir un label ou un
statut commun qui pourrait permettre la mise en place de
dispositifs d’exception pour favoriser l’économie sociale
(dispositifs légaux spécifiques).

- Un accompagnement existe déjà mais il reste peu connu. Il


Quels types faudrait encourager les pépinières de coopératives comme c’est
d’encadrement ? actuellement le cas avec le statut d’auto-entrepreneur.

- L’organisation ne doit pas être un organe qui impose ses


mesures car ce ne serait pas en adéquation avec les principes et
les valeurs de l’économie sociale.

- Les structures et les salariés pourraient s’investir dans une

105
organisation transversale (structures issues de l’économie
sociale, avec un mode de fonctionnement spécifique et en
accord avec les valeurs). Cette organisation constituerait un
moyen de favoriser la démocratie transversale et d’associer un
maximum de personnes. Elle serait une garantie pour le projet
de l’économie sociale, pour les salariés, et pour le maintien des
valeurs.

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- La RSE dépend de la volonté des entreprises. Même s’il y a de
bonnes intensions, il n’y aura pas de changements réels.

- La RSE est une bonne chose en soi, mais l’intérêt des


entreprises change.
Pourquoi ?
- RSE aurait une vocation à court-circuiter l’organisation des
syndicats dans les entreprises.

- La RSE n’est pas un outil adapté.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non sur le long terme.


l’hypothèse
- Le secteur tertiaire a tendance à plus se développer mais la
crise économique a rebattu les cartes sur ces aspects car les
pays qui ont le mieux résisté sont les pays industrialisés.
L’industrie doit permettre le changement. Aujourd’hui, il y a
une absence de politique industrielle en France, alors que nous
Pourquoi ? ne pouvons pas nous le permettre.

- Il faut aujourd’hui arriver à produire localement et éviter les


délocalisations. Une politique de réindustrialisation initiée par
l’Etat pourrait avoir en partie pour vocation de soutenir
l’activité des coopératives ouvrières.

106
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- L’instauration d’un label et la réalisation d’une campagne de
communication favorisant les produits de l’économie sociale
pourraient développer l’activité de l’économie sociale.

- L’important est de convaincre notamment les politiques grâce à


la parole d’ambassadeurs de l’économie sociale.

- Il ne faut pas se limiter à la communication. Il faudrait associer


Comment peut se des structures comme les syndicats pour instaurer un rapport de
faire cette diffusion
force. Cependant, peu de choses avancent car l’économie
d’information ?
sociale ne parle pas d’une seule et même voix face aux
décideurs politiques. L’économie sociale a une aura mais elle
ne l’utilise pas.

- L’éducation, universités et secondaire, devrait dispenser un


enseignement qui ne prône pas qu’un seul modèle économique
à l’image de quelques universités.

107
Entretien n°4

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Il existe déjà un Conseil supérieur de l’économie sociale qui


est un organe consultatif sous la tutelle du Ministère de la
Santé et de la Solidarité.

- Entre 1999 et 2002 il y a eu un secrétariat d’Etat solidaire,


mais il a disparu. La mise en place d’un organe décisionnaire
relevant du pouvoir exécutif constituerait une force d’impact
Que faut-il mettre en sur l’administration et sur les ministères. Cela permettrait
place ? également de donner à l’économie sociale une meilleure
visibilité externe, et ainsi de lui allouer davantage de poids. Un
secrétariat d’Etat permettrait de faire ressortir un enjeu qui est
transversal et qui touchent beaucoup de ministères.

- Il est important de favoriser la création d’instances spécialisées


dans l’économie sociale pour donner une impulsion politique.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Une reconnaissance officielle permettrait d’avoir une plus
grande visibilité et lisibilité.

Quelle peut être la - Un label représenté par un logo.


nature de cette
reconnaissance? - Efforts concernant des aspects plus institutionnels comme la
représentation des syndicats de l’économie sociale dans les
négociations paritaires.

108
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui, en principe.


l’hypothèse
- L’économie sociale a en principe des porosités avec la gauche;
réseaux militants et valeurs. La gauche accorde une grande
attention à la société civile et à l’économie sociale.

- La gauche pourrait régler la question de la reconnaissance (cf


thème 1).

- La gauche recherche un nouveau modèle de développement


économique, elle pourrait s’inspirer du modèle de l’économie
sociale.

- La gauche a une plus grande sensibilité envers la cohésion


Comment peut-il
sociale.
influencer l’essor de
l’économie sociale ? - Introduction de modules de l’économie sociale dans
l’Education Nationale.

- Lancement d’un Grenelle de l’économie sociale autour d’un


plan de développement sur le modèle du Grenelle de
l’environnement.

- Création d’un statut européen pour les associations comme


c’est déjà le cas pour les mutuelles. L’idée est de développer la
diffusion de l’économie sociale dans les pays où elle n’est pas
présente.

109
Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui car cela permettrait d’améliorer les résultats des entreprises, mais
l’hypothèse ce n’est pas l’élément déterminant.
- Les mutuelles doivent depuis peu verser la taxe sur les
conventions d’assurance66 qui les pénalise beaucoup. Il faudrait
retirer cette taxe.

- Il faudrait corriger l’application de mesures fiscales et rétablir


un équilibre entre les structures de l’économie sociale et les
Quels types structures d’économie capitaliste. Par exemple, l’ensemble des
d’avantages fiscaux ?
agences de voyages, telles que Pierre et Vacances, ont en tout
chaque année des avantages fiscaux qui les exonèrent de près
de 6 millions d’euros par an, alors que l’Etat ne verse que 2
millions d’euros par an aux organisations du tourisme social. Il
faudrait corriger cette tendance.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Non
l’hypothèse
- Le problème n’est pas un manque d’encadrement. Ce sont les
dirigeants qui doivent créer une culture et initier les projets.
Quels types S’il y a des dérives, c’est que ces personnes ne partagent pas
d’encadrement ? les valeurs de l’économie sociale. Le problème relève donc en
ce sens d’un manquement de la part des dirigeants.

66
D’après le site Fiscalonline, « Depuis le 1er octobre 2002, l’article 995 du CGI prévoit une exonération de taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) pour les
contrats d’assurance maladie complémentaire dits « solidaires » qui respectent certaines conditions. Il s’agit des contrats qui respectent certaines conditions relatives à
l’absence de prise en compte de l’état de santé de l’assuré pour la tarification des primes et cotisations pour les opérations individuelles et collectives à adhésion obligatoire
ou facultative et à l’absence de questionnaire médical pour les opérations individuelles et collectives à adhésion facultative. Depuis le 1er janvier 2006, le champ
d’application de l’exonération a été restreint aux seuls contrats d’assurance maladie solidaires également qualifiés de « responsables ». Les contrats d’assurance maladie qui
ne répondraient pas aux conditions de l’article 995 du CGI restent soumis à la TSCA selon le tarif de 7%. »

110
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui / Non


l’hypothèse
- C’est un sujet de préoccupation pour les français. Oui

- La RSE valide le discours de l’économie sociale ainsi que ce


qu’elle porte (économie et social). Oui

- La RSE crée un phénomène de banalisation par les entreprises


car elle crée de la confusion dans l’esprit du grand public alors
Pourquoi ? que l’économie sociale doit se différencier surtout en mettant
en évidence son mode de gouvernance démocratique. Les
structures de l’économie sociale ont également un meilleur
taux de rentabilité et une dimension démocratique qui répond à
l’attente des français qui souhaitent une économie différente,
des entreprises qui ont du sens, et une démocratie au sein de la
sphère économique.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Oui
l’hypothèse
- De fait, l’économie sociale est très présente dans le tertiaire.
Mais elle devrait se développer davantage dans des secteurs
porteurs tels que la dépendance et l’économie verte.

- Les secteurs industriel, secondaire, et primaire sont en


Pourquoi ?
interconnexion avec le tertiaire.

- Il ne faut pas qu’il y ait de focalisation, mais il faut prioriser les


secteurs porteurs au sein du tertiaire.

111
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La diffusion d’information permettrait une meilleure visibilité
et donc la création d’une identité vis-à-vis de l’opinion
publique. Les acteurs de l’économie sociale seraient alors à
même de revendiquer grâce à leur poids dans l’opinion
Comment peut se publique.
faire cette diffusion
- La télévision pourrait également jouer un rôle important avec
d’information ?
le financement d’une campagne financée par les acteurs de
l’économie sociale comme à l’image de la campagne pour
l’artisanat. Ce type de diffusion d’information aurait un impact
certain sur l’opinion publique.

112
Entretien n°5

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui dans l’absolu


l’hypothèse

- Il existe déjà certains organes comme le CEGES 67, le CRES68,


ou encore le Conseil Supérieur de l’Economie Sociale69.
D’autres acteurs sont également présents sous forme de
fédérations très spécifiques comme le MOUVES qui a pour
finalité de connecter les gens entre eux.

- La création d’instances spécialisées reste aujourd’hui une


utopie à cause de blocages dus à des luttes de personnes et des
désaccords d’ordre politique.

- Le label mis en place par le MOUVES a pour objectif


Que faut-il mettre en d’identifier les entreprises appartenant à l’entrepreneuriat
place ?
social pour les aider à se financer, mais aussi pour créer une
visibilité pour le grand public.

- Pour créer de nouvelles instances, il faudrait un renouveau et


qu’une nouvelle dynamique s’installe au sein des structures
déjà existantes. Il est très difficile de fédérer les acteurs dans le
contexte actuel.

- L’Etat est un catalyseur (financement et lois), mais il reste


avant tout un partenaire qui n’a pas les moyens de réunir tous
les acteurs de l’économie sociale, notamment à cause de

67
D’après le site institutionnel du CEGES, « Le Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l’Economie Sociale (CEGES) regroupe les entreprises, employeurs
et organisations de l’économie sociale et solidaire. En tant que mouvement, l’Association a pour mission de fédérer les acteurs de l’économie sociale et solidaire, de les
représenter dans le dialogue avec les pouvoirs publics et la société civile et de promouvoir leur modèle entrepreneurial.

68
Conseil National des Chambre Régionales de l’Economie Sociale - D’après le site institutionnel du CNCRES, « Les CRES(S) sont des associations représentatives et
transversales qui ont vocation à réunir les acteurs de l’économie sociale (et solidaire) de leur région : les associations, les coopératives, les fondations d'entreprise de l'ESS,
les mutuelles, les syndicats employeurs de l’économie sociale et dans la plupart des régions, les réseaux d'économie solidaire et de développement local. »

69
En 2006, dans le cadre de la redéfinition d’une nouvelle délégation à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale, le CEGES a demandé au
gouvernement, la création d’un Conseil Supérieur de l’Economie Sociale (qui se substitue au Comité Consultatif antérieur, lequel n’avait plus été réuni depuis 2002). Créé
par décret (n° 2006 – 826) le 10 juillet 2006, il est présidé par La Ministre de l’Economie, de l’Industrie et des Finances, Mme Christine Lagarde. Un arrêté du 28 septembre
en a nommé les membres (35 titulaires, dont 15 proposés par le CEGES, et 3 par la Conférence nationale des Chambres régionales de l’économie sociale), et son installation
a eu lieu le 6 décembre 2006.Trois groupes de travail sur les thèmes suivants : L’innovation sociale, sous l’impulsion d’Hugues Sibille, La mesure de l’impact social, animé
par Thierry Sibieude, ESSEC, La question d’un label pour l’économie sociale et solidaire, animé par Claude Alphandéry, président du Labo de l’ESS.

113
querelles intestines.

- Il y a aujourd’hui une très grande diversité entre les acteurs de


l’économie sociale. Au lieu d’être une richesse, cette diversité
est un frein au regroupement des acteurs sous une même
bannière en raison de conflits d’intérêt, de divergences
politiques et de la trop grande disparité des statuts.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Cette reconnaissance doit passer par la législation.

- Il existe un agrément « entreprise solidaire » mais qui n’est pas


nécessairement adapté.
Quelle peut être la - L’instauration de statuts spécifiques pourrait permettre aux
nature de cette structures de l’économie sociale d’être identifiées par le grand
reconnaissance? public, le label ne suffisant pas. Le label est certes un outil de
reconnaissance, mais il est davantage destiné à l’Etat. Le grand
public a, lui, besoin de communication et de relation de
proximité pour mieux appréhender l’économie sociale.

114
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Non
l’hypothèse
- Le travail récemment mené avec le Parti Socialiste n’a pas
réellement abouti. Le programme du parti pour les élections
présidentielles de 2012 n’accorde que très peu de place à la
question de l’économie sociale.
Comment peut-il
- La droite est actuellement plus sensible aux questions de
influencer l’essor de
l’économie sociale ? l’entrepreneuriat social et serait davantage porteuse d’actions.

- Ce n’est pas la couleur politique qui joue un rôle majeur pour


l’économie sociale, mais l’opinion publique qui est elle
davantage entendue par les politiques.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- La mise en place de réformes fiscales, telles que les crédits
d’impôt recherche, favoriserait l’innovation au sein des
structures de l’économie sociale. Ce type de mesure pourrait
Quels types avoir un effet levier.
d’avantages fiscaux ?
- La défiscalisation de certaines entreprises en fonction de leur
finalité sociale pourrait également constituer un atout pour les
structures de l’économie sociale.

115
Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il faut aujourd’hui fédérer par l’action.

- Il existe déjà des grandes structures qui chapeautent le


mouvement.

Quels types - Il faudrait créer une émulation visant à aboutir à un travail


d’encadrement ? commun pour l’ensemble des structures. Ce qui manque
aujourd’hui est une dimension transversale qui regrouperait les
acteurs de l’économie sociale autour des questions et thèmes
communs. Il faudrait créer une organisation qui représenterait
le mouvement d’une seule voix.

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui
l’hypothèse
- La propagation des valeurs de l’économie sociale est une
bonne chose, mais il faut prendre garde à ce que la RSE ne soit
pas assimilée à l’économie sociale. L’échange RSE /économie
sociale est très intéressant tant qu’il ne créé pas de confusion.

- La RSE soulève un enjeu crucial qui est de montrer que les


Pourquoi ?
entreprises qui l’appliquent ne sont pas des entreprises
sociales.

- Une communication appuyée sur un label pourrait permettre de


clarifier la situation et d’éviter tout amalgame.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- Le volet tertiaire est très important, mais il ne faut pas pour
autant négliger les autres secteurs.

- L’implantation de l’économie sociale dans tous les domaines


Pourquoi ?
de l’économie favorise l’innovation et le lien social. Cet
ancrage permet d’inventer une nouvelle économie sociale et de
créer une identité.

116
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La diffusion d’information passe par la sensibilisation des
étudiants. Il faut faire intervenir des professionnels dans le
secondaire et dans les universités. Il faut également inclure
l’économie sociale dans les programmes scolaires.
Comment peut se
- Cette diffusion pourrait également se faire via une campagne
faire cette diffusion
d’information ? d’information nationale comme celle de l’artisanat. Elle
pourrait être financée par les acteurs et par des subventions.

- Elle pourrait également se faire via un label quand celui-ci sera


opérationnel.

117
Entretien n°6

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Il sera envisageable de créer un secrétariat d’Etat pour


défendre les intérêts de l’économie sociale qui est en danger.

- La création de fédérations pour défendre le point de vue de


l’économie sociale passe par la législation. Ce type
Que faut-il mettre en d’organisations existe déjà pour chaque type de structure.
place ?
- Si toutes ces institutions n’existaient pas, les entreprises
d’insertion ne pourraient pas perdurer sur le marché car elles
ont besoin d’aides, comme c’est le cas des entreprises d’aide
au logement.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il existe déjà une reconnaissance avec la loi de 1901 pour les
associations.
Quelle peut être la - Il faudrait que l’Etat instaure une reconnaissance avec la mise
nature de cette
en place d’un secrétariat dédié à l’économie sociale. Mais les
reconnaissance?
critères de reconnaissance demeurent difficiles à définir ; est-ce
l’objet social, la présence d’actionnaires, et de quel type ?

118
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- Le gouvernement actuel mène déjà des actions et met en place
des règles publiques qui favorisent l’économie sociale. La
gauche pourrait jouer sur ces règles. La gauche est plus
sensible au champ de l’économie sociale que la droite, mais la
Comment peut-il frontière gauche/droite n’est pas absolue.
influencer l’essor de
l’économie sociale ? - La gauche pourrait mettre en place des mesures et des
incitations pour favoriser l’économie sociale, mais il y a
toujours des limites budgétaires, et ce pour tous les
gouvernements.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Mise en place d’une exonération de charges qui constituerait la
mesure principale compte tenu du fait que le coût du travail est
Quels types très élevé.
d’avantages fiscaux ?
- Exonération de la TVA sur certaines activités.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Non
l’hypothèse
- Le manque réside davantage dans la visibilité de l’économie
sociale. Il s’agit de mettre en avant les enjeux, d’insister sur la
Quels types finalité de l’économie sociale. Pour cela, il faut impérativement
d’encadrement ? qu’elle soit bien dirigée et managée, c’est une condition sine
qua non.

119
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui
l’hypothèse
- La RSE peut favoriser la diffusion des pratiques responsables
concernant l’écologie et l’économie. La RSE fait bouger les
entreprises sur certain nombre d’enjeux. Les dirigeants peuvent
imposer des choses aux actionnaires, ce qui était impossible
auparavant. La sensibilisation se fait progressivement. Les
cadres des entreprises prennent conscience de l’aberration de
certaines pratiques.

- Aujourd’hui la RSE est une volonté des entreprises. La


Pourquoi ? législation les oblige juste à publier un rapport annuel. Il
faudrait passer à une obligation légale. Actuellement, la RSE
est du ressort du bon vouloir des entreprises.

- La RSE permet une grande progression de pratiques vertueuses


qui émanent d’une volonté réelle des entreprises.

- Il y a une prise de conscience des DRH et des dirigeants qui


prennent en compte des enjeux qui aujourd’hui dépassent la
notion de marché de l’économie capitaliste.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- L’économie sociale ne doit pas négliger le secteur primaire qui
doit être une force de la France. Le pays doit rétablir sa
souveraineté alimentaire en développant notamment
l’agriculture de proximité.

- Le secteur industriel est lui aussi trop faible, il faudrait le


développer davantage à l’image de l’Allemagne.
Pourquoi ?
- L’économie sociale regroupe tous les secteurs confondus, et
pas seulement le secteur du tertiaire et l’assistance sociale.

- L’économie sociale se doit de se développer dans tous les


secteurs de l’économie pour se séparer de l’image focalisée sur
le service social qui n’est pas représentative de l’économie
sociale.

120
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les militants constituent des bons vecteurs pour diffuser de
l’information sur l’économie sociale. Cependant, ils doivent
Comment peut se
faire attention aux discours qu’ils tiennent et garder un certain
faire cette diffusion
d’information ? esprit critique envers l’économie sociale, tout n’est pas
nécessairement vertueux.

121
Entretien n°7

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Petit à petit des organisations émergent dans la volonté de se


regrouper. Il est nécessaire de savoir mesurer l’utilité sociale
des entreprises sociales, c'est-à-dire leur gain pour la
collectivité.

- Ces instances naissent sur le terrain, notamment en régions, ce


qui fait naître une prise de conscience de l’Etat.
Que faut-il mettre en - La mentalité de l’entreprenariat social est moins présente en
place ?
France que dans d’autres pays comme le Royaume-Uni et les
Etats-Unis, l’Etat étant davantage investi dans les questions
d’ordre social.

- Le rapport du député Vercamer70 remis le 28 avril 2010 a


permis d’entamer une réflexion des politiques et une prise de
conscience.

70
D’après Francis Vercamer, « Ce rapport vient conclure un travail de réflexion et d’élaboration de préconisations qui a duré 6 mois, et pour lequel j’ai souhaité associer très
largement l’ensemble des acteurs de ce secteur intéressés par cette démarche. L’économie sociale et solidaire constitue un secteur économique dont l’activité est très ouverte
et portée aux questions de solidarités et plus généralement aux enjeux de société. Elle est un pan de notre économie qui est très dynamique, créateur de richesses et ce faisant
qui n’oublie pas d’être créateur d’emplois. C’est un secteur très présent dans notre économie, puisqu’il contribue à hauteur de 7 à 8% à la formation de notre PIB, qu’il
représente 10% de l’emploi salarié, que la création d’emplois y est plus dynamique que dans le secteur privé (+ 2,6% en moyenne de 2001 à 2006 contre une augmentation de
1,1% dans le secteur privé). Trois grands constats peuvent être dressés : tout d’abord, et corollaire de la grande diversité de l’économie sociale et solidaire, une difficulté à
appréhender l’ampleur du périmètre exact du secteur, qui se sent insuffisamment reconnu. Ensuite, une aspiration forte des acteurs de l’ESS à voir leurs spécificités et leurs
préoccupations mieux prises en compte par les pouvoirs publics. Enfin, troisième constat, le secteur est riche d’atouts et de potentiels qu’il estime insuffisamment reconnus et
sollicités. Face à ce constat, la mission a déterminé les axes d’une approche d’une politique globale de développement de l’ESS, à travers quatre grandes orientations
générales qu’illustrent 50 propositions concrètes. Ces orientations visent en particulier à : favoriser une meilleure visibilité ainsi que la prise en compte des enjeux, en
particulier européen, de l’économie sociale et solidaire, permettre aux structures et entreprises de ce secteur d’accéder à des dispositifs de droit commun qui facilitent leur
croissance, promouvoir une politique active d’aide et d’accompagnement qui tienne compte des spécificités de ce secteur, mieux prendre en compte le secteur de l’économie
sociale dans l’élaboration des politiques publiques. Les 50 propositions que vous trouverez dans le rapport visent à donner une impulsion nouvelle au développement de
l’économie sociale et solidaire et dessinent les contours d’une politique globale qui permette aux acteurs de l’ESS de prendre toute leur place dans l’économie nationale. Ce
rapport n’est qu’une étape dans un processus d’élaboration de cette politique qui me paraît essentielle, et qui, j’insiste sur ce point, doit être élaborée en partenariat avec les
acteurs de ce secteur. Laurent Wauquiez s’est engagé à réunir rapidement le Conseil supérieur de l’économie sociale pour travailler sur ces propositions, et d’apporter des
réponses concrètes pour aider celles et ceux qui sont convaincus de pouvoir entreprendre autrement pour la croissance et la création d’emploi. »

122
Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il est nécessaire d’arriver à identifier les entreprises qui sont
sociales ; quel est leur poids et combien sont-elles. Il faut
identifier le statut mais surtout la finalité et l’utilité.

- La question du label est elle aussi extrêmement importante.


Elle constitue un enjeu majeur et une étape intéressante bien
Quelle peut être la que compliquée. Le lancement d’un label permettrait de faire
nature de cette coïncider différentes logiques pour dégager davantage de
reconnaissance? visibilité et de clarté.

- La multitude de termes employés dessert le secteur. Il n’y a pas


de définition réelle.

- Aujourd’hui, nous assistons à un changement de culture et de


perspective dans laquelle interviennent les entreprises sociales.

Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- La notion d’économie sociale est davantage portée par la
gauche que par la droite, surtout par le biais des collectivités et
des régions.

- Cependant, le secteur n’est pas si dépendant de la couleur


politique, bien que le sujet soit manipulé avec plus d’aisance
par la gauche que par la droite. L’économie sociale n’a pas de
Comment peut-il réelle logique politique.
influencer l’essor de
l’économie sociale ? - Les partis les plus à gauche sont mal à l’aise avec la question
de l’insertion par l’activité économique, car c’est pour eux le
rôle de l’Etat. La sensibilité est plus forte à gauche, mais reste
disparate en fonction des différents mouvements.

- La question de l’économie sociale ne se règle pas avec l’aspect


politique, mais sur le terrain.

123
Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Non
l’hypothèse
- La mise en place d’avantages fiscaux n’apparaît pas comme
réaliste car il y a trop de diversité au sein du secteur. Ce type
de mesure pourrait ouvrir le champ au social washing et
Quels types engendrerait des difficultés quant à sa mise en place.
d’avantages fiscaux ?
- Ces dispositifs pourraient être perçus comme déloyaux vis-à-
vis des entreprises classiques, à l’image des IAE71.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il est nécessaire que l’Etat reconnaisse l’activité de façon
Quels types officielle.
d’encadrement ?
- L’encadrement peut se faire grâce à un label.

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui
l’hypothèse
- Dans le secteur, il y a des méfiances vis-à-vis de la RSE, des
suspicions.

- La notion de RSE est intéressante car elle permet aux


entreprises de servir de modèle et d’inspirer les entreprises
classiques. Ces entreprises ont parfois du mal à sortir du
Pourquoi ? modèle qu’elles connaissent et n’y parviennent que grâce à
l’aide des entreprises sociales. La RSE permet un travail
commun entre ces deux types d’entreprises en favorisant
notamment la création de partenariats. Ce type d’association
est bénéfique aussi bien pour les entreprises classiques que
pour les entreprises sociales. La RSE crée un lien entre les

71
D’après Camille Dorival, journaliste à Alternatives Economiques, rédactrice en chef de La lettre de l’insertion par l’activité économique, « Les associations et les
entreprises du secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) permettent à des personnes exclues du marché de l’emploi de se (re)familiariser avec le monde du travail,
tout en bénéficiant d’une formation et d’un accompagnement adaptés. L’objectif, au terme de ce parcours d’insertion, est qu’elles aient en main tous les atouts pour retrouver
un emploi convenable sur le marché « ordinaire » du travail. »

124
deux mondes.

- L’amalgame que fait l’opinion publique entre la RSE et les


entreprises sociales ne constitue pas un problème. Cette
méconnaissance permet de créer un dialogue et d’ouvrir des
portes.

- L’objectif final de la RSE est de respecter les valeurs et les


besoins sociaux, ce qui est le fer de lance des entreprises
sociales.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- Le secteur doit se tourner vers une stratégie qui vise à
entreprendre autrement, et ce dans tous les secteurs. C'est la
manière de faire qui compte et non le secteur. Il faut partir du
Pourquoi ? besoin social et voir la façon dont il est possible d'y répondre.

- La logique ne doit pas être sectorielle, elle doit se focaliser sur


la finalité des projets.

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- C'est aujourd'hui l'enjeu principal.

- L'opinion publique est de plus en plus ouverte et entend de plus


en plus parler des initiatives.
Comment peut se
faire cette diffusion - L'organisation de grands évènements et de mouvements qui
d’information ? regroupent les acteurs est de plus en plus courante. L'objectif
est de faire passer un message unifié envers l'Etat et l'opinion
publique. C'est à l'heure actuelle la solution la plus cohérente.

125
Entretien n°8

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Une structure qui réunirait l’ensemble des entreprises


d’insertion. La COORACE ne rassemble à ce jour qu’une
partie de ces entreprises. Cette structure est une nécessité car
aujourd’hui les entreprises d’insertion n’ont pas la volonté
d’adhérer à une organisation commune, alors que cela leur
Que faut-il mettre en permettrait d’avoir davantage de poids.
place ?
- Instauration d’une structure qui formerait les fonctionnaires de
la Direction du Travail qui ne connaissent pas les IAE. En
effet, elle est chargée d’allouer ou non des subventions aux
IAE en fonction des résultats du dialogue de gestion.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il est nécessaire qu’il y ait une reconnaissance de l’utilité de
gestion, et donc d’abolir la mesure du dialogue de gestion.
Quelle peut être la
Cette reconnaissance serait politique dans un contexte où les
nature de cette
reconnaissance? associations constituent un secteur oublié par l’Etat qui leur
verse de moins en moins d’argent.

126
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- L’instauration d’un gouvernement de gauche favoriserait
notamment les chantiers d’insertion qui dépendent des
subventions de l’Etat.

- Un gouvernement de gauche pourrait faire abolir la mesure qui


obligent les associations d’insertion à présenter un bilan
quantifié de leurs activités : nombre de personnes en CDI, en
CDD, nombre de sorties, nombre de personnes suivies…

Comment peut-il - Un gouvernement de gauche pourrait allouer davantage de


influencer l’essor de subventions pour les formations des personnes en insertion :
l’économie sociale ? alphabétisation, CAP (aujourd’hui que très peu de places)…

- Ce gouvernement pourrait également mener des actions pour


favoriser l’accès au logement des personnes en parcours
d’insertion. Comment trouver un travail quand on n’a pas de
logement ?

- Il pourrait également régulariser la délivrance de titre de séjour


et faciliter l’accès à la nationalité française.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il existe déjà des avantages fiscaux pour les associations
intermédiaires avec une déduction de 50% du prix des
Quels types prestations sur les impôts des clients.
d’avantages fiscaux ?
- Les associations intermédiaires sont déjà exonérées de
certaines taxes.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il faudrait une instance plus forte qui permettrait aux IAE de se
Quels types faire entendre et d’avoir plus de poids face à la direction du
d’encadrement ? travail.

127
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui
l’hypothèse
- La RSE peut amener le changement et des améliorations dans
les structures. La RSE pourrait amener davantage d’écoute au
sein des petites associations. Il faudrait même aller plus loin et
Pourquoi ? que la RSE devienne une obligation, même si les mesures
qu’elle apporte n’émanent pas nécessairement d’une volonté
réelle.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Oui
l’hypothèse
- Pour les IAE il est quasiment impossible de développer une
autre stratégie que celle tournée vers le tertiaire. Les personnes
suivies par des IAE sont orientées vers des métiers peu
Pourquoi ? qualifiés : ménage, bricolage, travaux publics… Le travail dans
d’autres secteurs d’activité s’avère impossible pour ces
personnes car ce sont des postes trop qualifiés.

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Cette diffusion pourrait passer par des publicités en direction
Comment peut se des clients des IAE qui ne savent pas forcement qu’ils
faire cette diffusion s’adressent à des entreprises d’insertion et qui n’en connaissent
d’information ? pas le principe.

128
Entretien n°9

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Il est important qu’il y ait un organe qui concentre les


structures professionnelles.

- La délégation suffit, mais il serait intéressant qu’il y ait une


Que faut-il mettre en organisation qui regroupe toutes les organisations
place ?
professionnelles ; actuellement 4 ou 5. Il faudrait une
association interprofessionnelle qui serait l’émanation des
structures de l’économie sociale et solidaire et non de l’Etat.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il y a actuellement un débat au Conseil Supérieur de
l’Economie Sociale et Solidaire autour de l’instauration d’un
label. Il faut néanmoins faire attention aux critères qui vont
être retenus ; ils pourraient être trop limitatifs. La diversité de
Quelle peut être la
nature de cette l’économie sociale et solidaire est une richesse, trop
reconnaissance? d’exigences formelles et contraignantes pourraient la desservir.

- Favorable à la mise en place de moyens de reconnaissance,


mais cela semble difficile à réaliser.

129
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- La droite reconnaît l’intérêt de l’économie sociale et solidaire,
mais elle se trouve davantage sous le joug de sociétés qui
pensent que l’économie sociale et solidaire a trop d’avantages.

- Un gouvernement de gauche pourrait être plus attentif aux


Comment peut-il
efforts à mettre en œuvre pour développer l’économie sociale
influencer l’essor de
l’économie sociale ? et solidaire, autrement dit il serait plus attentif pour répondre à
des besoins sociaux.

- Avec un gouvernement de gauche, l’économie sociale et


solidaire aurait de meilleures chances de se développer.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Non
l’hypothèse
- La mise en place d’avantages fiscaux n’est pas dans l’air du
temps.

- Les organisations se veulent autonomes.


Quels types
d’avantages fiscaux ? - Tant au niveau européen qu’au niveau national, l’instauration
d’avantages fiscaux ne sera pas autorisée au nom de la
concurrence.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- A priori, l’image de l’économie sociale et solidaire n’est pas
assez connue pour que les entreprises de l’économie sociale
puissent en jouir pleinement. Il faudrait pourvoir montrer les
Quels types bénéfices de cette économie.
d’encadrement ?
- Le fait d’avoir un encadrement pour donner une image claire à
l’opinion constituerait un élément positif.

130
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- A ce jour, aucune des sociétés qui se sont engagées dans la
RSE ont voulu changer de modèle pour devenir des sociétés de
l’économie sociale et solidaire.
Pourquoi ?
- Les sociétés qui appartiennent à l’économie sociale et solidaire
se doivent d’être attentives à leur responsabilité sociale. La
RSE est indissociable du statut.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- La stratégie doit être tournée vers le besoin de la collectivité,
des clients et des employés.

- L’économie sociale et solidaire a un mode d’organisation


Pourquoi ? industriel qui vaut pour toutes les activités. Il est cependant
plus difficile à concevoir si les besoins de capitaux sont élevés.
Les compagnies industrielles à capitaux légers peuvent plus
facilement appartenir à l’économie sociale et solidaire.

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui, cela ne fait aucun doute.


l’hypothèse
- Il faut utiliser toutes les voies possibles.
Comment peut se
faire cette diffusion - La voie la plus favorable est celle des clients et des membres
d’information ? de l’économie sociale et solidaire qui sont satisfaits.

131
Entretien n°10

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- La création d’instances spécialisées est essentielle car le


secteur progresse trop lentement.

- Il y a eu des progrès récemment avec la présentation de listes


communes lors des élections prud’homales. Cependant
l’économie sociale et solidaire est encore loin de parler d’une
seule voix.

- Il faudrait qu’il y ait des personnes qui créent des liens, des
Que faut-il mettre en ponts entre les structures pour qu’il y ait à terme des porte-
place ? paroles et des instances représentatives de tout le secteur.

- Ces instances doivent être créées par les acteurs eux-mêmes ;


les forces doivent être autonomes.

- L’Etat doit impulser cette fédération de l’ensemble des acteurs


mais ce n’est en aucun cas à lui de créer le mouvement.

- La création d’instances doit être une volonté française mais


aussi européenne.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La reconnaissance au sein de la puissance publique doit passer
par une place dans les instances officielles.

Quelle peut être la - Elle peut également passer par la reconnaissance des
nature de cette organisations patronales en temps que telle.
reconnaissance?
- Il faudrait reconnaître que l’économie sociale et solidaire est
une économie à but non lucratif.

132
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- Un gouvernement de gauche pourrait instaurer un Secrétariat à
l’économie sociale.

- Cependant, la gauche et le Parti Socialiste a du retard avec la


Comment peut-il promotion d’une alternative au secteur lucratif, le projet est
influencer l’essor de beaucoup trop timide.
l’économie sociale ?
- Un gouvernement de gauche pourrait faire avancer l’aspect
reconnaissance et faire avancer la dimension au niveau
européen.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les avantages fiscaux doivent néanmoins être compris par
l’opinion publique et par les autres acteurs.

- L’économie sociale se situe à la fois dans un champ


concurrentiel et dans un champ non concurrentiel. Si des aides
fiscales sont allouées, il faut qu’il y ait une certaine
transparence et que ces avantages soient alloués en raison de
Quels types
d’avantages fiscaux ? contraintes inhérentes au secteur pour ne pas être accusé de
concurrence déloyale.

- Ces avantages auraient pu s’exprimer quand le gouvernement a


accordé des aides aux banques françaises. Il aurait pu faire une
différence entre celles qui ont des actionnaires et celles qui ont
des adhérents.

133
Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Le manque de structures dessert l’économie sociale. Il faut une
instance mais indépendante des pouvoirs publics, c’est évident.
Quels types
d’encadrement ? - Il y a déjà des réseaux de coordination comme le CEGES et les
chambres régionales.

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- La RSE est une donnée structurante du secteur de l’économie
sociale. L’économie sociale ne doit pas avoir un mode de
gouvernance analogue à celui des entreprises classiques. Les
structures de l’économie sociale et solidaire gouvernent
Pourquoi ? autrement à l’interne et à l’externe.

- Dommage que le secteur de l’économie sociale et solidaire de


soit pas à l’avant poste de la stratégie de développement de la
RSE.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- Tous les secteurs d’activités sont favorables à l’économie
sociale. Ceux les plus favorables sont ceux à but non lucratif.

- Tous les secteurs économiques ont une place dans l’économie


sociale et solidaire (ex avec Chèques Déjeuner).
Pourquoi ?
- Il y a cependant une difficulté avec la dimension internationale
quand les entreprises doivent s’internationaliser. Pour lever des
fonds, les entreprises créent des sociétés sous des statuts qui ne
font pas partie de l’économie sociale et solidaire.

134
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Campagne de publicité avec le soutien de tout le secteur.

- Lancement d’un site, d’une revue.

Comment peut se - Si tout cela ne se met pas en place, les médias et l’opinion
faire cette diffusion publique ne pourront pas reconnaître le secteur en temps que
d’information ? tel. Il faut pour cela marteler l’existence du secteur. Si c’est le
cas, les journalistes prendront des initiatives et relayeront les
informations.

135
Entretien n°11

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

Je pense que cela serait favorable. Toute instance qui fédère les
énergies d’un type d’activités et permet l’échange de bonnes pratiques
est plutôt une bonne chose, selon le bon vieux principe « l’union fait la
force ». La visibilité du secteur de l’économie sociale pourrait être
Que faut-il mettre en
accrue, ainsi que la prise de conscience de son impact et son poids
place ?
économique croissant d’année en année. Reste à définir quelle instance
et quels fonctionnements sont prévus. Il ne faudrait pas une structure
trop lourde ou potentiellement contraignante.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
On pourrait imaginer une labellisation, qui pourrait se fonder sur des
critères éthiques par exemple. En France, on aime bien pouvoir situer
les structures avant de les rencontrer, avant de s’engager dans un
Quelle peut être la éventuel partenariat par exemple. Alors oui là encore, dans ce cas,
nature de cette l’existence d’un label permettrait de « rassurer » les contacts
reconnaissance? éventuels, les prospects, voire d’élargir les cibles potentielles.
Imaginons peut-être même des opérations communes de notoriété de
plusieurs structures aux actions différentes, groupées sous le même
repère d’identité type label par exemple.

136
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Non
l’hypothèse
Je ne crois pas que la question puisse se poser exactement en ces
termes ; je crois davantage que l’émergence des préoccupations
sociales va bien au-delà des clivages ou appartenances politiques des
uns et des autres. En revanche, je suis certain que les critères qui
Comment peut-il animent l’économie sociale concernent une part sans cesse croissante
influencer l’essor de de nos contemporains, chiffres et sondages le confirment. Je suggère à
l’économie sociale ? toute notre classe politique d’y prêter attention. La sensibilité aux
valeurs de partage, de respect mutuel, d’entraide et de solidarité ne
dépend pas seulement d’une appartenance politique. Enfin, les
entrepreneurs doivent savoir précéder les politiques, quitte à les
inspirer !

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
Tout le monde s’accorde à reconnaître le poids excessif des charges
qui pèsent sur le travail en France, et naturellement, compte tenu des
spécificités du secteur de l’économie sociale, tout avantage fiscal est
Quels types le bienvenu de façon à permettre de se positionner sur des marchés
d’avantages fiscaux ? habituellement réservés aux entreprises industrielles et commerciales
de type classique.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de
l’hypothèse
Je ne suis pas sûr de ce que vous entendez par encadrement. S’il s’agit
de collaborateurs, je considère que notre structure a la chance de
Quels types bénéficier d’apports en compétences et expertises extraordinaires,
d’encadrement ? notamment parce que Mozaïk RH s’appuie sur un réseau de bénévoles
de très haut niveau. Si vous faites allusion à des encadrements de nos
activités, là je suis assez réservé sur tout ce qui peut être un frein..

137
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui
l’hypothèse
Pour une entreprise, se situer dans une démarche RSE, c’est d’une part
être beaucoup plus attractive pour des consommateurs pour qui cela
entre en ligne de compte dans leur choix d’achat (c’est une tendance
croissante), pour les fournisseurs (c’est aux clauses d’insertion dans
les marchés publics, au respect environnemental, etc…que je pense).
Cela joue également pour attirer de nouveaux salariés (ou les
fidéliser), soucieux de participer à un projet d’entreprise pas
uniquement tourné vers le profit.
De fait, les entreprises de l’économie sociale sont d’autant plus
sollicitées que le « besoin » RSE des entreprises augmente.
Pourquoi ?
Si j’osais, je dirais que la RSE devient très tendance … Sérieusement,
je pense que c’est une préoccupation majeure. La notion d’entreprise
citoyenne se répand, les effets de diverses innovations récentes
s’ajoutent les unes aux autres : l’aide aux associations par les pouvoirs
publics, la Charte de la Diversité, la Halde, le service civique, le
nombre d’appels à projets innovants au plan social, lancés ou soutenus
par les instances publiques comme la Région Ile de France par
exemple, ou bien encore l’état via les ministères concernés qui s’y
mettent à leur tour. Le secteur bouge, pas encore tout à fait assez vite à
mon goût.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de
l’hypothèse
Clairement, notre économie se fonde chaque jour davantage sur le
secteur tertiaire, comme beaucoup d’autres pays développés. Toute
initiative de soutien ou d’accompagnement de l’économie sociale est
bienvenue. Mais je me garderai bien de suggérer quoi que ce soit ou
me substituer à ceux qui sont en charge de ces actions et réflexions,
Pourquoi ? chaque structure a ses spécificités et ses perspectives propres de
développement. En revanche, je suis tout à fait ouvert à échanger avec
les responsables et livrer mon point de vue en fonction de l’expérience
de Mozaïk RH.
-

138
Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
D’évidence, une fois encore, toute mesure visant à accroître ou bâtir
Comment peut se une notoriété, et donc favoriser un accroissement de l’activité est une
faire cette diffusion bonne chose. Plus généralement, après la forte crise qui a impacté nos
d’information ? économies, l’émergence de valeurs sociales est incontestable et
porteuse de sens aux yeux de beaucoup de responsables d’entreprises.

139
Entretien n°12

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Il existe actuellement trop d’instances, il y a un foisonnement


avec des regroupements d’acteurs plus ou moins spécialisés. Il
y en a beaucoup pour un ensemble peu visible et peu lisible.

- La création d’un Secrétariat d’ Etat ou d’un Ministère chargé


de l’économie sociale constituerait un signe fort permettant de
favoriser l’essor de l’économie sociale.

- Aujourd’hui, il y a des structures qui perdurent comme la


Que faut-il mettre en
place ? DGCS (Direction Générale de la Cohésion Sociale) ou le
Conseil Supérieur de l’Economie Sociale.

- Il faudrait rationaliser les instances déjà existantes qui


manquent d’efficacité.

- Les instances comme les CRESS pourraient voir évoluer leur


statut vers un statut consulaire. Le CEGES pourrait lui aussi
évoluer.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La création d’un Secrétariat d’Etat pourrait apporter une
reconnaissance officielle.

- Mais il faut surtout que l’économie sociale tienne un discours


efficace et commun en réunissant les moyens.

- Le Label dont il est actuellement question n’est pas


Quelle peut être la
nature de cette convaincant car il paraît difficile d’y réunir l’ensemble des
reconnaissance? acteurs. Il existe déjà une reconnaissance par des labels qui
appartiennent à différents réseaux.

- Il y a une trop grande volonté d’unifier et de gommer la


diversité de l’économie sociale. Oui pour la construction d’une
identité commune qui respecte la diversité des acteurs. A
contrario, cette diversité contribue à bloquer le mouvement. Il

140
faudrait une action commune autour d’enjeux, de pratiques et
de valeurs communes qui correspondent aux fondamentaux de
l’économie sociale.

Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- Un gouvernement de gauche intègrerait le développement de
l’économie sociale et solidaire plus naturellement qu’un
gouvernement de droite.

- Il y a cependant des tenants de l’économie sociale à gauche


Comment peut-il comme à droite. Ce sont les moyens mis en œuvre et la volonté
influencer l’essor de qui vont à priori compter.
l’économie sociale ?
- C’est à l’économie sociale de se rendre visible et lisible des
politiques, et ce quelque soient leurs bords.

- Un gouvernement écologiste aurait une proximité encore plus


grande avec l’économie sociale.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Non
l’hypothèse
- Nous assistons au mouvement inverse depuis des années.

- Il existe déjà des avantages fiscaux.

- Les avantages fiscaux ne sont pas forcément responsables et


crédibles. Il ne faut pas tirer la corde des subventions.

- Il faudrait peut être faire un tri dans l’IAE et créer de nouvelles


Quels types modalités dans les parcours d’insertion.
d’avantages fiscaux ?
- Les entreprises sociales ont des exigences de rentabilité liées à
leurs activités. Elles ne devraient pas lésiner en multipliant les
partenariats avec les entreprises capitalistiques.

- Les délégations quant à elles doivent recevoir des subventions


car elles se substituent au rôle de l’Etat et des collectivités.

141
- La question aujourd’hui est davantage de conserver les
avantages fiscaux légitimes.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de
l’hypothèse
- Le manque de capacité à agir dessert l’économie sociale. Il faut
essayer d’agir ensemble, sans pour autant tuer la richesse.

- L’enjeu actuel est de rajeunir la gouvernance de l’économie


Quels types sociale et de donner envie à des jeunes de s’y investir. Il s’agit
d’encadrement ?
de renouveler la gouvernance avec des personnes compétentes
ayant des capacités. Il y a un enjeu de formation dans
l’économie sociale.

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- La RSE peut banaliser le discours de l’économie sociale. La
RSE aujourd’hui ne favorise pas son essor. C’est une nouvelle
source d’information et un nouveau positionnement qui
brouille l’image de l’économie sociale.

- La RSE est un argument marketing et non une prise de


conscience. La RSE n’est pas un choix profond mais plutôt une
Pourquoi ?
contrainte pour les entreprises qui doivent prouver leur
engagement. La RSE s’apparente davantage au green washing.

- La RSE pourrait être bénéfique dans un deuxième temps si elle


pouvait pousser l’économie sociale à clarifier son discours : ses
différences, ses fondamentaux.

142
Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- Il n’y a aucune raison que l’économie sociale soit moins
bonne pour les activités industrielles. Le problème est que le
contexte est peu favorable à la réimplantation industrielle. Il
n’y a pas de raisons que l’économie sociale ne puisse pas jouer
sa carte dans le tissu industriel français.
Pourquoi ? - L’économie sociale a des capacités d’innovation et des
capacités techniques.

- L’attribution d’une plus grande part des subventions d’aide à la


recherche aux entreprises de l’économie sociale pourrait lui
permettre de jouer un rôle plus important.

- Il faudrait que la puissance publique témoigne d’un réel


investissement en termes d’argent et d’énergie pour implanter
des entreprises de l’économie sociale au sein du tissu industriel
des PME françaises. Ces implantations constitueraient des
garanties de pérennité car les entreprises de l’économie sociale
ne sont pas délocalisables.

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il y a déjà beaucoup trop de sources d’information.
L’information est mal diffusée et manque d’efficacité.

- L’enseignement de l’économie sociale dans les programmes


Comment peut se scolaires constitue une nécessité. Il faut une prise en compte
faire cette diffusion
des pouvoirs publics. Un programme a déjà été lancé
d’information ?
Jeun’ESS. Il comprend trois volets : favoriser la connaissance
par les jeunes de l’ESS, favoriser l’émergence des entreprises
de l’ESS par les jeunes et rajeunir l’ESS.

143
Entretien n°13

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Non
l’hypothèse

- Il existe déjà des instances spécialisées dans le domaine de


l’économie sociale : Sous Secrétariat d’Etat, entités au sein des
mairies comme à celle de Paris.

- En France, la tradition veut que l’économie sociale soit


accompagnée par les législateurs qui soutiennent et
accompagnent son développement.

- Il faut des instances de dialogue et d’échange dans un monde


Que faut-il mettre en où il y a des rivalités entre les membres originels et les
place ?
nouveaux acteurs.

- Il faudrait plus mettre en place des outils que des instances qui
existent déjà. Ces outils pourraient rendre les acteurs davantage
autonomes et favoriseraient leur développement. Le soutien par
le biais d’outils concrets tels que les closes dans le marché
public favorisant les acteurs de l’économie sociale, serait plus
bénéfique que la création d’instances spécialisées.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il faut reconnaitre les spécificités de l’économie sociale qui se
différencie de l’économie au sens classique pour que la
législation soit adaptée.

- En France il y a déjà une reconnaissance et c’est un des pays


pionniers en Europe. Cette reconnaissance passe par exemple
Quelle peut être la
par l’obligation par les entreprises de créer un fond d’épargne
nature de cette
reconnaissance? salarial solidaire qui permet le développer le secteur.

- Aujourd’hui il faut essayer de faire reconnaître le secteur à


l’échelle européenne. En France il existe des textes et une
législation, il faut faire la même chose maintenant au niveau
européen.

144
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui, sûrement


l’hypothèse
- La dimension philosophique de la gauche se rapproche
davantage de l’économie sociale.

- Cependant, le mouvement reste apolitique.

Comment peut-il - La gauche pourrait assurer un soutien à l’économie sociale sur


influencer l’essor de le long terme par exemple en soutenant les contrats aidés. Elle
l’économie sociale ? pourrait mener une politique pérenne grâce à des outils
concrets.

- Le monde de l’économie sociale est un monde apolitique qui


ne se reconnaît pas dans l’Etat, une sorte de troisième secteur.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Pas de position
Quels types
d’avantages fiscaux ?

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il faut que l’économie sociale soit exemplaire et irréprochable.
Il suffit d’une dérive pour que le secteur/mouvement soit
desservi.

Quels types - Il faudrait mettre en place des modèles de certification comme


d’encadrement ? une charte d’engagement des acteurs (un label ?). Seulement,
tout cela a un coût pour les acteurs.

- L’Etat fait déjà des contrôles avec les contrats aidés.

145
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les entreprises de l’économie sociale peuvent bénéficier des
politiques RSE des entreprises classiques.

Pourquoi ? - Mais la RSE est plutôt un habillage qu’un réel fond. Mais tout
commence par là, c’est une porte d’entrée pour l’économie
sociale.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
- L’économie sociale est présente sur différents secteurs comme
l’agriculture et sur des secteurs d’avenir comme
l’environnement. Elle est même présente sur des secteurs de
pointe comme la haute technologie.
Pourquoi ?
- Mais au niveau national et européen le secteur qui est le plus
poussé, le secteur des services, est donc créateur d’emplois.
L’économie sociale a cependant vocation à être présente sur
tous les secteurs y compris la production et l’agriculture.

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il y a un réel besoin de clarification. Les gens ne voient pas ce
qu’il y a derrière l’économie sociale alors que la plupart sont
en accord d’un point de vue philosophique.

- Cette méconnaissance est liée au fait que le secteur est divers


Comment peut se et qu’il ne s’exprime pas d’une seule voix et ne forme pas une
faire cette diffusion unité.
d’information ?
- L’économie sociale doit parler d’une même voix et véhiculer
les mêmes concepts. Cela pourrait passer par l’institution d’un
label. Le débat théorique est fatiguant, il faut passer à des
actions concrètes.

146
Entretien n°14

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui, si le but est de la renforcer et non de la démanteler


l’hypothèse

- Il y en a déjà quelques unes comme la FNMS pour les


mutuelles.

- Il existe deux moyens pour ces instances : que les groupes


solidaires se forment et s’organisent, ou qu’il y ait une
coordination faite par la puissance publique.
Que faut-il mettre en
place ? - Le problème pour les mutuelles n’est pas qu’il n’y ait pas
d’organisations, mais que les mutuelles soient de moins en
moins militantes. Elles se trouvent aujourd’hui dans une
gestion du quotidien plutôt que dans une démarche militante et
politique.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La mise en place d’un statut qui permette que l’économie
sociale se renforce et se développe.
Quelle peut être la - Pour les mutuelles, il faudrait un statut particulier qui ne les
nature de cette
reconnaissance? mette pas en concurrence avec les assurances. Il ne faut pas
que ces deux entités aient la même réglementation.

147
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- Un gouvernement de gauche pourrait défendre l’économie
sociale à condition que la Gauche porte une rupture avec le
capitalisme.

- Pour le mutualisme, cela passerait par l’instauration d’une


Comment peut-il
Sécurité Sociale qui prendrait en charge 100% des soins.
influencer l’essor de
l’économie sociale ? - Il faudrait mettre en place un statut qui permettrait à
l’économie sociale de se protéger des réglementations
européennes, et faire attention que le statut ne soit pas
détricoté.

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui
l’hypothèse
- Pour les mutuelles, il faudrait mettre en place des avantages
fiscaux pour les assurés. Cette mesure inciterait les personnes
Quels types qui cherchent à se couvrir à adhérer à une mutuelle. Cet
d’avantages fiscaux ? avantage peut se faire sur le modèle des adhésions aux
associations avec une déduction fiscale.

Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui dans l’absolu


l’hypothèse
- Le problème est de savoir qui ferait le contrôle, pas l’Etat en
tout cas.

- Il y a des problèmes dans les mutuelles où les salariés ont le


Quels types pouvoir et non les militants. C’est bien dans le sens où les
d’encadrement ? salariés sont ceux qui travaillent dans l’entreprise, mais il faut
aussi des élus pour qu’il y ait un certain équilibre. Cependant,
cet équilibre n’est pas systématiquement présent et la charte de
la mutualité n’est pas nécessairement respectée.

148
Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- La RSE, c’est l’économie sociale.

- Il y a deux dynamiques aujourd’hui : l’économie sociale et les


entreprises capitalistiques. Ces dynamiques ne sont pas
compatibles. La RSE reste essentiellement de l’affichage.

- Quand la RSE s’applique à des petites entreprises, la question


Pourquoi ?
se discute car le patron n’a pas la même relation avec ses
salariés et peut avoir une fibre sociale et davantage de marge
de manœuvre s’il n’y a pas d’actionnaires.

- Les grosses structures sont écrasées par leur poids. La RSE


reste de la poudre aux yeux.

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Pas de réponse


l’hypothèse
- Ne connaît bien que le secteur du tertiaire.
Pourquoi ?

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- L’économie sociale doit être étudiée à l’école, l’éducation est
la base.
Comment peut se
faire cette diffusion - Le meilleur moyen serait l’apparition politique des acteurs de
d’information ? l’économie sociale sans couleur politique, juste pour faire
valoir leurs différences.

149
Entretien n°15

Thème 1 - Création d’instances spécialisées dans l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse

- Il faut renforcer les instances qui existent déjà ce qui


permettrait au mouvement d’acquérir une meilleure visibilité
ainsi qu’une meilleure représentativité.

- Ce renforcement devrait être traduit par l’unification du


CEGES72 et une reconnaissance de l’USGERES73

- A noter qu’il faut que l’économie sociale soit capable de


Que faut-il mettre en
place ? s’unir, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

- Il faudrait définir ce qu’est clairement l’économie sociale. Le


débat est toujours ouvert entre économie sociale d’une part, et
économie sociale et solidaire de l’autre.

- Il faudrait qu’un Ministère ou qu’un Secrétariat d’Etat soit


créé.

Thème 2 – Reconnaissance officielle des organisations de l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- Il faudrait que l’USGERES soit reconnu comme interlocuteur
de l’Etat et des syndicats de salariés au même titre que le
Quelle peut être la MEDEF74, la CGPME75 ou l’UPA76.
nature de cette
reconnaissance? - Cette reconnaissance peut se faire par voix législative.

72
Conseil des entreprises, Employeurs et Groupements de l'Economie Sociale
73
Union de Syndicats et Groupements d’Employeurs Représentatifs dans l’Economie Sociale
74
Mouvement des entreprises de France
75
Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises
76
Union Professionnelle Artisanale

150
Thème 3 – Instauration d’un gouvernement de gauche

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les traditions « de gauche » incitent plus à une reconnaissance
des organisations collectives.
Comment peut-il - Mais avec un bémol: il ne faudrait pas que les organisations de
influencer l’essor de
l ‘économie sociale se substituent au rôle de l’Etat (ce qui est
l’économie sociale ?
le cas actuellement avec la situation d’un gouvernement de
droite).

Thème 4 – Mise en place d’avantages fiscaux

Validation de Oui et non


l’hypothèse
- L’économie sociale recouvre des réalités diverses : les SCOP
et les mutuelles qui évoluent dans un domaine concurrentiel et
les associations diverses qui répondent à des besoins sociaux
non pris en compte par d’autres structures. Pour les premières,
pas d’exonération (sauf l’ex-taxe professionnelle pour les
SCOP qui ne peuvent délocaliser). Mais actuellement, les
Quels types SCOP bénéficient déjà d’un régime particulier pour la
d’avantages fiscaux ? participation et donc pour l’impôt sur les sociétés. Pour les
secondes peut-être.

- Oui, mais pas forcément sains. Pas bonne connaissance du


milieu, je sais que certaines structures de l’ES n’ont aucune
conscience des problèmes d’équilibre économique (je ne parle
pas de « rentabilité »).

151
Thème 5 – Manque d’encadrement des structures

Validation de Oui
l’hypothèse
- Les organisations de l’ES, malgré leur histoire, n’ont pas de
tradition « d’alliance » ou de syndicalisme d’entreprise.

- Le problème du « manque de contrôle » se traduit par plusieurs


Quels types « aberrations » : la moitié des Français participent à l’ES, la
d’encadrement ? plupart sans le savoir (mutuelles, coopératives, associations) ;
il n’y a pas de « label ES » (et d’ailleurs qui pourrait le
donner sans avoir un « jugement » politique ?).

Thème 6 – Le développement de la RSE dans les entreprises

Validation de Non
l’hypothèse
- Ne croit pas un seul instant à l’honnêteté de la démarche RSE.
Pourquoi ?

Thème 7 – Mise en place d’une stratégie globale tournée vers le secteur tertiaire

Validation de Non
l’hypothèse
Pas d’argumentation
Pourquoi ?

Thème 8 – Diffusion d’informations sur l’économie sociale

Validation de Oui
l’hypothèse
- La diffusion d’information ne doit pas être réalisée par le
gouvernement car par définition, les organisations de l’ES
Comment peut se doivent être indépendantes des pouvoirs publics.
faire cette diffusion
d’information ? - Presse et médias divers, mais par un regroupement (CEGES
par exemple) des organisations de l’ES.

152
RESUME

L’économie sociale revient depuis les années 1970 sur le devant de la scène
économique française. Cette partie de l’économie représente environ 10% du produit intérieur
brut (PIB), mais reste pour autant méconnue du grand public, des politiques et des acteurs
économiques. Cette étude s’attache à définir l’économie sociale en France au sens large du
terme, et à déterminer les facteurs pouvant influencer son essor.

ABSTRACT

The social economy has come back on the front of the French economic scene since
the 1970s This part of the economy represents about 10% of gross domestic product (GDP),
but remains so far unknown to the general public and to the political and economic actors.
This study aims to define the social economy in France in the broadest sense, and to identify
factors that may influence its development.

153

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