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DISSERTATION ÉCONOMIQUE AUX CONCOURS
SUJET N°1
LE TAUX D’ÉPARGNE DES MÉNAGES FRANÇAIS EST-IL TROP ÉLEVÉ ?
Nature du sujet
Sujet de type « discussion » où la problématique est explicite. La difficulté de ce type de sujet consiste à
préciser la problématique sans reprendre son intitulé sous une forme déguisée.
financement de l’économie.
Taux d’épargne (au sens de l’INSEE) : Montant de l’épargne rapporté au revenu disponible brut (c’est-à-
dire au revenu primaire après redistribution).
NB : L’épargne nationale ne se limite pas à celle des ménages (qui fait l’objet du sujet). Il faut intégrer aussi
celle des entreprises et des administrations publiques :
- l’épargne (brute) des entreprises est constituée des bénéfices non distribués et des amortissements
cumulés destinés à renouveler le capital technique, c’est-à-dire à investir. L’épargne des entreprises
permet leur autofinancement ;
- l’épargne (brute) des administrations publiques est définie comme la différence entre les recettes
totales et les dépenses courantes de fonctionnement et de transfert.
Cadre spatio-temporel : le cadre spatial est imposé (la France) ; le contexte temporel peut être étendu
nde
de la période de l’après 2 Guerre Mondiale jusqu’à nos jours. Cette période souligne le rôle
progressivement déterminant pris par l’épargne des ménages français dans le financement de
l’économie.
Pourquoi ce sujet : les ménages français ont un taux d’épargne structurellement élevé. Pour autant, les
entreprises françaises – et notamment les PME qui tirent la croissance et créent des emplois – sont
confrontées à une pénurie d’épargne longue. L’épargne est ainsi au cœur des grands équilibres
macroéconomiques. Rappelons également que le revenu des ménages se décompose en consommation
et épargne, un supplément d’épargne ce faisant au détriment de la consommation. Or, cette dernière est
un moteur déterminant de la croissance française.
Difficultés du sujet : ne pas réduire le sujet à la question du partage du revenu entre consommation et
épargne. Pour cela, il est important de se rappeler que l’épargne des ménages contribue de façon
déterminante au financement de l’économie.
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Introduction
Accroche La France figure parmi les pays d’Europe qui épargnent le plus : l’épargne représentait plus
de 14% du revenu disponible brut des ménages français en 2017.
Éléments de La dégradation actuelle de la conjoncture économique risque d’accroître le taux d’épargne
contextualisation des ménages français, freinant d’autant la dynamique de la consommation. L’épargne peut
et définitions être définie comme la partie non consommée du revenu. L’INSEE calcule le taux d’épargne
des ménages en rapportant le montant de l’épargne au revenu disponible brut des ménages
(c’est-à-dire le revenu primaire après redistribution).
Problématique Dans le contexte économique actuel marqué par la multiplication des facteurs d’incertitude,
quels sont les risques induits par le niveau élevé – voire une remontée – du taux d’épargne
des ménages français ? A contrario, ne doit-on pas considérer qu’un taux d’épargne élevé
est un facteur permissif d’une croissance durable ?
Annonce des Afin de répondre à cette problématique, nous soulignerons dans une première partie le rôle
parties fondamental de l’épargne dans le financement de la croissance économique. Puis, dans
une seconde partie, nous aborderons les risques associés à un taux d’épargne élevé.
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DISSERTATION ÉCONOMIQUE AUX CONCOURS
Facteur permissif du développement économique d’une Nation, un niveau trop élevé d’épargne est pour
autant susceptible de freiner la dynamique de la croissance.
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à l’épargne longue et d’orienter massivement cette dernière vers les entreprises et plus spécifiquement les
PME et les ETI.
Conclusion
Synthèse La situation actuelle de l’économie française souligne avec force la complexité des relations qui
s’établissent entre le taux d’épargne des ménages et les grands équilibres macroéconomiques
(croissance, emploi, financement des comptes publics, etc.). Les économistes évoquent
l’existence d’un taux d’épargne optimal qui contribuerait au financement de l’investissement
tout en étant compatible avec des perspectives de débouchés suffisantes pour les entreprises.
Thème Comme précisé supra, la France doit mobiliser les outils nécessaires afin d’orienter l’épargne
d’ouverture des ménages vers des supports « longs » de financement. Le gouvernement dispose, avec la
fiscalité, d’un puissant levier pour orienter les économies des français. Les mesures prises
pourraient faciliter la transition énergétique de la France (via le développement des énergies
renouvelables), nécessaire à la réorientation de notre modèle de croissance dans le sens d’un
développement durable.
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DISSERTATION ÉCONOMIQUE AUX CONCOURS
SUJET N°2
CROISSANCE ET INNOVATION
Nature du sujet
Le sujet met en relation directe deux concepts A et B par l’intermédiaire de la conjonction de coordination
« et ». Le « et » impose d’envisager uniquement la nature des relations/liens qui unissent les deux concepts.
La formulation de la problématique suppose de trouver le verbe qui exprime le plus justement possible la
nature des liens qui unissent les 2 concepts.
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Cadre spatio-temporel : non défini. Le sujet peut être appliqué à l’échelle mondiale, en exploitant les
principaux faits stylisés de la période contemporaine. Une attention particulière sera portée aux
développements récents relatifs à la notion d’« économie de la connaissance ».
Pourquoi ce sujet ?
Pistes d’analyse : les phénomènes observés de concentration géographique des activités innovantes et la
notion même de connaissance (considérée comme un bien économique à part entière) renouvellent les
approches en termes d’innovation. La concurrence mondiale accentue la nécessité pour les pays
occidentaux de maintenir leur « écart technologique » dans un contexte de rattrapage des pays émergents
(dont la liste s’allonge !).
Difficultés du sujet
• La notion d’innovation ne se réduit pas au progrès technique (les innovations ne génèrent pas
nécessairement des gains de productivité).
• Il convient de traiter le sujet dans sa dimension internationale et ne pas se limiter au contexte d’une
économie fermée.
• Un sujet sur l’innovation ne se réduit pas aux apports (certes fondamentaux) de J.A. Schumpeter !
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Introduction
Accroche « Les États-Unis ont une croissance plus dynamique que l’Europe ». Ainsi débute le rapport
intitulé Politique économique et croissance en Europe de P. Aghion, E. Cohen et J. Pisani-
Ferry (2006). D’après ces auteurs, ce différentiel de croissance serait largement imputable à
un écart de productivité, ce dernier résultant d’un déficit d’investissement de l’Europe dans
la production de nouveaux savoirs. Ainsi, la croissance américaine serait davantage
schumpétérienne ; celles des pays européens plus smithienne. Ces observations
permettent d’établir une corrélation étroite entre la dynamique de l’innovation et la
croissance économique.
Éléments de Définie comme l’application commerciale ou industrielle d’une invention, l’innovation est un
contextualisation facteur-clé de la croissance économique. Multidimensionnelle, nous nous arrêterons sur
et définitions deux formes particulières de l’innovation, à savoir celles qui affectent les produits et les
procédés de fabrication. Ces dernières permettent de diffuser dans l’économie un nouveau
progrès technique et génèrent d’importants gains de productivité.
Le sujet posé invite à identifier les liens qui existent entre les différentes formes de
l’innovation, leur rythme et la croissance économique que l’on peut définir comme
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DISSERTATION ÉCONOMIQUE AUX CONCOURS
activités innovantes.
La compétitivité des entreprises et, au-delà, celle des Nations reposent fondamentalement sur les capacités
à créer et à utiliser les connaissances. Ces capacités conditionnent largement les performances en termes
de croissance, de revenus et de création d’emplois. L’attention portée à la production de savoirs s’explique
également par les caractéristiques particulières de la connaissance. Cette dernière est un bien public, les
principes de rivalité et d’exclusion par les prix ne s’appliquant pas. Le rendement social de la production de
savoirs est de surcroit très élevé, du fait de l’existence de fortes externalités technologiques.
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renforcement des coopérations entre tous les acteurs de l’innovation industrielle (acteurs publics et privés,
au niveau intra ou intersectoriel) et le lancement des pôles de compétitivité. La politique industrielle est
complétée par des mesures « horizontales » telles que la création de la Banque publique d’investissement,
le crédit d’impôt-recherche, le crédit d’impôt compétitivité emploi ou encore le Pacte de responsabilité du
président F. Hollande.
Conclusion
re
Synthèse Depuis la 1 révolution industrielle, l’innovation – par la mise en valeur de nouvelles
connaissances – est analysée comme le moteur essentiel de la croissance économique.
L’intensification de la concurrence mondiale cristallise aujourd’hui les enjeux associés à la
maîtrise des nouvelles technologies. En outre, les caractéristiques particulières des activités de
production de connaissance appellent un renouvellement de l’action publique afin de maintenir
l’attractivité des territoires et la compétitivité de leurs entreprises.
Thème Pour parvenir à une « croissance intelligente », l’Union Européenne doit devenir plus
d’ouverture performante dans les trois domaines suivants : la société numérique, la recherche et
l’innovation, l’éducation. Concernant ce dernier point, il s’agit d’encourager les citoyens à se
former, à poursuivre des études et à améliorer leurs compétences. Le développement de ce
capitalisme cognitif donne ainsi une résonnance nouvelle à la maxime de J. Bodin « Il n’y a de
richesse, ni force que d’hommes ».
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SUJET N°3
LA CROISSANCE EST-ELLE UNE CONDITION NÉCESSAIRE ET
SUFFISANTE DU RETOUR AU PLEIN EMPLOI ?
Nature du sujet
Sujet de type « discussion » où la problématique est explicite. Le sujet est composé de deux concepts-clés
qui imposent un développement basé sur les liens s’établissant entre ces deux derniers. Rappel : la difficulté
de ce type de sujet consiste à préciser la problématique sans reprendre son intitulé sous une forme
déguisée.
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NB : L’emploi peut être défini comme un poste de travail permettant de percevoir un revenu au titre de l’activité
effectuée.
Cadre spatio-temporel : non défini. Le sujet peut être appliqué aux pays de l’OCDE (un éclairage
particulier peut être apporté concernant l’économie française), en proposant une perspective historique
nde
de l’après 2 G.M. jusqu’à nos jours. Cette période permet de couvrir le plein emploi des Trente
Glorieuses, puis la détérioration durable du marché du travail au cours des Trente Piteuses.
Pourquoi ce sujet ?
Pistes d’analyse : Net ralentissement des créations d’emplois depuis la crise financière des subprimes dans
un contexte de croissance très affaiblie. L’accélération des destructions d’emplois dans le secteur industriel
– notamment en France – interpelle plus particulièrement les pouvoirs publics. Si le sujet a une actualité
immédiate évidente, il ne faut pas oublier que différents pays, dont la France, essaient de lutter contre un
chômage de masse depuis plus de trois décennies.
Difficultés du sujet : Ne pas confondre emploi et chômage même si ces deux termes sont étroitement
liés. Toute création d’emplois ne se traduit par une réduction équivalente du chômage (du fait notamment
des évolutions de la taille de la population active et de la productivité du travail).
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Introduction
Accroche Le début de la décennie 2010 ouvre une période de croissance quasiment nulle et de très
basse inflation pour les pays membres de la zone euro. Conséquences de la double onde
de choc induite par la crise des subprimes et celle des dettes souveraines, le taux de
chômage de la zone euro franchissait la barre des 12% en 2013. Depuis 2015, la
croissance redémarre, atteignant 2,2% en 2017 avec un taux de chômage moyen de 8,7%.
Pour autant, la question de l’emploi est cœur des préoccupations gouvernementales depuis
le début des années 1980.
Éléments de Qualifiée de Trente Piteuses par P. Baverez, la période qui s’ouvre à l’aune des années
contextualisation quatre-vingts caractérise plus de trois décennies de chômage de masse, de précarité et
et définitions d’inégalités grandissantes. Activer les leviers de la création d’emplois devient une « ardente
obligation » pour les gouvernements confrontés à un chômage de masse devenu
endémique. Appréhendée par le taux de variation du PIB évalué à prix constants, la
croissance économique est étroitement corrélée à la création d’emplois. L’économie sera
dans une situation de plein emploi si toute la main d’œuvre, désireuse de travailler pour le
taux de salaire en vigueur sur le marché du travail, trouve un emploi. Seul un taux de
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Si la période des Trentes Glorieuses souligne avec force la corrélation positive entre la croissance
économique et les créations d’emploi, le marasme économique et la dégradation induite du marché du
travail en sont une illustration actuelle.
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extérieurs a été particulièrement important pour la France mais également pour toute la zone euro. La
contraction de la demande européenne se traduit par une inflation très basse qui alourdit la charge réelle de
l’endettement des entreprises et de l’État. La politique monétaire ultra expansive de la BCE depuis 2014
semble impuissante face à des risques déflationnistes élevés.
Le retour de la croissance est une condition nécessaire à l’amélioration de la situation sur le marché du
travail. Pour autant, ce n’est pas une condition suffisante. Des leviers de nature structurelle méritent d’être
actionnés afin de converger vers une situation de plein emploi.
1
Se reporter sur ce point à la relation d’Okun.
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(Lucas) et dans le capital public (Barro) contribuent à renforcer notre potentiel de croissance.
e
Enfin, la mondialisation libérale de ce début de XXI siècle induit une précarisation des relations de travail
(Rodrick), associée à l’accentuation du dualisme du marché du travail (Doeringer et Piore) ainsi qu’à une
fragilisation des systèmes de protection sociale. C’est dans ce contexte que se pose la question du recours
au protectionnisme. D’après P.-N. Giraud (2011), il est légitime d’instaurer non pas la protection des
industries naissantes (List) ou celles des industries vieillissantes (Kaldor), mais la « protection des morceaux
de chaînes de valeur à fort investissement en capital humain ».
Conclusion
Synthèse Dans un contexte de croissance nulle et d’austérité budgétaire, la France est plus que jamais
confrontée à une obligation de création d’emplois. C’est plus largement une obligation pour la
zone euro, et plus encore pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne. Depuis 2014, le
taux de chômage recule au sein de l’Union Européenne. Il atteignait, fin 2017, 7,3%. La
situation demeure toutefois préoccupante avec la persistance d’un taux de chômage de longue
durée représentant 46,8% du total des chômeurs de l’Union Européenne.
Thème La croissance verte peut être une arme efficace de lutte contre le chômage sous condition
d’ouverture d’une évolution de qualification de la main-d’œuvre. En réduisant sa dépendance énergétique
(par la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles importées et
l’amélioration de l’efficacité énergétique), l’Union Européenne pourrait relocaliser sur son
territoire des emplois qui existent pour le moment dans d’autres pays du monde. C’est dans
cette perspective que s’inscrit la Stratégie Europe 2020 qui vise à faire évoluer l’Union
Européenne vers une croissance verte.
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SUJET N°4
L’EFFICACITÉ DE LA REDISTRIBUTION DES REVENUS
Nature du sujet :
Sujet de type « analyse » où la problématique est explicite. Une attention particulière doit être portée au
terme d’efficacité afin de bien cerner la nature de la question posée par le sujet.
Cadre spatio-temporel : non défini. Le sujet sera appliqué aux pays occidentaux qui ont fait l’objet
d’études statistiques approfondies sur la thématique traitée. Une attention particulière sera portée aux
trois dernières décennies marquées par une très forte augmentation des inégalités de revenu dans la
grande majorité des pays occidentaux.
Pourquoi ce sujet ?
Actualité forte portée par de nombreux ouvrages tels que La prospérité du vice (2009) de Daniel Cohen, Le
e
prix de l’inégalité (2012) de Joseph Stiglitz ou Le capital au XXI siècle (2013) de Thomas Piketty.
Difficultés du sujet
• Bien connaître les différents circuits et les finalités de la redistribution des revenus.
• Se rappeler que dans les revenus primaires, on distingue les revenus issus de l’activité et ceux résultant
de la propriété (revenus du patrimoine).
• Inscrire le traitement du sujet dans les problématiques d’aujourd’hui (explosion des très hauts revenus,
remise en cause théorique de la justification libérale des inégalités, propositions de réforme des
systèmes fiscaux, réflexion en termes d’inégalités d’opportunités en reprenant la perspective du
développement humain, …).
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Introduction
Accroche Pour chaque euro produit par un agent économique au cours de l’année 2017, 44 centimes
ont été prélevés par les administrations publiques françaises afin d’être redistribués ou
consacrés au financement des biens et services publics. La masse des prélèvements
obligatoires représentent dans les pays européens entre 40% et 50% du Produit intérieur
brut. Parmi les 28 pays de l’Union européenne, on constate que les pays les plus riches ont
les plus hauts niveaux de prélèvements obligatoires et inversement pour les pays les moins
développés. Autorisant la redistribution des richesses créées, les prélèvements obligatoires
ne sont donc pas contradictoires avec le développement économique.
Éléments de Les politiques de redistribution ont pour objectif de réduire les inégalités issues de la
contextualisation répartition primaire des revenus. Ces derniers sont composés des revenus d’activité (les
et définitions salaires notamment) et des revenus issus du capital et/ou du patrimoine (tels que les loyers,
les intérêts ou les dividendes). En dépit de l’ampleur de la redistribution dans la majorité des
sociétés occidentales, les inégalités ont très fortement augmenté dans ces pays depuis plus
de trois décennies.
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Problématique La question qui se pose dès lors est celle de l’efficacité et, ce faisant, de la légitimité de ces
politiques de redistribution eu égard aux objectifs socio-économiques de justice sociale et
d’allocation des ressources. Cette problématique sera appliquée au cas des pays
occidentaux, dans le contexte contemporain de ces trois dernières décennies.
Annonce des Afin de répondre à cette problématique, nous montrerons que les politiques de redistribution
parties des revenus sont à l’origine d’inefficacités économiques qui se traduisent par un gaspillage
nde
de ressources. Dans une 2 partie, il sera démontré que les politiques de redistribution
font face à des enjeux sociétaux auxquels elles peuvent répondre avec efficacité.
I. Parce qu’elles modifient les prix relatifs, les politiques de redistribution des revenus sont
à l’origine d’inefficacités économiques
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DISSERTATION ÉCONOMIQUE AUX CONCOURS
er
redistribution – qui a pour contrepartie les prélèvements obligatoires – s’opère en 1 lieu par le biais de la
protection sociale qui répond à une double logique d’assurance et d’assistance. S’y ajoute la fourniture par
l’État de biens et services financés par la collectivité par le biais de l’impôt (telle que l’éducation publique) ou
l’octroi de subventions visant à diminuer le prix payé par les utilisateurs de certains services (telles que les
subventions accordées à l’enseignement privé). Par extension, il est possible d’associer également
l’ensemble des mesures réglementaires qui agit sur la répartition primaire des revenus en modifiant le
fonctionnement des marchés (exemple : fixation d’un salaire minimum). Les distorsions conséquentes dans
les prix relatifs ne permettent plus à ces derniers de jouer leurs rôles essentiels à savoir l’information,
l’incitation et l’équilibre.
d’accroître les ressources des ménages les plus modestes c’est-à-dire ceux dont la propension marginale à
consommer est la plus élevée. Les libéraux contestent quant à eux l’efficacité des politiques de redistribution
et en soulignent les effets nocifs pour la croissance. Les économistes de l’offre vont notamment dénoncer
l’excès de pression fiscale et de transferts. D’après ces auteurs, les dépenses de transfert (telles que les
minima sociaux) créent des situations de « trappe à inactivité », tandis que l’excès de pression fiscale – en
vertu de la courbe de Laffer – décourage l’activité productive et l’épargne.
Les prélèvements obligatoires grèvent la compétitivité des entreprises (en élevant notamment le coût du
travail) et réduisent l’attractivité des territoires. Une fiscalité élevée (sur les entreprises, l’épargne et/ou les
revenus du travail) freine les flux d’IDE entrants, incite à l’évasion fiscale et peut contribuer à l’émigration des
travailleurs hautement qualifiés.
Les ultra-libéraux contemporains vont plus loin en prônant le retour d’un État minimal. D’après Nozick, la
justice sociale est indissociable de la liberté des échanges. Le principe même d’interventions économiques
ou sociales de l’État ayant une vocation de redistribution est une injustice. La seule intervention légitime de
l’État est celle qui permet le bon fonctionnement des mécanismes du marché.
Pour Hayek, le marché est une forme d’organisation sociale supérieure à toute autre car il est le seul à
garantir la liberté et la justice. A contrario, le recours à l’État pour organiser la société et lutter contre les
inégalités présente un risque constant de dérive vers le totalitarisme.
Les inégalités de revenu d’activité et de patrimoine ont atteint une telle ampleur qu’elles constituent
aujourd’hui une source majeure d’inefficacité économique, fragilisent la cohésion sociale et constituent une
menace qui pèse sur nos démocraties. D’après J. Stiglitz, trop d’inégalités freinent la croissance, conduisent
à une moindre efficacité économique et une plus grande instabilité. Lorsque la société est profondément
divisée, il est très difficile de parvenir à un consensus politique. Les personnes les plus riches – qui n’ont
guère besoin de services publics et craignent qu’un gouvernement fort ne redistribue les richesses - usent
de leur influence politique pour réduire les impôts et restreindre les dépenses publiques. Cela se traduit par
un manque d’investissement dans les infrastructures, la technologie et l’éducation. Ce déficit
d’investissement public bride la croissance (comme le souligne les théoriciens de la croissance endogène) et
accentue les inégalités en termes d’opportunités. Si les jeunes des familles les plus modestes n’ont
quasiment plus aucune chance d’atteindre leurs potentiels, l’économie gâche l’une des plus importantes de
ses ressources productives. La marginalisation économique d’une frange de la population se double
également d’une marginalisation politique qui mine les systèmes démocratiques. Enfin, il est démontré que
les sociétés très inégalitaires ont une préférence plus forte pour le présent, ce qui constitue un frein
additionnel en termes de durabilité des modèles de croissance.
faveur d’une refonte du système fiscal. Afin que la démocratie ne soit pas capturée par des petits groupes
détenant une part disproportionnée des revenus et des richesses issues du patrimoine, T. Piketty plaide en
faveur d’un impôt progressif sur le patrimoine privé. L’augmentation des taux marginaux d’imposition sur les
plus hauts patrimoines ne constituerait pas une mesure inédite : à titre d’exemple, les États-Unis avaient
instauré un impôt fédéral sur le capital, avec une tranche marginale d’imposition supérieure qui s’est élevée
en moyenne à plus de 80% de 1930 à 1980.
La pensée libérale a longtemps justifié les inégalités de revenu en s’appuyant sur le principe de la
méritocratie. Cette conception de la justice sociale ne tiendrait plus à l’heure actuelle. La richesse d’une
personne ne dépendrait plus de sa contribution à la société mais de sa capacité à s’accaparer les revenus
des autres, sur le principe de la captation de rente. D’après X. Timbeau et G. Allègre, le développement
d’une économie de rente constituerait l’explication principale du creusement des inégalités de revenu.
D’après ces chercheurs de l’OFCE, les individus les plus riches vont maintenir un niveau élevé de
rendement de leur patrimoine du fait de la multiplication des rentes. Ils notent un renouveau de la rente
foncière liée à une bulle immobilière robuste, mais également des rentes liées aux brevets, aux positions de
monopole (Microsoft, Google, Intel, Facebook…) et à la rareté croissante des matières premières. Sur la
base de ce constat, la réduction des inégalités ne peut s’appuyer uniquement sur un impôt sur le capital,
mais doit s’attaquer aux causes mêmes du rendement excessif du capital telles que construire des
logements ou accroître la contestabilité des situations de monopoles.
Les travaux d’A. Sen vont renouveler les approches en termes de justice sociale et d’efficacité économique
dans la redistribution des ressources. Considérant que « les personnes sont la vraie richesse des nations »,
ce prix Nobel (1998) issu du tiers monde considère que, ce qu’il convient de distribuer de façon équitable, ce
ne sont pas seulement des libertés formelles, des revenus et des ressources, mais des capacités
(capabilities) à choisir un mode de vie qui réponde aux aspirations de l’individu. Ces « capabilités »
correspondent aux possibilités effectives, offertes à un individu, de transformer des ressources en
opportunités pour améliorer ses conditions de vie. Ces possibilités dépendent de nombreux éléments qui
comprennent aussi bien les caractéristiques personnelles de l’individu que l’organisation sociale. L’état de la
santé publique, l’accès à l’instruction sont des éléments fondamentaux de politique publique qui permettent
de promouvoir les « capabilités » humaines. Cette approche en termes de développement humain réhabilite
le rôle de l’État qui – par ses politiques de redistribution des revenus – réduit les inégalités d’opportunités.
Conclusion
Synthèse La problématique de l’efficacité des politiques de redistribution est une question majeure posée
par le développement des systèmes redistributifs dans les pays occidentaux. Les inégalités de
revenu d’activité et de patrimoine ont enregistré une très forte augmentation dans les grands
pays industrialisés. D’après T. Piketty, ces inégalités pourraient revenir vers les niveaux du
e
capitalisme sauvage de la fin du XIX siècle. C’est dans ce contexte que se pose la double
question liée de la légitimité et de l’efficacité des politiques de redistribution des revenus. Une
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