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MEMOIRE de recherche

En vue de l'obtention du diplôme de


Licence fondamentale en sciences économiques

Option : Economie-gestion

L'INTITULE DU MEMOIRE

L’économie sociale et solidaire au Maroc

Présenté le : 24/04/2022

Préparé par : Fatima Zahra ben tayaa


FATIMA-EZZAHRAE AKERCHAOUI
El berhmani fatima zahrae
FATIMA EZZAHRAE YATTA

Sous la direction : ABOUZIANE DAABAJI


Chapitre 1 : cadre théorique et conceptuel de l’économie sociale et
solidaire.
Le premier chapitre sera consacré au concept, au fondement et à la définition de l'ESS.
Depuis plusieurs années, certains termes connaissent une renaissance dans l'économie du
développement. Parmi ceux-ci « le social » et « la solidarité » réunis dans le concept d’ «
économie sociale et solidaire ».

Section 1 : définitions des concepts.

Avant d'examiner l'ESS elle-même, il est nécessaire d'aborder ses deux composantes : le
socioéconomique et l'économie solidaire. En effet, les économies sociales et solidaires sont
un concept relativement nouveau, du moins tel que défini, et ce n'est que récemment que
nous avons combiné les économies sociales et solidaires pour les étudier en tant que
discipline.

1.1 Economie sociale

Première définition : 1844 à aujourd’hui

L’expression « économie sociale » remonte au milieu du 19e siècle. Les historiens


considèrent que le premier exemple moderne de l'économie sociale est la création de la
société des Pionniers de Rochdale au Royaume-Uni (1844), considéré comme la première
coopérative. Le concept lui-même s'est fait connaître en France avec Charles Dunoyer avec la
publication en 1830 du Nouveau Traité d'économie sociale et par des activités de la Société
des Pratiques internationale des études d'économie sociale fondée par Le Play en 1854.
Généralement «économie sociale» renvoie à une coopérative ou une association mutuelle 1.
Le concept a été généralement utilisé dans les milieux universitaires, principalement dans les
pays francophones et hispanophones. Dans cette définition, le mot « social » porte
exclusivement sur le type de propriété. Par « social », on entend que la propriété est par les
humains (personnes) et non par des actionnaires. En d'autres termes, le principe « une
personne, un vote ». Les activités elles-mêmes peuvent être dans n'importe quel secteur :
l'industrie manufacturière, l'agriculture et la pêche, la finance (coopératives de crédit), les
services sociaux, etc. Parfois, les gens utilisent « entreprise d'économie sociale ». D'autres
auteurs donnent des définitions qui sont un peu différentes, mais ce serait la tendance
principale en économie sociale moderne. En fonction de cette définition, les coopératives et
les mutuelles sont les plus importantes organisations de l'économie sociale. Dans la plupart
des pays, les coopératives sont organisées au sein d’organisations nationales.
1995 à aujourd’hui

1 Économie-solidaire-et-autres-concepts-Poirier-Juillet-2014
Ou la fabrication, ne seraient pas considérées économie Une deuxième définition est apparue
dans les pays anglophones dans les années 90. Même si elle apparaît comme une traduction
d’économie sociale, ce n'est pas le cas. En général, elle a une signification totalement
différente. Le «social» est ici le but ou le secteur d'activité, et non la propriété 2. Il se
rapporte généralement à des activités dans le secteur social comme les garderies, la santé,
les personnes âgées, etc. Des activités dans d'autres secteurs comme la foresterie,
l'agriculture sociale, sauf indirectement par exemple si une entreprise emploie des
personnes handicapées réalisant de l'artisanat pour se procurer un revenu. La propriété des
entreprises peut être des entreprises privées à but lucratif ordinaires, ou peut-être
collective (coopératives ou organismes sans but lucratif). Dit autrement, une « entreprise à
objectif social ». Il y a des similitudes avec les concepts de « troisième secteur », «
quatrième secteur » ou « entreprise sociale ».
1.2 Economie solidaire

L’économie a trait à la production collective de valeurs monétaires et à leur répartition et


utilisation, comment peut-on définir l’économie solidaire ? Trois traits nous apparaissent
centraux. Premier point, la dimension macroéconomique de l’économie ne réclame pas
obligatoirement l’intervention d’une instance coercitive et régulatrice chargée de l’intérêt
collectif. Au contraire, la forte demande de participation qui s’exprime aujourd’hui dans les
démocraties européennes, souligne la nécessité de l’instauration de politiques publiques
renouvelées. Exigence que le terme gouvernance n’exprime qu’imparfaitement dans la
mesure où ce terme privilégie l’introduction d’une rationalité entrepreunariale et
instrumentale dans la conduite des affaires collectives (Eme, 2003). Tout au contraire
l’économie solidaire vise à développer un agir communicationnel au sein même de la sphère
étatique. Il s’agit d’équilibrer la représentation par la participation active des citoyens. Cette
conception républicaine de la démocratie fait de la délibération publique un élément central
de toute régulation. L’intérêt général politique, mais aussi l’intérêt économique collectif
doivent se définir démocratiquement par l’instauration d’un débat public porté par
l’ensemble des acteurs. La détermination du cadre de vie de la collectivité doit, dans toutes
ses dimensions (politique, économique et culturelle), passer par la délibération. Ainsi, penser
autrement l’économie c’est voir la démocratie sous un nouveau jour. La démocratie n’est
plus uniquement un régime politique particulier marqué par l’instauration d’un espace
public (Habermas, 1978), c’est un compromis social historique inédit, une organisation
sociale qui présente la particularité de se fonder sur elle-même (Castoriadis, 1975). Comme
toute société, la société démocratique résulte de l’interaction entre trois ordres constitutifs :
le politique (l’élaboration des normes), l’économique (les échanges monétaires) et le
symbolique (la construction du croire).
L’économie solidaire est une économie démocratique, c’est notre premier point. De plus, et
c’est notre deuxième point, l’économie solidaire, à la différence des solidaristes (Bourgeois,
Durkheim, etc.), ne conçoit pas le lien social comme une production systémique engendrée
par l’Etat. Elle s’oppose aussi à une vision contractuelle et individualiste du lien social. En
démocratie, le lien social résulte à la fois d’un cadre législatif, d’échanges marchands et d’un
horizon symbolique particulier : la recherche d’égalité entre altérité radicale. Il s’agit de
construire une solidarité démocratique par l’instauration d’un espace public où la
2 Économie-solidaire-et-autres-concepts-Poirier-Juillet-2014
participation de chacun contribue à créer une communauté politique qui relie les individus
sans les lier (Tassin, 1992). Enfin, troisième point, central à nos yeux, l’économie solidaire est
une réponse à un usage illimité et spéculatif de la monnaie. Ainsi, l’économie solidaire, par la
délibération collective, sur ce qui doit relever de l’échange monétaire et ce qui doit lui
échapper (les rapports de voisinages par exemple), permet de délimiter la sphère
économique. L’étendue de celle-ci ne résulte donc pas des forces du marché et de la
recherche de l’intérêt individuel, même si elle les prend en compte, elle est subordonnée au
choix démocratique. Par ailleurs, l’économie solidaire, comme en atteste différentes
pratiques comme les systèmes d’échanges locaux, entend limiter la monnaie à ses fonctions
d’incitation et de mesure de la production et d’intermédiaire à l’échange. Ce qui revient à
s’opposer aux pratiques monétaires spéculatives qui consistent à utiliser la monnaie pour
elle-même et non pas comme facilitateur de l’échange économique. La monnaie devient
alors un média qui renforce le lien d’une communauté politique et non plus cet objet du
désir illimité qui, comme le notait déjà Aristote, détruit le lien social. Cette volonté de
soumettre la monnaie à l’intérêt de la communauté, s’accompagne naturellement d’une
volonté d’élargir l’usage de la monnaie à l’ensemble des membres de la communauté. La
monnaie n’étant plus perçue comme un facteur d’exclusion (fossé entre ceux qui la
possèdent et ceux qui ne la possèdent pas), mais comme un facteur d’inclusion (tout
membre de la communauté se voit garantit un accès à la monnaie). Ainsi, selon nous,
l’économie solidaire est une économie où les fonctions de la monnaie sont limitées tandis
que l’usage de la monnaie est démocratisé3.
1.3 Economie sociale et solidaire

L'économie sociale et solidaire résultera donc d'un « mix » entre l'économie sociale et
l'économie solidaire. Souvent, le tout est plus grand que la somme de ses parties, et on ne
peut pas simplement déduire l'ESS en termes d'économies socio-économiques et solidaires.
Les définitions proposées depuis l’émergence de l’ESS sont nombreuses. L’économie sociale
et solidaire prend « plusieurs appellations en fonction du contexte et du référentiel culturel
» (non-profit organisations aux États-Unis, volontary sector au Royaume-Uni, ESS en Europe,
économie de développement communautaire en Amérique du Sud) (IPEMED, 2013) 4. Mais, «
le défi est de construire un cadre théorique cohérent pour saisir la diversité de ces
expériences et innovations ». Avant toute chose on se doit de souligner le caractère
contradictoire des éléments du « concept ESS » (Neamtan, 2002).
Le terme « économie » renvoie à la production concrète de biens et services par des
entreprises qui contribuent à une augmentation de la richesse collective.
Le terme « sociale » se réfère à l’utilité sociale, par opposition au résultat purement
économique. Cette utilité sociale est évaluée en fonction de :
-Sa capacité à encourager une citoyenneté active, habile et participative, et des projets qui
favorisent à la fois l’initiative individuelle et collective.

3 https://base.socioeco.org/docs/dacheuxgoujonrennes2007version_finale.

4 https://www.eib.org/attachments/country/femip_study_femise_economie_sociale_solidaire_fr.pdf
-Sa contribution à l’amélioration de la qualité de vie et le bien-être de la population,
notamment par l’augmentation des services offerts.
-Sa contribution à la création d’emplois dans des domaines nouveaux et polyvalents.
Cependant, des similitudes existent entre les différentes définitions proposées :
1. Pour le US Social Forum 2007, l’économie sociale se réfère à toutes les initiatives qui
ne font pas partie de l’économie publique ou du secteur privé traditionnel 5. Elle se
caractérise par des entreprises et organisations, qui sont autonomes et de nature privée,
mais où le capital et les moyens de production sont collectifs.
2. Pour l’UNRISD, l’ESS désigne un large éventail de formes de production et d’échange
qui ont des objectifs économiques et sociaux explicites communs qui sont :
• de renouer l’activité économique avec des valeurs éthiques et de justice sociale,
• de satisfaire les besoins humains, renforcer la résilience, étendre les capacités humaines,
l’autonomisation des femmes, favoriser la démocratie au milieu de travail, et / ou
promouvoir de nouveaux modes de vie,
• d’adopter des modes de production et gouvernance qui sont plus soucieux de l’homme et
de l’environnement.
• de promouvoir des valeurs et relations associées à la solidarité, la coopération, la
réciprocité et la justice distributive.
3. Selon la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT), établie en 2009 à
Johannesburg lors de la Conférence régionale sur l’économie sociale, l’économie sociale et
solidaire « désigne les entreprises et organisations , en particulier les coopératives, les
mutuelles, les associations, les fondations et les entreprises sociales , qui ont comme
spécificité de produire des biens, des services et des connaissances tout en poursuivant
des objectifs à la fois économiques et sociaux et de promotion de la solidarité »6.

4. Pour Joana S. Marques, l’ESS est un ensemble d’organisations et d’initiatives où le «


patrimoine collectif » est préféré au rendement individuel. Cet ensemble est fondé sur un
processus de décision démocratique et la réalisation d’activités économiques ne
recherche pas la distribution des bénéfices (comme dans le secteur des affaires), mais la
satisfaction des besoins collectifs, notamment ceux liés à l’emploi, la citoyenneté,
l’environnement, l’éducation et la culture. Cet avis est partagé par Frémeaux (2013) qui
souligne que le lien entre statut et objet social est au cœur de l’ESS. Ainsi les objectifs de
l’ESS sont « beaucoup moins orientés vers la maximisation du profit et beaucoup plus
orientés vers la satisfaction des besoins ».
5. Pour le Forum brésilien de l’économie solidaire (FBES), l’ESS se compose de 2 segments :
• Les entreprises d’économie solidaire qui sont « les moyens tangibles » à travers
lesquels se manifeste l’économie solidaire (les coopératives, les associations populaires, les
groupes informels de production et de services, les entreprises autogérées, les fonds de
5 https://www.eib.org/attachments/country/femip_study_femise_economie_sociale_solidaire_fr.pdf
6
http://www.minpmeesa.gov.cm/site/economie-sociale/definition/
solidarité et de crédit de rotation, les clubs et groupes de solidarité, les réseaux et
associations pour la commercialisation et pour le soutien aux chaînes de production, les
agences de voyage de solidarité).
• Les organisations de conseil et de soutien, qui prennent la forme d’associations à but
non lucratif (ONG) ou d’universités (incubateurs et groupes technologiques). Elles offrent un
appui et des services de développement aux entreprises de l’économie solidaire, sous la
forme d’actions de formation ou sous la forme d’un soutien direct.
En se basant sur ces définitions, on peut dire que l’ESS est un secteur qui englobe un large
éventail d’organisations ou entreprises privées qui exploitent et produisent des biens et
services, tout en tenant compte des valeurs et objectifs sociaux lors de leur fourniture. Les
entreprises sociales et solidaires sont établies et financées sur une base qui est souvent
collective et servent des objectifs sociaux collectifs. L’ESS doit donc inclure les coopératives,
les associations et ONG qui servent des objectifs socio-économiques, les mutuelles, des
organisations telles que les fonds sociaux (organismes publics) qui offrent indirectement leur
soutien à certaines de ces entités et les entreprises qui poursuivent en priorité une finalité
sociale.
Pour conclure sur ce point on notera que :

 L’ESS se réfère à des formes spécifiques d’organisations et d’entreprises. Les types les
plus courants sont les coopératives, les mutuelles, les associations, les organisations
communautaires et autres entreprises à objet social. L’ESS désigne donc ces
structures, qui sont actives « dans la protection sociale complémentaire, l’assurance,
les banques, l’action sociale, l’éducation populaire, le sport, la culture, l’agriculture...
».
 L’ESS est une économie dynamique et évolutive qui implique la participation active
de différents acteurs.
 Les structures de l’ESS partagent des caractéristiques communes qui les distinguent
de l’économie publique et de l’économie conventionnelle à but lucratif. Elles
poursuivent un mix d’objectifs sociaux et économiques, et partagent les mêmes
principes de fonctionnement spécifiques basés sur la participation, la solidarité,
l’innovation, la participation volontaire et la propriété collective.
 Le terme économie sociale et solidaire n’est pas le seul utilisé pour englober ces
réalités. L’économie sociale, l’économie solidaire, l’économie populaire et les
organismes à but non lucratif sont des concepts similaires. Ils ont tous des origines
géographiques et des horizons théoriques spécifiques et mettent l’accent sur des
aspects particuliers de cette forme économique.

Section 2 : L’histoire et l’émergence de l’ESS


Bien que cette économie ait suscité un grand intérêt de la part des sociologues, des
économistes et des politiciens ces dernières années, mais ses ancêtres trouvent leurs racines
dans le passé lointain.
Dans les sociétés précapitalistes, l’économique n’existe jamais en tant que sphère
autonome, mais se trouve encastré dans les relations sociales. La subordination naturelle de
l’homme à l’ordre social définit le sens même de l’action humaine. A la différence de
l’individu moderne, l’homme de ces temps-là est un être social dont l’existence et la
conduite sont pensées comme naturellement liées à celles de la cité (G. Poulalion 1993).
Aristote considère que l’homme est fait pour le bonheur et constitue le principe de sa
morale. L’homme est au cœur de sa morale politique. Le bonheur est atteint lorsque,
affranchi des contingences matérielles, il peut se livrer librement aux jouissances de l’esprit.
Mais une telle possibilité ne peut exister que si l’homme vit en société ou plus exactement
dans la Cité (A.M. Alcolea-Bureth, 2004).
A partir du XVIème siècle, les mercantilistes vont proposer la vision d’une société individuelle
en mettant en avant le rôle des richesses matérielles et économiques. Le terme « économie
politique » est d’ailleurs utilisé pour la première fois par un mercantiliste « Antoine de
Montchrestien (1615), dans un ouvrage de Traité de l’économie politique (G. Deleplace et C.
lavialle, 2008). Dans la conception des mercantilistes, la recherche du gain est exaltée
comme motivation profonde des actions des individus. Cette vision met l’accent sur le
quantitatif, l’accumulation des richesses et évacue toute appréhension qualitative fondée
sur la vertu et la promotion de valeurs communes du vivre-ensemble. La richesse de l’Etat ne
pouvait provenir que de la richesse des individus. Le gain individuel devient ainsi un moteur
de l’enrichissement national, c’est dans ce contexte historique et théorique, que les
premières formulations de l’économie en termes de circuit apparurent (A.M. Alcolea-Bureth,
2004). Parallèlement, la théorie libérale s’efforce de penser une société parfaitement
autorégulée, dans laquelle le lien social, sous la forme du rapport marchand, peut se passer
de la garantie de toute forme de pouvoir centralisé. Le marché constitue cette « main visible
», capable de coordonner les activités d’un nombre illimité d’individus sans qu’il soit à aucun
moment nécessaire d’instituer un pouvoir centralisé et personnalisé. Dans l’ordre
marchand, le prix en vient à remplacer la loi, nécessaire dans l’ordre politique pour garantir
la paix dans les relations sociales. Le problème est que passer de l’ordre par la loi à l’ordre
par les prix à son prix : la société de marché. Le prix à payer pour accéder à la société de
marché est une dépersonnalisation complète des relations sociales. C’est dans cette
perspective que beaucoup d’initiatives vont se réunir autour de l’économie sociale et
solidaire. Au XIXème siècle, face à l’incomplétude du marché, des associations de toutes
sortes, puis des mouvements ouvriers de mieux en mieux structurés vont contester de
plus en plus la domination de l’économie capitaliste. Ils vont ainsi affirmer leur différence et
développer une identité collective de la classe ouvrière fondée sur des valeurs communes
(J. Defourny et P. Develtere, 1999).
A ce sujet, au XIXème siècle, en réaction au capitalisme libéral, différents courants socialistes
ont vu le jour. Leurs objets étaient de déconstruire de manière critique une société
pervertie de sa naturalité pour ensuite proposer de construire un ordre économique
conforme à sa naturalité.
• Le socialisme utopique :
Commençant tout d’abord, par le socialisme utopique 6, qui à travers C. Fourier (1772-1837),
Owen ou même Saint Simon (1760-1825), a pensé de construire une science sociale ayant la
même perfection scientifique que les sciences physiques.
Les multiples approches du socialisme utopique laissent voir que les réactions au capitalisme
libéral ont été variées. Alors que les classiques forgent l’analyse libérale d’un monde où
règne le marché supposé naturel et éternel, s’est développé un courant critique de l’ordre
économique et social du capitalisme concurrentiel.
Le courant du socialisme utopique offre, quant à lui, à la raison, la possibilité de déconstruire
de manière critique une société pervertie de sa naturalité, pour ensuite construire a priori un
ordre économique conforme à la nature de l’humanité.

• Le socialisme pré marxiste :

Dans son ouvrage « la grève de Samarez » (1859), P. Leroux (1797-1871) élabore la notion de
solidarité : « j’ai le premier utilisé le terme de solidarité pour l’introduire dans la philosophie,
c’est-à-dire suivant moi, dans la religion de l’avenir. J’ai voulu remplacer la charité du
christianisme par la solidarité humaine » 7. Selon cet auteur, l’erreur du christianisme
provient du fait qu’il n’a pas su concilier l’amour de soi et l’amour de l’autre. Pour lui, il est
erroné de partir de l’individu isolé pour fonder la solidarité car même, si par le contrat, les
hommes sont soumis à une loi commune. Plus précisément, pour P. Leroux, la solidarité se
comprend par le sentiment présent en chaque individu de l’appartenance à l’humanité et
d’une singularité à préserver (P. Leroux, 1851).

• La crise du fordisme et l’essor de l’économie sociale et solidaire :

Le concept du fordisme a été inventé par les économistes de l’école de la régulation pour
désigner en fait une nouvelle ère des configurations institutionnelles (rapport salarial,
monnaie, concurrence...) Qui ont été à l’origine de la croissance économique d’après-
guerre. « C’est dans une atmosphère très particulière que s’est nouée une série de
compromis lançant un régime de croissance sans précédent, le fordisme, appelée les «
Trente glorieuses » (M. Aglietta, 1976).
Ce mode d’accumulation du capital a entrainé des changements profonds sur tous les
niveaux. Amélioration de niveau de vie des salariés à travers la couverture sociale portant
sur la santé, l’éducation, la retraite et le logement, l’augmentation de leurs revenus ainsi que
l’accroissement de leurs consommations. Parallèlement, la concentration du capital et la
centralisation financière ont amené un changement dans la formation des prix et la
minimisation des risques d’instabilité liés à la logique du marché par des politiques de
régulation de la demande et d’intervention dans la formation des capacités de production.

6 https://www.revuefreg.fr/index.php/home/article/download/211/129/584
7 https://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2008-1-page

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