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Université de Koudougou Anné scolaire 2013-2014

UFR/SEG

ESG1/EAE1/APE1

COURS D’ÉCONOMIE DES ORGANISATIONS


COOPÉRATIVES ET DE TYPE COOPÉRATIF (OCTC)

ANNÉE 2013-2014

Enseignant : I SARAMBE

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SOMMAIRE

CHAPITRE I : GÉNÈSE DE L’ENTREPRISE COOPÉRATIVE, IDÉES, DOCTRINE ET


PRINCIPES COOPÉRATIFS

CHAPITRE II- DEFINITION ET PRINCIPES DE LA COOPÉRATIVE

CHAPITRES III- QUELQUES EVIDENCES EMPIRIQUES SUR LE MOUVEMENT


COOPÉRATIF ET DE TYPE COOPERATIF

CHAPITRE IV: LES MODÈLES D’ANALYSE SUR L’EFFICACITÉ DES OCTC :

ANALYSE ECONOMIQUE DES OCTC, L‘APPROCHE PAR L‘ECONOMIE DES


ORGANISATIONS ET DES INSTITUTIONS

CHAPITRE V : THÉORIES ÉCONOMIQUES ET ÉMERGENCE DES OCTC

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CHAPITRE I : GÉNÈSE DE L’ENTREPRISE COOPÉRATIVE, IDÉES,
DOCTRINE ET PRINCIPES COOPÉRATIFS

Introduction : Aperçu général du concept d’économie coopérative et de type


coopératif
L’économie des organisations coopératives et de type coopératif émane de la définition de
l’économie sociale, qui considère la coopérative comme le « noyau dur » autour duquel, il est
possible de ranger des organisations apparentées. Il prend comme point de départ la notion pure de
coopérative comprise comme la combinaison de l’économique et du social au sein d’une même unité
de production. En effet, la coopération comme mode de coordination des activités, naît du
mouvement d’ «associationnisme » qui est multiforme à l’origine, créateur, mais imprécis et souvent
éloigné de la réalité. Par la suite ce mouvement va se clarifier et se préciser et évoluer par
différenciation pour se structurer autour de trois axes donnant lieu à différentes formes
d'organisations : la Coopérative elle même, le Syndicalisme et le Socialisme.

I- Naissance des idées et de la pratique coopérative


I.1. La naissance des idées d’économie coopérative et solidaire
1.1.1. Le contexte de naissance des idées
La révolution industrielle qui donne naissance au capitalisme moderne, apparaît au 19è siècle
en Europe Occidentale. Grâce aux progrès techniques et technologiques qui l'accompagnent, elle va
profondément modifier les conditions sociales et de production. Ainsi, avec la l'introduction de la
machine à vapeur, la production qui se réalisait auparavant dans les campagnes de façon artisanale
sous le capitalisme marchand, s'industrialise et se concentre dans de grandes usines. Les producteurs
artisanaux voient les métiers à tisser industriels actionnés par la vapeur remplacer leurs métiers à
tisser traditionnels. Pour subvenir à leurs propres besoins, ils vont être obligés de se déplacer pour
travailler pour les nouvelles industries dans les villes.

Ainsi, avec l'apparition des nouvelles techniques, les classes laborieuses perdent la propriété
de leurs biens de production et se voient obligés de vendre leur force de travail aux propriétaires des
usines qui ont désormais le pouvoir de décider de leur système et conditions de travail, et du niveau
de leurs salaires. On assiste à un immense déplacement des populations des campagnes vers les
villes, qui à l'époque étaient peu préparées pour recevoir un flux important de personnes. Cela va
provoquer des problèmes d'approvisionnement en denrées alimentaires surtout et accroître la
dépendance des petits producteurs devenus ouvriers à la ville des commerçants chargés désormais de
leur procurer ces denrées.

Dans le nouveau contexte socio-économique créé par la révolution industrielle, c'étaient les
détenteurs de capitaux, autrement dit les capitalistes qui détenaient la propriété des moyens de
production et partant, le pouvoir de décider des conditions de vie des ouvriers. Ces conditions étaient
misérables et caractérisées par des salaires de famine, des logements malsains, le travail des enfants
à bas âge, etc.., alors pendant ce temps, les capitalistes accumulaient de plus en plus de capitaux. Or
cette révolution se réalisait dans le contexte du libéralisme qui affirmait que "le libre déchaînement
des égoïsmes de tous conduira, par le jeu quasi miraculeux de la concurrence, au maximum
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d'efficacité, d'harmonie, de justice, et que cet ordre naturel, étant le meilleur, sera définitif"(Georges
LASSERE, La coopération, PUF, 1967, p7). Cette contradiction entre les idées libérales régnantes et
la réalité vécue par les classes laborieuses, va déclencher une double réaction : celle des classes
laborieuse, qui vont chercher à s'organiser soit sous forme de syndicat ou en se regroupant dans des
sociétés de production pour lutter contre l'exploitation du système; et celle des intellectuels à travers
les socialistes associationnistes ou socialistes utopistes, les chrétiens sociaux et certains libéraux.

1.1.2. Les socialistes associationnistes et leurs idées ESS


Le socialisme associationniste est une doctrine qui se base sur l’association comme
paradigme pour penser et réformer l´ordre social. Qualifiés de socialistes utopistes par Karl Marx,
ces penseurs sont ceux qui ont exprimé les réactions les plus radicales vis-à-vis du capitalisme et de
ses effets néfastes, en proposant des ruptures avec ce système économique considéré comme
générateur d’inégalités et misère. Les principaux utopistes inspirateurs des idées et de pratiques
d’ESS qui vont être passés en revue sont : Robert Owen avec son village coopératif, Charles Fourier
et son phalanstère, Henri de Saint-Simon et son travail associé, Jean phillipe Buchez avec son
modèle de travailleur, Louis Blanc et ses ateliers sociaux et Proudhon avec son mutuellisme. Ils
proposent des plans de sociétés nouvelles caractérisées d’utopies, centrées sur l’association et qui ont
pour objectifs de construire « un homme nouveau » et une « société harmonieuse », plus ou moins
égalitaire ou à tout le moins hors des inégalités générées par le système capitaliste. Jusqu’en 1870,
précise Defourny (1999, p.28) ces penseurs, qui soutiennent surtout les coopératives de producteurs,
domineront même le mouvement ouvrier international au point que l’on assimilera souvent
socialisme et économie sociale. Même Karl Marx se montrera dans un premier temps favorable à la
coopération. Mais ses thèses collectivistes vont progressivement l’emporter et une partie croissante
du mouvement ouvrier niera à l’économie sociale une fonction centrale dans le processus de
transformation de la société.

1.1.3. Le Village coopératif ou communautaire de Robert Owen (1771-1858)


C'est le principal, représentant de la pensée socialiste anglaise durant la première moitié du
19e siècle. Il ne propose pas une théorie générale de l'évolution sociale, car l'amélioration du
caractère de l'individu l'intéresse plus que la succession des civilisations. En effet Owen lie
intimement réforme morale et transformation du système économique. Pour lui, l'état moral d'une
société n'est pas la cause, mais la conséquence de son état économique. De ce fait, ce n'est pas le
progrès moral qui pourra amener la transformation économique, c'est plutôt la réforme économique
qui est la condition d’un progrès moral.
A la différence des auteurs antérieurs, il est le premier à présenter un programme modifiant
profondément le fonctionnement de l'économie et immédiatement applicable (Henri Dénis, Histoire
de la Pensée Economique, PUF, 1966).Il propose une politique active d'amélioration des conditions
de vie de l'homme basée sur la science de la morale avec comme principe-clé que les hommes ont
intérêt à s'unir dans le travail, à coopérer les uns avec les autres. C'est aussi un adversaire résolu du
capitalisme libéral et du système de la concurrence : il oppose la notion de coopération à l
‘exploitation capitaliste et à la compétition.
Fils d'un artisan, il est nommé directeur de la filature de coton de New-Lanark en 1800 une
position privilégiée qui lui permet d’observer la misère des ouvriers qui résultait du développement
du machinisme, de la grande industrie et du grand commerce capitalistes. Trois phases distinctives
dans sa vie peuvent être relevées :

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Une phase de l’industriel capitaliste et paternaliste où il développe dans ses propres
entreprises une politique d’humanisation du travail dans laquelle il accorde des avantages sociaux à
ses ouvriers (sécurité de l'emploi, exclusion du chômage, réduction de la durée de la journée de
travail, refus du travail des enfants, etc..) ce qui constitue une avance sur les conditions sociales du
capitaliste du 19eme siècle et il essaiera d’étendre l’application de ces mesures par une législation
appropriée mais il échouera.
La phase de l'utopie coopérative, où on note un dépassement du paternalisme jugé
insuffisant pour résoudre un problème social et dans laquelle il établit un plan actif de modification
de la société fondé sur le village de coopération sensé pour lui être la solution aux problèmes de
chômage et de la misère. Le village coopératif doit permettre aux citoyens les plus pauvres
d'acquérir une propriété commune et de se livrer à des travaux (surtout agricoles). Ces villages de
coopération deviennent le type de société idéale vers lequel l'humanité doit évoluer. Les villages de
coopération sont basés sur une spécialisation en agriculture et industrie, ce qui va entraîner des
possibilités d'échanges entre villages, régions et même nations sur la base de la valeur travail.
L'intention étant la suppression du profit commercial et du profit industriel par le transfert de la
propriété de la propriété à des associations libres de travailleurs organisés.
Il est partisan de la théorie du "juste prix" conçue comme total des rémunérations du travail
nécessaire et seulement du travail. Il veut supprimer les intermédiaires entre la production et la
consommation. Le profit pour lui est un élément injustement ajouté au prix de revient qui par ailleurs
diminue le pouvoir d’achat du salarié. Or il est lié à la concurrence et rendu possible par la monnaie
qui permet des gains différentiels dans l’échange. Il convient donc de remplacer la monnaie par des
bons de travail, qui exprimeront la véritable valeur.
Owen était aussi un homme d'action qui s'efforça de mettre ses idées en pratique. Ainsi dès
1823, il fonde une communauté agricole en Irlande ; en 1824, il visite aux États-Unis les
communautés organisées par des frères moraves et par d'autres sectes chrétiennes communistes à la
fin du XVIIIe siècle et il organise aux États-Unis, en 1825, une colonie communiste. Non seulement
ces différentes tentatives et celles de ses amis ne débouchèrent pas sur la transformation sociale
espérée, mais elles échouèrent au bout de quelques années.
Simultanément à ces différentes initiatives, il crée à Londres dès 1824 des magasins
d’échange du travail (Labour Exchanges) fonctionnant d’après le système de bons de travail et
mettant directement en relation le producteur et le consommateur et ce faisant, supprimant tout
intermédiaire. C’était en effet, des bourses du travail où les ouvriers pourraient échanger leur travail
contre des objets de première nécessité, sans être forcés d'accepter les conditions des capitalistes.
Cette entreprise connut elle aussi un échec, mais l’idée qu’elle mettait en œuvre eut pas la suite un
grand retentissement car c’est d’elle qu’est sorti la mouvement coopératif qui cherchait précisément
à supprimer le profit par la mise en contact direct du producteur et du consommateur.
Owen comme syndicaliste constitue la troisième phase marquante de sa vie : Il fut un des
promoteurs des syndicats des ouvriers en Angleterre1. Ce qui traduit la possibilité d'une certaine
collaboration entre coopération et syndicalisme.

1il essaya en 1833, de former un parti ouvrier socialiste, en groupant en une Trades Union les syndicats ouvriers qui,
depuis les lois de 1824-25, étaient autorisés en Angleterre ; il proposait comme moyen d'action la grève générale; les
propriétaires se verraient forcés de renoncer d'eux-mêmes à leur monopole désormais sans profit, et la révolution
sociale serait faite en six mois. En quelques mois la Trades Union d'Owen comptait 500 000 membres. Mais les grèves
échouèrent, le gouvernement écrasa sous les condamnations les syndicats révolutionnaires d'Owen, et les ouvriers
découragés l'abandonnèrent (1834). Owen survécut jusqu'en 1858, mais à partir de ce moment son rôle est fini
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1.1.4. Le travail associé de Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint Simon (1760-1825)
Saint Simon est un adversaire du système capitaliste de la libre concurrence : Il critique en
effet l'anarchie de la concurrence et attaque les classes dominantes et en particulier les propriétaires
oisifs c’est-à-dire ceux qui vivent du travail d’autrui (Cf. sa fameuse parabole ). Il fait ainsi observer
que "La société actuelle est véritablement le monde renversé puisque les savants, les artistes et les
artisans qui sont les seuls hommes dont les travaux aient d'utilité positive à la société, et qui ne lui
coûte presque rien, sont subalternisés par les princes et par les autres gouvernants qui ne sont que des
routiniers plus ou moins incapables". Il considère aussi la rente foncière et le profit du capital
comme un impôt que les travailleurs sont forcés de payer aux propriétaires pour que ceux-ci mettent
à leur disposition les moyens de production.
Saint Simon prône l'idée du travail associé. Selon lui, l'organisation anarchique de l'activité
économique peut faire place à une organisation collective, basée sur le sentiment de fraternité et
d'aide réciproque des membres de la société. Le travail associé doit se substituer à la concurrence
entre travailleurs. Son utopie repose non seulement sur un nouveau principe juridique de répartition
mais aussi sur une nouvelle théorie de réorganisation économique proche du collectivisme par
opposition au communisme. En effet pour la société future qu’il construit, le principe de répartition
des produits du travail qu’il formule est que pour une plus grande justice, chacun soit rétribué selon
ses œuvres. Il faut donc évoluer vers la suppression progressive de tous les tributs que le travail payé
à l’oisiveté sous des nomes diverses de fermage, loyer des usines et des capitaux.
L’utopie de Saint Simon sur le plan de réorganisation économique, vient de ce qu’il conçoit
la nation comme une vaste entreprise industrielle, un vaste atelier où disparaissent les différences de
naissance, mais où subsistent les différences de capacités. C’est toute la société qui est perçue
comme une immense association industrielle.
La primauté doit revenir aux producteurs associés pour permettre un accroissement de la
richesse sociale et rémunérer chacun selon sa « mise sociale » comprenant le capital avancé et le
travail fourni.
Il propose la mise en place d’un régime industriel dans lequel les producteurs reprennent le
pouvoir par rapport aux consommateurs et administrent pour leur propre compte la société
industrielle. Le travail est obligatoire et organiser dans le but d’améliorer les conditions de vie de la
classe la plus faible.
L’Etat n’est pas abolit, il meurt. Il perd en effet son caractère militaire et gouvernemental
pour se transformer en une association de travailleurs, en une administration de la production. Une
autorité économique centrale assigne aux plus capables les moyens de production et leur fournit, en
échange de leur travail un salaire fixe.
La transformation économique attendue doit provenir de la propagande des idées et des
progrès réalisés dans la morale sociale. Elle sera soutenue par l'évolution économique elle-même,
qui aura pour effet de réduire continuellement le taux de l'intérêt, et partant de remettre en cause les
motifs que les capitalistes peuvent avoir de maintenir la propriété privée.
Saint Simon est un précurseur des coopératives ouvrières de production initiées par Philippe
Buchez son disciple dissident.

1.1.5. Le phalanstère de Charles Fourrier (1772-1837)


Charles Fourier, fils d'un marchand de drap fut lui-même commerçant et employé de
commerce. De ce fait, rien d’étonnant à ce que ses réflexions portèrent surtout sur le commerce
moderne. Il fut le premier à en faire une critique approfondie. Il exposa ainsi le caractère parasitaire

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des profits réalisés par les intermédiaires, la fréquence des mainmises, et le gaspillage qui résulte de
la concurrence, de l'anarchie commerciale, et de l'absence de toute direction dans la vie économique.
Selon Fourrier, la lutte contre le paupérisme dépend davantage d'un accroissement de la production
et d'une répartition proportionnelle du revenu national grandissant qu'un d'une meilleure répartition
de la production actuelle.
Fourrier veut reformer un monde qui lui déplait et prend le contre-pied de la pensée classique. De
son point de vue, ce qui importe, ce sont les droits économiques, le droit au travail et le droit à un
minimum d'existence fondamentale pour le peuple comparativement aux droits politiques
fondamentaux. Or dans son contexte, ces droits n’étaient pas garantis, et ne pouvaient pas l'être. .
Son imagination réformatrice aboutit au monde idéale du « phalanstère » ou de la « phalange » qui
est une association libre dans le cadre d’une communauté de différents membres d’un canton à la
fois producteurs et consommateurs et qui serait fondée sur le principe de communauté de biens et de
vie : qui mettraient en commun leurs biens, en particulier leurs terres, vivraient en commun dans une
colonie commune. Les membres exerceraient principalement l'activité agricole et secondairement
l'artisanat. Le phalanstère est donc une sorte de coopérative de consommation articulée à une
coopérative de production constituant ainsi une solution aux conflits sociaux et un modèle tendant à
se généraliser. L’objectif de la communauté est l’abolition du salariat par l’acquisition de la
propriété ce qui aurait pour effet de réconcilier les intérêts antagonistes des capitalistes et des
travailleurs.
Le phalanstère regrouperait 400 à 2000 personnes associées et sur son domaine est bâti le
"palais social" qui abrite la salle à manger, la bibliothèque, les salles d'études, les salon de
correspondance, les ateliers de travail et les salles de jeu pour enfants. Le travail doit être attrayant
d'où la nécessité d'alterner les tâches pour briser la monotonie. Assurer le droit au travail et
rémunérer chacun en fonction des 3 priorités : capital, travail et talent.
Au niveau juridique : la phalange est une société par actions constituée par les apports de ses
membres qui eux ne sont pas forcément égaux
Le droit au travail de chaque membre est assuré et la rémunération suit le mécanisme suivant
de répartition : 4 /12 capital ; 5/12 le travail et 3/12 le talent (travail intellectuel au service de la
production). Fourier ne cherche donc pas à exclure tout revenu capitaliste.
Le précurseur à la phalange est le comptoir communal actionnaire qui est une sorte de
coopérative multifonctionnelle qui s’occuperait d’écouler aussi bien la production agricole de ses
membres que leur offrir des services d’approvisionnement en produits pharmaceutiques et
alimentaires en assurance et en épargne. Le Comptoir communal représente une solution aux
imperfections dans la distribution des marchandises : le coût de la distribution et trop élevé. Ainsi en
attendant le phalanstère, chaque individu pourra se procurer toutes les denrées indigènes au plus bas
prix possible, en l'affranchissant des bénéfices intermédiaires. Fourier veut supprimer ainsi, les
intermédiaires, l'anarchie économique et assurer à tous le travail, une subsistance, une vie agréable.
Fourrier établit une liaison entre coopération et municipalisme : le comptoir est mi-privé mi-public,
en utilisant l'entremise du ministère et du préfet pour certaines opérations d'achat et de vente.
La transformation sociale chez Fourier résulte de la fondation de phalanstères et de leur
multiplication par l'attrait de l'exemple jusqu'à ce que toute la société se trouve transformée. Pour lui,
la condition du changement social n'est donc ni la révolution politique, ni l'évolution morale ; c'est
l'organisation économique d'associations libres qui dès à présent donnent une image réduite, mais
exacte, de son monde futur.

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Au total, Fourrier est d'une grande contribution à la naissance des idées coopératives. En particulier,
il est un des premiers à avoir réfléchi aux imperfections de la distribution des marchandises. A
établir une relation avec les coopératives de consommation par Michel Derrion. Il est partisan du
village coopératif et de la coopérative comme un système total. C'est aussi un défenseur du principe
de la démocratie et un apôtre de l'association volontaire.

1.2. Évolution de la pensée et de la doctrine en Économie coopérative et sociale

Trois idées fondamentales marquent l'évolution de la pensée coopérative depuis le 19e siècle:
* La souveraineté du consommateur
* L'autogestion ouvrière ou la souveraineté du producteur
* La coopérative comme un secteur et non un système.

1.2.1. Souveraineté du consommateur


L'école de Hambourg en Allemagne, celle de Manchester en Angleterre et enfin celle de
Nimes en France défendent l'idée de la supériorité des coopératives de consommation. Les auteurs se
situent dans la perspective de la transformation de la société entière par l'intermédiaire de la
coopération. Ceci est du reste conforme à l’idée que se faisaient les pionniers de Rochdale lorsque
ceux-ci créèrent leur coopérative en 1844 : à partir de la 1ere coopérative de consommation, il
s'agissait pour les pionniers d'entreprendre l'organisation de la production, de la distribution de
l'éducation du gouvernement en vue de la création de colonie coopératives.

Est-ce possible de transformer la société entière à partir des coopératives de consommation?


L’argument théorique est fondé sur l’importance et le rôle stratégique de la consommation dans la
transformation de la société. Partant du principe que la fin de toute activité économique est la
consommation et que les intérêts des consommateurs se confondent avec ceux de la collectivité
entière (puisque la consommation est une activité que tous partagent), ces auteurs prônent la
supériorité du consommateur. D'après eux, toute l'activité économique doit être soumise à l'intérêt du
consommateur. Charles Gide de l'école de Nimes défenseur de la primauté des coopératives de
consommation exprime cela clairement, de la manière suivante :
"Transformation pacifique, mais radicale du régime économique actuel en faisant passer la
possession des moyens de production, et avec elle la supériorité économique, des mains des
producteurs qui les détiennent aujourd'hui, entre les mains des consommateurs".

La coopérative de consommation représente un moyen de soumission de l'activité


économique aux seuls intérêts des consommateurs. Si le pouvoir laissé aux consommateurs alors il
est donné à ceux-ci par ce moyen, la possibilité pour de s'approprier les moyens de production des
biens qu'ils consomment.

Charles Gide établit à cet égard, un véritable plan en 3 étapes pour la formation d'une
république Coopérative par l’extension progressive du pouvoir des consommateurs par la :
1- Conquête de l'industrie commerciale
2- Conquête de l'industrie manufacturière
3- Conquête de l'industrie agricole

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1.2.2. La Souveraineté du producteur
Ce courant est contraire à la souveraineté du consommateur et prône celui du producteur. Ce
courant insiste sur la formation de coopératives ouvrières de production, sur la participation des
travailleurs des coopératives à la gestion et aux bénéfices, bref, il s'intéresse au producteur et veut lui
confier un rôle déterminant dans l'économie.

Il ne s’est pas seulement agi entre ces deux courants de pensée, d’un simple débat d’école.
Pendant environ 1/4 de siècle (1869-1895), l'International Coopérative sera marquée par ce débat
entre coopérateurs et participationniste. Ce débat est alimenté par des réalités coopératives vécues
entre 1865 et 1878 : au fil des ans les consommateurs associés de la société de Rochdale avaient fini
par créer des ensembles industriels; ne convenait-il pas que les travailleurs employés de ces
manufactures fussent de quelque manière "associés" et "coopérateurs" autrement que par le seul fait
d'être sociétaires de la société de consommation qu'ils deviennent des producteurs associés". C’est
en 1895 qu’un compromis fut trouvé entre les deux écoles, un compromis qui a permis la création de
l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) au congrès constitutif de Londres.

1.2.3. Le secteur coopératif : Georges Fauquet 1873-1953


Le secteur coopératif est la thèse défendue par G.Fauquet, celle de l’impossibilité d’instaurer
une république coopérative ; ce qui est possible, c’est le développement d’un secteur coopératif qui
aura sa place dans la vie économique à coté du secteur public, le secteur capitaliste et le secteur
proprement privé (comprenant les unités et activités de l'économie ménagère, paysanne, artisanales).
Pour G.Fauquet, les coopératives ne peuvent croître qu'en s'étendant dans le secteur privé, les
secteurs capitalistes et publics s'occuperont toujours des industries de transformation, le mouvement
coopératif ne peut gagner ce domaine. Il limite donc les activité coopératives à un secteur déterminé
de l'économie, à un secteur coopératif.

1.3. Coopérative, Syndicalisme et action politique (socialisme)


Il a été déjà indiqué que la coopérative, le socialisme et le syndicalisme apparaissent dans le
contexte de la révolution industrielle comme des formes de réactions à la misère morale et matérielle
des classes laborieuses ; tous trois, s'inspirent aussi du même courant d'idées associationnistes, en
particulier celui du socialisme utopique. Si ces trois formes d'organisation œuvrent pour la défense
des intérêts des travailleurs, elles se distinguent par contre par leurs moyens d'actions.

Le syndicalisme influence les activités économiques sans les exercer. Il transforme en


particulier le marché du travail par la négociation collective. Il est donc un instrument d'amélioration
des conditions de vie des travailleurs, mais il reste un mouvement revendicatif extérieur aux
entreprises et ne peut collaborer ou participer à la responsabilité des entreprises au risque de perdre
sa force de persuasion et sa crédibilité. En d’autre terme, un syndicat n’a pas pour fonction de créer
et de diriger pour son compte une entreprise. Les syndicats se distinguent donc des coopératives, car
ces dernières sont des groupements personnes constitutifs d'entreprises dont ils sont propriétaires et
dont ils fixent les modalités de fonctionnement selon leur propre conception de la justice et/ou de
l'équité.

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Le socialisme politique qui se développe aussi dès le 19 è siècle, s'élève contre la situation
d'exploitation dans laquelle se trouvait la majorité de la population et recherche l'amélioration des
conditions de vie de la classe ouvrière. Mais c'est par la conquête du pouvoir ou du moins par son
influence et en se fondant sur cette classe ouvrière qu'il agit. Le moyen d'action du mouvement
coopératif consiste à créer des entreprises de par lesquelles, les membres peuvent lutter contre
l'exploitation des capitalistes. Ce moyen permet aux coopérateurs de trouver des solutions à des
problèmes devant lesquels, le syndicalisme et l'action politique restent limités.

II- Les premières pratiques de l’économie coopérative et solidaire


2.1. Les coopératives de consommation
L'Angleterre vit naître les premières coopératives de consommation. Influencé par l'utopiste
R. Owen, le Dr W. King créa en 1827 une coopérative de consommation à Brighton. 300
coopératives du même genre suivirent ici et là en Angleterre en peu de temps, mais la plupart ne
survécurent pas. Mais l'expérience a aidé à préparé le terrain pour l'existence de la coopérative de
Rochdale qui allait marquer une étape décisive dans l'implantation de la coopération dans le monde.
Ex : La Société des Equitables Pionniers de Rochdale

2.2. Les coopératives ouvrières de production (COP)


C'est en France qu'apparaissent les premières coopératives ouvrières de production : ceux qui
y travaillent sont en même temps les membres et les propriétaires. La première coopérative de
production fut crée à Paris en 1834 : l'association chrétienne des Bijoutiers en doré depuis ce temps,
la France représente le pays des COP.

Les règles des COP ont été élaborée par Philippe Buchez (1796-1865) en 1831, dissident de
Saint Simon. On retrouve dans ces règles établies par Buchez une certaine correspondances avec les
principes de Rochdale.

Les associés se constitueraient entrepreneurs; à cet effet, ils choisiraient parmi eux un ou
deux représentants qui auraient la "signature sociale"; ce qui équivaut au principe de la démocratie.
Une somme équivalente à celle que les entrepreneurs intermédiaires prélèvent sur chaque
journée serait reversée à la fin de l'année; cette somme formant le bénéfice net serait partagée entre
deux parties, à savoir : 20% serait pris pour accroître le capital; et le reste serait employé en secours
ou distribué entre les associés au prorata de leur travail.
Le capital social s'accroissant ainsi chaque année de 1/5ème des bénéfices serait inaliénable.
L'association ne pourrait faire travailler pour son compte des ouvriers étrangers pendant plus
d'un année.Au bout d'une année, elle serait contrainte d'admettre dans son sein le nombre de
travailleurs nouveaux rendu nécessaire par l'accroissement des opérations.

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Encadré 1 – résumé de la coopérative ouvrière de production

Propriété des moyens de production aux travailleurs

Suppressions des revenus sans travail

Remise aux travailleurs de leur liberté

2.3. Les coopératives d'épargne et de crédit


Les premières expériences ont lieu en Allemagne où deux hommes ont contribué à leur
naissance et développement : Schulze-Delitzsch (1808-1883) et Raiffesen (1818-1888).

 Schulze-Delitzsch
Il initie des coopératives destinées aux artisans et petits commerçants des villes. Il ne retient
de Rochdale que les principes de :
- Self help
- l'association
- la double qualité d'usager et de membre
Il rejette le principe de la répartition au prorata des transactions et rémunère le capital par une
dividende qui n'est d'ailleurs pas limité d'avance. Ce dernier trait suffit à situer ces associations en
marge de la coopération authentique en d'autres termes, à contester le caractère coopératif des
associations fondées par Schulze-Delitzsch. Schulze-Delitzsch prône des coopératives
multifonctionnelles d'approvisionnement, de vente en commun, de consommation, d'épargne et
crédit. Seul le volet crédit réussi surtout : en 1859, 30 banques populaires se réclamant de lui
tiennent un congrès.

 Friedrich Wilhelm RAIFFEISEN (1818 – 1888) et ses sociétés coopératives de crédit2

o Les idées de Raiffeisen


Issu d’une famille modeste, F. W. Raiffeisen fût obligé très jeune, de travailler aux champs
pour venir en aide à sa mère à la suite de la perte de son père tout en recevant des leçons du pasteur
de la commune. Une double formation, religieuse et pratique qui va influer sur toute l’activité de
celui que l’on désigne comme le fondateur de la coopération rurale en Allemagne. Fonctionnaire

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On les désigne aussi comme des sociétés de crédit mutuel. Mais cette qualification peut induire en
erreur, car elle peut signifier que les sociétaires se prêtent mutuellement les capitaux dont ils ont besoin.
Or, cela est assez rare : généralement, les capitaux prêtés aux sociétaires sont empruntés au dehors.

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civil du gouvernement prussien, il est nommé d’abord à 27 ans bourgmestre du district de
Weyerbusch en 1845, puis du district de Flammerfelds en 1948 et enfin maire de Heddesdorf, au
sud-est de Bonn. Durant la famine de l’hiver 1847-1848, il s’emploie activement à secourir les
populations de Weyerbusch, une région isolée et pauvre comptant une population essentiellement
paysanne aux conditions de vie très rudes. Ses actions dans ce domaine furent des sociétés pour
l’achat de blé et de pommes de terre, suivies de la prise en charge des boulangeries pour faire baisser
le prix du pain.
Sur le plan de ses idées d’Economie Sociale et Solidaire, Raiffeisen est surtout intéressé par
les agriculteurs des campagnes. La coopération représente pour lui, un moyen de défendre les
agriculteurs contre l'usurier et le marchand et non comme un système. "Le désir de Raiffesen était de
constituer des associations sans aucun capital : certains membres (les riches surtout) apportaient des
épargnes liquides pour lesquelles ils percevaient l'intérêt courant; d'autres membres venaient
emprunter ces épargnes et payaient un intérêt à peine supérieur. C'était le mutuellisme absolu" 3. Il
ne s'agissait même pas de collecter l'épargne des uns pour la prêter aux autres, mais seulement
d'offrir aux banques prêteuses des cautions mutuelles, de sorte que les plus démunis, ceux qui
n'avaient pas de patrimoine à offrir en garantie, puissent malgré tout accéder au capital. Ses
conceptions étaient aussi fortement marquées d’un esprit religieux. Pour lui la coopérative a un
fondement chrétien car les forces morales issues du christianisme sont indispensables pour son
développement. Ces forces morales sur lesquelles repose la coopération sont la solidarité, l’amour
du prochain et l’esprit de sacrifice. Les membres devaient aussi appartenir à la religion catholique ou
protestante.
Il incite les riches à faire partie de ces associations avec pour mission de collaborer de la
manière la plus altruiste possible et d’éduquer et d’exercer une influence sur les membres pauvres.
Les riches en entrant dans la coopérative, devraient ainsi engager leur fortune, prendre en charge la
direction de l’entreprise gratuitement (bénévolat)en renonçant ainsi à toute rémunération et
dividende, ne touchant que l’intérêt sur leur apport. Le travail de direction constituait une sorte de
contrepartie en même temps que le privilège de leur fortune issue de spéculation financière,
d’héritages ou d’investissements capitalistes.
Les associations Raiffesen ont quitté l'ACI en 1904 en raison de leur conception de la
coopération comme moyen de défense des agriculteurs contre les usuriers et les commerçants et non
comme organisation pouvant remplacer l'ordre capitaliste.

o Les sociétés coopératives de crédit agricole de Raiffeisen


C'est en 1849 que Raiffeisen a fondé la première caisse. À sa mort, en 1888, il y en avait 862.
Ces sociétés présentent généralement les caractères suivants :
1. les associés n'apportent aucune mise dans la société : celle-ci se constitue donc sans capital, il n'y a point
d'actions ;
2. ils ne touchent aucun dividende : les profits, s'il y en a, servent à constituer un fonds indivisible et perpétuel
qui, en grossissant sans cesse, pourra permettre un jour de se dispenser de faire appel aux capitaux du
dehors et alors de prêter sans intérêt. Ce sera le crédit gratuit rêvé par Proudhon ;
3. ils sont solidairement responsables sur tous leurs biens. Ceci est le trait caractéristique qui confère à ces
sociétés une valeur morale et éducative remarquable, mais qui, d'autre part, effraie ceux chez qui l'esprit
individualiste est tenace;

3
Paul Lambert, La doctrine coopérative, éditeurs : les propagateurs de la coopération et la Fédération
Nationale des coopératives de consommation (France), 1959, p 89

12
4. toutes les fonctions sont absolument gratuites, sauf parfois celle du caissier ;
5. enfin, ces sociétés procèdent généralement d'une inspiration religieuse qui permet plus facilement d'imposer
à leurs membres les obligations que nous venons d'indiquer, et en même temps d'exercer sur eux une
sélection sévère qui accroît d'autant le crédit de l'association.
Ces sociétés ont rendu des services incomparables ; elles ont véritablement libéré le paysan
allemand de l'usure qui le dévorait et, en s'étendant vers les pays du Danube et de l'Orient, elles font
chaque jour reculer ce fléau. Elles ont pris un développement prodigieux en Russie où leur nombre
dépasse même celui de l'Allemagne et s'infiltrent dans les pays des Balkans. En Allemagne, en Italie
et même en France, l'école sociale catholique s'emploie activement et avec succès à leur
développement.

 Alphonse Desjardins (1854-1920) : les caisses populaires


Il veut combattre l'usure entraînée par la défaillance du système bancaire et le goût du luxe et
l'imprévoyance des agriculteurs et des travailleurs et solutionner le problème de l'absence de crédit
ajusté aux besoins des "classes laborieuses". Pour ce faire, il conçoit et met en place les caisses
populaires d'épargne et de crédit au Québec.
Desjardins était à la recherche d’un type de société coopérative qui put satisfaire aux besoins
divers et multiples des centres ruraux et des entres urbains. Il va s’inspirer de l’expérience de
l’Europe pour construire son modèle : la caisse populaire, qui est pour lui une association des
modestes capitaux locaux. Cette caisse est la synthèse de quatre système d’épargne et de
crédit établis en en Allemagne, en Italie et en France ; la caisse d’épargne, la banque Schulze, la
caisse de crédit Raiffeisen et surtout la banque populaire de Luzatti (En Italie L. Luzzatti fonde à
Milan une première banque 1865)

13
CHAPITRE II- DEFINITION ET PRINCIPES DE LA COOPÉRATIVE

Qu'est-ce qu'une coopérative? Est-ce une modeste entreprise rendant service à ses membres?
Ou alors une entreprise spécifique soumise à des règles spécifiques qui la distinguent ainsi des autres
types d'entreprises ou d'organisations? Sur quelles idées et faits repose la coopération? Afin de
permettre une meilleure perception de la nature spécifique de la coopérative procédons à une analyse
de quelques définitions et à un premier état de rapprochement avec la firme capitaliste. Il sera
proposé quatre définitions : celle du BIT, de George Fauquet ,de Claude Vienney et de Soulama.
Le concept d'Organisation Coopérative et de Type Coopératif (OCTC) comporte donc un
double aspect normatif et positif : normatif, c’est l’acceptation de la coopérative dans sa définition
organique universelle ; positif, c’est la prise en compte de la réalité telle quelle par le repérage du
"type coopératif", vocable qui désigne un ensemble d'organisations qui disposent d’un « embryon
d’activités économiques » organisées selon la logique non marchande de priorité de services aux
individus ou à la collectivité. Le type coopératif dans le cas Burkinabè désigne principalement les
groupements villageois et divers groupements professionnels des milieux artisanaux, informels et
urbains, caractérisés habituellement de "pré-coopératif". Le qualificatif de "type coopératif" a été
préféré à celui de "pré-coopératif" utilisé dans la littérature officielle; cela, pour deux raisons
fondamentales : en premier lieu, le "pré-coopératif" suppose une évolution de ces types d'orga-
nisation vers les coopératives alors qu'à l'heure actuelle, certaines "pré-coopératives" réalisent de
bien meilleures performances coopératives que des organisations classées comme coopératives par
la nomenclature officielle. En deuxième lieu, le qualificatif de pré-coopératif pose un autre problème
classificatoire : celui des groupements "Naams". Ces derniers ne se considèrent ni comme "pré" ni
comme "post" coopératif; ils revendiquent leur identité propre. Ils sont !

Dans une coopérative, il s’agit d’atteindre un objectif social au moyen de l’économique


c’est-à-dire au moyen d’une entreprise. Si la coopérative est la forme d’association qui combine au
mieux les deux composantes, elle n’est toutefois pas la seule forme d’association de l’économique et
du social ; il existe des formes multiples de combinaison de l’économique et du social qui
poursuivent le même objectif avec un système de règles légèrement différent. Le champ des
organisations qui mettent au centre de leur préoccupation la poursuite d’objectifs sociaux au moyen
de l’économique est donc plus vaste que celui défini par la coopérative stricto-sensu ; c’est le champ
des Organisations Coopératives et de Type Coopératif (OCTC), c’est le champ des coopératives
proprement dites, des mutuelles, de groupements villageois, des groupements d’artisans, des
groupements de producteurs, de mise en œuvre de diverses modalités d’action collective organisées
autour de la satisfaction de besoins exprimés par les membres.

I- Quelques définitions de la coopérative

1.1. Définition du Bureau International du Travail


Dans la recommandation 127 de 1967, Le Bureau International du Travail définit la
Coopérative comme :"Une association de personnes, qui se sont volontairement groupées pour
atteindre un but commun, par la constitution d'une entreprise dirigée démocratiquement, en
fournissant une quote part équitable du capital nécessaire et en acceptant une juste participation aux
risques et aux fruits de cette entreprise, au fonctionnement de laquelle les membres participent
activement".
14
En mettant pour l’instant de côté les conditions d’adhésions (volontariat) et de
fonctionnement démocratique, cette définition semble retenir de la coopérative deux éléments
constitutifs essentiels, une association de personne et une entreprise. Elle apporte ensuite des
précisions sur les rapports entre ces deux éléments (une Entreprise et un Groupement de personnes4)
qui structurent le champ des règles de la coopérative :
 Les membres apportent le capital nécessaire au fonctionnement de l'entreprise.
 Les membres participent aux résultats tant au plan des risques que de celui des fruits
 Les membres participent à l'activité (fonctionnement, but commun)
Si l’on considère maintenant les aspects plus qualitatifs de la définition, on relève une préoccupation
d’économie solidaire en référence aux notions encore vaguement définies telles celles de "volontaire", de
"démocratique", d'"équité", de "justice" « d’actifs" .

1.2. Définition de Georges Fauquet (1873-1953)


La définition proposée par G.Fauquet est non seulement contextuelle, historique et socio-économique
(référence à la révolution industrielle et à une catégories particulière d’agent économique) mais aussi, elle
s’inscrit davantage dans une perspective d’économie sociale (référence aux conditions de nécessité et
d’identité collective comme éléments à la base des initiatives d’économie sociale).

" Par leurs origines, par leurs milieux, par les classes sociales où elles sont nées et se sont développées, les
institutions coopératives sont apparentées à toutes les formes d'association populaire. Au profit des mêmes
catégories, quoique par des méthodes qui leur sont propres, elles traduisent le même effort de défense, de
relèvement et d'émancipation. Ce qui les différencie des autres formes d'action et d'association populaire,
c'est qu'elles poursuivent leur but au moyen d'une activité économique organisée, au moyen d'une
entreprise. On devra par la suite distinguer dans l'institution coopérative deux éléments conjoints, l'un
social et l'autre économique :

 une association de personnes qui ont reconnu et continuent de reconnaître, d'une part la
similitude de certains de leurs besoinset, d'autre part, la possibilité de mieux satisfaire ces
besoins par une entreprise commune que par des moyens individuels.
 Une entreprise commune dont l'objet particulier répond précisément aux besoins à
satisfaire." (Cf. G.Fauquet 1947; p.19).
Cette seconde définition par rapport à la première a cette particularité de mettre en évidence les
spécificités des agents économiques qui peuvent former une coopérative en se référant à leur place dans la
société. Ce sont des catégories sociales ou des groupes socio-professionnels dont les activités sont soit
marginalisées ou en voie de transformation donc menacés. Autrement dit des catégories sociales faibles
sur le plan économique en raison de leur position dans la société. Dès lors, la coopérative apparaît comme
un moyen de défense de ces agents économiques menacés dans leur identité socio-économique ou comme
un moyen d'émancipation des faibles.

Dans cette définition aussi, on retrouve les deux composantes de la coopérative c’est-à-dire une «
Association » et une « Entreprise ». Fauquet donne quelques caractéristiques de ces deux composantes. La

4
La notion d’association qui est utilisée dans la définition a une connotation juridique trop précis qui ne cadre pas
toujours avec les différentes législations nationales

15
spécificité de l'Association des personnes est la similitude des besoins des agents économiques qui la
constituent et la particularité de l'entreprise par la correspondance de son objet avec les besoins des
personnes qui s'associent. Il faut retenir enfin que cette définition fait ressortir le critère le critère de
différenciation de la coopérative des autres types d’associations populaires : la mise en oeuvre d’une
activité économique comme moyen de satisfaction des besoins de ses membres.

1.3. La définition de Claude VIENNEY


C. Vienney retient lui aussi la nature bicéphale de l’entreprise coopérative (S.Soulama 1991), définissant
celle-ci de manière plus brève comme étant la : " Combinaison d'un Groupement de Personnes (GP) et
d'une Entreprise réciproquement liés par un Rapport d'Activité et un Rapport de Sociétariat".

Cette définition s’élabore elle aussi autour deux éléments constitutifs fondamentaux que sont le
Groupement de Personnes et l'Entreprise. Ces deux éléments sont RECIPROQUEMENT liés par un
rapport d'activité et un rapport de sociétariat : pour bénéficier des résultats de l'Entreprise, il faut être
associé (rapport de sociétariat); le statut de sociétaire implique qu'on soit "usager" des prestations de
l'Entreprise ou encore que le statut de sociétaire implique simultanément qu'on soit client (ou fournisseur
selon les cas) de sa propre entreprise (rapport d'activité).

A partir de ces éléments constitutifs, Entreprise-Groupement de Personnes, C. Vienney définit un système

Illustration de la Règle d’égalité des sociétaires


Illustration : supposons que Ego est membre de la coopérative et a souscrit 1 part sociale à la coopérative et
B est aussi sociétaire et a souscrit à 5 parts de la coopérative. Suivant la règle d’égalité des sociétaires, Ego
et B sont égaux et disposent du même pouvoir de décision dans les organes de décision de la coopérative
bien que B ait souscrit plus de parts sociales que A.

de règles 4 règles fondamentales, spécifiques aux institutions coopératives :

R 1 - Règle relative au Groupement de Personnes (GP) : Egalité des sociétaires. C'est le fondement du
principe dit de la démocratie coopérative contenu dans la résolution du BIT, une démocratie qui privilégie
l'Homme par rapport au Capital et s'énonce généralement comme suit : "un membre, une Voix" . Chaque
associé dispose d'une voix à l'Assemblée Générale quel que soit le montant de son apport dans la
formation de la coopérative.

Cette règle ne signifie pas que les individus sont égaux dans tous les domaines mais seulement par rapport
aux activités pour lesquelles ils ont créé l’entreprise coopérative. Elle renvoie certes au principe de la
démocratie vu dans la définition du BIT mais suppose au préalable l’existence d’intérêts communs que les
efforts communs des individus vont défendre. C. Vienney (1980, p.16) le précise en disant que « pour que
des personnes se groupent en se reconnaissant mutuellement les mêmes pouvoirs pour défendre les mêmes
intérêts, il faut bien supposer qu’elles sont relativement dans une même situation socio-économique ».

On retrouve dans cette règle, la nécessaire homogénéité des situations socio-économiques des personnes
qui se groupent dont Fauquet soulignait l’importance.

16
R 2 - Règle relative aux relations entre le Groupement de Personnes et l'Entreprise (GP---->E) : c'est la
règle du Rapport d'activité. Il existe de ce fait nécessairement un rapport entre certaines activités des
personnes qui se mettent ensemble et l’activité de l’entreprise coopérative qu’ils vont former et faire
fonctionner pour leur propre service. Le Groupement de Personne se délimite et se constitue en rapport
avec l'activité de l'Entreprise. Tous les adhérents sont d'abord des usagers des prestations de leur
Entreprise. C'est parce qu'on est intéressé par la prestation de l'Entreprise qu'on adhère et c'est pour rendre
des services à leurs sociétaires que les coopératives sont constituées.

Illustration de la règle du rapport d’activité

Supposons que Ego, est un petit exploitant agricole qui produit non seulement des céréales
mais aussi du coton, qui est produit de rente dont le circuit de commercialisation est bien
organisé par la société de développement du coton avec un prix rémunérateur. Mais il éprouve
par contre des difficultés pour écouler ses céréales sur le marché pour des raisons diverses
notamment méconnaissance des conditions du marché, besoins pressant de liquidités pour des
obligations toutes choses qui le poussent à vendre sa production à un prix désavantageux P0

La coopérative X est une coopérative de collecte et d’écoulement des céréales qui réalise sa
fonction à un prix coopératif Pc rémunérateur mais variable. Le prix Pc auquel la coopérative
X achète à ses membres pour revendre est supérieur à ce que Ego retire en situation
d’isolement.

Ego peut adhérer à la coopérative X, pour la seule activité dont elle s’occupe à savoir,
l’écoulement des céréales. S’il adhère, alors il doit écouler désormais toute sa production de
céréales par la coopérative.

17
R 3 - Règle relative aux relations entre l'Entreprise et le Groupement de Personnes E---->GP : c'est la règle
de la Répartition proportionnelle. On parle aussi de répartition au prorata des transactions avec l'Entreprise
et non en fonction du capital. Ici apparaît une correspondance inverse avec la règle précédente, qui est
relative aux rapports entre l’entreprise et les personnes. Les résultats sont distribués en relation avec les
activités puisque ce sont les activités qui intéressent les personnes. La règle de la répartition
proportionnelle renvoie à la notion de juste participation aux fruits qui apparaît dans la définition du BIT.
Mais elle ne signifie égalité en référence à la première règle concernant le groupement de personnes, car
chaque personne ne reçoit le même montant des résultats.

Illustration de la Règle de répartition proportionnelle

Ego ayant adhéré à la coopérative X en payant une part sociale, offre 1000 kg de céréales à la
coopérative pour que cette dernière écoule. B, qui a payé 5 parts sociales, offre 500 kg de
céréales à la coopérative X pour écoulement. Admettons que la coopérative X achète à ses
membres les céréales à un prix de cession de 40 francs par kg. Ego recevra alors
40f/kg*1000kg = 40 000 f et B recevra 40f/kg*500kg = 20 000 francs.

La coopérative a collecté et écoulé pour l’ensemble de ses membres, 10 000 kg de céréales et a


pu le faire au prix de 60 francs/kg, soit un chiffre d’affaires de 600 000F. Supposons qu’une
fois les charges supportées par la coopérative X sont déduites l’activité ai généré un surplus de
150.000 francs et que les membres décident d’affecter 50 000 francs pour augmenter les
réserves, le reliquat de 100 000 francs devant être distribué aux membres.

La répartition du surplus se fait au prorata des transactions ; Ego en plus de son revenu de base
soit 40 000 francs reçoit, 1000/10000*100 = 10% du surplus, soit 1000 francs et B reçoit, 5%
du surplus (500/10 000*100) soit 500 francs.

Malgré le fait que B dispose d’une part plus importante que Ego du capital social, il bénéficie
moins des résultats de la coopérative X. La participation au partage des fruits nés de l’activité
coopérative n’est pas fonction de l’ampleur de la souscription au capital mais de la
participation effective aux transactions de la coopérative.

R 4- règle relative à l'Entreprise (E) : Appropriation durablement collective des résultats réinvestis ou

Illustration de la Règle d’appropriation durablement collective des résultats réinvestis

On l’a vu, Ego a adhéré à la coopérative X en t0 en souscrivant une part sociale. Entre t0 et t1,
la coopérative X a pu augmenter ses réserves propres de 50 000 francs. Si Ego décidait de
démissionner de la coopérative, il ne pourra que récupérer sa part sociale à sa valeur
nominative car la réserve de 50 000 francs est accumulée collectivement. En d’autre terme si
la coopérative venait à fermer, ces 50 000 francs ne peuvent être repartis entre les membres, ils
18
sont cédés éventuellement à des organisations poursuivant des objectifs similaires à celles de
la coopérative X.
encore règle de l'indivisibilité de l'actif net en cas de dissolution.

La notion de système de règles signifie qu’aucune des ces règles prises isolement n'est particulière à ce
type d'organisation : C'est l'ensemble qui est spécifique parce qu'il est nécessaire au réglage des rapports
entre les deux éléments constitutifs de la combinaison. Une règle constitue une forme de référence qui
donne la possibilité de comparaison des modalités d'application.

"Un schéma simplifié (Cl.Vienney 1994 : p.89) figure cette structure typique et permet de comprendre la
cohérence de l'ensemble de ces règles. Ayant pour objet de relier une partie des activités des personnes
associées à l'économie environnante, c'est une organisation à la fois autocentrée et ouverte sur cet
environnement marchand.

:Figure N°1: Structure simplifiée de l'OCTC

Rapport d'activité

Groupement
Partage Résultat Entreprise
de Personnes
(Accumulation durablement
collective des résultats
(1Homme égale 1 Voix)

Rapport de sociétariat

Il faut remarquer qu'il s'agit du système de règles d'un type d'organisation, non d'un système socio-
économique en soi, qui serait "autre" que celui dans lequel il s'insère. En effet, les groupes concernés ne
réorganisent qu'une partie de leurs activités, et l'entreprise entretient de multiples relations avec d'autres
acteurs que ses membres. Par ailleurs, ce sont des prix de marché qui servent de référence à la formation et
au partage des résultats. Les associés ne maintiennent leur préférence pour l'activité et la forme de
l'organisation que s'ils ne trouvent pas dans leur environnement d'autres organismes qui leur rendraient les
mêmes services à moindre coût. C'est l'ajustement de la personnalité des associés et de l'activité de

19
l'entreprise qui structure les correspondances entre ces activités et leur composition sociale, manifestant
leur efficacité dans des situations variées".

1.4. La prise en compte du comportement microéconomique de l’individu et des


transactions (S.Soulama 1991)
La coopérative est définie jusque là comme une combinaison d'une association et d'une
entreprise avec une double dimension socio-historique et socio-économique (C.Vienney, 1980);
dans cette perspective, la coopérative est historiquement datée, économiquement, socialement et
culturellement déterminée. Cette définition est celle qui admet une universalisation/adaptation du
concept coopératif. Mais du fait de son caractère bicéphale ( combinaison entreprise et groupement
de personnes) et surtout de son fondement théorique (holisme méthodologique), elle ne prend pas en
compte la dimension de l'individu. Tout se passe dans la définition bicéphale comme si les individus
qui adhèrent à une coopérative cessent d'être des agents économiques rationnels.
L'apport de l'analyse économique (Ivan V. Emélianoff 1949; C.Pichette 1969) se situe
précisément sur ce point : l'individu ne cesse pas d'être un agent économique rationnel parce qu'il
adhère à une coopérative. Au contraire! L'individu qui adhère cherche par le moyen de la
coopérative à maximiser sa satisfaction en achetant au moindre coût s'il est consommateur par
exemple, ou en vendant au meilleur prix s'il est producteur. Dès lors, on doit introduire auprès des
deux entités constitutives traditionnelles (l’Entreprise et le Groupement de Personnes), une troisième
dimension constitutive, l’Individu. Cette façon de concevoir la coopérative en trois dimensions en y
introduisant l’individu, montre qu'il s'agit d'une entité au sein de laquelle coexistent toujours
plusieurs optima possibles : optimum de l'individu consommateur (respectivement producteur)
mesuré au prix minimum (ou maximum), optimum de l'individu mesuré par la ristourne maximum,
optimum de l'entreprise mesuré par le surplus maximum et enfin optimum du point de vu du
Groupement de Personnes mesuré par la base d'adhésion la plus large.
Se situant dans un cadre plus vaste, celui des organisations en général, et raisonnant à partir
des présupposés habituels de la théorie néoclassique sur le comportement des individus rationnels,
O.Mancur montre le rôle prépondérant des individus dans une organisation, fusse-t-elle de type
coopératif, politique, syndical ou autre. La combinaison des intérêts individuels et des intérêts
communs au sein d'une organisation dit-il appelle une comparaison avec un marché concurrentiel.
L'auteur cherche sur cette base à démontrer "qu'un groupe inorganisé de personnes ayant un intérêt
commun, conscients de cet intérêt et ayant les moyens de le réaliser peut sous des conditions
générales ne rien faire pour le promouvoir. La communauté d'intérêt, même lorsqu'elle est une
donnée évidente pour tous, ne suffit pas à provoquer l'action commune permettant de promouvoir
l'intérêt de tous. Logique de l'action collective et logique de l'action individuelle ne font pas un mais
deux"54.
A partir des remarques ci-dessus relatives aux limites d'une définition bicéphale de la
coopérative, dans le cadre d'un "individualisme méthodologique renouvelé" (E.Brousseau 1993), il
devient possible de concevoir celle-là comme un système de trois éléments réciproquement liés (S.
Soulama, 1991) :

5
: La théorie des choix collectifs constitue une base théorique qui justifie la prise en compte de la dimension

Individuelle dans les situations organisationnelles, cf. chapitre 3 sur les théories économiques explicatives de

l’émergence des Organisations Sans But Lucratif


20
 une organisation (association, groupement de personnes) plus ou moins démocratique
faisant office d'agent économique collectif et qui a pour mission de gérer et d'administrer
pour le compte des adhérents propriétaires, une entreprise;
 des agents économiques individuels qui décident de créer ensemble une entreprise
particulière dont ils sont propriétaires (ils détiennent des parts sociales) et usagers (ils
adhèrent donc ils sont propriétaires parce qu'ils désirent bénéficier des prestations de
service de cette entreprise particulière);
 des activités productives marchandes organisées dans le cadre de l'entreprise; ces activités
productives sont celles pour lesquelles, les agents économiques individuels ont décidé de
coopérer.

Graphique 1.0 : présentation tricéphale de la coopérative

La définition en trois composantes de la coopérative n'est pas courante. Dans la littérature

spécialisée, la coopérative est en effet le plus souvent définie comme une institution bicéphale. Les
éléments étant l'association et l'entreprise ou encore l'établissement coopératif et les adhérents
(membre). Quand elle est définie comme relations réciproques d'activité et de sociétariat entre une
Association (groupement de personnes) et une Entreprise (C.Vienney), l'accent est en effet mis sur
les deux composantes que constituent le Groupement de Personnes et l'Entreprise. La définition plus
économiste d'Emilianoff (1949) systématisée par C.Pichette ne considère que deux éléments
fondamentaux dont on étudie les rapports économiques : c'est l'Etablissement Coopératif proprement
21
dit, distinct de l'activité productive de chacun des membres individus. S'il est vrai qu'en adhérent à
une coopérative les individus ne cessent pas pour autant d'être des agents économiques autonomes y
compris pour la partie de leur activité économique qui passe par la coopérative, on peut alors retenir
comme composante de la coopérative 3 éléments inter-reliés comme nous l'avons déjà mentionné.
Explicitons la signification de chacun des éléments constitutifs.
 Le Groupement de Personnes (GP) : c'est l'ensemble des adhérents et comme l'enseigne la
théorie de l'organisation ou des systèmes, le groupement de personnes à travers des
organes appropriés, administre et gère l'activité économique. Cet élément association
comporte lui même trois aspects : l'aspect relation (les membres sont en rapport les uns
avec les autres), l'aspect structurel (les relations entre les membres tendent à former un
système structuré et relativement stable) et enfin l'aspect fonctionnel : le groupement gère
et administre pour le compte de ses adhérents propriétaires une ou plusieurs activités
économiques marchandes dans le cadre d'une entreprise; il exerce une fonction de
répartition du bénéfice collectif, une fonction de négociation avec l'environnement d'un
espace de pouvoir et d'un espace d'autonomie; il a aussi une fonction de formation et
d'éducation des adhérents : le groupement de personnes a en effet pour mission de gérer la
nécessaire sauvegarde de l'identité socio-économique et l'intégration de valeur de progrès
propres à assurer l'épanouissement et le développement des individus.
 L'activité économique ou l’Entreprise coopérative (E-C): elle est mise en oeuvre au sein
de l'établissement coopératif. Si l'activité coopérativisée doit être en harmonie avec les
procès de production ou de consommation des adhérents membres, elle se distingue
toutefois de l'activité économique de chaque membre considéré individuellement.
L'activité économique (qu'elle s'effectue ou non au sein d'une entreprise ou établissement
coopératif structuré) remplit une double fonction : fonction d'offre de services
correspondants aux attentes et aux pouvoirs d'achat des adhérents, une fonction de
production de surplus et d'accumulation durablement collective.
 L'individu adhérent (IA) : Nous l'avons déjà signalé, en adhérent à une coopérative l'agent
économique ne perd pas pour autant toute identité économique. L'agent économique
individuel adhère sans doute pour maximiser sa satisfaction. Il a été possible, par des
outils d'analyse économique, du choix rationnel d'un agent économique d'adhérer
(O.Mancur; 1966). Le succès de la coopérative peut dépendre de sa capacité à observer
une discipline coopérative, de son comportement d'agent microéconomique. Il remplit une
double fonction : une fonction de participation aux activités du groupement de personnes
en tant que sociétaire, dans le respect des statuts et règlement intérieur et une fonction de
demande des services et prestations offertes par l'entreprise qu'il a contribué à créer. Les
trois éléments sont tenus en cohérence par un système de règles dont C. Vienney en
donne une représentation plus concentrée et plus pertinente (Cf. définition de Claude
Vienney.

22
II- Les principes coopératifs
2.1. La base des principes coopératifs par "La Société des Équitables Pionniers de Rochdale"
Vingt huit (28) membres ouvrent un magasin le 21 décembre 1844 à Rochdale, ville d'Angleterre.
On assiste à l’instauration d'un nouveau système social et l'activité de consommation n'était que la
première étape. Les principes des équitables pionniers de Rochdale constituent la base des principes
coopératifs et leur modèle est source d’inspiration à tous les coopérateurs du monde. Les principes
de bases étaient au nombre de 7:

1. Le principe de la porte ouverte : le nombre des membres d'une coopérative n'est pas
limité
2. Le système démocratique
3. L'intérêt limité au capital social
4. Paiement d'une ristourne
5. Éducation : 25% des excédents doivent être affectés à l'éducation coopérative des
membres.
6. La dévolution de l’actif net en cas de dissolution
7. Achat et vente au comptant.

2.2. Les principes coopératifs par l’alliance coopérative internationale (ACI)


Les principes découlent des valeurs des OCTC qui sont les grands principes de ces formes
d’organisation. Sont rappelés ici ceux formulés par l’alliance coopérative internationale. Ces
principes constituent les lignes directrices qui permettent aux OCTC de mettre leurs valeurs en
pratique. On distingue 7 grands principes.

1 Premier principe : Adhésion volontaire et ouverte à tous. Les coopératives sont des
organisations fondées sur le volontariat et ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs
services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce sans
discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race, l'allégeance politique ou la religion.
2 Deuxième principe : Pouvoir démocratique exercé par les membres. Les coopératives sont
des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à
l'établissement des politiques et à la prise de décisions. Les hommes et les femmes élus comme
représentants des membres sont responsables devant eux. Dans les coopératives de premier niveau,
les membres ont des droits de vote égaux en vertu de la règle "un membre, une voix"; les
coopératives d'autres niveaux sont aussi organisées de manière démocratique.
3 Troisième principe : Participation économique des membres. Les membres contribuent de
manière équitable au capital de leurs coopératives et en ont le contrôle. Ils ne bénéficient
habituellement que d'une rémunération limitée du capital souscrit comme condition de leur adhésion.
Les membres affectent les excédents à tout ou partie des objectifs suivants : le développement de
leur coopérative, des ristournes aux membres en proportion de leurs transactions avec la coopérative,
le soutien d'autres activités approuvées par les membres.
4 Quatrième principe : Autonomie et indépendance. Les coopératives sont des organisations
autonomes d'entraide, gérées par leurs membres. La conclusion d'accords avec d'autres
organisations, y compris des gouvernements, ou la recherche de fonds à partir de sources
extérieures, doit se faire dans des conditions qui préservent le pouvoir démocratique des membres et
maintiennent l'indépendance de leur coopérative.
23
5 Cinquième principe : Education, formation et information. Les coopératives fournissent à
leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés l'éducation et la formation
requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles
informent le grand public, en particulier les jeunes et les leaders d'opinion, sur la nature, et les
avantages de la coopération.
6 Sixième principe : Coopération entre les coopératives. Pour apporter un meilleur service à
leurs membres et renforcer le mouvement coopératif, les coopératives œuvrent ensemble au sein de
structures locales, nationales, régionales et internationales.
7 Septième principe : Engagement envers la communauté. Tout en mettant l'accent sur la
satisfaction des besoins et des attentes de leurs membres, les coopératives contribuent au
développement durable de leur communauté.

1.6. Description comparée de la coopérative et de l’entreprise capitaliste

Travail de recherche à faire par les étudiants

24
CHAPITRES III- QUELQUES EVIDENCES EMPIRIQUES SUR LE MOUVEMENT
COOPÉRATIF ET DE TYPE COOPERATIF

3.1. Au plan mondial

Le mouvement coopératif rassemble plus de 800 millions de personnes à travers le monde. Selon les
Nations Unies, en 1994, presque 3 milliards de personnes, ou la moitié de la population du monde, ont eu
leur condition de vie amélioré par l’entremise de l’entreprise coopérative. Ces entreprises continuent à
jouer des rôles économiques et sociaux significatifs dans leurs communautés. Sont décrits ci-dessous
quelques faits sur le mouvement qui démontrent leur pertinence et contribution au développement
financier, économique et social.
Le mouvement coopératif rassemble plus de 800 millions de personnes à travers le monde. Selon les
Nations Unies, en 1994, presque 3 milliards de personnes, ou la moitié de la population du monde, ont eu
leur condition de vie amélioré par l’entremise de l’entreprise coopérative. Ces entreprises continuent à
jouer des rôles économiques et sociaux significatifs dans leurs communautés. Sont décrits ci-dessous
quelques faits sur le mouvement qui démontrent leur pertinence et contribution au développement
financier, économique et social.

25
1. Les grands segments de la population sont des membres des coopératives
 En Asie 45.3 millions de personnes sont des membres d'une association coopérative d'épargne et
de crédit. (Source : Association de confédération asiatique des associations coopératives d'épargne et
de crédit, du rapport annuel 2007/2008)

 En Argentine, il y a 11.357 sociétés coopératives avec plus de 9 millions de membres - 22% de la


population. (Source : Social d'Instituto Nacional de Asociativismo y Economia (INAES), septembre
2007)

 En Belgique, il y avait 29.933 sociétés coopératives en 2001

 En Bolivie, 2.940.211 personnes ou un tiers de la population sont un membre des 1590


coopératives. (Source : Diagnóstico Nacional Cooperativo (DNC), 2008 comme rapporté dans Boletín
Informativo aciaméricas.coop Nº65, décembre 2008)

 Au Canada, quatre sur tous les dix Canadiens sont des membres au moins d'une coopérative. Au
Québec, approximativement 70% de la population sont des membres de cage, alors qu'en Saskatchewan
56% sont des membres. Source : Secrétariat coopératif, gouvernement du Canada.

 En Colombie plus de 4 millions de personnes sont les membres des coopératives ou 9.17% de la
population. (Source : CONFECOOP. Secteur Cooperativo Colombiano 2007)

 Le Costa Rica compte plus de 10% de sa population comme membres des coopératives.

 La Finlande, S-Groupe a une adhésion de 1.468.572 individus qui représente 62% de ménages
finlandais. (Source : Rapport annuel 2004 de SOK Corporation)

 En Allemagne, il y a 20 millions de personnes qui sont des membres des coopératives, 1 sur 4
personnes.

 En Indonésie, 27.5% familles représentant approximativement 80 millions d'individus sont des


membres des coopératives. (Source : Ministère de coopérative et de PME, Indonésie, 2004)

 Au Japon, 1 sur chaque 3 familles est un membre de des coopératives.

 Le Kenya 1 dans 5 est un membre d'une coopérative ou de 5.9 millions d'et et de 20 millions de
Kenyans directement ou dérive indirectement leur vie du mouvement coopératif.

 En Inde, plus de 239 millions de personnes sont les membres d'une coopérative.

26
 En Malaisie, 5.9 millions de personnes ou 24% de la population totale sont des membres des
coopératives. (Source : Ministère d'entrepreneur et de développement en commun, département du
développement en commun, Malaisie, décembre 2006)

 En Nouvelle Zélande, 40% de la population adulte sont des membres des coopératives et des
mutuals. (Source : Association coopérative de la Nouvelle Zélande, 2007)

 À Singapour, 50% de la population (1.6 million de personnes) sont des membres d'une
coopérative.

 Aux Etats-Unis, 4 dans 10 individus est un membre d'une coopérative (25%).

2. Les coopératives sont les acteurs économiques significatifs dans des économies
nationales

 En Belgique, les pharmacies coopératives ont une part de marché de 19.5%.

 Au Bénin, FECECAM, l'épargne et fédération coopérative de crédit a fourni des USD 16 millions
en prêts ruraux en 2002.

 Au Brésil, les coopératives sont responsables de 40% du PIB agricole et de 6% d'exportations


totales d'agrobusiness. Dans 2006 coopératives brésiliennes exportées 7.5 millions de tonnes de
produits agricoles pour une valeur des USD 2.83 milliard à 137 pays. (Source : Agence de presse de
Brésil-Arabe, 2 février 2007). http://www.anba.com.br/ingles/noticia.php?id=13698

 En Bolivie, Cooperativa de Ahorro y Crédito « Jesús Nazareno » Ltda. (CJN) 25% manipulé de
l'épargne en Bolivie en 2002.

 Les coopératives canadiennes de sucre d'érable produisent 35% de la production de sucre de


l'érable du monde.

 Dans le d'Ivoire de Côte les coopératives ont investi des USD 26 millions pour des écoles
d'établissement, des routes rurales de bâtiment et établir les cliniques maternelles.

 En Colombie, plus de 7.300 coopératives soyez responsable de 5.61% du PIB en 2007 - vers le
haut de 5.37% en 2006 et 5.25% de 2005. Ils utilisent plus de 110.000 personnes et quelques secteurs
mettent à disposition une proportion significative des travaux - 24.4% de tous les travaux de secteur de
santé sont fournis par des coopératives, 18.3% des travaux dans le secteur des transports, 8.3% dans
l'agriculture et 7.21% des travaux dans le secteur financier. Les cages fournissent 87.5% de tout le
microcredit dans le pays ; elles fournissent l'assurance médicale maladie à 30% de tous les Colombians

27
et sont responsables de 35.29% de production colombienne de café. (Source : Secteur Cooperativo
Colombiano 2007)

 En Chypre, le mouvement coopératif a tenu 30% du marché des services bancaires, et 35%
manipulé de tout le marketing de produit agricole.

 Au Danemark, les coopératives de consommation dans 2007 ont tenu 36.4% du marché au détail
du consommateur. (Source : Rapport annuel 2007 de Norden ab de cage)

 Les groupes coopératifs finlandais dans Pellervo étaient responsables de 74% des produits à base
de viande, 96% de produits laitiers ; 50% de la production d'oeufs, 34% de produits de sylviculture et
34.2% manipulés de tous les dépôts aux banques finlandaises.

 En France, 9 sur 10 fermiers sont des membres des coopératives agricoles ; les banques
coopératives manipulent 60% de tous les dépôts et 25% de tous les détaillants en France sont des
coopératives. (Source : Bulletin de GNC, non 348, juin 2007)

 La Hongrie, membres de coopératives de consommation de cage Hongrie sont responsable de


14.4% de la nourriture nationale et des ventes au détail générales en 2004. (Source : Cage Hongrie,
données statistiques 2004)

 Au Japon, les coopératives agricoles rapportent à des sorties des USD 90 milliards avec 91% de
tous les fermiers japonais dans l'adhésion. En les coopératives de consommation 2007 a rapporté à un
chiffre d'affaires total des USD 34.048 milliards avec 5.9% de la part de marché de nourriture. (Source
: Faits et chiffres de la cage 2007, union japonaise de la coopérative de consommation)

 Au Kenya, les coopératives sont responsables de 45% du PIB et de 31% de l'épargne et de dépôts
nationaux. Elles ont 70% du marché de café, de la laiterie de 76%, du pyrèthre de 90%, et du 95% de
coton.

 En Corée, les coopératives agricoles ont une adhésion de plus de 2 millions de fermiers (90% de
tous les fermiers), et un résultat des USD 11 milliards. Les coopératives de pêche coréennes rapportent
également une part de marché de 71%.

 Au Kowéit, l'union koweitienne des sociétés de coopérative de consommation dont les membres
sont 6.5% de la population koweitienne a manipulé presque 70% du commerce de détail de détail
national en 2007.

 En Lettonie, l'union coopérative centrale letton est responsable de 12.3% du marché du secteur de
l'industrie alimentaire.

28
 En Îles Maurice, dans le secteur agricole, les coopérateurs jouent un rôle important dans la
production du sucre, légume, fruit et fleur, lait, viande et poissons. Presque 50% de planteurs de canne à
sucre sont groupés en coopératives et la part des coopératives dans la production de sucre nationale est
10%. Les sociétés coopératives expliquent également plus de 60% de production nationale dans le
secteur de culture vivrière - 755 de consommation d'oignon, 40% de pommes de terre et environ 70%
de légumes verts frais sont produits par des coopératives. En outre, le secteur coopératif d'autobus
représente environ 30% du transport national d'autobus. (Source : Ministère d'industrie, petites et
moyennes entreprises, commerce et coopératives)

 Dans Moldau, l'union centrale des coopératives de consommation est responsable de 6.8% du
marché de consommateurs.

 En Nouvelle Zélande, 22% du produit intérieur brut (PIB) est produit par entreprise coopérative.
Les coopératives sont responsables de 95% du marché de laiterie et de 95% du marché de laiterie
d'exportation. Elles tiennent 70% du marché de la viande, 50% du marché d'approvisionnement de
ferme, 70% du marché d'engrais, 75% des pharmaceutiques en gros, et 62% du marché d'épicerie.
(Source : Association coopérative de la Nouvelle Zélande, 2007)

 En Norvège, les coopératives de laiterie sont responsables de 99% de la production laitière ; les
coopératives de consommation ont tenu 24.1% du marché (source : Rapport annuel 2007 de Norden ab
de cage) ; les coopératives de pêche étaient responsables de 8.7% d'exportations norvégiennes totales ;
les coopératives de sylviculture étaient responsables de 76% de bois de construction et ce 1.5 million de
personnes de 4.5 millions de Norvégiens est membre des coopératives.

 En Pologne, les coopératives de laiterie sont responsables de 75% de production de laiterie.

 Au Portugal, approximativement 3000 coopératives sont responsables de 5% du produit national


brut du pays. (Source : Premier ministre d'adresse du Portugal à l'expo d'AIC, 23 octobre 2008)

 Les coopératives et les mutuals en Ecosse expliquent 4.25% du produit intérieur brut écossais,
ayant un chiffre d'affaires annuel de GBP 4 milliards et capitaux de GBP 25 milliards. (Source : Site
Web coopératif de l'Ecosse de développement, et « coopératives en Ecosse : Une force puissante…. »,
2007)

 À Singapour, la prise 55% de coopératives de consommation du marché des achats de


supermarché et ont un chiffre d'affaires des USD 700 millions.

 En Slovénie, les coopératives agricoles sont responsables de 72% de la production laitière, 79%
de bétail ; 45% de blé et 77% de production de pomme de terre.

29
 En Suède, les coopératives de consommation ont tenu 17.5% du marché en 2004. (Source :
Rapport annuel 2004 de Norden ab de cage)

 Au R-U, la plus grande agence de voyage indépendante est une coopérative.

 En l'Uruguay, le produit coopératif 90% de toute la production laitière, 340% de miel et 30% de
blé. 60% de production coopérative est exporté vers plus de 40 pays autour du monde.

 Au Vietnam, les coopératives contribuent 8.6% du produit intérieur brut (PIB).

 Aux Etats-Unis plus de 30 coopératives ont le revenu annuel au-dessus des USD 1 milliard. En
2003 les 100 coopératives principales des USA avaient combiné des revenus des USD 117 milliards. En
outre, approximativement 30% des produits des fermiers aux USA sont lancés sur le marché par 3.400
coopératives fermiers.

3. Les coopératives créent et maintiennent l'emploi

 Les coopératives fournissent plus de 100 millions de travaux autour du monde, soit 20% de plus
que les entreprises que multinationales

 En Argentine, les coopératives sont responsables de fournir l'emploi direct à plus de 233.000
individus. (Source : Social d'Instituto Nacional de Asociativismo y Economia (INAES), septembre
2007)

 En Bolivie, 1590 coopératives fournissent les 32.323 travaux directs et les 128.180 travaux
indirects.
(Source : Diagnóstico Nacional Cooperativo (DNC), 2008 comme rapporté dans Boletín Informativo
aciaméricas.coop Nº65, décembre 2008)

 Au Canada, les coopératives et les associations coopératives d'épargne et de crédit utilisent plus de
155.000 personnes. Le mouvement de Desjardins (l'épargne et des coopératives de crédit) est le plus
grand employeur dans la province de Québec.

 En Colombie, le mouvement coopératif fournit les 111.951 travaux par l'emploi direct et les
500.450 travaux additionnels comme propriétaire-ouvriers dans des coopératives d'ouvriers - fourniture
de 3.49% de tous les travaux dans le pays. La fourniture 24.41% des travaux dans le secteur de santé,
18% des travaux dans le secteur des transports, 13% dans l'ouvrier/secteur industriel, 11% dans le
secteur financier, 8.31% dans le secteur agricole et 7.21% dans le secteur financier. (Source :
CONFECOOP. Secteur Cooperativo Colombiano 2007)

30
 En France, 21.000 coopératives fournissent plus de 4 millions de travaux. (Source : Bulletin de
GNC, non 348, juin 2007)

 En Allemagne, 8.106 coopératives fournissent les travaux pour 440.000 personnes.

 En Indonésie, les coopératives fournissent les travaux à 288.589 individus. (Source : Ministère de
coopérative et de PME, Indonésie, 2004)

 En Italie, 70.400 sociétés coopératives ont employé presque 1 million de personnes en 2005.
(Source : d'Italia de Camere di Commercio, « coopérative imprese de sulle de rapporto de
Secondo »)

 Au Kenya, 250.000 personnes sont employées par des coopératives.

 En Slovaquie, l'union coopérative représente plus 700 coopératives qui emploient presque 75.000
individus.

3.2. Au niveau national

3.2.1. Historique du mouvement coopératif au Burkina Faso


Au Burkina Faso, un aperçu historique permet une remontée chronologique des évènements
importants.
Avant la colonisation, les sociétés traditionnelles burkinabé connaissaient des formes d’organisations au
sein de la communauté villageoise. Ces formes ont, par la suite, connu des évolutions ayant abouti à la
mise en place d’organisations plus formelles et structurées ayant une envergure nationale.

A la période coloniale, la colonisation française a promu des formes d’organisations à son profit avec des
objectifs qui étaient d’assurer le ravitaillement de la métropole depuis 1893 avec la mise en place des SIP
(Société Indigène de Prévoyance) transformées par la suite en 1956 en Société Mutuelle de
Développement Rural (SMDR). C’est en réalité plus tardivement que sont nées les premières
coopératives au Burkina Faso grâce aux missions religieuses, aux anciens combattants et à certains
fonctionnaires.

Dans les années 1960 marquant l’indépendance du pays, un Service de la Coopération et de la Mutualité a
été mis en place pour s’occuper de l’organisation des producteurs sous l’encadrement de quatre sociétés
françaises :

- la Compagnie française de Développement du Textile (CFDT) à l’Ouest pour la culture du coton.

- la Société d’Assistance Technique et de Coopération (SATEC) au centre pour la vulgarisation de la


culture attelée et l’octroi de crédit. Pour assurer la distribution du crédit et garantir le
remboursement, la SATEC a encouragé la création de coopératives agricoles.

31
- la Compagnie Internationale du Développement Rural (CIDR) au Sud-Ouest pour la production
agricole et la promotion de l’épargne villageoise.

- le Bureau pour le Développement de la Production Agricole (BDPA) au Nord du pays centré sur
l’amélioration du système de production par l’approvisionnement des facteurs de production et la
restauration des sols.

Des indépendances de 1960 à la révolution d’août 1983, la mise en place des Organismes Régionaux de
Développement (ORD) en lieu et place des sociétés d’intervention a donné un élan plus soutenu à la
création de nombreux groupements villageois. Il s’est suivi entre 1974 et 1976 une option
gouvernementale pour le Développement Communautaire.

Le régime révolutionnaire a accordé une place de choix au mouvement coopératif en créant au plan
institutionnel des structures chargées spécifiquement de leur auto promotion et prenant des lois y
afférents.

Après la révolution d’août 1983, une large concertation au plan national a permis de mettre en place une
politique de promotion coopérative et une loi coopérative.

Le mouvement associatif paysan conscient des enjeux et cherchant à se positionner comme un


interlocuteur crédible dans le paysage institutionnel national a eu un regain de vivacité suite aux mesures
des Politiques d’Ajustement Structurel des années 1990 : option pour la libéralisation de l’économie
nationale, désengagement de l’Etat de la production et de la commercialisation, définition du rôle des
acteurs, promotion du secteur privé.

3.2.2. Quelques références juridiques des OCTC au Burkina

Il existait au Burkina Faso des formes d’entraide et de solidarité fonctionnant sur la base de la cohésion
sociale avec diverses appellations. De nos jours, les OCTC sont plus connus sous l’appellation de
coopératives d’épargne et de crédit, de mutuelles. Elles sont régies juridiquement par lois et textes ci-
dessous :

- la loi N°59/94/ADP du 15 décembre 1994, portant réglementation des institutions mutualistes ou


coopératives d’épargne et de crédit.

- la convention-cadre régissant les structures ou organisations non constituées sous forme mutualiste ou
coopérative et ayant pour objet la collecte de l’épargne et/ou l’octroi de crédit.

En outre, d’autres textes participent à la codification du fonctionnement du secteur de financement


décentralisé. Ce sont :

- la loi N°12/96/ADP du 02 mai 1996 portant réglementation bancaire au Burkina Faso ;

- la loi N°18/97/II/AN du 30 juillet 1997, portant définition et répression de l’usure ;

32
- le décret N°97-354/PRES du 10 septembre 1997, portant promulgation de la Loi N°18/97/II/AN du 30
juillet 1997 ;

- l’arrêté N°176/MEF/SG/DGTCP/DAMOF du 03 novembre 1997, relatif au taux de l’usure.

3.2.3. Etat des lieux des OCTC


 Les groupements villageois : quelques éléments chiffrés
Les groupements villageois constituent la composante la plus importante des organisations paysannes au
Burkina Faso. En 1996, les données statistiques du Ministère de l’Agriculture indiquaient un effectif de
plus de 15 000 groupements villageois. La classification par nature est la suivante :

- les Groupements Villageois des Hommes (GVH) qui sont quantitativement les plus élevés (51,80
%) ;
- les Groupements Villageois des Femmes (GVF) avec une valeur relative de 30,60 % ;
- les Groupements Villageois Mixtes (GVM), sont à 13,2 % ;
- les autres catégories telles que les Groupements des Jeunes Agriculteurs (GJA), les Groupements des
Jeunes Installés (GJI), les Groupements autour des Barrages (GB) sont de moindre importance avec
un taux de 4,4 %.
Situation des GV selon la nature

Nature GVH GVF GVM GJA GJI GB Total

Effectif 8029 4742 2044 380 218 81 15 494

Pourcentage 51,80 30,60 13,2 2,5 1,4 0,5 100

Source : Soulama, S. (2003), p.3.

 Les Institutions de Micro-Finance (IMF) : quelques éléments chiffrés


De nos jours, on distingue cinq principales formes institutionnelles :

- les mutuelles ou coopératives d’épargne et de crédit qui représentent la forme


prédominante et représentent plus de 73% des membres du secteur, 87% des encours de crédit
et 96% de l’encours d’épargne. Le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) est la
plus importante de cette catégorie d’institution.

- les structures de crédits directs ou solidaires ayant comme activité principale l’octroi de
crédit sur la base des lignes de crédit accordées par les Partenaires Techniques et Financiers
ou sur la base de ressources empruntées auprès du système bancaire ;

- les projets à volet crédit et les ONG ou associations qui développent à côté de leurs
activités courantes, des volets microcrédit pour aider à la réalisation de leurs objectifs ;

- les sociétés anonymes et sociétés anonymes à responsabilité limitée qui collectent


l’épargne et /ou octroient des crédits mais dont la particularité est d’être soumises aux
obligations des sociétés commerciales notamment en matière fiscale.

33
- la loi permet la constitution sous forme de société. Les banques commerciales
s’investissent de plus en plus en micro finance, soit en ouvrant des guichets spécifiques
(BCB), soit en filialisant l’activité micro finance, comme c’est le cas de l’ex-BACB
(aujourd’hui reprise par ECOBANK) qui a créé la société de financement de la Petite
Entreprise du Burkina Faso (SOFIPE) pour servir le segment des petits entrepreneurs et
épargnants de son portefeuille.

- les fonds Nationaux de financement (FNF). Il s’agit de structures créées par l’Etat dans le
cadre de sa politique de promotion de l’emploi pour soutenir une cible précise. Ce sont en
général des institutions de crédit direct. Il s’agit par exemple du Fonds d’Appui aux Activités
Rémunératrices des Femmes (FAARF), du Projet d’Appui au
Développement de l’Industrie et de l’Artisanat (PRODIA).
- Au 31 mars 2009, 285 institutions de micro finance sont autorisées à exercer par la direction
de la micro finance :
Répartition par catégories des IMF identifiées au 30/06/2009

Type d’institutions Nombre

Mutuelles ou coopératives d’épargne et de crédit 265

Confédération 1

Fédération 1

Unions affiliées à la fédération 4

Autres Unions 7

Caisses de base affiliées aux Unions 191

Autres structures mutualistes non affiliées 61

Structures de crédits directs ou solidaires 17

Systèmes de crédit direct ou solidaire 17

Société Anonyme 1

Société A Responsabilité Limitée 2

TOTAL IMF 285

Fonds Nationaux de financement 12

Source : données de la Direction de la Microfinance (DMF)


34
CHAPITRE IV: LES MODÈLES D’ANALYSE SUR L’EFFICACITÉ DES OCTC :

ANALYSE ECONOMIQUE DES OCTC

I- PROBLÉMATIQUE DE L’EFFICACITÉ DES OCTC

1.1. Le paradoxe
Importance empirique du phénomène coopératif et quasi absence de théories économiques bien
que de grands économistes s’y soient penchés:
– Très peu d'analyses réellement satisfaisante et/ou consistante du phénomène coopératif
en tant que phénomène économique
– Les rares économistes à s’être intéressés au phénomène coopératif, plutôt que de mener
une analyse spécifique de cette institution, se sont limités seulement à faire observer les
différences entre l'entreprise coopérative et l'entreprise capitaliste.
– Une majorité d’entre eux passent sous silence ce phénomène dans leurs ouvrages
– Pourtant de grands économistes tels Charles Gide, Léon Walras, Knut Wicksell se sont
intéressés à la coopération mais n‘ont guerre laissé d’écrits théoriques en économie de la
coopération

1.2. Deux courants de pensée sur l’efficacité de l’OCTC


• En se référant aux travaux des économistes contemporains qui se sont intéressés à la
coopérative ou aux organisations et institutions de façon générale, il est possible de repérer
deux courants de pensées :
– ceux des économistes pour qui l'organisation coopérative est inefficace et sous
optimale ; Ainsi, l'économie institutionnelle dans sa version théorie des droits de
propriété a généré des thèses défavorables aux organisations coopératives
– et ceux pour qui la coopérative ou l'organisation de type coopératif est capable
d'allocation optimale des ressources même si cet optimum n'est pas forcément pareto-
efficace. C’est le cas notamment d’économistes comme C.Pichette (1972) ou
F.A.Angers (1977)

1.3. Les débats sur l’efficacité


- Si ces organisations sont inefficaces comment expliquer leur caractère durable dans
économies de marché concurrentielles dont la règle d’or est celle de l’élimination des
agents économiques les moins performants ?
- Sont-elles sources de gaspillage ?
- Leur pérennité dans un tel contexte n’est-elle pas la preuve de leur efficacité ?
- Comment expliquer actuellement le recours à ces organisations dans le cadre des
stratégies de lutte contre la pauvreté par les Institutions internationales
35
II- APPROCHE STANDARD DES OCTC
L’analyse économique de la coopérative selon C. PICHETTE

2.1. Objectifs
Il s’agit de discuter de l’efficacité ou de la production optimale de la coopérative à partir des
outils traditionnels de l’analyse économique dans une démarche comparant l’allocation des
ressources d’une entreprise de type coopératif à celle de type capitaliste

2.2. La démarche de Claude Pichette


a) Une analyse comparée entreprise capitaliste versus entreprise coopérative :
- la situation d’une entreprise capitaliste de monopole est identique à celle d’une entreprise
coopérative.
- La démarche consiste en une analyse comparée de différentes alternatives d’allocation des
ressources qui s’offrent à une entreprise capitaliste et à une entreprise coopérative en situation
de monopôle au regard de leur objectif.

b) Les outils d’analyse


Il s’agit des outils ordinaires et classiques de la microéconomie:
- La courbe de coût moyen total (CM)
- La courbe de coût marginal (Cm)
- La courbe de recette moyenne (RM)
- La courbe de Recette marginale (Rm)

Conditions de maximisation du profit


- P (prix du marché)=Coût marginal en CPP
- Rm=Cm en situation de monopole

c) Le concept d’optimum et non celui d’équilibre


- il faut spécifier l’unité de référence et raisonner à partir du concept d’optimum et non pas
à partir de celui d’équilibre.
- La coopérative ne recherche pas une seule fin et ne dispose pas d’une fonction-objectif
unique prenant en compte les préférences de ces différentes composantes: l’individu-
adhérent, l’entreprise et le groupement de personne

c) Les catégories d’optima de la coopérative


Au regard des composantes de la coopérative il distingue trois sortes d’optimum :
- l’optimum du point de vue de l’adhérent,
- l’optimum du point du vue de l’établissement coopératif (croissance de l’entreprise pour
un bénéfice futur plus élevé)
- l’optimum du groupement de personnes ou l’optimum social ou du groupe (permettre au
plus grande nombre de personnes de bénéficier des avantage)

36
2.3. La thèse de C. Pichette
- Si on admet que l’entreprise coopérative est identique à l’entreprise de type capitaliste en
situation de monopole, dans cette situation
- au point où l’entreprise capitaliste arrête de produire parce que son profit par unité est
moindre, il existe toujours des zones de production rentables correspondant à des
quantités plus importantes et à des prix de cession moindres. C’est dans ces zones que
l’entreprise coopérative se situera, car sa fonction -objectif n’est pas la maximisation du
profit par unité de capital mais la maximisation de l’avantage net du coopérateur.

Prix/coûts

Coût marginal

Coût moyen

Recette moyenne

Recette marginale Quantités

14

2.4. L’analyse économique de la coopérative d’approvisionnement


a) Spécification de l’unité économique :
- La catégorie d'entreprise coopérative dont il s'agit regroupe toutes les coopératives où les
adhérents de base sont des ménages et dont la finalité est la consommation,
- Typologie de Cl.Pichette de nature très variée : coopératives de consommation,
coopératives de crédit, coopératives de construction d'habitations, coopératives de
logement ou des coopératives d'assurance mutuelle.
- caractéristique commune : approvisionner les ménages-membres en biens et services

b) L’optimum de l’adhérent
- L'objectif d’un membre est de pouvoir s'approvisionner au meilleur coût possible et de fait
toute l'activité de la coopérative devrait être tournée vers la satisfaction de cette fin :
 l'optimum économique des membres dans ce cas équivaut au prix le plus bas
possible
 Ou alors la ristourne la plus élevée que possible
37
- Deux mesures de l'optimum de l'individu (par le prix d'achat le plus faible ou par la
ristourne individuelle la plus élevée) qui ne sont pas toujours compatibles.

Prix/coûts

a
c

Coût moyen

Recette moyenne

b d

Quantités
Q0 17

c) L’optimum du point de vue social ou optimum du groupe


- Au delà du minimum du coût moyen toute production supplémentaire se fait à coûts
croissants : les unités supplémentaires sont coûteuses

- Les adhérents (déjà présents) peuvent accepter de sacrifier une partie des avantages qu'ils
touchent au prix minimum afin de retirer sous forme d'augmentation des quantités achetées ce
qu'ils perdent en hausse de prix ou pour permettre à un plus grand nombre de personnes de
bénéficier des avantages de la coopérati-ve. Stephen Enke appelle cet optimum, l'optimum
social".

- Les membres peuvent ne pas rechercher le plus grand avantage possible à court terme, mais
préférer la croissance l'établissement, pour un bénéfice futur encore plus élevé. L'optimum est
atteint lorsque la coopérative dégage le plus gros volume possible de trop perçus, source
d'autofinancement et de croissance à long terme.

38
Prix/coûts

e Coût marginal

Coût moyen

Recette moyenne

Recette marginale Quantités

22

2.5. La coopérative : une entreprise efficace


- Sur le graphique, on représente la situation d'une firme capitaliste et un établissement
coopératif en tous points semblables et on procède à une analyse comparée de l'optimum
du point de vue de la firme capitaliste et de l'optimum du point de vue de l'établissement
coopératif.
- Claude Pichette démontre dans ces conditions que l'établissement coopératif est capable
d'opérer une allocation optimale des ressources, une situation bien meilleure à celle de
l'entreprise capitaliste

39
Prix/coûts

a e
c Coût marginal

g Coût moyen

Recette moyenne
h
b f d

Recette marginale Quantités


Q0 24

a) Interprétation de l’efficacité de la coopérative


- La firme capitaliste en situation de monopole maximise son profit en produisant Q telle
que:
 Cm = Rm, soit Q1 au prix P1
- L'entreprise réalise alors un bénéfice unitaire qui s'élève à ef où le bénéfice unitaire et le
profit total sont maximum
- De Q1 à Q3 l'entreprise capitaliste peut théoriquement produire car le prix auquel il cède
le produit est encore supérieur au coût unitaire mais, au-delà de Q1, elle ne maximise pas
son profit.
-
b) La supériorité de l’entreprise coopérative
En partant du comportement rationnel de la firme capitaliste qui est donc de produire Q1 où
le profit réalisé est à son maximum; on vérifie en effet que :
- en Q2, cd * Q2 < ef * Q1
- en Q3, gh * Q3 < ef * Q1
- Si ef, gh et ce expriment respectivement le profit par unité au niveau de production Q2,
Q3 et Q1. .
- c)L’optimum de la coopérative
- Pour l'entreprise coopérative, la maximisation du surplus total n'est pas le critère
d'allocation des ressources
- la recherche de l'optimum social peut être l'objectif; Dès lors, la coopérative peut
fonctionner efficacement entre les niveaux de production Q1 et Q3.
40
- En conclusion, la comparaison entre la firme capita-liste en situation de monopole et
l'entreprise coopérative du type approvisionnement des ménages, il apparaît que la firme
capitaliste maximise ses profits lorsque Cm = Rm soit en produisant Q1. Une entreprise
coopérative qui maximise ses trop perçus totaux fait donc la même allocation des
ressources que la firme capitaliste. Mais si l'établissement coopératif cherche à donner à
ses membres le prix net le plus bas possible, ou à atteindre l'optimum social, il réalise
alors une meilleure allocation des ressources que la firme capitaliste.

III- APPROCHE PAR L’ECONOMIE DES ORGANISATIONS ET DES INSTITUTIONS

III-1- LE MODELE DE L’ACTION COLLECTIVE DE OLSON MANCUR

3.1. Les objectifs de l’auteur


- A travers la logique de l'action collective Olson M. cherche à répondre à la question de
savoir : Pourquoi des groupes sont organisés et d'autres pas ?
- Pour répondre à cette question l’auteur se base sur la théorie des groupes et des
organisations dans une approche d’individualisme méthodologique :
 Ce cadre propose une explication de certains aspects du comportement des groupes
et des organisations à partir des attitudes et des comportements rationnels des
individus qui les composent.
 Les critères de mesure de l'efficacité se réfèrent à la situation optimale de Pareto.

3.2. Les constats de Olson


- Olson Mancur constate que dans une organisation, coexistent des intérêts individuels et
des intérêts communs.
- Les intérêts communs signifient que la fonction principale de toute organisation est la
fourniture d'un bien public.
- Cette fourniture implique des coûts.
- Les intérêts individuels supposent que les individus maximisent leurs avantages en toute
situation.
Les questions qui se posent alors sont celles de savoir :
 quand est-il de l'intérêt d'un individu d'agir dans l'intérêt du groupe tout entier?
 Le gain du groupe tout entier face aux comportements des individus tend-il vers l'optimum au
sens de PARETO?

3.3. Les thèses de Olson Mancur

a) Première thèse
- La fourniture d’un bien public (ou la poursuite d’un intérêt commun) n’est pas un
processus spontanée :
- Un groupe inorganisé de personnes ayant des intérêts communs, conscients de cet intérêt
et ayant les moyens de le réaliser peut, sous des conditions générales, ne rien faire pour le
promouvoir.

41
b) Seconde thèse
La seconde thèse est que même si l’on admet que l’action collective a lieu, la production du bien
collectif risque d’être sous optimale.

3.4. Illustration
Soit un ensemble de propriétaires terriens ayant un intérêt à obtenir une réduction du taux de leur
contribution foncière. Cet ensemble se compose de N propriétaires = 10. Chacun a une propriété
d’une valeur de 10f et doit payer un impôt foncier de 4f. Supposons que s’ils déclenchent une
action collective pour faire pression sur l’autorité fiscale, ils peuvent obtenir une réduction
d’impôts. Si chacun participe à l’action collective, ils obtiendraient une réduction de 50%. La
réduction est fonction du nombre de participants à l’action collective de sorte que avec n
participants, le taux de réduction est égale à 5*n%.
Remarque : le taux de réduction = avantage collectif ou bien public
Question : en fonction du nombre de participants quel taux de réduction ?
Supposons enfin que la participation à l’action collective entraîne des coûts (perte de temps,
participation financière etc..) que l’on admettra mesurables et qui s’établissent à 1f pour chaque
individu. Si tous les propriétaires participent à l’action collective quelle est la valeur de
l’avantage ou du bien collectif obtenue ? et quel est son coût ?

 Un bien d’une valeur de 20f (4-2)*10 pour un coût de 10f (1f*10).

Mise en évidence de la coexistence de l’intérêt individuel avec l’intérêt commun.


Examinons le raisonnement que va tenir un membre quelconque du groupe : Ego. Il dispose de 2
options : payer sa quote-part, contribution à l’action collective ou non.
Hypothèse 1 : les 9 autres payent et Ego ne contribue pas.
La réduction est de 45% et Ego aura à payer une taxe = 4- 0,45*4=2,20.
Comme il ne contribue pas, il gagne donc 4-2,20=1,80.
S’il y contribuait la réduction de l’impôt serait plus importante pour tous soit 4-0,5*4=2. Et la
taxe passe de 4f à 2f. Mais sa participation à l’action collective lui coûtant 1f, son bénéfice net
dans ce cas de figure est de 1f.

3.5. Les variables du mdèle de O. Mancur


- LA DIMENSION DU GROUPE (Qg) : elle mesure le nombre d'individus composant le
groupe, mais aussi la valeur d'une unité du bien collectif pour chaque individu du groupe.
- LE TAUX OU LE NIVEAU D'OBTENTION DU BIEN COLLECTIF (Pc).
- LE COUT TOTAL C= f(Pc) : il est fonction du niveau de production du bien collectif.
C'est une fonction croissante et une autre caractéristique est que les coûts initiaux seront
importants : la première unité d'un bien collectif est onéreuse.
- GAIN DU GROUPE (Rg) : le gain du groupe est fonction du niveau du bien collectif
obtenu et de la dimension du groupe : (Rg) = Qg*Pc
- GAIN DE L'INDIVIDU i (Ri)
- FRACTION DU GAIN OBTENU PAR INDIVIDU i (Fi) : Fi = Ri/ Rg (part du gain
individuel)
- Ri est le gain de l’individu, et Ri=Fi*Rg
- L'AVANTAGE (AI) : l'avantage que l'individu i tirera en obtenant une fraction du bien
42
collectif. Il est égal à Ai = (Ri-C).

3.6. La logique du modèle et condition de l’action collective


Les relations entre les variables montrent que le comportement d'un groupe est fonction des
comportements des individus qui le composent, et les comportements des individus dépendent
des avantages relatifs de leurs choix.
Une première condition de l’action collective :
a) Ai, c'est à dire le revenu individuel net du coût de l'action collective est la variable
économique déterminante; c'est d'elle dont dépend le comportement de l'individu placé en
situation d'action collective.
b) si Ai est positif, Ri est supérieur à C, alors la coopérative d'écoulement de lait peut être
crée et l'individu va y contribuer; mais naturellement dans le cas ou Ai est négatif ou
comme nous le verrons, inférieur à l'optimum de l'individu, il n'est pas rationnel pour
l'individu de participer à l'action coopérative.

La production optimale en action collective


Formellement la production optimale de bien coopératif est obtenue en résolvant le programme
de maximisation simple ci-dessous :
Max Ai = Ri - C
Ai/P = Ri/dP - C/p = 0
Ri/P - C/p = 0
Ri = FiRg donc dRi = Fi(Rg)
Fi(Rg)/P - C/P = 0
On déduit alors la condition fondamentale de production optimale du bien collectif de type
coopératif soit : Fi(Rg)/P = C/P

Interprétation de l’expression Fi(Rg)/P = C/P


Fi(Rg)/P détermine la part du gain marginal que reçoit l’individu
C/P est le coût marginal de l’acquisition du prix coopératif Pc.
L’égalité des deux expressions signifie que le montant optimal d’un bien collectif
éventuellement obtenu par un individu est atteint quand le taux de croissance du gain global
multiplié par la fraction de gain de l’individu (gain marginal) est égal au taux d’accroissement
du coût total du bien collectif

En s’arrêtant à ce stade de raisonnement, la production coopérative serait optimale.


Démontrons qu’elle est sous optimale comme annoncé

Démonstration de la Sous optimalité de la coopérative


Théoriquement la coopérative a un niveau de production optimale au point Rm=Cm
Mais pour un individu qui agit pour son propre compte, ce qui importe c’est sa production
optimale à lui et non celui du groupe (Olson M.).
Problème: l’optimum de l’individu et l’optimum du groupe ne coïncident pas
toujours et divergent à partir d’un niveau de l’action collective

43
Quelle est alors le condition pour que l’individu accepte de participer à l’action collective ?
Il faut que: Ri soit supérieur à C, ie RI-C=Ai>O. (Il faut que les avantages individuels tirés par
l’individu soit supérieur au coût de participation à l’action)

Demonstration graphique (voir ci-dessous)


On porte en abscisse la taille du groupe N ; en ordonnée le coût de l’action collective.
On represente par : Rg, la ristourne brute totale obtenue par la coopérative et Ri la ristourne brute
individuelle

Coûts Le modèle de Olson Mancur

Rg
C=f(pc)

Ri

Taille
0 N0 N1 N2 N3 N
49

Sur le graphique, on repère quatre intervalles à savoir :

 De 0 à N0
Ai et Ag qui sont les avantages du groupe et de l’individu sont tous deux négatifs.
– Pas rationnel de constituer une coopérative à ce niveau
 De N0 à N1
Ai est négatif (le coût est superieur à la ristourne de l’individu)
44
Par contre Ag est positif
– Dilemme du prisonnier (aucun individu ne veut supporter le coût)
– Le prix coopératif ne sera pas obtenu et la coopéartive ne sera pas créée
 De N1 à N2
Ai et Ag sont positifs
– L’acquisition du bien coopératif par le prix coopératif est possible et bénéfique pour le
groupe et au moins pour un individu
– La coopérative peut être constituée. Cependant, le groupe d’individus qui accepte de
supporter le coût de l’action coopérative atteint son optimum au point N2. Au delà ce
groupe n’est plus intéressé par la poursuite de l’action collective. Pourtant, La coopérative
n’a pas atteint encore à ce niveau son optimum.

 De N2 à N3
C’est à ce niveau que le groupe ateint son niveau de production optimale.
Seulement,
– il y a une raison économique à ce que l’individu arrête de participer à l’action
coopérative au-delà de N2
– La production du bien collectif n’ira pas au-delà de N2 pour atteindre son optimum
en N3
Finalement: Olson M., demontre ainsi que la coopérative est sous-optimale en tant que modalité
particulière d’action collective

Conclusion sur le modèle de Olson Mancur


Le modèle est moins catégorique et ambivalent (il est utilisable pour démontrer aussi bien la
sous-optimalité de la coopérative et pour etudier les conditions d’une production optimale en
économie coopérative). Le modèle laisse 3 portes de sortie pour la recherche de l’optimum à
savoir : les incitations, l’altruisme et la forme de la courbe des coûts à supporter.
1. Le rôle des incitations: Les incitations peuvent améliorer les avantages de ceux qui supportent
le plus le coût de l’action collective (surtout dans les grands groupes)
2. La prise en compte des attitudes altruistes. L’intégration dans la fonction objectif d’un
argument altruiste apparemment désintéressé peut amener le groupe vers une situation
optimale
3. Le rôle de la forme de la courbe de coût (les modalités de partage des coûts de l’action
collective) Toute mesure qui vise à faire en sorte que la répartition des coûts soit telle que
chaque coopérateur paie exactement un coût égal au bénéfice qu’il tire de son adhésion à la
coopérative est un pas vers la réalisation de l’optimum du groupe.

III-2- LA THÉORIE DES COÛTS DE TRANSACTION

Selon la théorie des coûts de transaction, entre le marché et l’organisation, quel est le mode de
coordination et de motivation le plus efficace? (En terme de minimisation des coûts).

3.2.1. Supériorité du marché


L’ECT considère que le marché est une solution possible au problème de coordination et de
45
motivation
a) Force du marché:
– capacité à fournir les informations à l’allocation des ressources via le système des
prix
– Aptitude à guider des comportements selon les intérêts individuels
b) Conditions
– Théoriques (théorie néo-classique): si le marché fonctionne correctement tel que décrit
par l’équilibre concurrentiel (concurrence pure et parfaite), alors le marché est
l’institution ou le mode d’organisation qui minimise les coûts de transactions.

3.2.2. Supériorité de l’organisation?


a) Dans la réalité
Certaines situations remettent en cause la supériorité du marché dans certains cas.
Il s’agit notamment de : 1) situation de passagers clandestin ; 2) Coûts de production croissant et
3) Situation d’asymétrie de l’information ou d’incomplétude des contrats
Dans ces conditions, l’ECT admet que d’autres organisations formelles (Etat , associations, etc.)
soient un mode d’allocation plus efficace et plus performant que le marché. Dans certains cas, les
associations se montrent comme la meilleure forme institutionnelle.

b) Les coûts de transaction comme facteur explicatif de l’émergence des organisations

Exemple1: bien standardisé


Soit un agent économique rationnel avec un revenu limité qui désire acheter un bien standardisé:
une baguette de pain
• Les caractéristiques de ce pain
– Connues de tous les consommateurs et des producteurs
– La technologie de production est générale et disponible au niveau de plusieurs
boulangers
– Le pain est de qualité unique et homogène
– Les prix sont affichés et contiennent toute l’information nécessaire au consommateur
pour son choix
– Les agents économiques ne sont pas opportunistes et tiennent leur promesse
NB: Le consommateur a la possibilité de changer de boulanger si jamais il ne trouve pas de
satisfaction pour une quelconque raison.

Question: quel est le mode de coordination le plus efficace entre le marché et


l’organisation?

Selon la théorie micro-économique et l’ECT


Le marché (de concurrence pure et parfaite) est le mode de coordination qui garantisse une
allocation optimale des ressources :
– maximisation de la satisfaction du consommateur
46
– Maximisation du profit du producteur (égalisation du prix au coût marginal)
Par ailleurs, lL’approvisionnement par le marché ne comporte :
– aucun risque (non approvisionnement ou non-conformité)
– aucun coût supplémentaire (toute information est disponible et gratuite)
Par hypothèse, tous les boulangers ont le même niveau technologique, la même moralité et la
même honnête

Conclusion:
 Un consommateur rationnel qui agit dans ces conditions va s’approvisionner directement
sur le marché plutôt que de passer avec un boulanger quelconque un contrat ponctuel tout
juste pour l’achat d’une baguette de pain normal.
 Justification: les coûts de l’échange dans le second cas seront supérieurs aux coûts de
l’échange par le marché de concurrence pure et parfaite où les coûts sont nuls

Exemple 2: bien spécifique

Soit un agent économique rationnel avec un revenu limité qui désire acheter un pain spécial
 Les caractéristiques de ce pain spécial
- fabriqué avec des matières premières spéciales et une technologie spéciale
- La fabrication nécessite un investissement spécifique
- La fabrication nécessite un savoir faire particulier

Question : à qui l’agent écono doit s’adresser pour acquérir son pain spécial?
Réponse: l’agent ne s’adressera plus à un boulanger quelconque sur le marché, mais à un
boulanger spécial
Raisons:
• Sur le marché
– le consommateur court le risque de ne pas obtenir le pain spécifique
– le producteur court un grand risque de perte si le client (spécifique et limité) est
défaillant
Solution
La nécessité économique impose l’établissement d’un contrat et/ou l’internationalisation des
coûts de transaction au sein d’une même structure productive (intégration horizontale ou vers
l’amont ou l’aval=théorie des coûts de transaction)
• Protection contre les risques
• Minimisation des coûts de transaction
3..2.3. L’analyse institutionnelle de l’ECT: le model contractuel de base (Williamson, 1985)

L’ECT est une analyse des coûts institutionnels comparés


L’avantage institutionnel=coût comparé moindre (de l’organisation) sur le marché

Démonstration de l’efficacité de l’organisation par l’ECT


Trois outils sont utilisés:
47
– La rationalité limitée des agents économiques
– l’opportunisme des agents économiques
– La spécificité des actifs
Hypothèse de base: le coût de transaction est le facteur explicatif du choix institutionnel

Spécification du modèle de base:


Les variables du modèle sont les suivantes
– Les variables explicatives
• La spécificité des actifs (k)
• L’existence ou non d’une garantie s (s=0 si absence de garantie; s>0 si existence
de garantie)
– La variable expliquée (ou variable de rentabilité)
• Le prix (p)

Dans les transactions, ce modèle fait ressortir plusieurs configurations

Spécificité Garantie (s) Type de Prix Situation


des actifs (k) contrat
K=0 S=0 Type A P1 Situation1
K>0 S=0 Type B P’ Situation2
K>0 S>0 Type C P’’ Situation3

Interprétation du modèle

Situation 1
– Les actifs ont une caractéristique générale et facilement redéployable (k=0)
– Pas de necessité de structure de gouvernance protectrice (s=0) ie pas besoin de garantie
Implication: Contractualisation discrète du marché
Les transactions se font sur un marché (de CPP).
Le paiement (au prix p1) permet à l’accès direct au bien sans protocole (voir exemple 1:
pain ordinaire)

• Situation 2
– Les actifs impliqués sont spécifiques et ne sont pas redéployables (k>0)
– Cependant, malgré la spécificité des actifs, pas de besoin en structure de gouvernance
48
protectrice (s=0) ie pas besoin de garantie
– Les prix d’offre sont élevés et rentables pour le producteur (p’>p’’)
– Le consommateur de l’exemple 1 désire un pain spécial mais refuse tout système de
garantie
Implication:
– Les transactions se feront alors au prix P’>p’’
– Le consommateur paie en partie sa non participation à la souscription d’une garantie.

Situation 3
a) La transaction implique des investissements spécifiques (k>0)
b) Le consommateur accepte de se soumettre à la souscription d’une garantie (garantie
contractuelle protectrice du risque encouru par le producteur ie s>0)
Implication
c) Le consommateur paie le prix p’’ (p’’<p’)

49
CHAPITRE V-THEORIES ECONOMIQUES ET EMERGENCE DES OCTC
Biens collectifs, Équilibre de Lindahl et émergence des OCTC

- Cette approche explicative de l’émergence des OCTC de B. Weisbrod (1977) se réfère à la théorie
des biens publics et repose sur l’équilibre de Lindahl

- On peut la classer dans les théories relevant de la demande

Weisbrod indique que les OSBL émergent en raisons des défaillances de l’Etat d’une part et des
défaillances du marché qui obligent les agents économiques à former une OSBL pour produire sous forme
collective, les biens et services non pris en charge, ni par l’Etat, ni par le marché

Biens collectifs, Equilibre de Lindahl et émergence des OCTC

 Un bien public ou un bien collectif se caractérise par son indivisibilité dans la production
parce qu’il est non rival et non exclusif :

- La non rivalité traduit le fait que la consommation par un individu n’entrave en rien
les possibilités de consommation par un autre individu : Cm = 0

- la non exclusion renvoi à l’impossibilité d’empêcher l’accès à toute personne

Exclusion Non Exclusion

Rivalité (rationnement Biens privés Services


désirable Cm>0) collectifs
B1
B4

Non Rivalité Services Services


(rationnement indésirable collectifs mixtes collectifs purs
Cm=0)
B3 B2

Qu‘est ce que l‘équilibre de Lindahl ?

• La production optimale des Biens B2 et B4 est problématique car pour éviter l’insatisfaction des
usagers, il conviendrait de pouvoir moduler le prix pour chaque individu, de façon à imposer à chaque
contribuable un prix correspondant à la satisfaction marginale qu’il retire de la quantité offerte

50
• Cette condition connue sous le nom de l’équilibre de Lindahl est : l’égalité de la somme des taux
marginaux de substitution entre bien public et privé pour chaque agent au coût marginal du bien
collectif

La thèse de Weisbrod

• une économie où les agents économiques sont supposés rationnels et maximisent donc leur
utilité, et qui dispose d’un ensemble de possibilités de production permettant aux agents
d’acquérir des biens privés et des biens collectifs.

• L’utilité des agents économiques se mesure par leur consommation en biens privés et
collectifs.

• Il se demande quelle sera le volume de biens collectifs que le gouvernement pourra assurer ?

La thèse de Weisbrod : hypothèses

Deux hypothèses d’économie publique formulées :

• La première est que l’équilibre de Lindhal ne peut être atteint quel que soit le système
d’imposition mis en œuvre par le gouvernement ; donc la contribution d’un agent
économique au coût du bien collectif (taux marginal d’imposition) n’est pas égale à
l’utilité marginale qu’il en retire (taux marginal de satisfaction).

• La seconde hypothèse, formule que le niveau de bien collectif offert par le gouvernement
est fonction de la suite d’un vote, de l’électeur médian. Il s’en suit que cette offre
n’apporte pas de réponses aux demandes spécifiques des agents

La thèse de Weisbrod : explication

• De nombreux consommateurs de biens collectifs seront insatisfaits:

– Les uns étant sur-satisfaits et les autres sous-satisfaits

– L’ampleur de cette insatisfaction étant fonction du degré d’hétérogénéité des agents


selon leurs goûts, leurs revenus etc.

• Les consommateurs sous satisfaits ont la possibilité parmi d’autres de créer des organisations
non lucratives afin d’accroître l’offre de biens collectifs jusqu’à ce que leur demande soit
satisfaite

51
Niveau souhaité
du bien public

Courbe de satisfaction
des demandes
Demande non
satisfaite

Electeurs classés selon


leur préférence pour un
Électeur médian bien public

Validité de la thèse de Weisbrod

• Pertinence évidente, notamment là où les moyens de l'Etat l'obligent à limiter son offre de
services publics;

• Des entreprises à but lucratif peuvent aussi chercher à répondre à ces demandes non
satisfaites par l'Etat (ex: maisons de repos).

• Ne fait pas ressortir la distinction entre entreprise à but lucratif et OSBL

• L’esprit d’entreprise est supposé aller de soi

II- Échec de marché et émergence des OCTC


• Échec de marché : Incapacité du marché dans certaines circonstances à assumer avec
efficacité sa fonction allocative

• Une de ces circonstances est la situation d’asymétrie d’information

52
• L’asymétrie d’information génère deux types risques dans les transactions entre agents
économiques :

– le risque morale ( comportement caché)

– L’antisélection (problème de type ou qualité caché

• Le risque moral a trait à des situations où une partie prenante à la transaction peut agir de
façon à léser l’autre partie car cette dernière ne peut pas observer son comportement qui
une incidence sur la valeur de la transaction

• L’antisélection a trait à des situations où une partie prenante à la transaction ne peut pas
observer le type ou la qualité des biens, information pourtant détenue par l’autre partie

• La conséquence de ces deux risques : l’opportunisme dans les transactions qui peut être
pré contractuel (sélection adverse ) ou post contractuel (hasard mord)

Echecs de marché et thèse de la confiance de Hansmann


• La thèse repose sur les échecs de marché combinés avec la contrainte de non
redistribution de profit des OSBL.

• Les asymétries d’informations poussent les agents économiques à ne pas avoir confiance
en la capacité d’allocation du marché. Ils peuvent craindre en effet que la qualité du bien
ou service offert par le marché soit en dessous de ce qu’ils sont en droit d’attendre.

Thèse:

• Dans les situations d'asymétrie d'information, les usagers sont confrontés à la difficulté ou
à l'impossibilité de passer un contrat classique de marché (qui imposerait d'importants
coûts d'information et de transaction);

• Le caractère non lucratif (contrainte de non-distribution) des NPO est un "signal de


confiance" qui permet à l'usager de ne pas craindre que le producteur tire profit à ses
dépens de l'asymétrie d'information;

• La non redistribution des profit réduit l’incitation qu’aurait une organisation non lucrative
à tirer profit de l’asymétrie d’information. Elle accorde à ces organisations un AC sur les
organisations lucratives

53
Validité de la thèse de la confiance

• Pertinence évidente lorsque le consommateur (usager) peut difficilement juger de la qualité


du service (services non standardisés: éducation, santé, services sociaux, demandeur ≠
consommateur, …);

• La thèse n’explique pas pourquoi les échecs de marché sont comblés par le secteur non
lucratif plutôt que par le secteur public

• La contrainte de non-distribution des profits est loin d'être une garantie complète (distribution
indirecte souvent possible, entreprises à but lucratif déguisées en ASBL, limites inhérentes à
une contrainte légale,…);

D'autres solutions institutionnelles sont possibles pour réduire l'asymétrie d'information (ex: labels du
commerce équitable, régulations publiques,…).

Echecs de marché et Theorie des "stakeholders"

• La thèse des « parties prenantes » est une synthèse entre des facteurs provenant tant des
caractéristiques de la demande que l’offre :

• Les OSBL sont définies comme des «coalitions d’individus qui s’associent afin de s’offrir et
de fournir à d’autres des biens ou des services qui ne sont pas offertes de façon adéquate ni
par les organisations lucratives ni par les organisations publiques »

• Les OSBL existent grâce à la présence de parties-prenantes (consommateurs, donateurs) qui


contrôlent l’organisation éliminant les problèmes d’asymétrie informationnelle

Echecs de marché et Theorie des "stakeholders"


• Deux catégories de parties-prenantes :

– Les parties-prenantes du coté de la demande qui paient pour la consommation d’un


bien ou qui subventionnent la consommation d’un bien par quelqu’un d'autre
(donateurs, bailleurs de fonds)

– Les parties-prenantes du coté de l’offre qui valorisent les bénéficies nets tirés de la
création d’une organisation plus que les bénéfices qu’ils peuvent tirés d’une autre
activité ou d’un comportement de free rider

• L’émergence des OBSL résulte de la confrontation d’une demande d’une offre


54
Validité de la thèse des parties prenantes

• Elle est surtout valable pour des "biens de confiance" pour lesquels certaines « parties
prenantes" sont particulièrement motivés (ex: parents d'enfants handicapés);

• Pertinence sans doute moins grande pour des NPO visant davantage un intérêt collectif large,
voire l'intérêt général plutôt que l'intérêt mutuel des membres (ex. association de défense de
l'environnement)

Echecs de marché, incomplétude de marché et émergence des OSBL

 Traite des institutions sur les marchés financiers des Pays en développement

 Institution = «une structure de règles reconnues et régulièrement suivies par les membres
d’une communauté et qui contraignent les actions des individus »

 La question que se pose Stiglitz est la suivante : pourquoi, des institutions en apparence
inefficaces sur le plan économique sont largement répandues dans les pays en
développement?

 L’explication qu’en donne Stiglitz font de l’asymétrie d’information et de l’incomplétude des


marchés les facteurs explicatifs de l’émergence de ces institutions.

 En effet, son modèle dans le cas du marché financier est formulé comme suit :

 s’il y a absence d’actifs que les emprunteurs potentiels pourraient apporter en


nantissement, et

 s’il y a absence d’information sur la qualité des emprunteurs et des projets à financer,
s’il y a incomplétude des marchés du fait de l’absence ou de l’inefficacité du marché
d’assurance contre les risques de non remboursement

 Le rationnement du crédit sera observé dans les pays en développement,

 une partie importante des transactions financières se fera à travers des institutions informelles
qui peuvent être des OSBL de type coopératif, où le contrôle des emprunteurs repose sur des
relations interpersonnelles.

 Les problèmes d’asymétrie se combinent avec ceux plus généraux, de coûts de transactions
élevés.

La thèse de l’entrepreneur politique

 Les fondements théoriques

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 Elle relève de la théorie des choix publics qui constitue une extension de la théorie
néoclassique à l’analyse de la politique.

 C’est l’une des théories qui a le plus oeuvré au progrès des idées néo-libérales durant
les récentes décennies sur le plan économique :

 Pour cette théorie l’État ne cultiverait que le mythe de l’engagement et du dévouement


envers l’intérêt général et la chose publique.

 Elle oppose l’État au marché, qui est conçu comme le mécanisme d’allocation
efficiente par excellence des ressources : L’État et son intervention, y sont perçus en
effet comme « ce qui échappe au marché » et partant, à la sanction du consommateur

 La théorie perçoit les hommes politiques et les administrateurs des entreprises et


organisations publiques comme des entrepreneurs produisant des services collectifs

 Elle formule l’hypothèse que ces hommes politiques et les administrateurs des
entreprises et autres organisations publiques sont comme les autres agents
économiques, des individualistes méthodologiques, qui dans l’exercice de leurs
fonctions, maximisent que une certaine fonction d’utilité personnelle, au détriment des
fonctions de service de l’intérêt général auxquelles ils sont supposés œuvrer.

 Le postulat de James :

La théorie admet donc la pluralité des motivations des entrepreneurs intégrant ainsi dans leurs
fonctions d’utilité des variables non monétaires

On peut expliquer l’offre des entreprises non lucratives par l’existence d’entrepreneur d’un type
particulier, des entrepreneurs religieux dont l’objectif n’est pas la maximisation du profit mais la
maximisation de la foi, c’est-à-dire le nombre d’adhérents ou de tout autre fonction-objectif
d’inspiration altruiste.

La fonction des OSBL :

- Les OSBL ont pour fonction de satisfaire des demandes hétérogènes

- La notion de demande hétérogène recouvre le fait que chaque consommateur


n’exprime pas la même demande vis-à-vis d’un même bien.

- L’Etat à travers son offre ne prend en compte que les préférences partagées par le
plus grand nombre en référence à l’électeur médian

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