Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
UFR/SEG
ESG1/EAE1/APE1
ANNÉE 2013-2014
Enseignant : I SARAMBE
1
SOMMAIRE
2
CHAPITRE I : GÉNÈSE DE L’ENTREPRISE COOPÉRATIVE, IDÉES,
DOCTRINE ET PRINCIPES COOPÉRATIFS
Ainsi, avec l'apparition des nouvelles techniques, les classes laborieuses perdent la propriété
de leurs biens de production et se voient obligés de vendre leur force de travail aux propriétaires des
usines qui ont désormais le pouvoir de décider de leur système et conditions de travail, et du niveau
de leurs salaires. On assiste à un immense déplacement des populations des campagnes vers les
villes, qui à l'époque étaient peu préparées pour recevoir un flux important de personnes. Cela va
provoquer des problèmes d'approvisionnement en denrées alimentaires surtout et accroître la
dépendance des petits producteurs devenus ouvriers à la ville des commerçants chargés désormais de
leur procurer ces denrées.
Dans le nouveau contexte socio-économique créé par la révolution industrielle, c'étaient les
détenteurs de capitaux, autrement dit les capitalistes qui détenaient la propriété des moyens de
production et partant, le pouvoir de décider des conditions de vie des ouvriers. Ces conditions étaient
misérables et caractérisées par des salaires de famine, des logements malsains, le travail des enfants
à bas âge, etc.., alors pendant ce temps, les capitalistes accumulaient de plus en plus de capitaux. Or
cette révolution se réalisait dans le contexte du libéralisme qui affirmait que "le libre déchaînement
des égoïsmes de tous conduira, par le jeu quasi miraculeux de la concurrence, au maximum
3
d'efficacité, d'harmonie, de justice, et que cet ordre naturel, étant le meilleur, sera définitif"(Georges
LASSERE, La coopération, PUF, 1967, p7). Cette contradiction entre les idées libérales régnantes et
la réalité vécue par les classes laborieuses, va déclencher une double réaction : celle des classes
laborieuse, qui vont chercher à s'organiser soit sous forme de syndicat ou en se regroupant dans des
sociétés de production pour lutter contre l'exploitation du système; et celle des intellectuels à travers
les socialistes associationnistes ou socialistes utopistes, les chrétiens sociaux et certains libéraux.
4
Une phase de l’industriel capitaliste et paternaliste où il développe dans ses propres
entreprises une politique d’humanisation du travail dans laquelle il accorde des avantages sociaux à
ses ouvriers (sécurité de l'emploi, exclusion du chômage, réduction de la durée de la journée de
travail, refus du travail des enfants, etc..) ce qui constitue une avance sur les conditions sociales du
capitaliste du 19eme siècle et il essaiera d’étendre l’application de ces mesures par une législation
appropriée mais il échouera.
La phase de l'utopie coopérative, où on note un dépassement du paternalisme jugé
insuffisant pour résoudre un problème social et dans laquelle il établit un plan actif de modification
de la société fondé sur le village de coopération sensé pour lui être la solution aux problèmes de
chômage et de la misère. Le village coopératif doit permettre aux citoyens les plus pauvres
d'acquérir une propriété commune et de se livrer à des travaux (surtout agricoles). Ces villages de
coopération deviennent le type de société idéale vers lequel l'humanité doit évoluer. Les villages de
coopération sont basés sur une spécialisation en agriculture et industrie, ce qui va entraîner des
possibilités d'échanges entre villages, régions et même nations sur la base de la valeur travail.
L'intention étant la suppression du profit commercial et du profit industriel par le transfert de la
propriété de la propriété à des associations libres de travailleurs organisés.
Il est partisan de la théorie du "juste prix" conçue comme total des rémunérations du travail
nécessaire et seulement du travail. Il veut supprimer les intermédiaires entre la production et la
consommation. Le profit pour lui est un élément injustement ajouté au prix de revient qui par ailleurs
diminue le pouvoir d’achat du salarié. Or il est lié à la concurrence et rendu possible par la monnaie
qui permet des gains différentiels dans l’échange. Il convient donc de remplacer la monnaie par des
bons de travail, qui exprimeront la véritable valeur.
Owen était aussi un homme d'action qui s'efforça de mettre ses idées en pratique. Ainsi dès
1823, il fonde une communauté agricole en Irlande ; en 1824, il visite aux États-Unis les
communautés organisées par des frères moraves et par d'autres sectes chrétiennes communistes à la
fin du XVIIIe siècle et il organise aux États-Unis, en 1825, une colonie communiste. Non seulement
ces différentes tentatives et celles de ses amis ne débouchèrent pas sur la transformation sociale
espérée, mais elles échouèrent au bout de quelques années.
Simultanément à ces différentes initiatives, il crée à Londres dès 1824 des magasins
d’échange du travail (Labour Exchanges) fonctionnant d’après le système de bons de travail et
mettant directement en relation le producteur et le consommateur et ce faisant, supprimant tout
intermédiaire. C’était en effet, des bourses du travail où les ouvriers pourraient échanger leur travail
contre des objets de première nécessité, sans être forcés d'accepter les conditions des capitalistes.
Cette entreprise connut elle aussi un échec, mais l’idée qu’elle mettait en œuvre eut pas la suite un
grand retentissement car c’est d’elle qu’est sorti la mouvement coopératif qui cherchait précisément
à supprimer le profit par la mise en contact direct du producteur et du consommateur.
Owen comme syndicaliste constitue la troisième phase marquante de sa vie : Il fut un des
promoteurs des syndicats des ouvriers en Angleterre1. Ce qui traduit la possibilité d'une certaine
collaboration entre coopération et syndicalisme.
1il essaya en 1833, de former un parti ouvrier socialiste, en groupant en une Trades Union les syndicats ouvriers qui,
depuis les lois de 1824-25, étaient autorisés en Angleterre ; il proposait comme moyen d'action la grève générale; les
propriétaires se verraient forcés de renoncer d'eux-mêmes à leur monopole désormais sans profit, et la révolution
sociale serait faite en six mois. En quelques mois la Trades Union d'Owen comptait 500 000 membres. Mais les grèves
échouèrent, le gouvernement écrasa sous les condamnations les syndicats révolutionnaires d'Owen, et les ouvriers
découragés l'abandonnèrent (1834). Owen survécut jusqu'en 1858, mais à partir de ce moment son rôle est fini
5
1.1.4. Le travail associé de Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint Simon (1760-1825)
Saint Simon est un adversaire du système capitaliste de la libre concurrence : Il critique en
effet l'anarchie de la concurrence et attaque les classes dominantes et en particulier les propriétaires
oisifs c’est-à-dire ceux qui vivent du travail d’autrui (Cf. sa fameuse parabole ). Il fait ainsi observer
que "La société actuelle est véritablement le monde renversé puisque les savants, les artistes et les
artisans qui sont les seuls hommes dont les travaux aient d'utilité positive à la société, et qui ne lui
coûte presque rien, sont subalternisés par les princes et par les autres gouvernants qui ne sont que des
routiniers plus ou moins incapables". Il considère aussi la rente foncière et le profit du capital
comme un impôt que les travailleurs sont forcés de payer aux propriétaires pour que ceux-ci mettent
à leur disposition les moyens de production.
Saint Simon prône l'idée du travail associé. Selon lui, l'organisation anarchique de l'activité
économique peut faire place à une organisation collective, basée sur le sentiment de fraternité et
d'aide réciproque des membres de la société. Le travail associé doit se substituer à la concurrence
entre travailleurs. Son utopie repose non seulement sur un nouveau principe juridique de répartition
mais aussi sur une nouvelle théorie de réorganisation économique proche du collectivisme par
opposition au communisme. En effet pour la société future qu’il construit, le principe de répartition
des produits du travail qu’il formule est que pour une plus grande justice, chacun soit rétribué selon
ses œuvres. Il faut donc évoluer vers la suppression progressive de tous les tributs que le travail payé
à l’oisiveté sous des nomes diverses de fermage, loyer des usines et des capitaux.
L’utopie de Saint Simon sur le plan de réorganisation économique, vient de ce qu’il conçoit
la nation comme une vaste entreprise industrielle, un vaste atelier où disparaissent les différences de
naissance, mais où subsistent les différences de capacités. C’est toute la société qui est perçue
comme une immense association industrielle.
La primauté doit revenir aux producteurs associés pour permettre un accroissement de la
richesse sociale et rémunérer chacun selon sa « mise sociale » comprenant le capital avancé et le
travail fourni.
Il propose la mise en place d’un régime industriel dans lequel les producteurs reprennent le
pouvoir par rapport aux consommateurs et administrent pour leur propre compte la société
industrielle. Le travail est obligatoire et organiser dans le but d’améliorer les conditions de vie de la
classe la plus faible.
L’Etat n’est pas abolit, il meurt. Il perd en effet son caractère militaire et gouvernemental
pour se transformer en une association de travailleurs, en une administration de la production. Une
autorité économique centrale assigne aux plus capables les moyens de production et leur fournit, en
échange de leur travail un salaire fixe.
La transformation économique attendue doit provenir de la propagande des idées et des
progrès réalisés dans la morale sociale. Elle sera soutenue par l'évolution économique elle-même,
qui aura pour effet de réduire continuellement le taux de l'intérêt, et partant de remettre en cause les
motifs que les capitalistes peuvent avoir de maintenir la propriété privée.
Saint Simon est un précurseur des coopératives ouvrières de production initiées par Philippe
Buchez son disciple dissident.
6
des profits réalisés par les intermédiaires, la fréquence des mainmises, et le gaspillage qui résulte de
la concurrence, de l'anarchie commerciale, et de l'absence de toute direction dans la vie économique.
Selon Fourrier, la lutte contre le paupérisme dépend davantage d'un accroissement de la production
et d'une répartition proportionnelle du revenu national grandissant qu'un d'une meilleure répartition
de la production actuelle.
Fourrier veut reformer un monde qui lui déplait et prend le contre-pied de la pensée classique. De
son point de vue, ce qui importe, ce sont les droits économiques, le droit au travail et le droit à un
minimum d'existence fondamentale pour le peuple comparativement aux droits politiques
fondamentaux. Or dans son contexte, ces droits n’étaient pas garantis, et ne pouvaient pas l'être. .
Son imagination réformatrice aboutit au monde idéale du « phalanstère » ou de la « phalange » qui
est une association libre dans le cadre d’une communauté de différents membres d’un canton à la
fois producteurs et consommateurs et qui serait fondée sur le principe de communauté de biens et de
vie : qui mettraient en commun leurs biens, en particulier leurs terres, vivraient en commun dans une
colonie commune. Les membres exerceraient principalement l'activité agricole et secondairement
l'artisanat. Le phalanstère est donc une sorte de coopérative de consommation articulée à une
coopérative de production constituant ainsi une solution aux conflits sociaux et un modèle tendant à
se généraliser. L’objectif de la communauté est l’abolition du salariat par l’acquisition de la
propriété ce qui aurait pour effet de réconcilier les intérêts antagonistes des capitalistes et des
travailleurs.
Le phalanstère regrouperait 400 à 2000 personnes associées et sur son domaine est bâti le
"palais social" qui abrite la salle à manger, la bibliothèque, les salles d'études, les salon de
correspondance, les ateliers de travail et les salles de jeu pour enfants. Le travail doit être attrayant
d'où la nécessité d'alterner les tâches pour briser la monotonie. Assurer le droit au travail et
rémunérer chacun en fonction des 3 priorités : capital, travail et talent.
Au niveau juridique : la phalange est une société par actions constituée par les apports de ses
membres qui eux ne sont pas forcément égaux
Le droit au travail de chaque membre est assuré et la rémunération suit le mécanisme suivant
de répartition : 4 /12 capital ; 5/12 le travail et 3/12 le talent (travail intellectuel au service de la
production). Fourier ne cherche donc pas à exclure tout revenu capitaliste.
Le précurseur à la phalange est le comptoir communal actionnaire qui est une sorte de
coopérative multifonctionnelle qui s’occuperait d’écouler aussi bien la production agricole de ses
membres que leur offrir des services d’approvisionnement en produits pharmaceutiques et
alimentaires en assurance et en épargne. Le Comptoir communal représente une solution aux
imperfections dans la distribution des marchandises : le coût de la distribution et trop élevé. Ainsi en
attendant le phalanstère, chaque individu pourra se procurer toutes les denrées indigènes au plus bas
prix possible, en l'affranchissant des bénéfices intermédiaires. Fourier veut supprimer ainsi, les
intermédiaires, l'anarchie économique et assurer à tous le travail, une subsistance, une vie agréable.
Fourrier établit une liaison entre coopération et municipalisme : le comptoir est mi-privé mi-public,
en utilisant l'entremise du ministère et du préfet pour certaines opérations d'achat et de vente.
La transformation sociale chez Fourier résulte de la fondation de phalanstères et de leur
multiplication par l'attrait de l'exemple jusqu'à ce que toute la société se trouve transformée. Pour lui,
la condition du changement social n'est donc ni la révolution politique, ni l'évolution morale ; c'est
l'organisation économique d'associations libres qui dès à présent donnent une image réduite, mais
exacte, de son monde futur.
7
Au total, Fourrier est d'une grande contribution à la naissance des idées coopératives. En particulier,
il est un des premiers à avoir réfléchi aux imperfections de la distribution des marchandises. A
établir une relation avec les coopératives de consommation par Michel Derrion. Il est partisan du
village coopératif et de la coopérative comme un système total. C'est aussi un défenseur du principe
de la démocratie et un apôtre de l'association volontaire.
Trois idées fondamentales marquent l'évolution de la pensée coopérative depuis le 19e siècle:
* La souveraineté du consommateur
* L'autogestion ouvrière ou la souveraineté du producteur
* La coopérative comme un secteur et non un système.
Charles Gide établit à cet égard, un véritable plan en 3 étapes pour la formation d'une
république Coopérative par l’extension progressive du pouvoir des consommateurs par la :
1- Conquête de l'industrie commerciale
2- Conquête de l'industrie manufacturière
3- Conquête de l'industrie agricole
8
1.2.2. La Souveraineté du producteur
Ce courant est contraire à la souveraineté du consommateur et prône celui du producteur. Ce
courant insiste sur la formation de coopératives ouvrières de production, sur la participation des
travailleurs des coopératives à la gestion et aux bénéfices, bref, il s'intéresse au producteur et veut lui
confier un rôle déterminant dans l'économie.
Il ne s’est pas seulement agi entre ces deux courants de pensée, d’un simple débat d’école.
Pendant environ 1/4 de siècle (1869-1895), l'International Coopérative sera marquée par ce débat
entre coopérateurs et participationniste. Ce débat est alimenté par des réalités coopératives vécues
entre 1865 et 1878 : au fil des ans les consommateurs associés de la société de Rochdale avaient fini
par créer des ensembles industriels; ne convenait-il pas que les travailleurs employés de ces
manufactures fussent de quelque manière "associés" et "coopérateurs" autrement que par le seul fait
d'être sociétaires de la société de consommation qu'ils deviennent des producteurs associés". C’est
en 1895 qu’un compromis fut trouvé entre les deux écoles, un compromis qui a permis la création de
l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) au congrès constitutif de Londres.
9
Le socialisme politique qui se développe aussi dès le 19 è siècle, s'élève contre la situation
d'exploitation dans laquelle se trouvait la majorité de la population et recherche l'amélioration des
conditions de vie de la classe ouvrière. Mais c'est par la conquête du pouvoir ou du moins par son
influence et en se fondant sur cette classe ouvrière qu'il agit. Le moyen d'action du mouvement
coopératif consiste à créer des entreprises de par lesquelles, les membres peuvent lutter contre
l'exploitation des capitalistes. Ce moyen permet aux coopérateurs de trouver des solutions à des
problèmes devant lesquels, le syndicalisme et l'action politique restent limités.
Les règles des COP ont été élaborée par Philippe Buchez (1796-1865) en 1831, dissident de
Saint Simon. On retrouve dans ces règles établies par Buchez une certaine correspondances avec les
principes de Rochdale.
Les associés se constitueraient entrepreneurs; à cet effet, ils choisiraient parmi eux un ou
deux représentants qui auraient la "signature sociale"; ce qui équivaut au principe de la démocratie.
Une somme équivalente à celle que les entrepreneurs intermédiaires prélèvent sur chaque
journée serait reversée à la fin de l'année; cette somme formant le bénéfice net serait partagée entre
deux parties, à savoir : 20% serait pris pour accroître le capital; et le reste serait employé en secours
ou distribué entre les associés au prorata de leur travail.
Le capital social s'accroissant ainsi chaque année de 1/5ème des bénéfices serait inaliénable.
L'association ne pourrait faire travailler pour son compte des ouvriers étrangers pendant plus
d'un année.Au bout d'une année, elle serait contrainte d'admettre dans son sein le nombre de
travailleurs nouveaux rendu nécessaire par l'accroissement des opérations.
10
Encadré 1 – résumé de la coopérative ouvrière de production
Schulze-Delitzsch
Il initie des coopératives destinées aux artisans et petits commerçants des villes. Il ne retient
de Rochdale que les principes de :
- Self help
- l'association
- la double qualité d'usager et de membre
Il rejette le principe de la répartition au prorata des transactions et rémunère le capital par une
dividende qui n'est d'ailleurs pas limité d'avance. Ce dernier trait suffit à situer ces associations en
marge de la coopération authentique en d'autres termes, à contester le caractère coopératif des
associations fondées par Schulze-Delitzsch. Schulze-Delitzsch prône des coopératives
multifonctionnelles d'approvisionnement, de vente en commun, de consommation, d'épargne et
crédit. Seul le volet crédit réussi surtout : en 1859, 30 banques populaires se réclamant de lui
tiennent un congrès.
2
On les désigne aussi comme des sociétés de crédit mutuel. Mais cette qualification peut induire en
erreur, car elle peut signifier que les sociétaires se prêtent mutuellement les capitaux dont ils ont besoin.
Or, cela est assez rare : généralement, les capitaux prêtés aux sociétaires sont empruntés au dehors.
11
civil du gouvernement prussien, il est nommé d’abord à 27 ans bourgmestre du district de
Weyerbusch en 1845, puis du district de Flammerfelds en 1948 et enfin maire de Heddesdorf, au
sud-est de Bonn. Durant la famine de l’hiver 1847-1848, il s’emploie activement à secourir les
populations de Weyerbusch, une région isolée et pauvre comptant une population essentiellement
paysanne aux conditions de vie très rudes. Ses actions dans ce domaine furent des sociétés pour
l’achat de blé et de pommes de terre, suivies de la prise en charge des boulangeries pour faire baisser
le prix du pain.
Sur le plan de ses idées d’Economie Sociale et Solidaire, Raiffeisen est surtout intéressé par
les agriculteurs des campagnes. La coopération représente pour lui, un moyen de défendre les
agriculteurs contre l'usurier et le marchand et non comme un système. "Le désir de Raiffesen était de
constituer des associations sans aucun capital : certains membres (les riches surtout) apportaient des
épargnes liquides pour lesquelles ils percevaient l'intérêt courant; d'autres membres venaient
emprunter ces épargnes et payaient un intérêt à peine supérieur. C'était le mutuellisme absolu" 3. Il
ne s'agissait même pas de collecter l'épargne des uns pour la prêter aux autres, mais seulement
d'offrir aux banques prêteuses des cautions mutuelles, de sorte que les plus démunis, ceux qui
n'avaient pas de patrimoine à offrir en garantie, puissent malgré tout accéder au capital. Ses
conceptions étaient aussi fortement marquées d’un esprit religieux. Pour lui la coopérative a un
fondement chrétien car les forces morales issues du christianisme sont indispensables pour son
développement. Ces forces morales sur lesquelles repose la coopération sont la solidarité, l’amour
du prochain et l’esprit de sacrifice. Les membres devaient aussi appartenir à la religion catholique ou
protestante.
Il incite les riches à faire partie de ces associations avec pour mission de collaborer de la
manière la plus altruiste possible et d’éduquer et d’exercer une influence sur les membres pauvres.
Les riches en entrant dans la coopérative, devraient ainsi engager leur fortune, prendre en charge la
direction de l’entreprise gratuitement (bénévolat)en renonçant ainsi à toute rémunération et
dividende, ne touchant que l’intérêt sur leur apport. Le travail de direction constituait une sorte de
contrepartie en même temps que le privilège de leur fortune issue de spéculation financière,
d’héritages ou d’investissements capitalistes.
Les associations Raiffesen ont quitté l'ACI en 1904 en raison de leur conception de la
coopération comme moyen de défense des agriculteurs contre les usuriers et les commerçants et non
comme organisation pouvant remplacer l'ordre capitaliste.
3
Paul Lambert, La doctrine coopérative, éditeurs : les propagateurs de la coopération et la Fédération
Nationale des coopératives de consommation (France), 1959, p 89
12
4. toutes les fonctions sont absolument gratuites, sauf parfois celle du caissier ;
5. enfin, ces sociétés procèdent généralement d'une inspiration religieuse qui permet plus facilement d'imposer
à leurs membres les obligations que nous venons d'indiquer, et en même temps d'exercer sur eux une
sélection sévère qui accroît d'autant le crédit de l'association.
Ces sociétés ont rendu des services incomparables ; elles ont véritablement libéré le paysan
allemand de l'usure qui le dévorait et, en s'étendant vers les pays du Danube et de l'Orient, elles font
chaque jour reculer ce fléau. Elles ont pris un développement prodigieux en Russie où leur nombre
dépasse même celui de l'Allemagne et s'infiltrent dans les pays des Balkans. En Allemagne, en Italie
et même en France, l'école sociale catholique s'emploie activement et avec succès à leur
développement.
13
CHAPITRE II- DEFINITION ET PRINCIPES DE LA COOPÉRATIVE
Qu'est-ce qu'une coopérative? Est-ce une modeste entreprise rendant service à ses membres?
Ou alors une entreprise spécifique soumise à des règles spécifiques qui la distinguent ainsi des autres
types d'entreprises ou d'organisations? Sur quelles idées et faits repose la coopération? Afin de
permettre une meilleure perception de la nature spécifique de la coopérative procédons à une analyse
de quelques définitions et à un premier état de rapprochement avec la firme capitaliste. Il sera
proposé quatre définitions : celle du BIT, de George Fauquet ,de Claude Vienney et de Soulama.
Le concept d'Organisation Coopérative et de Type Coopératif (OCTC) comporte donc un
double aspect normatif et positif : normatif, c’est l’acceptation de la coopérative dans sa définition
organique universelle ; positif, c’est la prise en compte de la réalité telle quelle par le repérage du
"type coopératif", vocable qui désigne un ensemble d'organisations qui disposent d’un « embryon
d’activités économiques » organisées selon la logique non marchande de priorité de services aux
individus ou à la collectivité. Le type coopératif dans le cas Burkinabè désigne principalement les
groupements villageois et divers groupements professionnels des milieux artisanaux, informels et
urbains, caractérisés habituellement de "pré-coopératif". Le qualificatif de "type coopératif" a été
préféré à celui de "pré-coopératif" utilisé dans la littérature officielle; cela, pour deux raisons
fondamentales : en premier lieu, le "pré-coopératif" suppose une évolution de ces types d'orga-
nisation vers les coopératives alors qu'à l'heure actuelle, certaines "pré-coopératives" réalisent de
bien meilleures performances coopératives que des organisations classées comme coopératives par
la nomenclature officielle. En deuxième lieu, le qualificatif de pré-coopératif pose un autre problème
classificatoire : celui des groupements "Naams". Ces derniers ne se considèrent ni comme "pré" ni
comme "post" coopératif; ils revendiquent leur identité propre. Ils sont !
" Par leurs origines, par leurs milieux, par les classes sociales où elles sont nées et se sont développées, les
institutions coopératives sont apparentées à toutes les formes d'association populaire. Au profit des mêmes
catégories, quoique par des méthodes qui leur sont propres, elles traduisent le même effort de défense, de
relèvement et d'émancipation. Ce qui les différencie des autres formes d'action et d'association populaire,
c'est qu'elles poursuivent leur but au moyen d'une activité économique organisée, au moyen d'une
entreprise. On devra par la suite distinguer dans l'institution coopérative deux éléments conjoints, l'un
social et l'autre économique :
une association de personnes qui ont reconnu et continuent de reconnaître, d'une part la
similitude de certains de leurs besoinset, d'autre part, la possibilité de mieux satisfaire ces
besoins par une entreprise commune que par des moyens individuels.
Une entreprise commune dont l'objet particulier répond précisément aux besoins à
satisfaire." (Cf. G.Fauquet 1947; p.19).
Cette seconde définition par rapport à la première a cette particularité de mettre en évidence les
spécificités des agents économiques qui peuvent former une coopérative en se référant à leur place dans la
société. Ce sont des catégories sociales ou des groupes socio-professionnels dont les activités sont soit
marginalisées ou en voie de transformation donc menacés. Autrement dit des catégories sociales faibles
sur le plan économique en raison de leur position dans la société. Dès lors, la coopérative apparaît comme
un moyen de défense de ces agents économiques menacés dans leur identité socio-économique ou comme
un moyen d'émancipation des faibles.
Dans cette définition aussi, on retrouve les deux composantes de la coopérative c’est-à-dire une «
Association » et une « Entreprise ». Fauquet donne quelques caractéristiques de ces deux composantes. La
4
La notion d’association qui est utilisée dans la définition a une connotation juridique trop précis qui ne cadre pas
toujours avec les différentes législations nationales
15
spécificité de l'Association des personnes est la similitude des besoins des agents économiques qui la
constituent et la particularité de l'entreprise par la correspondance de son objet avec les besoins des
personnes qui s'associent. Il faut retenir enfin que cette définition fait ressortir le critère le critère de
différenciation de la coopérative des autres types d’associations populaires : la mise en oeuvre d’une
activité économique comme moyen de satisfaction des besoins de ses membres.
Cette définition s’élabore elle aussi autour deux éléments constitutifs fondamentaux que sont le
Groupement de Personnes et l'Entreprise. Ces deux éléments sont RECIPROQUEMENT liés par un
rapport d'activité et un rapport de sociétariat : pour bénéficier des résultats de l'Entreprise, il faut être
associé (rapport de sociétariat); le statut de sociétaire implique qu'on soit "usager" des prestations de
l'Entreprise ou encore que le statut de sociétaire implique simultanément qu'on soit client (ou fournisseur
selon les cas) de sa propre entreprise (rapport d'activité).
R 1 - Règle relative au Groupement de Personnes (GP) : Egalité des sociétaires. C'est le fondement du
principe dit de la démocratie coopérative contenu dans la résolution du BIT, une démocratie qui privilégie
l'Homme par rapport au Capital et s'énonce généralement comme suit : "un membre, une Voix" . Chaque
associé dispose d'une voix à l'Assemblée Générale quel que soit le montant de son apport dans la
formation de la coopérative.
Cette règle ne signifie pas que les individus sont égaux dans tous les domaines mais seulement par rapport
aux activités pour lesquelles ils ont créé l’entreprise coopérative. Elle renvoie certes au principe de la
démocratie vu dans la définition du BIT mais suppose au préalable l’existence d’intérêts communs que les
efforts communs des individus vont défendre. C. Vienney (1980, p.16) le précise en disant que « pour que
des personnes se groupent en se reconnaissant mutuellement les mêmes pouvoirs pour défendre les mêmes
intérêts, il faut bien supposer qu’elles sont relativement dans une même situation socio-économique ».
On retrouve dans cette règle, la nécessaire homogénéité des situations socio-économiques des personnes
qui se groupent dont Fauquet soulignait l’importance.
16
R 2 - Règle relative aux relations entre le Groupement de Personnes et l'Entreprise (GP---->E) : c'est la
règle du Rapport d'activité. Il existe de ce fait nécessairement un rapport entre certaines activités des
personnes qui se mettent ensemble et l’activité de l’entreprise coopérative qu’ils vont former et faire
fonctionner pour leur propre service. Le Groupement de Personne se délimite et se constitue en rapport
avec l'activité de l'Entreprise. Tous les adhérents sont d'abord des usagers des prestations de leur
Entreprise. C'est parce qu'on est intéressé par la prestation de l'Entreprise qu'on adhère et c'est pour rendre
des services à leurs sociétaires que les coopératives sont constituées.
Supposons que Ego, est un petit exploitant agricole qui produit non seulement des céréales
mais aussi du coton, qui est produit de rente dont le circuit de commercialisation est bien
organisé par la société de développement du coton avec un prix rémunérateur. Mais il éprouve
par contre des difficultés pour écouler ses céréales sur le marché pour des raisons diverses
notamment méconnaissance des conditions du marché, besoins pressant de liquidités pour des
obligations toutes choses qui le poussent à vendre sa production à un prix désavantageux P0
La coopérative X est une coopérative de collecte et d’écoulement des céréales qui réalise sa
fonction à un prix coopératif Pc rémunérateur mais variable. Le prix Pc auquel la coopérative
X achète à ses membres pour revendre est supérieur à ce que Ego retire en situation
d’isolement.
Ego peut adhérer à la coopérative X, pour la seule activité dont elle s’occupe à savoir,
l’écoulement des céréales. S’il adhère, alors il doit écouler désormais toute sa production de
céréales par la coopérative.
17
R 3 - Règle relative aux relations entre l'Entreprise et le Groupement de Personnes E---->GP : c'est la règle
de la Répartition proportionnelle. On parle aussi de répartition au prorata des transactions avec l'Entreprise
et non en fonction du capital. Ici apparaît une correspondance inverse avec la règle précédente, qui est
relative aux rapports entre l’entreprise et les personnes. Les résultats sont distribués en relation avec les
activités puisque ce sont les activités qui intéressent les personnes. La règle de la répartition
proportionnelle renvoie à la notion de juste participation aux fruits qui apparaît dans la définition du BIT.
Mais elle ne signifie égalité en référence à la première règle concernant le groupement de personnes, car
chaque personne ne reçoit le même montant des résultats.
Ego ayant adhéré à la coopérative X en payant une part sociale, offre 1000 kg de céréales à la
coopérative pour que cette dernière écoule. B, qui a payé 5 parts sociales, offre 500 kg de
céréales à la coopérative X pour écoulement. Admettons que la coopérative X achète à ses
membres les céréales à un prix de cession de 40 francs par kg. Ego recevra alors
40f/kg*1000kg = 40 000 f et B recevra 40f/kg*500kg = 20 000 francs.
La répartition du surplus se fait au prorata des transactions ; Ego en plus de son revenu de base
soit 40 000 francs reçoit, 1000/10000*100 = 10% du surplus, soit 1000 francs et B reçoit, 5%
du surplus (500/10 000*100) soit 500 francs.
Malgré le fait que B dispose d’une part plus importante que Ego du capital social, il bénéficie
moins des résultats de la coopérative X. La participation au partage des fruits nés de l’activité
coopérative n’est pas fonction de l’ampleur de la souscription au capital mais de la
participation effective aux transactions de la coopérative.
R 4- règle relative à l'Entreprise (E) : Appropriation durablement collective des résultats réinvestis ou
On l’a vu, Ego a adhéré à la coopérative X en t0 en souscrivant une part sociale. Entre t0 et t1,
la coopérative X a pu augmenter ses réserves propres de 50 000 francs. Si Ego décidait de
démissionner de la coopérative, il ne pourra que récupérer sa part sociale à sa valeur
nominative car la réserve de 50 000 francs est accumulée collectivement. En d’autre terme si
la coopérative venait à fermer, ces 50 000 francs ne peuvent être repartis entre les membres, ils
18
sont cédés éventuellement à des organisations poursuivant des objectifs similaires à celles de
la coopérative X.
encore règle de l'indivisibilité de l'actif net en cas de dissolution.
La notion de système de règles signifie qu’aucune des ces règles prises isolement n'est particulière à ce
type d'organisation : C'est l'ensemble qui est spécifique parce qu'il est nécessaire au réglage des rapports
entre les deux éléments constitutifs de la combinaison. Une règle constitue une forme de référence qui
donne la possibilité de comparaison des modalités d'application.
"Un schéma simplifié (Cl.Vienney 1994 : p.89) figure cette structure typique et permet de comprendre la
cohérence de l'ensemble de ces règles. Ayant pour objet de relier une partie des activités des personnes
associées à l'économie environnante, c'est une organisation à la fois autocentrée et ouverte sur cet
environnement marchand.
Rapport d'activité
Groupement
Partage Résultat Entreprise
de Personnes
(Accumulation durablement
collective des résultats
(1Homme égale 1 Voix)
Rapport de sociétariat
Il faut remarquer qu'il s'agit du système de règles d'un type d'organisation, non d'un système socio-
économique en soi, qui serait "autre" que celui dans lequel il s'insère. En effet, les groupes concernés ne
réorganisent qu'une partie de leurs activités, et l'entreprise entretient de multiples relations avec d'autres
acteurs que ses membres. Par ailleurs, ce sont des prix de marché qui servent de référence à la formation et
au partage des résultats. Les associés ne maintiennent leur préférence pour l'activité et la forme de
l'organisation que s'ils ne trouvent pas dans leur environnement d'autres organismes qui leur rendraient les
mêmes services à moindre coût. C'est l'ajustement de la personnalité des associés et de l'activité de
19
l'entreprise qui structure les correspondances entre ces activités et leur composition sociale, manifestant
leur efficacité dans des situations variées".
5
: La théorie des choix collectifs constitue une base théorique qui justifie la prise en compte de la dimension
Individuelle dans les situations organisationnelles, cf. chapitre 3 sur les théories économiques explicatives de
spécialisée, la coopérative est en effet le plus souvent définie comme une institution bicéphale. Les
éléments étant l'association et l'entreprise ou encore l'établissement coopératif et les adhérents
(membre). Quand elle est définie comme relations réciproques d'activité et de sociétariat entre une
Association (groupement de personnes) et une Entreprise (C.Vienney), l'accent est en effet mis sur
les deux composantes que constituent le Groupement de Personnes et l'Entreprise. La définition plus
économiste d'Emilianoff (1949) systématisée par C.Pichette ne considère que deux éléments
fondamentaux dont on étudie les rapports économiques : c'est l'Etablissement Coopératif proprement
21
dit, distinct de l'activité productive de chacun des membres individus. S'il est vrai qu'en adhérent à
une coopérative les individus ne cessent pas pour autant d'être des agents économiques autonomes y
compris pour la partie de leur activité économique qui passe par la coopérative, on peut alors retenir
comme composante de la coopérative 3 éléments inter-reliés comme nous l'avons déjà mentionné.
Explicitons la signification de chacun des éléments constitutifs.
Le Groupement de Personnes (GP) : c'est l'ensemble des adhérents et comme l'enseigne la
théorie de l'organisation ou des systèmes, le groupement de personnes à travers des
organes appropriés, administre et gère l'activité économique. Cet élément association
comporte lui même trois aspects : l'aspect relation (les membres sont en rapport les uns
avec les autres), l'aspect structurel (les relations entre les membres tendent à former un
système structuré et relativement stable) et enfin l'aspect fonctionnel : le groupement gère
et administre pour le compte de ses adhérents propriétaires une ou plusieurs activités
économiques marchandes dans le cadre d'une entreprise; il exerce une fonction de
répartition du bénéfice collectif, une fonction de négociation avec l'environnement d'un
espace de pouvoir et d'un espace d'autonomie; il a aussi une fonction de formation et
d'éducation des adhérents : le groupement de personnes a en effet pour mission de gérer la
nécessaire sauvegarde de l'identité socio-économique et l'intégration de valeur de progrès
propres à assurer l'épanouissement et le développement des individus.
L'activité économique ou l’Entreprise coopérative (E-C): elle est mise en oeuvre au sein
de l'établissement coopératif. Si l'activité coopérativisée doit être en harmonie avec les
procès de production ou de consommation des adhérents membres, elle se distingue
toutefois de l'activité économique de chaque membre considéré individuellement.
L'activité économique (qu'elle s'effectue ou non au sein d'une entreprise ou établissement
coopératif structuré) remplit une double fonction : fonction d'offre de services
correspondants aux attentes et aux pouvoirs d'achat des adhérents, une fonction de
production de surplus et d'accumulation durablement collective.
L'individu adhérent (IA) : Nous l'avons déjà signalé, en adhérent à une coopérative l'agent
économique ne perd pas pour autant toute identité économique. L'agent économique
individuel adhère sans doute pour maximiser sa satisfaction. Il a été possible, par des
outils d'analyse économique, du choix rationnel d'un agent économique d'adhérer
(O.Mancur; 1966). Le succès de la coopérative peut dépendre de sa capacité à observer
une discipline coopérative, de son comportement d'agent microéconomique. Il remplit une
double fonction : une fonction de participation aux activités du groupement de personnes
en tant que sociétaire, dans le respect des statuts et règlement intérieur et une fonction de
demande des services et prestations offertes par l'entreprise qu'il a contribué à créer. Les
trois éléments sont tenus en cohérence par un système de règles dont C. Vienney en
donne une représentation plus concentrée et plus pertinente (Cf. définition de Claude
Vienney.
22
II- Les principes coopératifs
2.1. La base des principes coopératifs par "La Société des Équitables Pionniers de Rochdale"
Vingt huit (28) membres ouvrent un magasin le 21 décembre 1844 à Rochdale, ville d'Angleterre.
On assiste à l’instauration d'un nouveau système social et l'activité de consommation n'était que la
première étape. Les principes des équitables pionniers de Rochdale constituent la base des principes
coopératifs et leur modèle est source d’inspiration à tous les coopérateurs du monde. Les principes
de bases étaient au nombre de 7:
1. Le principe de la porte ouverte : le nombre des membres d'une coopérative n'est pas
limité
2. Le système démocratique
3. L'intérêt limité au capital social
4. Paiement d'une ristourne
5. Éducation : 25% des excédents doivent être affectés à l'éducation coopérative des
membres.
6. La dévolution de l’actif net en cas de dissolution
7. Achat et vente au comptant.
1 Premier principe : Adhésion volontaire et ouverte à tous. Les coopératives sont des
organisations fondées sur le volontariat et ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs
services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce sans
discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race, l'allégeance politique ou la religion.
2 Deuxième principe : Pouvoir démocratique exercé par les membres. Les coopératives sont
des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à
l'établissement des politiques et à la prise de décisions. Les hommes et les femmes élus comme
représentants des membres sont responsables devant eux. Dans les coopératives de premier niveau,
les membres ont des droits de vote égaux en vertu de la règle "un membre, une voix"; les
coopératives d'autres niveaux sont aussi organisées de manière démocratique.
3 Troisième principe : Participation économique des membres. Les membres contribuent de
manière équitable au capital de leurs coopératives et en ont le contrôle. Ils ne bénéficient
habituellement que d'une rémunération limitée du capital souscrit comme condition de leur adhésion.
Les membres affectent les excédents à tout ou partie des objectifs suivants : le développement de
leur coopérative, des ristournes aux membres en proportion de leurs transactions avec la coopérative,
le soutien d'autres activités approuvées par les membres.
4 Quatrième principe : Autonomie et indépendance. Les coopératives sont des organisations
autonomes d'entraide, gérées par leurs membres. La conclusion d'accords avec d'autres
organisations, y compris des gouvernements, ou la recherche de fonds à partir de sources
extérieures, doit se faire dans des conditions qui préservent le pouvoir démocratique des membres et
maintiennent l'indépendance de leur coopérative.
23
5 Cinquième principe : Education, formation et information. Les coopératives fournissent à
leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés l'éducation et la formation
requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles
informent le grand public, en particulier les jeunes et les leaders d'opinion, sur la nature, et les
avantages de la coopération.
6 Sixième principe : Coopération entre les coopératives. Pour apporter un meilleur service à
leurs membres et renforcer le mouvement coopératif, les coopératives œuvrent ensemble au sein de
structures locales, nationales, régionales et internationales.
7 Septième principe : Engagement envers la communauté. Tout en mettant l'accent sur la
satisfaction des besoins et des attentes de leurs membres, les coopératives contribuent au
développement durable de leur communauté.
24
CHAPITRES III- QUELQUES EVIDENCES EMPIRIQUES SUR LE MOUVEMENT
COOPÉRATIF ET DE TYPE COOPERATIF
Le mouvement coopératif rassemble plus de 800 millions de personnes à travers le monde. Selon les
Nations Unies, en 1994, presque 3 milliards de personnes, ou la moitié de la population du monde, ont eu
leur condition de vie amélioré par l’entremise de l’entreprise coopérative. Ces entreprises continuent à
jouer des rôles économiques et sociaux significatifs dans leurs communautés. Sont décrits ci-dessous
quelques faits sur le mouvement qui démontrent leur pertinence et contribution au développement
financier, économique et social.
Le mouvement coopératif rassemble plus de 800 millions de personnes à travers le monde. Selon les
Nations Unies, en 1994, presque 3 milliards de personnes, ou la moitié de la population du monde, ont eu
leur condition de vie amélioré par l’entremise de l’entreprise coopérative. Ces entreprises continuent à
jouer des rôles économiques et sociaux significatifs dans leurs communautés. Sont décrits ci-dessous
quelques faits sur le mouvement qui démontrent leur pertinence et contribution au développement
financier, économique et social.
25
1. Les grands segments de la population sont des membres des coopératives
En Asie 45.3 millions de personnes sont des membres d'une association coopérative d'épargne et
de crédit. (Source : Association de confédération asiatique des associations coopératives d'épargne et
de crédit, du rapport annuel 2007/2008)
Au Canada, quatre sur tous les dix Canadiens sont des membres au moins d'une coopérative. Au
Québec, approximativement 70% de la population sont des membres de cage, alors qu'en Saskatchewan
56% sont des membres. Source : Secrétariat coopératif, gouvernement du Canada.
En Colombie plus de 4 millions de personnes sont les membres des coopératives ou 9.17% de la
population. (Source : CONFECOOP. Secteur Cooperativo Colombiano 2007)
Le Costa Rica compte plus de 10% de sa population comme membres des coopératives.
La Finlande, S-Groupe a une adhésion de 1.468.572 individus qui représente 62% de ménages
finlandais. (Source : Rapport annuel 2004 de SOK Corporation)
En Allemagne, il y a 20 millions de personnes qui sont des membres des coopératives, 1 sur 4
personnes.
Le Kenya 1 dans 5 est un membre d'une coopérative ou de 5.9 millions d'et et de 20 millions de
Kenyans directement ou dérive indirectement leur vie du mouvement coopératif.
En Inde, plus de 239 millions de personnes sont les membres d'une coopérative.
26
En Malaisie, 5.9 millions de personnes ou 24% de la population totale sont des membres des
coopératives. (Source : Ministère d'entrepreneur et de développement en commun, département du
développement en commun, Malaisie, décembre 2006)
En Nouvelle Zélande, 40% de la population adulte sont des membres des coopératives et des
mutuals. (Source : Association coopérative de la Nouvelle Zélande, 2007)
À Singapour, 50% de la population (1.6 million de personnes) sont des membres d'une
coopérative.
2. Les coopératives sont les acteurs économiques significatifs dans des économies
nationales
Au Bénin, FECECAM, l'épargne et fédération coopérative de crédit a fourni des USD 16 millions
en prêts ruraux en 2002.
En Bolivie, Cooperativa de Ahorro y Crédito « Jesús Nazareno » Ltda. (CJN) 25% manipulé de
l'épargne en Bolivie en 2002.
Dans le d'Ivoire de Côte les coopératives ont investi des USD 26 millions pour des écoles
d'établissement, des routes rurales de bâtiment et établir les cliniques maternelles.
En Colombie, plus de 7.300 coopératives soyez responsable de 5.61% du PIB en 2007 - vers le
haut de 5.37% en 2006 et 5.25% de 2005. Ils utilisent plus de 110.000 personnes et quelques secteurs
mettent à disposition une proportion significative des travaux - 24.4% de tous les travaux de secteur de
santé sont fournis par des coopératives, 18.3% des travaux dans le secteur des transports, 8.3% dans
l'agriculture et 7.21% des travaux dans le secteur financier. Les cages fournissent 87.5% de tout le
microcredit dans le pays ; elles fournissent l'assurance médicale maladie à 30% de tous les Colombians
27
et sont responsables de 35.29% de production colombienne de café. (Source : Secteur Cooperativo
Colombiano 2007)
En Chypre, le mouvement coopératif a tenu 30% du marché des services bancaires, et 35%
manipulé de tout le marketing de produit agricole.
Au Danemark, les coopératives de consommation dans 2007 ont tenu 36.4% du marché au détail
du consommateur. (Source : Rapport annuel 2007 de Norden ab de cage)
Les groupes coopératifs finlandais dans Pellervo étaient responsables de 74% des produits à base
de viande, 96% de produits laitiers ; 50% de la production d'oeufs, 34% de produits de sylviculture et
34.2% manipulés de tous les dépôts aux banques finlandaises.
En France, 9 sur 10 fermiers sont des membres des coopératives agricoles ; les banques
coopératives manipulent 60% de tous les dépôts et 25% de tous les détaillants en France sont des
coopératives. (Source : Bulletin de GNC, non 348, juin 2007)
Au Japon, les coopératives agricoles rapportent à des sorties des USD 90 milliards avec 91% de
tous les fermiers japonais dans l'adhésion. En les coopératives de consommation 2007 a rapporté à un
chiffre d'affaires total des USD 34.048 milliards avec 5.9% de la part de marché de nourriture. (Source
: Faits et chiffres de la cage 2007, union japonaise de la coopérative de consommation)
Au Kenya, les coopératives sont responsables de 45% du PIB et de 31% de l'épargne et de dépôts
nationaux. Elles ont 70% du marché de café, de la laiterie de 76%, du pyrèthre de 90%, et du 95% de
coton.
En Corée, les coopératives agricoles ont une adhésion de plus de 2 millions de fermiers (90% de
tous les fermiers), et un résultat des USD 11 milliards. Les coopératives de pêche coréennes rapportent
également une part de marché de 71%.
Au Kowéit, l'union koweitienne des sociétés de coopérative de consommation dont les membres
sont 6.5% de la population koweitienne a manipulé presque 70% du commerce de détail de détail
national en 2007.
En Lettonie, l'union coopérative centrale letton est responsable de 12.3% du marché du secteur de
l'industrie alimentaire.
28
En Îles Maurice, dans le secteur agricole, les coopérateurs jouent un rôle important dans la
production du sucre, légume, fruit et fleur, lait, viande et poissons. Presque 50% de planteurs de canne à
sucre sont groupés en coopératives et la part des coopératives dans la production de sucre nationale est
10%. Les sociétés coopératives expliquent également plus de 60% de production nationale dans le
secteur de culture vivrière - 755 de consommation d'oignon, 40% de pommes de terre et environ 70%
de légumes verts frais sont produits par des coopératives. En outre, le secteur coopératif d'autobus
représente environ 30% du transport national d'autobus. (Source : Ministère d'industrie, petites et
moyennes entreprises, commerce et coopératives)
Dans Moldau, l'union centrale des coopératives de consommation est responsable de 6.8% du
marché de consommateurs.
En Nouvelle Zélande, 22% du produit intérieur brut (PIB) est produit par entreprise coopérative.
Les coopératives sont responsables de 95% du marché de laiterie et de 95% du marché de laiterie
d'exportation. Elles tiennent 70% du marché de la viande, 50% du marché d'approvisionnement de
ferme, 70% du marché d'engrais, 75% des pharmaceutiques en gros, et 62% du marché d'épicerie.
(Source : Association coopérative de la Nouvelle Zélande, 2007)
En Norvège, les coopératives de laiterie sont responsables de 99% de la production laitière ; les
coopératives de consommation ont tenu 24.1% du marché (source : Rapport annuel 2007 de Norden ab
de cage) ; les coopératives de pêche étaient responsables de 8.7% d'exportations norvégiennes totales ;
les coopératives de sylviculture étaient responsables de 76% de bois de construction et ce 1.5 million de
personnes de 4.5 millions de Norvégiens est membre des coopératives.
Les coopératives et les mutuals en Ecosse expliquent 4.25% du produit intérieur brut écossais,
ayant un chiffre d'affaires annuel de GBP 4 milliards et capitaux de GBP 25 milliards. (Source : Site
Web coopératif de l'Ecosse de développement, et « coopératives en Ecosse : Une force puissante…. »,
2007)
En Slovénie, les coopératives agricoles sont responsables de 72% de la production laitière, 79%
de bétail ; 45% de blé et 77% de production de pomme de terre.
29
En Suède, les coopératives de consommation ont tenu 17.5% du marché en 2004. (Source :
Rapport annuel 2004 de Norden ab de cage)
En l'Uruguay, le produit coopératif 90% de toute la production laitière, 340% de miel et 30% de
blé. 60% de production coopérative est exporté vers plus de 40 pays autour du monde.
Aux Etats-Unis plus de 30 coopératives ont le revenu annuel au-dessus des USD 1 milliard. En
2003 les 100 coopératives principales des USA avaient combiné des revenus des USD 117 milliards. En
outre, approximativement 30% des produits des fermiers aux USA sont lancés sur le marché par 3.400
coopératives fermiers.
Les coopératives fournissent plus de 100 millions de travaux autour du monde, soit 20% de plus
que les entreprises que multinationales
En Argentine, les coopératives sont responsables de fournir l'emploi direct à plus de 233.000
individus. (Source : Social d'Instituto Nacional de Asociativismo y Economia (INAES), septembre
2007)
En Bolivie, 1590 coopératives fournissent les 32.323 travaux directs et les 128.180 travaux
indirects.
(Source : Diagnóstico Nacional Cooperativo (DNC), 2008 comme rapporté dans Boletín Informativo
aciaméricas.coop Nº65, décembre 2008)
Au Canada, les coopératives et les associations coopératives d'épargne et de crédit utilisent plus de
155.000 personnes. Le mouvement de Desjardins (l'épargne et des coopératives de crédit) est le plus
grand employeur dans la province de Québec.
En Colombie, le mouvement coopératif fournit les 111.951 travaux par l'emploi direct et les
500.450 travaux additionnels comme propriétaire-ouvriers dans des coopératives d'ouvriers - fourniture
de 3.49% de tous les travaux dans le pays. La fourniture 24.41% des travaux dans le secteur de santé,
18% des travaux dans le secteur des transports, 13% dans l'ouvrier/secteur industriel, 11% dans le
secteur financier, 8.31% dans le secteur agricole et 7.21% dans le secteur financier. (Source :
CONFECOOP. Secteur Cooperativo Colombiano 2007)
30
En France, 21.000 coopératives fournissent plus de 4 millions de travaux. (Source : Bulletin de
GNC, non 348, juin 2007)
En Indonésie, les coopératives fournissent les travaux à 288.589 individus. (Source : Ministère de
coopérative et de PME, Indonésie, 2004)
En Italie, 70.400 sociétés coopératives ont employé presque 1 million de personnes en 2005.
(Source : d'Italia de Camere di Commercio, « coopérative imprese de sulle de rapporto de
Secondo »)
En Slovaquie, l'union coopérative représente plus 700 coopératives qui emploient presque 75.000
individus.
A la période coloniale, la colonisation française a promu des formes d’organisations à son profit avec des
objectifs qui étaient d’assurer le ravitaillement de la métropole depuis 1893 avec la mise en place des SIP
(Société Indigène de Prévoyance) transformées par la suite en 1956 en Société Mutuelle de
Développement Rural (SMDR). C’est en réalité plus tardivement que sont nées les premières
coopératives au Burkina Faso grâce aux missions religieuses, aux anciens combattants et à certains
fonctionnaires.
Dans les années 1960 marquant l’indépendance du pays, un Service de la Coopération et de la Mutualité a
été mis en place pour s’occuper de l’organisation des producteurs sous l’encadrement de quatre sociétés
françaises :
31
- la Compagnie Internationale du Développement Rural (CIDR) au Sud-Ouest pour la production
agricole et la promotion de l’épargne villageoise.
- le Bureau pour le Développement de la Production Agricole (BDPA) au Nord du pays centré sur
l’amélioration du système de production par l’approvisionnement des facteurs de production et la
restauration des sols.
Des indépendances de 1960 à la révolution d’août 1983, la mise en place des Organismes Régionaux de
Développement (ORD) en lieu et place des sociétés d’intervention a donné un élan plus soutenu à la
création de nombreux groupements villageois. Il s’est suivi entre 1974 et 1976 une option
gouvernementale pour le Développement Communautaire.
Le régime révolutionnaire a accordé une place de choix au mouvement coopératif en créant au plan
institutionnel des structures chargées spécifiquement de leur auto promotion et prenant des lois y
afférents.
Après la révolution d’août 1983, une large concertation au plan national a permis de mettre en place une
politique de promotion coopérative et une loi coopérative.
Il existait au Burkina Faso des formes d’entraide et de solidarité fonctionnant sur la base de la cohésion
sociale avec diverses appellations. De nos jours, les OCTC sont plus connus sous l’appellation de
coopératives d’épargne et de crédit, de mutuelles. Elles sont régies juridiquement par lois et textes ci-
dessous :
- la convention-cadre régissant les structures ou organisations non constituées sous forme mutualiste ou
coopérative et ayant pour objet la collecte de l’épargne et/ou l’octroi de crédit.
32
- le décret N°97-354/PRES du 10 septembre 1997, portant promulgation de la Loi N°18/97/II/AN du 30
juillet 1997 ;
- les Groupements Villageois des Hommes (GVH) qui sont quantitativement les plus élevés (51,80
%) ;
- les Groupements Villageois des Femmes (GVF) avec une valeur relative de 30,60 % ;
- les Groupements Villageois Mixtes (GVM), sont à 13,2 % ;
- les autres catégories telles que les Groupements des Jeunes Agriculteurs (GJA), les Groupements des
Jeunes Installés (GJI), les Groupements autour des Barrages (GB) sont de moindre importance avec
un taux de 4,4 %.
Situation des GV selon la nature
- les structures de crédits directs ou solidaires ayant comme activité principale l’octroi de
crédit sur la base des lignes de crédit accordées par les Partenaires Techniques et Financiers
ou sur la base de ressources empruntées auprès du système bancaire ;
- les projets à volet crédit et les ONG ou associations qui développent à côté de leurs
activités courantes, des volets microcrédit pour aider à la réalisation de leurs objectifs ;
33
- la loi permet la constitution sous forme de société. Les banques commerciales
s’investissent de plus en plus en micro finance, soit en ouvrant des guichets spécifiques
(BCB), soit en filialisant l’activité micro finance, comme c’est le cas de l’ex-BACB
(aujourd’hui reprise par ECOBANK) qui a créé la société de financement de la Petite
Entreprise du Burkina Faso (SOFIPE) pour servir le segment des petits entrepreneurs et
épargnants de son portefeuille.
- les fonds Nationaux de financement (FNF). Il s’agit de structures créées par l’Etat dans le
cadre de sa politique de promotion de l’emploi pour soutenir une cible précise. Ce sont en
général des institutions de crédit direct. Il s’agit par exemple du Fonds d’Appui aux Activités
Rémunératrices des Femmes (FAARF), du Projet d’Appui au
Développement de l’Industrie et de l’Artisanat (PRODIA).
- Au 31 mars 2009, 285 institutions de micro finance sont autorisées à exercer par la direction
de la micro finance :
Répartition par catégories des IMF identifiées au 30/06/2009
Confédération 1
Fédération 1
Autres Unions 7
Société Anonyme 1
1.1. Le paradoxe
Importance empirique du phénomène coopératif et quasi absence de théories économiques bien
que de grands économistes s’y soient penchés:
– Très peu d'analyses réellement satisfaisante et/ou consistante du phénomène coopératif
en tant que phénomène économique
– Les rares économistes à s’être intéressés au phénomène coopératif, plutôt que de mener
une analyse spécifique de cette institution, se sont limités seulement à faire observer les
différences entre l'entreprise coopérative et l'entreprise capitaliste.
– Une majorité d’entre eux passent sous silence ce phénomène dans leurs ouvrages
– Pourtant de grands économistes tels Charles Gide, Léon Walras, Knut Wicksell se sont
intéressés à la coopération mais n‘ont guerre laissé d’écrits théoriques en économie de la
coopération
2.1. Objectifs
Il s’agit de discuter de l’efficacité ou de la production optimale de la coopérative à partir des
outils traditionnels de l’analyse économique dans une démarche comparant l’allocation des
ressources d’une entreprise de type coopératif à celle de type capitaliste
36
2.3. La thèse de C. Pichette
- Si on admet que l’entreprise coopérative est identique à l’entreprise de type capitaliste en
situation de monopole, dans cette situation
- au point où l’entreprise capitaliste arrête de produire parce que son profit par unité est
moindre, il existe toujours des zones de production rentables correspondant à des
quantités plus importantes et à des prix de cession moindres. C’est dans ces zones que
l’entreprise coopérative se situera, car sa fonction -objectif n’est pas la maximisation du
profit par unité de capital mais la maximisation de l’avantage net du coopérateur.
Prix/coûts
Coût marginal
Coût moyen
Recette moyenne
14
b) L’optimum de l’adhérent
- L'objectif d’un membre est de pouvoir s'approvisionner au meilleur coût possible et de fait
toute l'activité de la coopérative devrait être tournée vers la satisfaction de cette fin :
l'optimum économique des membres dans ce cas équivaut au prix le plus bas
possible
Ou alors la ristourne la plus élevée que possible
37
- Deux mesures de l'optimum de l'individu (par le prix d'achat le plus faible ou par la
ristourne individuelle la plus élevée) qui ne sont pas toujours compatibles.
Prix/coûts
a
c
Coût moyen
Recette moyenne
b d
Quantités
Q0 17
- Les adhérents (déjà présents) peuvent accepter de sacrifier une partie des avantages qu'ils
touchent au prix minimum afin de retirer sous forme d'augmentation des quantités achetées ce
qu'ils perdent en hausse de prix ou pour permettre à un plus grand nombre de personnes de
bénéficier des avantages de la coopérati-ve. Stephen Enke appelle cet optimum, l'optimum
social".
- Les membres peuvent ne pas rechercher le plus grand avantage possible à court terme, mais
préférer la croissance l'établissement, pour un bénéfice futur encore plus élevé. L'optimum est
atteint lorsque la coopérative dégage le plus gros volume possible de trop perçus, source
d'autofinancement et de croissance à long terme.
38
Prix/coûts
e Coût marginal
Coût moyen
Recette moyenne
22
39
Prix/coûts
a e
c Coût marginal
g Coût moyen
Recette moyenne
h
b f d
a) Première thèse
- La fourniture d’un bien public (ou la poursuite d’un intérêt commun) n’est pas un
processus spontanée :
- Un groupe inorganisé de personnes ayant des intérêts communs, conscients de cet intérêt
et ayant les moyens de le réaliser peut, sous des conditions générales, ne rien faire pour le
promouvoir.
41
b) Seconde thèse
La seconde thèse est que même si l’on admet que l’action collective a lieu, la production du bien
collectif risque d’être sous optimale.
3.4. Illustration
Soit un ensemble de propriétaires terriens ayant un intérêt à obtenir une réduction du taux de leur
contribution foncière. Cet ensemble se compose de N propriétaires = 10. Chacun a une propriété
d’une valeur de 10f et doit payer un impôt foncier de 4f. Supposons que s’ils déclenchent une
action collective pour faire pression sur l’autorité fiscale, ils peuvent obtenir une réduction
d’impôts. Si chacun participe à l’action collective, ils obtiendraient une réduction de 50%. La
réduction est fonction du nombre de participants à l’action collective de sorte que avec n
participants, le taux de réduction est égale à 5*n%.
Remarque : le taux de réduction = avantage collectif ou bien public
Question : en fonction du nombre de participants quel taux de réduction ?
Supposons enfin que la participation à l’action collective entraîne des coûts (perte de temps,
participation financière etc..) que l’on admettra mesurables et qui s’établissent à 1f pour chaque
individu. Si tous les propriétaires participent à l’action collective quelle est la valeur de
l’avantage ou du bien collectif obtenue ? et quel est son coût ?
43
Quelle est alors le condition pour que l’individu accepte de participer à l’action collective ?
Il faut que: Ri soit supérieur à C, ie RI-C=Ai>O. (Il faut que les avantages individuels tirés par
l’individu soit supérieur au coût de participation à l’action)
Rg
C=f(pc)
Ri
Taille
0 N0 N1 N2 N3 N
49
De 0 à N0
Ai et Ag qui sont les avantages du groupe et de l’individu sont tous deux négatifs.
– Pas rationnel de constituer une coopérative à ce niveau
De N0 à N1
Ai est négatif (le coût est superieur à la ristourne de l’individu)
44
Par contre Ag est positif
– Dilemme du prisonnier (aucun individu ne veut supporter le coût)
– Le prix coopératif ne sera pas obtenu et la coopéartive ne sera pas créée
De N1 à N2
Ai et Ag sont positifs
– L’acquisition du bien coopératif par le prix coopératif est possible et bénéfique pour le
groupe et au moins pour un individu
– La coopérative peut être constituée. Cependant, le groupe d’individus qui accepte de
supporter le coût de l’action coopérative atteint son optimum au point N2. Au delà ce
groupe n’est plus intéressé par la poursuite de l’action collective. Pourtant, La coopérative
n’a pas atteint encore à ce niveau son optimum.
De N2 à N3
C’est à ce niveau que le groupe ateint son niveau de production optimale.
Seulement,
– il y a une raison économique à ce que l’individu arrête de participer à l’action
coopérative au-delà de N2
– La production du bien collectif n’ira pas au-delà de N2 pour atteindre son optimum
en N3
Finalement: Olson M., demontre ainsi que la coopérative est sous-optimale en tant que modalité
particulière d’action collective
Selon la théorie des coûts de transaction, entre le marché et l’organisation, quel est le mode de
coordination et de motivation le plus efficace? (En terme de minimisation des coûts).
Conclusion:
Un consommateur rationnel qui agit dans ces conditions va s’approvisionner directement
sur le marché plutôt que de passer avec un boulanger quelconque un contrat ponctuel tout
juste pour l’achat d’une baguette de pain normal.
Justification: les coûts de l’échange dans le second cas seront supérieurs aux coûts de
l’échange par le marché de concurrence pure et parfaite où les coûts sont nuls
Soit un agent économique rationnel avec un revenu limité qui désire acheter un pain spécial
Les caractéristiques de ce pain spécial
- fabriqué avec des matières premières spéciales et une technologie spéciale
- La fabrication nécessite un investissement spécifique
- La fabrication nécessite un savoir faire particulier
Question : à qui l’agent écono doit s’adresser pour acquérir son pain spécial?
Réponse: l’agent ne s’adressera plus à un boulanger quelconque sur le marché, mais à un
boulanger spécial
Raisons:
• Sur le marché
– le consommateur court le risque de ne pas obtenir le pain spécifique
– le producteur court un grand risque de perte si le client (spécifique et limité) est
défaillant
Solution
La nécessité économique impose l’établissement d’un contrat et/ou l’internationalisation des
coûts de transaction au sein d’une même structure productive (intégration horizontale ou vers
l’amont ou l’aval=théorie des coûts de transaction)
• Protection contre les risques
• Minimisation des coûts de transaction
3..2.3. L’analyse institutionnelle de l’ECT: le model contractuel de base (Williamson, 1985)
Interprétation du modèle
Situation 1
– Les actifs ont une caractéristique générale et facilement redéployable (k=0)
– Pas de necessité de structure de gouvernance protectrice (s=0) ie pas besoin de garantie
Implication: Contractualisation discrète du marché
Les transactions se font sur un marché (de CPP).
Le paiement (au prix p1) permet à l’accès direct au bien sans protocole (voir exemple 1:
pain ordinaire)
• Situation 2
– Les actifs impliqués sont spécifiques et ne sont pas redéployables (k>0)
– Cependant, malgré la spécificité des actifs, pas de besoin en structure de gouvernance
48
protectrice (s=0) ie pas besoin de garantie
– Les prix d’offre sont élevés et rentables pour le producteur (p’>p’’)
– Le consommateur de l’exemple 1 désire un pain spécial mais refuse tout système de
garantie
Implication:
– Les transactions se feront alors au prix P’>p’’
– Le consommateur paie en partie sa non participation à la souscription d’une garantie.
Situation 3
a) La transaction implique des investissements spécifiques (k>0)
b) Le consommateur accepte de se soumettre à la souscription d’une garantie (garantie
contractuelle protectrice du risque encouru par le producteur ie s>0)
Implication
c) Le consommateur paie le prix p’’ (p’’<p’)
49
CHAPITRE V-THEORIES ECONOMIQUES ET EMERGENCE DES OCTC
Biens collectifs, Équilibre de Lindahl et émergence des OCTC
- Cette approche explicative de l’émergence des OCTC de B. Weisbrod (1977) se réfère à la théorie
des biens publics et repose sur l’équilibre de Lindahl
Weisbrod indique que les OSBL émergent en raisons des défaillances de l’Etat d’une part et des
défaillances du marché qui obligent les agents économiques à former une OSBL pour produire sous forme
collective, les biens et services non pris en charge, ni par l’Etat, ni par le marché
Un bien public ou un bien collectif se caractérise par son indivisibilité dans la production
parce qu’il est non rival et non exclusif :
- La non rivalité traduit le fait que la consommation par un individu n’entrave en rien
les possibilités de consommation par un autre individu : Cm = 0
• La production optimale des Biens B2 et B4 est problématique car pour éviter l’insatisfaction des
usagers, il conviendrait de pouvoir moduler le prix pour chaque individu, de façon à imposer à chaque
contribuable un prix correspondant à la satisfaction marginale qu’il retire de la quantité offerte
50
• Cette condition connue sous le nom de l’équilibre de Lindahl est : l’égalité de la somme des taux
marginaux de substitution entre bien public et privé pour chaque agent au coût marginal du bien
collectif
La thèse de Weisbrod
• une économie où les agents économiques sont supposés rationnels et maximisent donc leur
utilité, et qui dispose d’un ensemble de possibilités de production permettant aux agents
d’acquérir des biens privés et des biens collectifs.
• L’utilité des agents économiques se mesure par leur consommation en biens privés et
collectifs.
• Il se demande quelle sera le volume de biens collectifs que le gouvernement pourra assurer ?
• La première est que l’équilibre de Lindhal ne peut être atteint quel que soit le système
d’imposition mis en œuvre par le gouvernement ; donc la contribution d’un agent
économique au coût du bien collectif (taux marginal d’imposition) n’est pas égale à
l’utilité marginale qu’il en retire (taux marginal de satisfaction).
• La seconde hypothèse, formule que le niveau de bien collectif offert par le gouvernement
est fonction de la suite d’un vote, de l’électeur médian. Il s’en suit que cette offre
n’apporte pas de réponses aux demandes spécifiques des agents
• Les consommateurs sous satisfaits ont la possibilité parmi d’autres de créer des organisations
non lucratives afin d’accroître l’offre de biens collectifs jusqu’à ce que leur demande soit
satisfaite
51
Niveau souhaité
du bien public
Courbe de satisfaction
des demandes
Demande non
satisfaite
• Pertinence évidente, notamment là où les moyens de l'Etat l'obligent à limiter son offre de
services publics;
• Des entreprises à but lucratif peuvent aussi chercher à répondre à ces demandes non
satisfaites par l'Etat (ex: maisons de repos).
52
• L’asymétrie d’information génère deux types risques dans les transactions entre agents
économiques :
• Le risque moral a trait à des situations où une partie prenante à la transaction peut agir de
façon à léser l’autre partie car cette dernière ne peut pas observer son comportement qui
une incidence sur la valeur de la transaction
• L’antisélection a trait à des situations où une partie prenante à la transaction ne peut pas
observer le type ou la qualité des biens, information pourtant détenue par l’autre partie
• La conséquence de ces deux risques : l’opportunisme dans les transactions qui peut être
pré contractuel (sélection adverse ) ou post contractuel (hasard mord)
• Les asymétries d’informations poussent les agents économiques à ne pas avoir confiance
en la capacité d’allocation du marché. Ils peuvent craindre en effet que la qualité du bien
ou service offert par le marché soit en dessous de ce qu’ils sont en droit d’attendre.
Thèse:
• Dans les situations d'asymétrie d'information, les usagers sont confrontés à la difficulté ou
à l'impossibilité de passer un contrat classique de marché (qui imposerait d'importants
coûts d'information et de transaction);
• La non redistribution des profit réduit l’incitation qu’aurait une organisation non lucrative
à tirer profit de l’asymétrie d’information. Elle accorde à ces organisations un AC sur les
organisations lucratives
53
Validité de la thèse de la confiance
• La thèse n’explique pas pourquoi les échecs de marché sont comblés par le secteur non
lucratif plutôt que par le secteur public
• La contrainte de non-distribution des profits est loin d'être une garantie complète (distribution
indirecte souvent possible, entreprises à but lucratif déguisées en ASBL, limites inhérentes à
une contrainte légale,…);
D'autres solutions institutionnelles sont possibles pour réduire l'asymétrie d'information (ex: labels du
commerce équitable, régulations publiques,…).
• La thèse des « parties prenantes » est une synthèse entre des facteurs provenant tant des
caractéristiques de la demande que l’offre :
• Les OSBL sont définies comme des «coalitions d’individus qui s’associent afin de s’offrir et
de fournir à d’autres des biens ou des services qui ne sont pas offertes de façon adéquate ni
par les organisations lucratives ni par les organisations publiques »
– Les parties-prenantes du coté de l’offre qui valorisent les bénéficies nets tirés de la
création d’une organisation plus que les bénéfices qu’ils peuvent tirés d’une autre
activité ou d’un comportement de free rider
• Elle est surtout valable pour des "biens de confiance" pour lesquels certaines « parties
prenantes" sont particulièrement motivés (ex: parents d'enfants handicapés);
• Pertinence sans doute moins grande pour des NPO visant davantage un intérêt collectif large,
voire l'intérêt général plutôt que l'intérêt mutuel des membres (ex. association de défense de
l'environnement)
Traite des institutions sur les marchés financiers des Pays en développement
Institution = «une structure de règles reconnues et régulièrement suivies par les membres
d’une communauté et qui contraignent les actions des individus »
La question que se pose Stiglitz est la suivante : pourquoi, des institutions en apparence
inefficaces sur le plan économique sont largement répandues dans les pays en
développement?
En effet, son modèle dans le cas du marché financier est formulé comme suit :
s’il y a absence d’information sur la qualité des emprunteurs et des projets à financer,
s’il y a incomplétude des marchés du fait de l’absence ou de l’inefficacité du marché
d’assurance contre les risques de non remboursement
une partie importante des transactions financières se fera à travers des institutions informelles
qui peuvent être des OSBL de type coopératif, où le contrôle des emprunteurs repose sur des
relations interpersonnelles.
Les problèmes d’asymétrie se combinent avec ceux plus généraux, de coûts de transactions
élevés.
55
Elle relève de la théorie des choix publics qui constitue une extension de la théorie
néoclassique à l’analyse de la politique.
C’est l’une des théories qui a le plus oeuvré au progrès des idées néo-libérales durant
les récentes décennies sur le plan économique :
Elle oppose l’État au marché, qui est conçu comme le mécanisme d’allocation
efficiente par excellence des ressources : L’État et son intervention, y sont perçus en
effet comme « ce qui échappe au marché » et partant, à la sanction du consommateur
Elle formule l’hypothèse que ces hommes politiques et les administrateurs des
entreprises et autres organisations publiques sont comme les autres agents
économiques, des individualistes méthodologiques, qui dans l’exercice de leurs
fonctions, maximisent que une certaine fonction d’utilité personnelle, au détriment des
fonctions de service de l’intérêt général auxquelles ils sont supposés œuvrer.
Le postulat de James :
La théorie admet donc la pluralité des motivations des entrepreneurs intégrant ainsi dans leurs
fonctions d’utilité des variables non monétaires
On peut expliquer l’offre des entreprises non lucratives par l’existence d’entrepreneur d’un type
particulier, des entrepreneurs religieux dont l’objectif n’est pas la maximisation du profit mais la
maximisation de la foi, c’est-à-dire le nombre d’adhérents ou de tout autre fonction-objectif
d’inspiration altruiste.
- L’Etat à travers son offre ne prend en compte que les préférences partagées par le
plus grand nombre en référence à l’électeur médian
56