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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


²
MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UFR des Sciences Économiques et Développement


www.lampe-ci.com

THÈSE DE DOCTORAT UNIQUE


Présentée en vue d’obtenir le grade de Docteur de l’Université Alassane Ouattara
Discipline/Spécialité : Sciences Économiques/Économie de Développement

INÉGALITÉS DE GENRE SUR LE MARCHÉ DU


TRAVAIL ET PAUVRETÉ EN CÔTE D’IVOIRE

Présentée par :
NIAMIEN KESSEOI DENISE
THESE DIRIGÉE PAR :

DIRECTEUR : M. KOUAKOU KOUADIO CLEMENT, Maître de Conférences Agrégé en Sciences Économiques,


Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.

JURY :

PRÉSIDENT : M. ADAMA DIAW, Professeur Titulaire des Sciences Économiques, Université Gaston
Berger, Saint-Louis, Sénégal.
RAPPORTEUR 1 : M. FOADE DENIS JOËL TONGNIVI, Maître de Conférences en Sciences Économiques,
Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
RAPPORTEUR 2 : M. AGBODJI Akoété Ega, Professeur Titulaire des Sciences Économiques, Université de
Lomé, Togo.
SUFFRAGANT 1 : M. KOUAKOU KOUADIO CLEMENT, Maître de Conférences Agrégé en Sciences Économiques,
Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.

SUFFRAGANT 2 : M. MANTSIE Rufin-Willy, Maître de Conférences, Université Marien NGOUABI, Congo.


I
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

AVERTISSEMENT

« L’UFR des Sciences Économiques et Développement et l’École doctorale n’entendent donner


aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans les thèses et mémoires. Ces
opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. »

II
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

DEDICACE

Au Saint Esprit créateur et source de sagesse pour son inspiration sa présence et


son soutien.

A mon père NIAMIEN Ebe Kouao Christophe pour son soutien permanent et
ses prières incessantes.

III
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

REMERCIEMENTS

Je voudrais ici remercier ceux qui, directement ou indirectement ont contribué à la réalisation
de ce travail. Mes remerciements vont tout d’abord à l’endroit du Professeur Kouakou Clément
Maître de conférences Agrégé qui a accepté de diriger ma thèse et a suivi avec attention mon
travail. je le remercie pour la confiance et la patience qu’il a manifestée à mon égard et
l’encadrement qu’il a assuré tout au long de la rédaction de ce travail de recherche .Ses conseils,
son suivi et son soutien m’ont été très importants pour l’aboutissement de ce travail de
recherche.

J’exprime aussi ma profonde gratitude à l’endroit du professeur Foade Dénis Maître de


Conférences qui m’a encadrée lors de la réalisation de mon mémoire de recherche au Master II
et m’a initiée à la recherche, pour ses encouragements permanents durant toutes ces années. Je
tiens également à le remercier pour avoir accepté de rapporter cette thèse.

Je voudrais remercier M Adama Diaw Professeur Titulaire pour ses remarques pertinentes sur
nos travaux, ses conseils constructifs et suggestions pour la rédaction de cette thèse, de nous
avoir consacré du temps et fait part de ses connaissances. Je tiens également à le remercier pour
avoir accepté de participer au jury de thèse en qualité de président.

Je souhaiterais remercier M Agbodji Akoété Ega Professeur Titulaire pour avoir accepté de
rapporter cette thèse ainsi que M Mantsie-willy Maître de Conférences pour avoir accepté de
participer au jury en qualité de suffragant.

Je tiens aussi à témoigner toute ma reconnaissance au Professeur Anassé (Doyen de l’UFR-


SED), et Responsable de l’Ecole Doctorale pour la gestion efficace du programme. Je remercie
le Corps Professoral de l’Ecole Doctorale de l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences
Economiques et Développement de l’université de Bouaké pour la qualité des séminaires
dispensés.

Je tiens également à remercier toute la famille Niamien, en particulier mon père et ma mère
pour leurs soutiens financiers et moraux permanents durant toutes ces années. Mes
remerciements vont aussi à l’endroit de M. Ezoua Dominique pour ses encouragements
constants, sa disponibilité et son aide qui m’ont été très précieux. Je ne vous oublie pas amies
et proches, pour les aides et actions d’amour apportées. Merci enfin à tous ceux qui ont
contribué de près ou de loin à la réalisation de cette thèse, sans oublier mes sœurs et frères en
Christ pour leur soutien moral et affectif.

IV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

SIGLES ET ACRONYMES

AGEPE : Agence d’Etude et de Promotion de l’Emploi


BIT : Bureau International du Travail
CEA : Commission Economique pour l’Afrique
CEDEF : Convention relative à l’Elimination de toutes les formes de discriminations
à l’égard des femmes
ENV : Enquête sur le niveau de Vie des ménages
EPP : Enquête Participatif sur la Pauvreté
EPT : Education pour Tous
ICF : Indice de la Condition de la Femme
IDG : Indice du Développement du Genre
IDH : Indice de Développement Humain
IDISIA Indice de Développement d’Inégalité entre les Sexes en Afrique
IDSH : Indice Sexospécifique du Développement Humain
IIG : Indice d’Inégalité de Genre
INS Institut National de la Statistique
IPF : Indicateur de Participation des Femmes
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PPA : Parité du Pouvoir d’Achat
RDM : Rapport sur le Développement dans le Monde
TBFA : Tableau de Bord de la Condition des Femmes en Afrique
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
UNIFEM Fonds de développement des Nations unies pour la femme

V
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

LISTE DES TABLEAUX


TABLEAU 1: STRUCTURE DE LA POPULATION TOTALE SELON LA SITUATION DANS
L’ACTIVITE ET LE GROUPE D’AGE .................................................................................... 66

TABLEAU 2 : REPARTITION DE LA POPULATION EN EMPLOI ...................................................... 68


TABLEAU 3: REPARTITION DE LA POPULATION EN EMPLOI SELON LE SECTEUR
INSTITUTIONNEL ............................................................................................................... 69

TABLEAU 4: ÉVOLUTION DE L’IIG PAR REGION EN 2002,2008 ET 2011 ................................ 71


TABLEAU 5: REPARTITION DES EMPLOIS SELON LA BRANCHE D’ACTIVITE ............................... 77
TABLEAU 6:LES INDICES SEXOSPECIFIQUES ALTERNATIFS .................................................... 98
TABLEAU 7: PARTICIPATION AU MARCHE DU TRAVAIL, VERITABLES CONDITIONS............ 133
TABLEAU 8: SEGMENTATION DU MARCHE DU TRAVAIL, VERITABLES CONDITIONS ............ 133
TABLEAU 9: DIFFERENCE DE SALAIRE, VERITABLES CONDITIONS ...................................... 134
TABLEAU 10: NIVEAU SCOLAIRE (ANNEES D’EDUCATION), VERITABLES CONDITIONS ....... 134
TABLEAU 11 : RESULTATS DU TEST DE BREUSH-PAGAN ...................................................... 135
TABLEAU 12: DETERMINANT DE LA PARTICIPATION A LA VIE ACTIVE ............................... 138
TABLEAU 13: RESULTATS DE LA REGRESSION DU MODELE MULTINOMIALE....................... 140
TABLEAU 14: LES DETERMINANTS DU SALAIRE MENSUEL .................................................... 144
TABLEAU 15: CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL, SANS DIFFERENCES BASEES SUR
LE GENRE DANS LA PROBABILITE DE PARTICIPATION AU MARCHE DU TRAVAIL .......... 146

TABLEAU 16: CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL, SANS DIFFERENCES BASEES SUR


LE GENRE DANS LA PROBABILITE D’AVOIR UN EMPLOI FORMEL, UN EMPLOI INFORMEL

OU ETRE AU CHOMAGE. .................................................................................................. 147

TABLEAU 17: CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL, SANS DISCRIMINATION


SALARIALE BASEE SUR LE GENRE (CARACTERISTIQUES OBSERVEES)........................... 149

TABLEAU 18: CARACTERISTIQUES OBSERVEES ET NON OBSERVEES ................................... 150


TABLEAU 19: CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL, SANS ECART DANS LES
CARACTERISTIQUES OBSERVEES DES DIFFERENTS GENRES .......................................... 151

TABLEAU 20: CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL, SANS ECART DANS LES


CARACTERISTIQUES OBSERVEES ET NON OBSERVEES DES DIFFERENTS GENRES .......... 152

VI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

LISTE DES FIGURES

FIGURE 1: ÉVOLUTION DU TAUX BRUT DE SCOLARISATION PAR SEXE ................................... 73


FIGURE 2: ÉVOLUTION DU TAUX D’ACHEVEMENT PAR SEXE ................................................. 74
FIGURE 3: IMPACT DE LA PROBABILITE DE PARTICIPER SUR LE MARCHE DU TRAVAIL SANS
DIFFERENCE ENTRE LES SEXES SUR LA CROISSANCE DU REVENU, LA PAUVRETE ET LES

INEGALITES ..................................................................................................................... 146

FIGURE 4: IMPACT DE LA PROBABILITE D'ETRE FORMEL, INFORMEL OU AU CHOMAGE SUR


LA CROISSANCE DU REVENU, LA PAUVRETE ET LES INEGALITES .................................. 148

FIGURE 5: IMPACT DES CARACTERISTIQUES OBSERVEES SANS DISCRIMINATION SALARIALE


SUR LA CROISSANCE DU REVENU, LA PAUVRETE ET L'INEGALITE................................. 149

FIGURE 6: IMPACT DES CARACTERISTIQUES OBSERVEES ET NON OBSERVEES SANS


DISCRIMINATION SALARIALE SUR LA CROISSANCE DU REVENU, LA PAUVRETE ET

L'INEGALITE ................................................................................................................... 150

FIGURE 7: IMPACT DES CARACTERISTIQUES OBSERVEES SUR LA CROISSANCE DES REVENUS,


LA PAUVRETE ET LES INEGALITES .................................................................................. 151

FIGURE 8: IMPACT DES CARACTERISTIQUES OBSERVEES ET NON OBSERVEES SUR LA


CROISSANCE DES REVENUS, LA PAUVRETE ET LES INEGALITES .................................... 152

VII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Résumé
L’objet de cette étude est d’identifier les éventuels liens entre les inégalités de genre
sur le marché du travail et certains agrégats économiques importants tels que la croissance des
revenus, les indices de pauvreté et d’inégalités. Dans cette optique, nous analysons les inégalités
entre les sexes sur le marché du travail selon quatre aspects : les différences dans la participation
au marché du travail, dans la situation professionnelle, la discrimination salariale et les
différences de dotations caractéristiques. Chaque aspect d’inégalité renvoyant à un espace
d’évaluation qui lui est propre. Notre analyse est basée sur la méthode des micro-simulations.
En effet, nous utilisons des simulations pour supprimer chacune des composantes d’inégalités
de genre sur le marché du travail. Ainsi, les distributions de revenus des ménages
contrefactuelles qui émergent de chaque simulation sont analysées en tenant compte des
indicateurs de croissance du revenu, de la pauvreté et de l'inégalité. Notre étude a utilisé dans
ce cadre, des données microéconomiques de l'enquête auprès des ménages en Côte d'Ivoire pour
estimer ladite relation. Nos résultats mettent en évidence qu'une égalité plus importante entre
les sexes à l'accès au marché du travail, en d’autres termes, une augmentation des femmes à
l’accès au marché du travail et une plus grande souplesse du marché serait susceptible de réduire
certaines inégalités et la paupérisation.
Mots clés : genre, micro-simulation, revenus, pauvreté, inégalité

Abstract
The purpose of this study is to Identify links can between gender inequalities in the
labor market and major economic aggregates some Such As income growth, poverty and
inequality indices. From this perspective, we analyze gender inequalities in the labor market
according to four areas: differences in labor market participation, in the employment status,
wage discrimination and differences in endowments characteristic. Each appearance of
inequality Refers to year of assessment icts own space. Our analysis is based on the micro-
simulation method. Indeed, we use simulations to remove each of the components of gender
inequality in the labor market. Thus, the counterfactual income distributions of households that
emerge from each simulation are analyzed taking into account the indicators of income growth,
poverty and inequality. Our study used microeconomic data from the household survey in Ivory
Coast to estimate this relationship. Our findings highlight gender equality in greater that access
to the labor market, in other words, an Increase in women's access to the labor market and
market flexibility greater would be likely to reduce some inequalities and impoverishment.

Keywords: sex, micro-simulation, income, poverty, inequality

VIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE .......................................................................................................... 1


INTRODUCTION ............................................................................................................................... 11
CHAPITRE I : INÉGALITÉS DE GENRE ET MARCHE DU TRAVAIL : UNE
REVUE DE LITTÉRATURE ............................................................................................................ 12
Section 1 : Fondements des inégalités entre hommes et femmes .......................................................... 13
Section 2 : Les explications des inégalités de genre sur le marché du travail ....................................... 25
Section 3 : Le fonctionnement et l’évolution du marché du travail sous l’angle de l’inégalité de genre
............................................................................................................................................................... 32
CHAPITRE II : GENRE EMPLOI ET PAUVRETE EN COTE D’IVOIRE ............................... 48
Section 1 : Inégalité de genre et pauvreté en Côte d’Ivoire................................................................... 49
Section 2 : Marché du travail en Côte d’Ivoire, une structure segmentée ............................................. 58
Section 3 : Aperçu global des inégalités entre homme et femme en Côte d’Ivoire ............................... 70

CHAPITRE III : IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES DANS LA CROISSANCE
DU REVENU, LA PAUVRETÉ ET L’INÉGALITÉ ....................................................................... 84
Section I : Analyses explicatives des différentiels salariales entre les sexes ........................................ 85
Section 2 : Instruments de mesure du genre et modelisation des inégalités sexospécifiques ................ 90
Section 3. La micro-simulation dans l’analyse des inégalités de genre sur le marché ........................ 112
CHAPITRE IV : IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES EN CÔTE D’IVOIRE :
EVALUATION PAR LE MODELE DE MICRO-SIMULATION ……………………… 121
Section 1 : spécification du modèle ..................................................................................................... 121
Section 2 : source des données et analyse descriptive des variables ................................................... 130

Section 3 : Interprétation et discussion des résultats ........................................................................... 136

CONCLUSION GÉNÉRALE........................................................................................................... 155


BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................ 160
ANNEXES .............................................................................................................................................. x
Table des matières .......................................................................................................................... xxxix

IX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. Contexte et justification

Dans toutes les sociétés, la question des inégalités hommes /femmes dans divers domaines est
manifeste : qu’il s’agisse de leurs rôles respectifs, des possibilités qui leur sont offertes dans le
domaine de l’éducation, du travail, de la carrière professionnelle ou de l’accès aux ressources
économiques et au pouvoir de décision. Nous constatons des disparités au détriment des
femmes, en ce qui concerne la jouissance des avantages du développement économique et
social. En effet, une forte disparité existe entre les femmes et les hommes. Ainsi, cette inégalité
se ressent dans le domaine politique et économique, social et culturel.

Par ailleurs, la pauvreté a un visage féminin. En guise d’illustration, les femmes représentent
70% de 1.3 milliards de personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde, (UNIFEM,
2008). Quoiqu’effectuant 66% du travail mondial et produisant 50% de la nourriture, elles ne
perçoivent que 10% des revenus et 1% des titres de propriété (UNICEF, 2007). La pertinence
des disparités au détriment des femmes, en ce qui concerne la jouissance des avantages du
développement économique et social, fait donc l’objet de nombreuses controverses et attire de
plus en plus l’attention des organismes internationaux ainsi que celle du monde politique. La
preuve, l’Union Africaine, consciente qu’un seul jour ne suffit pas pour œuvrer à l’égalité entre
les femmes et les hommes a lancé, la ˝Décennie de la femme africaine 2010-2020˝.

En contre point, des actions en faveur d’une meilleure intégration des femmes au processus de
développement économique qui se multiplient, pour certains auteurs, l’augmentation de la
participation des femmes au marché du travail peut avoir un impact négatif sur la réduction de
la pauvreté. Dans le même ordre d’idée, Gakou et Kuépié (2008), montrent que l’augmentation
de la participation des femmes au marché du travail, au Mali, peut être une des causes de la
paupérisation croissante des ménages. De plus, au niveau théorique, Doepke et Tertilt (2011)
aboutissent aux résultats que la promotion de l’égalité des femmes pourrait conduire à des effets
indésirables sur le bien-être des enfants à travers une convergence des préférences « féminines »
vers des préférences « masculines ». Pourtant, le développement est un processus d’expansion
des libertés qui doit profiter à tous, hommes et femmes (Sen, 2009). Les inégalités entre
hommes et femmes et leur persistance est donc l’illustration de l’incapacité des systèmes
économiques à engendrer un développement pour tous et à éliminer la pauvreté. D’une telle
réalité, il se pose la thématique des phénomènes relatifs au genre.

1
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Le genre est souvent confondu au sexe, quand il n’est pas simplement réduit à « une affaire de
femmes ». Cependant, dépassant la simple dimension femme, le genre est un produit social et
diffère du sexe qui est une caractéristique biologique. Selon le droit des travailleuses, le terme
genre se réfère « aux différences et aux relations sociales entre les hommes et les femmes » qui
sont liées à l’évolution culturelle et sociale d’un groupe donné à un autre (BIT 2003, p43).
L’approche genre est par conséquent un instrument tant théorique que stratégique qui permet
d'interroger la réalité sociale et institutionnelle sur les conditions de vie spécifiques de la
femme. Cette approche permet également de procéder à une analyse comparative par rapport à
la réalité sociale et institutionnelle des hommes, de mettre en évidence leurs relations et
d’étudier l’impact de ces interrelations sur leur situation respective : accès aux ressources, à la
connaissance, aux technologies, au pouvoir dans la famille et dans la société. Dans l’ensemble,
le genre doit être compris sous l’angle tel que celui relatif aux rôles, à la responsabilité, à
l’aptitude et au comportement. Par conséquent, le concept de genre nous évite d’entrer dans les
rapports conflictuels, entre homme et femme, et nous projette dans le problème de l’enjeu du
développement et des défis de création de richesses qui sont beaucoup plus importants. Ainsi
l’approche genre prône un développement équitable, lequel ne privilégie pas uniquement la
productivité, mais permet des changements de statut et de condition sociale.

Par ailleurs, plusieurs études ont mis en exergue que les forces qui sous-tendent la pauvreté sont
les inégalités et qu’en particulier, les inégalités de Genre sur le marché du travail sont les
principales causes de la pauvreté féminine. C’est dans cette optique que la Banque Mondiale et
d’autres organismes affirment que les inégalités entre hommes et femmes engendrent une
préoccupation majeure puisque celles-ci semblent constituer un frein à la promotion des droits
humains, à la réduction de la pauvreté, à la croissance économique et au développement durable
(Banque Mondiale, 1999, 2001 ; CEA, 2004). En d’autres termes, pour ces organismes, les
inégalités entre les sexes sont l’une des causes structurelles majeures, de l’incapacité de
l’Afrique à atteindre les OMD en matière de réduction de la pauvreté et d’autres cibles de
développement. Ainsi, l’inégalité des genres doit par conséquent faire aussi partie intégrante
des mesures mises en œuvre par les politiques de développement pour éradiquer la pauvreté.

Les politiques de développement de l’après-Deuxième Guerre mondiale assimile le


développement à la croissance économique et par ricochet à l’industrialisation au
investissement en capital physique. La population active et le capital humain sont alors pensés
uniquement en fonction des besoins en main-d’œuvre. Cependant, dès la fin des années 1960,
il apparaît clairement que cette stratégie n’a pas réussi à faire reculer la pauvreté et les inégalités

2
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

autant qu’on l’avait escompté. Il importait donc d’adresser des réponses adéquates à ces
problèmes. Ainsi, l’élaboration de politiques publiques intégrant la dimension genre s’inscrit
dans ce cadre.

L’intégration de la dimension genre dans la théorie macroéconomique est propulsée par les
théories de la croissance endogène qui montrent que les investissements dans le capital humain
peuvent améliorer l'offre de travail. Ainsi, le lien entre le genre et la croissance économique est
examiné d'un point de vue macroéconomique par plusieurs études, Drèze et Sen (1989),
Pritchett et Summers (1996). La technique la plus populaire, dans l'approche macro de cette
question, est l'analyse de régression. Des exemples de travaux de recherche basés sur cette
méthodologie sont Dollar et Gatti (1999), Klasen (2002) et Klasen et Lamanna (2003), qui
examinent la relation entre la croissance économique et les disparités entre les sexes dans
l'éducation et l'emploi. La conclusion globale de ces analyses est une corrélation négative entre
inégalités entre les sexes et la croissance économique bien que les détails des résultats varient
avec les spécificités du modèle.

En l’occurrence, la théorie qui sous-tend ces études s’appuie sur certains canaux. D’abord, pour
expliquer comment un écart entre les sexes dans l'éducation produit une inefficacité
économique. La pensée émise est que l'exclusion des femmes du système éducatif limite l'offre
de travailleurs qualifiés sur le marché du travail. Ensuite, l’argument utilisé concerne les
externalités d'une plus grande éducation des femmes qui sont des niveaux de fécondité plus
faibles et une amélioration du capital humain chez les enfants. Par conséquent, un niveau plus
élevé de l'emploi féminin entraîne une augmentation de l'offre de main-d'œuvre qualifiée sur le
marché du travail, ainsi qu’une croissance du pouvoir de négociation au sein du ménage dirigé
par la femme qui produit une augmentation du capital humain des enfants

Il suit de ce qui précède, les inégalités entre hommes et femmes constituent un aspect essentiel
de l’analyse de la pauvreté. Cependant, en raison de l’enchevêtrement entre les logiques sociale,
économique et culturelle qui sont au cœur du travail des femmes, l’analyse du lien entre l’écart
des sexes dans l’activité économique et la pauvreté a suscité de nombreuses polémiques quant
à la conceptualisation du bien-être et par conséquent la manière d’appréhender le lien entre
l’inégalité des sexes et la pauvreté. La principale difficulté réside dans le fait que, l’inégalité
entre homme et femme a un caractère multidimensionnel. Il est donc impérieux de circonscrire
le cadre d’analyse.
Précisons que la définition même du concept d’inégalités est soumise à de fortes turbulences
théoriques selon que l’on se situe dans une logique de justice distributive ou compensatoire, ou
3
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

encore d’un point de vue individuel ou collectif (théories du bien-être, utilitarisme, théories de
la justice, du choix social). Les inégalités prennent plusieurs formes et renvoient à une pluralité
de variables et d’espaces d’évaluation. En se référant aux inégalités de sexes sur le marché du
travail, on peut analyser les rémunérations, mais aussi les statuts d’activité (et plus
particulièrement le risque de chômage), le temps de travail (et notamment le risque de temps
partiel involontaire), les qualifications et les responsabilités (notamment le risque
surqualification), la mobilité professionnelle ou les avantages sociaux.

2. Problématique de recherche et intérêt de l’étude

Les tentatives visant à établir au niveau macro un lien entre inégalité des sexes et croissance
sont intéressantes, mais l’approche micro peut également être très utile pour établir un contexte
global, dans lequel les inégalités entre les sexes affectent la croissance des revenus des ménages
ainsi que les niveaux de pauvreté et d'inégalité. Par ailleurs, dans un modèle micro, il y a un
lien direct entre l’inégalité entre les sexes, une augmentation du revenu et la pauvreté. A titre
d’illustration, une augmentation de l’éducation des femmes conduit à une élévation de la main
d’œuvre et de la productivité, ainsi qu’une augmentation des gains pour les femmes. Dès lors,
la hausse des revenus des femmes conduit à des niveaux de consommation plus élevée dans le
ménage et une réduction de la pauvreté. La réduction des inégalités courantes entre les sexes
pourraient également influer sur l’épargne et le capital humain des enfants, entrainant un impact
sur la croissance future des revenus et la réduction de la pauvreté.
La réduction des inégalités génère donc « un double dividende » : non seulement elle contribue
à réduire la pauvreté à travers un pur effet de redistribution mais, de plus, cette baisse entraîne
une accélération du rythme de réduction de la pauvreté car l’élasticité du taux de pauvreté au
revenu moyen dépend de façon étroite et négative du degré d’inégalité des revenus,
Bourguignon (2002). Pour la mesure de l’impact des inégalités sur la pauvreté, les micro-
simulations comprennent une méthode de décomposition qui est essentielle dans ce type
d’analyse. Développée par Bourguignon et al. (2001), cette méthode est une extension de la
décomposition Oaxaca-Blinder (Oaxaca, 1973) et de la décomposition de distribution réalisée
par Juhn et al. (1993). Ces méthodes ont été largement utilisées pour analyser les écarts de
salaires, y compris l'écart salarial entre les sexes. En plus, la décomposition développée par
Bourguignon et al. (2001) comporte une analyse de la structure professionnelle, facilitant ainsi
l’examen de la répartition des ménages. Cette technique peut être utilisée pour analyser l’impact

4
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

de la distribution des revenus du ménage lié au marché du travail sur les niveaux de pauvreté et
d’inégalité et par ailleurs, analyser l'impact des caractéristiques du marché du travail sur les
caractéristiques de la répartition des revenus des ménages. Cette méthode de décomposition
doit être soigneusement interprétée pour tirer des conclusions de causalité. En revanche, elle
peut aider à jeter un peu de lumière sur les liens entre l'évolution du marché du travail et la
répartition des revenus des ménages.
Selon Shorrocks (1999: 1) : «Les techniques de décomposition sont utilisées dans de nombreux
domaines de l'économie pour aider à démêler et à quantifier l'impact de diverses causalités de
facteurs ». Leur utilisation est particulièrement répandue dans les études sur la pauvreté et les
inégalités. Ainsi, l’utilisation des micro-simulations est une voie prometteuse d’étude des
inégalités entre les sexes d'une part et de la pauvreté d'autre part. Les exemples d’études, sont
Ferreira et Barros (2004), Gradín et al. (2006), Scorzafave (2004) et Bourguignon et al. (2001).
Cependant, bien que l’Afrique soit après l’Amérique latine, le continent où les inégalités de
revenu sont les plus élevées (Banque mondiale, 2005), il n’existe à notre connaissance pour
l’Afrique que trois études comparatives sur la dynamique de ces inégalités. Ces trois études
sont celles de Bossuroy et Cogneau (2008), de Cogneau et alii (2007) et de Cogneau et Mesplé-
somps (2008). Nous constatons à partir de ces débats et travaux réalisés que la question des
inégalités entre l’homme et la femme notamment sur le marché de travail est loin d’être clause.
Qu’en est-il alors de cette situation en Côte d’Ivoire ?

Avoir un emploi ne garantit pas toujours un revenu suffisant pour vivre et n’offre pas forcément
la possibilité de vivre décemment. L’analyse de l’emploi en relation avec le statut de pauvreté
en Côte d’Ivoire indique que plus du tiers de la population en emploi est pauvre (35,5%). Par
ailleurs, suivant les caractéristiques sociodémographiques, il apparaît que le taux de travailleurs
pauvres est plus élevé chez les femmes (34,68%), en milieu rural (43,1%), chez les personnes
âgées de 36 ans ou plus (35,98%) et parmi les personnes n’ayant aucun niveau d’instruction
(41,1%)1. La disparité entre homme et femme se situe également au niveau du taux de chômage.
En effet, selon l’ENV2015, en Côte d’ivoire le taux de chômage des femmes est plus élevé que
celui des hommes. Ce taux est estimé à 10% pour les femmes contre 4,8% pour les hommes.
La même tendance est observée au niveau de la répartition de la population. Les personnes en
emploi représentent 51,6% de la population en âge de travailler. Mais lorsque l’on considère la

1
Cf. ENV [2015], page 10

5
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

répartition selon le genre, il existe un écart important entre le genre masculin et le genre féminin.
Puisque le nombre de personnes en emploi est estimé à 38,6% chez les femmes contre 61,4%2
chez les hommes. Dans un tel contexte, les femmes ont moins de chance d’obtenir des emplois
bien rémunérés. Ainsi, un grand nombre disproportionné d’entre elles se trouve dans le secteur
informel avec des emplois précaires. Or, les études révèlent qu’un emploi bien rémunéré est un
facteur déterminant de l’indépendance économique des femmes. Un emploi bien rémunéré
s’avère également un élément fondamental dans leur autonomisation. Suite au constat fait de la
situation de l’emploi sexospécifque en Côte d’Ivoire, on peut retenir que l’accès inégal aux
emplois décents contrarie les initiatives en faveur de la réduction de la pauvreté.

Néanmoins, la pauvreté est un phénomène vaste, se manifestant dans divers domaines de la vie
sous la forme de non satisfaction des besoins individuels ou du simple sentiment de privation
(PUNUD, 1997a ; Dickes, 1989 ; Stewart et al, 1981 ; Van Praag et alii, 1994, 2003, 2006)3.
Par conséquent, la caractérisation des situations de pauvreté dépend d’un certain nombre de
contingences, comme la définition que l’on donne à la notion de pauvreté ou les statistiques et
les données qu’on utilise pour évaluer ce phénomène. En l’occurrence, il est judicieux de
clarifier que l’aspect de pauvreté considéré dans l’analyse de notre travail est monétaire. La
variable d’intérêt est le revenu par tête dans le ménage. En 2015, un ménage est dit pauvre
monétairement si les dépenses annuelles par tête du ménage est inférieur au seuil fixé de
269075 FCFA. Cette conception de la pauvreté et de la disparité entre femme et homme sur le
marché du travail soutient fortement le thème de cette Thèse.

En définitive, la problématique de la thèse s’appuie fortement sur l’analyse de la relation de


l’inégalité du genre sur le marché du travail avec la croissance des revenus, la pauvreté et
l’inégalité en Côte d’Ivoire. La thèse analyse cette relation dans le contexte économique et
social du pays, en faisant ressortir les spécificités qui caractérisent les disparités entre l’homme
et la femme sur le marché du travail. Dans ce contexte, la problématique qui se dégage de ce
travail de recherche est la suivante :

Quels impacts les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail ont sur la
distribution du revenu des ménages, la pauvreté et les inégalités en Côte d’Ivoire ?

2
Ces chiffres parviennent de l’INS, ENV2015
3
Pour leur part, Bourguignon et Chakravarty (2003 : 27) reconnaissent que « la question de la
multidimensionalité de la pauvreté apparait dès lors que les individus, les observateurs sociaux et les politiciens
veulent définir une limite (seuil) de pauvreté pour chaque attribut de l’individu : revenu, santé, éducation etc. »

6
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Pour arriver à cerner l’impact de l’égalité des rôles, cette problématique s’articule autour de
deux questions spécifiques :
Quel impact chacun des aspects d’inégalités de genre liées au marché du travail, a sur la
répartition des revenus des ménages, si certaines inégalités des sexes sont éliminées en prenant
en compte la constance des autres inégalités sexospécifique ?
Quelles sont les inégalités de genre sur le marché du travail qui expliquent le plus, les niveaux
de revenus réels et les indices de la pauvreté et de l’inégalité ?
Face à ces interrogations, la recherche vise plusieurs objectifs. Elle évoque tout d’abord, un
objectif général dans le but de répondre à la problématique qui s’inscrit dans une double logique
économique et sociale en examinant le lien possible entre les inégalités de genre dans le travail
la croissance de revenu, la pauvreté et l’inégalité en Côte d’Ivoire. Elle présente ensuite, les
grandes tendances de l’analyse à travers quatre objectifs spécifiques : il s’agira d’analyser,
d’abord comment se repartirait la distribution des revenus si les effets des déterminants de la
participation au marché du travail pour les femmes étaient les même que ceux des hommes ;
ensuite, comment serait la répartition générale des revenus si les effets des déterminants du
statut professionnel pour les femmes sont les mêmes que ceux des hommes ? Par ailleurs,
l’analyse montrera comment se repartirait le revenu entre les hommes et les femmes ayant des
rémunérations égales pour les mêmes caractéristiques observées ? Enfin, comment la
distribution générale des revenus serait si les femmes avaient les mêmes caractéristiques que
les hommes ?
En somme, notre intérêt porte globalement sur l’évaluation de l’impact de chaque aspect
d’inégalité entre les sexes pour expliquer la croissance des revenus et le niveau de la pauvreté
et de l’inégalité en Côte d’Ivoire.
A cet effet, cette thèse est fondée sur l’hypothèse générale qui énonce que chaque aspect
d’inégalité sexospécifique peut avoir un impact différentiel sur la société dans son ensemble en
termes de croissance de revenu des ménages, des niveaux de pauvreté et d’inégalité. Par
conséquent, elle se propose de tester de façon spécifique les hypothèses suivantes :
L’hypothèse 1 stipule que l’augmentation de la participation de la main-d’œuvre féminine
conduirait à la croissance des revenus des ménages, une réduction significative de la pauvreté
et une diminution des inégalités. L’hypothèse 2 met en exergue qu’avec les mêmes probabilités
de statut professionnel entre les hommes et les femmes, la croissance de revenus sera élevée et
les niveaux de pauvreté et d’indice d’inégalité vont baisser. Quant à l’hypothèse 3, une
distribution égalitaire des revenus entre les sexes accroît le revenu des ménages et impacte
positivement sur la pauvreté et les inégalités. Enfin la dernière, avec les mêmes dotations

7
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

caractéristiques entre homme et femme, la croissance des revenus augmenterait mais la


pauvreté et les inégalités baisseront considérablement.

3. Méthodologie
La présente étude est basée sur la méthode de Bourguignon et al. (2001). Nous utilisons un
cadre micro conceptuel et des techniques de micro simulation. Nous simulons la suppression
des différentes inégalités entre les sexes sur le marché du travail et construisons différentes
hypothèses de distribution de revenus du ménage. Ces contrefactuelles distributions de revenu
sont comparées à l’original afin d’estimer l’impact de chaque simulation en terme
d’augmentation des revenus, réduction de la pauvreté et de l’inégalité. Par conséquent, nous
examinons quatre aspects de l’inégalité de genre liée au marché du travail : les différences de
participation au marché du travail, les disparités de statut professionnel, les différences dans les
dotations caractéristiques et les inégalités de revenu.
Cependant, il faut noter que ces exercices de simulation représentent des résultats d’équilibre
partiel et les estimations ne sont pas considérées en équilibre générale. En raison de cette
limitation, les résultats doivent être interprétés comme rugueux, estimation de ce qui se
passerait si les inégalités entre sexe ont été éliminées, pas comme l’équilibre final. En outre,
nos résultats permettent une analyse de l’importance relative de chaque aspect de l’inégalité des
sexes dans l’explication de la croissance des revenus et du niveau de pauvreté.

4. Plan de la thèse

A partir de la problématique et de la méthodologie, deux axes d’analyse de l’inégalité entre


femme et homme, sur le marché, ainsi que leurs liens avec la pauvreté ont pu être dégagés. Le
premier axe consiste à porter le regard sur le cadre général des approches économiques et
théoriques de notre travail. D’où la première partie intitulée, inégalité de genre et pauvreté :
revue théorique et empirique. Cette première partie est structurée en deux chapitres. Nous
effectuons une revue de littérature pour définir la base théorique et le cadre de notre réflexion
(chapitre 1). Ensuite, nous exposons la situation des disparités qui existe entre l’homme et la
femme sur le marché du travail (chapitre 2).
Quant à la deuxième partie, elle présente l’approche méthodologique et économétrique de
l’impact, des inégalités de genre sur le marché du travail sur la pauvreté. Cette partie constituée
également de deux chapitres. Au chapitre 3, l’analyse de l’impact des inégalités entre les sexes
dans la croissance du revenu, la pauvreté et l’inégalité. Ce chapitre met l’accent sur différentes
approches analytiques attachées à la segmentation du marché du travail en lien avec l’écart
8
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

salarial et s’achève par une analyse des méthodes de microsimulation et de la méthode


d’évaluation d’impact. Quant au chapitre 4, il porte sur l’analyse économétrique de quatre
aspects de l’inégalité de genre et de leur impact sur la croissance des revenus, la pauvreté et
l’inégalité. Enfin, une conclusion résume les résultats des analyses et met en évidence leurs
principales implications sur la politique économique de la Côte d’Ivoire.

9
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

PARTIE I :
INEGALITES DE GENRE ET PAUVRETE REVUE
THEORIQUE ET EMPIRIQUE

10
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

INTRODUCTION
La diminution des inégalités est présentée par les nouvelles politiques de croissance comme
une des manières de lutter contre le sous-développement dans les pays pauvres. Elles prennent
en considération la participation des femmes comme acteurs et bénéficiaires dans les approches
du développement. Cependant, la définition même du concept d’inégalités est soumise à de
fortes turbulences théoriques selon que l’on se situe dans une logique de justice distributive ou
compensatoire, ou encore d’un point de vue individuel ou collectif (théories du bien-être,
utilitarisme, théories de la justice, du choix social). En se référant aux inégalités de sexes sur le
marché du travail, deux approches sont théoriquement utilisées : l’approche normative et
l’approche descriptive. L’approche normative (fonction de bien-être social) s’intéresse à la
manière dont les revenus devraient être distribués dans la population tandis que l’approche
descriptive (mesure des inégalités) étudie la manière dont les revenus sont effectivement
repartis dans la population.

Dès lors, la présente partie expose, dans le premier chapitre en trois axes, d’abord, les
fondements conceptuels et théoriques inhérents à l’identification des formes d’inégalité de
genre à partir des théories de la capacité, la justice sociale et l’égalité des chances, ainsi que
leur mesure. Ensuite, se focalise sur les mécanismes qui expliquent les inégalités de sexes sur
le marché du travail par la division sexuelle du travail et la hiérarchie du marché du travail en
mettant en exergue l’évidence empirique de la situation de la femme sur le marché du travail.
Enfin, une troisième section appréhende le fonctionnement et l’évolution du marché du travail
sous l’angle de l’inégalité de genre en révélant les désavantages sexospécifique et les théories
néoclassiques et du capital humain d’une part et d’autre part, celle du signalement et du filtre
qui analysent le fonctionnement interne du marché du travail.

Quant au dernier chapitre de la partie structuré en trois phases, s’intéresse aux différentes
approches de la pauvreté, à sa mesure et à sa dimension sexospécifique dans une approche
focalisée sur la situation des inégalités et de la pauvreté en Côte d’Ivoire. Spécifiquement, une
première phase étudie les différentes dimensions de la pauvreté dans une perspective de genre
et analyse les différentes méthodes de mesure aussi bien quantitative que qualitative de la
pauvreté en prenant en considération la dimension genre. A la suite, la deuxième phase traite la
segmentation du marché, son lien avec le sous-emploi et la pauvreté des femmes. Enfin, la
dernière met en exergue la condition des activités selon le genre.

11
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

CHAPITRE I : INÉGALITÉS DE GENRE ET MARCHE DU TRAVAIL : UNE


REVUE DE LITTÉRATURE

Les forces qui sous-tendent les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail sont
difficiles à démêler et se recouvrent bien souvent. Elles impliquent généralement l’interaction
de facteurs individuels, culturels et institutionnels tels qu’une faible dotation en ressources
humaines, des stéréotypes et discriminations qui sont un frein au développement humain.
L’approche genre et développement constitue donc un nouveau cadre d’analyse du changement
social que produit le développement. Pour E. Hoffmann, « aborder le développement sous
l’angle du genre, c’est admettre que les rapports sociaux de sexe sont déterminants dans tout
processus social et donc dans le développement de toute société. C’est reconnaître que les
identités sexuelles sont très souvent à l’origine de besoins et d’intérêts spécifiques des femmes
et des hommes et c’est agir en tenant compte de cette réalité dans toute initiative visant à
soutenir le développement ».4
Dans ce chapitre, notre réflexion se structure en trois phases. Une première section qui présente
les fondements conceptuels et théoriques inhérents à l’identification des formes d’inégalités de
genre à partir des théories de la capacité, la justice sociale et l’égalité des chances, parallèlement
aux diverses mesures d’inégalité. De ce fait, la mise en lumière des fondements, des inégalités
économiques entre hommes et femmes s’appuiera sur les concepts de genre, d’égalité, et
d’inégalité de genre. Cette description des différences conceptuelles et théoriques amène à
porter le regard sur la source des inégalités subies par les femmes dans les différences de
dotation et de performance observées sur le marché du travail.
La deuxième section se propose de présenter les mécanismes à l’origine des inégalités de
traitement sur le marché du travail. Plus précisément, la division sexuelle du travail en
considérant la hiérarchie du marché du travail et l’évidence empirique de la situation des
femmes sur le marché du travail. Enfin, une troisième section qui appréhende le fonctionnement
et l’évolution du marché du travail sous l’angle de l’inégalité de genre. Aussi, pour mener à
bien cette tâche la section propose-t-elle par le biais de l’analyse des désavantages
sexospécifiques imposés par le marché du travail d’appréhender l’impact des changements
économiques généraux sur la répartition du travail entre les hommes et les femmes. En outre,
de mettre en perspective les différentes théories du fonctionnement interne du marché du travail.

4
Hoffman, E., (2006), « les relations femmes/hommes comme enjeu de développement », in la revue Économie
& Humanisme N°378

12
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Section 1 : Fondements des inégalités entre hommes et femmes

L’inégalité des sexes, sous différentes formes, marque les relations sociales dans presque toutes
les sociétés. L’inégalité est une notion multidimensionnelle, caractérisée par plusieurs
approches et indicateurs. De ce fait, la mise en lumière des fondements, des inégalités
économiques entre hommes et femmes nécessite une meilleure appréhension des concepts de
genre, d’égalité, et d’inégalité de genre. Parallèlement une analyse des concepts et théorie du
marché du travail est menée pour saisir les différents aspects d’inégalités du genre sur le marché
du travail.

1. Genre, égalité et inégalité des genres


La réflexion sur les inégalités entre hommes et femmes nécessite, une analyse poussée des
notions de genre et d’égalité. Les tentatives dans cette direction sont mentionnées dans la sous-
section suivante.

1.1.Genre et égalité
Selon le droit des travailleuses, le terme genre se réfère « aux différences et aux relations
sociales entre les hommes et les femmes » qui sont liées à l’évolution culturelle et sociale d’un
groupe donné à un autre (BIT 2003, p43). Le « genre » d’une personne est donc défini par les
règles, normes, coutumes et pratiques qui expriment les différences biologiques entre les deux
sexes, sous la forme de différences socialement construites entre hommes et femmes. En outre,
l’égalité des genres recouvre, l’égalité substantielle et l’égalité des capacités réelles d’action.
Par exemple, l’égalité substantielle nécessite la prise en compte des dimensions contextuelles
de la vie des hommes et des femmes, ainsi que leur caractéristique respective dans les mesures
d’éradication des injustices sexospécifiques. Par ailleurs, pour l’égalité des capacités réelles
d’action, sa mise en œuvre nécessite une intervention de manière égale entre les femmes et les
hommes dans la prise de décisions stratégiques touchant leur existence et à la détermination des
conditions dans lesquelles ces décisions se prennent.

1.2.Inégalités des genres


D’après Thomas Picketty(2002), « l’inégalité mesure une différence relative de situation
entre individus au regard, soit de la dotation d’un facteur (le capital physique, le capital
humain), soit du revenu, soit de l’accès à certaines prestations (qu’elles soient allouées par le
13
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

marché ou par le secteur public) ». L’inégalité des genres constitue la forme la plus répandue
de désavantage social. Elle regroupe toutes les autres formes d’inégalités, en l’occurrence entre
classes, castes et races. L’inégalité des genres est instituée par les lois et les règlements officiels
de la société, mais aussi par ses normes non écrites et par les stéréotypes, même implicites, qui
la parcourent. Dans la réflexion menée par cette thèse, l’inégalité de genre est appréhendée en
termes d’inégalités entre hommes et femmes. A cet égard, les inégalités entre les sexes reflètent
le renoncement à la contribution de la main d’œuvre féminine au développement économique,
mais aussi à la perte de bénéfice d’années d’investissements dans l’éducation des femmes 5.
Dans ce contexte, plusieurs études macroéconomiques montrent la pertinence des actions visant
l’égalité femmes-hommes, (Morrison et alii ; Amin et alii, 2015). Ainsi, l’égalité entre les sexes
y apparaît comme un puissant facteur de lutte contre la pauvreté, de croissance et de
développement.

2. Historique de l’inégalité de genre : les théories du bien-être social et le féminisme


L’appréhension de l’inégalité du genre et de son évaluation est assez récente dans les
théories économiques. La théorie économique traditionnelle prend en compte la situation des
individus à l’échelle d’une vie, en considérant les situations particulières en termes d’ « utilités
individuelles ». Ainsi, le terme d’utilité a permis de prendre en compte diverses perspectives
comme l’hédonisme (le plaisir) et l’eudémonisme (bonheur) préconisé par Bentham (1789) et
Sidgwick (1874). C’est dans un tel contexte, que le welfarisme évalue les situations
individuelles et collectives à l’aune de leur utilité. Par conséquent, ils décrivent le bien-être
comme la satisfaction d’un désir qui peut être représentée à l’aide d’une mesure monétaire.
Cependant, au début des années 1970, des voix critiques s’élèvent contre la théorie de l’utilité.
Des perspectives contemporaines comme la théorie des préférences révélées ramènent
l’utilitarisme à un principe simple : le comportement des uns et des autres doit faire abstraction
des intérêts individuels, des penchants, préjugés et tabous hérités de la tradition, ainsi que de
tout prétendu « droit naturel », selon la formule de Hutcheson, « le plus grand bonheur du plus
grand nombre. » (Van Paris, 1991, p.32). Une opinion courante sur la quelle est fondée
l’approche dite « des besoins essentiels » critique les critères et le contenu d’une évaluation
adéquate du bien-être individuel des welfaristes, du fait qu’il ne prend en compte que, la notion
de « moyens » (revenu). Cette idée est mise en exergue par l’économiste Sen qui attaque tout

5
Le cadre d’intervention transversal (CIT) sur le Genre 2014-2017

14
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

autant les hypothèses nécessaires au calcul économique que la portée politique de l’utilitarisme.
En effet, l’approche des besoins essentiels intègre en plus des revenus générés par le marché,
différents services essentiels pouvant aider les individus à combler leurs besoins de base. Dès
lors, la satisfaction est considérée comme essentielle à une vie humaine décente : logement ;
santé ; vêtement. Cette approche repose sur les concepts de « capacité » et de « potentialité »
proposé par Amatya Sen, puis approfondis par Dreze et Sen.

2.1 Évolution du genre : les arguments féministes


L’évolution sociale des femmes à travers les âges et les régions du monde s’est faite par
de nombreuses luttes et de révoltes contre les inégalités de divers ordres. Ainsi, comme le notait
Edith thomas en 1848, la nation « se sert des femmes pour la conquête des libertés et des droits,
mais ne veut pas reconnaitre leur créativité dans l’innovation sociale » (thomas, 1948, citée par
Michel, 1979, p 64). C’est dans un tel contexte, que les mouvements des femmes dans les
années 1960, impactent les orientations des premiers programmes de coopération avec un
nouveau concept « le genre ». Par exemple, les historiennes et américaines des sciences sociales
préconisent le concept de « gender » dans leur discipline (Oakiey, 1972). Brièvement, rappelons
que l’approche genre se distingue du sexe qui est déterminé par des caractéristiques biologiques.
Le genre est intimement lié à tous les aspects de la vie économique et sociale, quotidienne des
individus et à ceux de la société. Pour les économistes, comme pour la plupart des spécialistes
des sciences sociales, il s’agit d’un concept qui trouve son origine dans les relations inégalitaires
qui existent entre hommes et femmes d’où la notion de « genre » masculin ou féminin est plus
riche de sens que la notion de sexe (BELL 1996, p590). Par conséquent, le genre est défini
comme un dynamisme d’ordre social : c’est « un puissant outil idéologique qui produit,
reproduit et légitime les choix et les limites qui sont fondés sur les catégories du sexe. »
LANSKY (2000) p.552. En outre, le genre révèle la construction « sociale, historique,
sociologique et culturelle de ce qu’est (ou devrait être) une femme ou un homme, le féminin ou
le masculin » (Borghino, 2003). Pourtant, cette discipline est encore à la recherche de son
identité à cause des différentes phases de son évolution, du manque de consensus sur les
fondements théoriques, des concepts et de la méthode utilisée. A ce propos, l’évolution de
l’appréhension des questions relatives au genre impulsé par le féminisme est traversée par
divers courants de pensée. Ces dernières qui constituent des points de repère utile à la
compréhension de l’évolution des diverses tendances féministes, mettent en évidence trois

15
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

grandes traditions de pensées : le féminisme libéral égalitaire, le féminisme de tradition


marxiste et le féminisme radical.

2.1.1 Féminisme libéral égalitaire


L’anarcha-féminisme ou féminisme libertaire qui combine féminisme et anarchisme
considère la domination des hommes sur les femmes comme l’une des premières manifestations
de la hiérarchie dans nos sociétés. (Locoh et Tichit, 1996). A ce sujet, elles dénoncent diverses
discriminations envers les femmes, sur le lieu de travail, dans la famille, à l’école, dans les
sphères économique, politique et culturelle dues à la domination masculine : (Anker et Hein,
1986 ; Lecuyer, 1995 cité par Locoh et Tichit, 1996). Il demeure donc que les inégalités qui
existent entre les femmes et les hommes sur le marché de l’emploi, ne sont que des cas de
ségrégation résultant de la position subordonnée de la femme dans la société, position
historiquement et culturellement construite. Ces théories féministes reposent sur l’idée générale
selon laquelle la situation subordonnée des femmes sur le marché de l’emploi et celle qu’elles
connaissent au foyer ou dans la famille, sont inséparables et font partie d’un système social
global dans lequel elles se trouvent subordonnées aux hommes. Situation qui met l’homme
comme norme et admet de ce fait, l’existence des spécificités quand il s’agit de traiter le cas
des femmes, sans pour autant lui attribuer un caractère autonome et valable (Strober 1984, Belle
1990, Kanter 1993, Harriman 1996).

Vu ce qui précède, les féministes libérales égalitaires réclament pour les femmes : égalité dans
l’accès à l’éducation, égalité dans le champ du travail en matière d’occupation et de salaires,
égalité dans le champ des lois et égalité politique. En outre, elles se différencient des autres par
l’identification des causes de la subordination des femmes dans la société et par ses stratégies
de changement. Pour preuve, elle croit en la société capitaliste perfectible et en sa capacité de
réforme.

2.1.2 Le féminisme de tradition marxiste et radical


A première vue, les revendications des féminismes marxistes ressemblent à celles
préconisées par les féminismes libérales. Pourtant elles s’en démarquent par son objectif
principal qui est de dévoiler les contradictions du système capitalisme. Pour les marxistes, la
condition de subordination des femmes n’est pas prioritairement due aux préjugés ou aux lois
injustes, mais à la division sexuée du travail instauré par le système capitaliste : aux hommes,

16
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

la production sociale et le travail salarial aux femmes, le travail domestique et maternel gratuit
à la maison hors de la production sociale. De ce fait, « la division sexuelle du travail est à
l’origine de la domination masculine, légitimée par la naturalisation des différences et des
rapports entre sexes » (Bourdieu et passeron, 1990, cité par Locoh et al, 1996 : 2).

Semblablement, ces réflexions développent la pensée selon laquelle, l’oppression des femmes
est due à l’organisation économique du capitalisme. A l’évidence, la discussion théorique sur
les implications du marxisme dans la pensée féministe a permis de critiquer et de poursuivre
l’analyse centrée sur le mode de production et sur les relations de genre. De surcroît, il important
de noter que les marxistes considèrent le féminisme égalitaire comme un mouvement
“individualiste-bourgeois", d’où leur refus de s’inscrire dans la mouvance de ce mouvement.
Pourtant, il ne s’identifie pas non plus au féminisme radical malgré les similitudes existantes.

Le féminisme radical a pour socle, les courants de pensée du féminisme libérale et marxiste.
Ces deux courants de pensée ont été déterminants dans sa formation et dans son évolution
malgré les divergences théoriques qui les opposent. L’émergence de cette pensée radicale s’est
faite à la fin de la décennie 1960 en Europe. Cette pensée comporte plusieurs positions
théoriques qui se subdivisent entre deux pôles. Ainsi, pour le féminisme radical, le système
d’oppression des femmes s’opère par le truchement du patriarcat et du capitalisme. Autrement
dit, c’est le patriarcat qui explique la domination des femmes par les hommes. Il constitue un
véritable système social des sexes, ayant créé deux cultures. D’une part, la culture masculine
dominante et d’autre part, la culture féminine dominée. Ainsi, l’ « ennemi principal » devient
donc le pouvoir des hommes, les hommes comme classe sexuelle6. A cet égard, le féminisme
radical oppose en outre une approche économique « masculine », qui met l’accent sur la
recherche exclusive de l’intérêt personnel et monétaire et sur les stratégies de concurrence, à
une approche économique « féminine », davantage fondée sur des motivations altruistes et qui
intègre des stratégies de coopération (Nelson, 1996). En un tel contexte, l’objectif ultime du
féminisme radical est donc de renverser le patriarcat. La réflexion ne se conduit plus comme
chez les féministes socialistes en termes de dialectique classe/sexe, mais plutôt en termes de
« système social des sexes »7. En somme, toutes ces divergences, au niveau des féminismes
montrent l’importance de la prise en compte du genre dans le fonctionnement de la société.

6
voir MILLET, Kate. La politique du mâle. Paris ; stock, 1971. FIRESTONE, Shulamith. La dialectique du sexe.
Paris, Stock, 1972, ATKINSON, Ti-Grace. Odyssée d’une amazone. Paris, Des femmes, 1975
7
MATHIEU, Nicole- Claude, L’anatomie politique : catégorisation et idéologies du sexe. Paris, Côté-femmes,
1991

17
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.2 Les approches par la capacité


La question de l’amélioration des conditions de vie, par la création de capacité, soulève aussi
bien chez les hommes comme chez les femmes des difficultés. Les caractéristiques
individuelles, le contexte social et l’environnement influencent l’accès égal aux opportunités et
aux ressources.

2.2.1 L’approche de décomposition personnelle


Les hommes sont nés inégaux, quant à leur capacité physique et mentale. Certains
surpassent les autres en matière de santé, de vigueur, en intelligence, en énergie, en
détermination et sont ainsi mieux prédisposés au succès que le reste de l’humanité. Marx parlait
de l’inégalité des dispositions individuelles donc des capacités productives comme des
privilèges naturels’’. Il est ainsi couramment reconnu que des caractéristiques individuelles
observables (comme le capital humain en général), mais aussi inobservables des individus,
influent à la fois sur les décisions de participation à l’activité productive et le niveau de gains
individuels. C’est dans ce contexte, que l’approche de décomposition personnelle met l’accent
sur le rôle, des caractéristiques individuelles et de l’environnement socio-économique dans le
processus de répartition. Or, fondée sur le rôle des forces économiques, l’approche de
décomposition fonctionnelle de l’approche des revenus considère que le processus de la
répartition dépend étroitement de la situation fonctionnelle des agents économiques. La genèse
de cette approche remonte aux travaux de Friedman (1953). Il montre que les différences dans
le capital humain des individus expliquent les inégalités du revenu. Il analyse l’inégalité à
travers la rémunération des facteurs de production, notamment le capital, le travail, la rente, etc.
Atkinson (1997) précise que l’objet de cette approche consiste à appréhender l’impact des
forces économiques sur le bien-être de la population. De ce fait, la pertinence d’une telle
conception fait du niveau de vie de la population un critère fondamental d’évaluation des
politiques socio-économiques ou du système socio-économique.

Pourtant, il est incontestable que le niveau de vie d’un individu, est essentiellement le produit
d’une multitude d’interactions entre les opportunités offertes par la société, sa dotation en
ressources et les décisions individuelles qui exploitent ces opportunités. Par conséquent,
l’inégalité étant une notion multidimensionnelle, l’estimation et l’analyse de ce phénomène ne
peuvent donc se réduire exclusivement à la dimension monétaire. Dès lors, à la lecture des
textes consacrés à l’inégalité nous voyons émerger, l’adoption d’une conception

18
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

multidimensionnelle de l’inégalité fondée sur les approches de l’équité sociale de J. Rawls et


A. Sen.

2.2.2 L’égalité dans les rapports sociaux : justice sociale et égalité de


chance
Afin d’éclairer pleinement la portée des égalités dans les rapports sociaux, nous proposons
deux théories plus complémentaires qu’opposées. Il s’agit des théories de la justice d’une part,
particulièrement celle de John Rawls (1971), dont l’objectif est d’élaborer de justes principes
de répartition définis dans le cadre d’un contrat social et d’autre part, de l’approche par les
capabilités développée par Amatyar Sen. Ce choix théorique se fonde sur le fait que, de prime
abord, Rawls constitue le point de départ commun, à de nombreuses théories politiques
élaborées dans une lecture critique de l’utilitarisme, à travers une théorie de la justice. En guise
d’illustration, l’émergence des théories d’auteurs comme Robert Nozick, Ronald Dworkin ou
David Gauthier. Quant à Amatyar Sen, il propose une théorie plus pragmatique de la justice,
qui met en lumière les outils capables de caractériser et d’évaluer les formes effectives
d’injustice. Ces deux approches, l’équité sociale de J. Rawls (1971) et de capabilités A. Sen
(2000) permet de cerner en partie les péripéties de la question des inégalités entre hommes et
femmes. A de nombreux égards, la justice sociale est une construction morale et politique qui
vise à l'égalité des droits et à la solidarité collective. Dès lors, le concept d’inégalité sociale
désigne les différents traitements qui peuvent avantager une classe sociale, un groupe ou un
individu par rapport à d'autres et qui établissent des hiérarchies sociales. Aussi, la perspective
de John Rawls, fondateur de la théorie de la justice sociale (1971), loin des considérations
welfaristes dénonce-t-elle l’agrégation des utilités. Pour Rawls, même si elle permet d’attribuer
un poids égal à tous les individus, n’en conduit pas moins à occulter toute information
concernant la répartition du bien-être. L’auteur focalise donc ses travaux sur la distribution
entre les personnes et structure sa réflexion autour d’une plaidoirie en faveur de l’équité
sociale8. Dans cette perspective, il énonce qu’une augmentation des inégalités peut être juste si
elle est nécessaire à l’amélioration du sort du plus défavorisé "le Maximin".

8
L’équité sociale de Rawls a pour socle, l’impartialité et l’universalité basé sur les principes de justices qui
régissent le fonctionnement de base de la société, choisis par des individus raisonnables et rationnels, placé dans
une situation originelle, sous un voile d’ignorance, cf, Rawls (1971) et (1993).

19
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Ainsi, dans son ouvrage majeur Théorie de la justice de 1971, le libéral John Rawls écrit qu'une
société est juste si elle respecte trois principes9, dans l'ordre : 1) garantie des libertés de base
égales pour tous ; 2) égalité des chances ; 3) maintien les seules inégalités qui profitent aux plus
défavorisés. Il énonce le "principe de différence" (ou maximin) en spécifiant que l'optimum de
justice sociale était atteint quand la situation des populations les plus défavorisées était la
meilleure possible. Il convient de préciser, que cette ligne philosophique (Rawls, 1971) a
cependant deux limites :

- L’accent mis sur la responsabilité individuelle peut être source de dérives (les pauvres
responsables de leur état) ;

- La définition précise, d’indicateurs de ressources ou d’opportunités s’avère difficile (quelle


pondération pour les biens premiers ?).

Certains auteurs à sa suite évoquent qu’une solution à ces difficultés consiste à évaluer les
situations individuelles en considérant les avantages et les handicaps comme ressources
internes, puis à les agréger avec les ressources externes afin de parvenir à un indicateur unique
(Dworkin, 1981, 2000).

Cependant, cette solution connaît elle-même deux limites ayant trait à la valorisation des
ressources internes d’une part, et à l’établissement d’une frontière entre ressources internes et
préférences, d’autre part. Par conséquent, bien que les limites de la théorie de la justice sociale
ait soulevé des commentaires intéressants dont celui de Dworkin, le prolongement de la théorie
de la « justice comme équité » adopte une évaluation plus large. Les inégalités en termes de
capacités et d’opportunités incorporant, en plus des indicateurs monétaires et subjectifs, des
variables d’accessibilité aux « biens premiers », notamment l’éducation et la santé de base (Sen,
1992 ; d’Arneson, 1989, 1990 ; Cohen, 1989). L’auteur Amartya Sen, dans Repenser l'inégalité,
considère que l'inégalité est en partie liée à des différences de capabilité. Ainsi la définition
qu'il donne de la capabilité est la possibilité pour un individu de réaliser ses buts et de choisir
la vie qu'il veut mener. Le concept de capabilité semble donc surtout destiné à penser l’inégalité

9
Les libertés de base pour tous, regroupent pour Rawls, les libertés politiques, la liberté de pensée et de conscience.
Elles prennent en compte aussi les libertés de la personne qui comportent la protection à l’égard de l’oppression
psychologique et de l’agression physique ; le droit de propriété personnelle la protection à l’égard de l’arrestation
et de l’emprisonnement arbitraire (Rawls, 1972, p.92). L’égalité des chances (les biens premiers) sont constitués
par les droits, les libertés et les possibilités offertes à chacun. Le revenu et la richesse sont ensuite distribués selon
le principe, dit de différence, de façon à améliorer d’abord le sort du plus mal loti.

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

et la pauvreté, à effectuer des comparaisons interpersonnelles et à mesurer le bien-être. Or, la


nature fait que les capabilités sont inégales suivant l'endroit où nous naissons, notre sexe, notre
hérédité, nos aptitudes et nos handicaps, notre environnement, etc. Ces inégalités s'ajoutent aux
inégalités de ressources, ce qu'Amartya Sen qualifie d'inégalités en biens premiers. Ainsi, une
égalité de revenu ou de capabilité ne nous permet pas d'avoir les mêmes capacités d'atteindre
nos objectifs. A cet égard, même à revenu égal, une femme dans certaines sociétés aura des
possibilités de se réaliser inférieure à celle d'un homme, ou encore une personne vivant dans un
environnement culturellement pauvre ne réalisera pas ses fins aussi facilement qu'une personne
se développant dans un milieu lettré.

De ce fait, la pauvreté n’est plus une simple question de possession matérielle mais une notion
bien plus vaste qui comprend la capacité à pouvoir jouir des libertés élémentaires, dans la vie
sociale (Jacquet, L. Jaunaux, C. de Boissieu et J. Sgard, 2004 ; Prévost, 2011). L’approche par
les capabilités offre donc, un cadre d’analyse élargie permettant d’appréhender la
problématique complexe des inégalités au-delà des phénomènes monétaires et des situations
individuelles. Il en résulte, par conséquent, qu’à travers ces approches, l’inégalité sur le marché
du travail ne se définit pas exclusivement en termes monétaires, mais également en termes de
défauts d’opportunités ou de libertés permettant à un individu de mener le style de vie qu’il
souhaite (Stewart, 1995 ; Sen, 2000). Dans cette perspective, il s’agit donc de mettre l’emphase
sur l’accessibilité aux biens premiers et les capabilités des individus, dans un contexte marqué
par les inégalités en termes de dotations, de potentialités et de chances (Jacquet, L. Jaunaux, C.
de Boissieu et J. Sgard, 2004 ; Prévost, 2011). Autrement dit, mettre en lumière l’égalité des
chances, enjeux de la capabilité qui tiennent compte des opportunités offertes à chacun, en ayant
une chance équitable sur le marché du travail.

A ce sujet, le concept « égalité des chances » est issu des travaux de John Rawls en
philosophie politique et des économistes Amartya Sen et John Roemer. Selon Rawls (1971),
les positions ne doivent pas être ouvertes à tous en un sens formel, mais tous les hommes et
femmes, devraient avoir une chance équitable d’y parvenir. La notion d’égalité de chance se
réfère donc aux opportunités offertes à chacun, sur le marché du travail et répond à un critère
d’efficacité économique, comme le souligne le rapport sur le développement de la banque
mondiale de 2006. L’égalité des chances se conçoit donc comme une répartition égale du travail
rémunéré et non rémunéré, et se rapporte à la situation des femmes sur le marché du travail. De
plus, l’OIT en a fait son cheval de bataille pour permettre une meilleure allocation du capital
humain, à savoir là où ses rendements sont les plus élevés. Dans ce contexte, plusieurs

21
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

indicateurs sont émis comme référence pour évaluer l’efficacité d’une politique économique.
Selon Plantenga et Hansen (1999), on distingue d’abord, l’accessibilité au marché du travail,
évaluée par le taux d’emploi des femmes par rapport à celui des hommes et le taux d’emploi
des mères de jeunes enfants d’au plus 7 ans, par rapport aux hommes. Ensuite, la concentration
des femmes dans les postes élevés par rapport à celui des hommes, et l’écart des salaires entre
sexes, mesurant la ségrégation verticale et les différentiels de rémunération, entre hommes et
femmes. Enfin, le taux des femmes gagnant moins de 50 % du revenu médian national par
rapport aux hommes pour estimer le pouvoir économique de chacun, et l’inégalité entre
hommes et femmes pour le temps non rémunéré consacré à la garde d’enfants. En somme, ces
indicateurs prennent en compte plusieurs dimensions de l’égalité.

2.3 Survey de différentes mesures ou indicateurs d’inégalités


La mesure des inégalités est un sujet très vaste qui fait l’objet de beaucoup de recherche,
principalement depuis les années 1970. Des lors, « les mesures des inégalités dans la littérature
économique se fondent sur deux aspects. Le premier aspect dans un sens objectif cherche à
appréhender l’étendue de l’inégalité en usant de mesures statistique de la variation relative du
revenu. Le second quant à lui mesure l’inégalité dans le sens de l’éthique » (Sen, 1973.p.2).
Nous proposons donc pour une meilleure compréhension des indicateurs d’inégalité, celle basée
sur l’aspect quantitatif : indice de Gini, de Theil et de Hoover. Puis à la suite, les indicateurs
qualitatifs des inégalités.

2.3.1 Mesure quantitative de l’inégalité des revenus


Mesurer les inégalités revient à analyser, la structure de distribution d’une série statistique
de revenu, ou de patrimoine (dotation en capital physique ou humain) dans une population. Par
conséquent, l’utilisation d’un ensemble d’indicateurs de dispersion et de concentration d’une
série est nécessaire afin d’évaluer l’impact des politiques sociales et économiques

2.3.1.1 Les mesures d’inégalités relatives


Il existe de nombreuses mesures d’inégalité différentes. Pourtant, les mesures relatives sont
les plus répandues dans la pratique. La plus célèbre et la plus utilisée est le coefficient de Gini
(Gini, 1912). L'indice (ou coefficient) de Gini, du nom du statisticien italien Corrado Gini est
un indicateur synthétique d'inégalités de salaire (de revenus, de niveaux de vie.). Il tient compte

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

de tous les individus qui composent la population. L’indice de Gini varie entre 0 et 1. Il est égal
à 0 dans une situation d'égalité parfaite où tous les salaires, (les revenus et les niveaux de vie)
seraient égaux. A l'autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible,
celle où tous les salaires (les revenus, les niveaux de vie...) sauf un serait nul, (une personne a
tout le revenu, les autres n’ont rien). Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice
de Gini est élevé. L’intérêt de l’indice de Gini est qu’on peut le décomposer.

Indice de Gini (cas continu)

1
G = 1-2 ∫0 𝐿(𝛼)𝑑𝛼 (1)

Indice de Gini (population finie)

2 𝑁+1 𝑁2 ∑ 𝐾Є∪ ∑ ⍴ Є ∪ |𝑌𝑘−𝑌⍴ |


G= ∑𝐾Є∪ 𝐾𝑦(𝐾) − = 2ӯ
(2)
𝑁𝑌 𝑁

Ainsi, au numérateur nous avons la moyenne des écarts absolus entre les revenus pris deux à
deux. L’indice de Gini, est une mesure relative quoique son numérateur soit une mesure absolue
d’inégalité.
L’indice de Theil (1967), quant à lui, est un indice de mesure d’inégalité fondé sur l’entropie
de Shannon. Il possède la propriété d’être décomposable suivant un critère de stratification
donné, et ce plus aisément que l’indice de Gini. Aussi, cette décomposition permet-elle de
calculer la part des inégalités expliquées par le critère retenu (inégalité « inter ») et la part de
l’inégalité résiduelle (inégalité « intra »). L’indice de Theil est par ailleurs utilisé pour sa faculté
de décomposition additive en sous-groupes. Ainsi, un indice de 0 indique une égalité absolue.
- Indice de Theil
𝑦𝑘 𝑁𝑦𝑘
GEφ = T= ∑𝑘Є∪ 𝑙𝑜𝑔 (3)
𝑌 𝑌
Cependant, l’indice de Hoover est le plus simple de tous les indices de mesure d’inégalité de
revenu. Il mesure la quantité de ressource qu’il faudrait transférer d’un individu à l’autre, pour
aboutir à une répartition parfaitement égalitaire. A cet égard, il est égal à la portion du revenu
de la population totale qui devrait être redistribuée. Notamment, la portion qui doit être prise à
la partie la plus riche de la population (revenus supérieurs à la moyenne) pour qu’il y ait une
égalité parfaite (chacun ayant pour revenu, le revenu moyen). Il s’écrit, en notant f la proportion
de la ressource totale détenue par un individu, et fm la proportion moyenne de la ressource
totale détenue par un individu :

Indice de Hoover = 1/2∑( 𝑓𝑖 − 𝑓𝑚) (4)

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Venons-en maintenant à, l’indice d’Atkinson (1970) et de Zenga (2007). L’indice d’Atkinson


est construit à partir de la notion de fonction d’utilité sociale. Le paramètre Є se définit comme
un paramètre d’aversion aux inégalités. Par conséquent, plus la valeur choisie pour Є est grande,
plus l’indice est sensible aux inégalités. Dans la pratique, on utilise des valeurs de Є entre 0.5
et 1.5. Concernant la nouvelle mesure d’inégalité proposée par Zenga, comme l’indice de Gini
elle prend une valeur entre 0 et1. En somme, un indicateur d’inégalités est mieux apprécié s’il
est décomposable. Par ailleurs, deux types de décomposition, en sous-groupes, partition de la
population (âge, région, sexe) et par source de revenus, partition du revenu (salaire, rente)
permet d’avoir une vue plus détaillée de l’inégalité (Bourguignon, 1979 ; Shorrocks, 1980).
Cependant, ces indicateurs quantitatifs ne saisissant qu’une dimension du bien-être au sens
économique et ne coïncide pas avec la perception subjective des inégalités par les acteurs
sociaux. De ce fait, pour mieux appréhender les inégalités dans l’économie, la présentation
d’indicateurs de mesure qualitative est nécessaire.

2.3.1.2 Mesure qualitative de l’inégalité des revenus


Les indicateurs qualitatifs, non chiffrés, peuvent décrire des « faits porteurs d’avenir » que
les statistiques ne sont pas encore aptes à saisir. Dans cette perspective, ils complètent utilement
les indicateurs quantitatifs, pour apprécier les inégalités et les discriminations. De plus, ces
mesures qualitatives sont constituées, d’indicateurs synthétiques, composites et de batteries
d’indicateurs. Tout d’abord, on a les indicateurs synthétiques qui présentent sous la forme d’une
valeur unique, un ensemble de grandeurs élémentaires. Ensuite, les batteries d’indicateurs,
parfois regroupés dans des tableaux de bord qui présentent les avantages et inconvénients des
inégalités. Ils décrivent des réalités considérées comme diverses, qu’on ne peut ou ne veut
agréger pour calculer un chiffre unique. Enfin, les indicateurs composites, intermédiaires entre
les indicateurs synthétiques et les batteries d’indicateurs. L’indicateur composite offre aux
utilisateurs la possibilité de pondérer les séries élémentaires selon les priorités qu’il accorde à
tel ou tel aspect de la réalité sociale. A l’évidence, les indicateurs d’inégalités de revenus
peuvent permettre de révéler les disparités de revenus entre les sexes. Cependant, cela ne
constituant pas la seule disparité entre les sexes il est judicieux de mettre en exergue la division
sexuelle du travail pour mieux expliciter les principales formes de différenciation entre les
hommes et les femmes, qu’il s’agisse du statut dans le travail ou de la nature de l’activité.

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Section 2 : Les explications des inégalités de genre sur le marché du travail

La présence croissante des femmes dans l’emploi rémunéré et l’accroissement de leur part du
marché du travail n’ont pas éradiqué les inégalités entre les genres. Il faut noter que,
historiquement les hommes et les femmes ont été cantonnés dans des secteurs distincts de la
société. Dans ce cadre, les hommes occupaient un emploi et recevaient un salaire alors que les
femmes exécutaient un travail de reproduction non rémunéré, incluant la maternité et
l’éducation des enfants, les soins aux personnes malades ou dépendantes, le travail domestique
et la vie communautaire.

Ainsi, l’enjeu de la division du travail basé sur le sexe au sein des activités constitue le point de
départ de toute analyse économique soucieuse de la problématique hommes–femmes. A ce
sujet, les différents aspects d’analyse de la division sexuelle du travail sont de trois ordres. Au
niveau « macroéconomique », l’examen de la division du travail selon le sexe identifie les
secteurs productifs marchands et les secteurs reproductifs. Ensuite au niveau « méso-
économique », l’analyse s’intéresse aux institutions et cadres responsables de la répartition des
ressources, la prestation des services publics et du fonctionnement des marchés du travail des
produits de base et autres. Enfin, l’analyse au niveau « microéconomique » permet une analyse
approfondie de la division du travail, des ressources et de la prise de décisions selon le sexe, en
particulier au sein du ménage (UNICEF, 2011). Cette section se propose par le biais de l’analyse
micro économique de la division sexuelle du travail de mettre en lumière les principales formes
de différenciation entre les hommes et les femmes, qu’il s’agisse du statut dans le travail ou de
la nature de l’activité.

1- La division sexuelle du travail et hiérarchie du marché du travail

Le marché du travail repose sur le fonctionnement et la dynamique des organisations dans


lesquelles subsistent des représentations bien incrustées de professions considérées comme
masculines (socialement plus valorisées, mieux rémunérées avec des activités techniques) et de
professions considérées comme féminines (socialement moins valorisées, rémunérations plus
basses avec des activités relationnelles) (Amâncio, 1992 ; Casaca,2010 ; Cerdeira, 2009 ;
Ferreira, 2010a ; Kergoat, 2000 et 2005 ; Teiger et Vouillot, 2013). Cette division du travail
explique donc en partie l’écart de salaire entre hommes et femmes et la situation des femmes
dans l’emploi.
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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.1 L’analyse classique de la division du travail


Des approches préclassiques au néoclassique, la division du travail est la répartition du travail
entre des individus ou des groupes spécialisés dans des tâches différentes et complémentaires.
Elle peut être envisagée, de façon très large au sein de la société ou de façon plus étroite au sein
de la sphère économique.

1.1.1 Approche préclassique de la division du travail


La division du travail a pour but d’arriver à produire plus et mieux avec le même effort. Elle
permet de réduire le nombre d’objets sur lesquels l’attention et l’effort doivent se porter. Elle
ne s’applique pas seulement aux besognes techniques, mais à tous les travaux qui mettent en
jeu un nombre plus ou moins élevé de personnes. Son point de départ se situe dans l’ouvrage
d’Adam Smith, Inquiry Into the Nature and Cause of Wealth of Nations-1976, qui représente
une référence fondamentale du concept de la division du travail.

À cet égard, Smith expose dans ses écrits, que la division du travail inclus trois caractéristiques.
En premier lieu, la simplification des tâches individuelles qui facilite l’apprentissage.
Deuxièmement, l’intensification du travail en supprimant les temps morts. Et en dernier, la
division du travail stimule le progrès technique en incitant chaque opérateur à introduire des
innovations pour améliorer ses conditions de travail, et permettre l’utilisation de machine de
plus en plus efficace. C’est dans ce cadre que, Smith prône que la richesse des nations vient
toujours du travail productif, et qu’une nation va être d’autant plus riche que les hommes qui y
travaillent sont nombreux. A ce sujet, sa vision est utilitariste, c’est-à-dire l’homme cherche à
maximiser son utilité par les échanges.

1.1.2 Approche néo-classique de la division du travail


À l’instar des théories de Smith, d’autres auteurs comme Becker (1981) analysent le ménage
comme une unité de production. Il étend la vision des échanges commerciaux aux relations au
sein du couple. Dans ce contexte, le ménage alloue entre ses membres le temps total consacré
à l’activité marchande et non marchande. A ce titre, chaque agent a intérêt à se spécialiser dans
une seule activité où il accumule des compétences et les utilise de façon exclusive. En d’autres
termes, les hommes et les femmes se spécialisent dans l’une de ces deux activités, c’est à dire
là où ils ont des avantages comparatifs.

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Par ailleurs, la spécialisation sera d’autant plus avantageuse, s’il existe entre les deux membres
du ménage un différentiel initial de productivité. Il est aussi judicieux de souligner que les
raisons de l’avantage de la spécialisation dans ce cadre de raisonnement, tiennent de la réflexion
des rendements croissants des investissements en capital humain. Ainsi, le modèle explicatif
proposé par BECKER met l’accent sur les facteurs économiques (coût d’opportunité lié aux
différentes dotations de capital humain). Dès lors, on peut avancer que ce sont les rendements
croissants de l’investissement en capital humain en fonction de sa durée d’utilisation qui
fondent l’optimalité de la division du travail. Pourtant rien n’indique qu’elle doit être sexuée.

Dans cette optique, l’importance des normes et des rôles sociaux, ignorés par l’approche Becker
a été soulignée par divers auteurs. En guise d’illustration, l’étude faite sur le Pakistan par
Fafchamps et Quisumbing (2003). Selon ces auteurs, si les femmes se spécialisent dans les
activités domestiques et les hommes dans les activités orientées vers le marché, c’est en raison
des normes sociales et des rôles déterminés et non en raison des facteurs économiques. Sinon,
on pourrait dire que dans un monde sans discrimination, « les maris seraient spécialisés dans le
travail domestique et les épouses dans les activités marchandes, et ce pour la moitié des couples,
l’inverse étant vrai pour l’autre moitié ». La lecture de ces positions équivoques, permet
d’opposer la réflexion de la division du travail néoclassique à celle de la division sexuelle du
travail qui émane principalement du domaine des sciences sociales.

1.2 Evolution des rapports sociaux de sexes : la division sexuelle du travail


Selon C. Moser (1993), chaque individu, femme ou homme, remplit trois rôles dans la société.
D’abord, le rôle productif constitué du travail exécuté et rémunéré. Ensuite le rôle reproductif
qui concerne la responsabilité de mettre au monde et d’élever des enfants ainsi que le soin et
l’entretien de la force de travail (mari et enfants en âge actif). Enfin, le rôle communautaire qui
met en évidence, le rôle dans la société en tant que citoyen qui est assumé par l’Etat, les pouvoirs
publics et les groupements. Pourtant, d’une façon générale les travaux féminins et masculins,
semblent séparés dans toutes les sociétés.
A ce propos, la division sexuée du travail est une forme de division du travail social, résultant
des rapports sociaux entre les sexes établis sur la base d’un postulat d’assignation prioritaire
des hommes à la sphère productive et des femmes à la sphère reproductive. De ce cadre, une
préférence pour la captation des hommes est faite pour les fonctions à forte valeur ajoutée
(politique, religieuse, militaire etc.). De plus, la division du travail entre les hommes et les
femmes, le type de travail accomplit par chacun des genres, l’accès, le contrôle des ressources,
27
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

et bénéfice influencent et modifient les rapports sociaux. Dès lors, la division du travail qui
provient des techniques et des hiérarchies sociales, loin de refléter des relations de
complémentarités naturelles entre hommes et femmes, est un lieu privilégié d’expression des
rapports. En guise d’illustration, il a été développé pour démontrer que tout comme les classes
sociales, l’asservissement des femmes est bien le produit de rapports historiques et sociaux et
non pas des faits naturels (Delphy, 2013a).

1.2.1. Les principes organisateurs de la division sociale du travail


Dans le contexte ci-dessus décrit, quand bien même les femmes sont présentes sur le marché
du travail, les activités qu’elles exercent ne constituent très souvent, qu’une extension des
activités domestiques, d’où leur caractère précaire et sous-estimé et in fine leur faible
rémunération (Boserup 1970, Evenson 1963, Lele 1986). En d’autres termes, la distribution des
hommes et des femmes dans les différentes professions part de la division sexuelle du travail,
légitimée par la naturalisation des différences et des rapports entre sexes comme le stipulent les
auteurs féministes (Bourdieu et Passeron, 1990, cité par Locoh et al. ,1996 :2). Par conséquent,
la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes est tributaire de la question de la
division sexuelle du travail.
A ce propos, la division sociale du travail (sexuelle) a deux principes organisateurs : le principe
de séparation (il y a des travaux d’hommes et des travaux de femmes) et le principe hiérarchique
(un travail d’homme « vaut » plus qu’un travail de femmes). Ces principes sont valables pour
toutes les sociétés et sont connus dans le temps et dans l’espace. A partir de ces principes, dans
la plupart des régions du monde, les hommes et les femmes ne jouent pas le même rôle dans
l’économie. La division du travail reste sexuée et varie considérablement d’une région à l’autre
dans la gestion des ressources naturelles, soins aux enfants et à la famille. Allant dans ce sens,
par leur analyse historique et matérialiste de la mixité, Corinne Chaponnière et Martine
Chaponnière démontrent l’exclusion structurelle des femmes de différents lieux de pouvoir et
de travail en lien direct avec la division du travail (2006). Ainsi, les rapports sociaux qui
structurent les relations entre les individus « se produisent, se reproduisent et se transforment
sans cesse » (pfefferkorn, 2012, p 126). Pour tout dire, les hommes et les femmes sont très loin
de bénéficier d’un accès égal aux ressources qui leur sont nécessaires pour s’acquitter de leurs
responsabilités.

28
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.2 Situation des femmes et l’approche de l’action sociale


L’analyse des principes de la division du travail a « permis de démontrer qu’il y’avait un rapport
social spécifique entre les sexes » (kergoat, 2012 a, p 102)
En effet, les rapports sociaux de sexe ancré matériellement dans la division sexuelle de travail
agissent comme des rapports de domination afin de maintenir le pouvoir d’un groupe sur l’autre
et ont pour conséquences d’assurer la reproduction des inégalités sexuelles. Par ailleurs, ces
pratiques de dominations selon plusieurs auteurs entrainent des impacts négatif au niveau des
femmes ; la création d’un sentiment d’infériorité, la démobilisation et des tensions internes
(Beauzamy Kruzynski 2004 et2005 ; Dagenais Guertin, 2010 ; Fillieule et Roux, 2009).
Dès lors, selon la critique de ces auteurs, la politique libérale qui a pour fondement les rapports
sociaux de classe ne représente pas une option valable pour la mise en place d’une
transformation sociale menant à une meilleure redistribution de la richesse et des revenus.
L’argumentaire qu’ils présentent est que « l’Etat néolibéral est l’Etat qui voit dans la forme
marchande l’accomplissement du destin de l’humanité qui œuvre à nous enfermer dans cette
destinée désastreuse » (Hurteau, 2012 : 29). A cela, il faut rajouter que l’élite économique et
politique est majoritairement composée d’hommes qui cherchent surtout à maintenir leurs
privilèges (Braedley et Luxton, 2010).
De ce fait, ils prônent l’action sociale comme étant l’approche la plus adaptée par son aspect
critique des fondements du néolibéralisme pour répondre aux inégalités de sexes sur le marché
du travail. (Young, 2011 [200 1] ; Pelchat, 2010, Shragge, 2006 ; Hanley, Kruzynski et Shragge,
2013 ; Gaudreau, 2011). En outre, l’objectif principal poursuivi par l’action sociale est le
changement social prônant la réduction des inégalités sociales dues à la pauvreté, au racisme et
au sexisme (Shragge 2006). Selon cette méthode, l’émancipation individuelle vient avec la
transformation collective. Il s’agit d’une vision politique qui vise à redonner aux individus un
pouvoir de changement sur leur propre vie, ainsi que sur la société dans son ensemble.
Cette littérature aux problématiques essentiellement centrées sur la division sexuelle du travail
et plus particulièrement sur les rapports de domination, nous conduit à l’analyse empirique du
rôle des femmes sur le marché du travail.

2. Le rôle des femmes sur le marché du travail : évidence empirique


La situation réelle des femmes est hétérogène dans le temps et dans l’espace, par
conséquent la mise en évidence de leur condition est une entreprise délicate. Dans cette
perspective, la plupart des investigations empiriques tentent de mettre en évidence l’inégalité
entre hommes et femmes sur le marché du travail (Boserup, 1970 ; Hartman, 1976 ; Evenson

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1983 ; Anker & hein, 1986 ; etc.). Ces inégalités prennent différentes formes : la nature des
emplois occupés, les différences de revenu, les conditions de travail autres que le revenu, les
possibilités de carrière, etc. En dépit donc d’une longue histoire de politique d’égalité des
chances, ces recherches trouvent suffisamment de preuves pour soutenir que la participation au
marché du travail et la répartition professionnelle des femmes ne ressemble pas à celles de leurs
homologues masculins. Les marchés du travail continuent d’être caractérisés par la ségrégation
horizontale et verticale. Par conséquent, l’analyse des inégalités entre les femmes et les hommes
ne peut donc être réduite à un seul aspect ; elle est nécessairement multidimensionnelle. Ainsi,
dans les pays nordiques et anglo-saxons, les études sur les femmes se croisent avec les analyses
critiques de la coopération au développement. En effet, dès 1970, l’économiste danoise Ester
Boserup, dans son ouvrage « Women’s Role in Economic Development », se penche sur le
travail des paysannes africaines, asiatiques et latino-américaines et met en lumière les effets
négatifs et la dévalorisation de leur statut introduit par le colonialisme et les politiques de
modernisation. Ce travail a contribué à la prise de conscience, dans le monde de la coopération,
de l’invisibilité des paysannes dans le tiers monde.

Par ailleurs, plusieurs études ont montré que les marchés du travail africain sont compartimentés
en segments dans lesquels les structures et mécanismes en matière de salaires, de perspectives
professionnelles et de sécurité de l’emploi diffèrent (Brilleau, Roubaud et Torelli 2005). Il est
alors essentiel de comprendre ce qui détermine l’accès aux différents segments du marché. En
outre, des études récentes ont présenté la preuve que les femmes dans le monde sont plus
engagées dans le travail domestique que les hommes. Leur grande participation, dans le travail
non salarié (inférieure participation au marché du travail) conduit à diminuer leur capacité à
générer des revenus et à susciter une plus grande dépendance des hommes.

A cet effet, Herrera et Torelli (2010) montrent pour 11 villes de la Communauté économique
des États africains, que l’habituel travail «invisible» représente près d'un tiers des heures
travaillées. Par ailleurs, les auteurs montrent que les femmes travaillent plus d'heures au total
que les hommes, mais aussi qu'elles consacrent une part plus importante aux travaux
domestiques. Par conséquent, elles sont soumises à des contraintes quant à l’accès au marché
de l’emploi ainsi qu’à la promotion professionnelle. Elles continuent d’occuper des fonctions
moindres, à percevoir des salaires plus bas et à avoir moins d’opportunités de promotion.
(Nations Unies, The World’s Women 1995: Trends and Statistics, Sale numéro E.95.XVII.2,
New York, 1995). C’est dans cette optique que Papola (1986), dans une étude en Inde, conclut

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

que les femmes sont dans une position défavorable sur le marché du travail en raison de la
discrimination qu’elles subissent. L’auteur attribue la mauvaise posture des femmes à des
facteurs sociaux et économiques fortement enracinés dans les mœurs qui tendent à restreindre
la demande et l’offre du travail féminin. House (1986) aboutit au même constat dans une étude
effectuée en Chypre. Il remarque que le marché du travail n’est pas seulement segmenté en
secteur public et secteur privé, mais également par sexe. Par conséquent la dévalorisation du
travail des femmes est liée à la division sexuelle du travail. Dans ce même ordre d’idée, Meda
(2001)10 met l’accent sur une déspécialisation des rôles et un partage plus équitable des tâches
domestiques entre les femmes et les hommes. Il est à noter qu’en plus de toute cette
discrimination, il existe une absence de synergie entre les structures publiques des secteurs
d’activité et une inadéquation entre la formation et l’emploi dans plusieurs pays.

Par ailleurs en Afrique, les résultats des travaux effectués mettent en exergue l’accès limité des
femmes à l’emploi salarié. Elles montrent que leur absorption dans le secteur formel est en
baisse en termes relatifs, alors que leur absorption dans le secteur informel est croissante. Elles
sont occupées pour la plupart dans l’auto emploi et les micros et petites entreprises très souvent
dans le secteur informel. Cependant cette augmentation n’est pas allée de pair avec une
amélioration correspondante de la qualité des emplois auxquels elles ont accès. Le revenu des
femmes est faible à presque chaque niveau d’éducation. Les auteurs s’entendent donc sur
l’existence d’une discrimination des femmes en matière d’embauche dans le secteur de l’emploi
salarié. C’est dans ce cadre que les auteurs Glick et Sanh (1997) se référant aux études faites
par Peil (1921), Di Domenico (1983) et Date Bah (1986), affirme: « dans diffèrents pays de
l’Afrique de l’Ouest, les employeurs sont très peu portés à recruter des femmes et lorsqu’ils le
font c’est surtout pour les emplois typiquement féminins pour lesquels les salaires sont bas et
les perspectives de promotion sont limitées ». En outre, dans le cadre d’étude qu’ils ont eux-
mêmes réalisé en Guinée, ces auteurs observent une plus faible probabilité d’accès aux emplois
salariés des secteurs public et privé pour les femmes quoique possédant les mêmes
caractéristiques que les hommes (le niveau d’instruction par exemple).

Par ailleurs, quand bien même, elles arrivent à surmonter ces obstacles, une barrière invisible
les empêche d’évoluer. A cet effet, les auteurs Morisson, White et Van Velsor (1992,68)
démontrent le « plafonnement » des femmes à un certain niveau hiérarchique et précisent qu’il
y a une barrière transparente ou invisible qui empêche la femme d’évoluer, au-delà d’un certain

10
MEDA D, 2001, « le temps des femmes, pour un nouveau partage des rôles », Editions Flammarion ; cf.
L’étude de l’INSEE Enquête Emploi du temps de 1998-1999

31
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

palier, dans la hiérarchie organisationnelle. En ce qui concerne la rémunération du travail,


certaines études comme celles de Milne et Neitzert (1994) au kenya et de glick et Sahn (1997)
en guinée ont révélé l’existence d’inégalité entre hommes et femmes. C’est le cas des femmes
qui sont surreprésentées dans les travaux moins rémunérés, de moindre prestige et de plus petite
productivité, même lorsqu’elles ont un niveau d’éducation équivalent à celui de leurs pairs
masculins. En somme, après ces investigations empiriques qui tentent de mettre en évidence
l’inégalité entre hommes et femmes sur le marché du travail, nous passons à la troisième section
de ce chapitre.

Section 3 : Le fonctionnement et l’évolution du marché du travail sous l’angle de


l’inégalité de genre
Les inégalités subies par les femmes sont-elles dues aux différences de dotation/actif
(éducation, capital, etc.) ou à des différences de performances observées sur le marché du
travail ? Dans cette troisième section, il s’agit de présenter les mécanismes à l’origine des
inégalités de traitement sur le marché du travail. Ainsi, il est judicieux de mettre en exergue
d’une part, les désavantages sexospécifique imposés par le marché du travail du faite des
mutations économiques, politiques et sociaux. Et d’autres part, les fondements conceptuels et
théoriques du marché du travail.

1. Les désavantages sexospécifique imposés par le marché du travail

Les convictions, croyances et point de vue sur les rôles respectifs des hommes et des femmes
dans la sphère domestique énuméré dans la section précédente, se propagent souvent aux autres
relations sociales, soit consciemment (discrimination entre les sexes), soit inconsciemment
(préjugés). Loin d’être impersonnelles, les institutions de l’Etat et du marché deviennent ainsi
sexospécifiées mais aussi sexospécifiantes (« porteuse du genre ») : elles perpétuent les
disparités sexospécifiques car elles induisent un positionnement inégal des hommes et des
femmes face à l’accès aux ressources et elles leur attribuent des valeurs inégales dans la sphère
publique.p69Ce point de vue remet en cause, la simple amélioration de l’accès au marché du
travail pour les femmes qui ne résout pas nécessairement le problème des disparités
sexospécifiques ou de leur capacité à négocier des conditions plus équitables sur le marché du
travail.

32
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

De ce fait, la situation des femmes sur le marché du travail nécessite qu’on marque un arrêt sur
l’analyse de l’impact des changements économiques généraux sur la répartition du travail entre
les sexes.

1.1 L’impact des changements économiques généraux sur la répartition du travail entre
les genres
Le travail est à l’origine de structurations fondamentales de nos sociétés. Cependant l’essor des
marchés du travail flexible dû aux deux aspects que sont :

 Le démantèlement des règlementations qui avaient assuré une certaine stabilité


nationale des marchés de l’emploi et des capitaux dans les décennies de l’après-guerre ;
 L’évolution technologique dans les secteurs des transports et des télécommunications,
qui a comprimé le temps et l’espace sur toute la planète accompagné de l’augmentation
des flux commerciaux.
Met en place de nouvelles formes de travail qui remplacent le salariat permanent à temps plein.
L’exemple de la sous-traitance, du travail contractuel, occasionnel, à temps partiel et à domicile.
Au niveau des économies nationales, les marchés de l’emploi sont devenus de moins en moins
réglementés et structurés et la protection sociale s’est érodée. En somme, les forces du marché
ne peuvent, à elles seules, dissoudre les “inégalités durables” en termes de règle, de normes,
d’actifs et de choix qui perpétuent les désavantages de certains groupes sociaux, historiquement
établis (Banque mondiale, 2006).

1-2 Analyse des rapports sociaux de sexes et accès au marché du travail

L’analyse économique du marché du travail présente conjointement deux aspects : celui du prix
et de la quantité. La dimension prix qui a trait à la détermination du salaire et la
dimension quantité concerne le volume de l’emploi et donc du chômage. Il faut noter que cette
analyse ne mesure pas complètement l’apport des femmes à l’économie et ne rend pas compte
des activités économiques non rémunérées. Néanmoins, elle permet de mesurer les limitations
sexospécifiques auxquelles les femmes sont soumises dans le travail rémunéré et de comparer
l’ampleur de ces limitations d’un pays ou d’une région du monde à l’autre. Elle permet aussi
d’établir un bilan du travail des femmes et de constater l’évolution des disparités
sexospécifiques dans les marchés du travail.

33
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

En effet, la participation et l’occupation professionnelle des hommes et des femmes sur le


marché du travail recouvrent, des assujettissements multiples de l’individu et des groupes. On
y constate non seulement une différenciation des emplois entre les hommes et les femmes
(ségrégation horizontale), mais aussi une différenciation selon le genre dans la hiérarchie des
postes (ségrégation verticale).

De profondes transformations économiques, politiques et sociales majeures ont eu des


conséquences importantes sur les rapports sociaux de sexe. Ainsi, une abondante littérature
témoigne du fait que des structures oppressives perpétuent la domination selon le sexe. Les
réglementations du travail étant le plus souvent violées [Hirata, Le Doaré, 1998 ; Afsar,
Barrientos, 1999 ; Ehrenreich, Hochschild, 2003 ; Falquet et al. 2010]. En outre, comme le
remarque Hampel-Milagrosa que la World Bank’s Doing Business Reports qui mesure la
règlementation des affaires et son application effective en ce qui concerne les entreprises dans
190 économies, utilise des indicateurs qui récompensent les pays qui manquent à la fonction de
réglementation en protégeant le travail et en promouvant le bien-être social. Selon elle,
l’indicateur “contributions sociales et taxes sur le revenu” est des plus préjudiciables pour les
femmes, car il récompense les pays qui établissent des exigences moindres concernant les
contributions versées par les employeurs en termes de bénéfices non-salariaux tels que la
sécurité sociale, l’assurance chômage et le congé maternité. Dans ces contextes marqués de ces
nouvelles contraintes et opportunités il s’agit d’interroger les différentes analyses théoriques
sur le fonctionnement du marché du travail.

2 Analyses théoriques du fonctionnement interne du marché du travail et inégalité de


genre
Un tour d’horizon des analyses théoriques permet de rendre compte du différentiel d’insertion
dans le marché du travail urbain selon le sexe. En effet, la compréhension du faite que les
femmes sont présentes sur le marché du travail mais ont des conditions de travail spécifiques,
sont concentrées dans quelques emplois et sont sous rémunérées par rapport aux hommes est
mis en lumière par plusieurs approches théoriques, notamment le courant néo-classique et la
théorie du capital humain.

34
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2-1 Inégalité de genre et approches néo-classiques

Dans le contexte de l’analyse du fonctionnement du marché du travail, deux grands courants


néo-classiques émergent : d’une part, les travaux conformes à l’orthodoxie ou aux approches
standards et d’autre part, l’ensemble des approches dit hétérodoxes. De façon spécifique, toutes
les hétérodoxies résultent de la remise en cause et du dépassement de l’orthodoxie néo-
classique. Elles s’appuient essentiellement sur un projet idéologique et théorique anti-libérale.
Précisément sur les questions de politiques économiques (interventionnisme et libéralisme) et
les aspects essentiels de la société (éducation, retraite, santé…) afin de la mise en place d’une
théorie générale alternative d’inspiration soit marxiste, keynésien ou institutionnaliste.
Cependant, le phénomène paradoxal est que ce sont les courants orthodoxes qui vont prendre
en compte dans leurs analyses la place des femmes sur le marché du travail.

Afin d’examiner plus en détails le lien entre les inégalités de genre et les approche
néoclassiques, il est utile d’évoquer que le modèle néoclassique privilégie l’analyse
microéconomique. De ce fait, les décisions individuelles des agents économiques influence les
variables macroéconomiques. De plus, les agents sont supposés identiques entre eux, et le
raisonnement se fait à partir du comportement d’un individu représentatif. Le modèle de base
néoclassique, admet le principe de la rémunération des facteurs de production à la hauteur de
leur productivité marginale. Ainsi, tout en prenant en compte les imperfections et les rigidités
qui sont à la base du déséquilibre du marché et des différentielles de salaires non
concurrentielles, l’analyse néoclassique émet l’hypothèse que le marché du travail est en
concurrence pure et parfaite. C’est dans cette perspective que les théoriciens néoclassiques vont
construire un modèle du marché « en concurrence pure et parfaite » pour comprendre comment
se comportent les agents sur le marché.
Dans le contexte ci-dessus décrit, pour les auteurs classiques, le bon fonctionnement du marché
du travail repose sur la satisfaction des cinq conditions suivantes. D’abord, l’homogénéité et
l’atomicité des offres et demandes du marché du travail. Ce qui signifie que sur le marché du
travail, les salariés sont substituables et qu’il n’y a aucune discrimination en fonction des
caractéristiques. De plus, le très grand nombre des offreurs et demandeurs ne permet à aucun
d’entre eux de modifier le prix du marché. Ensuite, viennent les conditions de transparence du
marché et de la liberté d’action des agents, qui se réfèrent au fait que l’offreur connait tous les
emplois possibles et les avantages liés à chacun d’eux. Pareillement, pour le demandeur
d’emploi qui dispose d’informations exactes sur chaque salarié en termes de potentialité et de

35
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

productivité. En outre, l’entreprise choisit librement les travailleurs qu’elle veut engager,
inversement pour le travailleur qui choisit sans contrainte l’entreprise dans laquelle il veut être
embauché. De ce fait, il n’y a donc aucun obstacle à la régulation des mécanismes du marché
du travail. Enfin, la dernière condition à satisfaire est le comportement concurrentiel, qui
implique la rationalité commune de l’offre et de la demande au niveau de la dimension salariale.
En d’autres termes, la maximisation de l’utilité au niveau des offreurs et des profits pour les
demandeurs permettant d’aboutir à un niveau de salaire d’équilibre grâce aux forces de la
concurrence.
En somme, le modèle néoclassique établit que, le marché du travail est conçu comme un
ensemble de conduites concurrentes d’investissement en capital humain en vue d’occuper des
postes rares. De ce fait, les cloisonnements sociaux et institutionnels qui, pourtant, caractérisent
le marché du travail de façon permanente, apparaissent comme secondaires. Les écarts de
salaire sont interprétés comme la conséquence des investissements individuels ; les écarts à la
tendance comme autant d’imperfections, résultats de rigidités, d’obstacles et de retards dans les
investissements, mais qui sont provisoires car devant rentrer dans l’ordre à terme par un
processus d’ajustement qui permet de tendre constamment vers un équilibre parfait tant pour
les individus que pour l’ensemble de l’économie.

Toutefois, si cette pensée, soutient que le travail est un facteur homogène et que tous les
travailleurs sont rémunérés au même taux de salaire qui correspond au salaire d’équilibre. Il est
communément admis, que des différences salariales ont toujours existé sur le marché du travail
et au sein d’une même entreprise. Sur ce point, pour éclairer le flou qui entoure la faible
rémunération des femmes sur le marché du travail, la conception néo-classique, met en avant
les différences sexuelles dans les facteurs. Particulièrement, celles qui affectent la productivité
du travail et l’offre de la main d’œuvre, tels que les responsabilités familiales, la force physique,
l’instruction, la formation, les heures de travail, l’absentéisme et la rotation du personnel. Par
ailleurs, dans son réquisitoire vu précédemment, puisque les travailleurs en situation de
concurrence reçoivent la valeur de leur produit marginal, il en découle de cet axiome que les
différences salariales observées entre les hommes et les femmes sont dues soit à une
productivité plus faible des femmes, soit aux imperfections du marché. La théorie néo-classique
suggère, donc que les femmes gagnent moins que les hommes parce que leur niveau de capital
humain (principalement l’instruction, la formation et l’expérience professionnelle) est plus bas
et leur productivité plus faible (Mincer et Polachek, 1974).

36
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Cependant les résultats de telles analyses (effectuées habituellement dans les pays
industrialisés) montrent que même si une proportion significative de l’écart salarial entre
hommes et femmes s’explique par des différences en capital humain, il reste une grande
proportion qui ne peut s’expliquer par ces différences. Ainsi, aucune étude portant sur les
différences de salaire n’a su expliquer plus de 50% de l’écart salarial entre hommes et femmes
sans avoir recours à des facteurs tels que le rang et l’activité, au sein de l’entreprise, qui sont
eux-mêmes (partiellement du moins) une conséquence de la discrimination (Lloyd et Niemi,
1979, p. 317). Dans cette logique, même si l’approche néoclassique a permis de mettre en valeur
certaines différences, liées à la productivité relative des hommes et des femmes, qui explique
du moins en partie, le fait que les hommes sont mieux rémunérés que les femmes , il existe une
sorte de dichotomie entre le modèle néoclassique d’offre de travail et la réalité

2-2 Les limites de la théorie néoclassique

Un grand nombre de voix se sont élevées contre le modèle concurrentiel néoclassique au niveau
du fonctionnement du marché de travail, à travers les critiques et concepts d’auteurs marquant
la littérature économique. En effet, la première critique correspond à ce que l’on peut qualifier
d’approche en termes de concurrence pure et parfaite du marché du travail qui élimine tout
chômage qui ne soit pas frictionnel ou volontaire. A ce sujet, le caractère peu réaliste de cette
hypothèse, permet le constat de l’existence d’une multiplicité de formes de chômage de masse
durable. Dans cette optique, la théorie du capital humain promulguée par les recherches des
auteurs Mincer (1974), schultz (1960) et Becker (1964,1975) fait des amendements à la
conception néoclassique. La deuxième limite relevée émane d’une information imparfaite du
côté de l’employeur, mise en exergue par la théorie du « job search » développée par Stigler
(1960). A ce propos, le désavantage informationnel qu’a l’employeur peut être de deux sortes.
D’une part, le manque d’information quant à la capacité productive exacte du salarié et d’autre
part, l’employeur ne peut estimer avec certitude l’efficacité du travail fourni par le salarié vu
que bien d’autres facteurs, extérieurs au travailleur, expliquent également le niveau de
production. Tout ceci, montre que l’employeur fait face à un risque ou aléa moral, une situation
de non maitrise du salarié. A cet égard, la seule assurance de l’employeur est d’utiliser le salaire
réel comme instrument de motivation, en fixant le niveau du salaire supérieur au salaire du
marché permettant d’obtenir qualité et productivité du travail. Venons-en maintenant, à la
remise en cause de l’hypothèse concernant l’homogénéité du marché du travail. L’approche
néoclassique, afin d’expliquer pourquoi les femmes sont moins rémunérées que les hommes,

37
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

met l’accent sur les différences sexuelles dans les facteurs qui affectent la productivité du travail
et l’offre de la main d’œuvre, tels que les responsabilités familiales, la force physique,
l’instruction, la formation, les heures de travail, l’absentéisme et la rotation du personnel. En
effet, l’un des principaux axiomes de la théorie néoclassique est que des travailleurs en situation
de concurrence reçoivent la valeur de leur produit marginal ; il découle de cet axiome que les
différences salariales observées entre les hommes et les femmes sont dues soit à une
productivité plus faible des femmes, soit aux imperfections du marché. La théorie néo-classique
suggère que les femmes gagnent moins que les hommes parce que leurs niveaux de capital
humain (principalement l’instruction, la formation et l’expérience professionnelle) est plus bas
et leur productivité plus faible (Mincer et Polachek, 1974). Par conséquent, l’explication des
différentiels de salaire entre sexes est basée sur les niveaux de qualification et le rejet de
l’hypothèse d’homogénéité du facteur travail Becker [1964]. Par ailleurs, cette analyse est à la
base des travaux des économistes radicaux relatifs à la segmentation du marché du travail
(Doeringer et Piore, 1971 ; Bluestone, 1970). La théorie de la segmentation remet en cause
l’unicité et l’homogénéité du marché du travail de la théorie néoclassique, en stipulant au
contraire qu’il existe plusieurs segments cloisonnés. Cette remise en cause et l'hypothèse d'un
marché de travail segmenté constituent, pour les précurseurs de la segmentation une réponse à
la persistance de certaines inégalités en termes de salaires ou de conditions de travail
inexpliquées par la théorie néoclassique. A partir de ces critiques, on peut retracer la structure
du raisonnement théorique menée par les adeptes de la théorie du capital humain.

2-2-1 Le capital humain et productivité


Comme noté précédemment, plusieurs considérations au niveau de la théorie économique
ont conduit à la prise en compte du capital humain dans l’analyse du développement
économique. Ainsi, pour A. Smith, le capital humain est l’ensemble des capacités intellectuelles
et professionnelles propres à assurer à l’individu des revenus dans le futur et une certaine
productivité.

2.2.1.1. Théorie du capital humain


La théorie du capital humain constitue un prolongement de la pensée de Fisher (1912) « il
n’y a pas un autre problème qui a un intérêt humain aussi important comme celui-ci (la
distribution des revenus personnels), pourtant il y a rarement d’autre problème que celui-ci qui
a reçu si peu d’études scientifiques ». Le développement de la théorie du capital humain, met
en exergue l’intérêt porté par les économistes, à la distribution des revenus personnels. Cette
38
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

théorie a connu un succès considérable, avec les travaux entrepris dans les années 1960 et 1970
par Mincer (1958,1974)11, schultz (1960,1997)12, Denison (1962, 1979)13 et Becker
(1964,1975)14ouvrant de nombreuses voies de recherche et prouvant son rôle capital dans
l’économie. Dans ce cadre Mincer (1958), est le premier à concevoir dans sa réflexion le terme
« capital humain » dans la littérature néoclassique. Il propose une explication aux inégalités de
revenus du travail au sein d’un modèle qu’il développe et bâtit un argumentaire selon laquelle
le capital humain (acquis par la formation) affecte significativement les différentiels des
revenus des individus. Le cadre qu’il construit dans son modèle fournit une première illustration
des possibilités offertes aux économistes pour élaborer cette théorie. Ainsi, Schultz (1960)
élargit donc la perspective d’analyse et rehausse les arguments de Mincer. Il partage la croyance
que l’éducation, est la base des capacités individuelles. Puisqu’elle est incorporée à la personne
qui la reçoit, elle peut être appelée ‘capital humain’. Etant une partie inséparable de l’individu,
elle ne peut pas être achetée ni vendue ou commercialisée. Néanmoins, c’est une forme de
capital ; car elle rend un service qui produit une certaine valeur ». En outre, dans cette même
veine, l’auteur stipule que la qualité de la main d’œuvre peut être améliorée par l’investissement
dans les facteurs que sont l’éducation des adultes et des enfants, la santé et la nutrition des
personnes actives, la migration de la main d’œuvre vers des lieux à de meilleures possibilités
d’emploi et la diminution de la fécondité. Dès lors, tout investissement dans ces facteurs
constitue un processus d’accumulation d’un capital inhérent à l’être humain. Aussi, Becker à
l’instar de ces prédécesseurs, soutient-il avec plus de virulence la théorie. Le Human Capital,
A Theoretical and Empirical Analysis, (le Capital humain, une analyse théorique et empirique),
de Becker, publié en 1964, considéré comme l’écrit de référence dans cette optique, définit le
capital humain comme « l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par
accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc. ». Ainsi, fondé
sur l’individualisme méthodologique et l’hypothèse d’une information parfaite. Il est admis que
les individus investissent : eux-mêmes, dans leur formation, pour bénéficier non pas de
rendements présents, mais de rendements monétaires et non monétaires futurs. Le choix de
l’investissement étant effectué sur la base de la comparaison entre les coûts d’acquisition, de la

11
Mincer, J. (1958). « Investment in Human Capital and Personal Income Distribution. » the Journal of Political
Economy , 66 (4, Aug), pp.281-307.
12
Schultz, T.W. (1997) « Investment in Human Capital. » New York. The Free Press.
13
E. F. DENISON: The Sources of Economic Growtlz and the Alternatives Before Us. Supp-paper no 13.
Committee for Economic Development. N.Y. janvier 1962
14
G. S. Becker, (1964) « Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis » Columbia University Press for
the National Bureau of Economic Research, New York, 1964.

39
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

formation et la rémunération future escomptée. Par ailleurs, la théorie du capital humain a été
présentée comme une réponse à deux énigmes majeures, celle de la croissance économique
d’une part et celle de la distribution de revenus individuels d’autre part.

2.2.1.2. Capital humain et performance économique


De nombreux économistes se sont penchés sur la question de savoir si les facteurs, capital et
travail, permettaient d’expliquer de façon rationnelle la croissance économique. En effet, sur la
période de 1929 à 1962 aux États-Unis les observations montrent que, la croissance économique
ne dépend pas des seules variations des quantités de travail et de capital. Dès lors, un large
consensus, soutenu par certains auteurs montre dans leurs travaux qu’une partie importante de
la croissance économique ne peut être expliquée par les facteurs traditionnels de la production
et l’imputent à l’accumulation du capital humain (Abramovitz, 1956 ; Fabricant, 1959 ;
Denison, 1962). Cette pensée est partagée par G. S. Becker, qui stipule que cette partie
inexpliquée est due à l’impossibilité de mesurer, quantitativement les effets sur le salaire, de
l’amélioration durable de la santé des travailleurs et de leur formation continue. En outre, selon
les travaux de certains auteurs dont Denison et Schultz, l’éducation contribue à la croissance
économique en améliorant la productivité des travailleurs. L’individu investit donc de façon à
augmenter sa productivité future et ses revenus. A ce propos, l’effet du capital humain, en tant
que facteur de croissance, a beaucoup été étudié par les théoriciens de la croissance endogène
où il est d’ailleurs à la fois cause et effet de la croissance économique (Becker, 1967), (Lucas,
1988)15.

2.2.1.3 Capital humain et productivité individuelle


Les fondements microéconomiques de la théorie du capital humain posés par G. S. Becker
élargissent l’approche en une théorie générale de la distribution des revenus du travail. Ainsi,
ces travaux d’un point de vue empirique pour les pays développés (E-U et ex-Union Soviétique)
et pour les pays en voie de développement (Inde et Cuba), affichent une forte corrélation entre
le niveau de qualification de la population active et le niveau des salaires. Le salaire tend à être

15
LUCAS Robert E. [1988], "On the Mechanisms of Economics Development ", in Journal of Monetary
Economics, pp. 3-42. Ce modèle s’inscrit dans le cadre des théories dites de la croissance endogène dont Romer
est le fondateur. Le premier modèle de Romer date de 1986. Il met l’accent sur le rôle de l’investissement. Son
second modèle a été développé en 1990. Il souligne le rôle particulier de l’innovation technologique et des
ressources consacrées à la recherche-développement.

40
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

plus élevé lorsque l’employé est qualifié. Ainsi, les différentes dotations, en capital humain
constituent, les principaux déterminants du salaire. En d’autres termes, le salaire mesure la
productivité qui est déterminée par un ensemble de variables du capital humain (expérience
professionnelle, capacités, formation,..). Dès lors, l’éducation est un enjeu de taille car son
niveau détermine l’accès des individus aux secteurs les plus rémunérateurs (secteur formel) du
marché du travail. C’est dans cette perspective, que Becker distingue deux sortes de
formations : la formation générale et la formation professionnelle. La formation générale,
assurée par l’Etat à travers le système éducatif, qui met en valeur le potentiel du travailleur
suivie de la formation professionnelle ou spécifique due à l’entreprise pourvoyeuse d’emploi.
Par conséquent, la théorie du capital humain stipule que les travailleurs les mieux éduqués sont
les plus productifs. En d’autres termes, un accroissement du capital humain est favorable à
l’augmentation de la productivité individuelle. Un tel développement suppose que le travailleur
tient compte du différentiel de salaire induit par un surcroît de qualification, dans ses calculs
économiques.
Dans ce sens, puisque ces travailleurs sollicitent une formation plus longue, ils sont les mieux
payés, étant donné que les individus sont rémunérés à leurs productivités marginales et que
celle-ci traduit le capital humain qu’ils incorporent. Au final, à productivité identique, salaire
égal. Or, les comportements discriminatoires mènent à une différence de salaires entre les sexes,
ce qui donne à productivité égale, salaire inégal.

2.2.2. Limites et critiques du capital humain


L’originalité de l’apport du capital humain dans l’analyse économique est indéniable.
Cependant, comme toute théorie économique le capital humain a fait l’objet de plusieurs
critiques. En effet, des observations réalisées montrent que les liens entre formation et salaire
sont complexes, fondant ainsi trois catégories de critique. La première fait référence à l’objet
de la formation, avec les théories du filtre et du signalement ; la seconde concerne la
problématique liée au postulat de la corrélation entre la qualification du travailleur et la
productivité du travail et la dernière qui met en lumière certains travaux de divers chercheurs
que la logique du capital humain n’explique que de façon limitée les différentiels salariaux.

2.2.2.1.La théorie du signalement et celle du filtre


A partir, des critiques effectuées sur l’objet de la formation, on constate l’émergence de deux
théories économiques, développée comme l’extension du capital humain. L’hypothèse de signal

41
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

(signaling), développée par M. Spence (1973 et 1974) et celle de filtrage (screening), de


K.Arrow (1973) propose que le niveau de l’éducation permette aux employeurs d’identifier les
individus. De ce fait, pour la première, le problème des employeurs est de savoir quel travailleur
sera plus productif. Les employeurs ne connaissant pas les capacités des candidats à
l’embauche ; ils recherchent tous les signaux que ceux-ci peuvent émettre (Spence [1973, 1974]
et Stiglitz [1975]). Pour les tenants de cette théorie du signalement, l’individu possède des
caractéristiques multiples qui sont comme des «signaux » et des « indices » : en particulier les
qualifications. En outre, selon Arrow (1973) et Spence (1973) les meilleurs candidats sont
retenus par les employeurs en situation d’information imparfaite sur les aptitudes individuelles.
Ces aptitudes fondées sur l’éducation qui apparait comme un signal. Cependant, les théoriciens
du filtre, contrairement à la théorie du signal, remettent en cause le rôle primordial donné à
l’éducation par la théorie du capital humain. Pour eux donc, l’investissement en formation est
plus un filtre révélateur des potentialités de l’individu qu’un indicateur de productivité. Le
niveau d’éducation s’apparente donc à un indice qui révèle certaines caractéristiques non
mesurables comme par exemple la motivation ou l’intelligence, le potentiel d’adaptation et la
formation des individus (Spence 1981).

2.2.2.2. Les limites de la relation entre le niveau d’éducation, le


salaire et la productivité

La remise en cause de la relation entre le niveau d’éducation, le salaire et la productivité est


mise en évidence par deux groupes de chercheurs. Le premier adhère certes, à la pensée que les
forces du marché travail régulent l’allocation générale des ressources, cependant, conteste la
relation éducation-productivité-salaire postulée par les théoriciens du capital humain.
Développée par Lucas et Thurow, la théorie de la queue modèle de la concurrence pour
l’emploi, la productivité est liée à la concurrence non à l’individu. Pour eux, le marché du travail
est structuré en système de « queue ». Les agents avec de grande aptitude à la formation
prennent la tête de la queue et obtiennent ainsi les meilleurs emplois, donc une rémunération
salariale élevée. Par conséquent, l’éducation n’accroît pas la productivité du travailleur, mais
permet plutôt, à l’employeur de choisir ceux qui sont les plus « formables ». Par ailleurs, les
limites de la corrélation apparente entre revenus et éducation dans la modélisation du capital
humain est, remise en cause par (Hall 1966). Selon Hall, l’investissement en capital humain
étant comparable à un investissement en capital physique, son augmentation doit entrainer une

42
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

croissance de la capacité de production. Pourtant, contrairement à la théorie de production il


n’existe pas de fonction de production de l’éducation dans la théorie du capital humain. En
outre, le modèle n’explique pas pourquoi en l’absence de concurrence entre les individus, et
pour un même emploi le taux de salaire ne baisse pas, notamment dans les échelles de salaires
élevés. Pour le second groupe de chercheur, la théorie d’allocation par les prix est remise en
cause. L’éducation est soit un moyen de transmission des inégalités de classes et des idéologies
d’une génération à l’autre (Bowls et Gintis, 1976 ; Carnoy, 1974) ; soit elle sert comme
médiateur des contradictions existantes entre le monde du travail et la société en général (Levin,
1978). De surcroît, de nombreux salariés sont victimes de discrimination salariale puisqu’avec
des qualifications et expériences semblables, au sein d’une entreprise, ils ne perçoivent pas la
même rémunération. Cette remise en question des approches du capital humain nous conduit à
l’application empirique de la méthodologie de l’étude de la relation formation-salaire du capital
humain.

2.2.3. Mesure du capital humain

Venons-en maintenant à une question essentielle dans l’approche du capital humain,


notamment sur ces mesures : l’analyse cout-bénéfice (ou taux de rentabilité interne de
l’éducation) et la fonction de gains développée à partir des travaux de Mincer.

2.2.3.1 Analyse de la relation entre formation et salaire : taux de rentabilité interne


L’hypothèse de rationalité fournit l’attirail théorique de l’analyse de l’investisseur en capital
humain. Selon le postulat de la rationalité des choix individuels, les actions humaines sont
l’expression de préférences avérées. En d’autres termes, les individus cherchent à maximiser
leur utilité, leurs décisions du moment présent se justifient par l’optimisation de leurs revenus
futurs. De ce fait, l’approche de la valeur actualisée nette permet d’estimer le taux de rendement
de l’éducation. Le taux de rendements étant la variable d’ajustement du marché qui est un
facteur de hiérarchisation des investissements en capital humain. De manière plus
opérationnelle, le taux de rentabilité de l’investissement entre deux niveaux d’éducation se
calcule en utilisant la formule classique du taux de rentabilité. Cette formule intègre les
variables et paramètres suivants : soient E1 et E2 deux niveaux d’éducation ; n, l’âge de la
retraite ; m, l’âge de la fin de formation E2 ; SE2, le profil de salaire du diplôme de E2 à l’âge t ;
SE1, le profil de salaire du diplôme de E1 à l’âge t ; a, l’âge du début de formation de E2 ; et Ct,
le cout d’une année de formation de E1. Le capital humain tire sa valeur du flux de revenus qu’il

43
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

générera dans le futur et que l’on capitalise en l’actualisant. On a donc la formule de calcul
suivante

𝑆𝐸2 −𝑆𝐸1 𝐶𝑡
: ∑𝑛𝑡=𝑚+1 = ∑𝑚
𝑡=𝑎 (6)
(1+𝑟)𝑡 (1+𝑟)𝑡

On obtient r, le taux de rentabilité interne, par approximations successives avec la


𝑌
formule :∑𝑛𝑡=𝑡0 (1+𝑟)
𝑡
=0 (7)
𝑡

Avec 𝑌𝑡 = 𝑆𝑡 − 𝐶𝑡 . 𝑆𝑡 est le salaire obtenu au cours de l’année t et t0 le moment de prise


de décision de poursuivre des études. Graphiquement, r est l’ordonnée du point d’intersection
entre la courbe du cout marginal de l’investissement, qui est croissante, et celle de l’efficacité
du capital qui est décroissant. Le coefficient sur l’éducation, r, représente donc le taux interne
du rendement de l’éducation. L’utilisation de cette méthode génère deux observations comme
le soulignent Heckman et al. (2003). On constate d’une part, comment le marché du travail
rémunère les caractéristiques productives des travailleurs. Dans ce cas r, peut être interprété
comme l’accroissement de revenu dû à une année d’étude supplémentaire. D’autre part, il peut
être comparé avec le taux d’intérêt, de sorte à déterminer l’investissement optimal en capital
humain.

2.2.3.2 La fonction de gain du capital humain et application empirique


Le terme « fonction de gain » a été généralisé pour toute régression des taux de salaire ou
des revenus salariaux individuels sur un vecteur de variables individuelles, variables du marché
et celles environnementales qui peuvent avoir une influence sur le salaire (Willis, 1986). La
fonction du gain est une méthodologie développée à partir des travaux de Mincer (1958),
Becker et Chiswick (1966), puis Mincer (1974). Elle est essentiellement utilisée pour étudier
l’effet de l’éducation sur le salaire. La fonction prend en compte des variables telles que
l’éducation, le secteur d’emploi, l’origine socio-économique, le salaire et l’expérience
professionnelle. La fonction de gains du capital humain référence pour les applications
empiriques est éclairée par les travaux de Mincer (1974). A cet égard, la fonction de gain de
Mincer a pour origine le modèle formel d’accumulation optimale du capital humain sur le cycle
de vie de Ben-Porath (1967). Ce dernier se concentre sur la possibilité de continuer à se former
tout au long de la vie active, en recourant aux techniques de contrôle optimal, tout en supposant
qu’à chaque période l’individu fait le choix d’investir en capital humain en fonction des coûts
et bénéfices qui y sont liés. D’après le modèle, il est rentable lorsqu’on est jeune d’investir tout
notre temps à se former. Selon Mincer, l’investissement en capital humain à plein temps en plus

44
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

d’être fondamental, est prioritaire à l’investissement qui se fait en cours d’emploi. Il stipule par
conséquent que « l’introduction des investissements post-scolaires dans la fonction de gains
enrichit l’analyse de la distribution du revenu ». Par ailleurs, Mincer (1974) considère aussi
l’expérience professionnelle comme une forme de capital humain. Il propose pour pallier au
manque de données sur le nombre d’années d’expérience, d’utiliser à la place l’âge, et suppose
que l’accumulation de l’expérience contribue à l’augmentation du revenu, jusqu’au moment où
la détérioration de la productivité, avec l’âge, contrecarre l’effet expérience. Il stipule aussi que
le temps de travail annuel est positivement corrélé avec le niveau d’éducation. La fonction est
généralement estimée à partir du profil âge-gains sur toute la durée de vie du travailleur.
La forme standard de la fonction de gain de Mincer ; dans un cadre empirique, s’obtient
de la façon suivante :
Logy = β0 + β1s + β2x + β3x2+µ (8)
Y est le revenu annuel, s les années d’instruction, x l’expérience professionnelle et µ la
perturbation. Dans ce modèle, le coefficient de l’instruction (β1) fournit une estimation du taux
de rendement marginal de l’éducation qui est supposé constant. La concavité des profils des
revenus observés est donnée par la forme quadratique des termes liés à l’expérience, x et x2,
dont les coefficients sont respectivement positifs et négatifs. S’il n’y a pas de donnée sur
l’expérience, alors x= a-s, a étant mis pour l’âge. Le taux de rendement marginal de l’expérience
est égal à zéro lorsque :
𝑑(𝑙𝑜𝑔𝑦)
= 0 = β2 + 2β2x (9)
𝑑𝑥

La fonction de gain suggère que les différences individuelles de capital humain sont à l’ origine
des écarts de gains, car l’investissement en capital humain accroit la productivité des
travailleurs et génère des gains élevés. A titre d’exemple, citons le modèle de demande
d’éducation à la manière de Ben-Porath (1967) ou encore Blinder et Weiss (1976), qui analysent
conjointement l’évolution des revenus et des investissements humains en relation avec l’âge.
Le rappel de ces travaux permet maintenant de mettre en perspective que la fonction de gain de
Mincer (1974) selon Chiswick (1997) possède plusieurs avantages. Une flexibilité permettant
l’insertion de variables additionnelles. La transformation de la relation entre le revenu salarial
et le montant d’investissements en capital humain, en une relation entre le revenu salarial et le
nombre d’années d’investissements. De plus, la variance des résidus de l’équation étant moins
hétéroskédastique, elle permet une distribution des résidus plus proche d’une distribution
normale.

45
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Néanmoins, cette fonction de gain a aussi ses limites. Dès lors, les critiques qui ont été
adressées aux travaux de la fonction de gain sont de trois sortes. Elles ont d’une part, porté sur
les hypothèses de base de la théorie du capital humain et d’autre part sur la mesure des variables
et la nature des données utilisées dans le modèle. En effet, le modèle du capital humain établi
par Mincer (1974) met exclusivement l’accent sur le côté offre du capital humain (la décision
des individus à investir), mais la demande du capital humain par les firmes est négligée. Cette
remarque amène Willis à publier en 1986, un modèle de capital humain hétérogène qui introduit
la demande en capital humain qui émane des employeurs. Dans ce contexte analytique, les
travailleurs investissent dans divers types de capital humain pour être spécialisés dans
différentes tâches/occupations, et ils sont imparfaitement substituables.
Un autre problème énoncé est celui lié à l’estimation de la fonction de gains de Mincer. En
d’autres termes, l’endogénéité de la variable années d’études. Ce problème vient du fait qu’une
ou plusieurs variables explicatives supposée(s) exogène(s) ne l’est (le sont) pas dans les faits.
C'est-à-dire que la covariance avec le terme d’erreur n’est pas nulle. Cela peut être imputable à
des omissions d’effets individuels ou de facteurs d’hétérogénéité. Par conséquent, le test
d’Hausman permet de confirmer ou d’infirmer l’hétérogénéité d’un facteur explicatif. Il
consiste à comparer l’estimateur des moindres carrés ordinaires (MCO) avec celui des doubles
moindres carrés (DMC). En présence d’endogénéité, les résultats obtenus montrent que la
méthode DMC permet d’avoir de meilleurs estimateurs comparativement aux MCO.

Sur ce point, Boumahdi et Plassard (1992) ont fait des travaux sur 3.034 travailleurs hommes
de nationalité française âgés de 16 à 65 ans en 1984. Les variables mesurant le rendement de
l’éducation étaient : le niveau d’éducation du père, le niveau d’éducation de la mère, la taille de
la famille, le nombre de frères et sœurs à l’âge de fin d’étude de l’individu, l’ancienneté dans
l’entreprise, la taille de l’entreprise, le statut juridique et la localisation de l’entreprise. La
variable éducation a été mesurée par le nombre d’années d’étude. Celle-ci s’est révélée
endogène : elle était fortement dépendante des variables niveau d’éducation des parents. Ils ont
donc utilisé un modèle d’inégalités scolaires basé sur le pouvoir prédictif de l’origine sociale et
de la taille de la famille pour procéder à l’endogénéisation de la variable éducation.
Après avoir rappelé ces différentes polémiques sur la théorie du capital humain, il est
maintenant adéquat de passer à la conclusion de ce chapitre.

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Conclusion

En définitive, en deçà du fatras des arguments présentés pour et contre les différentes
inégalités de sexes sur le marché du travail dans ce chapitre, il existe un consensus tacite sur la
finalité commune à atteindre : la prise en compte des rapports sociaux de sexe pour une
meilleure insertion des femmes. C’est dans ce sens que la diversité des approches économiques
vise à donner plus de chance et d’opportunités aux femmes et non à les rendre égales aux
hommes. Dans ce même sens, le chapitre suivant permet d’appréhender la situation des femmes
sur le marché du travail et la pauvreté selon la dimension du genre en Côte d’Ivoire. Car malgré
la participation croissante des femmes au marché du travail, elles demeurent en masse dans la
pauvreté.

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

CHAPITRE II : GENRE EMPLOI ET PAUVRETE EN COTE D’IVOIRE

Introduction
La question des inégalités de genre sur le marché du travail dissimule des dysfonctionnements :
celle de la pauvreté sans cesse croissante des femmes. L’un des défis majeurs de la Côte d’Ivoire
est de promouvoir des politiques économiques et sociales capables de lutter efficacement contre
la pauvreté, tout en maitrisant la dynamique du marché du travail. En revanche, l’intégration de
la dimension féminine dans le processus de développement économique «constitue une
stratégie opportune non seulement pour mieux appréhender l’ampleur et la nature des inégalités
selon le genre mais également atténuer la fragilité et les déséquilibres liés au cheminement du
développement ».16
Dans un tel contexte, le cœur de la réflexion se porte alors sur l’amélioration de la condition
des femmes car « améliorer la situation des femmes pauvres, c’est améliorer la situation de
l’ensemble des familles et de la société »17. Néanmoins, les caractéristiques différentielles de la
pauvreté d’un endroit à un autre ne permettent pas de lui donner une notion consensuelle.
L’appréhension du pauvre dans les pays du nord est complètement différente de celui des pays
du sud. Aussi ce chapitre permet-il, dans ces grandes lignes, d’étudier d’une part dans la
première section les différentes dimensions de la pauvreté dans une perspective de genre, et
analyser les différentes méthodes de mesure aussi bien quantitatives que qualitatives de la
pauvreté en prenant en considération la dimension genre.
D’autre part, la deuxième section traite de la segmentation du marché et de son lien avec le
sous-emploi et la pauvreté des femmes. De façon explicite, mettre en exergue les approches
théoriques et les mesures de la segmentation, ensuite, appréhender la relation entre le
fonctionnement du marché et la paupérisation. Cela nous amène, à la dernière section qui fait
un état des lieux sur les disparités entre sexes au niveau de l’éducation, du marché du travail,
du revenu et de la pauvreté.

16
Lachaud (1996-b) P1
17
J. Bisilliat, (1992), « Relation de genre et développement : femmes et sociétés », Paris : Ed. De l’Orstom,
326 p.

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Section 1 : Inégalité de genre et pauvreté en Côte d’Ivoire


L’analyse de la pauvreté a toujours été présente dans les études portant sur le développement et
la réduction des inégalités. A ce sujet, la pensée relative à la pauvreté s’est progressivement
complexifiée à mesure que de nouvelles dimensions étaient prises en compte. De plus, les
caractéristiques différentielles de la pauvreté d’un endroit à un autre ne permettent pas de lui
donner une notion consensuelle.

1. La pauvreté en Côte en d’Ivoire : concept et méthodologie selon la dimension de


genre

Au niveau économique, l’appréhension de la pauvreté se dessine sous deux tendances. De prime


abord, sous la forme d’un niveau d’utilité inférieur à une norme préétablie approximée par une
variable monétaire. Ensuite, par étapes successives, elle adopte une appréhension plus globale
qui ne dépende pas uniquement d’une variable monétaire : l’aspect multidimensionnel de la
pauvreté.

1.1 Les différentes dimensions de la pauvreté

Sur le plan conceptuel, il est communément admis qu’en plus de l’approche monétaire, la
pauvreté a une approche multidimensionnelle. Ainsi, son analyse n’est plus réduite au seul
aspect monétaire. Cependant, les données pour la plupart des pays étant difficilement
accessibles pour une approche selon les besoins de base. La mesure de la pauvreté est toujours
problématique. Ainsi, notre étude même si elle se fonde sur la dimension monétaire, elle fait un
tour d’horizon sur les contours de la pauvreté.

1.1.1 La Pauvreté monétaire

La pauvreté est un phénomène aux multiples facettes. De ce fait, la problématique de la pauvreté


et l’intérêt manifeste pour sa mesure est réelle depuis plusieurs décennies et prend largement
appui sur de multiples théories : welfariste, justice social et utilitarisme (Atinkson [1970],
Deaton [1997, 2000], Laderchi, Saith, Stewart [2003]. A cet égard, les études empiriques de la
pauvreté, dans les années 1970 se sont fondées sur les fonctions de bien-être social pareto-
optimales (Atkinson [1970]) avec pour arguments, les niveaux de bien-être économique des
ménages. Cette même optique est suivie par les welfaristes qui qualifient la pauvreté comme,

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Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

un état dans lequel l’individu n’est pas capable de mobiliser un revenu suffisant pour acquérir
les moyens de sa subsistance. D’ailleurs, pour Ravallion (1998) « une situation de pauvreté
existe dans une société lorsque une ou plusieurs personnes n’atteignent pas un niveau de bien-
être économique censé constituer un minimum raisonnable correspondant aux standards de
cette société ».
A ce titre, la littérature économique par les approches libérales, considère le revenu comme la
variable centrale d’analyse des inégalités entre personnes différentes. Par conséquent,
l’approche de la pauvreté monétaire est la plus couramment utilisée depuis la fin du 19ème siècle.
Cette approche présente l’avantage de permettre la valorisation de différentes composantes du
bien-être et de faciliter la résolution de certains problèmes d’agrégation et de comparaison. En
d’autres termes, des comparaisons de bien-être qui découlent de l’utilité des individus et de leur
préférence (Ravallion, 1996). Toutefois, cette approche de la pauvreté monétaire soulève
plusieurs critiques à l’égard de l’utilitarisme concernant plus particulièrement les critères
retenus pour définir la pauvreté.
En effet, les limites relevées concernant l’approche monétaire ont conduit certains auteurs à
remettre en cause ces fondements et à proposer des approches alternatives, comme celles des
« besoins essentiels » ou (des « besoins fondamentaux » : Streeten et alii, 1981, qui reprennent
le concept de « biens primaires » mis en avant par Rawls (1971). Ainsi, pour ces adeptes du
courant des besoins essentiels, évaluer la pauvreté à partir des seules ressources monétaire
occulte une partie des besoins humains. Par conséquent, pour eux, la pauvreté est une réalité
multidimensionnelle qui s’exprime à travers une série de besoins indispensables à la survie
(Stewart, Streenten [1981]). En l’occurrence, selon Sen (1983, 1993,1997) la pauvreté ne
devrait pas être appréhendée par des niveaux de consommation ou de revenu mais par la
capacité des individus à y avoir accès, pas seulement du point de vue du droit formel. Enfin de
compte, pour palier à ces difficultés, un certain nombre de mesures de la pauvreté se fondent
sur des critères non monétaires.

1.1.2 Pauvreté multidimensionnelle


L’approche multidimensionnelle de la pauvreté est une approche synthétique qui dresse un
vecteur de variables dont la relation serait déterminante dans la reproduction de la pauvreté.
Ainsi, pour les défenseurs de cette approche, le revenu à lui seul n’est pas capable d’expliquer
les situations de pauvreté. Selon Sen, la pauvreté doit prendre en compte les facteurs du bien-
être, car posséder un revenu décent ne garantit pas de pouvoir couvrir ses besoins. Il résume

50
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

cette idée par sa phrase « la valeur du niveau de vie à tout à voir avec la vie, non pas avec la
possession des biens ».
Dans ce cadre, la pauvreté pour lui ne devrait pas être appréhendée par des niveaux de
consommation ou de revenu, mais par la capacité des individus à y avoir accès. En l’occurrence,
les principaux besoins de base pris en compte sont : éducation, santé, hygiène, assainissement,
eau potable, habitat, accès aux infrastructures de base, etc.
A ce propos, les travaux de Sen ont même influencé les orientations politiques du PNUD et de
la Banque Mondiale qui ont largement accepté et reconnu la diversité des dimensions de la
pauvreté. De ce fait, pour ces deux institutions phares dans la lutte contre la pauvreté, celles-ci
résultent « d’un manque d’ (accès aux) actifs, d’une croissance économique insuffisante ou
inappropriée et d’une mauvaise gouvernance ». Pourtant, même si elles s’accordent sur les
causes de la pauvreté, elles rencontrent des divergences quant à la définition et la quantification
de celle-ci. Ainsi le PNUD privilégie une approche multidimensionnelle où la pauvreté humaine
est définie comme étant « la négation des opportunités et des perspectives fondamentales sur
lesquelles repose tout développement humain : vivre une vie longue, saine, constructive, et jouir
d’un niveau de vie décent, ainsi que de la liberté, de la dignité, du respect de soi-même et
d’autrui ». (Rapport sur le développement humain PNUD-Algérie, 2006, p.17)
Vu ce qui précède, le difficile choix d’indicateurs pertinents pour mesurer la pauvreté selon
l’approche par les besoins de bases, amène récemment certains auteurs à élaborer plusieurs
indices multidimensionnels de la pauvreté, Alkire et Fooster (2007 et 2009). Ce questionnement
perpétuel sur le choix d’indicateurs pertinents nous conduit à l’analyse des différentes méthodes de
la pauvreté selon la dimension genre.

1.2 Les différentes méthodes d’analyse de la pauvreté selon la dimension genre

La pauvreté est généralement assimilée à la privation, à l’insuffisance, soit par rapport à des
besoins essentiels préalablement déterminés, soit par rapport aux ressources indispensables
pour la combler. En revanche, peu importe la définition donné. La pauvreté renvoie
nécessairement à une situation de manque. La mesure de sa dimension économique est donc
incontournable. A ce sujet, différentes mesures de la pauvreté sont émises selon les pays et
institutions. Pour simplifier, l’on peut distinguer deux grandes approches analytiques de la
pauvreté dans le domaine du développement qui éclairent chacun d’un jour différent la
dimension genre de la pauvreté. A ce propos, on a d’une part la méthode du seuil de pauvreté,
et d’autre part la mesure des capacités.

51
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.1 La méthode du seuil de pauvreté

Aujourd’hui encore, de nombreuses études économiques sur la pauvreté concentrent leur


attention sur le seul aspect monétaire. Cette approche monétaire de la pauvreté, aussi critiquable
soit elle, a pour avantage de permettre la valorisation des différentes composantes du bien-être
en se fixant un seuil de ressources en dessous duquel on considère que les groupes d’individus
sont « pauvres ». Cette approche s’intéresse donc en priorité à la capacité (mesurée par le
revenu) de choisir parmi différents « paniers » de marchandises (biens et services). Ainsi, la
méthode du seuil de pauvreté mesure les moyens économiques que les ménages disposent pour
combler leurs besoins de base (ces moyens étant déterminés par leurs revenus). Autrement dit,
comme le résume Kumar (1985) « l’approche par le revenu tente de déterminer la capacité des
individus à satisfaire leurs besoins essentiels ». Le seuil de pauvreté a donc plusieurs
retombées : en premier lieu au niveau macro, la mesure du développement d’une économie
constituée par le revenu national par habitant ; et en second lieu au niveau micro, l’évolution
du revenu par habitant des ménages. En somme, le seuil de pauvreté permet d’établir si la
pauvreté est en baisse ou non. Cependant, certaines critiques se rapportant à la dimension genre
de la pauvreté, lui ont valu quelques réaménagements. A cet effet, les points remis en cause
sont :

* les individus peuvent avoir d’autres sources de subsistance que leurs revenus financiers,
notamment l’utilisation de biens en propriété collective, les services publics, etc.

* les individus possèdent généralement des « stocks » d’actifs, de provisions, de ressources.

*le bien-être des humains va au-delà du bien-être économique qui se définit seulement en
fonction du pouvoir d’achat.

Aussi, la critique la plus percutante du seuil de pauvreté par rapport à la dimension genre porte-
t-elle sur l’hypothèse selon laquelle le ménage est une structure organisée autour de la mise en
commun des revenus et répondant aux besoins et survie de tous ses membres. Des lors, les
estimations de la pauvreté, ne prennent pas en compte les inégalités dans le ménage et dressent
par conséquent un bilan incomplet de la situation. Venons-en maintenant, à la deuxième
approche analytique de la pauvreté selon la dimension genre : l’approche par les capabilités.

52
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.2 La méthode des capacités

La mesure de la pauvreté par la capacité est axée sur des facteurs autres que le revenu, la
consommation et la qualité de vie. Elle tend à prendre en compte les facteurs qui empêchent les
personnes de jouir d’un bien-être humain satisfaisant. Contrairement à l’approche par les
besoins essentiels pragmatiques (Stewart, Streeten ; 1981), l’approche par la capacité ancre ses
racines dans des fondements théoriques (Sen 1985, 1992, 1999b). Elle prend en compte les
notions de risque, de vulnérabilité, de pénurie, de capacité, de carence dans les possibilités
d’expressions et d’accès au pouvoir (Sen 1985 et 1993, World Bank, 2000a). Dès lors, utilisé
par le PNUD (2000,2000a) elle facilite la distinction entre pauvre et non pauvre et met la
participation efficace et significative des personnes au centre du développement. Par
conséquent, à l’heure actuelle, cette force lui permet d’être une alternative puissante à
l’utilitarisme (Robeyns (2003), Alkire (2002).
Par contre, il faut noter que la mesure par la capacité offre diverse variables qui le rendent
complexe. Par exemple, cette approche ne donne pas une liste spécifique de capacités ou de
fonctionnements. Elle recouvre non seulement les possibilités individuelles de base telles que
se nourrir, se soigner, mais des possibilités sociales plus complexes, telles que faire partie
intégrante de la collectivité ou une bonne estime de soi. Les capacités dépendent donc d’une
part du contexte individuel et d’autre part des contraintes sociales. Ainsi, contrairement au seuil
de pauvreté, qui est défini en fonction du ménage, l’approche par la capacité étant définie
individuellement mesure le degré d’autonomisation des personnes. Elle présente donc
l’avantage inestimable de rendre compte des dimensions sexospécifiques de la pauvreté et peut
être évaluée et interprétée selon le genre. Dans cette même veine, d’autres recherches utilisent
différentes méthodes qualitatives et des techniques visuelles pour examiner le phénomène de la
pauvreté.

2. Inégalité des genres et mesure qualitative de la pauvreté

Les fondements théoriques sur la pauvreté et par conséquent les indicateurs qui y sont liés, ont
évolué lorsque l’on a intégré la dimension multidimensionnelle. Ainsi l’évaluation de la
pauvreté sexospécifique passe par l’examen du phénomène de la pauvreté du point de vue des
pauvres eux–mêmes. Vues sous cet angle, plusieurs recherches se fondent sur les enquêtes
participatives sur la pauvreté (EPP).

53
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.1 Les enquêtes participatives sur la pauvreté


Tout en reconnaissant que les méthodes de seuil de pauvreté et de capacité sont pertinentes pour
mesurer et expliquer la pauvreté, il reste encore, à intégrer dans son évaluation d’autres
variables qualitatives de façon satisfaisante. Dans cette optique, les chercheurs s'emploient à
utiliser des enquêtes participatives sur la pauvreté. En guise d’illustration, on distingue les
entretiens en profondeur avec des informateurs-ressources de la collectivité, des groupes de
discussion et des techniques visuelles composés de matrices, schémas, représentations
cartographiques, et diagrammes d’Euler. De surcroît, les enquêtes participatives de la pauvreté
utilisées de plus en plus par les organismes internationaux ont permis de dégager des
conclusions majeures par rapport au genre, comme l’insécurité et la précarité dans leurs bilans
nationaux de la pauvreté.

2.1.1 Enquête participative et situation des femmes


Les enquêtes participatives ont largement facilité les efforts pour distinguer différentes
dimensions sexospécifiques de la pauvreté. Entre autre, la pénurie de temps, l’assimilation des
femmes à des « outils » pour sortir les familles de la pauvreté (commercialisation de petite filles
et adolescentes), de même que, les liens entre production et reproduction. Par ailleurs, les
priorités différentielles entre hommes et femmes et la Vulnérabilité des ménages dirigés par les
femmes sont mis en exergue par cette méthode. Selon le Rapport sur le développement dans le
monde 2000/ 2001 (RDM), les EPP ont révélé que « les institutions de l’Etat ont tendance à ne
pas se montrer réceptives aux besoins des pauvres, à ne pas se sentir responsables envers ces
segments de la population ». Ceci montre l’importance que les enquêtes participatives ont dans
les stratégies de réduction de la pauvreté, Vu que, les inégalités attribuables aux politiques
aggravent les désavantages économiques des femmes et restreignent leur potentiel de revenus.

2.1.2 Limitations méthodologiques


Les critiques de la méthode des enquêtes participative sont de deux ordres. Elle porte d’une
part sur les stéréotypes et distorsions dans la collecte des données sur la pauvreté et dans leur
formulation en politiques et d’autre part sur les normes et valeurs de la société auxquelles
hommes et femmes souscrivent. D’abord, les préjugés sexospécifiques ne permettent pas de
recueillir des informations pertinentes. De plus, les équipes de recherches ne possèdent pas
toujours les qualifications nécessaires pour interpréter et analyser les données. Par conséquent,
la formulation des analyses et la rédaction des documents basés sur ces distorsions
méthodologique ne peuvent pas servir à l’élaboration des politiques de réduction de la pauvreté.

54
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Ensuite, les perceptions des populations enquêtées portant sur les valeurs et normes sociales
peuvent dans des contextes annihiler la dimension du genre dans ces enquêtes. Autrement dit,
les femmes elles-mêmes considèrent qu’elles valent moins que les hommes, étant donné
qu’elles subissent l’influence des normes et valeurs des sociétés dans lesquelles elles résident.
Il en résulte donc que les populations pauvres enquêtées peuvent faire abstraction de problèmes
majeurs d’inégalités puisque la supériorité de l’homme sur la femme est considérée comme une
prescription divine.

2.2 Hommes et femmes face aux Inégalités et la Pauvreté en Côte d’Ivoire


En Côte d’Ivoire, le contexte institutionnel et les reformes politiques ont eu des effets très
limités sur la réduction des inégalités et de la pauvreté. Notamment, presque la majorité de la
population vit en dessous du seuil de pauvreté. Au niveau économique, l’ouverture de son
marché, la faiblesse des investissements et les programmes d’ajustements structurels (PAS) ne
donnent pas les résultats économiques escomptés par les institutions internationales. La
libéralisation de l’activité économique a rapidement entraîné la disparition d’emplois dans les
activités non compétitives exposées à la concurrence internationale alors que la création
d’emplois dans des activités nouvelles, compétitives, a été freinée par différents facteurs comme
les carences des institutions financières, l’insuffisance des infrastructures ou la pénurie de
personnel qualifié. Les effets combinés de ces facteurs cités avec la dévaluation du franc CFA
engendrent la détérioration des conditions de vie et accentuent la pauvreté de milliers de
ménages vivant dans le pays. Par ailleurs, le constat d’une absence de considération pour les
pauvres lors de la mise en œuvre des PAS a entrainé une conséquence sociale désastreuse sur
les plus démunis en majorité constituée de femmes d’où la remise en cause de la pertinence de
celui-ci (Cornia, Jolly, Stewart [1987]). A partir de là, la croissance économique de la Côte
d’Ivoire est restée nettement insuffisante pour absorber les cohortes de nouveaux entrants sur
le marché du travail. Aussi, les disparités persistantes entre les hommes et les femmes dans
l’accès au marché du travail réduisent-elles l’efficacité des politiques visant à la réduction de
la pauvreté puisque l’emploi est un des actifs primordial à toute personne, notamment les plus
pauvres. Afin d’illustrer cette pensée, il importe d’accorder une attention particulière à la
relation entre la pauvreté et la participation au marché du travail.

55
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.2.1 Pauvreté et participation au marché du travail

La côte d’ivoire est caractérisée par la montée structurelle du sous-emploi, et par le


développement considérable du secteur informel et de l’auto-emploi. Ainsi, les (2/3) de la
population active sont exclus d’un emploi stable et d’une protection sociale, c’est-à-dire du
rapport salarial au sens strict (23% des emplois sont non protégés et irréguliers et 42% sont des
emplois indépendants). Or, le statut sur le marché du travail a une influence considérable sur la
perception du bien-être des ménages. Ainsi, la situation d’activité et le statut des individus dans
l’emploi permettent une analyse du marché du travail en relation avec la pauvreté. Il faut
remarquer que, le fait de ne pas exercer d’emploi, tant pour les hommes que pour les femmes
est un facteur déterminant du niveau de vie des ménages.
Par aileurs, l’inégalité dans l’allocation des ressources selon le sexe, l’accès à l’éducation et
aux emplois affectent essentiellement les femmes en Côte d’Ivoire et limitent leur participation
au marché du travail. Selon certains auteurs, « l’accès à l’emploi pose donc, inévitablement la
question de la liberté des femmes et les conditions dans lesquelles elles travaillent posent celles
de l’égalité entre les sexes »18. Notamment les femmes sont reléguées à certaines tâches, à
certains secteurs, à certaines formations, à certaines formes d’emplois. La majorité des emplois
occupés par les femmes sur le marché du travail sont, en fait, une extension des activités
domestiques. Ces emplois ont tendance à être dévalués dans la même mesure que les activités
domestiques : d’où leur caractère précaire et une plus faible rémunération des femmes par
rapport aux hommes (Kouamé et Gueye, 2000). Par conséquent, sur le marché du travail les
frontières entre l’activité ou l’inactivité, l’emploi ou le chômage sont souvent fluctuantes pour
nombre de femmes. Les inégalités entre les femmes et les hommes, dans la sphère
professionnelle, génèrent donc des différenciations et la pauvreté pour certaines d’entre elles.
Dans ce contexte, il semble judicieux de préciser que la participation des hommes et des femmes
selon le statut d’occupation dépend en partie des réseaux. Selon Kouamé et Guèye (2000), pour
une même origine familiale, la situation défavorable des femmes par rapport aux hommes sur
le marché du travail serait attribuable au fait qu’elles n’appartiennent pas aux réseaux sociaux
facilitant leurs accès aux meilleurs emplois en raison de leur processus différentiel de
socialisation. En effet, comme le soutiennent les économistes de la théorie des réseaux, les

M. Maruani, D. Meulders, (2004), « Mettre l’emploi au coeur du débat », in « Marché du travail et genre,
18

Maghreb Europe », Brussels Economics Series, Edition du DULBEA asbi, GDRE, MAGE, INSEA,
DULBEA. p 7.

56
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

contacts informels sont tout aussi importants, sinon plus, dans les pratiques de recrutement et
de recherche d’emploi que les services de placement et les services étatiques de main d’œuvre
(Tango, 1990 ; Trzcinski et Randolph, 1991 ; Cohen et House, 1986).Cette théorie met en
exergue deux éléments qui sont l’accès à l’information et à la recommandation déterminé par
les réseaux sociaux auxquels l’individu appartient. Dans cette version, on note que les réseaux
auxquels appartiennent les femmes n’offrent pas les mêmes opportunités que ceux des hommes
en raison de leur subordination dans la société africaine. Ainsi, même quand elles arrivent à
participer au marché du travail, la qualité des emplois qu’elles occupent ne garantit pas toujours
un revenu suffisant pour vivre, et n’offrent pas forcement la possibilité de vivre décemment. En
conséquence, observer seulement la participation au marché du travail ne suffit pas. Il est
nécessaire de prendre en compte les écarts de salaire afin de mieux comprendre la pauvreté des
femmes ayant même un emploi.

2.2.2 Ecart de salaire et risque de pauvreté

L’étude des conditions d’emploi permet l’analyse de l’écart du salaire entre hommes et femmes.
La plupart du temps, c’est la relégation des femmes dans des emplois précaires et peu rémunérés
qui est à la source de la pauvreté. C’est dans ce contexte que, l’importance relative de l’emploi
des femmes dans le secteur informel est souvent interprétée comme signe de pauvreté, car ce
type d’emploi fonctionne comme un refuge contre le chômage et le sous-emploi. Dans cette
perspective, la pauvreté est toujours associée à la précarité de l’emploi, au faible niveau et à
l’instabilité des revenus d’activité. Il s’ensuit que les disparités des revenus du travail
constituent une source majeure d’inégalités et de pauvreté. Par ailleurs, la notion de
rémunération englobe « toutes les sommes payées directement ou indirectement, en espèces ou
en nature au salarié en raison de son emploi. Il renferme le salaire de base et tous les autres
avantages accessoires (primes, bonus, gratifications, avantages en nature). Qu’elle que soit
l’origine : accord collectif, usage de l’entreprise, décision de l’employeur. Les différents
éléments de salaire doivent être établis selon des normes identiques pour les femmes et les
hommes. Ainsi, les catégories professionnelles, les critères de classifications ou de promotion
doivent être communs aux femmes et aux hommes »31. Certes, même si les bas revenus et la
pauvreté ne sont pas seulement l’apanage des femmes. Leur mode d’insertion spécifique et le
fait qu’elles assument toujours en grande partie la responsabilité d’articuler tâches
professionnelles et tâches familiales les rendent en effet plus vulnérables sur le marché du
travail. Ainsi, la division du travail par sexe et la segmentation de l’emploi expliquent une partie

57
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

des différentiels salariaux dus aux divers mécanismes de détermination de salaire dans les
segments (Leontaridi, 1998). L’appartenance des individus à un segment du marché du travail
est donc décisive quant à l’impact de la pauvreté dans l’ensemble du ménage auquel ils sont
issus.

SECTION 2 : Marché du travail en Côte d’Ivoire, une structure segmentée

La théorie de la segmentation du marché du travail suggère que le marché du travail est


composé par deux (ou plusieurs) segments non concurrentiels. Ce fait engendre généralement
des inégalités et une exploitation économique. En effet, les mécanismes concernant la
détermination des salaires, la promotion et la sécurité de l’emploi sont différents pour divers
segments. L’accès aux emplois de certains segments est alors restreint par le cloisonnement
social et le rationnement non-tarifaire (Dickens et Lang, 1992), au sein duquel les règles
institutionnelles se substituent aux mécanismes du marché. De ce fait, les segments du marché
du travail sont appréhendés généralement en supposant que la dichotomisation sectorielle
formel et informel est censée saisir la complexité et l'évolution du travail au sein de l'économie
africaine. Ainsi, l'approche dualiste aurait la capacité de rendre compte de la diversité des modes
d'emploi, tant dans les campagnes que dans les villes. Cette section met en évidence les
mécanismes du marché du travail sous-jacents à la pauvreté, en saisissant la manière dont les
segments inhérents à ce dernier sont stratifiés. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, la réalité de la
segmentation permet de comprendre le processus d’allocation des individus dans les segments
du marché du travail et l’impact de l’appartenance des individus à un segment, sur la pauvreté
dans le ménage auquel ils sont issus. Pour cette raison, cette section a un double objectif.
D’abord, s’appesantir sur les approches théoriques et les mesures de la segmentation, ensuite,
focaliser notre réflexion sur la relation entre le fonctionnement du marché et la pauvreté.

1. La théorie de la segmentation

La théorie de la segmentation remet en cause l’unicité et l’homogénéité du marché du travail


de la théorie néoclassique, en stipulant au contraire l’existence de plusieurs segments
cloisonnés. Cette remise en cause et l'hypothèse d'un marché de travail segmenté constituent,
pour les précurseurs de la segmentation, une réponse à la persistance de certaines inégalités en
termes de salaires ou de conditions de travail inexpliquées par la théorie néoclassique. Par

58
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

conséquent, ils stipulent entre autres, que les inégalités de salaires ne se justifient pas seulement
par les différences d’investissements professionnels des travailleurs (formation, mobilité…), et
que certains salariés peuvent recevoir des revenus plus élevés que d’autres pour des raisons
autres que celles dues aux différences de capital humain (éducation, expérience professionnelle,
etc.). Ainsi, divers modèles de segmentations, à deux voire trois segments ont été proposés par
de nombreuses études (Doeringer et Piore, 1971 ; Bluestone, 1970) depuis les années 1960
particulièrement dans les pays développés. En effet, l’approche de la segmentation est dominée
par plusieurs clivages théoriques et peut se révéler à trois niveaux différents : le niveau
d’entreprise, le niveau d’emploi et le niveau salarié.

1.1 Les théoriciens de la segmentation basée sur les caractéristiques des entreprises
Plus généralement, la segmentation fondée sur les caractéristiques des entreprises émet une
segmentation tripartite où les entreprises sont classées à partir de la structure des industries et
une segmentation où les entreprises sont reparties sur deux marchés composés d’un marché
externe et d’un marché interne.

1.1.1 Les segmentations tripartites et la théorie des marchés externes et internes

Partant de la structure des industries, Bluestone (1970) émet une segmentation tripartite de
l’économie. Il repartit les entreprises selon, entre autres, leur taille et leur concentration en
capital. On distingue : l’économie du centre constituée de très grandes entreprises, l’économie
périphérique composée d’activités des autres entreprises (commerce de détail, agriculture
services, etc.), et l’économie “irrégulière” où sont classées les activités informelles et
clandestines.
Dans cette même optique de segmentation du marché fondé sur les caractéristiques des
entreprises, en d’autres termes, la théorie du marché du travail interne et externe (Doeringer et
Piore ; 1971), mettent l’accent sur le rôle des institutions dans la détermination des écarts
salariaux. Selon cette théorie, il existe parallèlement des marchés internes non concurrentiels,
et des marchés externes concurrentiels dans lesquels les entreprises se classent selon leur mode
de gestion du personnel. Pour ces auteurs, le marché interne est défini comme « une unité
administrative, un établissement industriel, à l’intérieur de laquelle la rémunération et
l’allocation du travail sont régies par un ensemble de règles et de procédures administratives ».
De ce fait, ce marché se réfère à un ensemble de règles et d’institutions qui gouvernent
l’allocation et les prix du travail au sein des entreprises. De plus, les salariés de ce marché sont

59
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

à l’abri de la concurrence. Par contre, sur le marché externe l’affectation des salariés et les
niveaux de salaire obéissent aux lois du marché, les agents sont en parfaite concurrence comme
dans les théories néoclassiques. Le marché du travail se compose donc de différents segments
plus ou moins concurrentiels, mis en évidence aussi dans le cas des pays en voie de
développement (Sethuraman 1976, Hugon 1982 et Van Dijk 1986). Cependant, comme le
rappelle Michon(2003), l’essentiel de l’hypothèse de la segmentation réside moins dans le
nombre de segments identifiables que dans le constat de profondes discontinuités. Ainsi,
d’autres théories fondent la segmentation du marché du travail non plus au niveau de
l’entreprise mais au niveau des emplois (Harrison, 1972 ; Averitt, 1968 ; Gadrey, 1992) : dans
cette optique ce sont les caractéristiques de l’emploi qui définissent les segments.

En effet, le concept de mode d’emploi selon Maruani est constitutif du statut dans le travail
pour les inégalités entre les sexes. « Le mode d’emploi, c’est-à-dire le type de contrat de travail,
les modalités d’accès au marché du travail et les conditions d’emploi, est aujourd’hui un
élément déterminant dans les rapports sociaux au sein de l’entreprise. C’est autour de cette
forme d’emploi que s’organisent un certain nombre de clivages sociaux fondamentaux dans
l’entreprise.» Maruani M. (1998). Par conséquent, une première théorie de la segmentation
fondée sur les caractéristiques de l’emploi, selon les niveaux de salaires et le degré de stabilité
de l’emploi est la théorie duale.

1.1.2 La théorie duale du marché du travail

Le dualisme du marché du travail, remonte aux travaux des auteurs tels que Piore (1972) ;
Harrison (1972), Averitt(1968), passant d’une segmentation au niveau de l’entreprise, à une
segmentation au niveau de l’emploi. On y distingue, le marché primaire et le marché secondaire
avec deux types d’emplois : les emplois primaires et les emplois secondaires dont les variables
de distinction sont le niveau de salaires et le degré de stabilité de l’emploi. Le secteur primaire
offre aux travailleurs des rémunérations élevés, des conditions de travail très satisfaisant et des
échelles de carrière. Par contre, les emplois du secteur secondaire se caractérisent par de faibles
salaires, la précarité, l’instabilité et des possibilités limitées d’avancement (voir Standing,
1978).

La théorie duale de la segmentation dans son approche s’oppose à la théorie des différences
compensatoires pour laquelle les mauvaises conditions de travail seraient compensées par une
meilleure rémunération (Baudelot et Gollac, 1993). Pour les théoriciens du marché dual il existe
une relation positive entre les conditions de travail et les salaires. Par conséquent, l’analyse des
60
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

déterminants du revenu se fait selon le secteur d’appartenance. Ceci étant, on retrouve les
emplois bien rémunéré avec de bonne condition de travail dans le secteur primaire et les emplois
dotés de conditions moins satisfaisantes et de bas salaire dans le secteur secondaire. Par ailleurs,
le capital humain n’aura aucun effet ou presque sur le niveau de salaire ou la situation
professionnelle dans le secteur d’emploi secondaire, contrairement au secteur d’emploi
primaire (Launov, 2004). En outre, en raison de barrières à l’entrée mais aussi de politiques
d’embauche discriminatoires les travailleurs du secteur secondaire ont des difficultés d’accès
au secteur primaire. La littérature sur la théorie du marché dual, s’est considérablement enrichie
au cours de ces trois dernières décennies. L’ensemble des travaux de nombreux théoriciens
cherche à montrer que le secteur primaire est désagrégé en deux strates : supérieur et inferieur
Piore (1972).

Dans le même ordre d’idée, Reich, Gordon et Edwards (1973) proposent une subdivision du
secteur primaire. Ils différencient en effet les postes primaires « subordonnés » et les postes
primaires « indépendants ». Pour ces théoriciens néo-marxiste la segmentation et la
stratification du marché est présenté comme un mécanisme de division et de contrôle sur la
main d’œuvre, dans le cas d’une syndicalisation partielle. En outre, un modèle plus récent a été
développé à la suite de ces auteurs avec les nouveaux modes gestion de la main d’œuvre des
entreprises : la « segmentation flexible » (Cases et Missègue, 2001). La particularité de la
méthode est qu’elle prend en compte une segmentation de l’emploi faite au sein de l’entreprise.
Elle subdivise les travailleurs en deux catégories opposées, les travailleurs du « noyau » et ceux
de la « périphérie ». Les salariés du premier groupe occupant les postes stratégiques de
l’entreprise avec des conditions de travail favorables, une bonne rémunération et des
perspectives de carrière. Tandis que les seconds, possèdent généralement des emplois instables
avec des contrats de travail temporaires même avec des qualifications élevées (Gadrey, 1992).
Enfin, certains auteurs de la segmentation proposent un marché segmenté à partir de la position
des salariés sur le marché du travail (Lindbeck et Snower, 1986).

1.1.3 La théorie des “insiders-outsiders”


L’opposition entre les « insiders » et les « outsiders » provient de la coexistence sur le marché
du travail d’une main d’œuvre employé et des actifs non employés. Initialement développée
pour expliquer la persistance du chômage et la hausse de salaire, cette théorie part du constat
que tous les individus n’accèdent pas aux mêmes opportunités d’emploi sur le marché du

61
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

travail. Certains individus, en situation de sous-emploi sont prêts à occuper les postes de travail
existant à des niveaux de rendement inferieurs. Lindbeck et Snower (1986 ; 2001 ; 2002)
étudient le comportement de ces individus et notent une opposition entre ceux qui occupent un
emploi les « insiders » et les candidats potentiels et chômeurs (les outsiders). Les « insiders »
étant employés peuvent négocier et influencer les décisions des entreprises en ce qui concerne
d’éventuelles rentes et les emplois contrairement aux outsiders. En effet, l’existence de
syndicats dans le marché interne et les coûts relatifs au turn-over rendent plus couteux le
remplacement des « insiders » par des personnes à la recherche d’emploi, contribuant ainsi à
l’augmentation du pouvoir de négociation des travailleurs appartenant à ces institutions. Cette
théorie apporte des éclaircissements, concernant les causes des refus des entreprises à
embaucher des personnes acceptant de travailler pour un salaire inférieur à celui des
« insiders ».
En définitive, la théorie des « insiders-outsiders » et celle du marché duale mettent en lumière
l’existence de deux marchés primaire et secondaire. Le primaire avec de bons emplois et un
certain pouvoir des salariés dû à la prise en compte des coûts du turnover. Contrairement au
secteur secondaire régi par les règles de la concurrence, compte tenu du fait que les coûts du
turnover n’y ont aucun impact (Lindbeck et Snower, 2001). Ces réalités, créent des inégalités
salariales et un chômage plus élevé dans le segment secondaire constitué majoritairement, le
plus souvent par les femmes.

1-2 La segmentation dans les pays en voie de développement : faits et tendances


empiriques

Plusieurs, investigations empiriques tentent de mettre en évidence l’inégalité entre hommes et


femmes sur le marché du travail (Boserup, 1970 ; Hartman, 1976 ; Evenson 1983 ; Anker &hein,
1986 ; etc.). C’est dans ce contexte que, la question de la segmentation du marché du travail a
fait l’objet de recherches de plusieurs économistes, notamment dans celle de la dualité.
Cependant, au fil du temps d’autres théories ont suscité un renouveau dans ce domaine, en
donnant des fondements au rationnement de l'emploi dans le secteur primaire, au différentiel
de salaire entre les deux secteurs et à la persistance du chômage (Hélène, 1990). Ainsi, l’intérêt
majeur de cette sous-section est de mettre en perspective les constats empiriques d’exemples
de segmentations, notamment dans les pays en voie de développement.

62
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.1 Dualisme du marché (formel/informel)


Des études de la segmentation du marché du travail effectuées dans les pays en voie de
développement, il en ressort que, les caractéristiques du secteur formel sont semblables au
marché primaire et ceux du secteur informel au marché secondaire selon Doeringer (1988) dans
le cas de la Jamaïque. Il note, que l’explication d’un tel phénomène ne provient pas des
différences dans les caractéristiques des travailleurs, comme les niveaux différenciés de
qualifications d’aptitudes ou, plus généralement, d’investissement en capital humain, mais au
contraire, des emplois eux-mêmes. En d’autres termes, aux modes de gestion distincts de la
main d’œuvre s’appliquant dans chaque secteur. A cet égard, Kannappan se base sur un écueil
empirique d’étude et montre que, les différentiels observés dans les gains ne permettent pas
d’affirmer qu’ils soient distribués en faveur du secteur formel. Ainsi l’hétérogénéité des gains
et des activités à l’intérieur de chaque segment constitue une limite analytique sérieuse (Fields,
1990 ; Lachaud, 1995). Les différentiels de salaires observés ne sont donc que partiellement le
résultat des écarts individuels sous-jacents de dotation en capital humain (le niveau d’étude et
l’expérience professionnelle). Cette perspective, Clignet et Baron l’attestent et font une
stratification duale du marché du travail en Afrique en se référant à une approche en termes de
systèmes productifs.

1.2.1.1.Stratification du marché du travail dans le cadre du schéma dualiste

Clignet et Baron en lieu et place de la dichotomie secteur formel/ secteur informel,


utilisent dans leurs analyses les notions de secteur moderne et de secteur non moderne. Ils
mettent en évidence que chaque groupe n’est pas homogène ; donc chacun des deux segments
comporte des strates. Dans cette réflexion, l’analyse de Clignet se limite au secteur moderne,
où il y distingue deux catégories de travailleurs dans la population active : les travailleurs
manuels et les non manuels. Il met en exergue, dans une étude sur le Cameroun que l’éducation
et l’expérience professionnelle déjà acquise sont des déterminants plus significatifs du niveau
d’aptitude et du revenu des travailleurs non manuels comparativement aux travailleurs manuels.
Par ailleurs, il montre que l’éducation scolaire joue un rôle important dans l’intégration ou
l’insertion des travailleurs dans les deux segments. En revanche, l’analyse de Baron à l’inverse
de celle de Clignet se focalise sur trois groupes homogènes de salariés. Notamment, le groupe
des cadres, celui des travailleurs qualifiés et enfin les travailleurs semi-qualifiés. Les cadres
sont les travailleurs spécifiques au secteur moderne. Le second groupe, celui des travailleurs
qualifiés sont ceux qui appartiennent aux deux secteurs (moderne et informel). Comme on peut
le voir, dans ce groupe, il y a la coexistence des travailleurs qualifiés du secteur moderne et

63
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

ceux du secteur informel. Dans ce contexte, les entrepreneurs du secteur informel sont ceux qui
ont été formés par le secteur moderne. Le dernier groupe est composé des travailleurs non
qualifiés des deux secteurs tels que les employés non qualifiés, les manœuvres du secteur
moderne et les autres entrepreneurs du secteur informel. Dans le même ordre d’idée de ces
auteurs, Lachaud soutient que le marché du travail se situe dans un cadre hétérogène de
segment. Cependant, il conseille l’abandon de la dichotomisation du marché en secteur moderne
et secteur informel qui est limité et peu pertinente. Plus précisément, il propose une analyse
basée sur les différentes formes de travail vulnérable (Lachaud, 1993, 1994a, 1994b).

1.2.1.2.Analyse selon les différentes formes de travail vulnérable

Lachaud (2000) distingue deux principales approches de la segmentation du marché du


travail : l’approche à priori et l’approche à posteriori. Dans son analyse, l’approche à priori
se situe dans le cadre de la dichotomisation sectorielle formel – informel du marché du travail.
Dans cette approche, Lachaud déplore le fait que la constitution des groupes socioéconomique
se base uniquement sur des informations provenant de questionnaires qui supposent
l’homogénéité du secteur informel. Pourtant, compte tenu de la diversité des modes d’emploi
tant dans les villes que dans les campagnes, il existe en réalité une hétérogénéité de segment
dans ce secteur. Par conséquent, Lachaud avance que cette approche est inappropriée. Il
conseille donc l’abandon de cette approche et propose une analyse a posteriori. Pour mener à
bien son analyse, il tente d’appréhender les mécanismes du marché du travail par rapport aux
différentes formes de travail vulnérable. Cette approche contrairement à la première adopte
une démarche pragmatique qui englobe les concepts de protection, de régularité et
d’autonomie. En clair, dans cette approche, les segments du marchés du travail ne sont pas
déterminés à priori selon des critères préalablement établis afin de spécifier la
dichotomisation des systèmes productifs, mais a posteriori à l’aide d’une analyse en
classification de groupe. De ce fait, s’appuyant sur cette procédure, il esquisse la stratification
suivante basée sur cinq groupes de travailleurs. Notamment, le groupe de travailleurs
irréguliers composé de tous les travailleurs irréguliers. Le groupe de travailleurs protégés qui
englobe le travail salarié régulier, le contrat à durée indéterminée, la rémunération mensuelle.
Suivi des travailleurs indépendants subdivisé en deux groupes, avec d’une part les marginaux
constitués du travail indépendant régulier caractérisé par un capital inférieur à un certain seuil
qui est variable selon le pays considéré. Et d’autre part, le travail indépendant régulier avec
un capital supérieur au seuil établit. Enfin, le groupe de travailleurs non- protégés qui

64
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

renferme le travail salarié régulier avec au plus des ouvriers semi-qualifiés ayant des contrats
à durée au plus déterminée.

2. Segmentation du marché du travail en Côte d’Ivoire : un état des lieux


Les analyses empiriques nous ont donné un aperçu global de la segmentation du marché du
travail dans le cas des pays sous-développés. Cette réflexion, donne l’occasion d’analyser ici la
structure du marché du travail de la Côte d’Ivoire. Cependant, avant de présenter la
segmentation du marché du travail de la Côte d’Ivoire, il nous semble nécessaire de présenter
d’abord la structure de la population active et la situation de l’emploi.

2.1. Structure de la population active et situation de l’emploi


La population en âge de travailler se décompose en main d’œuvre et en population hors-main
d’œuvre. La main-d’œuvre globalement constituée des personnes en emploi et des personnes
au chômage. On retrouve, la population hors main-d’œuvre principalement composée de
personnes au travail (mais pas en emploi) pour la consommation personnelle (producteurs
d’aliments de subsistance, autres travaux de production pour la consommation personnelle),
comprend aussi bien la main d’œuvre potentielle que les autres individus hors main d’œuvre
(INS, ENV2015). Après ce bref rappel, présentons maintenant la structure de la population
active de la Côte d’Ivoire.

2.1.1 Structure de la population active


Les résultats du quatrième Recensement générale de la population et de l’habitat (RGPH 2014)
révèlent que la Côte d’Ivoire compte environs 23 millions d’habitants dont 17.172.297
d’Ivoiriens, soit 75,8 %. On décèle donc 5.491972 d’étrangers, soit 24.2% de la population avec
49.7 % de la population qui vit en zone urbaine contre 50,3% en zone rurale. Le taux de
croissance démographique annuel est de 2.6% en 2014. Notamment sur les 23 millions de
personnes ; la repartions de la population par sexe montre que les hommes représentent 50, 7%
contre 48,3%de femmes. De plus, c’est une population relativement jeune avec 36,2% dont
l’âge oscille entre 15 et 34 ans et 77,7% de la population ont entre zéro et 35ans. L’examen de
cette condition révèle qu’à l’exception de la tranche d’âge de 0 à 14 ans ou les hommes
représentent 50,7% de la population totale, on remarque que les femmes sont plus nombreuses
dans toutes les tranches d’âge. Aussi, l’écart de la représentativité par sexe est-il plus marqué
dans la classe des 25 à 44 ans où les femmes représentent 57,5%. L’illustration de cette analyse
65
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

est faite par le tableau suivant, présentant la structure de la population totale selon la situation
dans l’activité et le groupe d’âge

Tableau 1: Structure de la population totale selon la situation dans l’activité et le groupe d’âge

Situation Effectif Pourcentage (%)


D’activité Moins 14-64 65 ans et Total Moins 14- 65ans Total
de 14 ans plus de 14 64ans et
ans ans plus
Actif occupé 303952 9201997 290153 9796101 3.1 93,9 3,0 100,0
Chômeur BIT - 584997 4172 589149 - 99,3 0,7 100,0
Chômeur élargi - 395790 1281 397071 - 99,7 0,3 100,0
Inactif 7543000 3750533 378838 11672370 64.6 32,7 3,2 100,0
Total 7846952 13933297 674444 22545692 34.9 62,1 3,0 100,0
Source ; AGEPE, 2012
Dans ce contexte ci-dessus décrit, en Côte d’Ivoire, la structure de la population active en 2015,
donne une population en âge de travailler essentiellement urbaine et majoritairement jeune qui
représente 62,8% de la population. De plus, les résultats de l’ENV 2015 montrent que les jeunes
dont l’âge est compris entre 14 et 35 ans représentent 63,1% de la population en âge de
travailler. Après cette description de la population active Ivoirienne, il est nécessaire de jeter
un regard sur la situation de l’emploi et le taux de chômage. Toutefois, cela ne va se faire
qu’après avoir noté que la norme édictée pour le fonctionnement du marché du travail suppose
l’ajustement entre l’offre et la demande d’emploi, qui sont une fonction respectivement
croissante et décroissante du salaire réel. Ainsi, le déséquilibre sur ce marché porte le nom de
chômage.

2.1.2 La situation de l’emploi et du taux de chômage en Côte d’Ivoire

D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), l'exercice d’un emploi décent


couvre plus d’aspects que la perception d'un salaire, il signifie également l’intégration dans le
marché de l'emploi formel, une certaine sécurité de l'emploi, le respect de la législation du
travail et l'accès à la protection sociale. En Côte d’Ivoire, l’accès à un emploi décent est une
revendication des populations qui a souvent été au cœur des politiques de développement. Le
cadre d’analyse de la situation de l’emploi en Côte d’Ivoire montre que le marché de l’emploi
ivoirien est dominé par le secteur informel et la précarité.

66
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

La situation de l’emploi, en 2013, donne un taux de chômage de 5,3% de la population


totale avec une forte contribution de l’ordre de 75,4% des jeunes âgés de 14 à 35 ans.
Notamment, les emplois occupés sont pourvus à 46,3% par le secteur informel non agricole,
3,3% par le secteur privé et formel. Afin de mieux rendre compte de la situation du chômage,
il est important de souligner qu’au regard du flux croissant des étudiants et élèves qui sortent
des établissements publics et privés, les efforts des gouvernants ont été plus orientés vers la
rapidité de la sortie du chômage et sur l’efficacité du placement. En effet, cette orientation
politique est à l’origine de la baisse du taux de chômage en général. A cet effet, on observe une
diminution du taux de chômage, de 5,5% en 2014 à 2.8% en 2016 dans le district d’Abidjan.
Au niveau national, de 10,7% en 2014, le taux de chômage passe à 6,9% en 2016. De surcroît,
l’on note une baisse du taux de chômage aussi bien chez les femmes qui passe de 6,9% en 2014
à 3,5% en 2016. Chez les jeunes spécifiquement 11,4% chez les 14-24ans contre 6,3 chez les
25-34ans en 2014 et 3,9% chez 14-24 ans contre 3.4% chez les 25-34 ans en 2016. Pour étayer
nos propos, le tableau ci-dessous décrit la situation de la population en emploi selon le sexe, la
tranche d’âge et le niveau d’instruction. L’analyse de la répartition des personnes, en emploi, à
travers ce tableau permet de constater, que les personnes en emploi représentent 93,11% de la
main d’œuvre avec un écart flagrant entre les hommes et les femmes.
En effet, parmi les personnes en emploi 61,4 sont des hommes contre 38,6% de femmes. Ainsi,
au niveau sexospécifique, la répartition du chômage, montre un taux chez les femmes de l’ordre
de 6,9% en 2014 qui passe à 3.5% en 2016. Cette population dans son ensemble est relativement
jeune (55,8% de la population en emploi appartient à la tranche d’âge comprise entre 14 et 35
ans). De plus, l’analyse par niveau d’instruction montre que plus de la moitié de la population
en emploi n’a aucun niveau d’instruction (environ 56,1%). Cela montre la part importante du
secteur agricole et du secteur informel dans l’économie ivoirienne.
Dans ce contexte, il est judicieux de révéler que l’expansion du secteur informel avec un taux
de plus de 80% de l’économie ivoirienne est le secteur le plus pourvoyeur d’emploi. Par
conséquent, parmi les emplois occupés sont pourvus à 46,3% par le secteur informel non
agricole, 3,3% par le secteur privé formel et 5% par le secteur public. La question de la qualité
de l’emploi à occuper par les chômeurs semble de ce fait être reléguée au second plan. C’est
dans ce contexte on remarque que 71% de cette population occupée cherchent un autre emploi
mieux rémunéré selon une enquête mené par l’AGEEP. Une remarque s’impose sur l’intérêt
que relève la faible signification de la baisse du taux de chômage face à la paupérisation de la
population (plus de 46% de la population est en dessous du seuil de pauvreté) et à l’expansion
du secteur informel.

67
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 2 : répartition de la population en emploi


Caractéristiques socio Effectif %
démographiques 7486939 93,11
Masculin 4600334 61,4
sexes
Féminin 2886605 38,6
14-35 ans 4175873 55,8
Âge
36 ans et plus 3311066 44,2
Aucun 4165579 56,1
Primaire 1434264 19,3
Niveau d’éducation
secondaire 1462713 19,7
supérieur 368805 5,0
Source : extrait de l’INS, ENV 2015
Cette réflexion autour de la baisse du chômage qui ne semble pas avoir d’impact sur la pauvreté
de la population nous amène à analyser la répartition structurelle du marché du travail en Côte
d’Ivoire d’où un marché segmenté.

2.2.Stratification du marché urbain


Contrairement à la ligne argumentative mobilisée plus haut dans le cadre de la segmentation
tripartite des économies de marché fortement salariées, la segmentation ici sera difficilement
liée aux pratiques des entreprises. Dans cette sous-section nous considérons quatre segments,
le secteur public, le secteur privé, le secteur formel et informel.

2.2.1 La segmentation en secteur public et privé


Cette étape de la réflexion se révèle en effet très utile en ce qu’elle permet de mieux appréhender
la segmentation duale. En d’autres termes, l’analyse du marché du travail en secteur public et
privé révèle une situation différentielle entre les sexes. Afin d’éclairer ce point, il faut révéler
qu’en plus de l’importance que peut revêtir l’obtention d’un emploi bien rémunéré les secteurs
publics et privé du marché du travail reposent sur des logiques de fonctionnement et
d’organisation assez stable. Ainsi, la fonction publique comporte proportionnellement plus de
salariés dans les catégories socioprofessionnelles les plus qualifiées (cadres supérieurs et
professions intermédiaires) par rapport au secteur privé. Il faut aussi souligner que le secteur
public comporte une part relativement plus importante de femmes 26% en milieu urbain et
particulièrement 30.3% à Abidjan. Dans ce même critère, la proportion de femmes cadres est

68
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

plus élevée D.et Pouget J. (2004). On constate dans ce secteur que les différentiels salariaux
entre hommes et femmes ne sont pas très perceptibles. Les femmes comme les hommes ont le
même traitement salarial.

2.2.2. La segmentation duale du marché du travail : secteur formel et informel


Les informations relatives à la participation à l’emploi en Côte d’Ivoire, permettent aussi de
présenter la segmentation duale du marché du travail. L’analyse est centrée sur la dichotomie
secteur formel/secteur informel. Elle est illustrée par le tableau ci-dessous qui montre la
répartition de la population en emploi selon le secteur d’activité (formel et informel) et le sexe
en Côte d’Ivoire.
Comme on peut le voir, ce tableau retrace les différences qui existent entre le secteur formel et
le secteur informel en Côte d’Ivoire. Les inégalités dans le secteur formel sont plus grandes que
celles du secteur informel.

Tableau 3: Répartition de la population en emploi selon le secteur institutionnel

Caractéristiques socio Secteur formel Secteur informel


Démographique effectif % Effectif %
Ensemble 614668 8,2 6872271 91,8
Masculin 449559 73,1 4150775 60,4
Sexe
Féminin 165110 26,9 2721495 39,6
Aucun 77616 12,8 4087963 59,9
Niveau Primaire 55078 9,1 1379186 20,2
d’éducation secondaire 266010 43,8 1196703 17,5
Supérieur 208604 34,3 160201 2,3
Source : Extrait des données de l’INS, ENV2015

. En effet, alors que le secteur formel occupe 73,1% des hommes, seulement 26,9% des femmes
occupe un emploi dans ce secteur. Au niveau du secteur informel, on assiste à une réduction de
cet écart avec une proportion de 60,4% des hommes contre 39,6% des femmes.
L’analyse par le niveau d’instruction corrobore l’affirmation selon laquelle il y a une grande
différence des niveaux d’éducation entre les employés des secteurs formels et celui des secteurs
informels. Puisque les résultats du tableau montrent que plus du tiers (34,3%) des emplois du
secteur formel sont occupés par des personnes de niveau d’éducation supérieur tandis que

69
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

59,9% des emplois du secteur informel sont occupés par des personnes n’ayant aucun niveau
d’instruction.
Le secteur informel joue un rôle de régulateur de la crise économique et sociale en absorbant
une grande partie de la main d’œuvre. De ce fait, il satisfait les besoins fondamentaux, crée des
emplois et distribue des revenus. Il constitue un lieu de formation et d’apprentissage pour les
personnes ayant un bas niveau d’éducation. Autrement dit, le secteur informel est caractérisé
par une production marchande différente des normes occidentales et un taux salariat
relativement faible. Là encore, s’esquisse l’épineuse question du lien du choix sectoriel et de la
pauvreté.

SECTION III : Aperçu global des inégalités entre homme et femme en Côte
d’Ivoire
L’enjeu de la réflexion sur les inégalités entre les sexes, déjà en 1955 amène l’économiste
Arthur Lewis à écrire « qu’un des moyen les plus évidents pour accroitre le revenu national
d’un pays est de créer des sources d’emplois pour les femmes en dehors de leur foyer ».14
pourtant cette option économique n’est pas embrassée avec beaucoup d’enthousiasme en Côte
d’Ivoire. Ainsi, à l’instar de certains pays en développement, elle connaît un déséquilibre entre
hommes et femmes en termes de participation à l’activité économique et de gestion du pouvoir.
Or la lutte contre les inégalités du genre sur le marché du travail est devenue un enjeu crucial
dans la mesure où la réduction des écarts de revenus entre sexes est un élément important dans
la lutte contre la pauvreté et donc à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD). Cette section fait donc un état des lieux sur les disparités entre sexes au niveau de
l’éducation, du marché du travail, du revenu et de la pauvreté.

1. Généralité sur les inégalités du genre en Côte d’Ivoire

L’étude des inégalités en matière de capital humain montre que les performances du pays sont
à la défaveur des femmes. En Côte d’ivoire, comme dans la plupart des pays, les écarts de bien-
être sont traditionnellement en faveur des hommes. Notamment, la Côte d’Ivoire est classée par
les Nations-Unies au 171ème rang sur 188 pays dans son indice sur l’équité des genres en 2015
(Graphique3)36. Elle se classe aussi au plus bas dans ce même indicateur par le World Economic
Forum (136 ème sur 144 pays) et la Banque Africaine de Développement (43eme sur 52 pays
africains). Au niveau national, l’indicateur d’inégalité de genre (l’IIG) constitué de trois

70
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

dimensions, notamment la santé de la reproduction, l’autonomisation et la participation au


marché du travail avoisine 0,7. Ainsi, il reflète de fortes disparités en matière d’éducation et
d’autonomisation des femmes au niveau régional en 2002, 2008 et 2011 (cf. Tableau1)

Tableau 4: Évolution de l’IIG par région en 2002,2008 et 2011

REGIONS IIG Taux de croissance annuelle


de l’IIG (%)
2002 2008 2011 2002/2008 2008/2012
CENTRE NORD 0,677 0,651 0,651 -0,6 -0,01
CENTRE-OUEST 0,718 0,681 0,670 -0,8 -0,51
NORD-EST 0,797 0,807 0,667 0,2 -5,77
NORD 0,708 0,713 0,703 0,1 -0,45
OUEST 0,717 0,685 0,647 -0,7 -1,84
SUD 0,627 0,627 0,607 0,0 -1.05
SUD-OUEST 0,826 0,806 0,795 -0,4 -0,46
CENTRE 0,683 0,690 0,686 0,2 -0,18
CENTRE-EST 0,838 0,827 0,662 -0,2 -6,65
NORD-OUEST 0,704 0,695 0,717 -0,2 1,04
ABIDJAN 0,546 0.557 0,549 0,3 -0,48
COTE D’IVOIRE 0,700 0,679 0,662 -0,5 -0,83
Source : PNUD, Tendance et cartographie du développement humain en Côte d’Ivoire 2013

Ce constat, de la faible intégration des femmes dans le processus de développement, a conduit


le gouvernement de la Côte d’Ivoire à redéfinir les politiques de développement, d’où plusieurs
stratégies en leur faveur19. Le pays s’est engagé à relever les défis qui contraignent la
progression vers l’équité et l’égalité de la notion du genre. De ce fait, la Côte d’ivoire a ratifié
différentes conventions internationales et régionales proclamant l’égalité en dignité et en droit
de tous les êtres humains : la déclaration universelle des droits de l’Homme, la Convention
relative à l’Elimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF
1995), le Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux Droits
de la Femme (Maputo, 2003), le Protocole facultatif à la CEDEF(2013), et a adhéré à la Plate-
forme d’Action de Beijing. Ainsi, au niveau national, elle dispose d’un document sur l’égalité
des chances, l’équité et le Genre et a mis en place plusieurs lois pour lutter contre les inégalités
liées au genre. Il s’agit de : la loi n°98-757 du 23 décembre 1998 portant répression de toutes
formes de violence à l’égard des femmes, y compris les mutilations génitales féminines; la loi
n°98-756 du 23 décembre 1998 modifiant et complétant la loi instituant le code pénal réprimant
le harcèlement sexuel, le travail forcé et l’union précoce ou forcée; la loi n°83-300 du 02 Août
1983 (modifiant et complétant la loi n°64/375 du 3 Octobre 1964) qui consacre l’égalité dans

Cf La charte des Nations Unies [1995] qui réaffirme la loi dans les droits fondamentaux de l’homme dans la dignité
et la valeur de la personne humaine et dans l’égalité des droits de l’homme et de la femme

71
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

le couple et la possibilité pour la femme de choisir la communauté ou la séparation des biens.


Il y a aussi, la constitution du 23 juillet qui réitère le principe d’égalité entre l’homme et la
femme.
En revanche, malgré ces avancées incontestables en matière des droits et dans certains créneaux
de base (la scolarisation des filles, augmentation du niveau de diplômes féminins, progression
de l’activité féminine, accès plus nombreux à des emplois qualifiés), différents indicateurs
montrent la persistance d’inégalités de genre. La représentativité des femmes à des postes de
décisions reste très faible dans le pays. Les inégalités fondées sur le sexe persistent dans divers
aspects de la vie économique en Côte d’ivoire. Ainsi, comme vu précédemment en dix ans
(l’indicateur d’inégalité de genre de 0.700 en 2002 n’est passé qu’à 0.662 en 2011. Force est
donc de constater que la grande majorité des femmes ivoiriennes demeure exclue du salariat.
Leur contribution est sous-évaluée, sinon ignorée, sur le marché du travail. Les inégalités entre
hommes et femmes constituent donc un aspect essentiel de l’analyse de la pauvreté en Côte
d’Ivoire. A cet égard, un regard transversal sur les inégalités de sexes dans l’éducation permettra
de mieux appréhender les inégalités dans les revenus.

1.1 Les inégalités éducatives

L’analyse des inégalités éducatives à travers la scolarisation et l’achèvement du primaire permet


d’apprécier le niveau de dotation en capital humain de la population ivoirienne et permet
également de caractériser les éventuelles disparités sexospécifiques. Par conséquent, elle
contribue à mieux comprendre l’aptitude de cette population à mieux tirer profit des
opportunités que lui offre son cadre de vie. En dehors de ces considérations, il important de
relever que l’égalité entre les sexes en matière d’éducation est l’un des défis majeurs du
gouvernement de la Côte d’ Ivoire pour l’atteinte du 3èm objectif des OMD30. Ainsi, on a pu
observer une réduction considérable entre le taux de scolarisation primaire des filles et celui
des garçons.

Pourtant, en dépit des reformes entreprises comme l’Éducation pour Tous (EPT) et des
programmes de sensibilisation pour l’amélioration de la scolarisation des jeunes filles à l’école,
on remarque que les écarts persistent toujours. A titre illustratif, en 1980, le taux de scolarisation
des filles était de 58,06% contre 89,77%. Soit un écart de 31,70%. En 2012, ce taux est estimé
à 78,09% pour les filles contre 91,81% pour les garçons.

72
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2 Évolution du taux brut de scolarisation par sexe.

L’égalité entre les sexes n’implique pas seulement qu’un nombre égal de fille et de garçon entre
à l’école et progressent dans leur scolarité. Il s’agit aussi de faire en sorte qu’ils reçoivent les
mêmes traitements dans le cadre scolaire. De ce fait, s’il est clair que le taux brut de
scolarisation n’est pas le seul aspect qu’il faut analyser pour parler d’égalité éducative, il faut
noter qu’il est pertinent de mettre l’accent sur cet indicateur, car les études révèlent que les pays
les plus éloignés de l’objectif de la parité évoquent que la principale difficulté se situe au niveau
de l’accessibilité des filles à l’école (Rapport EPT, 2012).

Le taux brut de scolarisation (TBS) au niveau primaire est le nombre total d’élèves inscrits à un niveau
d’étude primaire quel que soit leur âge, exprimé en pourcentage de la population d’âge, exprimé en
pourcentage de la population d’âge officiel de fréquentation du niveau primaire (6-11ans). Le taux brut
de scolarisation au niveau secondaire est le nombre total d’élèves inscrits à un niveau d’études
secondaires, quel que soit leur âge, exprimé en pourcentage de la population d’âge officiel de
fréquentation du niveau secondaire (12-18 ans). Le taux brut de scolarisation au niveau supérieur est le
nombre total d’élèves inscrits à un niveau d’études supérieures, quel que soit leur âge, exprimé en
pourcentage de la population d’âge officiel de fréquentation du niveau supérieur (19-22ans). Le taux
brut de scolarisation tous niveaux confondus est le nombre total d’élèves inscrits à l’un des niveaux
d’études données, quel que soit son âge, exprimé en pourcentage de la population de fréquentation d’un
niveau donné d’étude (6-22 ans)

Il requiert donc de présenter le graphique ci- dessous qui montre l’évolution du taux brut de
scolarisation primaire en fonction des sexes.

Figure 1: Évolution du taux brut de scolarisation par sexe


120
100
80
60
40
20
0
1984
1980
1981
1982
1983

1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014

fille garçon

Source : Auteur à partir des données de la banque mondiale (wdi, 2015)

Sur l’ensemble de la période d’étude, on observe une disparité entre le taux brut de scolarisation
primaire des filles et celui des garçons. De 1980 à 2007, une forte disparité est observée. Par

73
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

exemple, en 1980, le taux de scolarisation des filles était de 58,06% contre 89,77%. Soit un
écart de 31,70%. La même la tendance est observée jusqu’à 2007 avec une nette amélioration.
A cette date, le taux de scolarisation est estimé à 61,79% pour les filles contre 77,43 par les
garçons. Soit un écart de 15,63%. A partir de 2010, grâce aux politiques de sensibilisation sur
la scolarisation de la jeune fille, les écarts ont considérablement baissés. Ainsi, en 2012, ce taux
est estimé à 78,09% pour les filles contre 91,81% pour les garçons. Soit un écart de 13,72%.

1.3 Évolution du taux d’achèvement du primaire en fonction du sexe

Figure 2: Évolution du taux d’achèvement par sexe

80
70
60
50
40
30
20
10
0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014

fille garçon

Source : Auteur à partir des données de la banque mondiale (wdi, 2015)

On remarque que la disparité entre les filles et les garçons est encore plus grande au niveau du
taux d’achèvement que celle observée au niveau du taux brut de scolarisation. Sur l’ensemble
de la période d’étude, le taux d’achèvement des garçons dépasse en moyenne 65%.
Contrairement à celui des garçons, le taux d’achèvement des filles peut être observé sur deux
périodes. De 1980 à 2009, ce taux peine à atteindre les 40%. Cela signifie que sur cette période
moins de 40% des filles terminent avec succès la dernière année du primaire. Ce taux s’est
nettement améliorer entre 2010 et 2014. Il envoisine les 50%. Malgré cette amélioration, le taux
d’achèvement des filles reste encore faible par rapport à celui des garçons.

2. La place des femmes sur le marché du travail en Côte d’Ivoire

En Côte d'ivoire, le ratio de la part de la population active employée de plus de 15 ans qui
permet d’obtenir une image relativement représentative de la situation de l’emploi n'a guère

74
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

varié sur les vingt dernières années, oscillant entre 63.10 % en 1991 et 64.10 % en 2012 (Banque
mondiale, 2014). La volonté récente affichée par les dirigeants de la Côte d’Ivoire à travers
l’intégration de politiques et actions en faveurs des femmes a permis une relative amélioration
de la situation de ces dernières par rapport au passé. Cependant, des inégalités de genre
persistent avec un niveau de pauvreté élevé dans tous les secteurs de la vie économique et
sociale du pays. En guise d’illustration, la participation à l’emploi, présentent un écart entre les
hommes et les femmes de 13% en 2015.31Ainsi, on constate des obstacles majeurs à l’accès au
pouvoir de décision et à l’emploi des femmes. Elles restent faiblement représentées, dans les
instances de décision telles que le parlement (10.5%), le gouvernement (17%), le conseil
Économique et social (17%), les chefs de missions diplomatiques (13%), les conseils régionaux
(11,33%) et les conseils municipaux (14,97%). Pour les postes de responsabilités dans la
fonction publique et les établissements publics, les femmes ne représentent que 26%20.Dans le
même temps, la population inactive est de 2936194 dont 2 167 376 femmes (59.1%) et 768 818
hommes (17.5%) (CEDF, 2010, p.66). Force est de constater que la population inactive est
composée en majeur partie de femmes. Même si le nombre d’emploi global, qui était estimé en
2000 à 6 006 190, a considérablement chuté, provoquant un chômage de 6.2 % de la population
active, soit 402 274 chômeurs, sur une population active de 6 502 115.

A ce propos, il est important de noter, que sur les vingt dernières années, le ratio de la part de
la population active des plus de 15 ans est stagnante, oscillant entre 63.10% en 1991 et 64.1 %
en 2012 (Banque mondiale 2014), situation certainement due, aux crises militaro-politique
vécues en Côte d’ivoire. Toutefois, quoiqu’il en soit, ce ratio est plus élevé pour les hommes
que pour les femmes : 70% pour les hommes, contre 59% pour les femmes (Agence d’études
et de promotion de l’emploi, Agepe, 2013). A cet effet, dans le secteur de l’emploi, les femmes
représentent respectivement 60%, 16,7 % et 22% de la population nationale dans les secteurs
d’activités primaire, secondaire et tertiaire21. Pareillement, dans les différents sous-secteurs de
l’emploi, la proportion des femmes est en deçà de 20%, en dehors du sous-secteur de
l’Administration et des services sociaux où elles représentent 36,6%. Force est donc de
constater, que la crise de l’emploi affecte de façon générale, plus les femmes que les hommes
en Côte d’Ivoire. Dès lors, elles sont plus touchées par l’emploi vulnérable (78.1% selon
l’enquête Agepe 2013).

20
Ministère de la solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, Rapport de la Côte d’ivoire sur la mise en
œuvre du programme de Beijing vingt ans après, juin 2014
21
Participation des femmes à la vie publique, UNESCO

75
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

En guise d’illustration, en 2012, le ratio de participation femmes-hommes au marché du travail


formel était de 64%, témoignant d’une insertion économique des femmes largement inférieure
à celle des hommes. De plus, seulement 53 % des femmes âgées de 15 à 64 ans sont actives
économiquement, par rapport à 82% des hommes. En outre, selon les statistiques nationales,
une femme reçoit en moyenne un salaire mensuel de 94000 FCFA alors que celui d’un homme
avoisine 141000. Ce qui explique, que le revenu moyen des femmes en Côte d’Ivoire soit
inférieur de 59% à celui des hommes. A partir de ces analyses, on relève que le cadre culturel
ivoirien est marqué de manière profonde, de relations inégalitaires entre la femme et l’homme
dans l’emploi. D’où, un possible lien avec les 75 % d’ivoiriennes qui vivent en dessous du seuil
de pauvreté, selon le rapport de la Banque mondiale de 2013.

2.1 Emploi des femmes en Côte d’Ivoire et précarité

Le contexte socio-économique du marché de l’emploi de la Côte d’Ivoire, reflète que les


femmes ont moins facilement accès à des emplois productifs que les hommes. Elles travaillent
presque en majorité dans des entreprises informelles, faiblement productives et donc
relativement peu rémunératrices. Cette proportion atteint 90%, alors qu’elle n’est que de 68%
pour les hommes22. Cet écart est encore plus grand dans les zones urbaines où 52% des hommes
occupent un emploi salarié dans une entreprise formelle ou le secteur public contre seulement
26.4% pour les femmes.
A l’origine l’accès à certaines branches d’activité était très difficile pour les femmes. Cela
explique les disparités énormes qui existent entre l’homme et la femme sur le marché du travail
en Côte d’Ivoire. Ainsi les femmes font partie du groupe de la population dite vulnérable sur le
marché de l’emploi. Une analyse selon 14 branches d’activités permet de décrire la disparité
entre homme et femme sur le marché de l’emploi. Le tableau ci-dessous illustre cette situation.

Les chiffres du tableau indiquent l’existence d’une grande disparité entre les hommes et les
femmes dans les différentes branches d’activité. En effet, sur l’ensemble des 14 branches
d’activité, les femmes sont sous représentées que les hommes dans 9 branches. Elles sont même
quasi absentes dans certaines branches d’activité telles que « Bâtiment et Travaux Publics »,

22
Source : Banque mondiale, Vers de meilleurs emplois et l’inclusion productive : Un diagnostic de
la situation de l’emploi en Côte d’Ivoire, 2017. Pour une comparaison internationale, cf. FMI, Women,
Work, and the Economy: Gains from Gender Equity, 2013.

76
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

« Services de réparation », « Élevage, chasse, pêche » puisque leur part dans ces branches peine
à atteindre les 1%.

Tableau 5: répartition des emplois selon la branche d’activité

Hommes Femmes Ensemble


Effectif % Effectif % Effectif %
Agriculture
2 586 158 47,8 1 751 602 42,9 4 337 760 45,7
Sylviculture, cueillette
92 827 1,7 21 335 0,5 114 162 1,2
Élevage, chasse, pêche 73 252 1,4 6 709 0,2 79 961 0,8
Agro-alimentaire 37 851 0,7 15 357 0,4 53 208 0,6
Confection d'articles
80 240 1,5 74 538 1,8 154 778 1,6
vestimentaires
Bâtiment et Travaux
Publics 147 662 2,7 3 551 0,1 151 213 1,6
Autres industries 241 982 4,5 39 418 1,0 281 400 3,0
Commerce de détail 663 000 12,3 1 290 090 31,6 1 953 090 20,6
Commerce de gros 101 218 1,9 155 596 3,8 256 814 2,7
Services de réparation 168 162 3,1 4 638 0,1 172 800 1,8
Hôtels et restaurants 63 767 1,2 136 816 3,3 200 583 2,1
Transports et
327 486 6,1 24 235 0,6 351 721 3,7
communication
Services au ménage 284 534 5,3 393 259 9,6 677 793 7,1
Autres services 538 698 10,0 168 169 4,1 706 867 7,4
Ensemble 5 406 838 100,0 4 085 314 100,0 9 492 150 100,0
Source : AGEPE, 2012

En revanche, les femmes sont plus représentées dans les branches d’activités telles que la
confection d’articles vestimentaires, le commerce en détail, le commerce en gros, hôtels et
restauration et les services au ménage.

L’analyse selon les types d’emplois laisse voir une plus grande disparité entre l’homme et la
femme. Selon les études de l’ENV 2015, la répartition selon le type d’emploi est composée
d’emplois salariés, d’emplois indépendants, d’aides familiales et les inclassables. L’analyse
montre que la population en emploi est composée de 36,4% de salariés contre 54,0% d’emplois
indépendants et 8,2% d’aides familiales. L’analyse par sexe indique une forte disparité entre
l’homme et la femme en matière d’emploi salarié. Les hommes occupent les trois quarts des

77
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

emplois salariés (73,2%) contre 26,8% pour les femmes. La même tendance est observée au
niveau des emplois indépendants. L’emploi indépendant est principalement occupé par les
hommes (58,6%). A ce niveau l’écart entre l’homme et la femme s’est considérablement réduit
puisque la proportion des femmes qui occupe les emplois indépendants est estimée à 41,4%.
Par contre l’aide familial et les emplois inclassables sont essentiellement pour les femmes. Ainsi
l’aide familiale enregistre 68,2% des femmes contre 31,8% des hommes. Quant aux emplois
inclassables on note un écart important entre la femme (71,9%) et l’homme (28,1%). Dans ces
conditions, il n’est pas surprenant que les femmes soient parmi les groupes les plus vulnérables
sur le marché de l’emploi en Côte d’Ivoire. L’on peut également aisément comprendre pourquoi
les femmes sont surreprésentées dans le secteur informel.

2.2 Femme et secteur informel


Le marché de l'emploi en Côte d’ivoire se caractérise par l’importance du marché informel.
Les données statistiques relatives au secteur formel et informel en s’appuyant sur les enquêtes
nationales sur la situation de l'emploi de 2012 (Agepe, 2012) et de 2014 (ministère de l'Emploi,
2013b), révèlent que le secteur informel représente 90 % des emplois tandis que le secteur privé
formel et le secteur public représentent respectivement 4.1 % et 3.1 % des emplois. Si l’on
inclut les emplois de services des ménages (occupés principalement par des femmes), la part du
secteur informel dans l’emploi total est estimée à 91.1 % (Agepe, 2013).
Le travail informel touche donc la quasi-totalité des travailleurs qui travaillent dans des
entreprises agricoles (soit 42 % de la population active selon l'enquête de 2014). Mais
également 49 % de la population active qui travaille dans des entreprises informelles non
agricoles, principalement dans les secteurs du commerce de détail ou de l’aide domestique
(ministère de l’Emploi 2013b ; PNUD, 2013). Il est aussi judicieux de préciser qu’en 2008, huit
travailleurs sur dix ne bénéficiaient d’aucun contrat de travail (ENV 2008) ; neuf sur dix
travaillant dans des entreprises qui ne tiennent pas de comptabilité (88 % en 2008 - ENV 2008)
et ne délivrent pas de bulletin de paie (90 % des travailleurs en 2008 ENV 2008), notamment
dans le secteur primaire.
Par ailleurs, il faut noter que le secteur informel est le secteur qui emploie le plus de femme. En
effet, l’ENV2015 révèle que comparativement au secteur formel (26,9%), le secteur informel
emploi une importante proportion des femmes (39,6%). Il est donc nécessaire, de mettre en
lumière la situation des femmes dans ce secteur dit non-structuré.

78
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

A l’origine, le secteur informel est supposé comme homogène. Mais au fil du temps certaines
études ont montré qu’il existe, en réalité, une hétérogénéité de segment dans ce secteur compte
tenu de la diversité des modes d’emploi. Dans le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, les études
de Combarnous (1998) ont révélé une segmentation tripartite du marché du travail informel. Ce
marché est composé de trois groupes homogènes de secteur d’activité à savoir l’informel
évolutif primaire, l’informel évolutif secondaire et l’informel involutif. Des lors, même si les
femmes sont surreprésentées dans le secteur informel dans son ensemble, elles sont exposée
aux inégalités salariales.

En effet, les femmes qui travaillent dans le secteur informel subissent un déficit de revenu très
marqué par rapport aux hommes. L’enquête de l’INS 2002, révèle qu’en moyenne, les hommes
perçoivent 2,9 fois plus que les hommes23. A cet égard on note une différence au niveau des
horaires de travail (47 heures par semaine pour les hommes contre 41 heures par semaine pour
les femmes). Par ailleurs, au niveau des formes d’activités, les femmes sont plus dans le secteur
involutif. Elles occupent des emplois précaires. On les retrouve principalement parmi les
travailleurs qui exercent des activités à leurs propres comptes. L’une des principales
caractéristiques de ces femmes est le caractère ambulant de leurs activités. Les femmes
disposent moins souvent d’un local spécifique pour leurs activités. Elles sont
proportionnellement plus nombreuses à exercer à domicile sans installation particulière. Sur ces
marchés, on peut assister à une concurrence pure et parfaite. C’est ce qui justifie sans doute le
nombre pléthorique des femmes dans le secteur informel. On pourrait également penser que ce
nombre pléthorique des femmes dans le secteur informel tient compte au fait que l’instruction
est très peu valorisée dans ce secteur.

Dans le même ordre d’idée, certaines études révèlent que la discrimination de revenu dans le
secteur informel peut être liée au niveau d’instruction. Le Rapport de l’enquête de l’INS 2002
révèle que les revenus dans le secteur informel sont très dépendants des caractéristiques du
capital humain accumulé. Dès lors, il apparaît que la rémunération est une fonction croissante
du niveau scolaire, ce qui montre que, même en l’absence de grille de salaire formelle,
l’éducation est valorisée dans le secteur informel. Partant de ce postulat, la disparité éducative
entre l’homme et la femme en Côte d’Ivoire, se répercute directement sur la rémunération des
activités féminines.

23
INS (2002), Le secteur informel dans l’Agglomération d’Abidjan : Performance, Insertion, Perspectives,
Enquête 1, 2,3, premier résultats de la phrase 2.

79
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

En considérant l’évolution instable de la demande de travail qui se déplace du secteur formel


vers le secteur non structuré composé essentiellement de femmes et d’emploi précaire. L’on
note que les disparités entre les sexes sur le marché du travail renvoient bien évidemment au
fonctionnement du marché du travail et donc à la demande de travail des entreprises.

Cependant, la politique de l’emploi telle que mise en œuvre depuis l’indépendance bien
qu’ayant donné des résultats plus ou moins probants comporte certaines limites sur les plans
institutionnel et organisationnel, structurel et conceptuel. Cette situation ne favorise pas une
réponse durable et pérenne aux besoins d’emploi d’une population active de plus en plus
importante et exigeante. Les inégalités de sexes sur le marché du travail résultent aussi des
dispositifs de politique publique.

2.3 Inégalités sexuée et politiques publiques : limite et contrainte de la politique de


l’emploi en Côte d’Ivoire

La qualité de l’emploi mise en avant par les institutions internationales et les chercheurs au
cours de ces dernières années, intègre six grandes dimensions : la rémunération, la santé-
sécurité et les conditions de travail, le temps de travail et l’articulation entre vie familiale et vie
professionnelle, la sécurité de l’emploi et la protection sociale, la formation tout au long de la
vie et enfin le dialogue social et la représentation collective (Guergoat-Larivière et Marchand,
2013). Pour atteindre cet objectif, la Côte d’Ivoire fait de la lutte contre les inégalités fondées
sur le sexe dans l’emploi, l’une de ses priorités en matière sociale et met en place des politiques
publiques sensibles au principe de l’égalité entre femmes et hommes.

2.3.1 Dispositif national de l’emploi

Rappelons que la politique de l’emploi adopté par la Côte d’Ivoire depuis l’indépendance a été
implicite dans sa stratégie de développement économique et sociale. Ces objectifs généraux de
la politique ivoirienne de l’emploi visent la réduction du nombre de sans-emploi, l’amélioration
de la productivité du travail aussi bien pour l’employeur que pour le travailleur, afin que
l’emploi contribue à la croissance économique et réduise la pauvreté et les exclusions.

Ainsi, de nombreux acteurs publics et parapublics développent des initiatives dans le champ de
l’emploi. En guise d’illustration, nous avons la Direction Générale de l’Emploi (DGE) qui
s’occupe de l’orientation, la définition, la coordination de l’évaluation de la politique nationale
80
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

de l’emploi. L’Agence National de la Formation Professionnelle (AGEFOP). Le Fond de


Développement de la Formation Professionnelle (FDFP). Précisément, l’intervention directe de
l’Etat en faveur des populations défavorisées notamment les femmes s’opère à travers des
programmes d’emploi gérés par l’Agence Emploi Jeune et les autres ministères techniques.
Comme, le Programme d’Aide à l’Embauche (PAE), le Programme Spécial d’insertion des
femmes (PSIF) ou le Fonds national « Femmes et Développement » du ministère de la Famille
et de la promotion de la femme.

L’action de l’Etat en faveur de l’emploi des couches sociales spécifiques est multiple. Par
contre, on constate qu’encore aujourd’hui il existe de nombreuses inégalités dans l’emploi entre
femmes et hommes. A cet égard, il est urgent de mettre en évidence les limites de la politique
publique de l’emploi en Côte d’ Ivoire.

2.3.2 Limites et contraintes de la politique publique en Côte d’Ivoire

Dans leur conception, les politiques d’emploi sont limitées dans une certaine mesure à des
aspects qui ne favorisent pas à l’accès d’emploi de qualité. . Il apparaît dès lors, dans une
perspective de genre, une dégradation de l’emploi en faveur des femmes dans la mesure où elles
bénéficient en général d’une moins bonne qualité d’emploi (emplois à temps partiel court,
salaire horaire plus faible, moins bon accès à la formation etc.).

En effet, les instruments actuellement disponibles ne permettent pas une maîtrise réelle de
l’information sur l’emploi, le sous-emploi et le chômage, d’avoir une lisibilité nette des
dynamiques réelles du marché du travail et d’être ainsi à mesure d’apporter les solutions
nécessaires à la résolution des problèmes. A cet effet, on note une absence de coordination des
interventions notamment dans le secteur public et privé, ajouter aux difficultés liées à la non
maîtrise de l’information sur le marché de l’emploi et l’insuffisance de synergie dans les
initiatives rendent moins aisée la collecte des données

Sur le plan organisationnel et institutionnel la diversité, l’éparpillement et l’instabilité des


mesures et des programmes directs en faveur de l’emploi, de même que la faiblesse des niveaux
de financement constituent des freins à l’efficacité des politiques d’emploi.

Par ailleurs, la multiplicité des institutions et l’atomisation des initiatives entrainent des conflits
de compétences et des chevauchements. De plus, dans leur conception, les politiques d’emploi
se sont limitées à des aspects quantitatifs (accès à l’emploi) sans véritablement prendre en

81
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

compte la qualité des emplois créés. De ce fait, on constate la prolifération d’emplois instables
dans le secteur informel entrainant un chômage déguisé pour une frange importante de la
population active essentiellement constituée de femmes.

Partant de ces constats, et de tout ce qui précède, il est plus qu’indispensable d’apporter des
mesures correctives par la mise en place d’un cadre stratégique et opérationnel adapté et plus
efficace en faveur de l’emploi en Côte d’Ivoire.

Conclusion
Ce chapitre a proposé une réflexion autour des inégalités entre hommes et femmes sur le marché
du travail comme facteur de pauvreté. Nous avons mis l’accent sur la revue de différents
développements de la pauvreté notamment la conception de la pauvreté qu’adoptent les
welfaristes, les adeptes de la justice sociale et de l’utilitarisme. Aussi, dans une perspective de
genre, un Survey de différentes méthodes de mesure de la pauvreté monétaire a t-il été présenté.
Ce chapitre a également étudié comment le marché du travail ivoirien était structuré sur la base
des théories de la segmentation dans l’explication des différentiels salariaux entre les sexes.
L’objectif de l’étude étant de révéler l’impact de divers aspects d’inégalité de sexe sur la
pauvreté en Côte d’Ivoire.
Ce chapitre a aussi été l’occasion de présenter un aperçu des inégalités entre homme et femme
en Côte d’Ivoire. Ainsi, après avoir examiné la situation des femmes sur le marché du travail et
l’impact que cela produit sur leur bien-être, nous avons présenté la politique nationale de
l’emploi mise en œuvre et ses limites sur les plans institutionnel, organisationnel, structurel et
conceptuel.
Dès lors, il apparait, d’élargir maintenant le cadre de la réflexion à une revue analytique et
empirique des modèles utilisés dans le cadre de notre étude et de mettre en exergue différentes
simulations pouvant aider à une meilleure orientation politique dans une deuxième partie.

82
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

DEUXIEME PARTIE : APPROCHE METHODOLOGIQUE ET


ECONOMETRIQUE DES INEGALITES DE GENRE SUR LE
MARCHE DU TRAVAIL

83
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

CHAPITRE III : IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES DANS LA


CROISSANCE DU REVENU, LA PAUVRETÉ ET L’INÉGALITÉ

Dans la partie précédente, nous avons fait un état des lieux des différentes inégalités de genre
sur le marché du travail, particulièrement en milieu urbain et leurs liens avec la pauvreté. Nous
avons, à cet effet, illustré les différents dysfonctionnements du marché du travail, notamment
celle de la segmentation du marché en secteur formel et informel, ainsi que leurs impacts sur le
salaire et l’emploi des femmes. Pour comprendre l’impact des différents facteurs d’inégalités
des sexes étudiés sur le bien-être des femmes, il est donc important de saisir les divers types de
mécanismes qui mènent à la disparité salariale. Par ailleurs, la réduction de la pauvreté dans un
pays donné et à un moment précis est entièrement déterminée par le taux de croissance du
revenu moyen de la population et par les variations de la distribution du revenu 24. Dans cette
optique, analyser l’impact des inégalités entre hommes et femmes sur la croissance du revenu
des ménages, la pauvreté et l’inégalité, implique une investigation des relations qui prévalent
au niveau de la structure professionnelle, facilitant ainsi l’examen de la répartition des revenus.

Notre analyse dans ce chapitre se fonde sur une décomposition statistique des observations
individuelles pour la part de ce qui est dû à des changements dans la composition des
populations (participation au marché du travail), à des changements de rendement des
caractéristiques individuelles (statut d’occupation) ou à des résiduelles inexpliquées
(discrimination salariale). De ce fait, nous utilisons les méthodes d’analyse des écarts de
revenus entre groupes inspirées de Oaxaca (1973) et Blinder (1973) ainsi que des méthodes de
micro-simulation appliquées à l’analyse des distributions de revenu (Bourguignon et al., 2001).
Ce chapitre est organisé comme suit : la section 1 présente l’analyse explicative des différentiels
salariaux entre les sexes et les modèles sexués de la participation à la force de travail ; la section
2 traite des questions portant sur les instruments de mesure du genre et des modèles utilisés
dans l’analyse des écarts de revenus entre groupes et la section 3 présente d’abord l’historique
et les principes de la micro-simulation ensuite la réflexion explore les différents types de
modèles de micro-simulation, leurs limites et critique pour enfin montrer l’importance des
méthodes de l’évaluation d’impact dans le cadre de notre analyse.

24
François Bourguignon, « Le triangle pauvreté - croissance - inégalités », Afrique
contemporaine 2004/3 (n° 211), p. 30

84
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Section I : Analyses explicatives des différentiels de salaire entre les sexes

L’examen des différentes explications pour les différentiels de salaire entre hommes et femmes
met en relief plusieurs clivages (voir Cain, 1986 : Altonji et Blank, 1999 ; Havet 2004).
D’abord, l’approche du capital humain, qui émet que ces écarts sont liés aux caractéristiques
individuelle en d’autres termes la qualification. Néanmoins, sous la plume de divers auteurs de
travaux empirique cette explication s’effondre. Seulement la moitié des écarts salariaux peut
être expliquée par les variables du capital humain (Mincer et Polachek, 1974). Par conséquent,
il est devenu courant de décomposer les écarts salariaux en une part provenant des différences
de caractéristiques individuelles (part expliquée) et une part résultant de différences dans les
rendements de ces caractéristiques (part inexpliquée), en considérant que cette dernière reflète
la discrimination à l’égard des femmes. Dans cette veine, cette section offre une analyse de
l’inégalité de traitement entre les sexes sur le marché du travail suivie d’un exposé sur les
modèles sexués de la participation à la force de travail qui permet d’appréhender certains
déterminants de la participation au marché du travail.

1. L’analyse de l’inégalité de traitement entre les sexes sur le marché du travail

La discrimination est l’un des mécanismes qui affecte la situation des individus sur le marché
du travail. Elle est définie comme une inégalité de traitement. Selon James Heckman (1998) on
parle d’une situation de discrimination lorsque deux travailleurs pourvus de caractéristiques
productives identiques et qui se différencient juste par des caractéristiques non productives, ne
bénéficient pas des mêmes attributs (accès à l’emploi, à la formation, promotion, niveau des
salaires, etc.) de la part d’une entreprise. Par ailleurs, sur le marché, on parle de discrimination
à l’embauche lorsque des chercheurs d’emploi sont traités de manière différente sur une base
de critères de sélection qui manquent de justification objective et raisonnable à l’égard du poste
à pourvoir (Ene Jones, 2014).

1.1 Les modèles de discrimination développés sur le marché du travail

La littérature avance plusieurs fondements théoriques de la discrimination sur le marché du


travail. Les modèles de discrimination développés à l’origine peuvent être classés en deux
grandes catégories (Cain, 1986) : D’une part à la suite des travaux de Gary Becker les théories

85
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

fondées sur des préférences discriminatoires de la part des employeurs, des collègues de travail
ou des consommateurs, dans un contexte d’information parfaite. D’autre part à la suite
d’Edmund Phelps (1972), en information imparfaite, les différences de traitement entre
hommes et femmes sur des écarts de performances moyennes sont relatives à certaines
caractéristiques. Ainsi, tandis que dans la première catégorie de modèles théoriques la
discrimination apparait comme étant exogène, dans la deuxième catégorie, elle devient
partiellement endogène. A ce sujet, de nombreuses revues de littérature se rapportent à ces deux
théories, voir Altonji et Blank (1999) et Havet et Sofer (2002).

1.1.1- Préférence discriminatoire à l’encontre des femmes

Selon la perspective de la discrimination par goût, le modèle général se focalise sur l’idée de
préférence discriminatoire à l’encontre des femmes. En d’autres termes, les agents (employeurs,
salariés ou consommateur) sont prêts à renoncer à une partie de leurs revenus dans le but de ne
pas travailler avec des femmes. Selon Becker (1957), « si un individu a une préférence pour la
discrimination, il se comporte comme s’il était prêt à payer un prix, soit directement, soit sous
la forme de revenu réduit, pour être associé avec certaines personnes plutôt que d’autre ». Cette
préférence pour la discrimination s’explique par les préférences et les préjudices de l’individu.
En effet, dans le modèle Becker, on fait l’hypothèse que : 1) le marché est en concurrence
parfaite, c’est-à-dire que l’entrée et la sortie des employeurs sont libres ; 2) les hommes et
femmes sont également productifs. Les hommes sont privilégiés parce que : 1) les employeurs
ont une préférence pour les employés masculins et sont prêts à sacrifier leur profit pour éviter
de côtoyer les employés féminins ; 2) les employés masculins n’aiment pas travailler à côté des
femmes, et sont prêts à sacrifier leur salaire pour éviter d’avoir à côtoyer des collègues de sexe
féminin ; 3) les consommateurs préfèrent traiter avec les hommes et sont prêts à payer plus cher
pour éviter les services des femmes.
Becker introduit un coefficient de discrimination (d). Le salaire d’un travailleur masculin est de
𝑊𝑎 et le salaire d’un travailleur Féminin est de𝑊𝑏 . Pour les employeurs discriminants, le coût
salarial effectif d’un travailleur féminin est de Wb+𝑑 . Par conséquent, les travailleurs féminins
sont seulement embauchés quand 𝑊𝑎 - 𝑊𝑏 ≥ d. De ce fait, dans le modèle de Becker les
employeurs sont prêts à sacrifier le revenu pour la satisfaction de leurs préférences. Néanmoins,
cela est incohérent avec la théorie néoclassique puisque l’incitation monétaire incitera l’entrée
des concurrentes non-discriminantes qui vont tirer avantage du coût plus faible de travailleurs

86
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

ayant fait l’objet de discrimination. Cela oblige les employeurs discriminants à modifier leurs
comportements, de sorte qu’à long terme, la discrimination disparaitra. De ce fait évident et
fondamental, deux critiques ont été formulées à l’égard du corpus de la discrimination par goût.
En premier lieu, les préférences sont exogènes et restent inexpliquées : la théorie est silencieuse
sur les raisons pour lesquelles les agents économiques manifestent une telle préférence, et elle
propose uniquement des modèles de mécanisme de marché à travers lesquelles la discrimination
agit. Ensuite, ces modèles procèdent souvent à une séparation qui s’établit seulement entre les
emplois pour lesquels les femmes sont discriminées et les emplois dans lesquels les femmes
sont exclues. La théorie de Becker ne permet donc par d’expliquer les différences persistantes
de revenu entre le groupe privilégié et le groupe discriminé. Par ailleurs, les travaux de Becker
(1957, 1964) sur le capital humain et sur la discrimination, en ne prenant pas comme point de
départ la division sexuelle du travail et les rapports de pouvoir entre sexes, ne fournissent qu’un
outil limité dans l’analyse des discriminations salariales.

1.1.2. Inégalité de traitement basé sur l’hypothèse d’imperfection de l’information


La discrimination statistique consiste à faire des prédictions sur les aptitudes et la productivité
d’un agent, basées sur son appartenance à un certain groupe (Borjas 2000 357)25. Au-delà de
cette assertion, la théorie de la discrimination statistique (Phelps, 1972) donne une autre
justification au comportement discriminatoire de l’employeur, que son goût pour la
discrimination. Ainsi, il explicite clairement que la discrimination statistique repose sur
l’hypothèse d’imperfection de l’information. Cette discrimination est donc non intentionnelle.
L’idée de base est que chaque employeur n’a qu’une connaissance limitée sur les qualifications,
ou sur l’attachement au marché du travail des candidats à un emploi. Puisque, c’est difficile et
couteux pour les employeurs d’obtenir suffisamment d’information pour estimer la productivité
de chaque candidat, les entreprises sont incitées à utiliser des caractéristiques facilement
observables, telles que la race ou le sexe pour évaluer les productivités individuelles et
déterminer les salaires, si elles considèrent que ces caractéristiques sont corrélées avec les
performances. Par ailleurs, contrairement à la discrimination basée sur les goûts, l’employeur
discriminant dans ce cas, maximise sont profit puisqu’il utilise des informations peu coûteuses
pour recruter sa main-d’œuvre. En outre, il existe deux courants dans la littérature de la
discrimination statistique. Le premier courant initié par kenneth Arrow examine comment des
croyances (fondée ou non) sur la productivité des différents groupes peuvent influencer les

25
voir Thurow (1975) pour une analyse plus détaillée de la discrimination statistique.

87
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

décisions d’embauche et les rémunérations. Le deuxième courant s’intéresse aux conséquences


d’une discrimination fondée sur la précision des mesures de productivité, Phelps (1972)26,
Aigner et Cain (1977)27. L’hypothèse centrale est qu’il existe des différences entre sexes dans
la précision de l’information dont disposent les employeurs pour évaluer les productivités
individuelles. Par conséquent, les employeurs embauchent des salariés en se fondant sur des
croyances. Ces croyances pouvant être liées à des observations, ou provenir de purs préjugés
sur la manière dont les performances et le sexe sont reliés. En outre, ils postulent que les
distributions de productivité des hommes et des femmes sont différentes, et plus précisément
que la probabilité qu’une femme soit qualifiée est plus faible que celle d’un homme. En un tel
contexte, à travers son modèle Phelps émet deux groupes de travailleurs, (g1 et g2) et stipule que
l’employeur qui veut maximiser son profit discriminera le groupe g2 à partir de croyance d’un
plus faible capital humain ou d’une mobilité plus grande pour ce groupe que ceux du groupe g1.

Par conséquent, Gary Becker, Kenneth Arrow (1972, 1973) supposent que les employeurs
retirent simultanément une utilité positive de l’embauche d’un homme et une utilité négative à
l’embauche de femmes. Toutefois ces conclusions théoriques ont une portée limitée parce qu’il
parait inconcevable, du point de vue du réalisme, que toutes les entreprises embauchent une
main d’œuvre en tout point identique. En outre, la portée d’une telle théorie n’est pas pertinente,
dans la mesure où, comme pour les goûts, il est difficile de penser que les croyances erronées
perdureront, car la concurrence condamne les employeurs ayant les plus forts préjugés. C’est
pourquoi, Gary Becker (1957) et Kenneth Arrow (1973) supposent que les employeurs ont
désormais des comportements discriminatoires différents.

1-2. Ségrégation occupationnelle et modèle de cantonnement de Bergmann


Il faut souligner que depuis les travaux de Becker (1957), les diverses études sur la question des
inégalités entre les sexes ont toujours eu soin de distinguer, la discrimination salariale et les
ségrégations occupationnelle et professionnelle, même si cette situation reflète une
discrimination à l’accès à l’emploi ou aux catégories d’emplois entre sexes sur les marchés du
travail.

26
E. Phelps, (1972), « The Statistical Theory of Racism and Sexism », American Economic Review, 62(4), 659-
661
27
D. J.. Aigner et G. G. Cain (1977), « Industrial and Labor Relations Review», Vol. 30, No. 2, Published by:
Cornell University, School of Industrial camp; Labor Relations

88
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.1. La ségrégation occupationnelle

La ségrégation occupationnelle (modèle de discrimination dans l’emploi), est considérée


comme un phénomène important dans la littérature de la discrimination sur le marché du travail.
Elle peut se définir comme une forme de séparation des secteurs d’espace dans le marché du
travail. Selon, Killingsworth (1987) et Zellner (1972) le marché de l’emploi privilégie l’emploi
masculin à la défaveur de l’emploi féminin. En effet, Killingsworth dans ces travaux émet deux
types d’hypothèses. La première postule que le marché du travail est constitué de deux sortes
d’emploi : l’un pour les hommes et l’autre pour les femmes. La seconde stipule que lors de
l’embauche, les employeurs discriminent les femmes en faveur des hommes en proposant à ces
derniers des emplois mieux rémunérés. Ainsi, elles tendent à être surreprésentées dans les
emplois à bas salaires et sous-représentées dans ceux à salaires élevés. Une idée qui est partagée
par d’autres auteurs qui font le constat notamment d’une concentration prononcée des femmes
dans les professions les moins bien rémunérés et la difficulté qu’elles éprouvent à accéder aux
positions d’emploi les plus prestigieuses (Maruani, 2000).

1.2.2. Le modèle de cantonnement de Bergmann


D’un point de vue analytique, si Becker dans son développement sur la discrimination par
goût lui a attribué la responsabilité des différentiels salariaux entre sexes en faveur des hommes.
Bergmann, quant à lui, impute les disparités de rémunération à l’inégale répartition
professionnelle qui prévaut sur le marché du travail28.

Ainsi, le modèle de cantonnement de Bergmann (1971,1974) stipule que, le marché du travail


est en situation de concurrence imparfaite. Selon ce modèle le groupe dominant (hommes) est
favorisé dans l’emploi au détriment des femmes. De plus, il énonce que l’exclusion des femmes
dépend de la force de travail face aux contrainte du marché du travail. En effet, l’abondance de
l’offre de travail pour un nombre limité d’emplois, agit sur le produit marginal qui devient
particulièrement faible. Par conséquent, le salaire offert est réprimé. En guise d’illustration, si
nous considérons le cantonnement des femmes dans un nombre d’emploi restreint
comparativement aux hommes, on constate leur rémunération dépend du nombre d’offre

28
56 Cf Havet et Sofer ; (2002)

89
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

d’emploi disponible. Par conséquent, une demande des femmes supérieure à l’offre baisse. Le
salaire des femmes et le contraire l’égalise à celui des hommes.

2 Aperçus empiriques de la ségrégation

Plusieurs études ont également montré que la ségrégation occupationnelle sur le marché du
travail n’est pas seulement l’apanage des pays développés. Dans de nombreux pays africains,
les disparités entre hommes et femmes s’enracinent en grande partie dans un tissu de
convictions, de croyances et de traditions. Les femmes confinées à des rôles bien qu’importants
dans l’organisation sociale africaine, restent effacées. Ainsi les disparités entre hommes et
femmes sont particulièrement importantes dans le secteur de l’emploi. En effet, les marchés du
travail de ces pays sont compartimentés en segment dans lesquels les structures et les
mécanismes, en matière de salaires, de perspectives professionnelles et de sécurités de l’emploi
diffèrent (Brilleau et al. 2005b ; Kuepie et al. 2009). Ces différentiels dans l’emploi s’expriment
notamment par les marchés formel et informel segmentés selon le sexe. D’où les femmes ont
moins de chance d’obtenir des emplois rémunérés, puisque les attitudes à leur égard au sein du
ménage réduisent les opportunités à la disposition de ces dernières. Cela signifie que, la moindre
participation des femmes au marché du travail et leur insertion principalement dans le secteur
informel se trouve dans les déterminants de l’allocation entre travail domestique et travail pour
le marché (Roubaud et al, 2013).
De façon générale, même si elles sont nombreuses à travailler dans le formel, elles sont sous-
représentées aux échelons les plus élevés et surreprésentées aux échelons les plus bas. Aussi
est-il établi que la ségrégation occupationnelle découle initialement de la ségrégation éducative
qui est le fruit d’une construction sociale qui va au-delà de la discrimination sur le marché du
travail. À partir de ces réflexions, afin de distinguer clairement les différentes évolutions et
évaluations quantitatives des inégalités sexospécifiques, nous passons en revue différents
instruments de mesure du genre et diverses modélisations afférant.

Section 2 : Instruments de mesure du genre et modélisation des inégalités sexospécifiques

La section 2 de cette partie traite des questions portant sur les instruments de mesure du genre
et des modèles utilisés dans l’analyse des inégalités dans l’emploi.

90
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1. Les instruments de mesure du genre

Il est particulièrement ardu de mesurer les inégalités entre les sexes au sein de l’activité
économique, d’autant plus que ces inégalités varient considérablement d’une société à l’autre.
Par conséquent, tout au long des années, le rapport sur le développement a introduit plusieurs
mesures pour évaluer les progrès dans les domaines de la réduction de la pauvreté et de
l’autonomisation des femmes, en l’occurrence l’indice du développement humain, l’indice de
développement selon le genre, l’indicateur de la participation des femmes etc.

1.1 Les indices sexospécifiques du PNUD

Le Rapport sur le développement humain publié pour la première fois en 1990 a permis de
mettre en avant les inégalités de genre dans les débats de politique internationale. Alors, la
construction de plusieurs indices sexospécifiques a été proposée par l’économiste pakistanais
Mahbub ul Haq, dans le but d’aider les décideurs à définir des priorités, ainsi qu’à formuler des
politiques liées au développement humain.

1.1.1 Evolution des indices du PNUD : de l’indice de développement humain (IDH) à


l’indicateur de participation des femmes (IPF)

L’IDH fut le premier indice proposé par le PNUD. Sa constitution permet une réflexion
innovatrice. L’idée forte d’un développement qui ne limite pas au seul revenu. Ainsi, le concept
du développement humain, place la personne au centre de tous les aspects du processus de
développement. Par conséquent, l’IDH mesure le niveau moyen de développement humain
atteint dans un pays donné, sous trois aspects essentiels : santé et longévité, accès à l’instruction
et niveau de vie décent. Cependant, les critiques formulées à son endroit, concernant le
renoncement des inégalités entre les hommes et les femmes, amène les auteurs Sen et Arnaud
(1995) à le réajuster. En d’autres termes, nous assistons en 1995 à la mise en place de l’Indice
de développement de genre (IDG) qui se nomme aussi, Indice Sexospécifique de
Développement Humain (IDSH) par le PNUD. Par ailleurs, contrairement aux indices
précédents, l’IDG est un indicateur statistique composite qui vise à affiner l’Indice de
Développement Humain (IDH) en y intégrant les inégalités entre les femmes et les hommes.
L’IDSH intègre les mêmes variables de l’IDH (espérance de vie à la naissance, taux
d’alphabétisation et de scolarisation, niveau de vie estimé à partir des revenus par habitant), en

91
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

tenant compte des inégalités entre femmes et hommes pour chaque variable. Par conséquent,
les variables qui composent l’IDSH sont :

-L’espérance de vie à la naissance des femmes et des hommes ;

-La durée attendue de scolarisation des enfants (garçons et filles) et la durée moyenne de
scolarisation des adultes (femmes et hommes) âgés d’au moins 25 ans ;

-Les estimations relatives aux revenus du travail des femmes et des hommes.

Pour ce qui est du calcul de l’IDSH, la méthodologie est semblable à celle de l’IDH. Le
coefficient de pondération choisi pour chaque indicateur correspond à la moyenne harmonique
(c’est-à-dire l’inverse de la moyenne arithmétique) des variables masculine et féminine. Ainsi,
l’espérance de vie à la naissance connait des valeurs maximales et minimales différentes selon
le sexe. Sa construction s’articule autour de trois étapes. Avant tout, chaque indicateur est
converti en un indice dimensionnel29 qu’il faut calculer séparément pour les femmes et pour les
hommes sur la base des valeurs minimales et maximales observées selon la formule suivante :

(1) Indice dimensionnel= (valeur actuelle- valeur min.)/ (valeur max.- valeur min.)
Ensuite, dans un second temps, à partir des indices dimensionnels, un indice d’égalité de
répartition (Iede) est structuré sur la base de la moyenne des deux indices (If et Im) pondérée
par les parts respectives des hommes et des femmes dans la population (pf et pm) :

1/1
(2) Iede  ( pf .If 1 )  (pm.Im1 )  (10)

Enfin, la troisième étape est le calcul de la moyenne des 3 indices d’égalités de répartition.
Notamment, l’intérêt de l’ISDH réside dans le fait qu’il prend en compte les inégalités de genre
quel que soit le genre désavantagé. La discrimination sexuelle est considérée comme extrême
lorsque l’ISDH est inferieur de vingt points à l’IDH.
L’indicateur de participation féminine à la vie économique et politique est un indice composite
qui mesure la représentation relative des femmes, dans les sphères du pouvoir économique et
politique. Il prend en compte les écarts entre les hommes et les femmes en termes de nombre
de sièges parlementaires, de fonctions administratives ou encore de revenu moyen. Cependant,

29
Cf. Bérenger et Chouchane (2008) "des inégalités de genre à l'indice de qualité de vie des femmes", Economic
research working paper series.

92
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

le manque de données disponibles pour ces critères dans plusieurs pays, oriente le calcul de
l’indice sur la base de variables fixes que sont :
1. Participation à la vie politique : proportion des femmes/hommes et leurs pouvoirs de
décision dans la vie politique, mesuré par le nombre de sièges parlementaires ;
2. Participation des hommes et des femmes à la vie professionnelle : mesuré par les deux
indicateurs, que sont la part des hommes et des femmes dans les postes d’encadrement,
de législateurs, de cadres supérieurs, ainsi que leurs parts respectives dans l’emploi
qualifié et technique ;
3. Participation à la vie économique : le pouvoir de contrôle de chacun des sexes sur les
ressources économiques du pays (PIB réel, évalué à parité de pouvoir d’achat (PPA)).
En l’occurrence, contrairement à l’IDH ou l’ISDH, l’IPF résulte de la moyenne simple des
trois indicateurs calculés. Les valeurs de l’indicateur s’échelonnent de 0 à 1. Le niveau le plus
élevé traduit une situation d’égalité parfaite entre hommes et femmes. Plus l’écart entre hommes
et femmes est important, plus l’IPF est faible. Pourtant, comme les indices précédents, plusieurs
critiques sont formulées à l’endroit de l’IPF. Entre autre, le fait de ne refléter que les
préoccupations des pays occidentaux. Par conséquent, l’IPF est accusé d’être inadapté aux
préoccupations des pays en voie de développements. Toutes ces controverses, suscitent la
création de l’indice des inégalités de genre.

1.1.2. Critique des indices IPF et ISDH du PNUD

Les critiques relatives aux indices sexospécifiques du PNUD se fondent sur trois remarques.
La première critique adressée aux indices ISDH et IPF a trait au choix des indicateurs et de leur
pondération. En effet, par le choix de ces indicateurs, l’ISDH met sur un même plan les libertés
substantielles (alphabétisation, espérance de vie) et les libertés instrumentales (revenu). En
d’autres termes, l’ISDH accorde trop de poids au niveau absolu de revenu par tête Dijkstra
(2000). Dans le même ordre d’idée, Chant (2006) regrette que seul, le travail rémunéré et formel
soit pris en compte. De surcroît, ces indices sont très fortement corrélés au PIB par tête. Ils
confondent ainsi les moyens et les fins du développement. De plus, en ce qui concerne l’IPF, le
choix des indicateurs de la représentation des femmes au parlement et dans les professions
libérales ne permet pas de mesurer les inégalités au sein d’une population de femmes éduquées
et économiquement avantagées (Cueva Beteta 2006). Dans cette même veine, Schüler (2006)
estime que la prise en compte du revenu dans les calculs de l’IDSH et de l’IPF n’a de sens que
dans les pays industrialisés.
93
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Venons-en, à la deuxième critique concernant le concept « d’inégalités » prôné par ces indices
et les erreurs d’interprétation qui y sont liées. Précisément ni l’ISDH, ni l’IPF ne mesurent
l’inégalité de genre en tant que telle. L’ISDH, est une évaluation du développement humain
corrigée en fonction des inégalités hommes-femmes et l’IPF est « une étrange combinaison
d’émancipation relative des hommes et femmes et de niveaux absolus de revenu par habitant »
(Dijkstra 2006 : 276). Par ailleurs, l’erreur la plus courante est d’interpréter l’ISDH comme une
mesure de l’inégalité. En guise d’illustration, la mauvaise interprétation que l’on trouve dans
divers rapports nationaux annuels sur le développement humain du Kenya, de l’Albanie et de
la Macédoine, ainsi que dans de nombreux documents universitaires (Schüler 2006).
Par voie de conséquence, pour bon nombre d’auteurs (Klasen, 2006 ; Chant, 2006 ; Cueva
Beteta, 2006), les indices de l’IPF et de l’ISDH sont biaisés. La dernière critique, met l’accent
sur l’utilisation limitée des indices. A ce propos, le manque de donnée dans plusieurs pays
particulièrement, les pays en voie de développement limitent utilisation de l’ISDH et de l’IPF
à un nombre réduit de pays occidentaux. Remarque, également faite par Schüler (2006), qui
estime que ces deux indices sont très peu utilisés dans la littérature économique et ne permet
pas à première vue de rendre compte des inégalités du genre. Au total, l’ISDH, comme l’IPF
sont difficiles à calculer ou à interpréter avec une compréhension insuffisante.
De plus, Bardham et Klasen (1999) estiment que les deux indices n’établissent pas de lien entre
le genre et la pauvreté. Par conséquent, certains auteurs mettent en exergue la pertinence
d’autres indicateurs qui refléteraient mieux les inégalités de genre pour les pays sous développé
(Saith et Harriss-White, 2000). En outre, la suggestion d’un indicateur composite plus simple
des disparités entre les genres avec trois variables de l’OMD 3 en additif de l’ISDH et l’IPF est
émis (Leete 2005). De même que, l’élaboration des indices de développement humain séparés
pour les hommes et pour les femmes (Klasen 2006). En raison de ces critiques et suggestions,
le PNUD élabore l’indice d’inégalité du genre.

1.2. L’innovation du PNUD : Indice d’Inégalité du Genre (IIG)

L’indice d’inégalités de genre (IIG) est un indicateur composite, créé en 2010 par le PNUD.
Cet indice inspiré de la mesure des inégalités sensibles suggérées par Seth (2009) traduit le
désavantage des femmes. Ainsi, l’IIG conçu sur le même modèle que l’IDH, met en évidence
le manque à gagner, en termes de développement économique, imputable aux inégalités de

94
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

genre30. De surcroît, l’indice répond à certaines critiques formulées contre l’IPF et l’ISDH,
selon lesquelles ceux-ci combineraient à tort des critères absolus et relatifs. L’IIG incorpore
donc à l’IDH trois dimensions sexo-spécifiques, à savoir le taux d’activité sur le marché de
l’emploi, la participation économique et politique, et les questions de santé spécifiquement
féminines. Il varie entre 0 – situation dans laquelle les femmes ont un traitement égal aux
hommes – et 1, cas dans lequel la condition des femmes est aussi mauvaise que possible quelle
que soit la dimension mesurée. Les variables qui composent l’IIG sont :
 la santé reproductive mesurée par le taux de mortalité maternelle et le taux de fertilité des
adolescentes ;
 l’autonomisation mesurée par la part de sièges parlementaires occupés par des femmes et la
part de femmes et d’hommes adultes âgés de 25 ans et plus ayant atteint au moins un niveau
d’éducation secondaire ;
 le statut économique exprimé en participation au marché du travail et mesuré par le taux
d’activité de la population active chez les femmes et les hommes âgés de 15 ans et plus.

1.2.1. Les indices composites complémentaires

L’ambition première de notre analyse dans cette sous-section, n’est pas de rappeler la liste
exhaustive avec une présentation en détails de chacun des indices complémentaires à ceux du
PNUD31. Mais de présenter de façon succincte l’évolution de quelques indices composites et
particulièrement ceux proposés dans le cadre de l’Afrique. En effet, les manifestations de
l’inégalité des genres étant liées au contexte régional, le défi majeur pour les organisations de
développement est de formuler et d’utiliser des indicateurs propres au contexte africain, d’où
l’élaboration de l’indice de développement et des inégalités entre les sexes en Afrique (IDISIA).

L’IDISA est un indice composite spécifique pour le contexte africain, créé dans le cadre du
processus de revue de la conférence de Beijing en 1995. Il a pour dessein, de mesurer l’écart
entre la condition des hommes et des femmes en Afrique, et d’évaluer les progrès réalisés par
les gouvernements africains dans la mise en œuvre des politiques de genre qu’ils ont élaborées.
De surcroît, l’IDISA favorise l’utilisation des données nationales afin de combler les

30
http://hdr.undp.org/fr/content/indice-din%C3%A9s-de-genre-iig
31
Pour une présentation détaillée de chacun des indices considérés, voir Bérenger et Verdier-Chouchane (2008).

95
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

manquements caractérisant celles recueillies sur le plan international (CEA, 2004). A ce propos,
il comporte deux composantes : en première lieu, l’indice de la condition de la femme (ICF),
qui mesure les inégalités relatives au genre à l’aide d’indicateurs quantitatifs. Ensuite, en second
lieu d’un Tableau de bord de la promotion des femmes en Afrique (TBPFA), qui couvre les
questions d’ordre qualitatif relatives aux performances des politiques de genre des
gouvernements africains. En effet, l’ICF rend compte des aspects liés à l’égalité entre les sexes
qui peuvent être quantifiés dans divers domaines : social, politique et économique. Il s’inscrit
donc dans le prolongement du principe de base des indicateurs classiques du PNUD et comporte
3 rubriques :

-Le « pouvoir social ou Capacités » qui comprend des indicateurs sur l’éducation et la
santé ;
-Le « pouvoir économique ou Opportunités » qui comprend des indicateurs relatifs au
revenu, au budget-temps, à l’emploi et à l’accès aux ressources ;
-Le « pouvoir politique ou Pouvoir d’action » qui comprend des indicateurs relatifs au
pouvoir politique formel et informel.

L’ICF est, par ailleurs, composé des variables de l’éducation, la santé, les revenus, l’emploi du
temps, l’accès aux ressources, la représentation politique formelle et informelle et l’emploi.
Toutefois, le Tableau de bord de la promotion des femmes en Afrique (TBPFA) constitue une
innovation fondamentale dans la mesure où il tente de « chiffrer » des données qualitatives
(CEA, 2004). Sur ce point, le TBPFA évalue, de manière qualitative, l’efficacité des politiques
nationales de promotion et d’autonomisation des femmes. Il s’axe, notamment, aussi, sur les
progrès des gouvernements africains, en ce qui concerne la ratification et la mise en œuvre
effective des conventions relatives à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans
4 domaines :

-Les «droits de la femme », axé sur la CEDEF et sur le protocole relatif à la femme, de la Charte
africaine sur les droits de l’homme et des peuples ;

-Le «pouvoir social ou les capacités » ;

-Le «pouvoir économique ou les opportunités» ;

-Le «pouvoir politique ou la capacité d’influer sur le processus décisionnel».

96
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Au regard de ce qui précède, il faut noter que l’IDISIA est le premier indice composite au
niveau international qui prend en compte simultanément des données quantitatives et
qualitatives. Par conséquent, avec ses deux indices constitutifs, l’IDISIA permet une évaluation
assez exhaustive de la situation de la situation d’un pays en matière d’égalité entre les genres,
et permet de déterminer les secteurs primordiaux sur lesquels il faudra axer les politiques futures
(Bruyninckx et Berte, 2007).

En outre, la performance des Etats membres pour chaque convention et pour chaque mesure est
évaluée grâce à un système de notation à trois niveaux : 0 pour des résultats nuls ; 1 pour des
résultats médiocres à moyen ; 2 pour des résultats bons ou excellents. A l’évidence, un certain
nombre d’avancées ont été entreprises depuis les années 1988 dans l’élaboration d’indicateurs
d’inégalité entre les sexes, afin de proposer un modèle de société selon des conceptions
largement plus concentrées sur l’être humain.

Dans cette veine, une prolifération d’indicateurs sensibles au genre illustre des choix différents
dans l’utilisation, la dimension et la capacité d’évaluer, et de comparer les données sur un grand
nombre de pays. (Voir tableau 6).

97
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.2 Les indices sexospécifiques alternatifs

Tableau 6: les indices sexospécifiques alternatifs


AUTEURS NOM DE NOMBRE METHODE NOMBRE REMARQUES
L’INDICE D’INDICATEURS D’AGREGATION DE PAYS

Population PCC 5 dimensions de 4 Attribution d’un score 99 Combine


Crisis (Population indicateurs =20 maximum de 20 pour différents types
Committee Crisis indicateurs chaque dimension pour d’indicateurs
(1988) Committee) un total sur 100 (taux, ratios et
écarts
Mohiuddin AC (Alternative 8 dimensions de 2 Attribution d’un score 112 Combine des
(1996) Composite indicateurs = sur 100 pour chaque ratios et des
Index) 16 indicateurs indicateur puis écarts de genre
division du total par 16
Dijkstra et RSW (Relative 3 indicateurs (ceux de Moyenne arithmétique 136 Uniquement des
Hanmer Status of l’ISDH) ratios
(2000) Women) femmes-hommes
Dijkstra SIGE 5 indicateurs Moyenne arithmétique 115 Uniquement des
(2000) (Standardized des z-scores ratios
Index of Gender femmes-hommes
Equality)
Commission AGDI (African 3 dimensions – 42 Réattribution des poids 12 Uniquement des
économique Gender and indicateurs par sous-groupe pour que ratios
pour l’Afrique Development 4 dimensions – 31 chacun des 42 femmes-hommes
(2004) Index) indicateurs indicateurs ait le même Mesure
- GSI (Gender Poids Système de qualitative
Status Index) notation (0, 1 et 2)
- AWPS converti en pourcentage
(African
Women’s
Progress
Scoreboard)
Forum Global Gender 4 dimensions – 17 Moyenne arithmétique 115 Uniquement des
économique Gap indicateurs des indicateurs dont la ratios
mondial limite supérieure femmes-hommes
(2005) est fixée à 1.
Source : ECA (2004) p13

Aussi, est-il important de noter que la dimension de l’emploi et l’accès aux opportunités de
ressource ont un poids considérable dans la majorité des indicateurs.

2 Modèle qualitatif et quantitatif dans l’analyse des inégalités dans l’emploi


L’analyse des inégalités sexospécifiques à l’entrée et sortie du marché du travail donne lieu à
l’utilisation de nombreuses méthodes usuelles. Dans une telle perspective, les modèles peuvent
être regroupés à partir de deux critères. Le premier critère basé sur des choix de variable
qualitative et le second sur des variables quantitatives. Les modèles à variable qualitative, à

98
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

travers l’estimation de fonction d’offre de travail, permettent d’appréhender les éléments clés
de la participation des individus au marché du travail et fournissent une analyse pertinente des
problèmes d’inégalités.

2. 1. Modèle à variable dépendante qualitative


Les modèles à choix qualitatifs supposent que les individus sont confrontés au choix entre deux,
trois, voire plusieurs alternatives économiques. Parmi, ces modèles à variables dépendantes
qualitatives, une distinction est faite entre les modèles à choix binaire et les modèles à choix
multiples. A partir de cette distinction, les modèles à choix binaires encore appelés
dichotomiques renferment deux types de modèles.
Les modèles nommés logit et probit. A cette description, il est important de révéler qu’en ce
qui concerne les modèles à choix multiples, il s’agit des modèles polytomiques (multinomial).
Il faut aussi, ajouter que la pertinence de ces modèles provient de leur connexion à la théorie de
l’utilité, qui permet de distinguer clairement le comportement du décideur de celui de l’analyse
du chercheur. Ainsi, dans la mesure où on dispose d’information sur les caractéristiques des
individus et sur leurs choix respectifs, il peut être opportun d’estimer une équation susceptible
de prédire les choix des individus ne se trouvant pas dans l’échantillon originel.

2.1.1 Conception et méthode de base des modèles à choix qualitatif


Absolument explicite, l’estimation de modèles à choix qualitatif a pour objectif de calculer la
probabilité qu’un individu choisisse une option particulière parmi un ensemble de possibilités
qui lui est offertes. Par conséquent, si on suppose qu’il y a un individu n et un ensemble
d’options disponibles 𝑗𝑛 Composé de caractéristiques observables et non observables ; le choix
de l’individu se fait en fonction de deux éléments. Il s’agit d’une part de la caractéristique
observée de l’option i (soit par exemple un vecteur 𝑍𝑖𝑛 ) de 𝑗𝑛 ; d’autre part de la valorisation de
ces différentes caractéristiques par l’individu, laquelle dépend des caractéristiques observables
(soit𝑆𝑛 ) et non observable de ce dernier. La probabilité que n choisisse i parmi les options de
𝑗𝑛 dépend de la comparaison entre les caractéristiques 𝑍𝑖𝑛 Et les autres caractéristiques 𝑍𝑗𝑛
(inclus dans 𝑗𝑛 Avec j ≠ i, et appartenant au vecteur 𝑍𝑗𝑛 ). 32
Soit 𝑃𝑖𝑛 la probabilité de choix, la forme paramétrique fonctionnelle se présente comme suit :

32
Sous-section construit à partir de Lachaud (1992), (1996-A) et (1996-B)
Cf Thèse Akaffou Koffi Kaudjis Agnès

99
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Pin  f (Zin , Z jn j  J n et j  i, sn ,  ) (11)

Ou f est la fonction qui lie les données observées aux probabilités de choix et a un vecteur
quelconque de paramètres. Soit 𝑈𝑖𝑛 L’unité que l’individu n obtient de l’option i, avec :

Uin  U(Xin ,rn ) pour tout i  Jn (12)

Ou 𝑋𝑖𝑛 Est l’ensemble des caractéristiques observables de l’option i et 𝑟𝑛 Toutes les


Caractéristiques de n. L’individu n étant rationnel, il choisira l’option qui maximise son utilité.
De ce fait, ne pouvant prédire exactement l’option qui sera choisie à cause des facteurs non
maitrisables de la fonction d’utilité, cette dernière est scindée en deux parties : une partie étant
l’utilité observable et l’autre l’utilité non observable. On obtient :

Uin  U (Xin , rn )  H (Zin , Sn , )  en (13)

Ou h(𝑋𝑖𝑛 ,𝑟𝑛 ) est l’utilite observable et 𝑒𝑖𝑛 l’utilité non observable. Par conséquent, la
probabilité que l’option i soit choisie par rapport à une autre devient :
Pin  prob(U in  U jn , j  Jn et j  i) (14)

Soit Pin  prob(e jn  Z jn  H in  H jn , j  Jn et j  i ) (15)

Puisque Pin  prob( H in  ein  H jn  e jn , j  Jn et j  i ) (16)

Dans ces conditions, connaitre la distribution des termes aléatoires (e) permet de déterminer la
distribution de leurs différences. La détermination des modèles à choix qualitatif nécessite donc
qu’on spécifie la distribution de la composante non observable de l’utilité ainsi que la forme
fonctionnelle des probabilités de choix.

2.1.2 Exemple d’application empirique

Les modèles à choix qualitatifs, à travers l’estimation de fonction d’offre de travail, permettent
d’appréhender certains déterminants de la participation au marché du travail. De plus, ils
permettent l’analyse de problèmes d’inégalités ou de discrimination existant dans un marché de
travail donne. Ainsi, si on s’intéresse au modèle dichotomique lié à la théorie néoclassique de
l’offre de travail, les individus auront le choix entre deux alternatives. Si la première est celle
de participer au marché du travail, la seconde sera de ne pas y participer. Les préférences
individuelles seront définies par une fonction d’utilité ayant des arguments composites tels que :

100
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

les biens, le loisir et un vecteur de variables exogènes. L’individu cherchera donc à maximiser
son utilité sous des contraintes financières et des horaires. Si on suppose que𝑅𝑛𝑠 est le revenu
souhaité, déterminé par le taux marginal de substitution entre la consommation et le loisir. Ce
revenu est évalué en tenant compte des caractéristiques individuelles observables(𝐶𝑛 ) et non
observables(𝑈𝑛 ).

Il est donc non observable et se détermine comme suit :

𝑅𝑛𝑠 = h(𝐶𝑛 , 𝑈𝑛 )(17)


Le salaire observable sur le marché est 𝑅𝑛 et s’écrit en fonction des caractéristiques
observables 𝑏𝑛 et non observables 𝑒𝑛 :

𝑅𝑛𝑠 =g(𝑏𝑛 , 𝑒𝑛 ) (18)


L’individu participe effectivement au marché du travail si et seulement si le différentiel𝐷𝑛
Entre 𝑅𝑛𝑠 Et 𝑅𝑛 est inférieur à 0. C'est-à-dire que :

𝐷𝑛 =𝑅𝑛𝑠 − 𝑅𝑛 < 0 (19)


Compte tenu du fait que𝑅𝑛𝑠 ne peut être observé, la participation au marché du travail est
repérée par une variable dichotomique𝑌𝑛 Prenant la valeur 1 s’il y a une offre de travail et 0
dans le cas contraire, avec :

𝐷𝑛 /𝐷𝑛 = 𝑌′𝑡𝑛 + Ѳ𝑛 (20)

Où Ѳ𝑛 est un terme aléatoire. La probabilité de participer au marché du travail s’exprime donc


par :

Prob (𝑌𝑛 =1) = prod (𝐷𝑛 < 0) = prod (Ѳ𝑛 < − 𝑌′𝑡𝑛 ) = 1 − 𝐹(− 𝑌′𝑡𝑛 )(21)

F est une fonction de distribution cumulative de Ѳ𝑛 , avec Ѳ𝑛 normalement distribue. Ce qui


correspond au cas du modèle probit habituel dont l’estimation nécessite la détermination des
paramètres d’une équation de gains :
𝑅𝑛𝑠 =g(𝑏𝑛 , 𝑒𝑛 ) (22)
et d’une équation structurelle de participation :
𝑌𝑛 =ɭ(𝐶𝑛 , 𝑅𝑛 , 𝑈𝑛 )(23)

101
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.1.3. Modèles à choix qualitatif dans le cadre du marché de l’emploi


Trois modèles usuels d’analyse à choix qualitatif, le modèle probit, le modèle logit et le modèle
polytomique multinomial font l’objet de cette sous-section. Ce sont les plus utilisés pour
l’analyse du marché du travail. Ils se répartissent en modèles à choix binaire ou dichotomique
pour les deux premiers, et en modèle à choix qualitatif tri-sectoriel pour le dernier.

2.1.3.1 Modèles dichotomiques : modèles logit et probit


Dans le cadre de l’estimation des fonctions d’offre de travail, le modèle probabiliste linéaire se
présente comme suit :

Yi  ai  bX i  i (24)

Avec 𝑌𝑖 = 1 si l’individu participe au marché du travail et 𝑌𝑖 = 0 dans le cas contraire 𝑋𝑖 Est le


vecteur des caractéristiques individuelles (éducation, âge, expérience, etc.) et 𝑎𝑖 La
permutation associée à l’𝑖 è𝑚𝑒 Observation. La valeur escomptée pour chaque observation de
la variable dépendante est :

E(Yi )  a  bX i (25)

Puisque 𝑌𝑖 𝑒𝑠𝑡 é𝑔𝑎𝑙 𝑎 0 𝑜𝑢 1, on a la distribution de la probabilité suivante :

𝑃𝑖 =prob (𝑌𝑖 =1) et 1-𝑃𝑖 =prob (𝑌𝑖 =0) (26)

D’où l’équation de régression suivante :

E(𝑌𝑖 )=1(𝑃𝑖 ) +0(1-𝑃𝑖 )=𝑃𝑖 (27)

Cette équation peut être interprétée comme la probabilité qu’un individu participe au marché
du travail, en tenant compte de ses caractéristiques individuelles. Aussi, la pente de la régression
mesure-t-elle l’effet sur la probabilité de participer au marché du travail de la variation d’une
« unité » des caractères individuels. Le problème peut être revu de telle sorte que les prédictions
ne concernent plus une variante binaire, mais une variante continue évoluant dans
l’intervalle[0; 1] . Les modèles les plus couramment utilisés sont les modèles logit et probit. Il
s’agit d’interpréter la variante dépendante comme la probabilité dont la valeur est conforme à
l’intervalle [0; 1]. Soit :

102
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

𝑃𝑖 =F (a+b𝑋𝑖 ) =F (𝑍𝑖 ) (28)

F est une fonction de probabilité cumulative, c’est-à-dire une fonction de réparation d’une loi
de moyenne nulle ; et 𝑍𝑖 une variable continue aléatoire. Lorsque F suit une loi normale centrée
réduite, le modèle est appelé probit ; si F suit une loi logistique, le modèles est appelé logit.
Dans le modèle probit, les données relatives aux 𝑍𝑖 ne sont pas disponibles .On ne dispose que
des informations sur les choix possibles des individus.

L’analyse probit permet donc d’estimer les paramètres a et b, ainsi que d’obtenir des
informations liées aux variables 𝑍𝑖 . 𝑃𝑖 représente la probabilité conditionnelle qu’un individu
participe au marché du travail (Y=1) en tenant compte de ses attributs. Ce qui importe, c’est
l’ampleur relative des coefficients et leur taille absolue. Par contre, dans le modèle logit, la
variable dépendante de l’équation de régression est le logarithme des chances qu’un choix
particulier se réalise. On a:

1 𝑃
𝑃𝑖 =F (𝑍𝑖 ) = 1+𝑒 −𝑧𝑖 ⇒Log (1−𝑃𝑖 ) =𝑍𝑖 = a +b 𝑋𝑖 (29)
𝑖

L’estimation, dans ce cas, nécessite une certaine prudence, car le membre de gauche de
l’équation représente le logarithme des chances et non la probabilité actuelle. Une application
du modèle probit est faite par Petit[2004]. Elle a analysé la discrimination à l’embauche à l’aide
de données recueillies par la méthode d’audit par couples, dans le secteur financier en France,
en estimant les coefficients du modèle suivant :

𝑌𝑎𝑖 =γ+β(1−𝑅𝑖 ) +𝑒𝑎𝑖 (30)

Les indices a et i identifient respectivement une entreprise et un candidat particulier ;

R est la variable indicatrice relative au genre ( sexe ) du candidat , il est égal à 1 si ce dernier
est une femme et à zéro s’il est un homme ; Y est la variable expliquée relative à la réponse
d’une entreprise a pour la candidature d’un individu i ,il est égal 1 si la réponse est positive à
zéro si cette dernière négative ; e , est la perturbation ; β ( indicateur du niveau de discrimination
à l’encontre des femmes ) et γ sont les coefficients estimés dans un modèles probit. Quatre
évènements disjoints et complémentaires sont associés aux réponses de chaque établissements
audité par couple de candidats. D’abord PI (indétermination) si la réponse est négative pour les
deux candidats. Ensuite PN (discrimination non confirmée) si la réponse est positive pour les
deux candidats ; puis PH (discrimination à l’encontre des femmes) si la réponse est positive
pour l’homme et négative pour la femme. Enfin PF (discrimination à l’encontre des hommes)

103
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

si la réponse est positive pour la femme et négative pour l’homme. La discrimination nette à
l’encontre des femmes définie par :

DN  PH  PF avec DN   1,1 (31)

DN mesure un accès aux entreprises d’embauche différencié selon le sexe du candidat.

Il peut être calculé pour une entreprise donnée ou pour l’ensemble des entreprises d’une
branche, d’un secteur d’activité, etc. du marché du travail. S’il est nul, c’est qu’il y a une
discrimination des femmes et, dans le cas contraire, une discrimination des hommes.

2.1.3.2 Modèles à choix multiples : modèle multinomial


Les modèles polytomiques sont généralement des modèles tri-sectoriels d’offre de travail.
Leurs caractéristiques sont fondées sur le concept de vulnérabilité et ils s’articulent autour de
trois groupes de travailleurs comme par exemple : les salariés protégés, les salariés non protégés
et les travailleurs en quête d’emploi. Le revenu souhaité et la désutilité du travail variant selon
le statut du travail, un individu peut décider d’occuper un type d’emploi donné même s’il n’en
retire qu’un revenu en dessous de celui qu’il aurait pu obtenir dans un autre segment du marché
du travail. On peut donc supposer que l’agent économique donné fait un choix entre quatre
alternatives : d’abord ne pas participer au marché du travail, ensuite être au chômage, puis être
un salarié non protégé, enfin être un salarié protégé. En effet, si 𝑈𝑖𝑛 est l’utilité maximale
obtenue par l’individu n qui choisit le statut i ⊂ 𝑗, la fonction d’utilité maximale peut être
décomposée en deux éléments : l’élément non aléatoire ( 𝐻𝑖𝑛 ) est une fonction des
caractéristiques individuelles et l’élément aléatoire (𝑒𝑗𝑛 ), une fonction des caractéristiques non
observées. La probabilité que l’option i soit préférée à l’option j s’écrit :

𝑃𝑖𝑛= Prob (𝑒𝑗𝑛 -𝑒𝑖𝑛 <𝐻𝑖𝑛 -𝐻𝑗𝑛 , j⊂𝑗𝑛 et j≠i) (32)

Si 𝑒𝑖𝑛 a une distribution indépendante et identique, selon la valeur extrême de la distribution, la


composante non observable de l’unité aura une distribution logistique multinomiale. La
probabilité de choisir i par rapport à j sera alors :

𝑒 𝐻𝑖𝑛
𝑃𝑖𝑛 =∑ 𝑗 ⊂𝑒 𝐻𝑖𝑛 avec i ⊂ 𝑗𝑛 (33)

L’estimation séparée des équations de salaires et de participation pour chaque statut du marché
du travail est susceptible de créer un biais de sélection. Cela peut être contourné en supposant

104
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

que la covariance entre les termes aléatoires des équations de participation et de salaire est nulle.
Par conséquent, dans le modèle multinomial on remarque quatre choses :

 d’abord la somme des probabilités conditionnelles d’occurrence des évènements


exclusifs doit être égal à l’unité ;
 ensuite pour k modalités différentes, on estime que k-1 modalités ; puis, c’est un
modèle d’estimation simultanée, comparant des ratios de chance pour chaque paire de
modalités ;
 enfin, son estimation revient à estimer conjointement k-1 modèle logit binomial n’est
qu’un cas particulier du logit multinomial.
 L’interprétation des coefficients s’effectue toujours en référence à la catégorie de base.

En outre, l’un des problèmes avec le logit multinomial réside dans l’hypothèse d’indépendance
des états non pertinents ou Independence of irrelevant alternatives (IIA). En supposant que les
erreurs sont indépendamment distribuées et que la matrice de la covariance des erreurs est
orthogonale, cette hypothèse permet l’utilisation du maximum de vraisemblance pour
l’estimation des coefficients. Cependant, dans certains cas, l’hypothèse IIA n’est pas réaliste.
Une autre voie pour la contourner est de supposer les erreurs sont auto-corrélées, dans ce cas
on a un modèle probit multinomial, on suppose que les erreurs suivent une distribution normale
multivariée et sont corrélées entre elles selon les différents choix. Toutefois dans la pratique,
l’obstacle majeur demeure l’estimation des modèles dont la taille de la matrice est supérieure
ou égale à trois. Pour application empirique aux données de l’étude, les modèles à choix
multiple sont bien adaptés pour une analyse de la segmentation au marché du travail. De plus,
ils permettent de déterminer les caractéristiques moyennes des agents économiques qui
choisissent un segment donné.

2.2 Modèle de variable dépendante quantitative


Il existe plusieurs méthodes où les variables dépendantes des méthodes à estimer, pour l’analyse
de la discrimination sur le marché du travail, sont quantitatives. Quatre d’entre elles sont
répertoriées. Ce sont notamment : la méthode traditionnelle, la méthode de régression inverse,
la méthode de régression multiple linéaire. Enfin la méthode de décomposition de Oaxaca et
Blinder. On note que, pour répondre à la question « y a-t-il discrimination salariale contre les
femmes?» Dutoit (2001) a expérimenté les méthodes d’estimations suivantes : la méthode de

105
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

régression directe, la méthode de régression inverse, la méthode d’Oaxaca et Blinder, la


méthode de correction de biais de Heckman.

2.2.1 Modèle traditionnel d’analyse et modèle de régression inverse


Le modèle traditionnel d’analyse et celui de la régression inverse sont les premières méthodes
à variable dépendante quantitative qui ont été les plus utilisées pour des analyses de la
discrimination sur le marché du travail.

2.2.1.1 Modèle traditionnel d’analyse


La méthode traditionnelle d’analyse de la discrimination sur le marché du travail ou régression
directe a été développée, selon Kamalich et Polochek (1988), pour répondre à la question de
savoir : comment les différences de gains constatées entre sexe/race, dissocient l’effet de la
discrimination de l’effet de la productivité ? La méthode primaire estime une équation où les
salaires sont exprimés en fonction de la productivité et du sexe ou de la race. La productivité
ne pouvant être directement observée, plusieurs proxies lui ont été trouvées telles que
l’éducation, l’ancienneté dans l’emploi et l’expérience professionnelle qui sont des éléments du
capital humain. La discrimination est mesurée comme la différence de gain entre les sexes (les
races) après l’exclusion des différences de productivités estimées. La méthode de mesure
utilisée consiste en une régression des salaires selon le sexe (la race) et les proxies de la
productivité. L’équation générale simplifiée est la suivante :
𝑙𝑛𝑦 = 𝛼0 + 𝛼1 𝑠 + 𝛼2 𝑡 + 𝛼3 𝑒 + 𝛿𝐺 + 𝑈(34)
Où : 𝜹 et les𝛼 sont les coefficients à estimer ; s, le nombre d’année de scolarité, t, l’ancienneté,
e, l’expérience ; G la variable muette pour le genre ; et U, le terme d’erreur. On utilise le
logarithme des salaires afin que les coefficients soient proches en pourcentage (%) des variables
du salaire. L’application empirique faite par Kamalich et Polachek, à l’aide de données de 1976
pour l’université de Michigan aux Etats-Unis montre que les femmes gagnaient 35,1% moins
que les hommes. Cependant, la mesure de toute variable non observable est souvent source de
biais dans l’estimation de son coefficient de régression. Les estimateurs de la discrimination
sont biaisés quand les proxies surestiment la productivité réelle. Cela explique le
développement de modèle de régression inverse. Cette dernière essaie de corriger les biais
introduits dans la méthode par l’utilisation des proxies de productivité.

106
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.2.1.2 Modèle de régression inverse

La méthode de régression inverse permet d’éviter le biais dû à l’utilisation des proxies de


productivité, en ne s’intéressant qu’aux différences de qualifications et non de salaire. Elle
compare les qualifications du travail (comme proxies de la productivité) des membres des
différents groupes de sexe/race qui gagnent le même salaire. Il existe une discrimination si, au
groupe de discriminé, on exige d’avoir des qualifications moyennes élevées, pour tout niveau
de salaire. Par cette méthode, l’employeur non discriminateur est réellement révélé comme tel.
Aussi, est-elle appelée régression inverse parce qu’elle compare les niveaux moyens des proxies
au lieu des niveaux moyens des salaires. Elle est une formule dans laquelle le proxy de la
productivité est une variable dépendante et le sexe (race), le salaire ainsi que d’autres variables
standards sont les variables indépendantes de la régression. Les équations générales sont les
suivantes :

s = α0 + α1 y + α2 e + a3 t + b1 G + b2 G′y(35)

e = α0 + a2 s + a3 t + b1 G + b2 G′y(36)

t = α0 + a1 y + a2 y + a3 e + b1 G + b2 G′y (37)

Où G représente le genre, s le nombre, d’années de scolarisation, e le nombre d’années


d’expérience, t le nombre d’années d’ancienneté et y le taux de salaire. La discrimination
pouvant varier selon le niveau de salaire, un terme d’interaction entre le sexe et le salaire a été
introduit. La dérivation de cette équation est une mesure de la différence de productivité
attribuée au sexe (race), les autres facteurs étant constants.
Une version plus simplifiée est la suivante :

𝑠 = 𝛼0 + 𝛼1 𝑦 + 𝑏𝐺(38)

𝑒 = 𝛼0 + 𝑎1 𝑦 + 𝑏𝐺(39)

𝑡 = 𝛼0 + 𝛼1 𝑦 + 𝑏𝐺(40)

Où b mesure la différence de productivité. S’il existe une discrimination, les coefficients de


sexe du modèle simplifié sont significativement positifs. Ce qui veut dire que, les femmes
doivent avoir une qualification plus grande pour accéder au même travail que les hommes.
S’il y a une discrimination inverse, tous les coefficients sont significativement négatifs. S’il
n’y a pas du tout de discrimination, les coefficients ne sont pas significativement différents de
zéro. Pour l’application empirique : s est le nombre d’années d’études, t est le nombre de mois

107
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

de travail pour l’employeur actuel ; e est le nombre d’années de travail depuis l’âge de 18 ans ;
y est le salaire horaire actuel ; enfin G une variable muette qui prend la valeur 1 pour les
femmes et 0 pour les hommes.

La régression inverse, comme modèle économétrique, n’est pas aussi exempt de biais. Deux
problèmes apparaissent : la simultanéité et la multi-colinéarité. La simultanéité intervient
quand il y a de fortes motivations pour que le salaire soit une variable dépendante et non
indépendante. La correction de ce biais nécessite la construction d’un modèle de régression à
deux étapes. Concernant le problème de la multicolinéarité, il peut être évité. Par exemple en
stratifiant le sexe. La différence entre les termes constants peut être reliée à la variable muette
du sexe.

2.2.2 Modèle de régression multiple linéaire et modèle de décomposition de


Oaxaca-Blinder
La méthode de discrimination met généralement en jeu une « standardisation » entre les
groupes, des caractéristiques reliées à la productivité. Cette technique permet d’estimer la part
de l’écart de revenu pouvant être attribuée à des différences de dotation, ainsi que, le résidu qui
mesure la discrimination. Par ailleurs, lorsque deux groupes différents dans leurs
caractéristiques productives moyennes, les fonctions de gains relient ces caractéristiques aux
revenus. La méthode usuelle de mesure de la discrimination consiste à faire une comparaison
entre les revenus réels moyens et les revenus qu’ils obtiendraient s’ils étaient payés selon la
même "structure de revenus", voire la même fonction des gains.

Cependant, compte tenu des difficultés techniques et méthodologiques pour l’interprétation des
résultats, il est difficile de détecter un différentiel de revenus entre groupes. Les résultats
obtenus ne permettent que d’estimer une valeur possible de discrimination de marché. Ce qui
revient à admettre que la méthode usuelle de mesure n’indique au mieux que le principe « à
travail égal, revenu égal » est oui ou non respecté. En ce qui concerne les deux modèles
quantitatifs, le modèle de la régression multiple linéaire et celui de décomposition d’Oaxaca-
Blinder sont présentés. Ils présentent des particularités pour l’analyse des déterminants de la
discrimination qui prévaut sur le marché du travail.

108
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.2.2.1 Modèle de régression multiple linéaire

La régression multiple linéaire permet d’estimer des fonctions de gains et de biais de sélection,
de vérifier l’hypothèse d’existence de discrimination sexuelle ou ethnique sur le marché du
travail ainsi que l’existence d'un différentiel de revenu entre les secteurs public et privé, ou
entre des travailleurs syndiqués et non syndiqués. La spécificité de cette méthode réside dans
le fait que la variable expliquée par le modèle est quantitative et continue dans un domaine
donné. La procédure des moindres carrés est couramment utilisée pour les estimations en tenant
compte des hypothèses de base impliquées par cette procédure. La qualité de l’estimation peut
être évaluée par les coefficients de régression multiple R2 et R2 corrigé ou la statistique F de
Fisher Snedecor dont le calcul résulte de l’analyse de variance. L’estimation des fonctions de
gains est la technique d’analyse standard pour le marché du travail. Cette approche a généré
beaucoup de progrès sur le plan économétrique : la question du biais de sélection est largement
incorporée dans les analyses actuelles. Elle renvoie la plupart du temps à la théorie du capital
humain. Le modèle de base se présente comme suit :

𝑌𝑓 = 𝛽0 + 𝛽1 𝑋1𝑖 + 𝛽2 𝑋2𝑖 + ⋯ ∙ +𝛽𝑘 𝑋𝑘𝑖 + 𝜀𝑖 (41)

Où Y est la variable dépendante, les Xk sont les variables indépendantes, les ßk+1 sont les
paramètres à estimer et, εi, la perturbation. La méthode d’estimation couramment utilisée est la
procédure des moindres carrés :

ESS = ∅2 Σ (Y1 − b0 − b1 X1i − b2 X2i −∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙ −bk X ki )(42)


Les b sont les différents estimateurs des ß qui minimisent ESS, la somme des carrés des erreurs,
et ∅ un estimateur de ε. En outre, le modèle de régression multiple linéaire peut être enrichi par
la méthode de HECKMAN, dans le cas de biais de sélection, en ce qui concerne
l’échantillonnage. Cela consiste à introduire dans le modèle estimé l’inverse du coefficient
lambda de Mills. Pour ce faire, on procède comme suit : en premier lieu, on estime le modèle
de régression multiple linéaire ; ensuite, à l’aide des coefficients estimés, on calcule les
coefficients inverses lambda de Mills ; enfin, on intègre les coefficients calculés dans le modèle
estimé comme variable indépendante et on refait une estimation par la méthode des moindres
carrés. Cependant, c’est une méthode d’application assez complexe.

Comme application empirique, Strub (2005) utilise la régression multiple linéaire dans une
approche méthodologique relative au contrôle de l’égalité salariale entre hommes et femmes,
dans les marchés publics en Suisse. Elle propose deux sortes d’analyses. La première se fait à

109
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

l’aide d’une régression de base qui prend en compte les caractéristiques individuelles de
qualification que sont : l’éducation (nombre d’années de formation de la personne),
l’expérience professionnelle (nombre d’années potentielles de vie active de la personne),
l’ancienneté (nombre d’année de service de la personne), le sexe (avec une valeur 1 si c’est une
femme et 0 si c’est un homme). La seconde régression, qu’elle appelle régression élargie, ajoute
à la première des caractéristiques liées au poste de travail. Ce sont les variables au niveau des
qualifications et des positions professionnelles. Le niveau des qualifications comprend quatre
modalités que sont : les travaux les plus exigeants ; les travaux qualifiés ; les connaissances
professionnelles ; et les activités simples. Concernant la position professionnelle, elle se
découpe en cinq modalités : cadre supérieur ; cadre moyen ; cadre inférieur ; responsable de
l’exécution des travaux ; sans fonction de cadre. Le coefficient de discrimination est celui qui
est alloué au coefficient sexe. Dans une perspective d’analyse dans les travaux portant sur les
déterminants de la discrimination économique selon le sexe, à cause de la prise en compte de
facteurs relevant des théories du capital humain et de la segmentation du marché du travail ce
modèle de régression linéaire serait donc très adéquat.

2.2.2.2. Modèle de décomposition d’Oaxaca et Blinder

Comme énoncé plus haut la méthode économétrique initialement développée par Oaxaca
blinder est la technique utilisée pour la mesure de la discrimination salariale entre les hommes
et les femmes. Elle permet une décomposition de l’écart salarial en une part expliquée par les
différences moyennes de caractéristique et une part inexpliquée attribuée aux comportements
discriminatoires des employeurs.

La méthode usuelle développée par ces auteurs est la suivante. Si on suppose qu’il y a deux
groupes, 1 et 2 ; avec W1 et W2 leurs revenus moyens respectifs ; si on considère les fonctions
de gains suivants :

𝑊1 = 𝑓1 (𝑋1 ) la fonction de gains du groupe 1 ;


𝑊1 = 𝑓1 (𝑋1 ) la fonction de gains du groupe 2 ;

X1 et X2 sont des vecteurs des caractéristiques moyennes applicables à ces deux groupes. Soit
G la différence brute entre les revenus moyens des deux groupes, on a :

𝐺 = 𝑊2 − 𝑊1 (43)

110
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

𝐺 = [𝑊2 − 𝑓2 (𝑋1)] + [𝑓2 (𝑋1 ) − 𝑊1 ] (44)

G=E+D(45)
Où :𝐸 = [𝑊2 − 𝑓2 (𝑋1 )](46)

La partie expliquée, mesure la différence des caractéristiques productives moyennes ; et


D= [f2(X1)-W1] (47)
la partie non expliqué, mesure donc la part de l’écart brut de rémunération entre les deux
groupes de travailleurs et qu’on attribue à la discrimination. L’innovation de Oaxaca et Blinder
consiste à séparer D en deux composants attribuables respectivement l’une, à la discrimination
par le revenu et l’autre, à la discrimination par l’emploi. En effet, selon Terrell (1992), à la
différence des premiers économistes qui définissaient la discrimination par le biais d’une
fonction salariale (uniquement pour les hommes et pour les femmes) comportant plusieurs
variables liées à la productivité et une variable binaire pour le sexe ( ignorant ainsi les écarts
salariaux imputables aux différents éléments de la valeur personnelle liée au sexe), la méthode
de décomposition des écarts d’Oaxaca et de Blinder permet de mesurer des poids respectifs des
composants de l’écart salarial. Pour cela, on calcule généralement, à l’échelle semi-
logarithmique, deux fonctions salariales distinctes selon le sexe par l’application de la méthode
classique de décomposition d’Oaxaca (l’hypothèse implicite est que le salaire masculin est égal
au salaire féminin en absence de discrimination) qui se présente comme suit :

ln 𝑌𝑚 − ln 𝑌𝑓 = 𝑋𝑓 (𝑏𝑚 − 𝑏𝑓 ) + 𝑏𝑚 (𝑋𝑚 − 𝑋𝑓 )(48)


ln 𝑌𝑚 − ln 𝑌𝑓 = 𝑋𝑚 (𝑏𝑚 − 𝑏𝑓 ) + 𝑏𝑓 (𝑋𝑚 + 𝑋𝑓 )(49)
où : m et f désignent respectivement les hommes et les femmes. Y est le salaire moyen. X
représente la valeur moyenne du capital humain et b le coefficient calculé, la rétribution du
capital humain sur le marché de l’emploi ; le premier terme de chaque équation est la fraction
de l’écart salarial imputable à l’application de système de rémunération différents
(discrimination sur le marché de l’emploi); le deuxième terme est la fraction imputable aux
différences de valeur du capital humain (valeur personnelle); enfin le capital humain de base
correspond à l’instruction et à l’expérience.
Cette méthode a été appliquée par Boumahdi et Giret (2005) pour l’analyse des disparités
d’accès aux emplois et aux rémunérations entre jeunes issus de l’immigration et jeunes
d’origine française. Ils ont conclu qu’il existe une discrimination statistique des jeunes issus de
l’immigration comparativement à ceux d’origine française. Il existe cependant des critiques à

111
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

la méthode proposée par Oaxaca et Blinder (MOB). D’abord, les équations de gains donnent
des valeurs maxima et minima des salaires moyens qui, généralement, diffèrent les uns des
autres. Il faudrait donc prendre une moyenne pondérée pour la MOB. Ensuite, il est logique de
penser que la discrimination varie selon la répartition des salaires. Enfin, comme critique
majeure, la discrimination salariale estimée par la MOB peut tout aussi bien provenir de
pratiques discriminatoires, comme résulter d’un facteur d’erreur. On ne peut donc différencier
ces deux sources du coefficient de discrimination, un test adéquat faisant défaut.
Notamment la norme, la sélection et l’endogénéité constituent des limites économétriques dans
l’utilisation de méthode d’Oaxaca (1973). En effet, le développement de cette méthodologie
soulève trois inquiétudes principales : la pondération, la sélection et l’endogénéité.
Une analyse critique de ce problème permet de dégager d’abord, que la remise en cause de la
pondération émane du fait qu’il est impossible d’identifier la structure salariale non
discriminante sans faire une hypothèse a priori sur la norme salariale non discriminante.
Ensuite, la question de la sélection se pose dans la mesure où il est impossible d’observer le
salaire des individus qui recherche un emploi. Enfin, certaines variables explicatives sont
affectées également par des traitements discriminatoires, ce qui pose des problèmes
d’endogénéité la plupart du temps négligés par les travaux empiriques. Ces lacunes constituent
pour plusieurs économistes un support d’analyse pour le développement d’autres modèles dont
la micro-simulation.

Section 3. La micro-simulation dans l’analyse des inégalités de genre sur le marché


du travail

L’appréhension des inégalités de revenus ou plus généralement de situation sur le marché du


travail entre hommes et femmes permet de répertorier plusieurs modèles comme vu dans la
précédente section. Toutefois, le constat de leur limite dans la prise en compte de certaines
conditions du marché comme la demande de main d’œuvre sectorielle et les salaires permettent
le développement de la méthode de micro-simulations contrefactuelles dans l’étude des
changements distributifs. De ce fait, la modélisation dans les microsimulations des revenus, au
niveau de tous les individus pour lesquels des données sont disponibles, permet une analyse
beaucoup plus rigoureuse des politique sociales comme fiscales. Dans cette section, notre
analyse se porte d’abord sur l’historique et les principes de la micro-simulation ensuite la
réflexion explore les différents types de modèles de microsimulation, leurs limites et critique

112
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

pour enfin montrer l’importance des méthodes de l’évaluation d’impact dans le cadre de notre
analyse.

1. Les modèles de micro-simulation


Les micro-simulations ont pour fondement les travaux de différents auteurs comme Mincer
(1958), Oaxaca (1973) et Blinder (1973) qui se sont concentrés sur les déterminants des écarts
dans les salaires. En effet, dans ce cadre plusieurs méthodes de micro-simulation sont
développées sur l’appui d’une idée à l’origine mis en lumière par Orcutt dans les années 1950
(Orcutt 1957) pour surmonter le déficit d’information des modèles de décompositions de
revenu.

1.1 Historique et principe de la micro-simulation


La micro-simulation est un outil d’analyse relativement simple dans son principe. Elle permet
d’étudier l’évolution d’un système en utilisant les caractéristiques d’un échantillon d’agents
(individus, ménages, entreprises) au niveau individuels. Ainsi, pour mieux apprécier les enjeux
de cette méthode, il convient de présenter avant tout propos son origine et ses principes.

1.1.1. Historique de la micro-simulation


Les premiers travaux de la méthode de micro-simulation datent de 1957, et sa paternité est en
général attribuée à Orcutt (1957). L’essence même du modèle était de rendre compte des
interactions des comportements d’agents individuels ou collectifs correspondant aux principaux
types d’acteurs économiques : ménages, entreprise, acteurs publics, tout en tenant compte de
l’évolution simulée de leurs caractéristiques. Ceci, supposait à la fois une modélisation du
comportement de ces agents, mais aussi une simulation de leur apparition et leur disparition
éventuelle. Il faut noter que, les applications de la micro-simulation se développent de façon
significative à partir des années 1980 dans l’analyse des politiques économiques, notamment
dans le domaine de la redistribution (Bourguignon et al, 1988). Ainsi, l’intérêt de la micro-
simulation pour l’analyse des inégalités de genre sur le marché du travail réside essentiellement
dans la possibilité qu’elle offre de prendre en compte l’hétérogénéité des agents, tout en
s’intéressant en même temps aux conséquences agrégées de leurs comportements.

113
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.1.2 Principe de la micro-simulation


Les modèles de micro-simulation peuvent être structurés à partir de l’inclusion ou non d’une
modification du comportement des agents, de l’horizon temporel de leurs comportements et
finalement de la prise en compte ou non des effets d’équilibre général. Plus précisément, les
modèles de micro-simulation proposent une représentation partielle du fonctionnement de
l’économie. Elle constitue une méthode d’investigation fondée sur la reproduction au niveau
individuel des comportements étudiés, conduite à partir d’un échantillon représentatif. La
micro-simulation constitue un instrument d’analyse et de prévision dans le domaine
économique et social. La méthode est relativement simple dans son principe. En effet, un
modèle de micro-simulation se compose de trois éléments qui sont : une base de données
microéconomique qui contient les caractéristiques économique et sociodémographique d’un
échantillon représentatif d’agents (ménages ou individus), un système redistributif de départ et
le système simulé, c’est-à-dire les règles déterminants les contraintes auxquelles font face aux
agents ; et un modèle théorique de comportement des agents. A cet effet, la méthodologie
qu’elle utilise pour traite ces problématiques est fondée sur un échantillon représentatif d’unités
micro-économiques. De ce fait, la modélisation des modèles de micro-simulation part de
fichiers de ménages, avec diverses caractéristiques en termes de revenu et d’emploi de leurs
membres. Dans ces perspectives, il est un critère d’efficience et présente de nombreux
avantages par rapport aux approches de types plus agrégées. En d’autres termes, il offre une
demande croissante pour que les phénomènes sociaux économiques soient abordés en termes
de variance autant que de moyenne.

1.2. Les différents types de modèles de micro-simulation


L’approche de modélisation que propose Guy Ocutt (1957) met en exergue deux types de
modèles : les modèles de micro-simulation dynamique et les modèles statiques.
En effet, l’approche de modélisation des micro-simulations met en exergue les micro-
simulations dynamiques et statiques selon que la représentation du système redistributif inclut
ou non une dimension temporelle. Il est aussi judicieux de relever que les applications les plus
courantes des microsimulations portent généralement sur la redistribution et les politiques
sociales. Ainsi, les premiers modèles ont été construits aux Etats-unis et en Europe Orcutt et al
(1986), Atkinson et Suttherland (1988). Cependant pour les pays en voie de développement
compte tenu du manque de certaines données, ce n’est que récemment avec la disponibilité des

114
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

données d’enquêtes sur les revenus des ménages, que l’utilisation des techniques de
microsimulation a été possible Bourguignon et Pereira da Silva (2003).

1.2.1. Les modèles de micro-simulation dynamique

Les modèles de micro-simulation dynamique sont conçus et utilisés au niveau opérationnel pour
faire des prévisions et des recommandations stratégiques (Klevmarken 1997). Ces modèles
dynamiques sont donc utilisés pour retracer les trajectoires individuelles en engendrant
artificiellement les principaux évènements du cycle de vie. De ce fait, cette méthode de micro-
simulation prend en compte les modèles micro-économétriques et statiques, ainsi que les
techniques comptables. De plus, ces modèles dynamiques peuvent se subdiviser en deux
catégories. D’une part, celle nommée modèle « de période », qui projettent l’ensemble d’une
population au cours du temps et d’autre part les modèles « de cohorte » qui projettent une
génération sur l’ensemble de son cycle de vie.

1.2.2 La micro-simulation statique : fondements théoriques et limites


Les modèles statistiques et économétriques sont le fondement principal des différentes
catégories de micro-modèles dans la méthode de micro-simulation. Dans cette perspective, les
modèles statiques cherchent à reproduire l’impact des politiques sur les situations individuelles
à date donnée. Dès lors, une génération de modèle a été développée afin d’analyser la formation
du revenu en retenant des hypothèses alternatives concernant les choix occupationnels des
agents et les rendements des caractéristiques observés et non observées des ménages et des
individus dans ces différentes occupations33.Ainsi, ces modèles sont essentiellement utilisées
pour décomposer l’évolution historique de l’inégalité du revenu et de la pauvreté observée entre
deux enquêtes ménages ou pour décomposer la différence de l’inégalité du revenu entre deux
pays. Dans cet ordre d’idée, il faut noter que les modèles de micro-simulation sont plus ou
moins complexes selon que les comportements des individus ou ménages sont pris en compte
et représentés. De ce fait, la plupart des analyses s'appuient sur des modèles de micro-simulation
se situant dans un cadre d'équilibre partiel. Afin d’éclairer ce point, on peut citer un ensemble
de travaux constitués de modèles s’appuyant sur des enquêtes de ménages réalisées à différentes

33
De telles décompositions ont été déjà mise en œuvre pour Taiwan (Bourguignon Fournier et Gurgand 1999,
2001), l’Indonésie (Atlas et Bourguignon 2000), la Côte d’Ivoire (Grimm 2001).

115
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

dates dans le but d’identifier et analyser les déterminants de l’évolution des inégalités
(Bourguignon et al., 1998 ; Alatas et Bourguignon, 1999).
Dans ce même sens, d’autres auteurs ont mis en évidence l’analyse de la formation de revenu
en retenant des hypothèses alternatives concernant la participation, les choix occupationnels
des agents et les rendements des caractéristiques observés et non observés des ménages et des
individus dans ces différentes occupations avec une diversité de méthodologie. Dans le cadre
de notre étude, nous relevons la méthode de microsimulation dans l’évaluation d’impact, dont
l’analyse empirique met en exergue sa pertinence. En guise d’illustration, Bourguignon et al
(2001) utilise une méthode de microsimulation non paramétrique qui permet de détailler la
manière dont la répartition du revenu impacte sur la totalité de l’inégalité et la pauvreté.
De manière synthétique, son approche consiste d’abord à utiliser un modèle économétrique
estimant une génération de revenu du ménage. Ensuite, les probabilités et les déterminants du
modèle sont ensuite utilisés pour simuler l’impact des changements dans les conditions
d’occupation du marché du travail, notamment dans les dotations du capital humain. Enfin, il
analyse l’impact de ces changements de dotations sur les inégalités et la pauvreté. Vu ce qui
précède, il nous semble nécessaire de revenir un temp soit peu sur les méthodologies des
évaluations d’impact.
Généralement, les méthodes d’évaluation d’impact s’inscrivent dans une tendance de la
généralisation de l’approche axée sur les résultats dans la mise en place des politiques
publiques. Elles permettent de fournir des preuves aux décideurs politiques sur la performance
des interventions publiques et le degré d’atteinte des résultats escomptés. Il faut souligner, que
c’est un outil nécessaire pour améliorer la qualité, l’efficience et l’efficacité des politiques
publiques.

2. L’évaluation d’impact dans l’analyse des inégalités de genre

Les méthodes de micro-simulation se révèlent être des instruments extrêmement puissants pour
identifier les sources de changements dans la répartition des revenus, ou les revenus individuels,
dans un pays donné. En outre, elle facilite la description détaillée et donne l’impact relatif de
diverse situation d’inégalité du marché du travail sur l’inégalité et la pauvreté au niveau des
ménages. Dans cette perspective, le modèle de micro simulation tient compte des changements
(observés ou simulés) dans la composition de la main d’œuvre par des dotations individuelles
en tenant compte du niveau de compétence et du sexe. De ce fait, elle permet une mise en
lumière des changements dans les taux de participation, le chômage la mobilité dans les

116
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

différents secteurs d’emploi et d’activité, les changements dans les revenus liés ou non au
travail. A cette occasion, la microéconométrie de l’évaluation porte un intérêt particulier à la
technique de microsimulation. Il ya là tout un champ de confrontation potentiellement
intéressant entre les méthodes de microsimulation et la méthode microécométrie de
l’évaluation. En effet, la qualité d’un modèle de simulation peut s’évaluer par sa capacité à
rendre compte des résultats des évaluations ex post qui sont disponibles.

2.1. Méthodologie de l’évaluation d’impact

L’évaluation d’impact se focalise principalement sur l’effet causal du phénomène étudié sur un
ensemble de résultats. De ce fait, les chercheurs tentent d’isoler et de mesurer les changements
observés sur les résultats qui sont causés directement par le phénomène. De façon explicite,
l’évaluation d’impact repose sur un principe simple : mesurer un différentiel entre deux
situations. Celle résultant de la mise en œuvre de l’objet étudier d’une part et celle qui aurait
prévalu à l’absence ou l’inexistence de ce objet d’étude d’autre part comme le stipulent
plusieurs ouvrages, particulièrement consacrés aux méthodes d’évaluation de projet (Bridier et
Michailof, 1980 ; Casley et Lury, 1982 ; gittinger, 1985 ; Dufumier, 1996 ; Baker, 2000).

Par conséquent, la méthode d’évaluation d’impact met en évidence des effets directs et indirects
réellement imputables à un phénomène étudier en reconstituant le différentiel existant entre la
situation résultante de la mise en œuvre de l’objet de l’étude et celle qui aurait prévalu si le
phénomène n’avait pas été mis en place, aussi dénommée « situation contrefactuelle ».

2.1.1. Construction d’un scenario contrefactuel


Un contrefactuel est la situation qui aurait prévalu en l’absence du phénomène qu’on souhaite
évaluer. Pour évidente qu’elle soit, cette idée n’est pas toujours sans difficultés. Elle se heurte
à plusieurs à priori ou choix subjectifs de l’évaluateur. La prise en compte de ces difficultés
amène plusieurs évaluateurs à circonscrire leur analyse à la comparaison de la situation
observée et mesurer du phénomène, avec la situation de départ. D’une manière générale, les
évaluations d’impact se regroupent en deux catégories : les évaluations prospectives et les
évaluations rétrospectives. Cette perspective offre plusieurs techniques pour l’élaboration d’un
contrefactuel pour une évaluation d’impact rigoureuse. Toutefois, l’expérimentation par
assignation aléatoire a suscité l’intérêt de multiples économistes, travaillant sur l’évaluation
d’impact des politiques publique particulièrement des politiques d’emplois. La raison principale

117
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

mise en exergue pour justifier cette technique est le biais de sélection souvent prise en compte
lors des évaluations expérimentales. Cette étape est d’autant plus utile, qu’elle souligne,
l’assignation aléatoire de l’objet de l’étude aux individus parmi une population éligible. D’où
la constitution de deux groupes, « un groupe de traitement » et « un groupe de contrôle. ». Grâce
à la sélection aléatoire, tous les individus éligibles ont la même chance d’appartenir au groupe
de traitement ou de contrôle. Cette approche permet donc d’avoir deux groupe comparables et
faciliter ainsi l’obtention d’un contrefactuel solide.

2.1.2 Qualité de l’échantillonnage

Avant de poursuivre notre réflexion sur la méthode d’évaluation d’impact, une remarque
s’impose ; celle de la qualité des informations collectées. En effet, l’échantillonnage de la
population à enquêter et la construction rigoureuse des contrefactuels permettent de s’assurer
que le différentiel mesuré est bien l’impact attribuable au phénomène étudier et non à des
facteurs d’évolution exogène ou endogène. Ainsi, les méthodes d’évaluation nécessite
l’utilisation d’un échantillon large et représentatif de la population étudiée pour permettre une
analyse approfondie des programmes évalués.il est donc indispensable de consacrer du temps
à des enquêtes difficiles nécessitant de soigneux recoupements dans l’optique d’obtenir des
données de qualité.

2.2 Mesure de l’indicateur d’impact

D’un point de vue analytique, un indicateur est « une grandeur qui fournit une information au
sujet d’une variable plus difficile d’accès ou d’un système plus complexe afin d’aider un
utilisateur dans son action (‘prise de décision, construction d’un programme d’action,
modélisation…) » (Bockstaller et Giradin ; 2003). Concernant les mesures d’indicateurs
d’impact, on a les indicateurs quantitatifs, qualitatifs et mixtes composés des indicateurs aussi
bien quantitatifs que qualitatifs.

22.1 Les méthodes quantitatives

Les méthodes quantitatives du domaine des statistiques permettent la mesure de l’indicateur


d’impact sur un grand nombre d’individus. On distingue dans ce contexte d’une part, la méthode
expérimentale ou randomisation. Particulièrement, cette méthode est considérée très pertinente,
car elle permet une interprétation simple et rapide des données. Aussi les répartitions faites au
sein des deux groupes sont-elles statistiquement équivalentes (Duflo et Kremer 2003).

118
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Globalement, la méthode expérimentale permet de comparer deux échantillons statiquement


représentatifs et définis a priori. Tout en s’assurant que l’objet étudié n’a pas d’impact sur le
groupe témoin.

2.2.2. Les modèles d’évaluation fondée sur les théories néoclassiques

Ces méthodes d’évaluation proposent un calcul différentiel à partir de données différentielles à


travers un modèle reposant sur les principes des théories néoclassiques (équilibre de pareto
rationalité économique des agents.). En effet, la validité de cette modélisation qui se fait sur la
base de scénario repose sur la représentation fidèle de la réalité « l’hypothèse de rationalité
substantielle du modèle de base » (Sourisseau 2000). Toutefois, nous devons remarquer que ce
modèle basé essentiellement sur des données issues des statistiques nationales (très souvent
constituées de plusieurs informations manquantes) connait des limites. De ce fait, la méthode
basée sur les théories néoclassiques doit être utilisée avec beaucoup de précisions d’autant que
les hypothèses liées au modèle ne sont pas toujours explicitement détaillées.

2.2.3 Cas de l’inégalité de genre sur le marché du travail

Généralement, les différentes méthodes d’évaluation d’impact se font en plusieurs étapes. Dans
le cadre de notre réflexion sur l’impact des inégalités de genre sur le marché du travail, l’analyse
se fait en deux étapes. La première consiste à partir d’une étape séquentielle à expliquer la
décision de participation-occupationnelle au marché du travail par les caractéristiques
observables x. Par conséquent, la solution la plus adéquate est d’estimer un modèle de type
Logit. Il faut préciser que cette étape est informative car elle a pour but de décrire la procédure
de participation au marché de travail. Cependant, il est judicieux de noter que le plus important
dans cette étape n’est pas une description aussi fidèle que possible de la probabilité de
participation au marché du travail. Ainsi, le choix des variables doit se faire de façon
méticuleuse pour l’obtention de la propriété d’indépendance. En effet, un choix pertinent de
variables conduit à une meilleure répartition des hommes et des femmes et surtout à ne pas
biaiser les estimations. En outre, suit la phase qui consiste à déterminer le support commun des
densités des scores des deux groupes hommes et femmes. En d’autres termes, exclure les
observations dont les scores de propension proche de zéro. Cette deuxième étape est très
importante pour corriger les biais de l’estimation. Aussi, l’appariement réalisé sur la base du
score de propension est t-il rééquilibré, Rosenbaum et Rubin (1983).

119
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Conclusion

Ce chapitre a été consacré à une analyse de différentes théories suivie d’un exposé sur les
modèles sexués de la participation à la force de travail qui ont permis d’appréhender certains
déterminants de la participation-occupationnelle au marché du travail. En outre, l’analyse des
inégalités sexospécifiques à l’entrée et sortie du marché du travail a donné lieu à l’identification
de nombreuses méthodes usuelles. Dans une telle perspective, les modèles étudiés ont été
regroupés à partir de deux critères. Le premier critère basé sur des choix de variables
qualitatives et le second sur des variables quantitatives. Les modèles à variable qualitative, à
travers l’estimation de fonction d’offre de travail, ont permis d’appréhender les éléments clés
de la participation des individus au marché du travail et ont fourni une analyse pertinente des
problèmes d’inégalités. Suite à ce qui précède, nous avons mis en évidence selon notre objectif,
différent types de modèles de microsimulation avec notamment leurs limites et analysé
brièvement les méthodes d’évaluation d’impact.

120
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

CHAPITRE IV : IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES EN CÔTE


D’IVOIRE : EVALUATION PAR LE MODELE DE MICRO-SIMULATION

Ce chapitre se propose de mettre en perspective différents modèles utilisés pour établir le lien
entre l’inégalité de genre sur le marché du travail, la croissance du revenu ; la pauvreté et
l’in égalité. Pour mener à bien l’analyse, la première section mène une analyse descriptive du
modèle basé sur la méthodologie de Bourguignon et al (2001).

Une deuxième section, présente d’abord la source des données utilisées, ensuite, émet une
description des variables utilisées et mène enfin une analyse des relations statistiques des
variables.

La dernière section met en exergue trois étapes d’estimation que sont : la décision de
participation fondée sur la probabilité d’être active ou inactive estimée par un modèle logit
binaire, le choix occupationnel analysé par un modèle multinomial et les déterminants du salaire
mise en évidence à l’aide d’une régression simple par les moindres carrés pondérés (MCP). De
plus, une construction de contrefactuelle de la répartition des revenus des ménages est faite afin
de comprendre comment les différents aspects d'inégalités entre les hommes et les femmes
expliquent certaines caractéristiques de la distribution des revenus, de la pauvreté et de
l’inégalité. Il se dégage notamment de ces analyses un certain nombre de résultats. Aussi, un
accent particulier est-il mis sur la discussion et l’implication des résultats obtenus.

Section 1 : Spécification du modèle

Cette section présente la spécification des modèles qui fondent notre étude. En d’autres termes
un modèle de microsimulation fondé sur la structure d’une équation de revenu et un modèle
logit séquentiel pour la participation-occupationnelle.

1. Description du modèle

Le revenu des ménages est le montant total des revenus perçus par les personnes vivant dans le
ménage, tandis que le revenu individuel est la somme des revenus du travail individuel et du
revenu non tiré du travail. Ainsi le Revenu du ménage(Y H )peut être exprimé par l'équation
suivante (Costa et al, 2009) :

𝑗 𝑗 𝑗
𝑌 𝐻 = ∑𝑛𝑖=1[(∑𝑗=1 𝐼𝑖 𝑌𝑖 ) + 𝐼𝑖𝑠𝑙 𝑌𝑖𝑠𝑙 + 𝑌𝑖𝑛𝑙 ] (50)

121
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

où l'indice i indique chaque personne vivant dans le ménage et l'indice j fait référence à chaque
𝑗
état de l'activité économique.𝐼𝑖 est une variable muette qui prend la valeur 1 si la personne i a
𝑗
pour activité économique principale j, et 0 sinon.𝑌𝑖 est le revenu du travail individuel de
l’activité économique principal j.𝐼𝑖𝑠𝑙 est une variable muette qui prend la valeur 1 si l'individu i
a d'autres activités économiques sinon il prend la valeur 0. 𝑌𝑖𝑠𝑙 est le revenu du travail individuel
de l’activité économique secondaire et𝑌𝑖𝑛𝑙 est le revenu total des particuliers non tiré du travail.

Bien qu'il ne soit pas possible d'estimer économétriquement l'équation de revenu du ménage, il
est aisé de discuter de ces déterminants sur le marché du travail. Pour analyser la façon dont la
structure du marché du travail influe sur le revenu des ménages, nous devons examiner les
déterminants du revenu généré sur le marché du travail.

Deux modèles d'estimation sont nécessaires : l'un qui détermine la structure de participation au
marché du travail, et un autre qui considère la structure de rémunération.

Dans le modèle de la structure de participation du marché du travail, qui est analysé ici, les
individus en âge de travailler peuvent être classés en quatre catégories : les inactifs, les
chômeurs, travailleurs formels et travailleurs informels. Néanmoins, nous considérons que la
décision de participation parmi ces quatre catégories n’arrive pas simultanément.

Premièrement, les individus sont confrontés à la décision de participer ou non à l’activité


économique. Ainsi nous avons les actifs (ceux qui décident de participer au marché du travail)
et les inactifs. Puis, une fois que les individus décident de participer au marché du travail, ils
doivent choisir de poursuivre la recherche d'un emploi ou d'accepter une offre d’emploi formel
ou une offre d'emploi informel. Autrement dit, ils prennent la décision d'être au chômage ou
d’exercer un emploi formel ou d’être travailleur informel dans leur occupation principale. Ainsi
la structure de la participation au marché du travail est déterminée par une décision séquentielle.

En raison de la nature de la décision, on utilise l'estimation séquentielle logit avec deux étapes
recommandées par Maddala (1983) et Liao (1994). Les deux étapes sont considérées
indépendantes et estimées séparément, et donc la probabilité de choix dans une étape est
considérée indépendamment de la probabilité de choix dans l'autre phase. D'où la décision de
participation modélisée par un logit considérant la totalité de l'échantillon (à savoir, les
personnes actives et les personnes inactives), alors que la décision professionnelle est estimée
par un modèle logit multinomiale seulement pour un sous-échantillon, celui des personnes
économiquement actives.

122
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

La probabilité d'être économiquement active(𝑃𝑖𝐴 )est donc donnée par :

𝑒 𝜆𝑧𝑖
𝑃𝑖𝐴 = (51)
1+𝑒 𝜆𝑧𝑖

et la probabilité d'être dans chaque statut catégoriel j (chômeur, travailleur formel, travailleur
𝑗
informel) à condition d'être économiquement actif, (𝑃𝑖 )est :

𝛾 𝑧
𝑗 𝑒 𝜆𝑧𝑖 𝑒 𝑗 𝑖
𝑃𝑖 =[ ][ 𝜆 𝑧 ](52)
1+𝑒 𝜆𝑧𝑖 ∑ 𝑘𝑒 𝑘 𝑖

Où λ est le vecteur des paramètres estimés dans la première étape par le logit
binaire, 𝛾𝑗 représente le vecteur des paramètres de chaque catégorie j estimée par le logit
multinomial dans la deuxième étape, et 𝑍𝑖 représente le vecteur des variables explicatives.

Précisons que le logit binaire et le modèle logit multinomiaux peuvent être pris en compte dans
un processus utilitaire maximisé. Dans la première étape de la décision séquentielle, il existe
une variable latente pour chaque individu, ce qui pourrait être l'utilité individuelle d'être
économiquement active, et elle est donnée par :

𝑈𝑖∗ = 𝜆𝑧𝑖 + 𝜀𝑖𝜆 (53)

Où𝜀𝑖𝜆 est symétriquement distribué avec une moyenne de zéro et il a𝐹(𝜀𝑖𝜆 )que la fonction de
distribution cumulative.

L'individu décide de faire partie de la main-d'œuvre que si 𝑈𝑖∗ > 0; autrement il/elle choisira
d'être en dehors du marché du travail. Par conséquent, la probabilité que l'individu soit
économiquement actif (𝑃𝑖𝐴 ) est donnée par la formule suivante :

𝑃𝑖𝐴 = 𝑃(𝜆𝑍𝑖 + 𝜀𝑖𝜆 > 0) = 𝑃(𝜀𝑖𝜆 > −𝜆𝑍𝑖 ) = 1 − 𝐹(−𝜆𝑍𝑖 ) = 𝐹(𝜆𝑍𝑖 ) (54)

Si F (𝜀𝑖𝜆 ) est une distribution logistique, nous avons un modèle logit binaire implicite par
l'équation (51).

Le vecteur de paramètres λ est estimé par la méthode du maximum de vraisemblance. En outre,


le terme d'erreur (𝜀𝑖𝜆 ) pour chaque individu peut être imputée compte tenu de sa distribution et
de la restriction implicite par l'équation (54).

123
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Dans la deuxième étape de la décision séquentielle, ceux qui ont décidé de participer au marché
du travail devront choisir un statut d'activité économique. Notons qu'il y a des variables latentes
pour chaque j résultats possibles, ce qui peut être considéré comme l'utilité associée à chaque
état j de l'activité économique (chômage, travail formel ou travail informel)

𝛾
𝑉𝑖𝑗∗ = 𝛾𝑗 𝑍𝑖 + 𝜀𝑖𝑗 (55)

𝛾
où les 𝜀𝑖𝑗 sont indépendamment et identiquement distribuées. La probabilité inconditionnelle de

choix j de la situation économique est donnée par (𝑃𝑖𝑉𝑖 )

𝑉𝑗 𝛾 𝛾
𝑃𝑖 = 𝑃(𝛾𝑖 𝑍𝑖 + 𝜀𝑖𝑗 > 𝛾𝑘 𝑍𝑖 + 𝜀𝑖𝑘 , ∀𝑗 ≠ 𝑘) (56)

Compte tenu de la distribution des erreurs, il est possible d'obtenir que

𝛾 𝑍
𝑉𝑗 𝑒 𝑗 𝑖
𝑃𝑖 =[ 𝛾 𝑍
] (57)
∑ 𝐾𝑒 𝐾 𝑖

Ce qui explique l'équation (53). Venons-en à la deuxième étape qui est un modèle de régression
logistique multinomial où le vecteur de paramètres de chaque résultat (𝛾𝑗 ) est estimé par
𝛾
l’estimateur du maximum de vraisemblance. Les résidus (𝜀𝑖𝑗 ) peuvent être imputés en ce qui
concerne la distribution et les restrictions imposées par l’équation (56), ceci pour atteindre notre
objectif qui est de comparer les décisions de la participation au travail effectués par les femmes
et les hommes. Ainsi le modèle logit séquentiel est estimé séparément pour les femmes et les
hommes. De ce fait, dans la décision participative, nous aurons (𝜆̂𝑤, 𝜆̂𝑚, ) comme paramètres
𝜆 𝜆
estimés et (𝜀𝑖𝑤 , 𝜀𝑖𝑚 ) comme résidus imputées, d’où l'indice 𝑤 pour les femmes et l'indice m
pour les hommes. Dans le cas de la décision au travail, nous avons estimé (𝛾̂𝑗𝑤, 𝛾̂𝑗𝑚, ) en tant que
𝜆 𝜆
paramètres et imputée (𝜀𝑖𝑗𝑤 ,𝜀𝑖𝑗𝑚 ) comme résidus.

Comme mentionné ci-dessus, le vecteur 𝑍𝑖 représente le vecteur des variables explicatives,


utilisées dans l'estimation du modèle de décision séquentielle pour les hommes et les femmes.
Les caractéristiques considérées sont l'éducation, l'âge, le statut matrimonial, le revenu non tiré
du travail, le nombre d'enfants à charge, la fréquentation scolaire, et le nombre de chômeurs et
de personnes dans l’informel dans le ménage, les régions. Les variables d'éducation sont des
variables muettes qui indiquent si l'individu n'a aucun niveau d’éducation, à un niveau primaire,
un niveau secondaire ou un niveau supérieur. Le revenu non tiré du travail est calculé pour
chaque individu comme le logarithme du revenu de la somme des revenus non tiré du travail

124
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

par individu. La forme carrée du revenu non tiré du travail est également présente dans le
modèle, pour capter d’éventuels changements de tendance dans la relation entre le revenu non
tiré du travail et nos variables dépendantes.

Le nombre d'enfants est constaté dans le ménage. De plus, le nombre de chômeurs et de


travailleurs du secteur informel est constaté dans le ménage. Par ailleurs, la prochaine étape
dans la compréhension de la façon dont le marché du travail affecte le revenu du ménage est
d’estimer les déterminants de l'équation de salaire. En raison de certaines caractéristiques des
simulations, nous examinerons une définition de salaire qui est le salaire mensuel de l'emploi
principal. Ainsi, l'équation de salaires estimés est :

𝛽
(ln𝑌𝑖𝑗 ) = 𝛽𝑗 𝑋𝑖 + 𝜀𝑖𝑗 (58)

Où𝑌𝑖𝑗 est le salaire mensuel de l'individu i dans son / sa principale occupation j, 𝑋𝑖 est le vecteur
𝛽
des variables explicatives. Et 𝜀𝑖𝑗 est le résidu qui capture les effets des caractéristiques non
observées. Les paramètres 𝛽𝑖 sont estimés en utilisant les moindres carrés pondérés ordinaires.

Cette équation est estimée séparément, non seulement pour les femmes et les hommes mais
aussi pour travailleurs formels et informels. Par conséquent, nous avons estimé (𝛽̂𝑗𝑤 , 𝛽̂𝑗𝑚 ) qui
représentent un total de quatre vecteurs de paramètres estimés de l'équation de salaire mensuel.
𝛽
En outre, pour les personnes qui participent à ces régressions salariales, 𝜀𝑖𝑗 sera calculé
automatiquement. Il y a encore trois questions importantes à mentionner sur l'estimation de
notre modèle de marché du travail (structure participation-travail-salaire). La première est que
nous considérons que l'occupation principale de l'individu il / elle est classée comme un
travailleur formel ou informel.

Nous n’incluons pas l'analyse du deuxième emploi dans notre modèle, même si les résultats du
deuxième emploi font partie du revenu des ménages. Ainsi, notre analyse du marché du travail,
est limitée à l'occupation principale de chaque travailleur. Nous n’estimons pas la probabilité
de participation à un deuxième emploi. Un autre point important est que les équations de
participation au travail sont des équations de forme réduite. Dans le modèle structurel, les
salaires sont des déterminants importants des équations de participation-professionnelle. Pour
estimer ces équations, nous obtenons leur forme réduite en remplaçant les salaires par leurs
déterminants. Enfin, il convient de mentionner qu'une procédure de correction d’un éventuel

125
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

biais de sélection de l’échantillon sera réalisée par le calcul et l’intégration dans l’équation de
salaire de l’inverse du ratio de Mills.

2. Distribution des revenus des ménages

Le modèle décrit ci-dessus est un outil très utile pour comprendre comment les caractéristiques
du marché du travail affectent la distribution des revenus des ménages. Plus précisément, nous
l'utilisons pour clarifier l’implication des inégalités entre les sexes sur le marché du travail pour
la répartition des revenus. Nous simulons des scénarios hypothétiques sans inégalité entre les
sexes sur le marché du travail et construisons des distributions contrefactuelles de revenus, qui
sont comparés à la distribution réelle. La présente analyse se concentre sur quatre aspects des
inégalités de genre : les différences de taux de participation au marché du travail, la différence
dans les professions de la population active, les différences de rémunération de caractéristiques
productives et les disparités en matière de dotations caractéristiques. Chacun de ces aspects de
l’inégalité de genre est relié aux différentes caractéristiques liées au marché travail.

Nos simulations contrefactuelles tentent de répondre à quatre questions :

1. Comment s'élèverait la répartition des revenus si les effets des déterminants de la


participation au marché du travail pour les femmes étaient les mêmes que ceux des hommes ?

2. Comment s'élèverait la répartition des revenus si les effets des déterminants du statut
professionnel pour les femmes étaient les mêmes que ceux des hommes ?

3. Comment s'élèverait la répartition des revenus si les femmes étaient rémunérées comme le
sont les hommes pour leurs caractéristiques ?

4. Comment se repartirait le revenu total si les femmes avaient les mêmes caractéristiques que
les hommes ?

Pour répondre à la première question, nous simulons l'équation de la participation des femmes,
qui est la première étape de la décision séquentielle participation-occupationnelle au travail.
Dans cette simulation, les femmes et les hommes ayant des caractéristiques égales auraient la
même probabilité d’être économiquement active. Pour parvenir à ce résultat, nous remplaçons
dans le modèle de participation au marché des femmes leurs coefficients estimés, par ceux des
hommes. Par conséquent, la décision de participation au marché du travail est basée sur l'utilité
de simulation suivante (variable latente) :

126
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

(𝑈𝑤∗ )cl = 𝜆̂𝑚 𝑍𝑤 + 𝜀𝑤𝜆 (59)

où c1 est synonyme de premier contrefactuel. La probabilité simulée des femmes étant


économiquement active est donnée par :

̂
𝐴) 𝑒 𝜆 m𝑍 𝑤
(𝑃𝑊 cl = ̂ (60)
1+𝑒 𝜆m 𝑍𝑊

Sur la base de cette décision simulée, de la participation au marché du travail, différentes


femmes décident d'entrer dans le marché du travail ou non. Les gains des femmes qui ont décidé
de rester en dehors du marché du travail sont égaux à zéro. Celles qui étaient à l'origine sur le
marché du travail et qui après simulation sont toujours sur le marché du travail garde leur état
d'origine professionnelle et, si elles étaient employées gardent leur salaire initial.

Le statut professionnel de celles qui n’étaient pas à l'origine dans le marché du travail et qui le
sont maintenant est défini par leurs caractéristiques et les mécanismes de choix de la décision
occupationnel des femmes. Plus précisément, pour les premières femmes qui deviennent
économiquement actives, nous déterminons le statut professionnel qu’elles occupent, sur la
base de leurs caractéristiques en comparaison aux caractéristiques des hommes.

Par conséquent, les femmes qui entrent après simulation sur le marché formel reçoivent le
salaire moyen des femmes qui étaient sur le marché en emploi formel avant simulation. Il en
est de même des femmes qui entrent sur le marché informel. En outre, les femmes qui sont au
chômage ne reçoivent pas de salaire. Une fois que nous avons les salaires simulées, nous
pouvons calculer le premier ménage contrefactuel revenu, (𝑌 𝐻 )𝑐𝑙 . Ainsi, nous aurons la
première distribution des revenus des ménages contrefactuels, qui est la répartition des revenus
qui prévaudrait s'il n'y avait pas de différences entre les sexes dans l'accès au marché du travail.

La deuxième question nécessite une simulation de l'équation du travail des femmes. Si l’effet
des déterminants de l'état du travail étaient les mêmes pour les hommes et les femmes, alors les
hommes et les femmes avec des caractéristiques observées égales auraient les mêmes
probabilités d’être sans emploi, travailleurs formels ou informels une fois qu'ils sont
économiquement actifs. Nous remplaçons alors les coefficients logit multinomiaux estimés des
femmes par celui des hommes dans la deuxième étape de la décision séquentielle de la
participation du travail féminin.

Cela signifie que la décision du statut professionnelle des femmes simulées est basée sur les
points suivants : les caractéristiques des femmes actives en comparaison à celles des hommes

127
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

actifs. Signifions que cette simulation se fait sur la base de variables latentes associées à chaque
résultat :

∗ 𝛾
(𝑉𝑤𝑗 )𝑐2 = 𝛾̂𝑚𝑗 𝑍𝑤 + 𝜀𝑤𝑗 (61)

où 𝑐2 se réfère à la seconde hypothèse. La probabilité hypothétique d’être dans chaque statut


professionnel j, en d’autres termes chômeur, travailleurs formel ou travailleurs informel, à
condition d'être économiquement active. Cette probabilité est donnée par :

𝑗 𝑒 𝜆𝑤𝑧𝑤 𝑒 𝛾m 𝑧𝑤
(𝑃𝑤 )𝑐2 = [ 𝜆𝑤 𝑧𝑤 ] [ 𝜆 𝑧 ] (62)
1+𝑒 ∑ 𝐾𝑒 𝑤 𝑊

Il est important de noter que la structure de participation est maintenue la même, puisque nous
n'avons pas modifié l'équation de la participation au marché du travail. Après la simulation de
la structure professionnelle des femmes, nous devons calculer les salaires de celles qui ont
changé de professions. Si une femme perd son emploi, ses gains sont nuls. Mais les gains de
celles qui ont pris une position soit formelle ou informelle seront calculés selon la moyenne du
salaire mensuel des secteurs formels ou informels pour les femmes avant simulation.

Cette nouvelle distribution des salaires est suffisante pour obtenir la deuxième distribution de
revenu contrefactuel du ménage qui est la répartition des revenus qui prévaudrait s'il n'y avait
pas de disparités entre les sexes dans la segmentation du marché de travail, (𝑌 𝐻 )𝑐2

Pour répondre à la troisième question, nous devons simuler l'équation de salaire mensuel. Dans
l’équation de salaire mensuel, les coefficients estimés, (𝜃̂𝑗𝑤 , 𝜃̂𝑗𝑚 ) sont les salaires dont les
femmes et les hommes bénéficient pour leurs caractéristiques sur le marché du travail. Précisons
qu’il n’ya pas de discrimination salariale sur la base des caractéristiques observées. Ainsi, nous
remplaçons les variables des hommes dans l’équation des femmes, ce qui amène les hommes
et les femmes à avoir les mêmes caractéristiques observées. De ce fait, les femmes et les
hommes pour les mêmes caractéristiques observées reçoivent la même rémunération.

La formule du salaire d'origine des femmes, par conséquent, est :

𝜃
ln𝑦𝑤𝑗= 𝜃𝑤𝑗 𝑋𝑤 +𝜀𝑤𝑗 (63)

et leur salaire simulé est :

𝜃
(ln𝑦𝑤𝑗 ) = 𝜃𝑚𝑗 𝑋𝑤 + 𝜀𝑤𝑗 (64)
𝑐3

128
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Lorsque C3 se réfère au troisième contrefactuel, la structure de participation à l’activité et la


segmentation du marché du travail restent constantes. Tandis que les salaires pour ces femmes
dans les secteurs formels ou informels sont réestimés. Lorsque nous avons la répartition des
salaires simulés, nous calculons la troisième répartition du revenu du ménage
contrefactuel (Y𝐻 )𝑐3. Ce contrefactuel représente la répartition du revenu qui prévaudrait s’il
n’y avait pas de discrimination salariale à l’égard des caractéristiques observées par les femmes.
Par ailleurs, une analyse complète de la troisième question exige que l'on considère le
différentiel salarial des caractéristiques non observées. Ainsi, pour que les femmes reçoivent la
même rémunération que les hommes pour leurs caractéristiques non observées, nous devons
égaliser l'écart-type des femmes et distributions des résidus des hommes. Nous modifions donc
les distributions résiduelles des femmes pour qu'elles aient les écarts-types de sexe masculin.
Les salaires des femmes sont simulés

𝜃 𝜃 𝜃
(ln 𝑦𝑤𝑗 )𝑐4 = 𝜃𝑚𝑗 𝑋𝑤 + (𝜎𝑚𝑗 /𝜎𝑤𝑗 ) 𝜀𝑤𝑗 (65)

𝜃 𝜃
où c4 se réfère à la quatrième contrefactuel, et (𝜎𝑚𝑗 /𝜎𝑤𝑗 ) est le rapport entre l’écart-type du
résidu des hommes et celui du résidu des femmes.

Avec ces salaires simulés, les femmes reçoivent les même revenus que les hommes pour leurs
caractéristiques observées et non observées sur le marché du travail. La répartition des revenus
des ménages sur la base de ces salaires simulés est le quatrième contrefactuel, (𝑌 𝐻 )𝑐4 qui est,
ce que la répartition des revenus serait s'il n'y avait pas de discrimination de salaire à l'égard
des caractéristiques observées et non observées des femmes.

La réponse à la quatrième question exige une simulation impliquant toutes les équations au
modèle. Nous remplaçons les caractéristiques des femmes par celui des hommes dans toutes les
étapes du modèle.

Tout d'abord, nous changeons les caractéristiques des femmes (Z) dans la participation au
marché du travail et dans les équations de segmentations du marché du travail. La décision des
femmes à entrer sur le marché du travail, par conséquent, est basée sur l'utilité latente suivant :

(𝑈𝑤∗ )𝑐5 = 𝜆̂𝑤 𝑍𝑚 + 𝜀𝑤𝜆 (66)

Où 𝐶5 se réfère à la cinquième hypothèse. Ensuite, en ne considérant que les femmes qui


deviennent économiquement actives, nous simulons l'équation de la segmentation du marché
du travail en calculant les utilités qui soutiendront la décision professionnelle. Ainsi, la

129
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

probabilité des femmes d'être au chômage, dans le formel ou informel, dépend des variables
latentes simulées suivantes :

∗ 𝛾
(𝑉𝑤𝑗 )𝑐5 = 𝛾̂𝑤𝑗 𝑍𝑚 + 𝜀𝑤𝑗 (67)

Puis, connaissant les femmes qui sont sur le marché formel et informel, nous changeons les
caractéristiques des femmes (X) dans l'équation de salaire et calculons leur salaire. Ainsi, les
salaires simulés sont :

𝛽
(ln 𝑌𝑤𝑗 )𝑐5 = 𝛽̂𝑤𝑗 𝑋𝑚 + 𝜀𝑤𝑗 (68)

Notons, cependant, que dans l'équation (68) nous changeons seulement les caractéristiques
observées, cependant, il est aussi possible de modifier les caractéristiques non observées. Cette
modification des caractéristiques non observées des femmes, tout en gardant constant leur
salaire donne la formule suivante pour le salaire simulé :

𝛽
𝜎 𝛽
(𝑙𝑛𝑌𝑤𝑗 )𝑐6 = 𝛽̂𝑤𝑗 𝑋𝑚 + ( 𝑤𝑗⁄ 𝛽 ) (𝐹 −1
𝛽 (𝜀𝑤𝑗 )) (69)
𝜎𝑚𝑗 𝜀 𝑤𝑗

Sur la base de ces distributions de salaires simulés, nous pouvons calculer la cinquième et
sixième hypothèse de distribution de revenu du ménage, (54)

(𝑌 𝐻 )𝑐5 et (𝑌 𝐻 )𝑐6 respectivement.

Le cinquième contrefactuel représente ce que la répartition des revenus serait s'il n'y avait pas
de différences entre les sexes dans les caractéristiques observées, tandis que le sixième
contrefactuel décrit la répartition des revenus qui prévaudrait s'il n'y avait pas de différences
entre les sexes dans les caractéristiques observées et non observées.

Section 2 : Source des données et analyse descriptive des variables


Cette section est consacrée d’abord à la présentation de la source des données utilisées. Ensuite,
nous décrivons les variables utilisées. Enfin une analyse des relations statistiques des variables
est faite.

130
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1. Source des données et présentation des variables

Cette recherche utilise les données de l’enquête auprès des ménages réalisée en Côte d’Ivoire
en 2015 dénommée « Enquête niveau de vie ». Pour la disponibilité de sources d’informations
sur les conditions de vie des ménages, le gouvernement ivoirien, à travers la Direction Générale
du Plan et de la Lutte contre la Pauvreté, a confié à l’Institut National de la statistique (INS), la
réalisation d’une enquête sur le niveau de vie des ménages (ENV 2015). La base de données
constituée à l’issue de l’enquête fournit les données de base sur le niveau et les conditions de
vie des ménages (santé, éducation, logement, dépenses, activités, transport, etc.). L'univers de
l’enquête est constitué de l'ensemble des ménages africains résidant en Côte d’Ivoire. Le
Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2014) a servi de base de sondage.
Cette base regorge une multitude de variables. Cependant, nous présentons ici les différentes
variables auxquelles s’intéresse notre recherche. Les variables retenues sont les suivantes :

Le statut matrimonial : Il désigne la situation conjugale d'une personne qui est en couple ou
non. Dans notre base de données, cette variable est codifiée à travers une variable ayant deux
modalités (en couple ou non).

L’âge : Il s’agit de l’âge du chef de ménage.


L’éducation : il s’agit du niveau d’instruction du chef de ménage. Celui-ci peut n’avoir aucun
niveau d’éducation ou avoir un niveau primaire, un niveau secondaire ou supérieur.

La fréquentation de l’école : La personne peut avoir fréquenté l'école ou non.

Le sexe : Cette variable capte seulement le sexe du chef de ménage. Le chef de ménage est soit
un homme ou une femme.

Le nombre d’enfants est une variable observée, en d’autres termes prend en considération le
nombre d’enfants à la charge du ménage.

Le nombre de chômeurs dans le ménage est le nombre de personnes en quête d’un emploi au
sein du ménage

La région est la localité d’appartenance de l’individu. Par conséquent, il peut être par exemple
du Nord, de l’Est…

131
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Le salaire non tiré du travail est constitué de tout salaire ne provenant pas d’une activité (loyer,
pension...)

Le nombre d’employés informels dans le ménage : correspond à l’ensemble de personnes


présentes dans le ménage qui exercent un emploi dans le secteur informel

A l’instar de ces variables, un échantillon de 21147 personnes a été utilisé pour cet exercice,
dont 10536 hommes et 10611 femmes. Parmi ces dernières, du côté des hommes, on dénombre
8150 actifs dont 673 personnes dans le secteur formel, 4393 dans l’informel et 3084 au
chômage. Par ailleurs, chez les femmes on obtient 8124 actifs, repartits comme suit : 208 dans
le formel, 3197 dans l’informel et 4719 au chômage.

2. Analyse descriptive

Nous présentons ici quelques statistiques qui caractérisent l’existence d’inégalités basées sur le
genre sur le marché du travail ivoirien pour les personnes dont l’âge varie entre 15 et 60 ans et
résidant en milieu urbain.

Plus précisément, la statistique descriptive nous donne un aperçu des effets possibles des
variables explicatives sur la variable expliquée et entre variables explicatives. Les potentiels
déterminants de la participation au marché du travail sont les caractéristiques des individus
relatives à l’éducation, à l’âge, au statut matrimonial, au nombre d’enfants à charge dans le
ménage, les régions, les revenus non tiré du travail, le nombre de chômeurs, le nombre
d’employés informels. Pour détecter d’éventuelles relations entre différentes variables, nous
avons procédé à une analyse croisée entre elles pour déceler une quelconque dépendance
statistique. Pour ce faire, nous avons eu recours au coefficient de corrélation entre ces variables
prises deux à deux. (cf annexe)

Les coefficients de corrélation entre les variables explicatives sont faibles pour l’essentiel. Cette
faiblesse traduit une faible évolution des variables explicatives prises deux à deux. Toutefois,
certaines variables ont des relations assez fortes. C’est notamment le cas de la relation entre le
nombre d’enfants et le nombre de chômeurs du ménages. Ainsi, le coefficient de corrélation
des variables qui leur est afférente à la valeur 0,4666. Les variables qui sont utilisées avec leurs
carrés sont logiquement fortement corrélées.

132
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Outre cet aspect, nous avons considéré comme économiquement inactifs tous ceux qui ne sont
pas à la recherche d’un emploi. Les actifs sont qualifiés de travailleurs sans emploi (chômeurs),
de travailleurs dans le formel et de travailleurs dans l’informel. Les chômeurs sont ceux qui
sont à la recherche d’un emploi. Les travailleurs du secteur formel sont constitués des employés
dans les industries ou des services de plus de cinq employés et professionnels libéraux
indépendants. Il est important de noter que les travailleurs dans l’agriculture, les professions
impayées ne sont pas inclus dans l’une des catégories définies ci-dessus.

Tableau 7: Participation au marché du travail, Véritables conditions


Taux d’activité économique Ratio du taux d’activité économique des
femmes sur celui des hommes (%)
Homme (%) Femme (%)
77,35 76,56 98,98
Source : Auteur à partir des données de l’enquête ménage (ENV) 2015

Le tableau 7 renseigne sur la différence dans le taux de participation au marché du travail des
hommes et des femmes. On constate que l’écart entre ces taux est relativement faible. Cela
traduit la possibilité qu’ont les hommes autant que les femmes d’avoir accès au marché du
travail en Côte d’Ivoire. Aussi, peut-on penser qu’il n’existe aucune barrière (en termes de
préjugés, de discrimination,…) basée sur le sexe à l’accès au marché du travail en Côte d’Ivoire.
Toutefois, il est important de s’interroger sur la nature même des professions exercées par l’un
ou l’autre des genres. Ainsi, le statut professionnel pour les personnes économiquement actives
ventilées par sexe est présenté dans le tableau8 ci-dessous.

Tableau 8: Segmentation du marché du travail, véritables conditions


Taux de formalité (%) Taux d’informalité (%) Chômage (%)
Homme Femme Homme Femme Homme Femme
8,26 2,56 53,90 39,35 37,84 58,09
Source : Auteur à partir des données de l’enquête ménage (ENV) 2015

Notons que participer au marché du travail ne signifie pas avoir un emploi. Les différents statuts
possibles pour les personnes actives sur ce marché sont le statut de chômeur, de travailleur du
secteur formel et celui de travailleur de l’informel. La segmentation du marché du travail révèle
des différences entre hommes et femmes. Ainsi, seules 2,56% des femmes urbaines actives
exercent une activité formelle contre 8,26% pour les hommes. 53,90% des hommes urbains
entre 15 ans et 60 ans sur le marché du travail exercent dans l’informel alors que le taux

133
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

d’informalité de l’activité des femmes est de 39,35%. La proportion des femmes au chômage
est plus importante que celle des hommes : 58,09% contre 37,84%. Ainsi, en milieu urbain, la
participation occupationnelle du travail pour la tranche d’âge étudiée est essentiellement dans
l’informelle.

Le tableau suivant montre les taux de parité de la rémunération du travail entre les femmes et
les hommes.

Tableau 9: Différence de salaire, Véritables conditions


Ratio du salaire mensuel des femmes sur celui
des hommes (%)
92,84
Source : Auteur à partir des données de l’enquête ménage (ENV) 2015

Le ratio du salaire éclaire sur le gap salarial existant entre les hommes et les femmes. Ainsi, il
existe une forte disparité entre homme et femme en termes de rémunération salariale. Les
femmes ne touchent que 92,84% du salaire mensuel des hommes. Cet écart salarial témoigne
de la différence de traitement auquel hommes et femmes sont soumis. Aussi, ce rapport
représente-t-il les différences dans les dotations, la rémunération et le temps total passé au
travail.

Le tableau 10 présente le niveau d’instruction des femmes et des hommes selon les statuts
définis ci-dessous.

Tableau 10: Niveau scolaire (années d’éducation), Véritables conditions


Sexe Inactifs Actifs Formel Informel Chômage
Homme 3,945 10,157 14,871 9,230 10,867
Femme 3,781 8,866 14,084 9,744 9,314
Source : Auteur à partir des données de l’enquête ménage (ENV) 2015

On peut formuler ainsi plusieurs remarques. Le temps moyen d’éducation est différent selon
que les acteurs économiques soient des hommes ou des femmes. Ainsi, pour les inactifs, les
hommes passent en moyenne environ un an de plus que les femmes sur les bancs de l’école.
Toutefois, le niveau d’éducation des inactifs est faible. Pour les actifs, l’écart augmente
approximativement de 1,3 an toujours en faveur des hommes. En ce qui concerne l’emploi
formel, l’écart en termes d’éducation entre hommes et femmes est de moins d’un an en faveur
des hommes. En d’autres termes, le tableau 10 indique un écart dans l’éducation entre hommes

134
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

et femmes économiquement actif comme inactif. Parmi les populations économiquement


actives, les plus instruites sont dans les professions formelles.

3. Les tests post-estimation du modèle

De manière générale, certains tests doivent être exécutés après les régressions afin d’éviter
certaines anormalités liées aux variables, mais aussi de générer de bons estimateurs liés aux
données en question. Dans cette recherche, nous avons vérifié l’hétéroscédasticité ou non des
erreurs et endogéneité des variables. Pour vérifier l’hétéroscédasticité, nous avons utilisé un test
de Breush-Pagan. Quant à l’endogéneité des variables, le test de Hausman

3.1 Le test de Breush-Pagan

Nous avons choisi le test de Breush-Pagan pour détecter la présence d’hétéroscédasticité ou non
des erreurs. L’objectif de ce test est de vérifier si les résidus peuvent être expliqués par les
variables explicatives. La procédure normale du test a été suivie. D’abord, après la régression
nous avons récupéré les résidus. Ensuite, dans la deuxième étape nous avons généré le carré des
résidus. Enfin, nous avons régressé les résidus générés sur les variables explicatives.
L’hypothèse nulle indique que si la p-value est supérieure à 5% la statistique du test ne permet
pas qu’on rejette l’hypothèse nulle de constance de la variance des erreurs. On conclut alors
qu’il y a hétéroscédasticité. Les résultats du test sont résumés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 11 : Résultats du test de Breush-Pagan

Homme Femme

Chi2 (1) = 5,98 Chi2 (1) = 33,54


Secteur formel
Prob˃ chi2 = 0,0144 Prob˃chi2 = 0,0000

Chi2(1) = 0,07 Chi2 (1) = 10,19


Secteur informel
Prob˃chi2 = 0,7847 Prob˃chi2 = 0,0014

Source : auteur à partir des données de l’ENV2015

On remarque que toutes les probabilités sont supérieures à 5 %, on ne peut par conséquent
rejeter l’hypothèse nulle de constance de la variance des erreurs. On conclut alors à l’absence
d’hétéroscédasticité des erreurs.

135
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

3.2 Le test d’endogéneité de Hausman

L’endogénéité provient du fait qu’une variable utilisée comme explicative est corrélée avec les
termes d’erreurs de l’équation d’intérêt. Autrement dit, il existe des facteurs observables ou non
(mais non pris en compte dans le modèle de base) qui jouent à la fois sur l’endogène et sur la
variable à expliquer. Dans un tel contexte, l’hypothèse centrale de non corrélation entre les
variables explicatives et les erreurs sera violée. Par conséquent, l’estimation du coefficient
d’intérêt sera biaisée.
Le test d’endogéneité utilisé ici est celui de Hausman. Ce test met en opposition deux modèles.
Le premier modèle faisant l’hypothèse d’exogénéité de toutes les variables explicatives. Le
deuxième modèle, quant à lui, fait l’hypothèse de présence d’endogénéité parmi les régresseurs.
Les résultats34 de notre test révèlent qu’il n’ya pas d’endogeneité concernant nos variables. Par
conséquent, nous relevons que les résultats des deux types de tests montrent que les erreurs sont
hétéroscédastiques et les régresseurs sont tous exogènes. De ce fait, l’estimateur des Moindres
carrés Ordinaires Pondéré est plus approprié pour l’estimation de notre modèle de salaire.

Section 3 : Interprétation et discussion des résultats


Les résultats de l’estimation sont présentés en trois séances accompagnés des tableaux montrant
les sorties de régression. Nous présentons d’abord les résultats de la participation au marché du
travail. Ensuite, nous présentons les résultats de l’équation du salaire et enfin suivent les
résultats de la simulation.

1 Modélisation de la structure de participation au marché du travail

Nous avons estimé pour la structure de la participation au marché du travail un modèle logit
séquentiel structuré en deux étapes. Dans une première étape, on a la décision de participation
fondée sur la probabilité d’être active par un modèle logit binaire. Dans une seconde étape, le
choix occupationnel est mis en exergue par un modèle multinomial.

Les résultats des estimations de la première étape sont présentés dans le tableau ci-dessous.
Ainsi, les variables relatives au capital humain sont aucun niveau, primaire, secondaire et
supérieur (pris comme référence). Globalement, la participation au marché du travail est très

34
Les résultats de ce test sont présentés en annexe

136
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

influencée par le niveau d’éducation. Plus élevé est le niveau d’éducation plus on a de chance
de participer au marché de travail. Les coefficients logits relatifs à ces paramètres sont tous
significatifs et positifs. De ce fait, avoir un niveau primaire ou secondaire réduit
significativement la probabilité de participation au marché du travail comparativement au
niveau supérieur.

Il ressort que pour un homme, le fait de n’avoir aucun niveau d’éducation agit négativement
sur la probabilité d’avoir accès au marché du travail et réduit cette probabilité de 0,318
comparativement à une personne qui a un niveau supérieur. En revanche, pour une femme
n’ayant aucun niveau d’éducation, la probabilité d’accès au marché du travail est de 0,231
inférieure à celle d’une personne qui a un niveau supérieur. Au niveau des variables
démographiques, l’âge des hommes agit négativement sur la probabilité d’accès au marché du
travail jusqu’à 48 ans. Une relation existe donc en U entre l'âge et la probabilité d'entrer sur le
marché du travail chez les hommes (N’Gratier, 2008). Les revenus non salariaux affectent
positivement les chances d'être actives. Cela peut s’expliquer par le fait que les personnes ayant
un revenu non tiré du travail sont disposées à réinvestir leurs ressources. En outre, plus le
nombre de chômeurs dans le ménage est grand, plus grande est la probabilité d’accès au marché
du travail. Il convient de mentionner deux caractéristiques importantes de la décision de la
participation des femmes : l'influence positive d'être mariée et l'impact négatif du nombre
d’enfants. Ces variables sont pertinentes parce qu'elles sont liées au rôle social des femmes dans
la société comme les femmes au foyer et les mères. Ces résultats viennent confirmer les travaux
qui mettent en évidence la situation désavantageuse des femmes sur le marché du travail
ivoirien (Akaffou, 2014).

137
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 12: Déterminant de la Participation à la vie active

Équation de la participation
Homme Femme
Coef. Effet Marginal Coef. Effet marginal
-3.438*** -0.318*** -2.193*** -0.231***
Aucun
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
-4.339*** -0.401*** -3.509*** -0.370***
Primaire
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
-1.033** -0.095** -0.492 -0.051
Secondaire
(0.016) (0.016) 0.229 (0.229)
Supérieur
(référence)
-0.298*** -0.027*** -0.1903*** -0.0200***
Age
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
0.0031*** 0.0002*** 0.0021*** .0002***
Agesq
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
5.173*** 0.4787*** 6.186*** 0.653***
Marrie
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
-.304*** -0.0282*** -0.891*** -.0940***
Nord
(0.054) (0.053) 0.000 (0.000)
-0.586* -.0542* -.954*** -.1007***
nord_est
(0.072) (0.071) 0.004 (0.003)
-0.373 -.0345 -0.884*** -.0934***
nord_ouest
(0.353) (0.353) 0.009 (0.009)
-0.092 -.0085 -0.111 -0.011
Centre
(0.414) (0.414) 0.300 (0.300)
-0.022 -0.0021 -0.0806 -0.0085
centre_est
(0.890) (0.890) 0.620 (0.620)
-0.252 -0.0233 -0.457*** -0.0483***
centre_ouest
(0.109) (0.108) 0.003 (0.003)
0.020 0.0019 -0.0967 -0.0102
centre_sud
(0.911) (0.911) 0.610 (0.610)
-0.592*** -0.0548*** -0.5240** -0.0553**
centre_nord
(0.002) (0.002) (0.010) (0.010)
-0.0973 -0.0090 -0.2912* -0.0307*
Sud
(0.540) (0.540) 0.053 (0.053)
-0.1473 -0.0136 -0.2306 -0.0243
sud_ouest
(0.394) (0.393) 0.131 (0.130)
-0.168 -.0156 -0.265 -0.0280
Ouest
(0.270) (0.270) 0.085 (0.084)
-0.205*** -0.0189*** -0.0890** -0.0093**
Lrevnonouvre
(0.000) (0.000) 0.018 (0.018)
0.0250*** 0.0023*** 0.0120*** 0.0012***
Lrevnonouvresq
(0.000) (0.000) 0.002 (0.002)
-0.4815*** -0.0445*** -0.3104*** -0.0327***
Nb
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
0.4203*** 0.0388*** 0.4002*** 0.0422***
Chômeurs
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
0.418*** 0.0387*** 0.2372*** 0.0250***
Employésinform
(0.000) (0.000) 0.000 (0.000)
9.995*** 6.581***
_cons - -
(0.000) 0.000
Note : (*), (**) et (***) montrent respectivement la significativité des variables au seuil de 10%, 5% et 1%.

138
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Concernant la deuxième étape, les résultats de l’estimation montrent que le choix occupationnel
est principalement lié à un ensemble de caractéristiques intrinsèques à l’individu tel que le
genre, l’âge, et l’éducation.

2- Situation professionnelle des acteurs économiques du marché du travail

L’objectif de cette régression est d’analyser la répartition des individus (femme et homme) dans
les secteurs d’activités prédéfinis à partir des caractéristiques individuelles et de l’emploi qui
correspondent de ce fait aux facteurs explicatifs. Pour cela, nous utilisons ici un modèle de
régression logistique multinomiale. Un tel modèle nous permet, pour chaque genre d’estimer la
probabilité de se situer dans le formel ou informel par rapport au statut de chômeur. Nous
illustrons ainsi l’affectation des femmes et des hommes par les résultats de la régression
résumés dans le tableau ci-dessous. Nous rappelons ici que les coefficients que présente le
tableau 13, sont des effets marginaux. Ils se lisent donc comme un écart de probabilité
d’appartenance à un segment donné, pour un individu donné selon son sexe, en comparaison de
la probabilité de l’individu de référence.

139
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 13: Résultats de la régression du modèle multinomiale

Équation du choix occupationnel


Femme Homme
Secteur formel Secteur informel Secteur formel Secteur informel
Coef. Ef marg Coef. Ef.marg Coef Ef. marg Coef. Ef. marg

aucun .00207 -.0892*** -4.98*** .0261 .1323 -.192*** -4.160*** .1072***

0.993 0.000 0.000 0.364 0.459 0.000 0.000 0.000


primaire .1621 -.0624*** -3.44*** .0381 -.0466 -.1170* -2.587* .0517*
0.507 0.000 0.000 0.201 0.804 0.000 0.000 0.009
secondaire -.573** -.0279*** -1.73*** -.062** -.491*** -.0717*** -1.811*** -.0170***
0.018 0.000 0.000 0.036 0.005 0.000 0.000 0.009
age -.0248 .0014 .0766 -.0034 -.0066 .0076*** .1650*** -.0044
0.365 0.202 0.248 0.304 0.782 0.000 0.000 0.353
agesq .00045 -6.36e-06 -.0002 .00005 -.00024 -.00006*** -.0016*** 7.13e-06
0.184 0.663 0.786 0.173 0.435 0.002 0.001 0.102
marrie .3767*** .0173*** 1.07*** .041** 1.680*** .0646*** 2.231*** .14566
0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.842
nord -.245* .00441 .1752 -.0315* -.2367 .00104 -.0916 -.0254***
0.079 0.553 0.676 0.068 0.149 0.923 0.715 0.000
nord_est -.648* -.0022 -.3153 -.0792* -.2621 -.0142 -.438 -.0207
0.068 0.917 0.794 0.078 0.426 0.518 0.405 0.156
nord_ouest -.5112* .01316 .5873 -.0667* -.3865 -.0248 -.730 -.0286
0.097 0.342 0.449 0.081 0.159 0.217 0.123 0.553
centre .0121 -.0082 -.4586 .0038 .1150 -.0284*** -.568*** .0259
0.917 0.115 0.117 0.787 0.363 0.001 0.004 0.330
centre_est .2175 .0064 .4255 .0248 -.2165 -.0006 -.1187 -.0224*
0.213 0.394 0.322 0.249 0.222 0.958 0.669 0.063
centre_ouest -.0348 -.0103 -.5912 -.0012 -.224 -.0381*** -.9443*** -.0051
0.826 0.195 0.186 0.949 0.197 0.002 0.001 0.248
centre_sud .1289 -.0076 -.3926 .0181 .0983 -.0485* -1.017* .0338
0.510 0.413 0.455 0.454 0.583 0.005 0.010 0.791
centre_nord -.4506** -.0073 -.5407 -.053** .2990 -.01273 -.1342 .0376*
0.014 0.532 0.412 0.019 0.159 0.346 0.673 0.097
sud -.0864 -.0024 -.1600 -.0099 -.0176 -.00585 -.1368 .0009*
0.561 0.681 0.626 0.590 0.915 0.558 0.559 0.099
sud_ouest .1888 -.026** -1.44** .0310 -.233 -.0284** -.7374** -.0108
0.265 0.026 0.032 0.140 0.202 0.043 0.022 0.956
ouest -.1030 -.0135 -.7879 -.0087 -.28** -.03377*** -.8794*** -.0138
0.468 0.160 0.142 0.621 0.044 0.005 0.001 0.595
lrevnonouvre .0107 -.0004 -.0197 .0014 -.0221 .00615** .1241* -.0053
0.791 0.808 0.836 0.773 0.474 0.030 0.053 0.381
lrevnonouvresq .0019 .00005 .0033 .00023 -.00038 -.00069** -.0153** .00029
0.631 0.757 0.712 0.652 0.897 0.013 0.015 0.129
.0344*
nb .2974*** .0074*** .5047*** -.0533 .0212*** .4388*** -.0158
**
0.000 0.000 0.000 0.000 0.259 0.000 0.000 0.378
chômeurs -1.17*** -.0204*** -1.48*** -.13*** -.988* -.0332*** -1.207*** -.0879***
0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.002
employésinform 1.333*** -.0269*** -1.12*** .17*** 1.373*** -.0810*** -1.111*** .1839***
0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000
_cons -0.8421 -1.498 0.6467 -1.651**
0.142 0.259 0.176 0.029
Note : (*), (**) et (***) montrent respectivement la significativité des variables au seuil de 10%, 5% et 1%.

140
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

À la suite de la régression logistique multinomiale, il a été testé si les déterminants de la


participation au marché de l’emploi influence sur le statut d’employé formel ou informel par
rapport au statut de chômeur. Certains facteurs favorisent l’acquisition d’un emploi par rapport
à une situation de chômage. Ainsi, les résultats des estimations montrent que chez les femmes
le niveau d’étude a une influence sur la probabilité d’occupation d’un emploi formel.
Conformément aux résultats obtenus par Vijverberg qui trouve qu’en Côte d’ Ivoire être
employé du secteur formel, ceci croît avec le niveau d’éducation (Glicck et Sahn, 1997).

En effet, les variables telles que ‘‘aucun’’, ‘‘ primaire’’, ‘‘ secondaire’’ présente toutes, des
effets marginaux négatifs (-0,089, -0,062 et -0,028 respectivement) comparés au niveau
supérieur. Cela implique qu’une femme qui n’a aucun niveau d’étude voit sa probabilité
d’occuper un emploi formel baissé de 0,089 par rapport à une femme qui a un niveau d’étude
supérieure. Les effets marginaux du primaire et du secondaire montrent que les femmes qui ont
un niveau primaire ou secondaire connaissent une baisse de la probabilité d’occuper un emploi
formel de 0,062 et 0,028 respectivement par rapport à une personne qui a un niveau supérieur.
En ce qui concerne le secteur informel, le niveau d’instruction n’a aucun effet, sur la probabilité
d’occuper un emploi. Ce résultat est tout à fait normal, en ce sens que les emplois exercés par
les femmes dans ce secteur ne nécessitent pas pour la plupart de qualifications intellectuelles.
Elles sont pour la majorité concentrée dans les micros unités de vente de produits cosmétiques
ou de restauration.

Dans le secteur formel, c’est la même tendance qui s’observe chez les hommes, c’est –à-dire
que le niveau d’étude augmente les chances d’occuper un emploi formel. L’effet marginal
associé à la variable ‘‘aucun’’ est de 0,107. Ainsi pour un homme, le fait de n’avoir aucun
niveau d’instruction augmente sa probabilité de 0,107 d’occuper un emploi informel. La
variable ‘‘ Primaire’’ présente un coefficient positif (0,052) et statistiquement différent de zéro.
Cela signifie que le niveau primaire augmente la chance des hommes de 0,052 d’occuper un
emploi informel. Quant à la variable ‘‘ secondaire’’, elle présente un coefficient négatif (-
0,017) et statistiquement significatif au seuil de 1%. Il en découle alors que les hommes qui ont
un niveau d’étude secondaire voient leur probabilité d’occuper un emploi informel de 0,017.

Les résultats montrent qu’au niveau des hommes, le choix d’occuper un emploi dans le secteur
informel est fonction décroissante du niveau d’instruction. En effet, lorsque le niveau
d’instruction augmente, les hommes sont plus réticents pour le secteur informel. Il préfère se
diriger dans le secteur formel pour trouver un emploi stable. Dans ce contexte, on devrait
s’attendre à ce que le signe du coefficient de la variable ‘‘ secondaire’’ soit positif au niveau du
141
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

secteur formel, or ce coefficient est négatif et statistiquement significatif. Nous pensons que,
dans le contexte de la Côte d’Ivoire cela peut être expliqué par le fort taux de chômage de jeunes
diplômés. Dans nos pays en développement, ce phénomène est assez récurrent. Les jeunes
diplômés du secondaire se dirigent en masse vers l’administration publique. Face à une hausse
sans cesse croissante de ces diplômés, les économies se trouvent dans l’incapacité de fournir
des emplois à tous ces jeunes, ce qui baisse leur probabilité d’occuper des emplois dans le
secteur formel.
L’âge agit sur la probabilité d’être employé formel plutôt que chômeur. Chez les hommes
l’effet marginal associé à la variable ‘‘Age’’ est positif (0,0076) et statistiquement significatif
au seuil de 1%. L’âge augmente alors la probabilité pour un homme d’occuper un emploi formel
de 0,0076.
Le statut matrimonial a une influence significative sur l’occupation des hommes et femmes.
Les élasticités associées à la variable ‘‘ marié’’ au niveau des femmes sont positifs et
statistiquement significatifs au seuil de 1% et ce dans les deux secteurs. Ainsi, être mariée pour
une femme augmente la probabilité d’occuper un emploi de 0,017 dans le secteur formel et de
0,041 dans le secteur informel. Au niveau de l’homme, être marié, augmente la probabilité
d’exercer un emploi dans le secteur formel de 0,065. Ces résultats rejoignent ceux de
Hammouda et souag (2012) dans le cas de l’Algérie sur l’effet du statut matrimonial.

En conclusion, l’emploi est moins inégalitaire que la participation à l’activité économique selon
une approche genre. Les femmes ont toutefois moins de chance d’avoir un emploi formel que
les hommes, conformément à l’idée soutenue par Do et Duchene (2008) dans le cas du Vietnam
et kabubo-Mariara(2003) dans le cas du kenya. En effet, les femmes soumises aux normes
sociales possèdent de faibles qualifications. De ce fait, se retrouvent en masse dans le secteur
informel précisément dans l’auto-emploi. Aussi, convient-il d’analyser les inégalités liées à la
rémunération salariale.

3- Les déterminants du salaire mensuel


Le revenu des ménages est le montant total des revenus perçus par les personnes vivant dans le
ménage, tandis que le revenu individuel est la somme des revenus du travail individuel et
revenus individuels non salariaux. Il s’agit ici d’analyser la sensibilité de la variation du salaire
d’un individu par rapport aux variations des variables explicatives. Pour comprendre les
facteurs déterminant le salaire d’un individu, nous avons procédé à une régression linéaire du
salaire sur les facteurs explicatifs cités ci-haut. Nous présentons les résultats de l’estimation
corrigée d’éventuels biais liés à la sélection de l’échantillon de chaque groupe.

142
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Une comparaison des résultats trouvés avec la littérature existante confirme le pouvoir prédictif
du modèle et la pertinence des résultats. Les résultats des estimations sont consignés dans le
tableau ci-dessous.

L’analyse est axée sur une seule catégorie de salaire. Il s’agit du salaire mensuel. La
rémunération salariale utilisée est celle de l’activité principale. Les résultats montrent que le
niveau d’éducation influence significativement le niveau du salaire mensuel. Chez les hommes,
la variable « aucun », affecte négativement et significativement le salaire mensuel. En effet, les
coefficients associés à cette variable sont de -0,9605 et -0,7383 respectivement pour le secteur
formel et le secteur informel. Cela signifie que les individus qui n’ont aucun niveau
d’instruction subissent une baisse au niveau de leur salaire mensuel par rapport à un individu
qui un niveau d’instruction supérieur. Ainsi, avoir un niveau d’éducation primaire réduit le
salaire de l’individu en emploi formel de 0,7331 franc et de 0,7595 franc par rapport à une
personne qui a un emploi informel. Au niveau de la variable ‘‘ secondaire’’, les résultats
montrent que cette variable est significativement et négativement corrélé au salaire mensuel.
Les coefficients associés à cette variable sont de -0,5036 dans le formel et de -0,6009 dans
l’informel. Il en découle que relativement à un diplômé du supérieur, celui qui est titulaire d’un
diplôme du secondaire, son salaire est réduit de 0,5036 franc dans le formel et de 0,6009 dans
l’informel.

Cette analyse est faite en prenant l’éducation supérieure comme la référence. L’écart de salaire
est réduit avec le niveau d’instruction. Les individus qui n’ont aucun niveau d’instruction
connaissant une baisse de salaire beaucoup plus élevée que celle de ceux qui ont un niveau
d’instruction primaire ou secondaire. Ces résultats sont similaires à ceux de Kupie et al (2009)
dans l’étude des pays de l’UEMOA et Nguetse Tegoum (2009) pour le Cameroun et aux
conclusions de Rankin ; Sandefur et Teal(2010). L’analyse, au niveau des femmes révèle que
le niveau d’instruction n’a aucun effet sur le niveau du salaire mensuel dans le secteur formel.

143
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 14: les déterminants du salaire mensuel

Salaire mensuel
Homme Femme
Secteur formel Secteur informel Secteur formel Secteur informel
Aucun -.9605*** -.7383*** -1.5033*** -1.6080***
(0,000) (0,000) (0,001) (0,000)
Primaire -.7331*** -.7595*** -1.0182** -1.4346***
(0,000) (0,000) (0,034) (0,000)
secondaire -.5036*** -.6009*** -.4914** -1.2360***
(0,000) (0,000) (0,033) (0,000)
Age .0395*** .0705*** -.1437 .06406***
(0,008) (0,000) (0,109) (0,008)
Agesq -.0002*** -.0008*** .0018* -.0007***
(0,006) (0,000) (0,077) (0,006)
Marrie .1107 .2563*** -.2185 -.0732
(0,432) (0,000) (0,252) (0,432)
le_nord -.3377*** -.3512*** -.4103 -.5917***
(0,002) (0,000) (0,315) (0,002)
le_ouest -.0369 -.2054*** -.0235 -.1292
(0,472) (0,008) (0,960) (0,472)
le_centre -.0336 -.2526*** -.0945 -.1958
(0,268) (0,000) (0,803) (0,268)
le_est -.4329 -.4550*** .2120 -.2253
(0,324) (0,000) (0,700) (0,324)
le_sud -.1780 -.2117*** -.3359 -.0913
(0,599) (0,004) (0,362) (0,599)
lrevnonouvre -.0218*** -.2585*** -.3734*** -.1906***
(0,000) (0,000) (0,005) (0,000)
lrevnonouvresq .0029*** .0297*** .0366*** .0219***
(0,000) (0,000) (0,006) (0,000)
Nb .0694 .0659*** .0565 -.0231
(0,410) (0,004) (0,302) (0,410)
Chômeurs -.0178*** -.0145 .0309 .1430***
(0,000) (0,557) (0,708) (0,000)
employésinform -.1661** -.0444** -.2080* -.0940**
(0,015) (0,030) (0,084) (0,015)
inv_millsratio .0036 -.4006 -.0664
(0,587) (0,205) (0,587)
_cons 11.3915*** .3652*** 15.1223*** 10.8052***
(0,000) (0,000) (0,000) (0,000)
Note : (*), (**) et (***) montrent respectivement la significativité des variables au seuil de 10%, 5% et 1%.
Source : auteur à partir des données de l’ENV2015

De plus, même lorsque les femmes ont un rendement marginal supérieur de l'éducation,
certaines lacunes qui sont déterminées non seulement par des caractéristiques non observées,
mais aussi par le sexe impliquent une baisse de salaires des femmes (Costa et al, 2009).

144
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

En ce qui concerne le secteur informel, les résultats montrent que le salaire mensuel est
négativement corrélé avec le niveau d’instruction. L’une des explications est que dans le secteur
informel, la majorité des femmes travaillent à leur propre compte. Elles occupent des emplois
qui requièrent très peu d’effort intellectuel. Dans ces conditions, certaines femmes qui ont un
niveau d’éducation élevé, une fois dans ce secteur sont obligées de se conformer aux exigences
du marché. L’effet marginal du niveau d’éducation est bien plus important chez les femmes que
chez les hommes. Cela s’explique par le niveau très bas de scolarisation et de formation du
genre féminin. L’impact de la formation en termes de revenu du travail est bien plus important
chez les femmes que chez les hommes. En somme, le salaire des femmes pâtit du manque de
formation de celles-ci.

En général, le salaire dépend positivement de l’âge. Selon les résultats de nos estimations, chez
les hommes l’âge a un effet positif sur le salaire mensuel dans le secteur informel. En effet, les
coefficients associés à cette variable sont positif et statistiquement significatifs (0,0395 et
0,0705 respectivement pour le secteur formel et informel). Il en est de même pour les femmes.
Avant un certain seuil d’âge, plus l’individu est âgé, plus sa rémunération est importante. Mais
au-delà de ce seuil la productivité de l’individu baisse, ce qui réduit certainement sa
rémunération comme en témoigne le coefficient associé à la variable ‘‘Agesq’’. Ce coefficient
est statistiquement significatif et négatif (-0,0002 pour le secteur formel et -0,0008 pour le
secteur informel). L’âge a donc un effet en U inversé sur le salaire. La situation matrimoniale
influence positivement le salaire des hommes tant dans le secteur formel que dans le secteur
informel. La variable ‘‘marrie’’ affiche un coefficient de 0,1107 pour le secteur formel et
0,2563 pour le secteur informel. Il en découle que le fait qu’un homme soit marié augmente son
salaire de 0,11 F dans un emploi formel. Dans le cas où celui-ci travaille dans le secteur informel
son statut de marié améliore son salaire de 0,25 F.

4- Simulation
Nous entreprenons ici des microsimulations, avec la précision que ceux-ci sont en équilibre
partielle donc avec des estimations approximatives. Ainsi, les distributions contrefactuelles de
revenu du ménage sont comparées à l’original afin d’estimer l’impact de chaque simulation.
Les résultats de la première simulation lorsque les femmes et les hommes ont une probabilité
égale d’être économiquement actifs sont présentés dans le tableau ci-dessus.

145
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 15: Caractéristiques du marché du travail, sans différences basées sur le genre dans la
probabilité de participation au marché du travail

Taux d’activité économique des femmes (%) 79,189


Ratio du taux d’activité économique des femmes sur celui des hommes 102,378
(%)
Taux de formalité des femmes (%) 2,876
Taux d’informalité des femmes (%) 54,053
Taux de chômage des femmes (%) 42,071
Ratio du salaire mensuel des femmes sur celui des hommes (%) 87,478
Source : Auteur à partir de l’ENV(2015)

La suppression des inégalités entre les sexes dans la probabilité d’activité entraine une
augmentation du taux d’activité des femmes à 79,189% et élève le ratio d’activité des femmes
sur celui des hommes à 102,378%. Le taux de formalité de l’activité des femmes augmente
sensiblement et passe de 2,56% à 2,88%., tandis que le taux d’informalité de l’activité des
femmes passe de 39,35% à 59%. Le chômage des femmes baisse de 58,09 % à 42,071%. Par
ailleurs, la figure 3 élargit la perspective de l’analyse et montre les effets que l’augmentation
de la population féminine aurait sur la répartition des revenus, de la pauvreté et de l’inégalité.

Figure 3: Impact de la probabilité de participer sur le marché du travail sans différence entre les
sexes sur la croissance du revenu, la pauvreté et les inégalités
20
10
0
-10
-20
-30

croissance revenu (%) évolution incidence pauvreté (%)


évolution gap pauvreté (%) évolution indice gini (%)

Source : auteur à partir des données de l’ENV 2015

146
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

De façon globale, avec des caractéristiques identiques dans la participation au marché du travail
pour les hommes comme pour les femmes. Le revenu des ménages augmente de 17% et
influence significativement l’incidence de la pauvreté avec une réduction notable de 35%. De
plus, le gap de pauvreté s’en trouve sensiblement réduit et l’indice de Gini évolue à la baisse.
Ces résultats indiquent que les avantages de la suppression des inégalités dans la participation
au marché du travail atteignent tous les pauvres, en particulier les plus pauvres. Nous constatons
donc, des effets positifs en termes d’emplois sur tous les segments du marché du travail urbain,
avec notamment une concentration des femmes dans l’informel. Ce qui est conforme aux
résultats de certaines études qui stipulent que la concentration des femmes plus importante dans
les emplois informels avec un taux de chômage élevé, reflète soit le faible investissement dans
leur capital humain ou la combinaison de contraintes dans la gestion de leur temps et dans leur
accès difficile à certains types d’emplois. Barrientos (2002) dans le cas de l’Amérique latine et
winters et al (2008) en utilisant les données de 14 pays d’Amérique latine, d’Afrique
subsaharienne, d’Asie et d’Europe centrale mettent en évidence la relation positive entre
éducation et participation au marché du travail. En effet, la difficulté des femmes à accéder à
des emplois productifs est souvent liée à leur niveau d’éducation qui est moindre que celui des
hommes. Il suffit ici de remarquer que le niveau moyen d’éducation des femmes dans le cadre
de notre analyse est inférieur à celui des hommes. Conformément aux résultats des travaux de
kouamé et Gueye (2000) et de la Banque mondiale (Banque mondiale, Diagnostic sur l’emploi :
op cit.).

Les résultats de la deuxième simulation concernent l’égalité dans la probabilité des hommes et
des femmes d’occuper les mêmes secteurs d’activité. En d’autres termes, les femmes auraient
la même probabilité que les hommes d’être dans le formel, l’informel ou d’être des chômeurs,
compte tenu de leurs caractéristiques. Les résultats de la simulation sont aussi présentés dans le
tableau ci-dessous.

Tableau 16: Caractéristiques du marché du travail, sans différences basées sur le genre dans la
probabilité d’avoir un emploi formel, un emploi informel ou être au chômage.

Taux de formalité des femmes (%) 0,81


Taux d’informalité des femmes (%) 39,85
Taux de chômage des femmes (%) 59,34
Ratio du salaire mensuel des femmes sur celui des hommes (%) 31,46
Source : Auteur à partir de l’ENV(2015)

147
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Nous constatons que lorsque les inégalités entre les sexes, dans le choix des statuts
professionnels, sont supprimées sur le marché du travail, cela baisse le taux de formalité de
l’activité des femmes à 0,81% et le taux d’informalité croît sensiblement à 39,85%. Le taux de
chômage par contre augmente et passe à 59,34%. Ainsi, en raison de la baisse du taux de
formalité et de l’augmentation du chômage, le ratio mensuel de salaire des femmes par rapport
aux hommes baisse considérablement et la croissance du revenu augmente faiblement de 3%.
Aussi, le gap de pauvreté, l’incidence de la pauvreté et l’indice de Gini reculent-ils
sensiblement. En effet, ces résultats mettent en relief les contraintes individuelles et
structurelles pesant sur la capacité des femmes à occuper des emplois rémunérés et la résilience
de la structure segmentée entre les genres sur les marchés du travail. Ceci constitue deux
barrières importantes pour l’amélioration du statut économique des femmes. Conformément à
l’analyse de plusieurs auteurs qui stipulent que l’insuffisance des offres d’emplois dans le
formel contribue aux niveaux de chômage élevé , tout en augmentant le sous emplois en raison
du nombre croissant de personnes qui prennent des emplois à temps partiel, irréguliers,
occasionnels et temporaires. Néanmoins, il est pertinent de souligner la probabilité d’un déficit
de la demande sur le marché du travail comme un facteur expliquant l’absence criarde des
femmes instruites dans le secteur formel.

Figure 4: Impact de la probabilité d'être formel, informel ou au chômage sur la croissance du


revenu, la pauvreté et les inégalités
3
2
1
0
-1
-2

croissance du revenu (%) evolution incidence de la pauvreté (%)


évolution gap de pauvreté (%) evolution indice de Gini (%)

Source : auteur à partir des données de l’ENV 2015

Les résultats de la suppression des inégalités dans le choix occupationnel entre sexe étant donc
moins rigoureux dans la croissance des revenus et la réduction de la pauvreté que celle de
l’égalité dans la participation, passons à l’analyse de notre troisième facette des inégalités entre

148
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

homme et femme. L’inégalité salariale qui est éliminée lorsque les femmes reçoivent la même
rémunération que les hommes pour leurs caractéristiques. Dès lors, une meilleure analyse de
l’inégalité salariale entre femme et homme implique l’isolement des inégalités liées à leurs
caractéristiques productives (niveau d’éducation…) et aux spécificités des emplois occupés
(secteur d’activité, qualification…). Cette réflexion conduit donc à l’exercice de deux
simulations. L’une fondée sur les caractéristiques observées et l’autre fondée sur les
caractéristiques observées (variables explicatives) et non observées (en termes de résidus).

La réalisation des caractéristiques du marché du travail, sans discrimination salariale basée, sur
le sexe dans les caractéristiques observées donne les résultats consignés dans le tableau 17 et la
figure 5 ci-dessous.

Tableau 17: Caractéristiques du marché du travail, sans discrimination salariale basée sur le genre
(caractéristiques observées)

Ratio du salaire mensuel des femmes sur celui des hommes (%) 92,469
Source : Auteur à partir de l’ENV(2015)
Figure 5: Impact des caractéristiques observées sans discrimination salariale sur la croissance du
revenu, la pauvreté et l'inégalité
4
2
0
-2

croissance income (%) évolution incidence de pauvreté (%)


évolution gap de pauvreté (%) évolution indice gini (%)

Source : auteur à partir des données de l’ENV 2015

En l’absence de discrimination salariale basée sur le genre pour les caractéristiques observées,
le ratio des salaires des femmes par rapport à celui des hommes baisse. Cependant, le revenu
croît d’approximativement 4%, et tous les autres indicateurs reculent légèrement. Le recul le
plus important est celui du gap de pauvreté.

149
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 18: Caractéristiques observées et non observées

Ratio du salaire mensuel femmes/hommes avec caractéristiques observées et non 92,47


observées (%)
Source : Auteur à partir de l’ENV(2015)

Figure 6: Impact des caractéristiques observées et non observées sans discrimination salariale
sur la croissance du revenu, la pauvreté et l'inégalité
3
2
1
0
-1
-2

croissance revenu (%) évolution incidence pauvreté (%)


évolution gap de pauvreté (%) évolution indice gini (%)

Source : auteur à partir des données de l’ENV 2015

En l’absence de discrimination salariale basée sur le genre pour les caractéristiques observées
et les caractéristiques non observées, le revenu des femmes baisse relativement à celui des
hommes pour atteindre un ratio de 91,61%. Le revenu du ménage augmente d’un peu plus de
3%. Les indicateurs restants baissent tous de moins de 2%. On constate que, les résultats de ces
deux simulations fondées sur les caractéristiques observées et non observées ne diffèrent pas
beaucoup. En outre, la moindre augmentation des revenus des ménages peut s’expliquée par le
nombre d’heures travaillées des femmes, qui est inférieur à celle des hommes. Il est important
d’évoquer que l’élimination de la discrimination salariale entre hommes et femmes, certes, avec
des résultats moins notable que les résultats de l’augmentation de la population féminine a une
influence positive sur la réduction de la pauvreté, la croissance des revenus et les inégalités.

On s’intéresse maintenant au quatrième aspect d’inégalité de genre, à être éliminé par des
simulations : l’écart entre hommes et femmes dans les dotations caractéristiques. Dans cet
exercice, nous considérons deux simulations une fois de plus. D’une part les caractéristiques
observées et d’autre part les caractéristiques observées et non observées. Ainsi, la réalisation
des caractéristiques du marché du travail, sans écart dans les caractéristiques observées des
différents genres donnent les résultats consignés dans le tableau 19 et la figure 7 ci-dessous.

150
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 19: Caractéristiques du marché du travail, sans écart dans les caractéristiques observées
des différents genres

Taux d’activité économique des femmes (%) 78,708


Ratio du taux d’activité économique des femmes sur celui des hommes (%) 101,76
Taux de formalité des femmes (%) 2,807
Taux d’informalité des femmes (%) 53,517
Taux de chômage des femmes (%) 43,676
Ratio du salaire mensuel des femmes sur celui des hommes (%) 61,128
Source : Auteur à partir de l’ENV(2015)

En l’absence d’écart dans les caractéristiques observées des différents genres, le taux d’activité
des femmes est de 78,71% et le ratio d’activité des femmes sur celui des hommes est de
101,76%. Le taux de formalité s’élève à 2,81% et le taux d’informalité s’établit à 53,52%. Le
revenu croît faiblement de 2% et la baisse du gap de pauvreté et de l’incidence de la pauvreté
baissent de près de 6%.

Figure 7: Impact des caractéristiques observées sur la croissance des revenus, la pauvreté et les
inégalités
2
0
-2
-4
-6

croissance revenu (%) évolution incidence pauvreté (%)


évolution gap de pauvreté (%) évolution indice gini (%)

Source : auteur à partir des données de l’ENV 2015

151
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau 20: Caractéristiques du marché du travail, sans écart dans les caractéristiques observées et
non observées des différents genres

Taux d’activité économique des femmes (%) 78,708


Ratio du taux d’activité économique des femmes sur celui des hommes (%) 101,76
Taux de formalité des femmes (%) 2,807
Taux d’informalité des femmes (%) 53,517
Taux de chômage des femmes (%) 43,767
Ratio du salaire mensuel des femmes sur celui des hommes (%) 60,762
Source : Auteur à partir de l’ENV(2015)

Figure 8: Impact des caractéristiques observées et non observées sur la croissance des revenus,
la pauvreté et les inégalités
1
.5
0
-.5
-1

croissance revenu (%) évolution incidence pauvreté (%)


évolution gap pauvreté (%) évolution indice gini (%)

Source : auteur à partir des données de l’ENV 2015

En l’absence d’écart de toutes sortes de caractéristiques (observées et non observées), Le ratio


du salaire mensuel des femmes sur celui des hommes évolue et passe à 101,76%. Le taux de
formalité augmente et le taux de chômage des femmes baisse. La croissance du revenu
néanmoins connait une faible évolution de 1%, de même que le gap et l’incidence de la pauvreté
qui recule aussi de 1%.

En définitive, même si les simulations de l’égalité des caractéristiques observées et non


observées entre homme et femme ont un effet positif sur la réduction de la pauvreté, elles n’ont
pas un impact plus significatif que les simulations précédentes en termes de croissance des
revenus. Ces résultats confirment que l’écart entre les sexes en dotation n’est pas l’inégalité qui
a le plus d’impact en termes de réduction de pauvreté.

152
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

CONCLUSION

Lorsque l’on considère la répartition de la population en âge de travailler selon le genre, il


existe un écart important entre les hommes et les femmes. Le nombre de personnes en emploi
est estimé à 38,6% chez les femmes contre 61,4%35 chez les hommes. De plus, un grand nombre
disproportionné d’entre elles se trouve dans le secteur informel avec des emplois précaires. Or,
les études révèlent qu’un emploi bien rémunéré est un facteur déterminant de l’indépendance
économique des femmes et s’avère être également un élément fondamental dans leur
autonomisation. Suite à ce constat de la situation de l’emploi sexospécifque en Côte d’Ivoire,
on peut retenir que l’accès inégal aux emplois décents contrarie les initiatives en faveur de la
réduction de la pauvreté. C’est pourquoi, il est apparu nécessaire de mettre en évidence le lien
entre différents aspects d’inégalité de genre sur le marché du travail, la croissance des revenus,
la pauvreté et l’inégalité globale.

A cet effet, ce chapitre a permis de poursuivre la réflexion des trois précédents chapitres autour
du lien entre les inégalités du genre et la pauvreté. Dans ce cadre, nous avons analysé la
construction contrefactuelle de la répartition des revenus des ménages, afin de comprendre
comment les différents aspects d'inégalités entre les hommes et les femmes expliquent certaines
caractéristiques de la distribution des revenus, de la pauvreté et de l’inégalité. De ce fait,
différents modèles utilisés pour mettre en évidence le lien entre l’inégalité de genre sur le
marché du travail et la pauvreté ont été exposés.

Pour mener à bien l’analyse, une première section a présenté la spécification des modèles qui
fondent notre étude. En d’autres termes, un modèle de microsimulation fondé sur un modèle
logit séquentiel pour la participation-occupationnelle et la structure d’une équation de revenu.
Ensuite, la seconde section constituée de trois axes a d’abord présenté la source des données,
suivie de la description des variables utilisées et enfin, développé une analyse des relations
statistiques entre les variables. En outre, d’un point de vue pratique, accompagnés des tableaux
montrant les sorties de régressions, les résultats et leurs interprétations sont présentés dans une
troisième section.

Afin d’étayer nos propos, nous avons tout d’abord, présenté, la décision de participation fondée
sur la probabilité d’être active ou inactive qui est estimée par un modèle logit binaire. Ensuite,
le choix occupationnel est mis en exergue par un modèle multinomial. En effet, une fois qu’un

35
Ces chiffres parviennent de l’INS, ENV2015

153
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

individu décide de participer au marché du travail, il doit faire le choix entre poursuivre la
recherche d’un emploi, accepter un emploi formel ou accepter un emploi informel. Ces
éléments conduisent à la troisième étape qui concerne les déterminants du salaire. Cette analyse
est mise en évidence à l’aide d’une régression simple par les moindres carrés pondéré (MCP).

En définitive, les résultats ont montré le rôle moteur de l’éducation dans la décision de
participation au marché du travail. La situation matrimoniale affecte négativement la
participation des femmes sur le marché du travail. Le fait qu’une femme soit mariée réduit sa
probabilité de participation au marché du travail. Il en est de même, pour le nombre d’enfant.
Ceci justifie le rôle social des femmes dans la société comme les femmes au foyer et les mères.
Au niveau du choix d’occupation les femmes ont moins de chance d’avoir un emploi formel
que les hommes, source de précarité. La principale conclusion de la régression multinomiale
montre que l’emploi est moins inégalitaire que la participation à l’activité économique selon
une approche genre. Les femmes ont toutefois moins de chance d’avoir un emploi formel que
les hommes. Par ailleurs, l’analyse de l’équation du salaire révèle que le salaire mensuel est
significativement influencé par le niveau d’éducation chez les hommes. En tenant compte de
ces quatre aspects d’inégalités entre les sexes, nous avons simulé les caractéristiques du marché
du travail afin d'obtenir des distributions de revenus des ménages contrefactuelles. Il en ressort
que les inégalités entre les sexes dans la participation au marché du travail ont plus d’impact
négatif sur la croissance des revenus. Cela impacte donc sur la réduction de la pauvreté et les
inégalités globales.

154
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

CONCLUSION GÉNÉRALE

Au cours de ce travail de thèse, nous avons cherché à évaluer l’impact de quatre aspects
d’inégalité de genre, que sont : les différences dans la participation au marché du travail, dans
la situation professionnelle, la discrimination salariale et les différences de dotations
caractéristiques sur la croissance des revenus, la pauvreté et l’inégalité. Pour ce faire,
plusieurs modèles ont été mobilisés.

D’abord deux modèles d’estimation qui déterminent la structure de la participation au marché


du travail et un autre qui tient compte de la structure de rémunération. En d’autre termes, un
modèle logit séquentiel , fondé sur un logit binaire et multinomial qui a permis de déterminer
les facteurs qui influencent la participation des femmes et des hommes sur le marché du travail
et montré les variables qui déterminaient leurs différents statut d’occupation. Suivie d’un
modèle d’estimation des déterminants des salaires mensuels qui a contribué à mettre en
évidence les facteurs qui influencent la rémunération des femmes et des hommes sur le marché
du travail. Enfin, des simulations permettant de supprimer chacune des composantes
d’inégalités, débouchent sur diverses distributions de revenus contrefactuels des ménages
analysés en tenant compte de leurs éventuels liens avec la pauvreté et l’inégalité.

La thèse a été développée en deux parties. Chaque partie composée de deux chapitres. Le
premier chapitre a présenté la littérature sur l’inégalité du genre et a mis l’accent sur les
approches et théories développées sur le marché du travail. Il s’agit respectivement de
différentes approches d’égalité, de la théorie du genre, et des néoclassiques concernant le capital
humain sur le marché du travail. De ces théories, il ressort que la baisse des inégalités est un
facteur de réduction de la pauvreté. De ce fait, loin des avancées économiques et juridiques
faites au niveau des différents aspects d’inégalités présentées entre femmes et hommes, il existe
un consensus tacite sur la finalité commune à atteindre, la prise en compte des rapports sociaux
de sexe pour une meilleure insertion des femmes. C’est dans cette optique que la diversité des
approches économiques vise à donner plus de chance et d’opportunités aux femmes et non à les
rendre égales aux hommes.
Le deuxième chapitre pour sa part a exposé l’état des lieux des inégalités et de la pauvreté en
Côte d’Ivoire. Le chapitre a proposé une réflexion autour des inégalités entre hommes et
femmes sur le marché du travail comme facteur de pauvreté. Le contenu a porté sur la revue de
différents développements de la pauvreté notamment la conception de la pauvreté qu’adoptent
les welfaristes, les adeptes de la justice sociale et de l’utilitarisme. Aussi, dans une perspective

155
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

de genre, un Survey de différentes méthodes de mesure de la pauvreté monétaire a t-il été


présenté. Ce chapitre a également étudié comment le marché du travail ivoirien était structuré
sur la base des théories de la segmentation dans l’explication des différentiels salariaux entre
les sexes. L’objectif de l’étude étant de révéler l’impact de divers aspects d’inégalité de sexe
sur la pauvreté des ménages en Côte d’Ivoire. Ce chapitre a aussi été l’occasion de présenter un
aperçu global des inégalités entre homme et femme en Côte d’Ivoire. Par conséquent, il a été
examiné la situation des femmes sur le marché du travail et l’impact que cela produit sur leur
bien-être.

Comme énoncé dans la deuxième, partie sont traités le troisième et le quatrième chapitre. Ainsi,
le troisième chapitre a permis d’analyser différents modèles sexués de la participation à la force
de travail qui ont permis d’appréhender certains déterminants de la participation-
occupationnelle au marché du travail. En outre, l’analyse des inégalités sexospécifique à
l’entrée et sortie du marché du travail a donné lieu à l’identification de nombreuses méthodes
usuelles. Dans une telle perspective, les modèles étudiés ont été regroupés à partir de deux
critères. Le premier critère basé sur des choix de variables qualitatives et le second sur des
variables quantitatives. Les modèles à variable qualitative, à travers l’estimation de fonction
d’offre de travail, ont permis d’appréhender les éléments clés de la participation des individus
au marché du travail et fourni une analyse pertinente des problèmes d’inégalités. Suite à ce qui
précède, nous avons mis en évidence selon notre objectif, différentes types de modèle de
microsimulation avec notamment leurs limites et analysé brièvement les méthodes d’évaluation
d’impact.
Enfin le chapitre 4 a permis de présenter les éléments qui influencent les inégalités du genre sur
le marché du travail en Côte d’Ivoire.
Dans ce chapitre, différents modèles sont utilisés pour mettre en évidence le lien entre
l’inégalité de genre sur le marché du travail, la pauvreté et les inégalités globale conformément
à la littérature économique. Pour mener à bien notre analyse la méthodologie retenue fut celle
de Bourguignon et al (2001). De façon spécifique, deux étapes d’estimation et une phase de
simulation ont été utilisées.

Premièrement, les individus ont été confrontés à la décision de participer ou non à l’activité
économique et du choix sectoriel. Dans cette première étape, la décision de participation –
occupationnelle est fondée sur un modèle logit-séquentiel. En d’autres termes la probabilité
d’être active ou inactive a été estimée par un modèle logit binaire et celle du choix entre

156
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

poursuivre la recherche d’un emploi, accepter un emploi formel ou informel estimé par un
modèle logit multinomial. La deuxième étape concernait les déterminants du salaire. Cette
relation a été mise en évidence à l’aide d’une régression simple par les moindres carrés pondéré
(MCP).

Sur la base de ces estimations, les résultats montrent le rôle moteur de l’éducation dans la
décision de participation au marché du travail. Ils précisent de plus, que le fait qu’une femme
soit mariée réduit sa probabilité de participation au marché du travail. Il en est de même, pour
le nombre d’enfant. Ceci pourrait se justifier par le rôle social de la femme dans la société :
celle de mère affectée à des tâches d’exécution. Comme le confirme les résultats de beaucoup
d’étude UNICEF (2003-2007 ; 2009-2013).

Nos résultats montrent de plus que les inégalités entre les sexes ont un impact négatif sur les
femmes et conduisent à une sous-utilisation de la main d’œuvre. En somme, pour la Côte
d’Ivoire, l'élimination des inégalités entre les sexes entraînerait une hausse des dépenses par
tête de ménages et une diminution de la pauvreté monétaire.

De façon spécifique, à l’examen des données de l’ENV 2015 analysées, on peut conclure
qu’avec des caractéristiques identiques dans la participation au marché du travail pour les
hommes comme pour les femmes. Le revenu des ménages augmente et influence
significativement l’incidence de la pauvreté avec une réduction notable. De plus, le gap de
pauvreté s’en trouve sensiblement réduit et l’indice de Gini évolue à la baisse. Ces résultats
indiquent que les avantages de la suppression des inégalités dans la participation au marché du
travail atteignent tous les pauvres, en particulier les plus pauvres. Aussi, constate-on des effets
positifs en termes d’emplois sur tous les segments du marché du travail urbain. Ce qui met en
évidence la relation positive entre éducation et participation au marché du travail. Par
conséquent, la difficulté des femmes à accéder à des emplois productifs est souvent liée à leur
niveau d’éducation qui est moindre que celui des hommes.

Au niveau des résultats de la deuxième simulation qui concernent l’égalité dans la probabilité
des hommes et des femmes d’occuper les mêmes secteurs d’activité. Nous constatons que
lorsque les inégalités entre les sexes, dans le choix des statuts professionnels sont supprimées
sur le marché du travail, cela baisse le taux de formalité de l’activité des femmes et le taux
d’informalité croît. Le taux de chômage par contre augmente. Ainsi, en raison de la baisse du
taux de formalité et de l’augmentation du chômage, le ratio mensuel de salaire des femmes par
rapport aux hommes baisse considérablement et la croissance du revenu varie faiblement. Le

157
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

gap de pauvreté, l’incidence de la pauvreté et l’indice de Gini reculent alors sensiblement. Les
résultats de la suppression des inégalités dans le choix occupationnel entre sexe sont moins
rigoureux que ceux de l’égalité dans la participation. En effet, ils mettent en relief les contraintes
individuelles et structurelles pesant sur la capacité des femmes à occuper des emplois rémunérés
et la résilience de la structure segmentée entre les genres sur les marchés du travail. Ceci
constitue deux barrières importantes pour l’amélioration du statut économique des femmes.

La troisième simulation prend en compte les caractéristiques du marché du travail, sans


discrimination salariale basée sur le genre en prenant en compte les caractéristiques observées
donnent plusieurs indications. On pourrait énumérer, la baisse du ratio des salaires des femmes
par rapport à celui des hommes et le recul du gap de pauvreté. Par ailleurs, on constate que, ces
résultats ne diffèrent pas beaucoup de ceux de la simulation fondé sur l’absence de
discrimination salariale basée sur le genre pour les caractéristiques observées et les
caractéristiques non observées. Le revenu des femmes baisse relativement à celui des hommes.
En outre, le revenu du ménage n’augmente que sensiblement. Cela met en évidence le nombre
d’heures de travail des femmes, qui est inférieur à celui des hommes dû au rôle social des
femmes dans la société. Il est important d’évoquer que l’élimination de la discrimination
salariale entre hommes et femmes a des résultats moins notables que les résultats de
l’augmentation de la population féminine en Côte d’ivoire.

Au-delà des précédentes, la quatrième simulation prend en compte l’absence d’écart dans les
caractéristiques observées des différents genres d’une part et l’absence d’écart de toutes sortes
de caractéristiques observées et non observées d’autre part. Les résultats dans ces deux cas
donnent des effets positifs sur la réduction de la pauvreté. Cependant leur impact n’est pas plus
significatif que les simulations précédentes en termes de croissance des revenus. Ainsi, ces
résultats confirment que l’écart entre les sexes en dotation n’est pas l’inégalité qui a le plus
d’impact en termes de réduction de pauvreté.

A l’examen de nos résultats, on peut conclure qu’après l’étude de l’effet de la suppression de


chaque aspect d’inégalité entre les sexes suscités sur la répartition des revenus, en termes de
croissance du revenu moyen par habitant et des indicateurs de pauvreté et d’inégalité, le résultat
le plus pertinent provient de la simulation qui égalise les probabilités des femmes et des
hommes d’être économiquement actifs. En effet, l’aspect des égalités entre les sexes qui
conduirait à une réduction significative de la pauvreté, à une croissance de revenus et à une
baisse des inégalités est l’augmentation de la participation des femmes. Par conséquent, on peut

158
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

noter que : a) la promotion de la participation des femmes au marché du travail mérite une
attention particulière dans les politiques publiques de la Côte d’Ivoire ; b) il est nécessaire de
s’attaquer aux disparités qui existent dans le domaine de l’éducation pour faire baisser le taux
d’abandon au cours du cycle scolaire qui touche plus particulièrement les filles ; c) mettre en
place une politique de parité éducative au niveau secondaire et tertiaire ; d) inciter une politique
de ressources humaines plus équitable entre femmes et hommes au sein du secteur formel public
de l’Etat ; e) accroitre la représentativité des femmes au sein des institutions politiques pour
mieux défendre leurs droits et lutter contre les diverses inégalités dont elles sont victimes ;
sensibiliser les élus masculins à la problématique du genre ; f) développer des infrastructures
qui permettent aux femmes de déléguer certaines tâches domestiques comme le soin des enfants
à des services de garde d’enfants.

Dans le prolongement de cette thèse, plusieurs pistes de recherche peuvent être avancées. La
littérature souligne l’existence de plusieurs méthodes et technique de décomposition pour
évaluer et analyser les diverses inégalités entre les sexes. La démarche économétrique
privilégiée dans cette thèse est la méthode de décomposition basée sur des techniques de
microsimulation. Une voie de recherche serait de prolonger l’évaluation d’impact des facteurs
d’inégalités à partir des autres méthodes telles que la microsimulation en équilibre générale qui
pourrait simuler les effets des politiques d’emploi sur la réduction de la pauvreté et des niveaux
de vie des femmes et notamment de certaines catégories de classes des ménages.

La deuxième piste serait le réexamen de la méthodologie appliquée dans le cadre de cette thèse
de façon dynamique en prenant en compte l’analyse de l’évolution des différents aspects
d’inégalités de sexe sur le marché du travail sur plusieurs années. En effet, l’analyse statique
des inégalités sur le marché du travail peut s’avérer insuffisante, car la situation réelle peut
dépendre aussi des changements relatifs des positions des individus dans la distribution des
revenus au cours du temps. Ce qui permettrait de confirmer nos résultats et de mieux orienter
nos décideurs politiques dans leurs prises de décision.

Aussi, semble-t-il pertinent pour une question de rationalité économique dans l’allocation des
ressources de l’Etat de promouvoir l’évaluation de politiques sociales. En d’autre termes
évaluer l’effet des mesures sur les bénéficiaires, donc la rentabilité de ces politiques publiques
(politique d’autonomisation et d’insertion des femmes, de la réduction de la pauvreté…).

159
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

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176
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

ANNEXES
Annexe 1 : Régression logistique

Structure de participation pour les hommes

Robust
Pat Coef. Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
Aucun -3.438057 .4217734 -8.15 0.000 -4.264718 -2.611396
Primaire -4.339992 .4184855 -10.37 0.000 -5.160209 -3.519776
Secondaire -1.033228 .4296605 -2.40 0.016 -1.875347 -.1911092
Age -.2981558 .0273606 -10.90 0.000 -.3517816 -.2445299
agesq .0031781 .000333 9.55 0.000 .0025255 .0038307
marrie 5.173674 .3247385 15.93 0.000 4.537198 5.81015
nord -.3049178 .1580813 -1.93 0.054 -.6147514 .0049159
nord_est -.5868014 .3258451 -1.80 0.072 -1.225446 .0518432
nord_ouest -.3730972 .4019994 -0.93 0.353 -1.161002 .4148071
centre -.0929046 .1136477 -0.82 0.414 -.31565 .1298407
centre_est -.0228219 .1646698 -0.14 0.890 -.3455688 .2999251
centre_ouest -.2525963 .1574571 -1.60 0.109 -.5612065 .0560139
centre_sud .0206125 .185236 0.11 0.911 -.3424434 .3836684
centre_nord -.5927442 .1914412 -3.10 0.002 -.967962 -.2175264
sud -.0973446 .1588298 -0.61 0.540 -.4086453 .213956
sud_ouest -.1473802 .1728164 -0.85 0.394 -.4860941 .1913338
ouest -.168807 .1529976 -1.10 0.270 -.4686768 .1310628
lrevnonouvre -.2052057 .0425307 -4.82 0.000 -.2885643 -.1218472
lrevnonouvresq .0250683 .0044521 5.63 0.000 .0163423 .0337943
nb -.4815708 .0324958 -14.82 0.000 -.5452615 -.4178801
chomeurs .4203341 .0346872 12.12 0.000 .3523485 .4883197
employésinform .4182906 .0426531 9.81 0.000 .3346919 .5018892
_cons 9.995608 .6920106 14.44 0.000 8.639293 11.35192

VIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Effets marginaux participation des hommes

Delta-method
dy/dx Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
aucun -.3181101 .0387893 -8.20 0.000 -.3941357 -.2420845
primaire -.4015627 .038021 -10.56 0.000 -.4760825 -.3270428
secondaire -.0956006 .0398336 -2.40 0.016 -.1736731 -.0175282
age -.0275872 .00242 -11.40 0.000 -.0323303 -.0228441
agesq .0002941 .0000298 9.88 0.000 .0002357 .0003524
marrie .4787 .0288371 16.60 0.000 .4221804 .5352197
nord -.0282129 .014603 -1.93 0.053 -.0568341 .0004084
nord_est -.0542945 .0300928 -1.80 0.071 -.1132752 .0046863
nord_ouest -.0345212 .0371997 -0.93 0.353 -.1074313 .0383888
centre -.0085961 .010515 -0.82 0.414 -.029205 .0120128
centre_est -.0021116 .0152353 -0.14 0.890 -.0319722 .027749
centre_ouest -.0233718 .0145445 -1.61 0.108 -.0518784 .0051349
centre_sud .0019072 .0171394 0.11 0.911 -.0316854 .0354998
centre_nord -.0548443 .0176316 -3.11 0.002 -.0894016 -.0202871
sud -.0090069 .0146926 -0.61 0.540 -.0378038 .01979
sud_ouest -.0136365 .0159775 -0.85 0.393 -.0449519 .0176788
ouest -.0156191 .0141515 -1.10 0.270 -.0433554 .0121173
lrevnonouvre -.0189869 .003896 -4.87 0.000 -.0266229 -.0113509
lrevnonouvresq .0023195 .0004068 5.70 0.000 .0015223 .0031167
nb -.0445579 .00274 -16.26 0.000 -.0499282 -.0391876
chomeurs .0388919 .0030074 12.93 0.000 .0329975 .0447863
employésinform .0387028 .0037688 10.27 0.000 .0313162 .0460895

IX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

STRUCTURE DE PARTICIPATION POUR LES FEMMES


Robust
pat Coef. Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]

aucun -2.193872 .398645 -5.50 0.000 -2.975202 -1.412542


primaire -3.509841 .3966325 -8.85 0.000 -4.287226 -2.732456
secondaire -.4925378 .4091693 -1.20 0.229 -1.294495 .3094193
age -.1903063 .0281074 -6.77 0.000 -.2453958 -.1352168
agesq .0021922 .0003324 6.59 0.000 .0015407 .0028438
marrie 6.186586 .5027762 12.30 0.000 5.201163 7.172009
nord -.8912492 .1356426 -6.57 0.000 -1.157104 -.6253946
nord_est -.9546442 .3270025 -2.92 0.004 -1.595557 -.3137311
nord_ouest -.8849776 .3376119 -2.62 0.009 -1.546685 -.2232704
centre -.1113161 .1073905 -1.04 0.300 -.3217976 .0991654
centre_est -.0806939 .1629061 -0.50 0.620 -.3999839 .2385962
centre_ouest -.4577982 .1561504 -2.93 0.003 -.7638473 -.1517491
centre_sud -.096779 .1899836 -0.51 0.610 -.46914 .2755819
centre_nord -.524037 .2035824 -2.57 0.010 -.9230512 -.1250229
sud -.291232 .1506971 -1.93 0.053 -.5865928 .0041288
sud_ouest -.2306151 .152748 -1.51 0.131 -.5299958 .0687655
ouest -.2659491 .1542755 -1.72 0.085 -.5683235 .0364252
lrevnonouvre -.089023 .0376312 -2.37 0.018 -.1627788 -.0152672
lrevnonouvresq .0120558 .0038852 3.10 0.002 .004441 .0196706
nb -.3104616 .027783 -11.17 0.000 -.3649153 -.256008
chomeurs .4002567 .0322758 12.40 0.000 .3369973 .4635161
employésinform .2372154 .0344414 6.89 0.000 .1697115 .3047193
_cons 6.581719 .6999863 9.40 0.000 5.209771 7.953666

X
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Effets marginaux de participation pour les femmes

Delta-method
dy/dx Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]

aucun -.2315983 .0421554 -5.49 0.000 -.3142214 -.1489752


primaire -.3705198 .0414586 -8.94 0.000 -.4517771 -.2892625
secondaire -.0519952 .0432478 -1.20 0.229 -.1367594 .032769
age -.0200899 .0029095 -6.90 0.000 -.0257925 -.0143873
agesq .0002314 .0000344 6.72 0.000 .0001639 .0002989
marrie .653093 .0525365 12.43 0.000 .5501233 .7560627
nord -.0940856 .0140928 -6.68 0.000 -.1217069 -.0664643
nord_est -.1007779 .0344192 -2.93 0.003 -.1682384 -.0333175
nord_ouest -.0934235 .0355342 -2.63 0.009 -.1630693 -.0237778
centre -.0117512 .0113285 -1.04 0.300 -.0339547 .0104523
centre_est -.0085185 .0171958 -0.50 0.620 -.0422217 .0251847
centre_ouest -.0483279 .0164235 -2.94 0.003 -.0805174 -.0161385
centre_sud -.0102166 .0200494 -0.51 0.610 -.0495126 .0290795
centre_nord -.0553205 .0214356 -2.58 0.010 -.0973334 -.0133075
sud -.0307442 .0158872 -1.94 0.053 -.0618826 .0003942
sud_ouest -.0243451 .0160951 -1.51 0.130 -.055891 .0072007
ouest -.0280752 .0162599 -1.73 0.084 -.0599439 .0037935
lrevnonouvre -.0093978 .0039707 -2.37 0.018 -.0171802 -.0016154
lrevnonouvresq
.0012727 .0004097 3.11 0.002 .0004697 .0020757
nb -
.0327742 .0028177 -11.63 0.000 -.0382967 -.0272517
chomeurs
.0422535 .0032074 13.17 0.000 .0359671 .0485399
Employésinform
.0250419 .0035749 7.01 0.000 .0180353 .0320485

XI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Tableau de régression du Choix occupationnel des hommes ( informel)

Robust
Coef.
patprime Std. Err. Z P>z [95% Conf. Interval]
.1323433
aucun .178828 0.74 0.459 -.2181531 .4828396
-.0466051
primaire .1874248 -0.25 0.804 -.413951 .3207409
-.4917932
secondaire .1743305 -2.82 0.005 -.8334747 -.1501118
-.006623
age .0238807 -0.28 0.782 -.0534283 .0401822
-.0002464
agesq .0003158 -0.78 0.435 -.0008654 .0003725
1.680666
marrie .0899194 18.69 0.000 1.504427 1.856905
-.2367374
nord .1638609 -1.44 0.149 -.5578989 .0844242
-.2621453
nord_est .3291889 -0.80 0.426 -.9073437 .383053
-.3865391
nord_ouest .2743275 -1.41 0.159 -.9242111 .1511329
.1150829
centre .1264508 0.91 0.363 -.1327562 .362922
-.2165188
centre_est .1773489 -1.22 0.222 -.5641163 .1310788
-.2246821
centre_ouest .1739628 -1.29 0.197 -.5656429 .1162787
.0983332
centre_sud .1789678 0.55 0.583 -.2524373 .4491037
.2990382
centre_nord .2120846 1.41 0.159 -.11664 .7147164
-.01762
sud .1643774 -0.11 0.915 -.3397939 .3045538
-.2336768
sud_ouest .1832701 -1.28 0.202 -.5928797 .125526
-.2872813
ouest .1428042 -2.01 0.044 -.5671725 -.0073902
-.0221968
lrevnonouvre .0309928 -0.72 0.474 -.0829415 .038548
-.0003841
lrevnonouvresq .0029587 -0.13 0.897 -.0061831 .005415
-.0533394
nb .047267 -1.13 0.259 -.1459811 .0393022

XII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

-.9885115
chomeurs .0585422 -16.89 0.000 -1.103252 -.8737709
1.373849
employnform .0734868 18.70 0.000 1.229818 1.517881
.6467959
_cons .4781008 1.35 0.176 -.2902646 1.583856

Annexe 3 : Régression du choix occupationnel des hommes (formel)

Coef.
patprime Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
4.160554
aucun -14.48 0.000 -4.723529 -3.59758
.287237
-2.58736
primaire .2499449 -10.35 0.000 -3.077243 -2.097477
-1.811004
secondaire .1747932 -10.36 0.000 -2.153592 -1.468416
.1650827
age .0379936 4.35 0.000 .0906167 .2395488
-.0016167
agesq .0004875 -3.32 0.001 -.0025723 -.0006611
2.231782
marrie .1405413 15.88 0.000 1.956326 2.507238
-.0916618
nord .2513365 -0.36 0.715 -.5842723 .4009487
-.4383377
nord_est .5265402 -0.83 0.405 -1.470338 .5936621
-.7308649
nord_ouest .473976 -1.54 0.123 -1.659841 .198111
-.5687012
centre .1950854 -2.92 0.004 -.9510615 -.1863409
-.1187136
centre_est .2778986 -0.43 0.669 -.6633848 .4259576
-.9443641
centre_ouest .2820437 -3.35 0.001 -1.49716 -.3915687
-1.017132
centre_sud .3943936 -2.58 0.010 -1.790129 -.2441347
-.1342546
centre_nord .3184237 -0.42 0.673 -.7583535 .4898444
-.1368329
sud .234338 -0.58 0.559 -.5961269 .3224611
-.7374662
sud_ouest .321541 -2.29 0.022 -1.367675 -.1072574
-.8794933
ouest .2770298 -3.17 0.001 -1.422462 -.3365249

XIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

.1241988
lrevnonouvre .0642882 1.93 0.053 -.0018038 .2502014
-.0153608
lrevnonouvresq .0063114 -2.43 0.015 -.0277308 -.0029908
.4388885
nb .0618413 7.10 0.000 .3176819 .5600952
-1.207467
chomeurs .1086535 -11.11 0.000 -1.420424 -.9945098
-1.111004
employnform .1590827 -6.98 0.000 -1.4228 -.7992076
-1.651042
_cons .7580587 -2.18 0.029 -3.136809 -.1652737

Les effets marginaux du choix occupationnel des hommes

Effets marginaux du chômage

Delta-method

dy/dx Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]


aucun .0854612 .0190881 4.48 0.000 .0480492 .1228731
primaire .0652528 .0199893 3.26 0.001 .0260745 .1044311
secondaire .0887967 .0183128 4.85 0.000 .0529042 .1246892
age -.0032621 .0025896 -1.26 0.208 -.0083376 .0018135
agesq .0000612 .0000341 1.80 0.073 -5.62e-06 .000128
marrie -.2103506 .0088877 -23.67 0.000 -.2277702 -.192931
nord .02439 .0182053 1.34 0.180 -.0112917 .0600717
nord_est .0349328 .0378284 0.92 0.356 -.0392095 .1090751
nord_ouest .053498 .0317866 1.68 0.092 -.0088027 .1157986
centre .0025724 .0139002 0.19 0.853 -.0246714 .0298163
centre_est .0231276 .0198081 1.17 0.243 -.0156956 .0619508
centre_ouest .0433203 .0190359 2.28 0.023 .0060106 .08063
centre_sud .0146962 .0210109 0.70 0.484 -.0264844 .0558769
centre_nord -.0249256 .0237108 -1.05 0.293 -.0713979 .0215467
sud .0048742 .0181842 0.27 0.789 -.0307661 .0405145
sud_ouest .0392971 .0206723 1.90 0.057 -.0012199 .0798142
ouest .0476731 .0165135 2.89 0.004 .0153072 .080039
lrevnonouvre -.0008375 .003622 -0.23 0.817 -.0079366 .0062615
lrevnonouvresq .0003975 .0003483 1.14 0.254 -.0002851 .0010801
nb -.0053168 .0049692 -1.07 0.285 -.0150562 .0044225
chomeurs .1212462 .0050352 24.08 0.000 .1113774 .131115
employésinform -.102886 .006604 -15.58 0.000 -.1158297 -.0899424

XIV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Effets marginaux de l’emploi informel pour les hommes

Delta-method
dy/dx Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
aucun .1072835 .0187303 5.73 0.000 .0705728 .1439941
primaire .0517627 .0196786 2.63 0.009 .0131934 .090332
secondaire -.0170382 .0183347 -0.93 0.353 -.0529737 .0188972
Age -.004416 .0026967 -1.64 0.102 -.0097014 .0008694
agesq 7.13e-06 .0000358 0.20 0.842 -.0000629 .0000772
marrie .1456634 .0090038 16.18 0.000 .1280164 .1633105
nord -.0254389 .0179453 -1.42 0.156 -.060611 .0097333
nord_est -.0207264 .0348937 -0.59 0.553 -.0891167 .0476639
nord_ouest -.0286939 .0294262 -0.98 0.330 -.0863683 .0289804
centre .0259167 .0139587 1.86 0.063 -.0014418 .0532752
centre_est -.0224956 .0194734 -1.16 0.248 -.0606627 .0156715
centre_ouest -.0051993 .0196358 -0.26 0.791 -.0436848 .0332862
centre_sud .0338819 .0204421 1.66 0.097 -.0061838 .0739477
centre_nord .0376582 .0228383 1.65 0.099 -.007104 .0824205
Sud .0009793 .0178553 0.05 0.956 -.0340164 .035975
sud_ouest -.0108143 .0203633 -0.53 0.595 -.0507257 .029097
ouest -.0138949 .0158662 -0.88 0.381 -.044992 .0172022
lrevnonouvre -.0053193 .0035032 -1.52 0.129 -.0121855 .0015468
lrevnonouvresq .0002949 .0003343 0.88 0.378 -.0003604 .0009501
Nb -.0158855 .0051688 -3.07 0.002 -.0260162 -.0057548
chomeurs -.0879987 .0054198 -16.24 0.000 -.0986212 -.0773761
employésinform .1839303 .00587 31.33 0.000 .1724253 .1954353

XV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Effets marginaux de l’emploi formel pour les hommes

Delta-method
dy/dx Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
aucun -.1927443 .0127296 -15.14 0.000 -.2176938 -.1677947
primaire -.1170153 .0105068 -11.14 0.000 -.1376083 -.0964223
secondaire -.0717583 .0068051 -10.54 0.000 -.0850962 -.0584205
Age .007678 .0016851 4.56 0.000 .0043752 .0109808
agesq -.0000683 .0000217 -3.15 0.002 -.0001108 -.0000258
marrie .064687 .0055279 11.70 0.000 .0538525 .0755214
nord .0010489 .0108139 0.10 0.923 -.0201459 .0222437
nord_est -.0142064 .0219774 -0.65 0.518 -.0572814 .0288686
nord_ouest -.024804 .0200717 -1.24 0.217 -.0641439 .0145359
centre -.0284891 .0084741 -3.36 0.001 -.0450979 -.0118803
centre_est -.0006321 .0119666 -0.05 0.958 -.0240863 .0228221
centre_ouest -.038121 .0125667 -3.03 0.002 -.0627513 -.0134906
centre_sud -.0485781 .0174145 -2.79 0.005 -.0827098 -.0144464
centre_nord -.0127326 .013507 -0.94 0.346 -.0392059 .0137407
Sud -.0058535 .0099821 -0.59 0.558 -.0254182 .0137111
sud_ouest -.0284827 .0140695 -2.02 0.043 -.0560585 -.000907
ouest -.0337781 .0120282 -2.81 0.005 -.0573531 -.0102032
lrevnonouvre .0061569 .0028377 2.17 0.030 .000595 .0117187
lrevnonouvresq -.0006923 .0002786 -2.48 0.013 -.0012384 -.0001462
Nb .0212023 .0025489 8.32 0.000 .0162065 .0261981
chomeurs -.0332474 .0041553 -8.00 0.000 -.0413916 -.0251032
employésinform -.0810441 .0053953 -15.02 0.000 -.0916187 -.0704696

XVI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

TABLEAU DE REGRESSION POUR LES FEMMES


INFORMEL

Robust
Coef.
patprime Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
.00207
aucun .2361786 0.01 0.993 -.4608316 .4649716
.1621664
primaire .2445898 0.66 0.507 -.3172207 .6415535
-.5737112
secondaire .2424357 -2.37 0.018 -1.048876 -.0985461
-.0248158
Age .0274147 -0.91 0.365 -.0785476 .028916
.0004588
agesq .0003456 1.33 0.184 -.0002185 .0011361
.3767574
marrie .078878 4.78 0.000 .2221594 .5313554
-.245919
nord .1398857 -1.76 0.079 -.5200898 .0282519
-.6489728
nord_est .3555104 -1.83 0.068 -1.34576 .0478148
-.5112644
nord_ouest .3080878 -1.66 0.097 -1.115105 .0925765
.0121092
centre .1161578 0.10 0.917 -.215556 .2397743
.2175005
centre_est .1745341 1.25 0.213 -.1245802 .5595811
-.0348266
centre_ouest .158183 -0.22 0.826 -.3448596 .2752065
.1289594
centre_sud .1956323 0.66 0.510 -.2544729 .5123917
-.4506332
centre_nord .1832859 -2.46 0.014 -.8098669 -.0913996
-.0864433
Sud .1486127 -0.58 0.561 -.3777187 .2048322
.1888524
sud_ouest .1695742 1.11 0.265 -.1435068 .5212117
-.1030806
ouest .1419809 -0.73 0.468 -.3813581 .1751968
.0107463
lrevnonouvre .0404684 0.27 0.791 -.0685703 .0900629
.0019933
lrevnonouvresq .0041468 0.48 0.631 -.0061343 .0101209
.2974916
Nb .038416 7.74 0.000 .2221976 .3727855

XVII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

-1.178908
chomeurs .0603867 -19.52 0.000 -1.297264 -1.060552
1.333217
employ鳩nform .0616508 21.63 0.000 1.212383 1.45405
-.8421039
_cons .5731498 -1.47 0.142 -1.965457 .2812491

XVIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

TABLEAU DE REGRESSION POUR LES FEMMES

FORMEL

Coef.
patprime Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
- 4.988325 -10.36
aucun .4817117 0.000 5.932462 -4.044187
-3.445797
primaire .4558574 -7.56 0.000 -4.339261 -2.552333
-1.730984
secondaire .2726894 -6.35 0.000 -2.265446 -1.196523
.0766122
Age .0662752 1.16 0.248 -.0532848 .2065092
-.0002224
agesq .0008209 -0.27 0.786 -.0018313 .0013865
1.078853
marrie .2105058 5.13 0.000 .6662691 1.491437
.1752214
nord .4191225 0.42 0.676 -.6462436 .9966863
-.3153639
nord_est 1.209841 -0.26 0.794 -2.686609 2.055881
.5873485
nord_ouest .7755707 0.76 0.449 -.9327421 2.107439
-.4586433
centre .29244 -1.57 0.117 -1.031815 .1145286
.4255725
centre_est .4299566 0.99 0.322 -.4171271 1.268272
-.5912433
centre_ouest .4467594 -1.32 0.186 -1.466876 .284389
-.3926705
centre_sud .5260639 -0.75 0.455 -1.423737 .6383957
-.5407139
centre_nord .6585366 -0.82 0.412 -1.831422 .7499942
-.1600378
Sud .3288088 -0.49 0.626 -.8044912 .4844157
-1.449648
sud_ouest .677257 -2.14 0.032 -2.777047 -.1222484
-.7879541
ouest .5370596 -1.47 0.142 -1.840572 .2646633
-.0197845
lrevnonouvre .0953948 -0.21 0.836 -.2067548 .1671858
.0033953
lrevnonouvresq .0092002 0.37 0.712 -.0146367 .0214273
.5047419
Nb .0766366 6.59 0.000 .3545368 .6549469

XIX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

-1.485066
chomeurs .1894684 -7.84 0.000 -1.856417 -1.113715
-1.120939
employinform .2521124 -4.45 0.000 -1.61507 -.6268079
-1.498228
_cons 1.327289 -1.13 0.259 -4.099667 1.103211

EFFETS MARGINAUX DU CHOMAGE DES FEMMES

Delta-method
dy/dx Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval]
aucun .0630434 .0288453 2.19 0.029 .0065076 .1195792
primaire .0243585 .0302186 0.81 0.420 -.0348689 .0835859
secondaire .090457 .0297083 3.04 0.002 .0322297 .1486843
age .0019907 .0034406 0.58 0.563 -.0047528 .0087342
agesq -.000052 .0000433 -1.20 0.230 -.0001368 .0000329
marrie -.0586688 .0101148 -5.80 0.000 -.0784935 -.0388441
nord .0271368 .0181706 1.49 0.135 -.0084768 .0627505
nord_est .0814814 .0448173 1.82 0.069 -.0063589 .1693216
nord_ouest .0535872 .0388483 1.38 0.168 -.0225541 .1297284
centre .0043734 .0147812 0.30 0.767 -.0245973 .0333442
centre_est -.0313667 .0220554 -1.42 0.155 -.0745945 .0118611
centre_ouest .0116594 .0201548 0.58 0.563 -.0278433 .0511622
centre_sud -.0104142 .0250553 -0.42 0.678 -.0595217 .0386933
centre_nord .060661 .0240598 2.52 0.012 .0135047 .1078173
Sud .0123509 .018573 0.66 0.506 -.0240515 .0487533
sud_ouest -.0041541 .0227711 -0.18 0.855 -.0487846 .0404763
Ouest .022304 .0187683 1.19 0.235 -.0144812 .0590892
Lrevnonouvre -.001032 .0051556 -0.20 0.841 -.0111367 .0090728
lrevnonouvresq -.0002811 .000527 -0.53 0.594 -.001314 .0007519
Nb -.0419212 .0046952 -8.93 0.000 -.0511236 -.0327188
Chomeurs .1595907 .0056393 28.30 0.000 .1485379 .1706434
employésinform -.1449491 .0066397 -21.83 0.000 -.1579626 -.1319356

XX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

EFFETS MARGINAUX DE L’EMPLOI INFORMEL DES FEMMES

Delta-method
[95%
dy/dx Std. Err. z P>z Conf. Interval]
Aucun .0261811 .0288506 0.91 0.364 -.0303651 .0827273
Primaire .0381106 .0298175 1.28 0.201 -.0203306 .0965519
Secondaire -.0624804 .0298462 -2.09 0.036 -.1209779 -.003983
Age -.0034898 .0033984 -1.03 0.304 -.0101505 .0031708
Agesq .0000583 .0000428 1.36 0.173 -.0000256 .0001422
Marrie .0413319 .0098608 4.19 0.000 .022005 .0606588
Nord -.0315485 .0173075 -1.82 0.068 -.0654705 .0023735
nord_est -.0792136 .0448829 -1.76 0.078 -.1671824 .0087552
nord_ouest -.0667484 .0382608 -1.74 0.081 -.1417382 .0082415
Centre .0038921 .0143702 0.27 0.787 -.0242729 .0320571
centre_est .0248858 .0215788 1.15 0.249 -.0174079 .0671794
centre_ouest -.0012663 .0196594 -0.06 0.949 -.039798 .0372654
centre_sud .0181071 .0241833 0.75 0.454 -.0292913 .0655055
centre_nord -.0533323 .0227479 -2.34 0.019 -.0979174 -.0087472
Sud -.0099379 .0184506 -0.54 0.590 -.0461003 .0262245
sud_ouest .0310617 .0210233 1.48 0.140 -.0101432 .0722667
Ouest -.0087475 .0176968 -0.49 0.621 -.0434325 .0259375
Lrevnonouvre .0014416 .0049903 0.29 0.773 -.0083392 .0112225
lrevnonouvresq .0002307 .0005109 0.45 0.652 -.0007707 .0012321
Nb .03444 .0046064 7.48 0.000 .0254117 .0434684
Chomeurs -.1391571 .0055644 -25.01 0.000 -.1500631 -.1282511
employ鳩nform .1719245 .005961 28.84 0.000 .1602411 .1836079

XXI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

EFFETS MARGINAUX DE L’EMPLOI FORMEL DES FEMMES

Delta-method
[95%
dy/dx Std. Err. z P>z Conf. Interval]
Aucun -.0892214 .0098455 -9.06 0.000 -.1085183 -.0699245
Primaire -.062467 .0082342 -7.59 0.000 -.0786058 -.0463281
Secondaire -.0279755 .0045687 -6.12 0.000 -.0369299 -.019021
Age .0014991 .0011739 1.28 0.202 -.0008018 .0037999
Agesq -6.36e-06 .0000146 -0.44 0.663 -.0000349 .0000222
Marrie .0173363 .0037649 4.60 0.000 .0099572 .0247154
Nord .0044115 .00743 0.59 0.553 -.010151 .018974
nord_est -.0022676 .0217375 -0.10 0.917 -.0448722 .040337
nord_ouest .0131608 .013852 0.95 0.342 -.0139885 .0403102
Centre -.0082653 .0052388 -1.58 0.115 -.018533 .0020025
centre_est .0064807 .0076001 0.85 0.394 -.0084153 .0213766
centre_ouest -.0103928 .0080121 -1.30 0.195 -.0260962 .0053107
centre_sud -.0076926 .0093895 -0.82 0.413 -.0260957 .0107105
centre_nord -.0073284 .0117353 -0.62 0.532 -.0303292 .0156724
Sud -.0024129 .0058728 -0.41 0.681 -.0139234 .0090976
sud_ouest -.0269067 .0120926 -2.23 0.026 -.0506077 -.0032057
Ouest -.013556 .0096559 -1.40 0.160 -.0324812 .0053691
Lrevnonouvre -.0004097 .001686 -0.24 0.808 -.0037142 .0028949
lrevnonouvresq .0000504 .0001624 0.31 0.757 -.000268 .0003687
Nb .0074809 .0012431 6.02 0.000 .0050444 .0099173
Chomeurs -.0204326 .00277 -7.38 0.000 -.0258618 -.0150035
employinform -.0269747 .0039161 -6.89 0.000 -.0346501 -.0192993

XXII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

STRUCTURE DE REMUNERATION (SALAIRE MENSUEL) POUR LES HOMMES

EPLOI FORMEL

[95%
lsalairemens Coef. Std. Err. t P>t Conf. Interval]
aucun -1.189787 .1747384 -6.81 0.000 -1.533198 -.8463762
primaire -1.060929 .1422344 -7.46 0.000 -1.34046 -.781398
secondaire -.5071248 .0787548 -6.44 0.000 -.6619005 -.352349
age .0334988 .0371222 0.90 0.367 -.0394569 .1064544
agesq -.000221 .0004342 -0.51 0.611 -.0010743 .0006324
marrie .1911551 .0820862 2.33 0.020 .0298323 .3524778
nord -.104181 .1359435 -0.77 0.444 -.3713487 .1629868
nord_est -.083554 .3219504 -0.26 0.795 -.7162785 .5491704
nord_ouest -1.393124 .3256641 -4.28 0.000 -2.033146 -.7531006
centre .1203315 .1057189 1.14 0.256 -.0874363 .3280993
centre_est -.3639323 .1548419 -2.35 0.019 -.6682408 -.0596238
centre_ouest .0709504 .1889441 0.38 0.707 -.3003785 .4422794
centre_sud -.2805848 .2246947 -1.25 0.212 -.722174 .1610044
centre_nord -.0353906 .188429 -0.19 0.851 -.4057073 .3349262
sud -.0196071 .1325131 -0.15 0.882 -.2800332 .240819
sud_ouest -.2134741 .1881578 -1.13 0.257 -.5832578 .1563096
ouest -.2483609 .1565133 -1.59 0.113 -.5559541 .0592324
_cons 11.44625 .7704084 14.86 0.000 9.932178 12.96032

XXIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

STRUCTURE DE REMUNERATION (SALAIRE MENSUEL) POUR LES HOMMES

EMPLOI INFORMEL

lsalairemens Coef. Std. Err. t P>t [95% Conf. Interval]


aucun -.6506051 .1005468 -6.47 0.000 -.8477568 -.4534534
primaire -.6395119 .1071829 -5.97 0.000 -.8496755 -.4293484
secondaire -.4980925 .1038162 -4.80 0.000 -.7016549 -.2945302
age .102168 .0158929 6.43 0.000 .0710052 .1333307
agesq -.0012179 .0002003 -6.08 0.000 -.0016107 -.0008251
marrie .1889525 .0465852 4.06 0.000 .0976085 .2802965
nord -.4252117 .0831366 -5.11 0.000 -.5882256 -.2621979
nord_est -.7303888 .1987636 -3.67 0.000 -1.120123 -.3406542
nord_ouest -.629049 .2229587 -2.82 0.005 -1.066225 -.1918727
centre -.3446865 .0670219 -5.14 0.000 -.4761026 -.2132704
centre_est -.4709016 .1048657 -4.49 0.000 -.6765217 -.2652815
centre_ouest -.3089986 .0933042 -3.31 0.001 -.4919489 -.1260483
centre_sud -.303601 .1108258 -2.74 0.006 -.5209076 -.0862944
centre_nord -.582699 .1146824 -5.08 0.000 -.8075676 -.3578304
sud -.1370352 .090405 -1.52 0.130 -.3143009 .0402304
sud_ouest -.4402363 .1125701 -3.91 0.000 -.6609632 -.2195095
ouest -.5329446 .0852981 -6.25 0.000 -.7001966 -.3656926
_cons 9.70876 .3178793 30.54 0.000 9.085464 10.33206

XXIV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

STRUCTURE DE REMUNERATION (SALAIRE MENSUEL) POUR LES FEMMES EMPLOI FORMEL

lsalairemens Coef. Std. Err. t P>t [95% Conf. Interval]


aucun -.8771944 .7555646 -1.16 0.248 -2.372668 .6182796
primaire -.9665315 .646866 -1.49 0.138 -2.246861 .3137976
secondaire -.2773465 .3358845 -0.83 0.411 -.942156 .387463
age -.0568054 .1629528 -0.35 0.728 -.3793347 .2657239
agesq .0007176 .0018559 0.39 0.700 -.0029557 .0043909
marrie .4104769 .3208512 1.28 0.203 -.2245774 1.045531
nord -.6858401 .5551166 -1.24 0.219 -1.784571 .4128911
nord_est -.8059833 1.180015 -0.68 0.496 -3.141564 1.529597
nord_ouest -1.000982 .8903911 -1.12 0.263 -2.763315 .7613517
centre .4983048 .4233028 1.18 0.241 -.33953 1.33614
centre_est -.1105206 .6778041 -0.16 0.871 -1.452085 1.231044
centre_ouest -.6372174 .7070018 -0.90 0.369 -2.036572 .7621372
centre_sud .0587154 .8391673 0.07 0.944 -1.602232 1.719663
centre_nord .9907883 1.007853 0.98 0.327 -1.004034 2.985611
sud .0754961 .4339785 0.17 0.862 -.7834688 .934461
sud_ouest -.0002325 1.221105 -0.00 1.000 -2.417142 2.416677
ouest -.0834908 .868497 -0.10 0.924 -1.80249 1.635508
_cons 12.65307 3.38637 3.74 0.000 5.950497 19.35565

XXV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

STRUCTURE DE REMUNERATION (SALAIRE MENSUEL) POUR LES FEMMES

EMPLOI INFORMEL

[95%
lsalairemens Coef. Std. Err. t P>t Conf. Interval]
aucun -1.510491 .1765971 -8.55 0.000 -1.856844 -1.164138
primaire -1.420732 .183491 -7.74 0.000 -1.780606 -1.060858
secondaire -1.031722 .1855122 -5.56 0.000 -1.39556 -.6678842
age .0263009 .022618 1.16 0.245 -.0180589 .0706607
agesq -.0003041 .0002708 -1.12 0.262 -.0008352 .000227
marrie -.0614805 .0582716 -1.06 0.292 -.1757664 .0528055
nord -.8111111 .1130313 -7.18 0.000 -1.032795 -.5894271
nord_est -.5495583 .4140307 -1.33 0.185 -1.361581 .2624643
nord_ouest -.8210317 .3030913 -2.71 0.007 -1.415473 -.2265902
centre -.4344483 .0863298 -5.03 0.000 -.6037636 -.265133
centre_est -.442665 .1221591 -3.62 0.000 -.6822509 -.203079
centre_ouest .09394 .1237537 0.76 0.448 -.1487735 .3366534
centre_sud -.2077608 .157121 -1.32 0.186 -.5159162 .1003946
centre_nord -.5683577 .1713349 -3.32 0.001 -.9043902 -.2323251
sud -.2916714 .1143487 -2.55 0.011 -.5159391 -.0674037
sud_ouest -.5637394 .1236041 -4.56 0.000 -.8061593 -.3213195
ouest -.4329087 .1181717 -3.66 0.000 -.6646744 -.201143
_cons 11.39841 .4858215 23.46 0.000 10.44559 12.35123

XXVI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Test d’endogénéité de Hausmans en emploi formel homme

TEST D’ENDOGENEITE DE HAUSMAN

TEST D’HETEROSCEDASTICITE DE BREUSCH-PAGAN

XXVII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

EMPLOI INFORMEL

TEST D’ENDOGENEITE DE HAUSMAN

TEST D’HETEROSCEDASTICITE DE BREUSCH-PAGAN

XXVIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

POUR LES FEMMES EMPLOI FORMEL

TEST D’HETEROSCEDASTICITE DE BREUSCH-PAGAN

TEST D’ENDOGENEITE DE HAUSMAN

XXIX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

EMPLOI INFORMEL

XXX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

TEST D’HETEROSCEDASTICITE DE BREUSCH-PAGAN

TEST D’ENDOGENEITE DE HAUSMAN

XXXI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Matrice de correlation

XXXII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Probabilité de gain de l’équité entre homme et femme en Côte d’Ivoire

Source : Banque Mondiale juillet 2017.

L’égalité de genre pourrait générer plus de 8 millards dollars en Côte


d’Ivoire si toutes les inégalités étaient réduites aux niveaux des pays les
plus performants dans le monde

XXXIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Les principales entraves à l’équité du genre en Côte d’Ivoire à la lumière de la comparaison


régionale et internationale

Source: Source: 1/ World Economic Forum; 2/ World Development Indicators

XXXIV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Description de la population en âge de travailler

XXXV
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

XXXVI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Encadré n°1 : Concepts et technologies de l’approche Genre et Développement

Rôles dévolus par la société aux hommes et aux femmes : ce sont les comportements
acquis dans une société, une communauté ou un groupe social donné dans lequel la
population est conditionnée pour percevoir les activités, les tâches et les responsabilités
comme étant masculines ou féminines, et pour agir selon le sexe.
Analyse selon les critères de sexe ou des disparités entre les sexes : cette analyse à trois
sortes d’incidence. D’abord elle permet de déceler les différences entre les femmes et les
hommes ainsi que les divisions spécifiques qui en découlent dans le domaine des activités
productives. Ensuite, elle permet l’étude de l’accès des femmes et des hommes aux
ressources et à leur maitrise, aux bénéfices du développement et à la prise de décision.
Enfin, elle permet l’évaluation des conséquences des divisions et des différences pour
l’élaboration de toute politique ou la conception de tout programme, notamment en ce
qui concerne les questions d’égalité entre les sexes pour les besoins pratiques et les
besoins stratégiques.
Besoins pratiques : ce sont les conditions réelles vécues par les hommes et les femmes en
fonction du rôle qui leur est attribué dans la société, ces besoins sont en relations avec
l’amélioration des conditions de vie : eau potable ; énergie ; soins de santé ; éducation ;
revenus ; moyens de production ; etc.
Besoins stratégiques : ce sont les besoins identifiés dans le cadre des politiques d’égalité
menées en vue de modifier ou de remettre en question les rôles dévolus par la société aux
deux sexes.
Renforcement du pouvoir d’action : cela consiste à créer les conditions pouvant
permettre aux personnes de devenir les agents de leur propre développement et ce, à
travers la participation à la prise de décisions et aux structure du pouvoir. Le pouvoir ici
est moins considéré en termes d’aptitude des personnes à développer leur autonomie et
leurs ressources internes.
Approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes : Cette approche est une
stratégie qui vise à obtenir l’égalité entre les sexes en évaluant, d’une part, les différents
effets que toute action planifiée produit par les femmes et les hommes et, d’autre part, en
intégrant les préoccupations et les expériences des unes et des autres à la conception, à
la mise en œuvre, au contrôle et à l’évaluation des procédures et des programmes pour
que les femmes et les hommes en bénéficient de manière égale et que l’inégalité ne soit
pas perpétuée. Cette intégration n’exclut pas les activités spécifiques des femmes et les
actions positives.

Source : LANSKY (2000) p.559

XXXVII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

Encadré 2 : TYPOLOGIE DU CHÔMAGE

Critère temporel
Chômage saisonnier : lié aux variations de la demande au cours de l’année
Chômage cyclique : résultat d’une influence de la demande par rapport à l’offre disponible
Chômage technologique : lié à la disparition ou à la régression de certains métiers à la suite des changements
techniques en général
Critère de degré d’utilisation
Chômage potentiel : réserves de main d’œuvre, ménagères susceptibles de travailler, étudiants prolongeant
leurs études à cause du manque d’emplois.
Chômage déguisé : employé dont la productivité marginale est nulle ou voisine de zéro
Chômage partiel : durée effective du travail en dessous de la durée légale
Chômage ouvert : résulte de la perte d’emploi.
Critère de dynamisme du processus économique
Chomage répétitif : concerne généralement les femmes et les jeunes titulaires d’emplois précaires
Chômage de reconversion : touche les travailleurs qualifiés victimes d’un licenciement économique
Chômage d’exclusion : personnes victimes de chômage de longue durée avec une employabilité faible
Critère de la nature de désajustement entre offre et demande de travail
Chômage frictionnel ou frottement : non instantanéité des ajustements
Chômage cyclique de court terme : insuffisance momentanée de la demande finale
Chômage de croissance : insuffisance persistante de la demande
Chômage structurel : inadéquation, notamment en termes de qualification de l’offre et de la demande
Critère théoriques
Chômage classique : chômage accompagné d’un excès de demande sur le marché des biens et services ; le
salaire réel est trop élevé donc une baisse du salaire réduirait le chômage et la demande de biens et services.
Chômage keynésiens : chômage accompagné d’un excès d’offre sur le marché des biens et services ; une
politique de relance améliorerait la situation
Chômage d’équilibre : taux de chômage qui n’accélère pas l’influence (NAIRU en anglais).
Chômage naturel : selon Friedman, correspond à un chômage dont le taux d’inflation est constant
Chômage de prospection : chômage volontaire pour rechercher le meilleur emploi
Chômage involontaire : existence effective d’actifs mais ces derniers ne trouvent pas d’emplois
Chômage conjoncturel : non existence d’emploi vacant.
Souce : CAIRE (1996) p.21 et PIRIOU (1997) Pp.21-22

XXXVIII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT ................................................................................................................. ii
REMERCIEMENTS ............................................................................................................... iv
SIGLES ET ACRONYMES .................................................................................................... v
LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................... vi
LISTE DES FIGURES........................................................................................................... vii
Résumé ................................................................................................................................... viii
Abstract .................................................................................................................................. viii
Sommaire ................................................................................................................................. ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................ 1
1. Contexte et justification ................................................................................................ 1
2. Problématique de recherche et intérêt de l’étude....................................................... 4
3. Méthodologie.................................................................................................................. 8
4. Plan de la thèse .............................................................................................................. 8
PARTIEI : REVUE THEORIQUE ET EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE INEGALITE
DE GENRE ET PAUVRETE………………………………………………………………..9
INTRODUCTION .................................................................................................................. 11
CHAPITRE I : INÉGALITÉS DE GENRE ET MARCHE DU TRAVAIL : UNE
REVUE DE LITTÉRATUR………………………………………………………………...12
Section 1 : Fondements des inégalités entre hommes et femmes ....................................... 13
1. Genre, égalité et inégalité des genres ..................................................................... 13
1.1. Genre et égalité ..................................................................................................... 13
1.2. Inégalités des genres ............................................................................................ 13
2. Historique de l’inégalité de genre : les théories du bien-être social et le féminisme
…………………………………………………………………………………………14
2.1 Évolution du genre : les arguments féministes .................................................. 15
2.1.1 Féminisme libérale égalitaire .......................................................................... 16
2.1.2 Le féminisme de tradition marxiste et radical ............................................... 16
2.2 Les approches par la capacité................................................................................. 18
2.2.1 L’approche de décomposition personnelle ..................................................... 18
2.2.2 L’égalité dans les rapports sociaux : justice sociale et égalité de chance .... 19
2.3 Survey de différentes mesures ou indicateurs d’inégalités .................................. 22
2.3.1 Mesure quantitative de l’inégalité des revenus .............................................. 22
2.3.1.1 Les mesures d’inégalités relatives ................................................................... 22
2.3.1.2 Mesure qualitative de l’inégalité des revenus ................................................ 24
Section 2 : Les explications des inégalités de genre sur le marché du travail ................... 25
XXXIX
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1 . La division sexuelle du travail et hiérarchie du marché du travail…………………...25


1.1 L’analyse classique de la division du travail ......................................................... 26
1.1.1 Approche préclassique de la division du travail ............................................ 26
1.1.2 Approche néo-classique de la division du travail .............................................. 26
1.2 Evolution des rapports sociaux de sexes : la division sexuelle du travail ....... 27
1.2.1. Les principes organisateurs de la division sociale du travail .......................... 28
1.2.2 Situation des femmes et l'approche de l'action sociale………………………...28
2. Le rôle des femmes sur le marché du travail : évidence empirique....................... 29
Section 3 : Le fonctionnement et l’évolution du marché du travail sous l’angle de
l’inégalité de genre ................................................................................................................. 32
1.Les désavantages sexospécifique imposés par le marché du travail ........................... 32
1.1 L’impact des changements économiques généraux sur la répartition du travail
entre les genre……………………………………………………………………………..33
1.2 Analyse des rapports sociaux de sexes et accès au marché du travail… …….......…33
2 Analyses théoriques du fonctionnement interne du marché du travail et inégalité de
genre…………………………………………………………………………………………34
2.1 Inégalité de genre et approches néo-classiques ………………….…………………...35
2.2 Limite de la théorie néoclassique ……………………….……….…………………….37
2.2.1Le capital humain et productivité…………………………………………………….38
2.2.1.1. Théorie du capital humain .................................................................................... 38
2.2.1.2 Capital humain et performance économique……………………………………...40
2.2.1.3 Capital humain et productivité individuelle……………………………………….40
2.2.2. Limites et critiques du capital humain .................................................................. 41
2.2.3 Mesure du capital humain………………………………………………………….43
2.2.3.1 Analyse de la relation entre formation et salaire : taux de rentabilité interne
43
2.2.3.2 La fonction de gain du capital humain et application empirique .................... 44
CHAPITRE II : GENRE EMPLOI ET PAUVRETE EN COTE D’IVOIRE .................. 48
Section 1 : Inégalité de genre et pauvreté en Côte d’Ivoire ................................................ 49
1. La pauvreté en Côte en d’Ivoire : concept et méthodologie selon la dimension de
genre ..................................................................................................................................... 49
1.1 Les différentes dimensions de la pauvreté ............................................................. 49
1.1.1 La Pauvreté monétaire ..................................................................................... 49
1.1.2 Pauvreté multidimensionnelle ......................................................................... 50
1.2 Les différentes méthodes d’analyse de la pauvreté selon la dimension genre ... 51

XL
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

1.2.1 La méthode du seuil de pauvreté .................................................................... 52


1.2.2 La méthode des capacités .................................................................................... 53
2. Inégalité des genres et mesure qualitative de la pauvreté ....................................... 53
2.1 Les enquêtes participatives sur la pauvreté .......................................................... 54
2.1.1 Enquête participative et situation des femmes .............................................. 54
2.1.2 Limitations méthodologiques .............................................................................. 54
2.2 Hommes et femmes face aux Inégalités et la Pauvreté en Côte d’Ivoire ............ 55
2.2.1 Pauvreté et participation au marché du travail ...................................................... 56
2.2.2 Ecart de salaire et risque de pauvreté ............................................................ 57
SECTION 2 : Marché du travail en Côte d’Ivoire, une structure segmentée .................. 58
1. La théorie de la segmentation .................................................................................... 58
1.1 Les théoriciens de la segmentation basée sur les caractéristiques des entreprises
……………………………………………………………………………………………...59
1.1.1 Les segmentations tripartites et la théorie des marchés externes et internes . 59
1.1.2 La théorie duale du marché du travail .............................................................. 60
1.1.3 La théorie des “insiders-outsiders” .................................................................... 61
1-2 La segmentation dans les pays en voie de développement : faits et tendances
empiriques ........................................................................................................................... 62
1.2.1 Dualisme du marché (formel/informel) ................................................................. 63
1.2.1.1. Stratification du marché du travail dans le cadre du schéma dualiste.... 63
1.2.1.2. Analyse selon les différentes formes de travail vulnérable ........................... 64
2. Segmentation du marché du travail en Côte d’Ivoire : un état des lieux .................. 65
2.1 Structure de la population active et situation de l'emploi …………………………... 65
2.1.1 Structure de la population active ………………………………………………….. 65
2.1.2 La situation de l’emploi et du taux de chômage en Côte d’Ivoire ........................ 66
2.2 Stratification du marché urbain ………………………………………………..…….68
2.2.1 La segmentation en secteur public et privé .................................................... 68
2.2.2. La segmentation duale du marché du travail : secteur formel et informel ..... 69
SECTION III : Aperçu global des inégalités entre homme et femme en Côte d’Ivoire .. 70
1. Généralité sur les inégalités du genre en Côte d’Ivoire ........................................... 70
1.1 Les inégalités éducatives ......................................................................................... 72
1.2 Évolution du taux brut de scolarisation par sexe. ................................................ 73
1.3 Évolution du taux d’achèvement du primaire en fonction du sexe ................. 74
2. La place des femmes sur le marché du travail en Côte d’Ivoire ......................... 74
2.1 Emploi des femmes en Côte d’Ivoire et précarité ................................................. 76

XLI
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.2 Femme et secteur informel ...................................................................................... 78


2.3 Inégalité sexuée et politiques publiques : limite et contrainte de la politique de
l'emploi en Côte d'Ivoire……………………………………………………………………80
2.3.1 Dispositif national de l'emploi………………………………………………………...80
2.3.2 Limite et contraintes de la politique publique en Côte d'Ivoire……………………81
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE METHODOLOGIQUE ET ECONOMETRIQUE
DES INEGALITES DE GENRE SUR LE MARCHE DU
TRAVAIL……………………………………………………………………………………83
CHAPITRE III : IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES DANS LA
CROISSANCE DU REVENU, LA PAUVRETÉ ET L’INÉGALITÉ .............................. 84
Section I : Analyses explicatives des différentiels salariales entre les sexes ...................... 85
1. L’analyse de l’inégalité de traitement entre les sexes sur le marché du travail .... 85
1.1 Les modèles de discrimination développés sur le marché du travail .................. 85
1.1.1- Préférence discriminatoire à l’encontre des femmes ......................................... 86
1.1.2. Inégalité de traitement basé sur l’hypothèse d’imperfection de l’information87
1-2. Ségrégation occupationnelle et modèle de cantonnement de Bergmann ............... 88
1.2.1. La ségrégation occupationnelle ............................................................................ 89
1.2.2. Le modèle de cantonnement de Bergmann .................................................... 89
2 Aperçus empiriques de la ségrégation ................................................................... 90
Section 2 : Instruments de mesure du genre et modelisation des inégalités
sexospécifiques ........................................................................................................................ 90
1. Les instruments de mesure du genre ............................................................................ 91
1.1 Les indices sexospécifiques du PNUD ......................................................................... 91
1.1.1 Evolution des indices du PNUD : de l’indice de développement humain (IDH) à
l’indicateur de participation des femmes (IPF) ............................................................ 91
1.1.2. Critique des indices IPF et ISDH du PNUD ....................................................... 93
1.2. L’innovation du PNUD : Indice d’Inégalité du Genre (IIG) ............................... 94
1.2.1. Les indices composites complémentaires ............................................................ 95
1.2.2 Les indices sexospécifiques alternatifs………………………………………..….98
2 Modèle qualitatif et quantitatif dans l’analyse des inégalités dans l’emploi ......... 98
2. 1. Modèle à variable dépendante qualitative ............................................................ 99
2.1.1 Conception et méthode de base des modèles à choix qualitatif .................... 99
2.1.2 Exemple d’application empirique ................................................................. 100
2.1.3 . Modèles à choix qualitatif dans le cadre du marché de l’emploi ................... 102
2.1.3.1 Modèles dichotomiques : modèles logit et probit ............................................ 102
2.1.3.2 Modèles à choix multiples : modèle multinomial ............................................ 104

XLII
Inégalité de genre sur le marché du travail et pauvreté en Côte d’Ivoire

2.2 Modèle de variable dépendante quantitative ...................................................... 105


2.2.1 Modèle traditionnel d’analyse et modèle de régression inverse .................... 106
2.2.1.1 Modèle traditionnel d’analyse .......................................................................... 106
2.2.1.2 Modèle de régression inverse ........................................................................ 107
2.2.2 Modèle de régression multiple linéaire et modèle de décomposition de
Oaxaca-Blinder ................................................................................................................. 108
2.2.2.1 Modèle de régression multiple linéaire ............................................................... 109
2.2.2.2. Modèle de décomposition d’Oaxaca et Blinder ................................................ 110
Section 3. La micro-simulation dans l’analyse des inégalités de genre sur le marché ... 112
1. Les modèles de micro-simulation ............................................................................. 113
1.1 Historique et principe de la micro-simulation...................................................... 113
1.1.1. Historique de la micro-simulation ................................................................ 113
1.1.2 Principe de la micro-simulation ........................................................................ 114
1.2. Les différents types de modèles de micro-simulation ..................................... 114
1.2.1. Les modèles de micro-simulation dynamique ................................................. 115
1.2.2 La micro-simulation statique : fondements théoriques et limites .............. 115
CHAPITRE IV : IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES EN CÔTE
D’IVOIRE : EVALUATION PAR LE MODELE DE MICRO-SIMULATION……... 121
Section 1 : spécification du modèle ..................................................................................... 121
Section 2 : source des données et analyse descriptive des variables ................................ 130
1. Source des données et présentation des variables .................................................. 131
2. Analyse descriptive .................................................................................................... 132
3. Les tests post-estimation du modèle ........................................................................ 135
3.1 Le test de Breush-Pagan .................................................................................... 135
3.2 Le test d’endogéneité de Hausman ................................................................... 136
Section 3 : Interprétation et discussion des résultats ........................................................ 136
1 Modélisation de la structure de participation au marché du travail .................... 136
2- Situation professionnelle des acteurs économiques du marché du travail ....... 139
3- Les déterminants du salaire mensuel ................................................................... 142
4- Simulation............................................................................................................... 145
CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................. 155
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 160
ANNEXES .............................................................................................................................. viii
Table des matières ............................................................................................................. xxxix

XLIII

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